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31 janvier 2011

Nos démocraties adorent les dictatures !


...enfin, pas toutes !
Inter faces et urinam nascimur (1) diraient Saint-Augustin et Bart De Wever.
Eric Cantona se trompait lorsqu’il pensait couler les banques par un retrait massif d’un grand nombre de déposants.
Comment compter sur une démarche quasi générale ? Une telle synchronisation est impossible. L’expérience avait été faite à propos d’un boycott de certaines marques d’essence.
L’intérêt fut de remuer les consciences. Les gazettes s’emparèrent du sujet et firent de la publicité au projet sans le vouloir. Il y eut quelques retraits, mais pas au point de faire trembler l’institution.
C’est Flaubert qui a raison ! Cet immense écrivain ne connaissait qu’un seul rapport entre le pouvoir et le peuple : l’émeute !
On voit bien que ce qui touche les banques et le tralala autour de l’argent depuis la fuite de Ben Ali et l’insurrection dans l’Egypte de Moubarak, ce ne sont pas les dictateurs, mais le peuple opprimé qui veut sa liberté et son mot à dire.
On devrait s’en souvenir en Belgique par les temps qui courent.
Le pouvoir et l’argent ne font pas confiance au peuple ! Ils aiment cent fois mieux un despote établi sur un peuple d’esclaves, que ce peuple en quête de ses droits.
Les milieux d’affaires font des marchés (pétrole contre fric) avec la Libye, Kadhafi en est la garantie, comme ils faisaient avec Ben Ali pour le tourisme, comme ils le pratiquent toujours avec le président algérien Abdelaziz Bouteflika et le roi du Maroc, sans oublier le dictateur Moubarak en pleine tuerie de rue pour se maintenir au pouvoir.
La preuve est faite que les peuples qui secouent leurs chaînes ont le plus grand tort de faire confiance au libéralisme, même quand celui-ci parle de démocratie.
Ci-dessous quelques impressions produites dans les Bourses et les marchés financier du Maghreb et de l’Egypte en ébullition :
La Bourse de Dubaï a chuté de 6,7 % à 1.505,62 points.
Le géant immobilier, Emaar Properties, qui a construit Burj Khalifa, la tour la plus haute du monde, titre vedette de la Bourse de Dubaï, perdait à l’ouverture 10 %. Emaar, compte plusieurs projets en Egypte.
La compagnie aérienne Air Arabia de Charjah, l’un des sept membres de la fédération des Emirats arabes unis, plongeait de près de 10 %. Ce transporteur à bas prix a un hub en Egypte.
La Bourse d’Abou Dhabi perdait 3,74 % à 2.559,89 points durant les premiers échanges.
Le titre du géant des télécommunications Etisalat, qui opère en Egypte par le biais d’Etisalat Misr, perdait 3,35 %.
Au Koweït, le deuxième marché arabe après l’Arabie saoudite, perdait aussi 2,14 % à 6.795,6 points.
La Bourse du Qatar a ouvert sur une baisse de plus de 5.
Les tensions géopolitiques en Egypte et les risques de déstabilisation au Proche-Orient devraient peser sur les marchés d'actions américains et européens cette semaine ... Lundi, à la réouverture, on sera fixé sur les nerfs des bourses de la City, de Wall Street, de Francfort et d’ailleurs.
Loin de se réjouir de la maturité des peuples à vouloir prendre en mains leur destin, les détenteurs du gros pognon mondial s’angoissent et jouent contre la liberté pour la dictature !
Ils ont la même réaction que celle d’Alliot-Marie, ministre de la France aux affaires étrangères au sujet de la Tunisie, qui a confondu « Affaires diplomatiques » avec « affaires bancaires ».
Quant aux changements par le dialogue, la discussion et le compromis, cette belle connerie à la belge dont on voit l’apothéose dans notre fichu Royaume, le résultat est on ne peut plus médiocre.

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Par contre, on s’aperçoit que lorsque le peuple descend dans la rue, il devient irrésistible et ce que les dictateurs et les profiteurs de la parentèle lui refusaient avec dédain, voilà qu’il l’obtient parfois !
Ce constat n’est pas une apologie de la violence, c’est seulement le résultat d’une réflexion sur les événements d’Afrique du Nord. On oublie trop aisément en Europe que la violence initiale ne vient pas du peuple, mais des dictateurs.
C’est Bernanos qui avait compris le sens qu’il fallait donner à nos démocraties et ce, bien avant la guerre 40 « …la société actuelle, société de transitions, de compromis, dite moderne, n’a aucun plan, ne se propose aucun but déterminé, sinon de durer le plus longtemps possible grâce à la méthode qui l’a servie jusqu’ici, celle d’un dégoutant empirisme ».
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1. Nous naissons dans la merde et l’urine.

30 janvier 2011

Envie de vomir.

Quand on lit de quelles fariboles nos maîtres nous accablent pour nous piquer nos sous, afin de s’installer sur un grand pied, on est saisi par une vague peur du bien dire et du convenable qui font l’âme bourgeoise et les bons consensus.
Cependant, nos tentatives pour nous dissocier des biens pensants restent vaines. Nos voix sont étouffées par le « bon sens » et le politiquement correct.
Ainsi liés pour le pire et rarement le meilleur à la politique, nous avons beau savoir que nous sommes des milliers à ne plus être d’accord avec une démocratie livrée à un capitalisme voyou, tant qu’ils seront des millions à ne pas voir ce que nous voyons, rien n’y fera.
Nous recevrons notre déclaration d’impôt et payerons la TVA, liés au sort général par tant d’injustices, sans que personne de fiable ne nous explique à quoi se destinent nos efforts. L’explication officielle brute et imprécise ne nous exonérera pas de cracher au bassinet, dévoilant par là notre vaine résistance.
Il ne nous reste la ressource que d’élever la plus vive protestation, droit bien inutile dans une machine à broyer qui ne fait nulle distinction entre le juste et l’injuste.
Encore que si nous élevions une protestation dans un régime fort qui nous sanctionnerait pour notre indépendance d’esprit, comme en Tunisie et en Egypte, nous pourrions nous vanter de le braver et de ne pas avoir peur d’encourir ses représailles ; mais, nous sommes dans une démocratie molle contre laquelle on peut tout dire, parce que la mâtine sait bien que la critique, c’est peine perdue, de l’égosillement gratuit, de la besogne patte de mouche.
Ce régime sait ce qu’il doit faire pour satisfaire sa clientèle. Tant qu’il aura le geste protecteur, le réflexe caméra du Président du Chili pour les 33 mineurs, un discours la main sur le cœur, il ne lui arrivera rien.
Il pourra même se payer le luxe de se moquer des « dissidents » et des originaux que l’opinion générale rejette avec lui. Il pourra afficher un souverain dédain pour les questions embarrassantes, gommer les cas « isolés » et tourner en dérision les maniaques d’une justice exemplaire.
Mais gare s’il ne s’apitoie pas au quart de tour sur une catastrophe qui touche l’opinion publique. Là, il répond à l’instant, revient précipitamment de vacances, sort son mouchoir pour écraser une larme télévisuelle. Non pas que le drame le touche personnellement, peut-être même qu’il s’en contrebat les flancs et qu’il peste intérieurement que le cataclysme ne soit pas ailleurs... qu’on aurait pu retrouver les cadavres à la rentrée.

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Parfois même, il s’apitoie sincèrement sur le malheur et s’il se persuade qu’il a du cœur en même temps que l’opinion croit qu’il en a, ce ne pourra être qu’excellent pour son image.
Sur le temps qu’il voit la misère grandir à cause du système social qu’il ne défend plus, du travail qui devient rare et mal payé, du libéralisme qui prend les allures d’une tartine de merde qu’il fait avaler au plus grand nombre, tandis que lui bouffe de la mie bonne pour son estomac, et qu’il peut en fin de compte se conduire en parfait dégueulasse, tant qu’il ne commet pas la « faute de goût » à l’encontre de la bienpensante société.
De ce point de vue général, la Belgique doit être au premier rang des démocraties exemplaires.
On doit l’envier partout dans le monde.
Voilà un pays qui se paie cinq gouvernements qui ne parviennent pas à s’entendre, des personnels politiques incapables de diriger et pourtant honorés, plébiscités par une foule admirative, dont le vote traditionnel est sans surprise, qui n’a ni opposition de droite, ni opposition de gauche, si l’on excepte une droite nationaliste flamande qui, en-dehors de sa haine pour les autres n’a pas grand-chose à réclamer, et ça marche !... Les ouvriers ont le cœur à l’ouvrage, les chômeurs supplient qu’on les embauche, le patronat pense à des diminutions générales des salaires, les employés de l’administration conscients des avantages qu’ils ont par rapport aux pensions du privé sont prêts à des sacrifices.
Et on voudrait que les gens lucides n’aient pas envie de vomir !

29 janvier 2011

Un virus belgiphage.

Après le bidouillage manqué de Vande Lanotte, voici le temps des incantations sur l’annus horribilis 2010. Pourvu que 2011 soit l’annus mirabilis ! Las… janvier n’en prend pas l’allure.
Di Rupo essuie les plâtres du nouveau show en présentant ses vœux aux militants et aux médias. Nul doute que Javaux depuis la Collégiale d’Amay et Joëlle Milquet depuis la Grand-Place de Bruxelles, n’en fassent autant.

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Le cri est unanime : “C’est pas moi, c’est l’autre”, même le gros depuis Anvers barytonne sur le même ton. Ils se doutent que, pour le coup, on s’achemine vers un nouveau quart d’heure de vérité électorale. Mais voilà, l’électeur a horreur qu’on le dérange deux fois de suite pour la même chose. Le petit Alexandre, fils du père De Croo, l’a appris aux dépens de son parti. Puisque, c’est lui qui a retiré la prise de courant et produit la panne de l’actuel pataquès, aux affaires courantes depuis. Preuve qu’on ne lui en veut pas trop, on va peut-être oublier sa boulette et l’appeler à l’aide.
Inutile d’être stagiaire dans un Institut de Sondage, un nouvel appel aux urnes verrait le PS progresser en Wallonie et la N-VA en Flandre. Les deux poids lourds auront eu le temps de convaincre l’électorat avant l’isoloir, qu’ils ne sont pour rien dans le désastre.
Dans son homélie incantatoire des vœux, Di Rupo a eu une idée.
Ça lui arrive quelques fois…
Elle est aussi simple que l’homme, c’est-à-dire qu’elle ne l’est qu’en apparence : « créer un gouvernement d’union nationale s’accordant au minimum “sur BHV et le financement de Bruxelles” ou, à défaut, un gouvernement Leterme bis élargi ».
Le chef des rosés-libéraux mêle astucieusement le légal et l’illégal. En effet, il n’y a rien à redire à un gouvernement d’union nationale. Par contre, reprendre un Leterme avec ses zombies et l’élargir sans autre forme de procès, c’est faire fi des élections de 2010 et se moquer des électeurs.
Son sursaut ressemble à une peur panique de tourner la page Belgique dans l’incapacité d’avoir une vision pour les seuls concitoyens de son futur : les Wallons.
L’écuyer de Saint-Georges terrassant le Doudou ne veut pas être régicide. Il propose de passer de Sept partis à Neuf, incluant les deux libéraux ! Il espère ainsi le titre de protecteur de la dynastie.
Franchement, il n’y a personne parmi les avocats du PS capable de refaire les prêches de Monsignore ?
Nul n’ignore que la crainte du PS est de former un gouvernement antisocial. Or, Di Rupo et son parti sont sur la même longueur d’onde que les libéraux à la question essentielle de régler les déficits et d’éponger la dette. Le cher homme veut satisfaire aux désirs de l’économie orthodoxe de l’Union européenne et du capitalisme mondial. Une politique dans laquelle les travailleurs, les pensionnés et les allocataires sociaux seront archi baisés au profit de l’actionnariat et du parasitisme bancaire !
Alors, vouloir croire que ce gouvernement de redressement économique serait en même temps social, on croit rêver.
Si, en dépit de tout, Elio devait jouer un rôle délicat : défendre les intérêts des collectivités tout en aidant les libéraux à tenir la seringue pour nous purger, on le verrait la main sur le cœur s’écrier « grâce à moi, la canule est moins grosse que celle que vous auriez eue dans le baba, si nous n’avions pas été là ! »
Voilà trente ans qu’on nous promène ainsi, au PS !
Voilà son problème à Di Rupo et aux membres du bureau au PS. Ils ne veulent pas avoir une discussion sérieuse avec la France !
Quant au reste, le nationalisme exacerbé des pointus, leur ostracisme délibéré sur la communauté minoritaire, le Gordel de la « revanche » du beauf contre les fransquillons, l’amnistie posthume aux collabos de 40 avec versement d’indemnités aux descendants nostalgiques d’Adolphe, les garde-frontières de BHV à créer, le Bourdaloue montois balaie tout cela d’une manche de sa soutane.
Si ce type tarde trop à voir que c’est fichu, des mariolles entretemps auront acheté le littoral qui va de Dunkerque à Zuydcoote, de sorte que les couillons qui comptaient faire faire à leurs familles des châteaux de sable de La Panne à Knokke-le-Zoute jusqu’à la fin des temps, ne pourront plus relancer leur marotte en terre non-hostile, sans douiller à fond l’affranchi promoteur. Quand il faudra vider les lieux, s’ils ne veulent pas que la fine fleur nationaliste leur botte le cul, il sera trop tard.
Quant au virus belgiphage, que Di Rupo ne cherche pas plus loin : il en est une variante.

28 janvier 2011

Le jeu des Sep familles.

La variante du jeu belge des Sept familles se pratique exclusivement autour d’une table ronde, afin qu’aucun joueur ne soit placé à un bout.
Pour que la partie commence, il est impératif que les joueurs soient réunis autour d’une même table. C’est peut-être idiot de le préciser : il faut comprendre que certains voulaient jouer autour d’une table ronde, mais pas tous les joueurs à la fois et pas la même table !
Le but du jeu est de regrouper les Sept familles en deux parts inégales !
Les parties sont sans limite de temps. Elles peuvent donc être extrêmement longues. On cite une partie commencée en juin 2010, qui n’est pas encore terminée fin janvier 2011.
Un joueur, nommé conciliateur, bat les cartes, les fait couper et en distribue selon les variantes, de 6 à 8 cartes à chaque joueur, une à une, en commençant par la droite. Le reste constitue la pioche. Le conciliateur distribue une ou deux cartes supplémentaires aux joueurs placés à sa droite qui sont majoritaires, ou à gauche quand c’est le cas, quoique cela ne soit jamais arrivé.
On peut changer 3 fois de conciliateur en cours de partie. Il suffit de piocher le roi de carreau. Alors le conciliateur devient le médiateur. Il n’a aucun gain de plus, mais il a l’estime des autres joueurs.
Dans le jeu classique, c’est le voisin de gauche du conciliateur qui parle le premier. Dans la variante belge, c’est celui de droite. Ceux de gauche ne sont demandeurs de rien.
Après avoir constaté qu’il possède au moins une carte d’une famille, il cherche à la compléter.
Par exemple, il cherche la famille Brusselman. Il s’adresse aux joueurs de gauche et si l’un d’entre eux la possède, celui-ci est obligé de la lui donner. S’il refuse, il y a obstruction, comme au rugby et il est pénalisé.
Trois obstructions et le joueur est éliminé.
Tant que le joueur qui a la main obtient la carte qu’il souhaite, il la conserve. Par exemple, après Brusselman, il demande à la gauche la famille Voeren ou Geen-Faciliteit, et ainsi de suite.
S'il n'obtient pas la carte demandée, il prend une carte dans la pioche et c'est au tour du joueur à gauche du médiateur de jouer. C’est la même règle pour le camp de droite, sauf que le joueur de droite n’est pas pénalisé, s’il refuse de céder la carte.

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Dès qu’un joueur réunit une famille, il la pose devant lui. Mais la partie n’est pas finie pour autant ; car, un joueur peut toujours contester la famille déposée, s’il a un joker dans son jeu ou s’il est tout simplement à droite du conciliateur. Il peut même arriver qu’un joueur qui a déposé une famille, qui est placé à droite du médiateur peut contester sa propre famille, dans ce cas précis, il suffit de déposer des amendements à ses propres amendements.
Le gagnant est celui qui parvient à réunir Brusselman, Herman-ville et Voeren. Il crie BHV et la partie s’arrête.
On compte alors les points. En général c’est celui qui a crié BHV qui en a le plus, puisque ces trois familles comptent à elles seules les 3/5 du total.
Dans la partie qui a débuté l’année dernière, une équipe a un joueur célèbre pour s’être produit à la VRT.
Pour éviter les discussions d’arbitrage, il peut être fait appel au roi de carreau. Mais, on peut s’en passer.
D’importantes sommes d’argent sont souvent misées sur les joueurs. Elles sont conservées à titre de garantie à l’agence de notation Moody’s, qui s’est spécialisée dans ce genre de transaction.
La partie dont il est question ici et qui est loin d’être terminée est entrée dans le Guinness des Records.

27 janvier 2011

Fragrances communautaires.

-Docteur Squons quel remède voyez-vous pour la Belgique ?
-L’anosmie me paraît désormais seule de nature à réduire les différences de nos sens olfactifs opposés.
-Expliquez-vous.
-Les deux peuples quasiment brouillés sont de natures très différentes et cela se sent.
-Il y aurait des odeurs ressenties autrement selon que l’on soit Flamand ou Wallon ?
-Les odeurs sont les mêmes, mais c’est la perception que l’on en a qui est différente.
-C’est grave docteur ?
-Oui. Aussitôt que l’enfant perçoit une pression par rapport au besoin fondamental de reconnaître les odeurs, le thème devient prédominant dans sa psychologie.
-Cette perception contradictoire des odeurs date de l’enfance ?
-Certes. L’éducation reçue des parents y est pour beaucoup.
-Comment cela est-il possible ?
-Les poils pubiens des parents avec ceux des aisselles sont des porteurs d’odeurs. L’entrejambe a une forte concentration de glandes à sécrétion odoriférante. Les poils agissent comme un piège à odeurs.
- La crise belge, une affaire de pipi et de caca ?
-Evidemment. Ce qui sépare les deux communautés tient à cela.
-Pourtant, dans ma vie sentimentale j’ai respiré plus d’une fois les odeurs d’une Wallonne et d’une Flamande ! Je les confonds ! Les odeurs fortes ne sont pas nécessairement désagréables !
-Je vous l’accorde. La déduction olfactive que les odeurs soient identiques est loin d’être partagée par les deux communautés.
-Pourtant les mariages mixtes ?
-Heureusement, beaucoup de gens aiment les contraires. Mais ce n’est pas une majorité. Le principal auteur de la discorde est un petit dépôt, le smegma, matière blanchâtre analogue à du savon mouillé…
-Vous croyez que…
-Le smegma est subtilement logé dans le sillon balano-préputial chez l’homme et chez la femme, entre les petites lèvres et le clitoris.
-Vous parlez de nos compatriotes qui n’ont pas d’hygiène ?
-Pas du tout. La matière est due à la desquamation des cellules épithéliales des organes génitaux et est propre – si je puis dire – à tout le monde.
-Ce serait donc là le secret des dissensions entre Wallons et Flamands et non pas la paresse des premiers et le nationalisme des seconds ?
-C’est certain. Leurs effets attractifs ou répulsifs sont bien connus. Si par exemple entre Bart de Wever et Joëlle Milquet, ces odeurs n’opèrent pas d’effets aphrodisiaques, l’un va sentir chez l’une une violente odeur de morue en décomposition, et l’une va respirer en l’autre ce qu’elle croira venir d’une concentration de défécation ancienne en couronne autour d’un anus mal entretenu. Comment voulez-vous qu’il y ait accord ?
-C’est épouvantable ce que vous me dites. La marche de dimanche dernier était inutile ?
-Pire. Nuisible. Vous rendez-vous compte que 30.000 participants cela fait 60.000 pieds ?
-Oui. Et alors ?
-Malheureux, ne savez-vous pas qu’un pied maintenu dans un milieu chaud et humide, même quand il ne pleut pas, en favorisant la fermentation, produit une odeur désagréable pour les uns et profondément sexuelle pour les autres !
-D’autant que pour une nature suspicieuse, l’habitude de cacher les pieds dans les chaussures peut accroître un sentiment de méfiance.
- C’est évident !

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-Nous n’avons aucune chance de les mettre d’accord, selon vous, docteur Squons ?
-Reich affirme qu’un dressage trop coercitif crée un sentiment de honte lié à l’odeur qui n’est pas celle du clan. Je vous raconte une anecdote. Jadis, dans une des deux peuplades – je ne vous dirai pas laquelle pour ne pas envenimer la querelle – le chef de la famille avait le devoir de déféquer au milieu de la pièce principale afin que celle-ci s’imprégnât de son odeur, tradition identique d’après un éthologue chez les Indiens Akaramas de la jungle péruvienne. Chose curieuse, les « R » roulés sont analogues dans les deux idiomes. C’est dire comme il sera difficile de concilier les parties.
-C’est sans issue, alors ?
-Un espoir subsiste. Il est dans le sploshing. Les fantaisies sexuelles transgressives seraient comme une rébellion contre l’ordre établi, le flamingantisme imbécile d’un côté et les fanfaronnades de l’autre, dans un mélange complet des odeurs !
-Cette symbiose entre le corps et l’esprit ne se rencontre qu’exceptionnellement !
-C’est pourquoi, j’observe un optimisme modéré… dans une réalité qui m’incite au pessimisme.

26 janvier 2011

La Tunisie, seule contre tous.

Les dictateurs ont encore de beaux jours devant eux.
L’un d’entre eux s’est vu contraint de fuir son pays. Ce n’est pas faute d’offres de service des « démocrates » pour qu’il y reste. Fort de cet enseignement, les autres dictateurs n’ont pas grand-chose à craindre de la diplomatie occidentale.
L’approbation de la politique de Ben Ali venait de l’ancien colonisateur ! Ben Ali a été chouchouté jusqu’au bout. La veille encore du « drame », Michèle Alliot-Marie, ministre des affaires étrangères de la France, proposait ses bons offices afin de « calmer » les foules sans faire trop de tués.
La Belgique n’est pas en reste qui dorlote les dictateurs quand ils sont utiles au commerce. Elle ne vilipende que ceux qui n’ont rien à vendre et que l’ONU montre du doigt.
La droite prend de l’ascendant partout. Elle est aux petits soins pour les pays du Maghreb qui restent aux mains des dictateurs. Ils sont à la porte de l’Afrique et… de l’Europe. Et puis, les peuples sont versatiles…
Les marchés ont également choisi leur camp. L’agence de notation Moody’s a abaissé d’un cran la note de la Tunisie, dès la fuite de Ben Ali. La « démocratie » nouvelle va devoir payer plus cher sa ligne de crédit ! C’est comme ça qu’ils sont les financiers, de grands démocrates, jusqu’à un certain point. Ben Ali n’était pas gênant du tout. Il offrait des garanties…
Pour nos dirigeants, un Ben Ali était cent fois plus acceptable qu’une aventure du peuple souverain de laquelle tout peut sortir, y compris un régime d’ayatollahs.
Même l’horrible dictateur Kadhafi qui règne sur les malheureux Libyens, est on ne peut mieux avec l’Occident, depuis qu’il considère les Islamistes comme des ennemis potentiels.
Que ce soit Bouteflika en Algérie ou le despote sur le retour, Hosni Moubarak‎, en Egypte, sans compter le sultan du Maroc, tout régime autoritaire est bon du moment qu’il fait barrière à un Etat coranique… ou à une révolte populaire comme en Tunisie. Cela durera tant qu’il y aura une goutte de pétrole à siphonner sous le sable, une figue à couper d’un figuier et cent mille maghrébins qui débarquent en Europe chaque année, croyant y être mieux que dans les djébels.
Ce n’est pas que les bonnes âmes du Rond-point Schumann et d’ailleurs défendent la laïcité, ils s’en fichent bien. Ils mettent la laïcité sur un pied d’égalité avec les religions, alors que la laïcité n’est pas une religion mais un élément essentiel à toute organisation démocratique. Ils craignent que le fanatisme religieux échappe à leur contrôle, comme ils exècrent tout soulèvement populaire laïc.
La crainte de l’islamisme a été la rente de légitimation de Ben Ali.
C’est pourquoi nos pays se sont trouvé fort dépourvus face à des événements qu’ils auraient plutôt cru que le tyran réprimerait dans le sang et finalement maîtriserait.
Cela aurait été le cas, si Ben Ali n’avait été déposé par une révolution de palais.
Car ce n’est pas la rue qui a fait fuir le tyran, ce sont ses propres affidés qui l’ont déposé pour des raisons restées jusqu’à présent inconnues. Peut-être n’est-ce qu’une banale affaire d’intérêt qui procure ainsi une liberté inopinée aux Tunisiens ?
On sait la deuxième épouse et la belle famille d’Ali particulièrement voraces. Cela aurait pu disqualifier le despote vis-à-vis de sa clientèle habituelle, armée et police. Le seul fait connu est le refus du chef de l’armée de seconder la police pour mater les émeutes.
Ali s’en va, mais la page n’est pas tournée. Ce sont toujours les mêmes qui sont au pouvoir.
Ils comptent sur la lassitude du peuple pour « arranger les bidons ». Ils ont six mois devant eux avant les élections et une nouvelle Constitution.
Il ne faut pas que la rue les perde de vue. Ils doivent partir. Mais, l’attention faiblit. Ils n’étaient plus qu’un millier, hier au soir, devant les palais des chefs à réclamer leur départ. Surtout qu’ils ne comptent pas sur la France et les autres pays pour les aider. Ils ne pourront avoir confiance qu’en eux-mêmes, et ce n’est pas gagné !
Est-ce une aube nouvelle pour les pays du Maghreb ?
Quand on voit comment Bouteflika en Algérie filtre l’information en provenance de Tunis, le pouvoir est sur ses gardes. Partout, du reste, à commencer par le fanfaron Kadhafi qui a cru bon paraître en grand uniforme à sa télé pour assurer Ben Ali de son soutien, on graisse les fusils et on astique les bottes.

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Les Tunisiens ne peuvent compter que sur les Internautes et les réactions qu’ils affichent sur le NET. Enfin, voilà un moyen d’information hors de portée des tyrannies locales et de la chape de plomb de l’information « téléguidée » des médias européens travaillés par leurs actionnaires tous ou presque de droite.
Mais, pour combien de temps pourront-ils compter sur des internautes qui sont de cœur avec le peuple tunisien ? Dans les mois qui viennent, les Chinois devraient exporter leur savoir faire pour renforcer la censure au Maghreb, censure battue en brèche par le progrès et le goût que les peuples ont de la liberté.
Que les Tunisiens se méfient des démocraties occidentales. Elles ne veulent pas leur bonheur.

25 janvier 2011

Un goujat exemplaire.

Après un scandale, la survie des hommes politiques est presque toujours assurée. A l’exception de Spitaels et du suicide d’Alain Vander Biest, presque tous les protagonistes de l’affaire Cools et des affaires limitrophes ont survécu politiquement.
Il n’en va pas de même dans l’audio-visuel.
Certains ont piqué du nez et disparu, d’autres n’en finissent pas de traverser des déserts, après l’interview de Chantal Goya, Patrick Sabatier s’est exilé à Monaco. Les malheurs d’Anne Quevrin sur RTL ont consommé sa perte. La bague de Ré de Danièle Gilbert illustrait la difficulté de revenir, entre faire une démonstration au rayon crèmerie d’un supermarché et passer sur une chaîne nationale, il y a de la distance.
Mais, celui qui s’est sorti de tous les mauvais pas et qui n’a cessé de faire frissonner les people, c’est Patrick Poivre d’Arvor !
Parcours étonnant d’un journaliste dont la carrière est truffée d’indélicatesses, dont une seule aurait coûté l’exclusion de la profession à n’importe qui.
Faux nom, fausses interviews, faux engagements, usurpant, amalgamant, plagiant, PPDA aura tout fait, à se demander si la première de ses falsifications ne seraient pas les titres universitaires dont il se pare, ses dons extraordinaires pour l’étude, et enfin ce professionnalisme de grand reporter qu’il revendique, laissant loin derrière lui les machos de la télé pour le seul emploi que personne ne lui conteste : la baise ?
Peut-on expliquer son parcours par ses « convictions » politiques ?
La principale caractéristique de celles-ci, c’est qu’il n’en a pas. Vice-président des Jeunes Républicains Indépendants (JRI), proche de Valéry Giscard d'Estaing, il s’est plié au Mitterrandisme, est devenu naturellement chiraquien et a sablé le champagne avec Claire Chasal à la nomination de Nicolas Sarkozy, quelques temps auparavant, il s’était montré empressé auprès de Dominique de Villepin. Vous allez dire, un journaliste doit rencontrer tout le monde. Certes. Mais, il y a évidemment un abîme entre interviewer de manière professionnelle et s’afficher en faisant de la lèche !
Pour avoir voulu faire de l’esprit à un mauvais moment, il fut viré de TF1 pour avoir comparé Sarko à un petit garçon. L’équilibriste n’est pas tombé du fil, pour autant. Son entregent et ses relations lui ont permis de rebondir.
En France, existe un club très fermé appelé le "Siècle", le plus prestigieux des cercles de décideurs de France. Il en fait naturellement partie. En 2011, le club comptait environ 600 personnes les plus influentes de l'hexagone (hauts fonctionnaires, chefs d'entreprises, hommes politiques, syndicalistes et représentants du monde de l'édition et des médias, sans distinction d'opinions), réunion le dernier mercredi du mois, dans les salons de l'Automobile. Est-ce de là que PPDA tire sont exceptionnelle longévité médiatique, malgré les coups foireux ?
Apparemment, jusqu’à son éviction de TF1 et son repêchage médiatique, rien ne paraît devoir démonter cet homme inoxydable.

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Ses talents de falsificateurs sont étonnants. Du nombre, ceux qui transparaissent seraient suffisant pour faire révoquer le fils Bouygues par son père ! PPDA survit !
En décembre 1991, PPDA diffuse une interview de Fidel Castro comme s'il était en train de le questionner. En réalité, il s'agissait d'un montage d'une conférence à laquelle il n'avait pas pris la parole.
Il a plagié une biographie de Hemingway signée Peter Griffin, parue aux Etats-Unis, en 1985, près de 100 pages sont inspirées de l'ouvrage de Griffin, sans aucun guillemet ! L’éditeur a essayé assez piteusement de dédouaner son poulain. Dame, 20.000 exemplaires déjà imprimés au pilon, par les temps qui courent, ça ne fait pas plaisir. Il y aurait beaucoup à écrire aussi sur ces éditeurs qui vivent en faisant des « coups », plutôt qu’en éditant de jeunes auteurs dont le public ne saura jamais rien ! Bref, le plagiat sera vendu quand même.
Vieux bobo de la rive gauche, Poivre pourrait en raconter sur ses aventures, c’est ce qu’il fait du reste, laissant ainsi la part belle à la transgression de ce qu’il conviendrait de respecter comme faisant partie de la vie privée.
Regards de velours, sourires humides, légèreté de ton, l’homme n’hésite pas à la drague sur le plateau, Catherine Deneuve, Sharon Stone, Ségolène Royal, Uma Thurman, Mylène Farmer, en savent quelque chose, jusqu’au mini scandale en interviewant Béatrice Dalle sur sa kleptomanie. L’actrice s’était alors insurgée en prétendant que le journaliste lui envoyait des lettres d'amour ! Ce que PPDA n’a pas démenti jusqu’à aujourd’hui.
Mais le comble de la goujaterie de ce vieil étalon du sexe va bientôt être étalé au grand jour d’une cour de justice. Son dernier opus « Fragments d’une femme perdue » est une histoire d'amour impossible entre Violette et Alexis. En réalité, c’est un épisode récent de la vie amoureuse de d'Arvor. Violette est Agathe Borne, l'ex de PPDA. Laquelle préparerait un livre en droit de réponse ! C’est presque le duel Sand Musset, le talent en moins. La belle accuse l’ex présentateur de TF1 d'avoir utilisé sa vie privée ainsi que des lettres qu'elle lui avait adressées. Les avocats des deux parties s'affrontent par communiqués interposés (dixit les journaux). Me Dubois souligne que sa cliente n'apprécie guère que PPDA se soit attribué "la paternité d'écrits qui ne sont pas les siens". Patrick Poivre d'Arvor est attendu le 9 février devant la 17e chambre civile du tribunal de grande instance de Paris. Les débats s'annoncent houleux.
Question à deux balles : « comment fait-il ? » Tricheur, menteur, le voilà descendu à la dernière marche qu’un galant homme devait éviter à n’importe quel prix, puisqu’elle déshonore une ancienne maîtresse, femme que l’on a aimée !
Le voilà devenu goujat !
S’il perd ce procès, ça va être plus difficile pour la drague. Ces dames vont finir par se méfier !...

24 janvier 2011

Une belle manif… de plus !

Le groupe d’étudiants qui a lancé le mouvement de ce dimanche grâce à Internet, est naïf et sympathique.
Naïf parce qu’avant de se faire récupérer, ce qui ne saurait tarder, s’il croit pouvoir en être quitte avec la politique après avoir conduit 30.000 personnes à Bruxelles pour un défilé pacifique, il se trompe. Et sympa, parce que je crois les membres du groupe sincères et qu’il n’est pas courant de monter une action comme celle-là de façon inopinée et très peu préparée, avec de petits moyens.
Ceci dit, ce rassemblement tombait à pic pour relancer les journaux et les médias qui font une idée fixe sur l’indivisibilité de la Belgique. Ils n’ont pas « suggéré » le mouvement ; mais, ils ont certainement contribué à son succès par le relais qu’ils ont assuré à l’idée rassembleuse de ces jeunes gens, comme ils le firent il y a un an et quelques pour madame Houart, l’ex-postière royaliste.
En réalité ce rassemblement réunit moins de monde que le salon de l’automobile. Il ne faut donc pas en exagérer la portée.
D’autres voix viennent quand même jeter le trouble dans ce rassemblement patriote. Ce sont celles qui, comme je l’ai écrit la semaine dernière, ne veulent surtout pas qu’un accord précipité conduise à entériner les propositions de Bart De Wever sur l’économie et sur le social.
Ici, on ne discute plus de l’usage des langues, du statut de la périphérie bruxelloise, du droit du sol et de la nomination des bourgmestres, on touche tout simplement aux pensions, à la Sécurité sociale et à la paie de fin du mois des travailleurs.
On peut regretter que ce rassemblement, de ce point de vue, renvoie indifféremment la gauche et la droite dans les cordes, en leur disant : il faut conclure un accord, laissant supposer qu’il faudrait prendre en considération des propositions sur le social et l’économie de Bart De Wever, de sorte que le PS fasse la moitié du chemin !
C’est tout bonnement impossible.
Et c’est en ce sens que la réunion de dimanche est un piège !
Et qu’il aurait mieux valu que la gauche syndicale wallonne s’assemble. Pour la circonstance, ne nous y trompons pas, une pareille alternative eût valu la sortie des autopompes avec des charges matraques levées de la police.
Le Gewif (Groupe d’Etudes pour la Wallonie intégrée à la France) vient de publier une lettre ouverte aux élus de la République française qui donne à réfléchir.
Si la dérive nationaliste flamande perdure, enfin si le CN&V poursuit un compagnonnage honteux avec la N-VA, ce qu’argumente le Gewif deviendrait prémonitoire et serait le seul plan B vraisemblable.
L’habituel contentieux sans cesse reporté dans son examen ne date pas d’hier, mais de 2005.
C’est pratiquement depuis six ans que les gouvernements font comme si… Ne résolvant rien, ce n’est plus d’un frigo dont Verhofstadt avait besoin, mais d’un surgélateur. Est-ce que les manifestants de cet après-midi ont conscience que l’Etat belge traîne les mêmes casseroles depuis autant d’années ?
A-t-on oublié que déjà en 1980, François Perin démissionna du Sénat en expliquant que la Belgique avait à compter sur le nationalisme flamand. Et qu’aucun parti politique n’a pris ses responsabilités à une époque où il pouvait encore le faire !
Le Gewif constate que 70 % de l’électorat flamand grossit actuellement le courant nationaliste.
Et de rappeler tout ce qui nous unit à la France et tout ce que nous lui devons, étant entendu que si nous n’avions pas 60 millions de francophones à l’appui de nos frontières, il y a belle lurette que nous serions tous embrigadés dans les écoles pour apprendre « la première langue parlée » en Belgique.
Enfin la conclusion du Gewif paraît logique.
« C’est pour préparer les esprits au contexte post-belge que nous avons décidé, en 2008, de préparer des Etats généraux de Wallonie, qui auraient, au départ de rapports fouillés, constitués à charge et à décharge, à se prononcer sur les trois options d’avenir possibles dans l’hypothèse de l’implosion de la Belgique : 1° un Etat wallon indépendant ; 2° un Etat Wallonie-Bruxelles ; 3° la réunion à la France. »
« …à la lecture de ces travaux, l’option d’une union-intégration à la République française, avec un statut particulier d’autonomie, était de nature à représenter, pour la Wallonie et pour Bruxelles, ce que feu le ministre d’Etat Jean Gol appelait une réponse de survie digne, raisonnable et dans l’ordre. »

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La seule chose qui me chiffonne et à laquelle je n’ai pas de réponse, c’est de savoir quelle est la position du Gewif sur la question sociale ?
La référence à Gol et Perin, plutôt qu’au MPW, à Renard et Yerna me met la puce à l’oreille !
Je suis d’accord avec le Gewif sur le caractère irréversible du nationalisme flamand. Quant au reste, je demande à voir. Je me souviens de certains discours des rattachistes fort proches des illusions du MR sur le système économique mondialisé. Si c’est tomber dans les bras de Sarkozy pour échapper à Bart De Wever, c’est un peu court et seulement changer de maître.
L’avenir est semé d’embûches pour les Francophones de Belgique. Il ne faut pas attendre que les Flamands nous aient jeté pour y réfléchir…
C’est le moment…

23 janvier 2011

Quand Bilitis devint Alice

Philippe Laporte a écrit un livre intéressant : « L’érotisme ou le mensonge de Freud », dans le but d’une « refondation de la psychologie sexuelle » (1). Cela m’a fait ressouvenir aux quatre forts volumes (2) des psychanalystes de l’école de Vienne (Société psychanalytique de…) et tout ce bon travail de tâtonnement certes, mais de découvertes aussi, que l’on est en train de tourner en ridicule. Et je trouve cela fort injuste.
Ce qui n’enlève rien aux mérites de l’ouvrage de Philippe Laporte.
Quand les non-dits « enfin révélés » n’ont jamais été aussi importants avec l’avalanche des révélations sur des « scènes de crime » parfois vieilles d’un demi-siècle, Laporte remet les pendules à l’heure en affirmant que si nous ne connaissons rien ou fort peu de chose au sexe et à la sexualité, nous devons cette ignorance au docteur Freud. Nous poussons des cris d’orfraie pour l’une ou l’autre vieille lune turgescente à l’approche de la jeunesse parce qu’elle est issue des ténèbres entourant l’église et ses sacristies. Nous en avions parfaitement connaissance, mais nous avions été éduqués pour n’en rien dire, jusqu’à avant-hier, étant ainsi complices de la Justice, de la maréchaussée et du clergé de jadis.
Il ne faut pas croire la transgression à la pression sociale franchie, parce que nous nous repaissons des récits que des vieillards font de leur jeunesse abîmée par des abuseurs, et que nous en soyons quitte avec la sexualité, après avoir vidé ce vieux compte.
Pourquoi la sexualité, tout comme le langage apparaît-elle indépendamment de la culture ? Pourquoi la nudité publique est-elle toujours pénalisée ? Pourquoi la censure cinématographique considère-t-elle les représentations sexuelles comme plus traumatisantes que celles du meurtre ?

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Pourquoi attachons-nous tant d’importance à certains actes et si peu à d’autres ?
Ces question auxquelles Laporte tente de répondre, nous reporte au début du siècle passé, quand pour la première fois au monde des médecins se sont regroupés afin d’approfondir ces questions et tenter d’y trouver des réponses, sous l’impulsion du professeur Freud. Il y avait eu, il est vrai fin du XIXme siècle, les expériences du professeur Charcot sur l’hystérie auxquelles Freud avait assisté, mais qu’était-ce comparé au chemin qui restait à parcourir ?
Et c’est assez injuste de la part de Laporte, mais aussi d’Onfray – l’iconoclaste - de vouloir à tout prix enlever une qualité indéniable de Freud qui a été celle de pionnier dans les domaines touchant à la sexualité et ses névroses.
Pourtant, lorsque les deux détracteurs du Maître prétendent que la soi-disant obscénité du désir sexuel n’est pas une attirance pour la souillure, le mal, mais une tentative de réconciliation avec le corps, Sigmund Freud n’a jamais rien dit d’autre, sinon qu’il s’est interrogé à partir de son corps et a trop hâtivement étendu ses découvertes sui generis à l’ensemble de ses malades.
Le docteur Sadger, à la séance du 3 novembre 1909 à la société psychanalytique de Vienne, a présenté un cas, celui d’un baron suédois, âgé de 32 ans qui, à mon avis, est représentatif des « gais lurons » que le système nous fabrique en 2011 dans une sorte de paquet-cadeau où se mêle démocratie et système économique pour un consumérisme tout azimut, comme il fabrique des « consciences », que le MR abrite avec abondance. Sadger présentait son sujet comme un cas extrême. Il est aujourd’hui d’une grande banalité. Progrès de la société ou dilution de l’affect dans la névrose et banalisation de la perversion par confusion des valeurs ?
On ne peut pas dire que le baron soit sorti tout neuf et naïf de la société d’alors : « …a souffert dès sa jeunesse d’attaques épileptiques. Il vit avec une ancienne prostituée, dans une alliance si intime qu’il manque seulement la cérémonie à l’église, pour en faire un mariage. Il y a quelques semaines, il tombe amoureux d’un jeune garçon de café… ». Passons sur quelques fredaines et le couplet d’auto érotisme, onanisme et narcissisme avec tendances voyeuristes, évitons de parler d’une mère, toujours omniprésente dans l’inavoué des carrières pathologiques de la belle époque et arrivons à la conclusion.
Si nous remplaçons les crises d’épilepsie par des prises de drogue, nous avons un portrait assez complet d’une frange de la population qui est évidemment tenue pour non dégénérée, qui vote et est performante dans les structures économiques où elle a sa place dans des domaines artistiques, politiques ou managériaux.
Tout ça en 2011, comme en attestent les journaux et les revues, comme s’en prévaut jusqu’à un premier ministre en exercice en Europe.
C’est même sous couvert de cette nouvelle forme de liberté que se parfait désormais l’éducation.
Que Laporte et Onfray se rassurent. Freud est en voie de disparition. En toute démocratie, la vulgarisation des déviances sexuelles est devenue une spécialité qui se commercialise aussi vite qu’elle s’est banalisée. Aura-t-on pour cela définitivement exorcisé les tabous, vidé nos querelles et réconcilié les corps ?
Ce n’est pas au moment où le MR sent une légère reprise qu’on va supprimer les articles et les commentaires de nos dépravations commercialisées, puisqu’ils participent au renouveau de la société de consommation.
Du moment que les apparences soient sauves, l’essentiel de nos mœurs n’est-il pas protégé ?
Commerçants empressés à vider les réserves lors des soldes, nous aurons confondu érotisme et permissivité avec pornographie et vulgarité.
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1. Philippe Laporte, L’érotisme ou le mensonge de Freud, in Connaissances et Savoirs, Paris 2009.
2. Les premiers psychanalystes, Minutes de la Société psychanalytique de Vienne, 4 volumes, in Edition Gallimard, collection Connaissance de l’inconscient, Paris 1978.

22 janvier 2011

N-VA et MR ou l’économie « inspirée ».

J’ai de plus en plus la conviction que le système économique s’établit progressivement par le poids des inerties des peuples et par la volonté d’un libéralisme activiste. Il distille par son impact sur les esprits un égoïsme dû à l’ambition et à la performance qui n’a pas fini de faire des ravages.
L’illustration dans le compartiment « nationalité » que vient de faire Jacqueline Galant, ne fait aucunement de l’ombre à l’activité de ses autres compères du MR, dans d’autres domaines, surtout ceux touchant à l’économie..
L’exemple d’un Didier Reynders, calculateur, menteur et apte à défendre le riche et à nier le pauvre, n’est propre qu’à se demander comment le suivant à la présidence prendra la suite dans un parcours qui ne peut être qu’aussi ignominieux.
Car, avec l’avènement d’un nouveau capitalisme, ce parti ne peut évoluer que vers le pire. On a vu les débuts de l’industrialisation, la fin de la paysannerie de masse, et avec le paternalisme, la descente au fond de la mine d’enfant de dix ans, tout cela au nom de l’efficacité et de la rentabilité. Aujourd’hui ce parti libéral s’adapte aux règles du libre échange mondialisé et à la destruction d’un protectionnisme d’Etat à l’égard des plus faibles.
Des chiffres : le CAC 40 verse 40 milliards au titre de dividendes aux actionnaires en 2010, 35 en 2009, il faudra que Reynders explique aux chômeurs qu’on est sorti de la crise et que tout baigne !
On s’apercevra vite ce dont il est capable de faire afin de retrouver la croissance et éponger la dette publique. A la question de savoir comment relancer l’économie et en même temps sabrer dans les salaires et les « avantages » des petites gens, le MR a la solution. Elle est simple, nous devons produire à bas coût afin d’exporter ce que les travailleurs belges ne pourront plus s’acheter.
L’idéal serait de produire des chemises à 5 euros par un personnel travaillant 60 heures et gagnant 120 euros par mois, comme en Chine.
C’est inscrit dans le programme de Bart De Wever et dans celui du MR, pas dans la forme brutale dénoncée ci-dessus, mais par une logique qui y conduirait dans les dix ans.
Voilà pourquoi ces deux partis sont faits pour s’entendre. Voilà pourquoi également, ces deux partis sont les repaires de coquins et d’une certaine forme de la voyoucratie occidentale, qu’il faudra bien un jour cataloguer « nuisible ».
Il n’est pas possible d’attendre la moindre espérance de la politique libérale dans les moments graves que nous traversons.
Car enfin, le désir de démanteler les politiques communes aux régions concernant la sécurité sociale, les taxes et les salaires, est un signe qu’il faut interpréter de la hâte flamande de coller au plus vite au peloton de tête des Etats les plus performants de la nouvelle économie.
Et qui correspond le mieux à cet état d’esprit, côté francophone ? Le MR pardi.
La droite belge est restée accroc à la vision des duettistes Thatcher et Reagan, malgré la dérive qui a aboutit à la crise de 2008 qui n’a pas eu l’air d’avoir tempéré le regard de la droite sur l’économie et encore moins fait réfléchir le MR.
Ce qui est plus grave encore chez Reynders que chez De Wever, c’est que le Liégeois est mieux informé en matière d’économie que l’autre, qui n’est qu’un nationaliste fervent d’un flamingantisme qu’il a su faire partager à 26 % d’électeurs. En effet, le président de la N-VA s’exprime rarement sur l’économie et quand il le fait pour justifier son programme, on sent qu’il récite une leçon. Il est seulement guidé par son instinct de nuisance et parce qu’il croit pouvoir toucher une sensibilité plus à gauche en Wallonie qu’en Flandre.

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Autrement dit, De Wever ne connaît rien en économie et n’a aucune idée originale sur la sortie de crise. Il a seulement retenu quelques slogans et quelques formules de certains économistes qui se sont largement plantés en 2008, mais n’en continuent pas moins à jouer les prophètes.
S’il faut en croire Publilius « Il faut appeler méchant celui qui n’est bon que pour soi » alors oui, ce système encensé par le MR est mauvais, jusqu’au fond de lui-même, parce que le « pour soi » condamne neuf individus sur dix à être dans l’impossibilité d’utiliser leurs talents en toute liberté.
On pourrait même dire qu’il est devenu criminel avec l’exemple de la Grèce dont les habitants, qui n’en peuvent, ont pour dix années de souffrance et de misère devant eux.
L’Europe prend un drôle de chemin, avec la montée des droites.
Il faudra, peut être, des années de déboire avant que les Européens ne s’aperçoivent que la route conduit à une impasse. Et probablement encore d’autres années avant de revenir à un esprit de solidarité afin de réparer tous les dégâts de la sombre folie d’une économie qui va aux plus riches, en prenant de plus en plus aux plus pauvres.
Alors qu’on s’efforce d’accorder le Nord et le Sud du pays sur un programme d’une telle agressivité à l’égard des masses que même les travailleurs éduqués n’ont pas idée, le PS reste muet sur un contreprojet social.
L’espoir viendrait-il de la France ? La nouvelle gauche de Mélenchon et même du PS d’Aubry exposent des programmes qui pourraient très bien s’adapter à la Belgique.
S’il n’y avait la tension communautaire et le temps qu’on perd là-dessus, on verrait comme les antagonismes sont davantage plus vifs sur la question économique que sur tout le reste.
Hélas ! on se ferait pousser la barbe plus facilement pour qu’il y ait un gouvernement, que pour avoir un Etat plus social et plus égalitaire.

21 janvier 2011

Galant ou la parfaite belgitude !

Nous n’avons pas chez nous un Brice Hortefeux afin de donner le « la » à la connerie militante ; mais nous avons Jacqueline Galant, présidente de la Commission pour l’accès à la naturalisation, qui est tombée dans le panneau flamingant sur le critère linguistique régional.
Elle s’est justifiée de sa précipitation à faire voter les recommandations de la Commission en trouvant normal que l’on demande à un candidat de "prouver les efforts qu'il réalise en vue de s'intégrer à la Région dans laquelle il vit, cela ne veut pas nécessairement dire qu'il doive parler la langue de cette Région", comme si les Flamands n’allaient pas se saisir de cette nouvelle restriction pour serrer un peu plus la vis des Francophones établis dans la périphérie flamande de Bruxelles !
Evidemment quand on est de Tubize, on a un œil sur Mons avant tout, afin de se distinguer des rosés.
C’est ce qu’elle a fait avec son tempérament libéral, inaugurant son nouveau physique par mordre carrément dans les mollets de Di Rupo, dont le parti justement ne voulait pas sombrer dans la paranoïa à la française sur la naturalisation.
Ce qu’elle dit de la nationalité belge, c’est du Hortefeux avec un zest de Besson, pour les fines bouches nationalistes. Passe encore en France qui reste un pays, avec une culture et une langue, quoique les cons y gouvernent aussi allègrement qu’ici ; cela devient plus compliqué dans un pays comme le nôtre, qui n’en est plus un vraiment depuis quelques temps et qui est en passe de ne plus l’être du tout.
Car enfin, qu’est-ce être Belge aujourd’hui ? Pays d’apatrides par excellence ! Vivre à un carrefour n’a jamais été bon pour la spécificité d’être né quelque part. C’est pourtant à leur clocher auquel les gens s’attachent, pour la même et incompréhensible raison que les anguilles meurent en mer des Sargasses.
Les Wallons surtout, à qui les fransquillons ont volé leur langue et qui, malgré cela, sont devenus franco-français, au point que les voilà reconnaissants de défendre un riche patrimoine qui au départ n’était pas le leur. Les Flamands, c’est pire encore, à moitié Espagnol, mâtinés de Rhénans, le seul avenir de la langue, ils le devront aux Afrikanders et à l’Afrique du Sud.
Pays entièrement bricolé à la chute de l’empire, assemblage curieux d’antinomies, artificiellement convenu en dynastie, avec un roi de fortune qui hésita entre deux trônes, avant de prendre celui-ci, avec dans le lot de consolation une épouse avec qui il s’ennuya à périr.
Mais, est-ce que ce n’est pas bientôt fini de péter plus haut que son cul parce qu’on serait Belge et pas Suisse !
C’est à se demander si à côté des institutions religieuses qui admettent que l’on se fasse débaptiser, il ne devrait pas y avoir un guichet pour y rendre sa nationalité !
Parce qu’enfin, cela commence à me gêner beaucoup d’être de la même nationalité que Jacqueline Galant, comme d’autres loustics de la trempe de De Wever, mais que je ne nommerai pas ici, la liste en serait trop longue, race de Belges considérables et considérés avec laquelle je n’ai aucune affinité, que nous parlions ou non, approximativement la même langue.

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Dans le vade-mecum de la connerie militante, on pourrait mettre en préface les maximes et aphorismes de la Tubizoise déchaînée.
« La nationalité belge doit se mériter et "ne se brade pas ».
Sur cette belle envolée, elle brode une série de lieux communs à faire tomber dans le fond de la calèche de son frère, en pleine épilepsie et pour une deuxième fois, Gustave Flaubert en personne, à qui la profession d’avocat ne convenait pas.
Par exemple, elle veut introduire la notion de « double peine » en excluant de la nationalité et a fortiori de l’obtenir, une personne ayant été condamnée, même dans un accident de roulage.
Mieux : « …quand on veut devenir belge et qu'on n'est même pas en ordre d'assurance avec sa voiture, qu'on roule sans permis de conduire", etc. La dame de Tubize ne veut que des citoyens exemplaires pour chanter avec elle « La Brabançonne », à croire que le compagnon de la charmante est agent d’assurances !
Paragraphe suivant la voilà hautement morale : "J'estime, par exemple, que quelqu'un qui a déjà commis un vol à l'étalage"...heureusement que les intégrés des partis politiques sont Belges depuis longtemps, parce que si on grattait un peu dans les façons de se faire du fric du côté du libéralisme-connexion, beaucoup d’entre eux seraient recalés à l’oral.
Enfin, l’axiologie faite femme, plaide pour un "stage de probation" auquel seraient soumis les nouveaux Belges "le temps de voir si la personne s'intègre vraiment".
La députée MR précise que sa proposition fait l'unanimité au sein du parti libéral. Ce qui s’est révélé faux si l’on en juge par les réactions d’Olivier Maingain.
Et de conclure "Chez nous, on n'ose jamais en parler de peur de se faire traiter d'extrémiste."
C’est fait, chère Madame, vous en avez parlé. A présent, nous savons que vous êtes vraiment en règle avec l’extrémisme : vous en êtes un des fleurons !
On savait que la Belgique allait au plus mal, il en sera même question le 24 septembre quand les ardents patriotes, comme Jacqueline les aime, parcourront les rues de la capitale afin de protester contre la lenteur des travaux des Sept.
Oui, mais, sont-ils tous bien Belges ? Et en cas de doute, madame Galant devrait en toute logique interdire l’accès du cortège aux postulants qui n’ont pas encore passé les examens d’admission à la nationalité, dans les deux langues à Bruxelles et uniquement dans la langue flamande s’ils viennent de Vilvoorde.
Mais, quand nous débarrasserons-nous des bons Belges qui commencent sérieusement à me casser les couilles ?

20 janvier 2011

Les gars de la Marine.

Un non-événement de dimanche dernier est devenu grandiose de la faute des médias français. Marine Le Pen, 42 ans, succède à son père à la tête du Front National !
Et voilà à force de transformer en apothéose ce qui aurait dû rester une consécration confidentielle, on fait d’un personnage politique aux idées dangereuses, une star dont le propre est de rallier des fans par l’admiration contagieuse et non raisonnée qu’elle suscite.
On a même procédé, pour le coup, à des sondages d’opinions.
Certes, cette technique de saisir ce que pensent les gens bien avant de voter, n’est vraiment pas fiable, mieux, en intervertissant le rôle du sondage et le vote, on influence grandement celui-ci.
Marine Le Pen est créditée de 18 % d’intention de vote à l’élection présidentielle. Son père en recueillait la moitié en 2002 !
Même si les sondages ne signifient rien d’autre qu’une orientation théorique, il convient quand même de signaler la performance et de s’en inquiéter.
A qui la faute ?
Les calamiteux ministres Hortefeux et Eric Besson avec des responsabilités qui sonnent étrangement à l’oreille des observateurs comme l'immigration, l'intégration, l'identité nationale, au lieu de traiter le sujet en héritiers de la patrie des Droits de l’Homme, ont en réalité exprimé des peurs et des ressentiments dont profite le Front National.
Ils ont suscité des problèmes là où il n’y en avait pas et restés étrangement silencieux là où il y en avait, de sorte qu’ils ont offert le spectacle d’un ratage complet et convaincu une partie non négligeable de citoyens que le FN pouvait mieux résoudre la crise par sa radicalité.
Bernard-Henri Lévy parle des contrefaçons du discours de la présidente du Front et que ce serait aux citoyens de la démasquer ; sauf, qu’elle n’est pas la seule à se moquer du monde, depuis que Sarkozy est au pouvoir d’une République dont l’UMP foule les valeurs aux pieds. Elle passe même pour crédible par une opinion ralliée au Front dont le spectre va de l’extrême droite à l’extrême gauche !

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Le F.N. progresse aussi à cause de la mauvaise interprétation que les gens se font de la crise. C’est ainsi qu’on assiste à une poussée des droites, alors que celles-ci n’ont jamais cessé de soutenir une économie gangrenée par la finance et le profit actionnarial au détriment des salaires et des forces vives du travail.
Et c’est vrai que cette avocate a le talent de capter l’attention et de rehausser un discours convenu par des appâts bien exposés à ses hameçons.
Ce parti qui monte est aussi un miroir de la politique française où nous, citoyens belges, pouvons nous y refléter, d’autant plus aisément que nous n’avons pas le pendant du FN en Belgique, sauf qu’à l’exception des thèses nationalistes, le Vlaams Belang et surtout la N-VA peuvent très bien s’accorder sur le plan économique avec Didier Reynders et l’Open Vld, d’Alexander De Croo. Ces forces de droite, divisées sur la vision de l’Etat, forment un tout sur le volet économique qui ferait bien d’eux quatre, un parti du genre de celui de Marine Le Pen, presque majoritaire.
Nous sommes en Europe dans une contestation des « élites ». Marine Le Pen ne se fait pas faute de se démarquer du politiquement correct, c’est cela qui plaît aussi à une catégorie non négligeable de dégoûtés de la politique, qui formerait, si le vote blanc était pris en compte ajouté aux abstentions, le plus grand parti de France.
Lors des élections pour la présidence, Sarkozy avait réussi le tour de force de siphonner les voix du FN pour gagner contre Ségolène Royal. Il aura difficile avec Marine Le Pen de reproduire la même tactique et nul ne sait avec le courant ascendant de la présidente du Front, s’il se trouvera même en pool position pour le second tour.
Il est vrai que de tous temps la plupart des voix du Front se sont toujours reportées sur le candidat de droite. Mais nul ne peut présager si cette fois, ce sera le même scénario que celui qui valut à Jospin une cuisante défaite.
Reste que Marine Le Pen aura encore bien des obstacles à surmonter avant de se présenter à la candidature suprême, à l’intérieur de son parti d’abord, avec un Bruno Gollnisch qui s’est rallié à la fille, après le père, mais qui n’en conserve pas moins beaucoup de partisans à la direction du parti, et enfin, à l’extérieur où recueillir 500 signatures pour sa candidature est un travail de fond qui n’est pas facile, quand on sait que le FN est toujours infréquentable à l’UMP.

19 janvier 2011

Belgique : stop ou encore ?

Devant le ridicule d’une démocratie qui a montré ses limites à toute l’Europe, on peut s’interroger sur l’impasse belge et quels enseignements en tirer.
Le multipartisme y a vécu de façon excessive. Il y a trop de partis qui prétendent gouverner, avec deux majorités, celle de Flandre et celle de Wallonie. Cela fait beaucoup de bouches à nourrir, des ambitions à satisfaire. L’exercice de la démocratie y coûte plus cher qu’ailleurs, pour aboutir à un résultat médiocre. La conduite de l’Etat y est d’une difficulté inouïe, au point qu’on se demande comment le crash ne s’est pas produit plus tôt !
Cela aurait été une performance d’accommoder sept partis pour la législature. Las, il aura suffi qu’un parti important ne veuille rien rabattre de ses prétentions, pour que la combinaison s’effondre et rende le pays ingouvernable.
On reproche à la N-VA de ne pas jouer le jeu habituel qui consiste à demander beaucoup, pour avoir peu. De Wever demande beaucoup pour avoir tout. Et voilà la partie faussée et le pays bloqué.
Le multipartisme augmenterait le caractère démocratique du régime ?
En réalité, il n’en est rien. Au contraire, il le complique sans bénéfice pour personne. Le citoyen paraît plus éloigné des décisions que les élus prennent en son nom, qu’une démocratie au scrutin à deux tours.
Bien entendu le système français appliqué à la Belgique produirait quand même quatre partis minimum, représentant de part et d’autre de la frontière linguistique les deux gauches avec les deux droites. Afin d’éviter la pléthore typiquement belge, il faudrait que les deux gauches et les deux droites obtiennent une majorité synchrone dans les régions pour diriger le pays de façon homogène, les petits partis se ralliant aux grands. Cela est fort improbable si l’on considère la droite majoritaire en Flandre et la gauche en Wallonie.
Dans la combinaison actuelle, il est utile de préciser que la gauche wallonne devrait diriger le pays avec la droite flamande. On se doute bien que les deux ont tout à perdre d’une union socialement contre nature.
Enfin, si l’on considère Bruxelles comme troisième région, toute gestion en équilibre des intérêts de l’ensemble devient impossible.
Beaucoup de monde a réfléchi à ce problème. L’impasse actuelle met l’accent sur l’erreur initiale d’un fédéralisme tel que l’avaient imaginé les partis dans les années 60.
Le système, sans cesse rafistolé, de plus en plus sophistiqué, a fini par aboutir à l’usine à gaz qui fait le fou rire des salons de la diplomatie occidentale.
Bart De Wever a raison. Il veut sortir du labyrinthe fédéral pour un confédéralisme total. L’ennui, il incorpore Bruxelles à l’entité flamande, sur la base d’une frontière linguistique rigide comme une armure du moyen-âge.

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La frontière linguistique ne correspond historiquement à rien.
On a déjà dit tout le ridicule du carcan linguistique. Dans les faits, on ne peut empêcher personne de parler la langue qu’il veut. Quand une ville ou un village s’exprime majoritairement en français ou en flamand, il faut que les institutions suivent et correspondent à cette majorité.
La frontière linguistique est un barrage artificiel stoppant en théorie la progression du français servant à rassurer les Flamands.
C’est une politique intenable que les Canadiens francophones connaissent. Aussi, ont-ils opté pour une forme de bilinguisme qui n’a pas si mal réussi, dans la mesure où le Canada francophone s’est mis à l’anglais sans complexe, avec certaines obligations d’institutionnaliser le français en priorité dans les administrations, le commerce et l’industrie, mais sans exclusive.
L’anglais et le français sont des langues de culture. La supériorité de la première n’est que numérique, compensée par l’apport de l’autre. C’est là que le bât blesse, en Belgique. Le flamand est une langue régionale limitée à un petit nombre d’individus.
Quant à vouloir assurer la pérennité de la langue flamande par des rigidités ségrégationnistes et des défenses de territoire, avec une ville comme Bruxelles d’un million de francophones, avec sa banlieue, c’est d’un grotesque à pleurer et c’est cependant cela qui arrête tout accord.
Aujourd’hui que s’étalent les difficultés, incompréhensibles aux Européens implantés à Bruxelles, la séparation devient inévitable à plus ou moins long terme. C’est une analyse de la N-VA que je partage en ma qualité de Wallon.
On ferait mieux de bruler les étapes afin de fixer les limites des régions et le sort de Bruxelles, dans une concertation de fin de bail.
La Flandre étant majoritaire, elle ne pourrait être à la fois juge et partie. C’est donc à l’Europe que reviendrait l’organisation d’une séparation. Parmi les solutions, Bruxelles pourrait devenir la capitale extraterritoriale de l’Europe.
On a déjà assez perdu de temps avec des négociations qui prennent un tour tragique, avec ou sans Vande Lanotte.
Passons à autre chose.

18 janvier 2011

Réunion de la dernière chance.

-Ah !... on n’en peut plus ! Une véritable politique-boxon, avec les clilles, les proxos et les michetonnes. A deux, à trois, à quatre, à sept pour la partouze à l’enfilade des nuits d’amour… et de ces exigences, de ces tours de piste, à rendre jaloux l’Alphonse à la défonce... L’énorme prend Bruxelles par derrière. C’est fou, c’est grand !... Tandis que Josette, la Montoise, boude en porte-jarretelles, le dergeot à feu et à sang !
-Mais, nom de dieu, qu’est-ce qu’elle veut ? Elle a bousillé la pile de son homme à ressorts ?
-Elle sait pas. Elle sanglote… C’est pas normal d’aimer comme ça des bouts de territoires, avec des maisons et des gens dedans, comme dans un inventaire à la Prévert…
-Y a du foutre dans le ménage à sept… trop de wauve dans le comité. C’est comme qui dirait le chiffre premier de la foutrerie en parfaite communauté du vice, un vrai journal jacobin. Pas pour le grand écart, non l’extrême sauterie, qu’on enfile l’Atomium, une bonne fois, monstrueuse ferraille… qu’on batte pavillon haut sur les belles paires nickelées… que ça brille de loin, quand les enfoirés du club mauve seront rebaptisés mille fois, plutôt qu’une, club flamand de l’année, qu’on foute la pâtée aux trous du cul du Standard… à cru sans redingote !
-Après tout, les sept, ils la veulent indivisible la garce quand elle va au bonheur, qu’on se la partage au surin, entre hommes, à côté des tables rondes. Finir la discussion à l’eustache, personne avait pensé à ça ! Tu vois le rattache-chichi de la famille des boules de Siam au triomphe de la gonzesse arrangeman ?
-Les nerveux du Lion noir vont plus supporter tes singeries. Ils vont te sortir à coup de lattes dans le bide. T’es mort, mec !...
-Elle pourrait faire le bonheur des hommes.
-De qui tu causes ?
-J’en ai connu une qui s’est tapé tout un régiment de bleusaille à la Chartreuse, et c’était pas celle de Parmes. La Louise sentait pas la violette, faut croire que ça excitait quand même les michetons qui montaient à la cadence, le thier au trot. C’était pas la pute qui criait au secours, mais le fantassin en renfilant son futal, pourtant eux qu’ont la réputation d’être fermes des rognons.
-La Louise, c’était quoi encore son vrai blase quand c’est qu’elle est plus sur le sentier de la guerre ?…quand les affreux la voulait en revenant du foot le dimanche soir…
-Tu la fermes ? Tu vois pas que tu la gênes pour la partie avec les sept… d’ici qu’on la surnomme « Présidente » au coup de rein !...
-Rampe du pont des Arches, on la voit bien dans un claque à s’envoyer de la purée flamande plein la gueule. Et l’autre toujours aux sanglots qui rangent ses petits papiers, ses petites combines, ses petits ragnagnas. « On aurait pu s’entendre. On était même à deux doigts… »
-Tu sais où je te les mets, les doigts ?
-T’exagères pas un peu le gros mot ?
-Tu fais quoi Auguste ? Tu vas pas dire que tu montes ? T’as vu ta tronche ? T’es blême comme un cul de religieuse !
-C’est à la flamande qu’elle se la souhaite l’haricot à la portière... La grosse, je vais la finir au chalumeau.
-T’es fou ! On est bon pour un supplément…
-Qu’est-ce qu’on va dire aux gens ? Qu’on ferme le claque ? Et Hubert qu’attend la paie de sa panuche d’amour ? Et le Soir qu’est au bord de sortir les derniers rebondissements ?
-Ta gueule. C’est toi la gagneuse, pauvre con !
-T’as fini tes brens ? Tu peux pas l’ouvrir autrement ? Tu parles d’un avocat, de l’aubaine…
-J’en ai plus rien à foutre des avocats. J’ai juste envie de dégueuler…
-Tiens, prends le rouleau… moi, je vais à la feuillée. J’me débrouille toujours.
-Exact. T’es pas le seul. Mais faut pas leur dire. Ils se font toujours une idée respectable des filles qui sont en maison. Du bobinard qu’on paie en-dessous avant de monter… C’est des gens polis et raisonnables, les Belges moyens…
-M’en fous, je les emmerde…
-T’as tort d’être grossier avec eux.
-Tu sais Arthur, je te l’ai jamais dit, t’as une gueule de fait-divers…
-De fait-divers ?
-Oui, tu vas finir dans les journaux. Je vois d’ici la manchette de m’ame Delvaux « Ils se sont séparés sans résultat ».
-Et alors ? Qui en veut encore du résultat ? Le lourdingue du Peer ? Tu parles, qu’il s’en fout. C’est Josette qu’en veut, puis qu’en veut plus. Celle-là, nom de dieu, va falloir lui trouver un homme, un vrai, pour lui claquer la gueule au moment qu’elle dit « encore, c’est bon », et que le mastaf du palais gueule « coupé, on va la refaire ».
-Justement j’en connais un qu’à plus personne sur le bitume depuis que le milieu l’a pas voulu.
-Forcément, s’ils l’avaient pris, ils seraient huit…
-Et alors ? Depuis le mec bande plus. Rien n’y fait, Viagra, promesses royales, loukoums à domicile, rien… Il est nase. Il va dessouder tout seul…
-T’as deux voyous qui se pointent pour la succession.
-On dit que l’un, c’est un cador et l’autre un con. A moins que ça soit deux cons ?
-Emma, la même chose !

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-Qui nous rendra la Joyeuse qu’on a connu ?
-C’était quand ?
-En 57, 58, par là ?
-T’étais pas né, coco… Tandis que moi…
-Quoi, toi ? T’es plus jeunot que moi !

17 janvier 2011

De Wever, le Batista belge…

…avec Benoît Poelvoorde dans le rôle de Castro et los barbudos.

Au Congrès d’Epinay en 1971, François Mitterrand eut quelques belles envolées de tribune. Il était en pleine ascension. Il avait encore à monter quelques marches. L’Histoire a retenu quelques morceaux de bravoure « …l’argent qui corrompt, l’argent qui achète, l’argent qui écrase, l’argent qui tue, l’argent qui ruine, et l’argent qui pourrit jusqu’à la conscience des hommes » était de ceux-là.
C’est beau, c’est grand. On dirait du Saint-Just haranguant les Armées du Nord, après la trahison de Dumouriez. Mitterrand avait du lyrisme…
Hélas ! Mitterrand avait sa conscience pourrie aussi. Deux ans après avoir été élu à la présidence des Français, en 1983, il réhabilite le profit et arrête les subventions à la métallurgie, enfin, amorce une politique de privatisation des Services de l’Etat.
Sans doute était-ce l’évolution du capitalisme qui le forçait à cette machine arrière. Tous les partis socialistes d’Europe en étaient au même point.
La gauche en avait pour un quart de siècle à ronger son frein et collaborer en silence.
Si j’écris cela en avant-première des débats rituels du dimanche sur nos deux fenestrons, c’est qu’aujourd’hui les thèses de la droite nationaliste flamande sont tellement éloignées de ce qu’il reste d’illusions à gauche, que Di Rupo ne peut plus, ne peut pas, faire un pas de plus dans un compromis qui n’en est déjà plus un, avec tout ce que l’extrémiste flamingant a déjà soutiré des partis francophones, sans que ce compromis ne devienne de la compromission !
C’est pourquoi, il était déraisonnable à la société civile présente sur le plateau de Vrebos, de proposer des moyens d’accélération des pourparlers comme celui d’un référendum national à valeur égale pour tout le pays, quand on sait que les Flamands y sont majoritaires. Autant arrêter les frais et créer sur le champ un gouvernement fédéral composé essentiellement des partis flamands, rallié et pour cause, à la N-VA.
La naïveté se lisait dans les regards éperdus des citoyens ordinaires. Les balbutiements et les hésitations étaient pour eux, avec une déléguée du PTB à la recherche d’arguments ; tandis que de l’autre, le faux-semblant parvenait mal à cacher les impatiences, sous la politesse professionnelle de nos avocats de la langue de bois.
Monsieur Gendebien jouait le croquemitaine, rôle qui aurait dû être dévolu à Bart De Wever. Personne n’avait le courage de voir la réalité en face : la Belgique, c’est fini !... sauf lui. Le séparatiste et le rattachiste sont faits pour s’entendre, y compris sur le volet social. Personne ne s’en était encore rendu compte à ce point avant ce dimanche.

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Il y a trente-cinq ans, la prospérité économique régnant encore, la casse de l’Assurance maladie et le chômage mais limité dans le temps, eussent sans doute été acceptés par un PS, « pour sauver la Belgique ». A condition que la mauvaise passe franchie, tout repartirait dans les conditions d’avant, vers une nouvelle prospérité.
Aujourd’hui, la déroute de la politique de la social-démocratie exclut que le PS, tombe plus avant dans l’ignominie de la collaboration économique. Il ne peut brader ses derniers bastions, même pour la survie de l’Etat et de la monarchie.
Di Rupo n’est pas Mitterrand. Il n’est l’élu que par le bureau du parti. L’élection, on le sait bien au PS, a toujours été truquée. Pour entrer dans un quelconque accord avec la N-VA sur le seul volet social, Di Rupo ne pourrait se contenter d’un Congrès d’Epinay avec le ronflant des mots, surtout avec le peu d’éloquence qu’on lui connaît.
L’avenir est sombre et les perspectives d’une nouvelle croissance et d’un nouvel âge d’or du capitalisme sont nulles.
Tant pis si une majorité de Belges y croit encore : il n’y a plus de Belgique !
L’essentiel est de savoir ce qu’on va faire.
Camping 16 joue les campeurs virtuels fâchés. Un Cantona belge a l’idée de se laisser pousser la barbe. D’autres, « Make it smart and simple Belgium », contestent à l’anglaise. Gendebien et les Rattachistes amusent la galerie. Il manque le folklore avec madame Houard. Au fait, qu’est-ce qu’elle attend pour se manifester ?
De toute manière, les réunions actuelles de Vande Lanotte et des deux autres ne sont plus que des gesticulations.

16 janvier 2011

Nos médias et une autre Tunisie

C’est facile de saluer « la révolution du jasmin » dans nos médias, alors que jusqu’à l’immolation par le feu du marchand ambulant, Mohamed Bouazizi, on n’entendait que des éloges de la république de Ben Ali, Tunisie pays modèle, agent modérateur du Maghreb, etc.
Depuis que le despote chassa du pouvoir « le vieux » Bourguiba pour faire du neuf jusqu’à ces jours derniers, rares ont été les journalistes qui se sont inquiétés d’une atteinte aux droits des gens, dans le régime tunisien.
Le couplet entendu traduisait souvent la satisfaction occidentale vis-à-vis d’un pays sans intégrisme musulman et riche de son tourisme.
Au cours de quelques voyages en Tunisie et sans prétendre jouer les enquêteurs, en me mêlant à la population, j’ai pu me rendre compte qu’il n’en était rien. Depuis plus de vingt ans, un malaise règne dans les villes de la côte qui s’amplifie dès qu’on entre à l’intérieur des terres, loin des centres commerciaux et des hôtels de luxe.
Intrigué et pour ne pas mourir idiot, j’ai eu quelques conversations au hasard des rues. Quand on sait susciter la confiance, c’est possible, malgré les mouchards, les polices secrètes et cette affreuse angoisse de vivre là où il n’est pas besoin d’un mandat, ni d’un juge d’instruction pour aller en prison sur le simple soupçon de ne pas aimer Ben Ali.
Le sans-gêne imbécile des touristes qui n’ont jamais rien vu de cela ou qui feignaient de ne le pas voir, est indécent ! Comment peut-on vivre auprès des populations pour prendre exclusivement le soleil et manger comme des porcs parce que la bouffe est comprise dans le prix ?
Comment se fait-il que presque aucun journaliste n’ait senti le climat délétère ? Comment des socialistes, dont les nôtres, ont pu siéger vingt ans à l’Internationale socialiste à côté de Ben Ali, sans jamais avoir éprouvé ni regret, ni remord ?
Je vois encore le portrait officiel du despote, obligatoire dans les cafés et restaurant, regardant l’objectif d’un œil gourmand en se frottant les mains. Il représentait la concupiscence jusqu’à l’obscène !
Il suffisait de s’intéresser à la presse de l’économie traitant des fortunes pour savoir que Ben Ali et sa famille pillaient sans vergogne le pays ! La deuxième femme du président et sa parentèle étaient les propriétaires de la quasi-totalité des grandes surfaces commerciales !
Comment expliquer ce quart de siècle de connivence occidentale avec une dictature ? Probablement de la même manière que nous apprenons de nos médias les nouvelles de pays comme l’Egypte, l’Arabie Saoudite, voire d’Israël, vantée comme la seule démocratie du coin, sans pour autant trop en dire.

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Par contre, en compensation, on nous apprenait et on nous apprend encore à détester des pays comme la Lybie ou la Syrie, dictatures odieuses, certes on en convient, mais ni plus ni moins que les autres pays du Proche et du Moyen-Orient.
Du point de vue commercial, il doit exister des « bonnes » et des « mauvaises » dictatures. Comme quoi, malgré notre esprit « mêle tout » et « responsable » du monde, les limites à notre engagement à défendre les Droits de l’Homme tournent autour du fric !
Est-ce une bonne méthode d’informer le citoyen en prenant comme guide nos intérêts commerciaux ?
Les responsables des informations vous rétorquent que savoir comment les gens vivent et ce qu’ils supportent de leurs dirigeants ne nous concernent pas. Depuis quand sélectionne-t-on une information selon l’intérêt supposé qu’elle suscite ?
Reste que lorsque le climat se détériore, voilà que les morts nous intéressent. Sur RTL ils sont 40 et FR. 2, 56.
Puisque les grands médias se sont tus jusqu’à la mi-décembre 2010 et que jusqu’à la fuite, la télé tunisienne a poursuivi ses nuisances propagandistes, il fallait bien qu’une information libre circulât. Ce fut celle du WEB et des téléphones portables.
Le pouvoir ne peut pas tout contrôler. Réduire au silence les vecteurs nouveaux de l’information est à l’étude, mais pas encore réalisé à 100 %. Même la Chine, dont les dirigeants sont doués pour la censure, ne parvient pas à filtrer tout.
Les « spéciaux » de Ben Ali ont été submergés par les techniques nouvelles. Que les Internautes en soient remerciés.
Quel dommage que les journalistes professionnels ne puissent toujours pas exercer leur métier librement en Belgique et dans les démocraties en général ! Ben Ali n'avait quand même pas des intérêts au Soir et à La Libre ?

15 janvier 2011

Et si on se séparait ?

Le duo, s’était transformé en Septet, puis en one man show, pour repartir en trio !
Chacun voulant couillonner l’autre, la partie de poker menteur est loin d’être terminée.
C’est comme ça.
Le patronat les presse de conclure, et c’est là que ça dérange.
Parfois, l’histoire s’accélère. Qui aurait cru qu’un petit vendeur à la sauvette allait mettre en fuite Ben Ali en Tunisie ?
Un Claude Eerdekens qui traite Bart De Wever de connard, quatre jours auparavant, Nollet résumait la pensée générale en jetant le gant. La N-VA n’est pas un parti avec lequel la négociation est possible, enfin dans les journaux on se demande s’il ne conviendrait pas d’interroger les Flamands par de nouvelles élections ou un référendum.
En Tunisie, une infamie de trop du régime, en Belgique une pénultième table « pour se mettre autour », tout semble de plomb et voilà qu’un courant d’air transforme la lourdeur en plume d’oiseau !
Bart De Wever, après ses ukases territoriaux et ses impératifs d’une Flandre sur le chemin de l’indépendance, est aussi et pourrait-on dire, surtout, un homme de droite avec des idées sur la société complètement sorties des analyses du duo d’enfer qui nous a valu la dérégulation et la destruction du modèle social : Reagan et Thatcher.
On insiste sur le personnage héros d’une certaine Flandre. On devrait s’intéresser aussi à ce qu’il pense de l’économie, aux rapports sociaux, à la fonction publique, à l’enseignement. Beaucoup de Wallons qui veulent à tout prix qu’on s’arrange, n’importe comment, mais qu’on s’arrange, reviendraient sur ce qu’ils pensent, les Flamands aussi, du reste…
Le Parti socialiste est tout ce qu’on veut, complètement avalé par la société marchande et de consommation, mais s’allier à Bart De Wever, c’est-à-dire ce qu’il y a de pire dans l’actuel concept économique, y a-t-on vraiment songé, boulevard de l’Empereur ?
Di Rupo en a-t-il conscience, lui qui se voyait déjà « en haut de l’affiche » comme chante Aznavour ?
Alors, si Vande Lanotte rallie Bart De Wever à des accords « modérés » sur la territorialité et l’économie, seraient-ils acceptables, surtout ceux qui touchent à l’économie, pour Di Rupo qui ne peut pas quand même prendre sa base – déjà tant de fois couillonnées – pour plus bête qu’elle n’est !
Personnellement, je ne le pense pas. Même si Paul Magnette et Laurette Onkelinx sont pour en finir avec le grotesque spectacle qu’offre au monde entier le Belge dans la posture du «Vicomte pourfendu » (1) coupé en deux, dont l’une moitié est tout à fait le contraire de l’autre.
Or, si comme on le pense généralement, Vande Lanotte parvient à rapprocher les parties sur le communautaire, il faudra bien que, donnant donnant, Di Rupo lâche du lest sur le social.
Comment justifier une reculade sociale « à la flamande » au peuple wallon ?
Di Rupo aura beau dire que c’est la conjoncture défavorable, la mondialisation qui est en marche, l’inquiétude patronale, et pourquoi pas, le diktat de la Chine et toutes les fariboles que son esprit pourra trouver, personne à gauche ne l’approuvera de tout lâcher pour en finir avec Bart. Dame, il a montré sa capacité de mentir avec le plan B, il a ce talent-là, malgré tout, il ne serait pas assez fort pour arriver à convaincre le petit peuple d’accepter la rigueur à la flamande !...
Si Bart De Wever réfléchit, c’est bel et bien Di Rupo qui va se trouver coincé dans l’objection quasi de conscience pour remballer le leader flamand.
Alors, clairement et définitivement, rendons-nous à l’évidence : il est impossible de faire un gouvernement avec l’extrême droite flamande.

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Tirons les conclusions.
Nous ne sommes plus faits pour nous entendre dans les conditions actuelles d’approche des réalités économiques. Si Di Rupo passe outre, je ne donne pas cher de son parti aux prochaines élections, ou alors, les Wallons seraient devenus fous !
Déjà rayer BHV d’un trait de plume, sans aucune garantie ni compensation pour les Francophones, rencontrer presque toutes les revendications en matière d’attribution des compétences en faveur des gouvernements régionaux, tout ça parce qu’enfin un parti nationaliste de droite a gagné des élections perdues par un CD&V complètement à côté de ses pompes, et en oubliant tous les contrefeux placés par les partis francophones dès le début des revendications, c’est presque à ne pas croire, tant c’est inouï !...
Alors ?
C’est simple, il n’y a plus aucune construction possible dans un Etat parfaitement dichotome selon que l’on habite le Sud ou le Nord.
De nouvelles élections pourraient ne rien apporter d’autre que le spectacle navrant actuel !
D’accord, mais il faut courir le risque, même si l’élection nouvelle n’était que la consécration de la première. Alors, il faudrait bien conclure que l’Etat belge, c’est fini !
C’est plus simple de divorcer avec qui on ne s’entend plus, que d’essayer de se rabibocher entre les querelles.
Si Tunis a besoin d’un nouveau bey, on en a un à disposition. A moins que Di Rupo n’ait encore en mémoire le film « divorce à l’italienne » ?
---
1. Italo Calvino, Le Vicomte pourfendu (1952).

14 janvier 2011

Une gauche latitudinaire.

Nous voilà beaux, avec un monde où le consommateur remplace le citoyen !
C’est toute la philosophie du vivre ensemble social qui bascule dans l’inconnu.
Certes, les civilisations anciennes ont toujours été dirigées par des manipulateurs d’opinion ; mais c’étaient des opinions de proximité. L’empereur n’avait à sa disposition qu’un porte-voix pour se faire entendre et ses sbires ne faisaient le ménage que jusqu’à la périphérie des lieux où il se prélassait. Les autres projets relevaient de l’ambition de conquête et exigeaient des préparatifs coûteux.
Depuis que le divertissement a évincé la réflexion, les « valeurs » de droite s’associent plus « harmonieusement » à la réussite de la consommation, les « valeurs » de gauche y sont incongrues, dérangeantes et par certains côtés, obsolètes. En un mot, la mondialisation de l’économie, va comme un gant à une droite qui triomphe presque partout en Europe. La raison qui fait que les partis socialistes s’y maintiennent aussi est toute simple, ils se sont accommodés de la même idéologie. Ils ne sont plus en opposition, mais en concurrence.
Reste que l’évolution des situations prépondérantes – leur état temporaire - peut tout remettre en question et balayer en quelques années « l’idéal » de consommation pour en faire un cauchemar d’austérité et de frustration.
Alors quid de cette droite consommatrice, médiatique, people jusqu’au ridicule, agrégée à la télévision comme Berlusconi à la jeunesse dépravée, triomphante et victorieuse... alors qu’elle n’a jamais été aussi près de tomber de son haut ?
Voilà trente ans que la gauche ne comprend plus rien.
La liste des erreurs commises est considérable. Tout va à la dérive depuis la chute du mur de Berlin. La folie de croire à une croissance perpétuelle améliorant l’ordinaire des gens jusqu’à la fin des temps, est du même ordre que les mystères qui entourent les dieux.
Il n’y a rien de plus tentant et en même temps de plus faux de croire à l’absolu. D’autant que tandis que le public rêvassait, les plus imaginatifs s’emplissaient les poches sur cette utopie universelle. Eux, au moins, étaient les réalistes.
Quant à la morale, c’est celle que dénonça Jules Renard dans son Journal « Vous revendez trois mille francs ce que vous avez eu pour cinq cents, et vous dites très tranquille : c’est une affaire. Mais non ! C’est un vol. »
Diable ! comment peut-on appeler cela autrement ? Et tout le système est bâti sur cette fausse éthique des affaires !... Un honnête homme se poserait la question : « Comment sortir de cela ? ». Pas eux, au contraire, ils s’en font gloire !
La critique écologique du productivisme sans retenue aurait pu ressourcer la gauche. C’était pour se trouver en concurrence et donc – hostile a priori – au mouvement écologiste. Il fallut donc le combattre tout en essayant de s’en rapprocher pour en faire un allié.

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Puisqu’il était nécessaire pour exister de prendre le contrepied de la droite, sans tout à fait lui ressembler, la gauche s’est jetée sur le multiracial et a forcé sur la note de l’universalité humaine. Vérité fondamentale, il est vrai, mais elle en a nié les phénomènes locaux avec l’apparition d’un facteur ethnique dans la sphère politique. En refusant de discuter de l’immigration de masse et des clandestins, elle n’a pas vu le trouble profond causé par ces transferts importants de population du Sud vers le Nord. Elle s’est contentée de critiquer les politiques souvent exécrables et racistes de la droite, mais n’y a opposé qu’un laxisme mou qui a profondément choqué des populations de souche qui ne se sentaient plus comprises. Elle poursuit de la même manière une politique de l’autruche dans son entêtement de croire au « mélange harmonieux » des cultures. Vaste foutaise où celles-ci se corrompent toutes et s’affadissent au point de disparaître dans une « fusion » irréaliste, qui est en réalité un anéantissement généralisé.
Où l’aveuglement confine à la bêtise, c’est le délitement de la gauche dans la défense de la laïcité. En prônant la liberté du culte là où règne l’arbitraire et l’oppression, la gauche a permis que se développe en Europe un islamisme radical qui n’a pas fini de faire des ravages.
Les violences urbaines et l’insécurité, n’ont pas été traitées par les mêmes principes, puisque la gauche a toujours suspecté que par le remède on arrive à une discrimination, alors qu’elle existe déjà, bel et bien, dont souffrent les populations autochtones comme allochtones.
Mais voilà, pour défendre la laïcité, il faut de la volonté et du caractère dans ce siècle qui voit la montée du religieux. Et la gauche n’en a plus le souffle, ni le courage.
Tout cela est profondément regrettable, d’autant qu’aujourd’hui on a oublié ce que l’Europe doit aux partis et aux syndicats de gauche, à la défense des droits des travailleurs, la liberté d’association, les congés payés, l’assurance-maladie, les retraites, l’enseignement obligatoire, le suffrage universel, etc. Paradoxalement, cela a permis à la société de consommation de rétablir des profits jadis contestés, des capitalistes combattus. Sur la fin du cycle production/ consommation, mutant vers un nouveau cycle production/profit, la nouvelle économie refera dans le futur, les esclaves que les populations ont été par le passé. Le système capitaliste n’a pas dit son dernier mot. La gauche, exsangue, facilite la réappropriation du terrain par la droite pour une économie différente et hautement prédatrice. C’est là le drame.

13 janvier 2011

Les « Traditions ».

En Belgique, les « Traditions » sont des organisations spontanées qui naissent quand un événement dérange les lieux communs qui tiennent lieu de réflexion à certaines foules. Les « Traditions » ont beaucoup de points communs avec le Tea Party US, sauf qu’au lieu d’être d’extrême droite, les « Traditions » sont uniquement conservateurs. Il y en a même qui se réclament du PS et qui se disent conservateurs-progressistes !
Il suffit donc d’éveiller leur attention sur un fait divers ou politique qui entre en contradiction avec les idées reçues pour les mobiliser.
Les « Traditions » sont, par conséquent, des outils non négligeables pour maintenir un statu quo qui ne profite qu’aux gens en place, rarement pour imprimer au pays une impulsion nouvelle avec d’autres acteurs.
Si l’on est adroit, on peut se servir des « Traditions » pour dénoncer les idées reçues, aussitôt remplacées par d’autres idées reçues, moins évidentes dans leur conventionalité.
Un exemple : inviter les internautes à camper symboliquement rue de la Loi, afin de dénoncer l’absence de gouvernement. Cette idée, aussitôt reprise contient tous les ingrédients requis.
Elle n’a que pour ambition avouée de presser les Sept de sortir un gouvernement des négociations. Pas pour faire un gouvernement sur des bases nouvelles, des modifications de l’Etat, non, cela les « Traditions » s’en fichent. Seulement parce que les patrons sont en train de perdre de l’argent dans le cadre de l’Europe et qu’il est urgent de montrer à l’étranger, contrairement aux agences de notation qui revoient leurs notes, que tout baigne.
L’ambition inavouée, c’est de laisser la Belgique en l’état, avec son roi, ses lois, son parlement, ses financiers apologues du capitalisme et le système de représentation, pour faire la même chose qu’il y a 50 ans, tout en faisant croire qu’il y aura du changement.
C’est ainsi qu’avec l’aide des journaux, les milieux financiers manipulent les manifestants symboliques.
Parfois les « Traditions » tombent dans le paradoxe. Par exemple l’espèce de fascination qui saisit la foule sur les crimes de l’église en matière de pédophilie. A lire la presse, on croirait que les curés sont tous dépravés. Les nonnes ressemblent à la maîtresse de Casanova, la fameuse MM, nonne perverse, qui prend son pied avec l’intrépide vénitien sous l’œil masqué du cardinal de Bernis.
Mais, c’est quoi ce délire ? Des histoires dont certaines remontent à plus d’un demi-siècle, qui voient de la crème de bagne dans quelques pauvres bougres et bougresses frustrés, dérapant dans le vice de la façon la plus navrante. Et on en fait une généralité épouvantable avec tout le vieux fond d’anticléricalisme que nous, les laïcs, conservons malgré tout dans nos mémoires. En ce sens, nous serions les « Traditions » de Nadia Geerts, pour laquelle, entre parenthèse, j’ai la plus vive admiration.

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Ici les « Traditions » dépassées par l’actualité subissent la contre-exposition de deux idées reçues.
La première, c’est l’accélération des crimes et la dangerosité de se promener en rue « avec tout ce qui se passe, on n’est même plus rassuré d’envoyer ses enfants dans des écoles catholiques, etc. » Les stupres et les fornications hors nature dépeints par les journaux accroissent cette peur, en même temps qu’un sentiment confus, pas éloigné d’être un vice secret, étreint les « Traditions » au récit de ces vieux naufragés de la vie « qui parlent enfin » pour se débarrasser d’un poids qui les opprime. Tandis que certains envient les adolescents des dortoirs – décrits par un échauffé de la rédaction de la Dernière Heure - appelés à faire leurs premières expériences sexuelles non pas avec un vieux prêtre mal lavé, mais avec des béguines roses et sentant bon le savon de Marseille. C’est oublié que de véritables voyous ont été sanctionnés en leur temps par l’église et les tribunaux, dont le porte-étendard, si je puis dire, est le fameux curé d’Uruffe, en France, il est vrai.
La seconde idée reçue nous remonte de nos entrailles restées prolétaires, dans un monde qui se tue à nous vanter notre nouvelle condition de socialiste-centriste voué aux délices de l’égoïsme pur ! Cette idée nous remet en situation des siècles d’avanies dans lesquelles nos ancêtres ont connu la morgue et la suffisance de ce clergé au-dessus des lois et gavé à se faire péter la soutane de nos dépouilles.
C’est la vengeance du petit-fils du grand-père mort hébété parce qu’abruti de travail et de respect obligatoire pour ceux qui « ne foutent rien ». Pour se venger, l’ancêtre aimait raconter à qui voulait entendre, les histoires des malheureux enfants de chœur sodomisés en pleine collégiale.
En attendant Godot, sans doute, ou l’Arlésienne, les « Traditions » ne chôment pas. Le 23 janvier, on va voir l’une d’entre elles appuyer les campeurs fictifs de la rue de la Loi. On pourra y constater si « l’appel » de Benoît Poelvoorde aux imberbes, les abjurant de laisser pousser leur barbe, sera entendu.
Une « Tradition » sort de la nébuleuse « abuseurs d’enfant » et vise directement tout l’enseignement. Pour que l’hystérie, phase première de cette « Tradition » passe à la phase névrose obsessionnelle et au stade ultime à la paranoïa, il faudra guetter des affaires de pédophilies mettant en cause des enseignants. Les journaux qui préfèrent tout plutôt que parler d’un système économique pourri, se feront une joie de leur fournir de la matière. Ça tombe à pic, les parents de plus en indifférents à la culture verraient d’un bon œil que les enseignants rabattent de leur superbe, de sorte que le peu d’autorité qu’ils conservent encore sur les cancres turbulents se noie dans le soupçon général de « puisqu’ils ont choisi un métier comme ça, c’est qu’ils sont pédophiles » !
Qu’on se le dise les « Traditions » ne sont pas prêtes à laisser la place à « raison garder » de ce farceur René Descartes, lui-même furieux adepte d’une méthode qui rappelle bien des discours... traditionnels.

12 janvier 2011

…et puis voici mon coeur

Je pensais, une fois n’est pas coutume, faire dans le léger sur un événement alliant la beauté à la grâce. Hélas ! dans ce pays, toute élection touche au scandale, même la consécration de Miss Belgique a son parfum de magouille. On chuchote dans les milieux du glamour que le miroir qui reflète la plus belle, ne renverrait que le reflet linguistique ! Tout aurait été abominablement truqué, un peu comme si le Comité des Miss n’avait été qu’une succursale de la N-VA !
J’ai voulu en avoir la preuve, car depuis que je publie des photos de jolies femmes, il me semblait avoir une certaine aptitude à classer le beau sexe selon des critères généralement admis comme valables.
Mon habileté en ce domaine est telle que si je passe quelques jours sans offrir à la clientèle quelques belles et jeunes créatures, j’ai un lecteur plus vicieux que les autres qui m’en fait le reproche.
Afin de me purifier, je me suis tapé deux heures de Lao-Tseu et un quart d’heure (impossible de faire plus) de Guido Gezelle, poète flamand, Kerhofblommen (1858), afin de me débarrasser de tout esprit sectaire. Puis, j’ai découpé d’un magazine people, les photos de Justine De Jonckeere, miss Belgique, et Chloé Saive, Miss Province de Liège, afin de comparer ce qui est visible et comparable.
C’est le pépé de Chloé qui a raison. La De Jonckeere a un nez en forme de pomme de terre, un double menton et le regard énamouré d’une blanc-bleue qui regarde passer le tortillard Ypres-Malines.
Les Flamands, au nom de leur supériorité numérique, y ont été plus impérieux que jamais dans le toupet démocratique. Je ne dis pas que Chloé méritait de gagner, je dis que Justine méritait de perdre.
Bon, que fait-on une fois qu’on a dit cela ?
Rien, sinon que les Flamands, pure race trois générations, ont préféré Justine. Voilà un nouveau constat embarrassant : ils n’obéissent pas aux mêmes canons du classicisme arachnéen que nous en la matière. Nous, c’est le blond vénitien, eux, c’est la blondasse d’une Walkyrie des bords du Rhin. Nous, ce sont les proportions picturales à la Léonard de Vinci, eux, c’est le nu à la Permeke, une sorte de matérialisation de l’âme germanique dans un pot de confiture ressemblant de loin à l’image hollywoodienne d’une Marilyn Monroe pour chef de patrouille du scoutisme flamingant en pèlerinage à la tour de l’Yser.
Evidemment, Justine n’est pas tout ça. Elle est fine élancée et quand son visage est dans la pénombre, elle peut passer pour très belle, un peu comme notre Justine à nous, les raquettes en moins, lorsque nous ne voyons que ses jarrets d’acier des tribunes populaires, et parfois la blancheur de son slip de sport, quand la caméra en surprend les prémices à l’occasion d’un grand écart ou à la récupération d’une balle basse.
L’hérédité de notre nouvelle gracieuse ne lui remonte au larynx que lorsqu’elle parle flamand. Alors, on devine sous ses « r » prononcés comme seules Edith Piaf et Mireille Mathieu savent le faire, toutes les prairies de Flandre à l’ombre du beffroi du village.
Ça vous saute au visage comme un pot de beurre d’ail qu’on aurait oublié dans l’armoire.
Tandis que Chloé a manifestement de la peine et à comprendre et à s’exprimer dans une langue qui n’est pas sa maternelle. Mais elle y va bravement. On sent qu’elle vient de réviser hâtivement dans les deux mois précédents le néerlandais pratique de la collection Bescherelle. Elle est du genre « Dat is erg vriendelijk van u ». Las ! les barbares se méfient depuis Jules César des généraux parfumés qui viennent les emberlificoter dans des régions à facilités.
C’était trop de supporter à la fois qu’elle soit la plus belle et qu’elle fasse des efforts pour parler comme eux.

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Quand on vit dans le plat pays, il faut des beautés supportables, à mi-chemin entre l’abominable et le merveilleux, si vous voyez ce que je veux dire, sans quoi, l’eau du canal vous fiche le bourdon, on s’y voit trop moche… à défaut de s’y voir trop con, puisqu’aussi bien, personne ne l’est. Il faut encore que les autres vous le disent, et, même alors, vous ne les croyez pas !
C’est donc tout naturellement qu’ils ont voté pour Justine.
D’ailleurs, ils n’auraient pu faire autrement, l’affaire était déjà décidée depuis longtemps.
Il ne reste plus qu’à contester BHV (Beauté Homologation Vondel) et à demander au roi de désigner un Vérificateur.
Je m’inscris pour le rôle avec le sentiment que quelques nuits de négociation avec les contestataires et la Miss en titre, seront suffisantes pour les départager et déposer mon rapport résumant mes rapports.
Dans ce cas, je suis bien de l’avis des magouilleurs, dans les histoires de sexe, le dépouillement précédera toujours le vote…

11 janvier 2011

Elio et le Grand Turc.

Après le spectacle affligeant de ce dimanche de parlementaires et d’intellectuels surtout francophones cherchant de bonnes raisons d’espérer et n’en trouvant pas, une vérité est apparue : le phénomène Bart De Wever n’est pas venu tout seul. Il est l’aboutissement d’un long processus de transformation de la société flamande, passé complètement inaperçu de nos messieurs de la politique wallonne, de bons bilingues pour certains, mais qui n’ont jamais rien compris à l’esprit des foules flamandes.
La Flandre vit le même phénomène qu’en Allemagne, mis en cause par Angela Merkel le 17 octobre 2010, lorsqu’elle dénonça le Multikulti (modèle allemand du multiculturalisme). Certains ont vu dans cette dénonciation une habileté politique de la chancelière, afin de rallier la droite à sa politique. En réalité le malaise est profond et touche la population allemande de souche qui à tort (les statistiques le démontrent) ou à raison (cloisonnement des minorités turques défendant leurs coutumes conjuguées à celles de l’Islam) se sent devenir « étrangère à son propre pays ».
C’est un sujet piège, tant toute interprétation en la matière peut basculer très vite dans des soupçons de xénophobie d’un discours aussitôt qualifié d’extrême droite, par des censeurs improvisés qui jettent aisément l’anathème sur qui ne pense pas comme eux.
Depuis des temps immémoriaux la Flandre s’est sentie frustrée du bilinguisme établi sur son sol établissant la supériorité de culture de la langue française sur la flamande. Cela ne prenait pas l’ampleur de la psychose actuelle, il y a un quart de siècle à peine, mais elle était perceptible. La responsabilité des hommes politiques flamands y est, sans doute, pour beaucoup dans l’accélération des choses. Ils avaient décelé dans cette fragilité, une corde sensible dont on pouvait jouer pour se rendre populaire.
L’immigration des ressortissants presque tous francophones des pays du Maghreb a alourdi l’impression négative sur les Flamands de souche.
Si bien que le français a été assimilé à l’immigration dont on sait qu’elle n’a jamais été complètement tolérée dans les milieux nationalistes, comme en Allemagne où l’immigration turque, s’y exprime plus volontiers dans sa langue d’origine, que dans celle d’accueil.
Toute une littérature en langue allemande et parfois traduite (1) explique un phénomène facilement transposable à la Flandre.
L’erreur rédhibitoire de cette politique de l’incompréhension qui aboutit à Bart De Wever et à six mois et demi d’immobilisme est principalement due au parti socialiste francophone. Je m’en explique.

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Quand le schéma simpliste de la lutte du pauvre contre le riche a été récusé par les stratèges du parti socialiste dans les années 60, il fallait bien faire oublier cette intégration au système économique par quelque compensation permettant aux visionnaires des inégalités sociales d’aller voir ailleurs. Justement, les progrès et la réduction des prix en matière de transports transcontinentaux allaient permettre l’immigration de masse et à l’internationalisme des droits de l’homme de servir d’exutoire. On effaçait les traces de l’intégration économique – d’ailleurs ratée depuis – par l’intégration des immigrés – tout aussi ratée.
C’est ainsi que fut mise en place cette notion fort controversée du multiculturalisme partout en Europe de l’ouest. L’expérience heureuse d’une population européenne migrant à l’intérieur du continent, par exemple polonaise et italienne, prédisposait à l’optimisme. On s’est imaginé que cela devait aussi bien se passer avec des ressortissants d’un autre continent et avec une religion différente que celle pratiquée traditionnellement en nos pays et qui, au cours du temps avait perdu toute virulence et avait accepté la laïcité de l’Etat comme préalable à toute relation entre les citoyens. On n’imaginait pas que la religion islamique, avec des populations de mœurs et de traditions aux antipodes de celles des Européens, allait faire problème.
On comptait sur la réserve inépuisable d’altérité favorable des citoyens de ce pays, pour courir le risque de ne pas rencontrer leur point de vue.
C’est là, l’échec allemand, mais encore flamand et, dans une moindre mesure, wallon.
A l’exception de quelques remarquables réussites, cette intégration par la multiculture est une aberration doublée d’une escroquerie. Elle durcit à la fois les réactions des Belges par rapport aux flux migratoires extérieurs, mais encore durcit les rapports entre francophones et néerlandophones. Ce que continue à nier farouchement le parti socialiste.
Si ce parti avait effectivement reconnu la fausseté de sa philosophie de la multiculture sur l’intégration de l’immigration extérieure à l’Europe, et soutenu une politique proche de celle du parlement flamand, non seulement on n’en serait pas là, mais en plus le PS n’aurait pas laissé un boulevard à une extrême droite, comme il en existe déjà une en Flandre. Encore heureux que nous n’ayons pas une Marine Le Pen pour nous le faire comprendre en Wallonie.
Continuons à jouer avec le Nounours de Fadila Laanan et nous verrons bien jusqu’où nous irons dans la connerie hébétée et destructrice d’un universalisme de bazar.
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1. Ci-dessous quelques personnalités de langue allemande consultées pour ceux qui s’intéressent de très près aux phénomènes migratoires et à leurs interférences dans les pays d’accueil. Certains textes existent en français, d’autres sont à traduire.
Vincent von Wroblewsky : philosophe et romaniste ; Ulrich J. Schneider : Professeur de philosophie à l’Université de Leipzig ; Richard Herzinger, spécialiste de la littérature , journaliste et publiciste , (dégoût de la démocratie) ; Ulrich Beck (né le 15 mai 1944 à Stolp, aujourd'hui Słupsk en Pologne) sociologue allemand, auteur de La société du risque (1986) ;
Necla Kelek (née à Istanbul le 31 décembre 1957) sociologue allemande d'origine turque ;
Thilo Sarrazin (né le 12 février 1945 à Gera, Allemagne) politicien (SPD), économiste ; Axel Honneth, né en 1949, philosophe et sociologue allemand ; Peter Sloterdijk (né le 26 juin 1947 à Karlsruhe) philosophe et essayiste allemand, Colère et temps (2007) ; Dominique Schnapper (née le 9 novembre 1934 à Paris) sociologue française, fille de l'intellectuel français Raymond Aron ; Hans Magnus Enzensberger (11 novembre 1929 à Kaufbeuren) poète, écrivain.

10 janvier 2011

Le capitaine Nemo

…c’est le héros de Jules Verne qu’il faudrait en remplacement de Vande Lanotte sur le point de jeter le gant.
Ça tombe bien, Nemo veut dire « personne » en latin. En effet, à la question « Qui pourrait résoudre la crise en Belgique ?», c'est encore Nemo dans sa version latine, qui nous convainc le plus.
Voilà ce qui ressort de ce nouveau dimanche studieux à guetter l’amorce d’une lueur d’espoir sur les visages, pas gênés du tout, de nos stars des deux télévisions nationales.
Avec l’écœurement qui monte, on n’a plus envie d’assister au sempiternel débat politique avec les mêmes. Mais, on reste quand même jusqu’au bout, tellement ce qui se passe dépasse tout ce que l’on pouvait imaginer. Et cela fascine !
Je vais relire « Voyage à travers l’impossible » de Jules Verne, peut-être les citoyens y trouveront-ils quelque raison d’espérer. D’une façon ou d’une autre, nous sortirons tous un jour du labyrinthe avec ou sans nos élus.
L’idée de Reynders de donner des galons au gouvernement en affaires courantes, à seule fin de contrer les banques d’affaires qui pourraient augmenter leur taux d’intérêt, est un aveu en soi, s’il en était encore besoin, de l’absolue dépendance de l’Etat belge à la mondialisation de l’économie. Le fric valeur supérieure submerge, tel un tsunami, tous les rouages de notre société. Même Bart, le pur, vit sur le dos des taxés du royaume. Il y remplit sa gamelle comme tout le monde.
Au moins que Béatrice Delvaux publie enfin que nous avons perdu les caractères d’une société démocratique et que nous glissons vers le genre « république bananière ».
C’est aussi atterrant d’avoir en direct la confirmation de ce qui précède, que la poursuite des parlottes pour une réforme de l’Etat qui n’en finit plus.
On se doute bien que nos habitués de plateaux qui se noient et qui gesticulent dans l’espoir de se saisir d’un accord comme d’une bouée, vont bientôt couler à pic. Et à quoi s’accrochent-ils avec l’énergie du désespoir, ces futurs macchabées ? Le fait statistique que les indépendantistes au sein même de la N-VA sont toujours minoritaires !
A croire que ces universitaires ne connaissent rien à l’histoire du pays. N’est-ce pas une petite minorité qui a entraîné l’ensemble des citoyens pour arracher aux Hollandais l’indépendance de 1830 ?
Les indépendantistes flamands sont bien plus nombreux aujourd’hui que la poignée de mélomanes excités « accablant » les troupes de Guillaume 1er dans le parc de Bruxelles !
L’écolo Jean-Marc Nollet, Vice-président du Gouvernement wallon, a mille fois raison. Pourquoi s’acharner à trouver un accord avec la N-VA, quand ce parti a dans ses statuts l’indépendance de la Flandre ?

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Et quand bien même arriverait-on, à force de concessions du côté francophone, à obtenir enfin un nouveau gouvernement dans lequel Bart De Wever serait impliqué, qu’y gagnerait-on ? Nous aurions fait la démonstration de notre lâcheté pour trois fois rien, puisque ce ne serait qu’une étape de la N-VA vers l’autonomie de la Flandre ! De Wever n’a-t-il pas dit lui-même qu’il faudrait peut-être vingt ans pour arriver à cet objectif ? Un accord traitant enfin des différends communautaires n’engagerait la N-VA que sur une législature et qu’à la suivante, le même scénario serait à nouveau sur la table !
Nous nous serions déculottés pour rien !
Pourquoi poursuivre un dialogue avec la N-VA dans ces conditions ?
Le plan Reynders : mettre à plat le processus et repartir de la feuille blanche, est irréaliste. On a gambergé six mois pour trois pages de compromis. Ce serait une demie année de perdue, et pour quel résultat ? Le même qu’aujourd’hui… à moins que Reynders mange son chapeau et celui de Maingain, par-dessus le marché !
Avant de réfléchir sérieusement au plan B de Di Rupo, il ne reste que la solution préconisée par Antoinette Spaak, une coalition de tous les partis excluant la N-VA et le Vlaams Belang, du jeu. Pour cela, il faudrait que le CD&V cesse de courir derrière la N-VA.
Sinon, que les Flamands organisent chez eux un référendum afin de déterminer leur destin.
Qu’on en finisse des bouffonneries et des je t’aime, moi non plus.
Ils n’en veulent plus du schmilblick ? D’accord, qu’ils nous disent comment on va tronçonner le pays en deux, sans en venir aux mains, puisque négocier, pour eux, signifie « tout pour moi et rien pour les autres ».
Ah ! on les entend jurer la main sur le cœur, que c’est nous qui ne comprenons rien à l’appel du sol flamand, à la fibre nationaliste, évidemment, si pour eux Bruxelles est flamand, plus la peine de discuter.
Quant aux Wallons, un tel référendum serait inutile. La peur de partir seuls dans la vie les épouvante. C’est un peu aussi cette conviction répandue en Flandre qui nous fragilise dans les négociations.
Le temps est bien lointain d’André Renard, Jacques Yerna et quelques autres quand ils fondèrent le Mouvement Populaire Wallon, que les socialistes finirent par torpiller ! Alors, les flamingants étaient minoritaires. Les Flamands étaient attachés au roi, comme les moules aux bites des wharfs !
Les temps ont bien changé ! Ce sont les descendants des grévistes de 60-61 qui veulent conserver le roi, les institutions et les gaufres liégeoises de La Panne.
Allons, Messieurs de Wallonie, un peu de courage, un peu de dignité !... Ce n’est pas parce que les dirigeants n’ont rien dans la culotte, qu’il faut désespérer.

9 janvier 2011

La gueule du client.

Emberlificotés dans nos sacs d’embrouilles, nous avons relâché notre attention sur ce qui se passait autour de l’Europe. C’est un tort, parce que de l’autre côté de la Méditerranée, dans les pays du Maghreb, les dictatures d’Algérie et de Tunisie sont en délicatesse avec leurs populations, et par le principe des vases communicants, le Maroc pourrait ne pas en sortir indemne, non plus.
Il n’est pas négligeable de penser qu’avec la forte immigration des ressortissants de ces pays en Belgique, nous soyons indirectement entraînés dans un nouvel imbroglio diplomatique.
Le pays en miette dans lequel nous vivons, s’est toujours mêlé de dire la morale aux autres, mais de façon sélective. Les derniers en date ont été les Congolais de Kinshasa, avec notre ministre pointu des Affaires étrangères. Avant cette leçon magistrale suivie d’effets désastreux, ce furent les admonestations aux Serbes de l’ancienne Yougoslavie et nos condamnations en Belgique d’individus ayant participé au génocide rwandais.
Nous aimons faire des effets en brandissant les Droits de l’Homme et du Citoyen. Notre Constitution nous permet de poursuivre toute personne qui de par le monde se permettrait de les fouler aux pieds.
Il serait bon d’arrêter de jouer les Don Quichotte à géométrie variable.
Ainsi nous sommes devenus les champions du monde de l’hypocrisie, car nous oublions dans notre donquichottisme inconscient les pays à dictature caractérisée, comme la Tunisie avec son dictateur à vie, Ben Ali, et l’Algérie, avec ses élections truquées d’un parti unique représenté par les anciennes gloires et leurs successeurs issus du conflit avec la France dans la guerre dite d’Indépendance. Et enfin, le Maroc, pays dans lequel il n’est pas bon de s’opposer au roi.
Je m’arrête à ces trois pays qui semblent entrer en effervescence ; mais, on pourrait citer quelques autres du Golfe persique et d’ailleurs, pays avec lesquels nous sommes en bons termes, le dernier en date dit des Emirats va assurer dans quelques années la coupe du monde de football, achetée par un gigantesque marketing et quelques pots de vin, l’Arabie saoudite, mécène des intégristes musulmans, etc.
Puisque notre puritanisme est à la gueule du client, relevons seulement les turpitudes maghrébines vis-à-vis desquelles nous restons insensibles.
Le Maroc est une monarchie dotée d'une Constitution qui fait du souverain le pilier du régime. Le roi, commandeur des croyants, choisit le premier ministre comme bon lui semble. La justice est rendue en son nom. Et il est le chef des armées. La dictature royale n’a pas encore souffert par contagion du bouillonnement du voisinage, on ne saurait pour le moment en écarter l’hypothèse.

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Le peuple Tunisien est à bout de patience. Ben Ali et sa clientèle ont essoré tout ce qui était possible de ce pays qui ne vit pratiquement que du tourisme. Les émeutes se poursuivent en Tunisie, la population manque de tout et subit les contrecoups de la crise économique mondiale de 2008, en n’ayant rien engrangé avant. Et qu’est-ce que dit notre démocratie, elle qui aime tant fourrer son nez dans les affaires des gens ?... Rien ! Au contraire, le modèle économique du président Ben Ali est vanté par le directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn. Di Rupo côtoie le parti unique du dictateur aux réunions de l'Internationale socialiste.
Son voisin l’Algérie reçoit le soutien de nos démocraties, à cause des réserves de pétrole et de gaz. Pourtant, que font les dirigeants des richesses de son sous-sol ? La population meurt de faim, les jeunes gens même diplômés ne trouvent pas de travail ; tandis que l’apparatchik vit l’existence d’un nabab oriental.
Les affrontements entre jeunes manifestants et forces de l'ordre ont eu lieu tout au long de la semaine à Alger et Oran. Une dizaine de départements sur les quinze du pays sont touchés. Un Conseil interministériel est prévu samedi pour examiner les moyens de juguler la flambée des prix des produits de base. Que voulez-vous qu’il sorte comme mesure appropriée ? Alors que les membres ont intérêt à ce que l’exploitation des masses se poursuive ?
Si l’Europe est en mesure de se poser des questions sur sa dette et de la manière dont sont ciblés des pays comme la Grèce, le Portugal et l’Espagne et peut-être demain, la Belgique, il serait stupide de ne pas voir autour de nous les dégâts qu’a fait le système économique et qui n’a pas l’air de pouvoir être réformé par les démocraties qui le soutiennent.
Au nom des droits de l’Homme, nous ferions bien de mener de front deux combats, le premier contre la mondialisation d’un capitalisme qui prend une méchante tournure et le second de remettre en question nos accords de coopération et d’amitié avec toutes les dictatures, celles du Maghreb principalement et même celle de l’Egypte, pays bordant la Méditerranée, nos riverains d’en face.
Sinon, écrasons-nous et fermons notre gueule en dénonçant des génocides et des atrocités d’un côté, tandis que de l’autre, nous nous confondons en salamalecs et sourires tout loukoum, et faisons-nous transparents afin de ne pas attirer l’attention des agences de notation.

8 janvier 2011

Fadila Laanan, prépubère.

Après Michel Daerden dont les gags ont fait le tour d’Internet, Fadila Laanan, ministre de la Culture et de l’Audio visuel, vient de parfaire notre ridicule à l’étranger,.
Les vœux pour 2011 de la ministre entrent dans les anthologies de Youtube au premier essai.
Comme elle se défend en prétendant avoir voulu clôturer l’année par un trait d’esprit, on est atterré qu’un ministre de la culture prenne les Belges pour des beaufs sans exception, puisqu’elle s’est expliquée là-dessus en soulignant qu’elle s’était adressée à tous !
Il y a dans cette socialiste d’appareil une pusillanimité d’esprit qui paraît être le critère actuel de Di Rupo, chasseur de têtes au PS.
Il a mis dans le mille, Fadila est douée. Elle a le profil.
Le nounours venait à point nommé pour rehausser d’une mièvrerie, la touche d’enfantillage de la promotion « Marie Aréna », section demi-vierge, Mons-Borinage.
Nous voilà dans de beaux draps avec cette génération de quadras à vocation de jeunisme perpétuel et incapable de faire la distinction entre un mot d’esprit et le comique lourdingue.
Cet esprit au rabais a au moins le mérite de l’être aussi pour le coût : un nounours, quelques coups de ciseaux, des décors en papier et la colle de bureau.
Vu l’état de la politique actuelle, le nounours ce n’était vraiment pas le moment.
Ou alors, il fallait lui donner les traits de Bart De Wever, voire utiliser une poupée gonflable. Il doit bien s’en trouver une quelque part au boulevard de l’Empereur dans le magasin d’accessoires du président. L’esprit eût été douteux, certes, mais aurait eu une autre dimension. Peut-être que les jours de la ministre eussent été comptés, mais sa sortie eût été accompagnée d’un rire entendu… culturel, en quelque sorte.

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Indépendamment de jouer maladroitement des scénettes à ouvrir des portes, on peut légitimement se poser la question de savoir si derrière elles, on travaille vraiment au ministère et à quoi ?
Nul n’ignore que les fonctionnaires attendaient Fadila et son nounours exposé à la caméra par un nain ou un fonctionnaire de petite taille. On les voyait pouffer en faisant semblant de s’intéresser à des feuilles de papier tenues à bout de bras, au point qu’on s’est dit « voilà une bien curieuse manière d’étudier des dossiers ! ».
S’exposer comme elle l’a fait, ce n’était pas très « politique » non plus, quand on voit le désert culturel dans lequel nous sommes plongés depuis que les mandataires locaux et nationaux décrètent par des concours ce qu’est la poésie, le roman, la peinture, le théâtre… Notez, ce n’est pas Nounours qui nous conduit à l’abîme. C’est une pratique vieille de cent ans, depuis que les ministres successifs de la culture patronnent une forme d’art qui n’a pas grand-chose à voir avec ce qui se voit dans les musées ou se fréquentent dans les bibliothèques.
C’est chaque fois la même chose. Des jurys triés sur le volet de la couleur politique des majorités consacrent des citoyens au nom de la culture. Les participants déçus se disent : c’est bien la dernière fois que je me frotte à un concours bidon, dans l’espoir de faire quelques thunes pour payer mon matériel ou rémunérer mon temps. Il faut bien vivre, loin des nounours de Fadila. La fois suivante, ils repiquent au truc, le cœur plein d’espoir.
En inaugurant la culture du nounours, madame Fadila Laanan se paie une première !
Elle dessine par la même occasion un profil de ministre original. La voilà classée dans la catégorie des moins de six ans. A quand une soirée pyjama ?
Que les artistes du genre tourmenté se le tiennent pour dit : pas de gros mots, d’imprécations, des allusions au sexe et de sa représentation, pas de sculpture obscène, de nus aux seins exagérément plats ou monstrueux, surtout pas d’humour politique, pas de pamphlets, ni d’un seul jour des 120 de Sodome ; par contre, en privilégiant le rose, le ruban, la bande dessinée pour les tout-petits, en jouant sur deux cents mots maximum de vocabulaire, en oubliant à jamais la contrepèterie obscène, tout qui a une carte de parti en règle de cotisation, pourra amener son nounours à la prochaine réunion culturelle, s’habiller en Indien ou reprendre le costume de Mickey, avant son entrée dans les cinés cochons pour faire l’amour à Minie, bien entendu.

7 janvier 2011

Tous dans la m… panade !

On peut se demander si Bart De Wever n’est pas aussi un homme providentiel pour la Wallonie ?
A voir l’état de nerfs des grands décideurs de ce pays dans leur frustration orchestrée par les trois journaux nationaux : Le Soir, La Dernière Heure et La Libre Belgique, Bart De Wever vient de réussir un coup de pied dans la fourmilière qui n’est pas passé inaperçu.
Il y a dans ce pays une opposition au système qui n’a jamais été prise en considération. Que naisse l’occasion de critiquer la gauche de collaboration, à cause d’un démêler du pouvoir avec un nationaliste flamand de droite, il ne faut pas bouder son plaisir.
Enfin, des chercheurs, des économistes, des libertaires et même des rattachistes peuvent se démarquer des champions du système éperdus d’inquiétude.
A rebours des idées nationalistes et droitières de Bart De Wever, beaucoup de citoyens de ce pays qui ont le cœur à gauche et qui se sentaient orphelins d’un parti les représentant vont retrouver un certain espoir dans un socialisme qui va devoir se gauchir ou terminer sa course dans les lamentations avec les autres partis du centre, au risque de voir un autre parti socialiste naître des décombres du premier.
C’est tout à fait nouveau.
Si, comme on commence à le penser, on devra recourir à de nouvelles élections, la manœuvre des partis traditionnels est claire. Ce sera l’union sacrée contre Bart De Wever. On espère « user » l’électeur de la N-VA en stigmatisant l’irresponsabilité de son président devant la montée des dangers économiques.
Quand le CD&V, un œil sur les sondages, s’apercevra que la mayonnaise prend et qu’il y aurait un recul de la popularité possible de la N-VA aux prochaines élections, alors il rejoindra le chœur des lamentations, en oubliant que lui aussi a « sali la Belgique ». Les journaux font déjà grand cas des voix de protestation qui s’élèvent au sein de ce parti à l’encontre de Wouter Beke, son président. Il y aurait même une sorte de noyau en formation autour de Mark Eyskens pour un changement de cap éventuel.
Qu’est-ce que le citoyen qui lutte depuis toujours pour la reconnaissance de son droit à la différence va tirer de bénéfice de cette bataille de clercs ? Car, il va être sollicité et il risque d’être assimilé à l’extrême droite, s’il reste passivement au bord de la route à compter les coups.
Il va raffermir sa conviction que les structures de l’Etat belge s’écroulent comme un château de cartes, parce que ceux qui en tiraient bénéfice ne parviennent plus à contrôler l’extrême droite flamande, alors qu’ils contrôlent parfaitement la gauche wallonne.
Le Wallon qui a une pensée originale à défendre ne doit pas prendre parti pour ceux qu’il combat depuis toujours. Que les partis implosent et avec eux le régime inégalitaire, ne doit gêner personne.

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Peut-être même que l’avènement d’une force nationaliste de droite, sera l’occasion pour les partis traditionnels de repenser l’Etat ou ce qu’il en reste, en fonction des populations qu’ils ont exploitées. Avec un peu de chance, naîtra une réelle force de gauche avec laquelle le PS actuel sera obligé de s’associer.
Bien sûr, les avocats du pouvoir vont tenter de rallier les bons samaritains que nous sommes dans les moments délicats, pour que nous les appuyions à l’instar de Madame Houard qu’il leur tarde de revoir bientôt brandir le drapeau belge. Laissons la tripe patriotique à ceux qui en ont les moyens.
Cet Etat belge n’est le nôtre que par le hasard qui nous y fit naître. Il ne représente en tous cas pas la plupart des gens d’ici. Il s’est montré trop injuste à leur égard et trop parcimonieux lorsqu’il fallait récompenser un « élan de générosité » du peuple, afin de le sauver d’une situation délicate, en temps de guerre ou en temps de crise.
Peu à peu, les partis ont dénaturé la démocratie. En même temps qu’ils s’affaiblissaient face au monstre économique à la naissance duquel ils ont contribué, ils compensaient leur faiblesse par des lois liberticides et des économies de sacrifice qu’ils appliquaient sans faiblesse sur les plus démunis, afin de renforcer d’un côté, l’autorité qu’ils perdaient de l’autre.
Ils se sont mis eux-mêmes dans le pétrin. Nous n’avons pas à les en tirer. Leur guerre n’est pas notre guerre. Plus vite ils disparaîtront, mieux cela vaudra pour nous.
C’est dommage qu’au Savonarole des Flandres, ne s’oppose pas un Communard wallon de la veine de Potier ou de Varlin.
Il ne faut pas se leurrer. En-dehors de ceux qui se méfient depuis toujours du pouvoir en place, la démocratie fonctionnera encore demain au bénéfice des partis. Ils pourront compter sur une majorité leurrée, égarée, mal informée, séduite depuis toujours par les discours trompeurs. Mais à cette majorité, il faudra qu’ils accordent de plus en plus de gages, de « gestes » de bonne intelligence. Compte-tenu de la crise, ils ne le pourront pas sans retrancher de leur petit confort et leurs cassettes personnelles.
Les semaines qui viennent vont être bien pleines.
Si Bart n’existait pas, il faudrait l’inventer !

6 janvier 2011

On vote en mai ?

Tous frileusement pour le « oui », les observateurs et les partis francophones pensent que la note de Vande Lanotte est une bonne base de reprise des discussions. Les propositions de ce dernier ne vont pas à mi-chemin des programmes avancés par la N-VA et le PS, mais sont en quelque sorte une voie qui rencontre les désidératas de la NV-A et du CD&V scotché à Bart, sans les satisfaire à 100 %. Alors les deux partis flamands se marquent à la culotte, aucun des deux ne voulant dire « oui » le premier. Comme il serait peu politique de dire « non », les deux récalcitrants vont s’arranger pour surenchérir de sorte que ce seront les francophones qui diront « non ».
Ce scénario ne fait pas l’affaire des royalistes du PS qui se voient presque en campagne électorale. Le tout est de ne pas perdre la face et l’opinion que cette perte entraînerait.
Autrement dit, on n’est pas sorti de l’auberge !...
Si, en gros, ce compromis ne remet pas en cause les fondements de la Belgique, et s’il prend en compte les thèses flamandes, il oublie complètement les revendications francophones, notamment pour Bruxelles. Ce qui n’a pas l’air de perturber plus que ça les Ecolos, fins prêts à n’importe quelle compromission pour sauver le royaume et les premiers à dire « oui ».
Hélas ! l’affaire a été bien mal engagée du côté wallon. Le contentieux francophone est venu trop tard, quand il fut démontré que les Flamands voulaient toujours plus, alors que les Palotins mosans et de Sambre n’étaient demandeurs de rien. Ils crurent même, ces naïfs, que l’opinion leur savait gré de cette modestie. On fit des contre-propositions, quand on vit qu’il n’en était rien. C’était une terrible maladresse qui ne fut pas prise au sérieux.
Vis-à-vis de l’opinion wallonne, il s’agit de se montrer coopératif et potentiellement favorable ; du côté des pointus, c’est le contraire. L’irritation est la bonne attitude, si l’on veut coller « aux braves gens » de Flandre.
A part transformer le sénat en une haute chambre d’accordailles des régions, il n’y a rien que de très convenu, déjà servi aux tables des négociations. Le pot-bouille Vande Lanotte ressemble au hochepot de Di Rupo : c’est la même cuisine, le premier est seulement plus épicé.
Nos diplomates-négociateurs vont déchiqueter la note façon puzzle, puis regrouper les morceaux pour de nouvelles négociations en s’espionnant les uns les autres et en retenant leur respiration en attendant le waterzooï de l’ami Bart.
Pourtant, certains ont cru que la pilule de la scission de BHV, sans aucune compensation pour les francophones de la périphérie, était suffisamment amère à avaler pour qu’une réaction de fierté se fasse entendre au moins pour la forme, côté francophone. Même pas, lâcheté totale !
C’est dire demain que les singes danseront sur l’orgue de barbarie dont Bart tiendra la manivelle.
Quoique le volet social soit assez flou, il doit être tellement gratiné dans la rigueur que Vande Lanotte n’a pas voulu entrer dans les détails, et pour cause, les milliards qu’il va falloir cracher au bassinet régional et collectif ne le seront pas uniquement sur l’économie des fastes de l’Etat, il faudra bien les prendre sur les salaires, les retraites et les allocations sociales.
Cela place Di Rupo dans un porte-à-faux qu’il avait en partie contourné quand il se voyait premier ministre. Il pourrait nous en dire plus, à présent que c’est presque fichu ?
Le PS devait-il sacrifier le social en entrant dans les vues de Bart De Wever dans un gouvernement des Sept, uniquement pour sauver la dynastie ?
Car, c’est de cela qu’il était question finalement, malgré le brouillard qui entoure les mesures de redressement.

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Les stratèges du PS étaient-ils conscients, qu’il aurait fallu faire équipe avec un homme qui ne cache pas ses préférences pour un capitalisme pur et dur, excluant les faibles et les inutiles, repris sous l’étiquette de personnes fragiles, voire inadaptées et fainéantes !
Il y a là de quoi alimenter les commentaires à gauche. Le pas de plus d’un PS, décidément ancré dans la collaboration, n’allait-il pas être le pas de trop ?
Alors que le bilan désastreux de l’après 2008 pose la question de la résurgence de la lutte des classes, Di Rupo joue l’avenir du PS et sa majorité en Wallonie. S’acoquiner avec De Wever est pire que s’allier à Didier Reynders.
Qu’aurait été le rôle du PS dans le futur gouvernement ? Une longue suite de reniements, de plaintes et de grincements de dents, mise en scène de la spécialiste Laurette Onkelinx, avec l’imparable raisonnement « …il vaut mieux le PS dans un gouvernement pour « atténuer » les malheurs des couches sociales défavorisées, qu’être dehors à protester, sans plus, sur une politique de rigueur d’autant plus dénoncée, que le PS n’y exercerait pas d’influence. »
Dans un sens, le presque « niet », camouflé en « peut-être » de Bart De Wever est une bonne nouvelle pour le PS tourneboulé.
Bien sûr, l’Aigle de Mons ne sera pas le sauveur de la dynastie. Peut-être aura-t-il encore bientôt une occasion ? Qui sait ?
Les élections se rapprochent donc. Ce serait peut-être le moment d’obliger le petit farceur Di Rupo à nous expliquer quelle mouche l’a piqué, quand il inventa un plan B, lui tout seul ?

5 janvier 2011

La fin des collabos ?

Quelle est la raison qui me pousse à battre et rebattre le parti socialiste, comme un forgeron mécontent de la courbure que prend son fer rougi ?
C’est que je ne le hais point comme les marchands de soupe du MR qui confondent morale et économie pour le seul bénéfice de leur confort.
Je suis comme un parent désolé de voir comme devient un être proche qui « tourne mal ».
Le PS belge n’est comparable en rien au PS français, pour des tas de raisons dont la plus importante réside dans le fait que le PS français est talonné par une autre gauche, en même temps qu’il en tire l’obligation de s’accorder avec elle, s’il veut remporter les élections présidentielles.
Le PS de Di Rupo se lie aussi à des partenaires sauf qu’ils sont de droite et du centre, avec un parti écologiste qui en faisant la synthèse gauche droite, est devenu un parti équivoque, sans consistance politique en-dehors de la défense de l’environnement.
L’erreur impardonnable, le vice rédhibitoire, c’est Jacques Julliard qui nous le dépeint, si bien dans les colonnes de Marianne du 1er janvier, que je lui laisse la parole : « …parce qu’elle était persuadée (gauche-vision PS) que le suffrage universel finirait par opérer l’alliance entre classes moyennes et classes populaires, et qu’une telle conjonction imposerait sa loi au capitalisme. »
Abandonnons le cas français, si différent, pour le PS belge qui nous intéresse.
Cette erreur de jugement, le PS belge n’a pas fini de la payer.
On pouvait admettre le raisonnement qui consistait à trouver des alliances à droite et au centre. Il se justifiait au moment de l’expansion économique et l’élévation constante du niveau de vie, de sorte que la dilution de la classe ouvrière dans la petite bourgeoisie pouvait aider à résorber les différences et que cette carte était jouable.
La crise de 2008, que personne n’avait prévue, fut un révélateur pour beaucoup. Elle nous a montré la véritable nature du capitalisme. Son côté prédateur, étranger aux compromis avec les forces du travail, n’est sans doute pas assez démonstratif qu’il faille pour certains attendre qu’après la rigueur revienne la croissance, comme si cela était encore possible !

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La mondialisation progressive modifie profondément le capitalisme déjà dissocié de la morale conventionnelle. Une économie de casino chapeaute une « usine universelle », une sorte de bagne généralisé où ceux qui subissent les pires conditions de travail voient leur servage transformé en modèle de société !
Les dirigeants du PS ne sont pas plus bêtes que les autres. Ils voient bien où cette erreur déjà ancienne les a conduits. Les efforts qu’ils font pour maintenir dans l’esprit des gens une image de gauche prometteuse d’espoir, sont devenus dérisoires. Ils réfléchissent sur leur multiple collaboration avec le MR. Le PS n’a pas fait beaucoup de différence par le passé entre le CDH et le MR. Aujourd’hui, il est devenu indispensable de le faire. Le dilemme dans lequel le PS se débat a été effleuré par Antoinette Spaak chez Vrebos, ce dimanche.
Qu’a-t-elle dit ? « Puisque Bart De Wever est devenu insupportable, essayons de nous en passer dans la formation d’un gouvernement d’union de tous les partis à l’exception des deux partis nationalistes flamands. »
Cette majorité est possible sur le papier, pour autant que les partis traditionnels flamands le veuillent… il faut pour cela que le PS renoue avec ses anciens alliés du MR et se lance à nouveau dans une collaboration avec la droite ! Les collabos le disent déjà « Qu’est-ce que ça change, puisqu’il faudra de toute manière collaborer avec le CDNV, bien plus à droite que le CDH et le MR ?... et pire encore la NV-A si les Sept tombent d’accord.
Sans doute. Mais, il est à remarquer que le PS considère déjà la Région comme un petit pays, puisque ce qui importe à Di Rupo, c’est de rompre avec la droite en terre wallonne ! Implicitement, le président du PS reconnaît de la sorte l’Etat flamand !
Cette perspective pourrait avoir des effets néfastes à long terme. Sans déjà beaucoup de consistance, le PS est parvenu à garder sa majorité en Wallonie. S’il continue à ressembler de plus en plus à un parti du centre, allié au MR du centre-droit, pourra-t-il encore longtemps jouer sur son passé socialiste pour maintenir son score électoral ?
C’est la grande question que l’on devrait se poser boulevard de l’Empereur, dans cette alternative suggérée par Antoinette Spaak.
Je cite à nouveau Julliard, en guise de conclusion « …si la révolution est impossible, la collaboration des classes est aujourd’hui mystificatrice. De cette situation nouvelle, il faut tirer les conséquences ».

4 janvier 2011

Anastasie, magyarok star !

Suspectée de flirter avec le pouvoir, la presse n’est pas toute entière à la botte de celui-ci, fort heureusement. Des journalistes courageux tentent de survivre dans un climat peu propice à la liberté d’expression. Etranglés par les coûts exorbitants de l’exploitation d’un journal, ceux qui ne se sont pas abandonnés au culte de l’argent et au renoncement de toute critique du système capitaliste ont toutes les peines du monde à vivre de leur plume. Mais ils résistent et diversifient sur d’autres supports des critiques pertinentes et finalement attendues de lecteurs fidèles.
D’excellents journaux, de bonnes émissions radio d’informations et enfin des télévisions comme Arte poursuivent vaille que vaille un métier exigeant et parfois périlleux. Je pense à cette journaliste russe, Anna Politkovskaïa, abattue en sortant de son domicile et combien d’autres reporters, journalistes, photographes et auxiliaires, molestés ou détenus en otages partout dans le monde et de toutes les nationalités.
Aussi, lorsque le président hongrois Pal Schmitt a promulgué jeudi, en dépit du tollé suscité à l'étranger, une loi très controversée sur les médias, je me suis inquiété, en ma qualité d’Européen. Ce pays assume la présidence pour six mois de l'Union européenne, après celle exemplaire, dit-on, de la Belgique.
Une sorte de politburo dont le premier ministre Viktor Orban fait partie, a dorénavant le droit de contrôler le contenu de tous les médias, radiotélévision, presse écrite ou sites internet.
La Hongrie ce n’est pas la Chine, elle est au cœur de l’Europe, et pourtant !
Cette nouveauté à caractère stalinien (même si c’est la droite qui dirige la Hongrie en 2011) aura le pouvoir d'infliger des amendes élevées aux organes de presse dont les productions "ne sont pas équilibrées politiquement" ou "entravent la dignité humaine".
On sait comme les Régimes dits « démocratiques » d’Europe et d’ailleurs s’arrangent pour tuer la presse d’opposition par le biais de procès en diffamation.
La nouvelle Anastasie hongroise aura le droit d'inspecter les documents ou le matériel des médias et de contraindre les journalistes à révéler leurs sources sur les questions relevant de la sécurité nationale.

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On sait que le nouveau dada de la droite européenne est de maintenir la population dans la crainte d’une possibilité d’attentat terroriste, cette pression permet de justifier la création d’une police « spéciale ». Elle est gardée en réserve pour servir, le cas échéant, de police politique. On a vu en 2009, qu’elle était sa capacité de nuisance lors d’une accusation bidon à propos des sabotages de lignes de chemins de fer en France. Julien Coupat et ses amis, coupables de préférer vivre autrement et donc suspects, on fait quelques semaines de préventive ! Le dossier d’accusation était vide !
C’est le péché mignon des autorités de trouver prétexte à justifier l’utilisation des polices « spéciales » par des mises-en-scène de parodie de justice.
L'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) a averti toute de même la Hongrie que cette nouvelle législation, "si elle était mal utilisée, pourrait empêcher tout débat démocratique.
Amnesty International a évoqué "Les possibilités d'interprétations arbitraires de cette loi dans tel ou tel sens sont trop grandes et permettent une ingérence politique dans le concept éditorial des médias".
Les premiers effets de la loi ne se sont pas fait attendre : Attila Mong, présentateur de la matinale de la radio publique Kossuth, a été mis à l’écart par ses employeurs pour avoir observé une minute de silence avec l'un des rédacteurs de l'émission, en signe de protestation contre la nouvelle loi sur les médias.
A part l’Allemagne qui a protesté, les pays de l’Union européenne n’ont pas spécialement fait entendre leurs voix.
C’est l’Europe qui est une fois de plus en-dessous de tout, et qui déçoit dans cette affaire comme dans bien d’autres. On a encore en mémoire la protestation « molle » des Commissaires européens auprès du gouvernement flamand, pour les discriminations dont sont victimes les minorités francophones dans la périphérie bruxelloise.
A force de décevoir, l’Europe ne bénéficie plus du capital de sympathie auprès des populations du continent. Elle est, en quelque sorte, victime du syndrome touchant les Belges, depuis l’avènement du nouveau Kaiser Bart De Wever, en Flandre : les gens n’y croient plus.
C’est bien la première fois que la publicité, les déclarations de foi des autorités, la pédagogie de propagande en faveur de l’Europe dans les petites classes des écoles n’auront servi à rien. Comme quoi, l’Europe des affaires et de l’économie de marché, l’Europe de droite, l’Europe aveugle et dépourvue de sens social est une Europe invendable à l’opinion.
Nos représentants feraient bien de s’en apercevoir.

3 janvier 2011

De nuageux à découvert bancaire…

Colloque singulier entre Vrebos et un quarteron de ministres d’Etat à la retraite (si l’on excepte De Croo père en activité). Sans enjeu et de pognon à ramasser, les anciennes gloires sont cools. On comprend pourquoi le mastic plus frais bouchonne dans les conduites.
Nos loustics mandatés par le peuple sont-ils responsables de tout ? Ne sont-ils pas à la fois victimes et manipulateurs du système ? Les anciens auront beau parler des conséquences désastreuses de la crise politique s’ajoutant à la crise économique, il eût été plus intéressant qu’ils livrassent leur point de vue sur les causes de la dérive capitaliste. Le seul risque, c’était de voir Vrebos sombrer dans la langue de bois.
C’est toute l’ambiguïté des médias en première ligne.
Les techniques de l’esquive en matière d’information sont bien connues.
Le procédé qui consiste à informer le public d’une actualité, puis l’abandonner en cours de route et se jeter sur une autre quand cela devient gênant, n’est pratiqué que pour vendre du papier, pour tarifer les publicités télévisuelles (AUDIMAT) et enfin, pour rester en bons termes avec le pouvoir en place. C’est par intérêt financier qu’on agit dans les milieux qui traitent de l’information.
Cette pratique courante aboutit à un manque de pièces pour nourrir la critique grand public. Dans une démocratie par délégation des pouvoirs, c’est fâcheux.
C’est le moins de savoir si les promesses sont suivies d’effets et les mesures effectives. Combien de fois n’apprend-on pas incidemment que des lois, pourtant votées, n’ont jamais été d’application à cause des arrêtés non publiés.
On pourra dire « le public n’a pas suivi ». Difficile de savoir si c’est à cause des informations déficientes ou si c’est par lassitude d’un sujet qui n’intéresse plus ?
Il y a un facteur d’oubli dans la présomption d’innocence, quand une affaire qui a soulevé les polémiques rentre dans l’anonymat. Parfois, on ne saurait dire pourquoi cette présomption d’innocence est respectée à certains moments et à d’autres non, surtout quand les fuites sont organisées par des membres de la justice ?
L’affaire Woerth-Bettencourt est un exemple récent. Même si la mère et la fille ont conclu un accord, il est dommageable pour l’idée que le public se fait de la justice que celle-ci ait gardé le dossier sous le coude en attendant que la loi des pensions soit votée, pour transférer le dossier… à Bordeaux, après que Woerth eût quitté le gouvernement.
L’Europe est actuellement le théâtre d’une autre mise en scène et qui touche directement la Belgique. Sarkozy lors des derniers sommets à l’Europe s’était fait le chantre d’une réglementation sur les bonus des traders, puis il s’en était pris aux banques. Il souhaitait séparer les activités risquées et spéculatives, des opérations traditionnelles d’épargne et de prêts aux industries et aux particuliers. Il y a un fort consensus dans le grand public pour ces mesures et il semblait, puisque la presse s’en était fait l’écho, que l’Europe allait faire des propositions, comme elle sait les faire à propos de la longueur des cintres ou du diamètre des tuyaux d’adduction des eaux.
Depuis début novembre 2010, après que les discours des Européens sur la question aient été publiés et commentés, plus rien, silence total.

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Cependant, il s’est passé des choses. La presse anglaise a craché le morceau. La City de Londres est en rébellion ouverte contre les projets de la coalition gouvernementale formée par les Tories et les LibDem, à propos des bonus. C’était bien la première fois que l’Angleterre n’attendait pas une directive européenne pour s’engager dans des réformes. Le gouvernement de droite avait pris cette initiative pour faire passer les restrictions liées à la nouvelle austérité. Les bonus revus à la baisse pouvaient faire croire que tout le monde était mis à contribution.
L’éventualité d’une séparation entre les activités risquées et traditionnelles des banques était aussi abordée. Une commission du gouvernement devait envisager les moyens de traduire cela en lois.
Les hostilités ont été déclenchées par la banque Barclays, portant haut l’étendard des banques privées de la City. Passée dans les mains d’investisseurs moyen-orientaux, elle venait d’échapper à une nationalisation partielle, non sans avoir encaissé au passage, les subsides de la Fed, en vertu de la déconfiture d’AIG, l’assureur américain.
Nick Clegg, vice-Premier ministre, devait sermonner les récalcitrants au 10, Downing Street. Qu’est-il arrivé lors de la trêve des confiseurs ? Soudain, on ne parle plus de rien, sinon que Barclays et HSBC, viennent de menacer de s’exiler de Grande-Bretagne, si d’aventure la découpe était mise à exécution. HSBC, n’a même pas attendu le « repentir » du premier ministre pour prendre ses quartiers à Hong Kong, nouvel Eldorado et paradis fiscal.
Avez-vous été informés de la révolte des banques anglaises contre la réforme du capitalisme bancaire qui augure mal des mesures que le successeur de Reynders devra prendre ?
C’est tout de même inouï que nous savons tout sur les températures et les chutes de neige, le nombre d’accidents dus au verglas et rien du refus des banques de souscrire aux efforts que les Anglais commencent à faire et qui, n’en doutons pas, seront les nôtres bientôt !
Le raidissement des banques anglaises est pourtant une information capitale quand viendra notre tour de mettre les banques belges à contribution, pour tout autant qu’on aille jusque là ?
Entendre les ministres d’Etat rappeler l’urgence d’économiser 20 milliards dans le futur budget, est insuffisant. Il manquait une analyse plus fouillée de l’économie.
On ne peut quand même pas reprocher aux citoyens de ne pas lire The Guardian et The Financial Times !

2 janvier 2011

Marrons glacés et axiologie.

Les embaumeurs de la vie politique vous saluent bien pour 2011.
Ça se voit sur les photos, ils sont plus heureux que nous d’avoir passé 2010 bien au chaud à côté du chauffage central autour des dernières tables de négociation de l’année.
Ils finissent le séjour en chalet de montagne réservé pour les fêtes, la conscience tranquille et satisfaite du devoir accompli. Ils se sont adressés aux populations qui souffrent du froid, la facture de leur thermomètre au beau fixe.
Bien entendu, ils se feront un devoir de dénoncer le populisme latent des chroniqueurs de mon espèce qui osent contredire leur ardent désir de former un gouvernement.
On ne le savait pas, mais ils n’ont traîné de la sorte que pour battre le record de 194 jours de l’Orange bleue de 2007. Avec six mois et demi de palabres, ils pourront entrer dans le livre des records la tête haute. Avec la forme qu’ils détiennent actuellement, ils espèrent pouvoir atteindre mars ou avril 2011 sans gouvernement, mettant ainsi leur palmarès loin au-dessus des tablettes olympiques. Le Comité Olympique des dérangés de la manchette (oui, ils sont presque tous avocat) sera saisi au cas où on irait aux élections. Le record sera-t-il compté jusqu’au jour de la dissolution des Chambres ou jusqu’à la formation d’un gouvernement après les élections ?
C’est dans la joie et la bonne humeur qu’ils attendront la décision des juges olympiques.
Dans les conditions de mystère actuelles, il est impossible de faire le bilan des tractations puisqu’on ne connaît de leur déroulement que la liste des éminents qui se sont succédés à la tête des négociateurs, autant dire trois fois rien. Bien malins sont ceux qui pourraient prétendre connaître les sujets de discussion et les accords partiels – s’ils existent – auxquels nos accoucheurs royaux sont arrivés.
D’ailleurs, ils se confondent tous, le palais s’étant ingénié à les baptiser de noms dont toutes les terminaisons sont en « eur ». Pour les suivants, le roi hésite entre souteneur et « complicateur ». Dans le cas où on lui ferait remarquer que « complicateur » n’existe pas dans la langue française, il pourrait rétorquer qu’enfin voilà un mot neutre qui serait mieux accepté des Flamands. La cour hésite quant à l’emploi de souteneur. Un souteneur est un homme qui vit aux crochets des femmes, or la cour vit aux crochets de tous les citoyens, nuance…

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Il paraît qu’un haut moment de la vie politique en 2010 aura été l’invitation de Reynders, logothète libéral, à Bart De Wever, holiste flamingant, pour se goinfrer discret chez Bruneau, un restaurant de Bruxelles qui a la truffe cotée.
C’était tellement discret que tout le monde l’a su. Comme il n’y avait rien à en dire, on a quand même appris ce que ces deux fleurons de la table belge ont engouffré en une soirée.
Interrogée, la dame de cour n’a pas voulu dire aux journalistes si nos deux athlètes de l’art politique sont allés ensemble ou alternativement à la toilette. D’après des indiscrétions, ils se seraient amusés à uriner au plus loin. Bart De Wever vu l’humidité qui se percevait à l’endroit de la braguette a pu avoir perdu.
Johan Vande Lanotte (SP.A) conciliateur depuis le 21 octobre n’aurait pas apprécié l’aparté de Bart avec un étranger aux négociations, comme son interview à un magazine allemand, Der Spiegel. C’est toute la différence entre un homme de sérail et de tradition et un type comme Bart qui s’est fait connaître plus à la télévision que dans les meetings. Vande Lanotte, le meilleur d’entre nous, ne sait-il pas que s’il se présentait contre un Dutroux, celui-ci aurait plus de voix de préférence que lui ?
C’est ça la démocratie aujourd’hui. Bart De Wever l’a bien compris.
Avant le conciliateur, qu’est-ce qu’on a eu ?
Oui, le préformateur Di Rupo. Un préformateur préforme, cela va sans dire. Or la préforme de l’Aigle de Mons justement était informe. La chose fut abandonnée dans un bac à sable comme un bren d’un chien vagabond. Par contre, tout le monde a retenu le plan B, qu’en toute innocence le chef du parti le plus populaire de Wallonie avait lâché à la suite d’une séance avec Bart De Wever, si pénible qu’ils s’étaient quittés sans même s’embrasser.
Or, le plan B était une pure invention de dépit. Tout le monde en rit encore.
Bref, l’échec est sur toute les lèvres et c’est un plaisir de savoir que le mot se dit « schaak » en flamand. Ainsi, nous aurons fait un progrès de plus dans la langue de Vondel.
Si entre deux « schaak » on avait un formateur au printemps, ne serait-ce que quelques semaines, histoire de passer un premier mai révolutionnaire tranquille, le roi pourrait nommer après un nouveau « schaak » un formulateur spécialement nommé afin de trouver une formule par laquelle nous serions traités de gros cons, sans que gros apparaissent trop, pour ne pas froisser inutilement Bart 1er, le futur monarque de la Flandrie, pays charmant depuis lequel Charles Quint en personne ne voyait jamais le soleil se coucher, et pour cause, l’astre du jour avait déjà la trouille que Bart ne lui vole la vedette.

1 janvier 2011

Les bons vœux de Richard.

Il fallait évidemment se dépêcher pour élire Bart De Wever « Belge de l’année », qui sait, l’année qui vient, il se pourrait que Bart De Wever et quelques millions d’autres aient décidé de ne plus être Belges.
Pour le reste des « Belges de l’année » ça va bien, on connaît déjà la liste de l’année suivante, ce n’est pas difficile, à part les morts, c’est la même. Après tout, on pourrait élire aussi le Belge mort de l’année. Certains orgueils sont tellement immenses que l’amour propre ainsi chatouillé, pourrait surprendre l’embaumeur !
On est toujours dans la merde, la crise n’est pas finie et on n’a pas de gouvernement, ce n’est pas difficile dans ces conditions de souhaiter que ça aille mieux, puisque cela ne pourrait être pire… à moins que les deux crises, l’économique et celle de l’Etat, puisent dans leurs réserves et finissent par nous faire la démonstration qu’on n’a pas tout vu.
C’est donc la bouche en coin et le regard noyé d’un être de bonté que les présidents de parti nous souhaitent les meilleures choses du monde, prospérité, santé et réussite. Ça ne mange pas de pain, mais ça risque quand même de faire mal. Le mec qui vous souhaite fric et santé la gueule enfarinée, quand on la saute, fait gaffe. Les vœux ne se disent jamais dans la rue en direct à des passants inconnus, mais à la télé en studio et parfois en différé. Vous risquez juste d’endommager votre télé si vous pétez un plomb.
Bart, le champion de la VRT, est devenu la première vedette télévisuelle président de parti, Madame Ries devrait poser sa candidature après Michel et Bacquelaine au MR, en version ligue féminine des records, elle pourrait être la première vedette féminine de la spécialité !
Après le Belge de l’année, on a quand même un record ailleurs, c’est le nombre de faillites qui a encore progressé en 2010. Enfin un poste en augmentation !
En voyant Di Rupo pousser sa roucoulante sur la nouvelle année, j’ai soudain eu un coup de blues ! Sur un demi-siècle le parti ouvrier est devenu méconnaissable. Il est passé de l’esprit coopératif à l’esprit capitaliste avec une maestria sans égale. Le plus grand nombre de militants pointe ou travaille dans des conditions de plus en plus mauvaises. Eh bien ! ils n’y ont vu que dalle. Tout a encore la belle apparence, les bulletins de vote n’ont jamais tant tombé dans les urnes du bon côté, et pourtant sous le feuilleté, le beurre n’est plus que de la margarine. Peut-être que 2011 verra les premières crampes d’estomac, une sorte de surdose d’avocats, ulcère garanti !

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Je passe sur les compliments des autres. Milquet s’en fout. Elle pense déjà à l’après présidence, à moins qu’elle fasse son Laurent Gbagbo, une coprésidence avec l’Ardennais retranché dans sa vile natale après avoir été élu ? « Didjé » fait ses cartoons (1). Il rêve du futur, quand on l’appellera enfin Didier et qu’il aura les coudées franches, pour vanter les mérites de son successeur, comme Michel vante les siens actuellement. Enfin, Jean-Mi Javaux, Belge fervent comme il sied, Belge pieux de l’année, donne libre cours à sa déconvenue qu’on n’ait pas un gouvernement plus tôt et qu’il faille attendre 2011. Il oublie seulement qu’il est partie prenante des négociations et qu’en qualité de négociateur, il est responsable de l’échec collectif.
Alors, si je puis me permettre, j’élirai Belge de l’année, une sorte de « soldat inconnu » qu’on aura relevé anonymement des décombres du système économique.
Il sera jeune, puisqu’ils sont en première ligne du chômage, aura tenté de fonder un foyer sans pouvoir donner un confort minimum à une famille. Il en aura abandonné l’idée, le jour où il a été expulsé de son kot d’étudiant.
Je sais bien qu’en l’élisant Belge de l’année ça ne beurrera pas ses tartines, mais concrètement, je ne vois pas bien ce que je peux faire de plus.
Bonne année à tous.
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1. Il ne manque à Didjé que les Pieds Nickelés.