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30 avril 2011

De Clausewitz à l’abbé Bridaine.

Bernard-Henry Lévi poursuit une bizarre carrière de chef de guerre, à la grande surprise des Etats alliés, après avoir doublé Gérard Longuet, ministre de la défense, et Alain Jupé, ministre des affaires étrangères de la France, dans le processus du déclenchement des frappes aériennes contre le colonel Kadhafi, en Libye.
C’est comme si un philosophe de chez nous… bon, je cherche et n’en trouve pas de ce calibre (par contre dans les hommes politiques persuadés qu’ils pourraient avoir un grand destin…) , convainquait Leterme d’intervenir militairement au Congo afin d’éviter un génocide.
On voit déjà le ramdam autour du voyage de Laurent à Kinshasa pour des raisons semi commerciales, semi écologiques. Que n’aurait-on entendu et pas que de la seule N-VA, s’il s’était mêlé de sauver des gens au lieu des bêtes !
En France, BHL circonvient Sarko et voilà ce dernier reconnaissant les mandataires libyens de l’insurrection. Sur sa lancée, le philosophe parisien met Hillary Clinton dans sa poche et multiplie les contacts. L’OTAN se détermine, après que la France et la Grande Bretagne aient obtenu le feu vert de l’ONU pour neutraliser l’espace aérien du colonel Kadhafi. Bernard-Henry Lévi triomphe ! C’est son œuvre !
De la part d’un simple civil, sans mandat d’un gouvernement, armé de sa seule conviction de philosophe « mondain », voilà bien une chose inouïe et pas prête d’être surpassée !
A sa décharge, il faut bien avouer que sans cette accélération de l’histoire, Kadhafi entrait dans Bengazi et faisait couler le sang à en rougir toute la ville.
Les chicanes des règles du système démocratique empêchent les simples citoyens de se mêler de ce qui les regarde. Faut-il s’en plaindre ou s’en réjouir ? Et quand le système a des lenteurs, comment jouer le rôle d’un citoyen utile ?
Dans les Anciens Régimes, l’initiative n’était pas toujours sanctionnée par une condamnation à mort du téméraire. Socrate a inauguré la série des philosophes conseillers des puissants en se mêlant des affaires de Denys, tyran de Syracuse, à la demande de ce dernier, faut-il préciser.
Après Michel Onfray, voilà toute la métaphysique qui s’émeut de l’impétuosité du philosophe-guerrier. Onfray, pacifiste à tout crin, ne voit dans son confrère qu’un opportuniste « plus doué pour écrire la légende de soi-même que l’histoire du monde ». Bruckner salue l’homme fidèle à ses engagements profondément respectable. En général l’opinion des philosophes est plutôt favorable.
Politiquement, cette affaire fait des dégâts en France. Alain Jupé cherche à répliquer au passe-droit dont il est victime. De la part de Longuet, ministre de la défense, c’est moins sûr. Créateur avec Alain Madelin du mouvement Occident, organisation de militants d’extrême droite, on sait que ces gens-là sont fort souples dès qu’ils touchent au pouvoir.
Le droit d’ingérence pour raison humanitaire, depuis Kouchner, a déjà fait couler beaucoup d’encre. La Belgique, petite puissance accueillant les services de l’Otan, a érigé ce droit en dogme insurpassable. Elle n’a pas la capacité de passer de la théorie aux actes. La gloire lui rapporte plus que ce qu’elle lui coûte. A la remorque des USA, elle joue volontiers les bouche-trous, comme en Afghanistan. Quand on a besoin d’elle. Elle rend de menus services. Notre pays a toujours raffolé de ce genre de morale. Elle s’est même dotée de la capacité juridique de juger des citoyens étrangers, pour des faits relevant de crimes contre l’humanité. C’est beau, c’est grand, c’est vertueux, sauf qu’elle se garde bien de traduire devant la justice belge tous les tyrans en activité. Elle s’est contentée jusqu’à présent de citer à comparaître quelques lampistes.
Le nouveau dada de madame Lalieux sur le devoir de repentance dont elle accable le pauvre Léonard qui n’aurait pas assez dit son horreur de l’évêque scélérat Vangheluwe procède du même prurit moral, mais qui, hélas, s’arrête à la porte des usines.

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Reste que l’intervention en Libye ne se passe pas comme en Tunisie ou en Egypte. Kadhafi est de la trempe des Ahmadinejad, il compte sur ses troupes bien armées et défendra Tripoli jusqu’au bout, mieux, il repart à l’offensive.
Du coup, c’est toute la stratégie de Bernard-Henry Lévi qu’il faudrait revoir. Et s’il devenait nécessaire d’envoyer des troupes au sol, pour un conflit qui s’éternise ?
Et tandis que les généraux de l’OTAN se grattent le menton, voilà l’homologue Syrien de Kadhafi, Bachar al-Assad, qui tire au petit bonheur dans la foule de ses détracteurs, sans que BHL, l’OTAN et Hillary Clinton fassent autre chose que rappeler le dictateur Syrien à la raison. Et pour cause : Israël est très content de Bachar qui respecte bien le cessez le feu du Golan. Pourquoi vouloir changer de partenaire ?
Alors, faut-il sélectionner les dictateurs qui doivent être remplacés, et les autres – nombreux – qui peuvent poursuivre tranquillement leurs petites affaires ?
Nul doute qu’on va trouver en Belgique une nouvelle loi pour régler le problème. En attendant, c’est la Flandre qui fournit les cartouches et la Wallonie les mitraillettes.
Voilà enfin une situation qui permet à Di Rupo et Waferman de se serrer la main.
Comment n’y a-t-il pas encore pensé ? Jean-Mi Javaux serait parfait dans le rôle d’un Bernard-Henry Lévi à la belge… portant la bonne parole là où on ne l’attend pas.
Si ça tourne mal chez les Ecolos, notre pieux député-président sait ce qu’il lui reste à faire.

29 avril 2011

The mariage.

Le mariage « dont on se fout » sera donc regardé par deux milliards de gens. La plupart d’entre eux avaient juré qu’ils ne le regarderaient pas.
Fascination collective pour un non-événement, devenu l’événement du siècle par le seul pouvoir de la multitude ? Grand’messe pour notre part d’irrationnel ? C’est bien possible.
Les Anglais accablés de dettes, engagés dans des processus de purges massives des Administrations, complètement désillusionnés quant à l’efficacité économique de la mondialisation, iront s’étourdir à « the mariage » pour oublier un quotidien qui n’est radieux qu’à la City et qui ne le sera à Westminster qu’exceptionnellement, en identifiant les spectateurs « au bonheur » du couple !
Nos républicains flamands abandonneront provisoirement leur haine de la dynastie pour lorgner du côté de Philippe et Mathilde, parés comme des arbres de Noël dans cette grande foire aux vanités.
Ce grand événement de l’Histoire sera sans conséquence pour le lendemain, sauf pour les marchands, parce que les vrais grands événements sont souvent imperceptibles dans l’immédiat.
C’est le brusque renvoi de Necker à la veille de 1789 qui fait office du paravent qui cache la montée vertigineuse des spéculations sur les farines. C’est la capitulation en rase campagne de Léopold III, qui permet une collaboration honteuse de la « Nation » flamande à l’européanisme d’Adolphe Hitler. C’est l’effroi du génocide rwandais dans le monde qui permet à l’indignation de s’écouler entre deux berges bien contrôlées, alors que des Régimes forts et indignes gardent sous les fers des centaines de millions de gens, dont la plupart meurent, sans qu’on fasse mine de s’en apercevoir !
Alors, vous pensez, un mariage glamour de deux jeunes gens beaux, riches, célèbres, sans jamais avoir eu à le prouver, quel magnifique conte de fée à un moment où notre civilisation coule sans bruits, gigantesque navire si surchargés de magnificences qu’on n’a pas vu ceux qui en faisaient les splendeurs, les pieds dans l’eau des cales vermoulues.
Ce qui est étonnant dans le show, ce sont les coutumes anciennes, les habits du dimanche du temps de Dourakine, l’art des dames de montrer les naissances des lobes mammaires afin d’y faire briller les diamants, tandis que les plus effrontées crantent leur robe longue jusqu’à l’extrême limite d’une jarretière remise à la mode pour la journée. Joséphine, au temps du Directoire, ainsi accoutrée permit à Bonaparte d’en connaître les charmes pour en discuter du prix, ce qui n’est plus le cas d’Elisabeth II, au vieil égrillard d’Edimbourg !
Le public boira cette nostalgie comme un breuvage de l’éternelle jeunesse.

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Seules les vaches ne relèveront pas la tête et paîtront comme si de rien n’était dans le pré à côté du salon où la famille cherchera à tâtons une bouche béante au-dessus de deux yeux ronds face à l’écran plat, pour y enfourner à la hâte n’importe quoi sorti du frigo pour la circonstance.
Ce qui tendra à prouver que le règne animal est parfois et de très loin supérieur à l’homme.
Les speakers de radio et de télévision seront en cravate, les pétillantes créatures du paf représentées par Mesdames Drucker et consort feront des efforts vestimentaires. Karl Lagerfeld y exhibera son col ridicule. Il dépeindra de sa voix d’Uhlan les horreurs vestimentaires, dès lors que les hardes ne sortent pas griffées de sa maison.
Ils rappelleront le ton solennel de feu Léon Zitrone, le champion de la nécro et des mariages.
Certains magazines républicains rapporteront avec leur vulgarité native, que Kate n’aura pas sucé que des glaçons en compagnie du prince.
Et puis, dès le lendemain, il faudra bien se réveiller sur un présent qui continue.
La gueule des autres, la pluie qui tombe et la course à l’euro s’arrêteront lorsque le destin aura notre peau, pour une autre cérémonie, plus modeste, plus chiche en temps quoique aussi précise, qui aura pour cadre un funérarium, salon 5 ou 6, pour une expédition en un peu moins de vingt minutes d’un corps jadis dressé aux vivats du mariage et qui s’en va vite fait en fumée et en dispersion des cendres, dans l’anonymat absolu et sans le réconfort de quelques bravos, sinon ceux d’une famille qui compte bien rentrer à l’heure pour connaître les suites diverses de ses feuilletons, substituts moins glamour de Kate et William.

28 avril 2011

Di Rupo a le pompon.

Revoilà Di Rupo avec son attirail de mots hyper employés, ses tables rondes, ses lieux communs, son humilité feinte, dans une interview à la Libre, à l’occasion d’un anniversaire peu glorieux, celui d’une année sans gouvernement légitimement élu.
On croirait entendre le président Ben Ali à deux heures de ficher le camp après avoir rempli ses valises de devises fortes : Il y a eu un volume de travail considérable. Je vais le dire avec humilité, les francophones, et le PS en particulier, ont été inventifs. Ils n’ont pas cessé de faire des propositions dans de nombreux domaines – Emploi, Soins de santé, BHV, loi de financement. On a développé une connaissance que l’on n’avait pas il y a un an. »
Au moins, la sienne ne sera pas sortie par la porte de derrière.
D’abord la terminologie. Les Wallons ne veulent plus entendre parler du mot « table », surtout quand on y accole l’adverbe « autour ». Nos plénipotentiaires y sont allés si souvent qu’on s’étonne que ce soit De Wever qui ait gonflé à vue d’œil. Et les autres, ils bouffaient pas ? Voilà déjà une piste pour relever les maladresses. Di Rupo par sa maigreur étudiée, chipotant sur le nombre de haricots dans son assiette, a dégouté Bart du plaisir de la table.
Autre mot accablant, les Wallons hurlent d’horreur en entendant trois ou quatre fois par discours du plongeur montois, « en toute humilité ». Il n’y a pas, du naïf au plus futé, un seul Wallon qui croit encore à l’humilité de Di Rupo. L’effort qu’il fait pour paraître humble n’a jamais trompé personne. Il est le seul à y croire. Comment ne voit-il pas qu’il dépasse les bornes, que son attitude à la Léonard lui fait le plus grand tort. Exactement comme l’archevêque, ils ont, l’un et l’autre, à force de jouer les humbles, des têtes à claques.
Quand l’intervieweur de la Libre lui demande quel parti en Flandre il vise précisément comme étant celui qui empêche les négociations d’aboutir, le journaliste doit s’y reprendre à deux ou trois fois pour lui faire dire que c’est la N-VA ! Et encore, vient à la suite tout un argumentaire vieux déjà d’un an dont il a tellement de fois récité la litanie, qu’on se croirait, une fois de plus, à un prêche de Léonard. « …la N-VA est le premier parti de Flandre et dès lors il faut faire un gouvernement avec elle …la N-VA exige pour la première fois dans l’histoire du pays qu’il y ait des réformes institutionnelles avant la mise en place d’un gouvernement de plein exercice… le premier parti démocratique de Flandre a comme projet politique l’indépendance de la Flandre et donc la destruction progressive de l’Etat fédéral. Nous devons donc négocier un gouvernement fédéral avec un parti, le plus important du nord du pays, qui a pour objectif sa disparition à terme. »
Dans le convenu du discours, il y a pourtant une question qu’imprudemment l’homme le plus humble et aussi le plus prudent de Wallonie n’a pu empêcher que nous nous la posions et que l’intervieweur du Soir n’a pas relevée.

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Di Rupo qualifie la N-VA de premier parti démocratique de Flandre, en quoi est-il plus démocratique que le Vlaams Belang qui ne le serait pas selon le socialiste, alors qu’ils ont tous les deux le même objectif à savoir la destruction de l’Etat belge, selon le principe marxiste des minorités agissantes ? Ne serait-ce pas plutôt parce que la N-VA est le premier parti de Flandre en voix que Di Rupo le range dans les partis démocratiques ? Filip Dewinter et quelques autres leaders du Vlaams Belang ont proposé des alliances pour les élections communales, des contacts sont constants entre la N-VA et le Vlaams Belang. Une fusion serait même envisageable si la N-VA parvient à son but initial à savoir de nouvelles élections, comment Di Rupo peut-il dire que la N-VA est un parti démocratique et sur quel argument s’appuie-t-il pour le démontrer ?
Enfin, pour en terminer avec cette déplorable interview, rien de ce que le président du PS a dit, avait quelque chose à voir avec le socialisme ! C’est Machiavel en mauvaise forme qui parle de la santé de l’Etat de son Prince.
C’est quoi, finalement, être socialiste, pour lui ?
On ne sait pas. L’a-t-on jamais su ? Le discours d’un Montebourg, et je ne parle pas d’un Mélenchon, serait un discours franchement insupportable pour le président du parti socialiste belge.
J’ai rarement vu dans un parti, premier en Wallonie, un aussi important décalage entre ceux qui ont voté pour lui et la caste de dirigeants de ce parti représenté par Elio Di Rupo et Laurette Onkelinx. Encore que des deux, c’est encore le premier qui ait le pompon.

27 avril 2011

Allô Audika ?

-Allô Audika ? J’ai un problème d’audition. C’est pour que vous évaluiez mes facultés auditives.
-Ici Audika. Nous vous remercions de nous faire confiance, comme Robert Hossein et tous les autres malentendants. Pour retrouver le confort de vie que vous méritez, donnez-nous vos coordonnées afin que nous soyons en mesure de vous faire passer un examen gratuit.
-Allô Audika ? C’est bizarre. Vous avez sans doute décroché. Mais je ne vous entends pas. Je suis sans doute sur une ligne d’attente…
-Ici Audika. Mais pas du tout, Monsieur, Vous êtes en ligne. Ne vous gâchez pas la vie à cause d'un problème d'audition. Avec Audika, il est si facile d'y remédier.
-Allô, allô… Je suis bien chez Audika ? C’est pour une visite gratuite.
-Ici Audika. Mauvaise audition : attention danger ! Avant de vous poser quelques questions, nous avons besoin de prendre note de vos coordonnées.
-Allô, allô Audika. Qu’est-ce que ça veut dire ? Pourquoi ne répondez-vous pas ?
-Ici Audika. Nos spécialistes vous conseilleront la solution la mieux adaptée à votre besoin auditif ; mais, donnez-nous d’abord vos coordonnées.
-Allô, vous vous foutez de moi ? Je lis la brochure « Votre solution auditive en toute sérénité pendant 4 ans : services illimités, assistance nationale, garantie, assurance tous risques… » faudrait d’abord commencer par vous avoir au bout du fil !
-Ici Audika. Je vous passe un spécialiste à la voix plus forte. Le docteur Bauson… Allô, ici le docteur Bauson de chez Audika. Vous m’entendez mieux ?
-Allô Audika ? Votre poste grésille. Enfin vous êtes là ! C’est vous Robert Hossein ? J’ai vu votre film quand vous faisiez Joffrey dans Angélique marquise des Anges… merde qu’est-ce que je dis là, c’est la publicité d’Audika dans le poste…
-Ici Audika. Coupez le son de votre téléviseur. Vous m’entendez mieux ?

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-Je ne vous entends toujours pas.
-Comment me répondez-vous, puisque vous ne m’entendez pas ?
-Je ne sais pas. Peut-être par instinct ?
-Ici le docteur Bauson de chez Audika. Pouvez-vous me donner vos coordonnées, afin que nous vous envoyions un spécialiste ?
-Quoi ?
-Ecoutez bien, Monsieur…
-Madame.
-Comment ça, madame ?
-Vous voulez que je vous fasse un dessin ?
-Vous avez une voix si grave !
-C’est tellement je dois crier pour qu’on entende chez Audika ! A croire que c’est Robert Hossein qui a oublié de brancher son appareil.
-Ici Audika…
-Ça, je sais…
-Le docteur Bauson…
-Je sais aussi…
-Vos nom prénom et adresse…
-Pourquoi faire ? Criez pas comme ça, je suis pas sourde !
-Ecoutez bien, vous n’êtes pas seule en ligne. Voilà dix minutes qu’on essaie de prendre votre adresse afin de vous envoyer de la documentation pour une visite gratuite.
-…de nouveau je n’entends plus rien…
-C’est normal, je me suis cassé la voix…
-Je croyais que Robert Hossein était plus poli que ça… Franchement je suis déçue. Michèle Mercier a dû souffrir de jouer la comédie avec un pareil handicapé… Tiens voilà la lampe rouge de mon téléphone qui clignote… Voilà-t-y pas qu’ils ont raccroché les malhonnêtes !
Ça m’apprendra de croire tout ce qu’on dit dans le poste !... Mettre des sourds au téléphone chez Audika, c’est pas malin… Je vais téléphoner à Trompette & Eustache, un nouveau centre d’audition. Ils sont sérieux ! Il paraît que c’est Patrick Bruel qui fait la réclame. Il est devenu sourd en s’endormant devant des baffles à un baptême dont il faisait la partie chantante… Avec Trompette & Eustache, cela ne se voit pas, et au contraire de Hossein, ils ont l’air de comprendre ce qu’on leur dit…

26 avril 2011

M’ame Lalieux et la repentance.

-M’ame Lallieux, c’est au nom du PS que vous réclamez des sanctions financières contre l’Eglise catholique ?
-Non, c’est en ma qualité de présidente de la Commission spéciale de la Chambre sur les abus sexuels.
-Je suis d’accord avec vous les notables gagnent trop, qu’ils soient religieux, dans les ministères ou en députation du peuple.
-Gardons-nous bien d’étendre des sanctions à ceux que vous dites. Nous nous écarterions des débats.
-Pourquoi pas ?
-Ici, nous avons une attitude scandaleuse d'André-Joseph Léonard à propos de Roger Vangheluwe. C’est choquant et scandaleux, au regard de la forte attente que le primat de Belgique avait lui-même suscitée.
-Ah bon ?
- L'Eglise persiste à refuser sa responsabilité morale.
-Que comptez-vous faire, Karine Lalieux ?
-Je réunis la semaine prochaine la Commission de suivi, bon nombre des septante recommandations adoptées devant être traduites en propositions. Il s'agit par ailleurs de faire pression sur le ministre de la Justice pour faire avancer certains dossiers. L'attitude de l'Eglise sera également sur la table. Il est choquant de constater que les victimes restent complètement absentes du discours de Mgr Léonard. Il fait valoir que tout a été dit, ignorant les appels à la reconnaissance par le chef de l'Eglise d'une responsabilité morale de l'institution.
-Je vous vois bien remontée contre le chef de l’Eglise belge. C’est donc en sa qualité de responsable principal qu’il aurait dû faire acte de repentance.
- Mais les enfants et les jeunes victimes abusées par Vangheluwe et d'autres, ont-ils eu l'occasion de dire adieu à l'innocence de leur jeunesse volée ?
-Certes, mais il y a de cela si longtemps…
-Un crime reste un crime et il n’y a pas de prescription pour en implorer le pardon au nom de tous…
-C’est valable pour tout ?
-Absolument ! C’est sans restriction.
-C’est embêtant ça, M’ame Lalieux…
-Ah ! oui, comment ça ?
-J’attends toujours que les socialistes fassent repentance, par exemple dans la personne de Di Rupo, l’actuel président du parti, rôle qu’il joue un peu à la manière de l’archevêque, au sujet de son prédécesseur, le président Charles De Man à la tête du POB et passé aux Allemands en 1940 !
-Mais, ça n’a rien à voir !
-Comment ça n’a rien à voir ? Par son attitude devant l’ennemi, il a appuyé une politique qui a permis la déportation, un génocide et peut-être déforcé une partie du POB qui s’était lancé dans la Résistance. Indirectement, je le tiens pour responsable de la mort de résistants.
-Mais vous êtes fou !
-Jamais on n’a entendu la moindre repentance depuis la fuite en 1941 de De Man en Suisse, d’aucun archevêque… pardon… président du POB, puis du PS. C’était bien pourtant le chef de l’église socialiste qui était en cause ?
-Vous vous rendez compte de ce que vous dites ?

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-Hélas ! je ne fais partie d’aucune commission, mais si j’en faisais partie, je demanderais des sanctions financières. Vous le savez mieux que moi ce que coûtent les partis aux citoyens. Et ces gens ne sauraient même pas trouver un mot pour présenter des excuses aux parents et aux descendants des gens morts dans des camps d’extermination ! Alors qu’on fusillait et qu’on déportait des patriotes, le parti publiait un Manifeste favorable aux Allemands, estimant que pour les classes laborieuses, la défaite était l'écroulement d'un monde vermoulu et que loin d'être un désastre, elle était une Libération ! A côté de ça, votre Léonard, c’est du surfait… Notez, je suis d’accord qu’on les paie beaucoup moins, ces saints hommes, et même plus du tout… Mais vous, M’ame Lalieux, vous avez un sacré culot…

25 avril 2011

L’argent

On ne peut identifier le monde moderne qu’à l’argent. C’est ce qui vient à l’esprit pour caractériser cette civilisation. Le triomphe du capitalisme tient dans ce seul mot. Le bouleversement par l’argent roi gagne encore sur les esprits, après un règne déjà fort long et qui le voit toujours monter en puissance. Il règne jusque dans les rapports que l’individu entretient avec sa culture.
L’homme a perdu son indépendance au point de résilience où il s’est abîmé dans le culte de l’argent, définissant ainsi son avenir en-dehors de lui-même.
Emanuel Vals, député PS, et Einthoven, philosophe, débattaient devant Marie Drucker sur Antenne 2 de ce qui pouvait bien faire l’adéquation avec l’opinion d’un candidat à la présidence de la République. Sans le dire expressément, l’argent était dans toutes les composantes d’une politique gagnante. Ce modernisme sentait le sapin. Avaient-ils conscience que le débat était un pur produit du passé ? Une de ces prises de paroles dont on a honte, quand ce qu’on n’avait pas prévu arrive et nous découvre dans l’absurdité d’un raisonnement obsolète !
Seule survivante, la pensée libertaire fait table rase des idées d’un socialisme adapté à l’argent, selon lequel le présent est nécessairement meilleur que le passé, mais inférieur aux promesses de l’avenir.
Cette philosophie du progrès permanent est dépourvue de sens, un préjugé qui pourrait faire la peau du socialisme lui-même et dont on voit les prémices par la montée des droites et par conséquent l’abaissement des gauches.
Il devient urgent de penser contre son temps. Imaginer un lendemain de non-croissance, n’est pas si difficile en soi, c’est ce qui vient après qui remet tout en question, lorsque le dogme de la toute puissance de l’argent, élargi à l’ensemble de l’humanité, n’a plus de contradicteurs.
Cette théorie est clairement établie. Donner raison à son propre temps, c’est tomber dans la tyrannie de l’opinion publique.
Inutile de préciser qu’on ne crie pas au loup dans un univers pré-capitaliste, mais déjà post-capitaliste. Avec Adam Smith, le père du libéralisme moderne, nos grands parents ne se reconnaîtraient plus dans une société qui a développé à l’extrême le culte de l’argent.
En connaissez-vous beaucoup de ces économistes, de ces chercheurs qui osent aujourd’hui réfléchir tout haut sur l’avenir, laissant au capitalisme juste le temps de disparaître ? Sinon, parmi ceux dont la voix se fait entendre, la plupart Marxistes, c’est-à-dire partisans d’une économie qui ne serait pas tout à fait dégagée du capital.

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Le tout mercantile des valeurs intellectuelles et morales ainsi traduit comme un change ordinaire aboutit à des régressions tellement fortes que la démocratie n’y résistera pas.
L’égoïsme économique est en mesure de détruire l’ordre social, ce à quoi il s’occupe depuis plus de dix ans, sans que ni les syndicats, ni le socialisme de parti ne s’en émeuvent.
Les guerres qui n’en sont pas que l’Occident a entreprises, avec celle d’Irak pour débuter, innovent en matière de motif. Le public a conscience qu’on meurt sur les champs de bataille pour des valeurs boursières, pas pour des valeurs morales.
Dans la collection « Que sais-je », l’économiste Perroux dénonçait déjà En 1951, ce qui nous accable en 2011 « Toute société capitaliste fonctionne régulièrement grâce à des secteurs sociaux qui ne sont ni imprégnés, ni animés de l’esprit de gain et de la recherche du plus grand gain. Lorsque le haut fonctionnaire, le soldat, le magistrat, le prêtre, l’artiste, le savant sont dominés par cet esprit, la société croule et toute forme d’économie est menacée. Les biens les plus précieux et les plus nobles dans la vie des hommes, l’honneur, la joie, l’affection, le respect d’autrui ne doivent venir sur aucun marché ».
Or, la société occidentale dans son entier est tombée dans le piège de l’argent. Les fameux critères de rentabilité sont en train de ronger les Institutions, les Grands Services publics et jusque les écoles.
Dans le clinquant du studio, je les voyais faire la roue devant Marie Drucker, l’un mis comme Robespierre à la fête de l’Être suprême, l’autre à la mise faussement décontractée où chaque pli de la chemise et du veston était étudié, et je me disais que tout en eux et en-dehors d’eux puait l’argent et le faux semblant, qu’ils en étaient imprégnés et qu’il était impossible dans ces conditions de raisonner juste.
Charles Péguy avait déjà prévenu ses contemporains dès 1908 « Le monde moderne avilit la cité ; il avilit l’homme. Il avilit l’amour ; il avilit la femme. Il avilit la race ; il avilit l’enfant. Il avilit la nation… il avilit la mort » (1)
Ceux qui s’affichent comme les intellectuels de notre temps, que l’on voit partout et qui ont leurs petites entrées là où les voix portent, ne sont que les augures d’une civilisation ratée, des pseudos intellectuels, les porte-parole d’une pensée libérale moribonde.
Hélas ! comme on ne voit et n’entend qu’eux, les publics abusés sont comme les nuées de sauterelles qui au gré des vents ravagent le sol là où elles tombent, sans savoir qu’elles devront survivre, bien après, qu’elles aient tout détruit.

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1. Cité par Jacques Julliard « L’argent, Dieu et le diable », Flammarion, 2008.

24 avril 2011

Le choc des infos…

-C’est quoi, aujourd’hui ?
-Quoi, quoi ?
-Ton blog.
-Je n’en avais pas la moindre idée, avant de déplier « Le Soir ».
-C’est ton réservoir d’inspirations ?
-Les journalistes du « Soir » fréquentent les derniers cafés de Bruxelles où les gens se parlent encore d’une table à l’autre. Ils rapportent fidèlement à M’ame Delvaux ce qu’ils ont entendu. Après, c’est un jeu d’enfant, ils trient les nouvelles des autres pays et les zwanzes d’ici.
-Ça économise les correspondants à l’étranger.
-Par exemple, les nouvelles d’Afrique, ils boivent une bière à la Porte de Namur, au Matongé, ils savent tout mieux que Steven Vanackere.
-…et ils font le marché à Molenbeek pour savoir si ça se calme au Maghreb.
-T’as compris. M’ame Delvaux peaufine en faisant les salons de coiffure de l’Avenue Louise, pour le côté « Ils nous envahissent ». Ainsi, on a une publication pas chère, pas chic, 100 % belge, à la pointe de l’événement mieux que par agence.
-Alors, t’as fait un choix ?
-Attends que je tourne les pages. Voilà, j’y suis « Roger Vangheluwe peut être réduit à l’état laïc ». C’est certainement un scoop du reporter préposé au Sablon.
-Les brocanteurs sont athées ?
-Non. Il rend visite à son vieil oncle aux Ursulines.
-Quel est le rapport ?
-Pour frotter la manche au CPAS socialiste, l’oncle bouffe du curé !
-Tu ne vas tout de même pas défendre ce vieux pédophile de Vangheluwe ?
-Quatre à cinq articles par semaine dans les journaux, rien que pour lui, les maboules vont croire qu’il suffit d’être pédophile pour qu’on parle d’eux.
-Même si c’est trop, Vangheluwe est quand même un beau salaud !
-Personne ne le conteste. Pourtant chaque article prend un bon quart de pages et je ne compte pas les photos. Et puis, ça me gêne quand l’église catholique prend tous les coups…
-Ça gêne personne. T’es papiste, toi ?
-Je suis pour l’équilibre des religions. A 50 / 50. Elles s’observent et viennent pas trop nous emmerder. Avec cette exposition d’immoralité trente ans après le crime, t’as les enturbannés qui vont se croire champions de la vertu, détenteurs de la vraie religion ! Puis, il y a prescription. On ne peut plus rien y faire. Des regrets ? La justice en est pleine, les nouveaux Vangheluwe vont morfler. Ce n’est pas ça qui m’inquiète.
-C’est quoi, alors ?

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-Je me dis que plutôt boire des bières à la cantoche des Ursulines, et dégorger sur papier les haines des vieux mécréants, les boys de Béa feraient mieux d’user leur stratégie à respirer l’air du temps : dans les couloirs du métro, dans les banques, aux alentours du Rond Point Schumann, traîner leurs grolles autour des ministères, s’intéresser à l’économie, à la justice…
-Tu veux dire que tu les souhaites plus près des gens… Mais malheureux, les journaux ne sont pas là pour raconter la vie des gens, pour gratter dans les failles du système, pour découvrir de parfaits dégueulasses. Il y en a déjà tellement au Palais de justice…
-Le malheur est là. T’as des huiles qui mériteraient d’être épinglés au lieu de Vangheluwe.
-Ah ! bon, en plus des combines, ils sont tous pédophiles aussi ?
-On a fait le plein des abuseurs de la jeunesse. Reste tous les abuseurs de l’âge du dessus. Les contrats à la con, les engagements bidons, le mépris de la foule, les entourloupettes bancaires, le triomphe de « tout pour moi, rien pour les autres », les fausses factures, le travail au noir.
-Tu ne crois tout de même pas que le Soir va s’attaquer seul au système ? Côté biseness la crapule est sous contrôle, autorisée qu’elle est, mieux… souhaitée !
-C’est là qu’on voit combien l’humour des fonds de café nous manque, la désinvolture d’un Allais, les coups de gueule d’un Bloy ou d’un Rochefort. Eux aussi, pour bouffer, cantinaient à la porte des industriels, sonnaient aux portes des directions malodorantes ; mais, mine de rien, la crapulerie triomphante et impunie recevait, tôt ou tard, son paquet.
-Pourquoi, ça a changé ?
-Moins on tolère l’esprit et la fantaisie critique, plus les sphincters se serrent. Et tu sais qui est responsable du panurgisme apeuré ?
-Non.
-Les écoles de journalisme, pardi… ces hautes études du parler pour ne rien dire, ces chieurs de texte le petit doigt sur la couture du pantalon… Et puis, finalement, on s’en fout… demain, eux comme les autres, se seront des écoles à chômeurs. Et c’est ça qui est rageant. La seule façon de sauver la presse : que ceux qui la font ouvrent leur gueule, même pour dire des conneries… qu’ils tiennent pas les vestiaires, nom de dieu, qu’ils aillent aux réunions.

23 avril 2011

L’homme sans qualité.

Sauf à de rares exceptions, la Belgique francophone n’a jamais brillé par ses grandes intelligences reconnues à Paris ; qu’on se rassure, de l’autre côté de la frontière linguistique non plus. Parfois, un écrivain, un économiste sort la tête de l’eau, un Paul Jorion, un Vaneigem ; mais, de telle manière que le plus souvent, le conformisme ambiant lui dénie le droit à la parole… on oublie qu’il est Belge !
Il y a de cela une bonne raison, un personnage consacré en Belgique a presque toujours un parcours tellement classique, tellement bourgeois et convenu, qu’on le retrouve à des centaines d’exemplaires ailleurs. S’il « perce » à Bruxelles ou en province, c’est qu’il en faut bien un, de temps en temps. Encore faut-il savoir qu’il ne percera pas ailleurs, sauf exception.
Si bien que la Belgique est une mine de talents inconnus et qui le resteront. L’original et l’intelligence sensible sont voués à l’anonymat, pour cause de non conformité.
C’est ainsi que nous ignorons des dizaines d’artistes ou d’érudits qui sont écœurés par la pesanteur de l’opinion moyenne dont la ministre de la culture Fadila Laanan est le porte-drapeau (On se rappelle la niaiserie de ses souhaits de nouvel an, véritable déni à l’intelligence).
En Belgique rien ne change, justement parce que le sentiment des gens est que tout change.
La nouveauté ne consiste pas dans l’idée que nous sommes engagés depuis un bon moment dans un processus de stagnation et même de déclin préoccupant. La nouveauté est que nous nous y sommes installés depuis si longtemps que nous finissons par nous y trouver bien.
Voyez le gouvernement provisoire. Il s’est emmitouflé dans le précaire et s’y sent très à l’aise. Depuis que la N-VA chipote sur sa légitimité, tout le monde est convaincu qu’il est un des meilleurs gouvernements que nous ayons eu. Et comment ne le serait-il pas, puisqu’il est exclu qu’il prenne des initiatives du côté des taxes et des impôts, qu’il propose des lois nouvelles qui sont autant de modifications contraignantes d’une vie au jour le jour déjà assez compliquée comme ça. A part Etienne Schouppe, ministre des transports, ivre de changements et gaffeur inouï, tous les autres paraissent apaisés, moins stressés et heureux, en somme, de cette nouvelle manière de gouverner. A croire que les affaires courantes, en limitant les ardeurs, conduisent à une gestion pleine de sagesse.
C’est du côté de la création, des sciences, de l’économie, de la gestion théorique de l’art de gouverner les peuples, du système en général, que cela ne va pas bien.
La misère intellectuelle y est éclatante. Trop d’artistes encensés, d’économistes issus des banques, de politiciens encaqués dans des partis aux vues étriquées, sectaires, sordides se projettent au devant de la scène, s’offrant en spectacle et faisant croire hors de Belgique que c’est ce que nous avons de mieux. Or, comme ils sont d’une rare médiocrité, nous voilà catalogués à leur aune.

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Avant juin 2010 nous n’avions pas encore connu le pire. Est-ce le désastre politique qui joint aux autres désastres nous rendent incomparables à l’étranger ? Le spectacle du dimanche midi de tous ces convoqués de l’actualité est un des plus navrant qu’il soit donné de voir. C’est étonnant que la presse étrangère ne s’est pas emparée de cet effarant défilé d’ultra-marionnettes de l’info, spectacle qui manque en Belgique par défaut de bouffons de qualité, avec nos imitateurs débiles, nos hommes de scène qui ne font rire que des idiots de village. Et encore tout ce petit monde n’a même pas à être comparé à d’illustres prédécesseurs, puisqu’il n’y en n’a pas. Pourtant, ils n’en jouissent pas moins du prestige, du pouvoir et de la faveur des médias.
Ce qui donne l’idée la plus exacte du niveau auquel nous sommes descendus est probablement l’importance démesurée accordée à Etienne de Calataÿ, Francis Delpérée, Pascal Delwit, D. Reynders, ainsi que tous les présidents de partis, à côté des Frères Taloche, André Lamy, Adamo, Cordy, etc. dans un patchwork allant du sérieux aux rires gras, de la politique au sport, du spectacle à la conférence, inimaginable inversion en matière de goût et d’intelligence que l’attention accordée par la sphère publique. Une telle caricature intellectuelle pourrait-elle exister dans une autre culture aujourd’hui, si ce n’est évidemment dans la culture flamande, réplique identique de la nôtre, mais aggravée d’une pauvreté supplémentaire due à la langue ?
Notre pays n’aime rien tant que le fait accompli, la célébrité acquise, le show médiatique assuré. Le scepticisme de l’Université et de la science n’empêche personne de dormir.
Les temps sont impitoyables, la crise est profonde, le système capitaliste n’est pas ce que l’on fait de mieux pour des lendemains incertains, qu’importe « Tombe la neige, impassible (sic) manège ». François Pirette est là, le nouveau Balzac de la Comédie humaine est arrivé.
On est bon pour le grandiose…
Le pouvoir médiatique, responsable principal de l’imposture culturelle, nous promène dans ses labyrinthes dans le but de nous révéler les dessous du système politique, économique, social et culturel, comme il les voit. Nous sommes ravis des explications. Quelques coups de grosse caisse et s’est reparti.
Finis les trublions, les Cassandre, les trouble-fêtes, Hilary Putnam constatant qu’aujourd’hui « …tout le monde chante les vertus du capitalisme, et c’est d’une fantastique indécence! », c’était il y a plus de vingt ans. Depuis, l’indécence a tellement pris de l’ampleur qu’on ne la voit plus.
Les grandes entreprises sont pressées à genoux par nos diplomates et même nos princes, de bien vouloir occuper nos espaces vides qui leur tendent les bras.
Cité par Jacques Rancière, Musil écrivait il n’y a pas des lustres : « Cette vénération n’est pas tout à fait réelle ; il s’y cache tout au fond la conviction assez générale que plus personne aujourd’hui ne la mérite vraiment, et quand la bouche s’ouvre, il est difficile de dire si c’est par enthousiasme ou pour bâiller. Dire aujourd’hui d’un homme qu’il est génial, quand on ajoute à part soi qu’il n’y a plus de génies, cela fait songer au culte des morts ou à ces amours hystériques qui ne se donnent en spectacle que parce que tout sentiment réel leur fait défaut. »

22 avril 2011

Le pénultième ultimatum.

Les voilà bien, nos anciens duettistes du CD&V, Mark Eyskens et Wilfried Martens, à saper, selon Béatrice Delvaux, le travail tout en finesse d’Yves Leterme pour se défaire en douceur de la N-VA de Wafelman !
Mais où va-t-elle chercher cela ? D’autant que c’est Leterme lui-même du haut de ses 800.000 voix de préférence qui a tout fait pour amarrer la N-VA à son parti !
Il est vrai que tenir le lecteur en haleine sur la situation politique en Belgique, relève de la gageure. La faune et la flore des environs de la rue de la Loi n’enthousiasment personne.
Parler de Modrikamen, cet infusoire des profondeurs de la bêtise, est beaucoup moins intéressant que l’étude des champignons du mont Ventoux.
Paul Léautaud, le secrétaire du Mercure de France et occasionnellement critique de théâtre sous le pseudonyme de Maurice Boissard, quand il s’ennuyait ferme à une pièce, ne manquait pas de ressources en digressions de toute sorte. Ses chats lui étaient un réservoir inépuisable d’inspiration. Evidemment, la pièce ne durait pas ce que la crise belge nous gratifie de temps morts.
Faudra-t-il aller jusqu’à conseiller à Wouter Beke, la manière de Hitler partant en campagne contre la Russie, d’emporter un Clausewitz (1) aux tables rondes ?
L’art militaire de la guerre, les manières de passer de l’offensive à la défensive et vice versa seraient bien utiles à nos hommes d’Etat en surchauffe de dialogues négatifs.
La forme défensive de la guerre, écrit Clausewitz, est par elle-même plus forte que la forme offensive. A ce compte, les Francophones auraient sur le papier déjà mérité la victoire. Bart De Wever a-t-il été trop présomptueux ? Ses exigences, toutes plus ou moins inacceptables, réjouissent toujours autant les nationalistes flamands. Ce qui est en train de changer, c’est la manière de poser des ultimatums. « Si vous n’obtempérez pas à mon offre, je romps les négociations ». C’est propre, c’est clair, c’est net. Sauf que l’ultimatum n’est pas suivi d’effets et qu’il en est au troisième !
Il paraît que celui-ci est le bon et que c’est fin du mois que Wafelman se retire sous sa tente. C’est exactement ce que souhaitent nos deux retraités du Cd&V cités ci-dessus. Ils ne sont pas les seuls, évidemment. Leterme depuis qu’il s’est découvert une vocation de premier ministre attend ce jour avec une impatience qui se devine. Di Rupo en rêve dans sa piscine de Mons et Joëlle Milquet pourrait avoir un orgasme devant les caméras à la bonne nouvelle.
Ainsi, on n’aura pas à se fâcher avec lui, puisqu’il s’en va !
A la réflexion, au troisième ultimatum, il aurait intérêt à faire ce qu’il dit. C’est une question de crédibilité dans l’opinion chez les pointus, la droite militante et les nostalgiques du 3me Reich qui forment la colonne vertébrale de la N-VA.
Le fera-t-il ?

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Rien n’est moins sûr. On a oublié trop vite comment la N-VA s’est fait connaître : à coups de bluffs et de propagande à deux balles. On se rappelle encore les paquets de faux billets représentant l’argent que la Flandre est censée reverser à la Wallonie chaque année à des titres divers qui touchaient surtout la sécurité sociale et le chômage et que ces affidés promenaient sur les pavés d’Anvers.
C’est à ça qu’on reconnaît l’activiste dont la fonction première n’est pas d’imaginer de meilleures lois, mais d’exprimer son opposition à celles qui existent, à seule fin de capter l’intérêt primesautier du plus grand nombre (voir la chronique d’hier).
Si l’ultimatum entre dans le cadre d’une propagande délibérée, il n’est pas dit que Wafelman lâchera le podium sur lequel il promène ses versions latines et lui apporte des voix supplémentaires.
S’il s’y résolvait, ce serait un pas important pour la sortie de crise.
Toujours de Clausewitz « Toutes les campagnes qui se sont distinguées par la temporisation visent principalement à l’anéantissement de l’adversaire par ses propres efforts… ».
Alors, ses adversaires auront eu raison d’attendre près d’un an que la N-VA, les griffes usées, jette l’éponge.
Sauf qu’il faut se méfier de la N-VA et de son inspirateur. Adolf n’est-il pas allé jusqu’à faire incendier le Reichstadt ?
---
1. « De la guerre » Carl von Clausewitz, in « Arguments » les Editions de Minuit, 1955.

21 avril 2011

Perspective de deux jours perdus !

Le mariage de William et de Kate, c’est le 29 !
La place réservée à cet événement dans les journaux et magazines va aller croissante. Puisqu’il ne touche directement que deux familles, le bruit qu’on en fera sera assourdissant ! Les médias auraient pu consacrer l’espace occupé à des informations s’adressant à l’intelligence des gens. Le besoin d’être informé de la chose est-ce l’expression de la volonté d’une population entière qui souhaite qu’on en écrive ou l’intérêt financier d’une minorité de commerçants-journalistes ?
Si, c’est le nombre qui se lâche à propos du mariage du dernier des Windsor, la démonstration est faite que les majorités ne sont aptes qu’à vivre dans le futile.
Aimer le léger n’est pas un crime. Le théâtre a ses droits, les clowns leur public. Les mariages princiers font soupirer Margot. La civilisation des loisirs pourrait n’être pas que le prétexte du consumérisme, comme les sentiments sont les victimes de la sensiblerie. Cependant, il faut se rendre à l’évidence : la majorité des gens est de plein pied dans le people…
Oui, mais alors… c’est tout le système qui est à revoir. Les élections, l’art, les banques, le petit personnel des sommets, de l’OTAN à l’Europe, c’est tout, vraiment tout, qui ne vaut pas tripette, puisqu’il conviendrait, pour la conduite du pays, que la majorité soit sérieuse et réfléchie, alors que cette majorité s’intéresse à la longueur de la traîne de Kate Middleton et à la calvitie naissante, de William.
Et après ça, si cette majorité dévergondée ne quitte pratiquement pas les stades de football en journée et les séries télévisées en soirée, comment voulez-vous l’associer à une entreprise qui porterait sur la gravité de la situation politique, après un an de discussions et de tables rondes, sans résultat ?

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Comment rester crédible dans les informations « sérieuses », quand on utilise son talent à la gaudriole !
Qui nous dit que, ce qui passe pour sérieux, ne soit en réalité qu’une supercherie mal préparée, un sketch mal agencé, complètement à côté de son projet de faire rire ?
Par exemple, l’acharnement à trainer un pédophile comme l’évêque Roger Vangheluwe dans le caca médiatique. Et si ce prêtre n’existait pas ? S’il avait été inventé par un esprit facétieux à seule fin que les fidèles désertassent les Eglises pour consacrer les dimanches aux jeux de casino ?
A qui se fier de nos jours ?
Certainement pas à Richard III me répondriez-vous !
Et pourtant, si vous voyiez des collecteurs de fonds sillonner les rues, afin de trouver des arrhes pour Maîtres Dumas et Vergès chargés de rétablir le droit de l’évêque à s’asseoir sur son fauteuil épiscopal ? Plutôt que vous lamenter sur le risque de l’enfant de chœur, vous seriez persuadés que l’évêque existe et vous seriez tout prêts à regretter vos heures perdues à soupirer au bonheur de Kate et de William.
Vous commenceriez une carrière de lecteur sceptique !
Parce qu’il y a une hiérarchie de l’événement drôle, heureux ou rigolo. Et qu’on n’amuse pas les peuples rigolards en leur faisant découvrir outre les salauds qui les entourent, l’immense tromperie qu’est l’organisation d’une élection, synthèse d’une métaphysique des classes sociales.
Et là, on se heurte à un grand principe. Les Institutions, les Banques, les Gouvernements, les Classes moyennes, les règles du libéralisme, sans oublier les Eglises, tout ce qui, enfin, ne peut jamais être mis en cause, pour la bonne raison que cela porterait atteinte à l’ordre public, est intouchable !
Par contre, tous les hommes courent le risque de finir en épouvantail à moineaux. Seuls y sont adjointes au titre d’abominations, des institutions dérangeantes, franc-tireur de l’équilibre : les extrêmes gauche ou droite, les sectes, les associations insolites...
Le grand public aura donc dans l’immédiat une date à retenir, le 29 avril pour le mariage du prince et de Cendrillon, et dans quelques temps, celui du prince de Monaco et la crawleuse Charlène .
Voilà deux jours qui pourraient utilement être consacrés à la réflexion sur la situation en Belgique. Vous me direz, on en a déjà tellement perdus depuis juin 2010 !

20 avril 2011

La chasse aux cons !

Le mot valise ne connaîtra pas de trêve cette année.
Comme la neige au sommet, la connerie est éternelle chez nos élites. Plus ils paraissent indemnes, plus ils en sont accablés !
C’est comme ça, nous sommes dirigés par des cons et nous n’y pouvons rien. Sauf que nous nous y sommes laissé prendre le jour fatal du 13 juin 2010, et que nous en sommes devenus de fameux, à cause d’eux !
J’ose ici faire la déclaration de ma propre connerie, puisque j’ai voté pour un parti le 13 juin, sur un programme irréalisable. Aujourd’hui les enflures qui m’ont enfumé se foutent de ma gueule et m’ignorent complètement.
Pourquoi me direz vous, cher lecteur, mon frère, votre serviteur d’habitude si poli pète les plombs ? Comment ne pas déraper quand je me sens cerné par la plus belle collection de voyous qu’il ait été de voir dans une démocratie bidon comme la nôtre ? Je me débats, je crie, je me révolte et je défends ma vie avec mon portefeuille…
Et puis le voyou au-dessus d’un certain rang s’offusque du manque d’égard du petit peuple ; alors qu’il a l’âme veule et l’injure à la bouche dès qu’il se croit en privé.
Voir l’exemple de Sarkozy cité par Maurice Szafran dans Marianne. Alors, on ne peut pas être en reste. C’est même un devoir citoyen de crier au meurtre, à l’assassin !...
Parfois, l’un d’entre ces bijoux du peuple a un éclair peu ordinaire. Ainsi, Tobback père (SP) a dénoncé jeudi le jeu de la N-VA « Mais quelle prétention anime ces gens ? Ils ne veulent assumer aucune responsabilité gouvernementale, et lorsque le gouvernement fait quelque chose sans eux, alors ils sont furieux » (entendu sur les ondes de la VRT-radio).
Voilà presque un an que le public est au courant de la tactique des extrémistes flamands. Le père Tobback découvre en avril 2011, ce que tout le monde savait fin de l’été 2010. Alors, le maître nageur montois rendait son slip rouge au roi, et au lieu de tirer les conséquences du blocage, il participait au show des acteurs suprêmes, qui dure encore en avril 2011.
Avec Louis Tobback qui dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas, d’autres « sommettistes » ont joué les éclaireurs, Jean-Mi Javaux plus par bêtise que par calcul et Joëlle Milquet, par goût d’astiquer les médias, afin de leur signifier qu’elle est la femme la plus lucide et la plus glamour du pacage. Seul Olivier Maingain n’a pas « girouetté » !
Entendons-nous sur leur connerie. Elle ne signifie pas que ce sont des abrutis, des beaufs qui ont piscine mercredi soir, des batteurs d’estrade mortifiés souhaitant du malheur au fils Michel, président du MR. Pas du tout. La connerie est plus tordue. C’est une connerie plus complexe, celle qui confond l’esprit de liberté à l’esprit de servitude et qui pense que tant qu’il y a un Etat, Bart De Wever ou un autre…

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Parce qu’ils étaient tous au courant dès le début : cela ne marchera jamais avec la N-VA.
Ce parti est le champion de la poudre aux yeux et du factice, il tient de la magie du bonimenteur de foire. On voit bien que dans les tours de Bart De Wever, il y a un truc. Mais on fait comme si, du moment que les Flamands applaudissent !
Si Wafelman veut prospérer, il a intérêt à dire non et faire croire que ce sont les autres qui ne veulent pas conclure. Son existence tient à un fil, celui de la crédulité du Flamand nationaliste. Tant que celui-ci le croira capable de faire des merveilles, la combine marchera.
Jusqu’à présent, les autres partis n’ont pas osé dire la vérité. Ils ont cru pouvoir acculer la N-VA à un programme qui aurait été, il y a seulement un an, accueilli avec ferveur par n’importe quel flamingant. La connerie des adversaires de la N-VA est là. Ils ont imaginé le peuple flamand plus mature qu’il n’y paraît et que, peu à peu, les turpitudes de la N-VA sauteraient à la figure des gens. En même temps, ils jouaient le jeu de l’extrémiste. Ils entouraient les tractations de secret, laissant ainsi la N-VA prolonger son manège à l’ombre de nos jeunes filles en fleur !
Croyant mettre Wafelman en boîte, ce sont eux qui sont tombés dans le moule à gaufre !
Ils ont compté sur les petites phrases, les sorties désabusées des tables rondes pour que les Flamands découvrent par eux-mêmes le toc de la N-VA. C’est le contraire qui s’est passé ! Les Flamands, plus nationalistes que jamais, s’arc-boutent et s’obstinent sur les emballements du début de la N-VA, mieux, raffolent du gros au grand dépit des autres.
Chose inattendue : le délitement au lieu d’avoir lieu en Flandre, se fait en Wallonie !
De plongeur du Lac aux Dames, Elio devient le plongeur du Lac aux Drames !
Personne ne croit à la capacité des négociateurs francophones de sortir de l’impasse.
Wouter Beke prévoira bien quelques dîners de cons avec rebondissements et suspense. En attendant, qu’est-ce qu’on perd de temps ! D’ici deux mois, le roi compte bien faire de la chaise longue sur le pont de son nouveau navire et lorgner du coin de l’œil les topless de la Napoule à la Croisette.
En faisant semblant que tout n’est pas perdu et que tout est possible, de la connerie militante, nos cons de première passent de la bêtise au crime. D’hébétés, ils deviennent gangsters. L’Omerta leur faisait défaut. En attrapant le pli, voilà le temps des fortifs et des surineurs qui annoncent les affranchis qui jouent avec nos burnes au pied de la contrescarpe…

19 avril 2011

Des candidats à foison.

La candidature de Nicolas Hulot à la présidence de la République relève du gadget politique, disent certains, et de souligner son amateurisme et son manque d’ancrage à gauche.
Pour Eva Joly, candidate des Verts, il passe pour ce que Dominique Strauss-Kahn est pour Martine Aubry au PS, une manière d’occuper le terrain, afin de rester dans la mémoire des gens jusqu’aux élections de 2012. Sauf s’il passait d’amuseur public à concurrent sérieux, c’est une manière de mettre en valeur l’écologie par un non-événement.
DSK est plus crédible pour le PS que Nicolas Hulot pour Europe écologie- les Verts. Le premier est un vieux routard de l’appareil, le second, une vedette de TF1, n’a aucune chance d’investir le parti des Ecolos. Tout au plus l’intégrera-t-on dans une sorte de scrutin de désignation d’un candidat, s’il le souhaite. Sinon, sans base politique et lui-même sans formation du même genre, il reste un marginal. Il risque de concourir à l’échec de l’écologie par l’éparpillement des voix, au cas où il persisterait seul, à se présenter.
L'idéal serait la synthèse des deux candidats : Hulot-Joly. Mais, au-delà d’une concurrence normale entre les personnes, il y a un écart idéologique important entre elle et lui.
Comme DSK, Borloo et les autres, Hulot est un produit centriste. Il n’a pas une culture de gauche.
« On a tous intérêt à ce que ça se passe bien. On ne va pas jouer au jeu du PS contre Ségolène Royal. », explique un écolo proche d'Eva Joly. C'est sans doute vrai. On ne sent pas d’agressivité chez la candidate vis-à-vis de Nicolas Hulot… mais, c’est à condition qu'il se plie au primaire : «Le meilleur candidat, c'est celui qui sera désigné. Si c'est Hulot, je soutiendrai sa candidature. », assure Eva.
Paradoxe, les écolos ont un programme plus à gauche que les candidats déclarés à ce jour du PS. DSK (s’il se présente), Martine Aubry, François Hollande et Ségolène Royal, tous modérés. Les Verts se situeraient entre le PS et Mélenchon.
Avec les turbulences à droite, un Bayrou candidat de longue date, Borloo qui se pointe et Villepin qui se tâte, si Hulot en est, le Centre voit une prolifération peu commune de candidatures.
Tiraillée par le centre et l’extrême droite, l’UMP est à l’image de Sarkozy, en pleine confusion et dans l’incapacité d’arrêter un plan pour les présidentielles de 2012.
Mais qu’est-ce donc ce centre « mythique » qui attire les candidats en si grand nombre, sinon l’illusion d’un réservoir de voix ? Le malheur, au comptage après l’élection, on s’aperçoit que le Centre, au moment du vote, ne tient jamais ce qu’il a promis dans les sondages.
Reste les primaires au PS et chez Ecolo pour faire le show. La secrétaire nationale de ces derniers, l’excellente Cécile Duflot, compte 18 000 militants à jour de cotisation. Un électorat plutôt pro-Joly. D'où les conditions posées par Nicolas Hulot : il veut du temps pour recruter, élargir ce corps électoral et offrir à chacun sa chance.

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Au jeu des primaires, Europe Ecologie – les Verts ont un avantage sur le PS. Cécile Duflot, secrétaire nationale ne se présente pas pour les présidentielles. Elle peut donc sereinement gérer la procédure du scrutin des primaires en toute impartialité. Le cas d’Aubry est différent. Son élection au secrétariat national a souffert de tricheries avérées. Si en plus elle se présente au même titre que les autres candidats, on peut craindre que le scrutin soit contesté par les perdants.
Retour chez les Ecolos, Nicolas Hulot rassure « Je ne doute pas que nous allons trouver une solution ». « Il a mis cinq ans à se décider, note Eva Joly. Il est sorti de l'hésitation, pas de l'ambiguïté. Mais pour moi, ses conditions ne posent aucun problème. » Sauf que la primaire est prévue avant l'été...
Eva Joly construit sa réflexion sur la financiarisation de la société et sur la recherche du gain immédiat qui pille les richesses de la terre et exploite les hommes. Appliqué aux banques, aux multinationales ou au nucléaire, ce triptyque profits-environnement-social donne un projet très radical, très à gauche, bien loin du concept de Hulot, un peu sur la ligne de l’écologie belge, avec un Javaux plus centriste-chrétien que jamais...
Chez Hulot, il y a bien une « acceptation du lien entre l'écologie et le social ». Mais, « ne pas parler du nucléaire alors qu'il y a eu Fukushima, ça veut dire quelque chose ». Europe Ecologie-Les Verts « prétend changer de système », alors que Nicolas Hulot serait un peu le télé-évangéliste de l'écologie, en excellente relation avec les acteurs du système. « C'est pour cela, dit un membre de l'équipe Joly, que l'on veut un débat plus qu'un sacre. Il faut que l'on tienne sur le fond. Après, la pommade, c'est secondaire.»
La campagne pour les primaires Europe Ecologie- les Verts, si elle plaçait Hulot en bonne place, pourrait le mettre en difficulté dans ses relations avec l’industrie, TF1 et ses sponsors. TF1 vient justement de préciser à la suite du dépôt de candidature de son animateur, qu’elle suspendait ses contrats. Par le passé, certaines compromissions avec le pouvoir et l’argent auraient déjà fait « désordre » à « Ushuaia-Nature ».
Décidément, les primaires au PS comme chez les Verts risquent d’être aussi passionnantes que l’élection proprement dite du successeur de Sarkozy.

18 avril 2011

Un dimanche à l’éros-center.

Un mystère plane sur le programme de « Mise au point » de ce dimanche 17 avril.
La RTBf l’avait pourtant annoncé, puisque les journaux spécialisés en télévision en témoignent.
En remplacement – pourrait-on dire au pied levé – un vieux machin sur l’homéopathie. Question placebo, les animateurs de « Mise au point » auront été servis ! La dose infinitésimale, ça change un peu du flux verbeux.
Y aurait-il eu un brusque désir de plage de nos deux loustics de service en cette mi-avril ensoleillée ? De la désinvolture et du sans-gêne de Philippot et consort pour les téléspectateurs ? Une engueulade qui se serait mal terminée ou bien une mystérieuse affaire, comme il s’en passe deux fois par an à la RTBF, suivie d’un départ immédiat ?
Toujours est-il que Vrebos pour « Controverse » était bel et bien aux manettes sur RTL, avec un titre prometteur : « légalisation de la prostitution », ceux d’en face étant forfait. A moins, que Croquebol et Filochard, les concurrents traditionnels de RTL, n’aient poussé la conscience professionnelle en allant aux putes afin de pénétrer leur sujet à fond, en bons artisans de l'image ?
Et qu’ils n’en seraient pas revenus !
Donc, sur le plateau de RTL, le bourgmestre Willy Demeyer explique qu’il veut doter la bonne ville de Liège d’un Eros Center en jumelage avec Seraing, en cause le sempiternel débat du racolage sur la voie publique qui fait mauvais genre, l’hôtel de passe, le mac et le poulet, le slip de la fille qui sent le graillon antiseptique, pour du fric, ou alors, la taule à Willy avec le frisson authentique dans des locaux aseptisés et confortables, toujours pour du fric, mais avec des garanties de qualité rapport-prix, de l’hygiène, et un chauffage central qui fonctionne, plus un pied de nez aux proxénètes obligés d’attendre leurs marmites en-dehors de l’établissement, mais toujours avec des poulets à tous les étages.

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Sur le plateau, la magnifique Sonia, prostituée de cinquante berges, avec son franc parler et se qualifiant elle-même de pute, permet aux coincés de moins trafiquer les mots, d’appeler un chat, un chat, effort verbal qu’un usage télévisuel de la bienséance empêchait jusque là.
Et avec elle, tout le panel en défilé spécialisé dans la branlette télévisuelle et son cortège de purs et d’impurs, le flic de service et la psy interchangeable avec la pute, comme il se doit.
Côté émotion, un handicapé réclamant de la tendresse sous l’œil soudain, attendri de Sonia la vaillante et Paul Merckx, directeur d’une maison de repos qui, tout en ne voulant pas tomber dans le proxénétisme hôtelier, est heureux de voir ses lascars de plus de quatre-vingts berges qui s’arrangent pour se passer les bonnes adresses d’élégantes mères de famille qui viennent arrondir des fins de mois en leur compagnie, sous le patronage du dirlo…
Grégoire Théry de Nid-France et Pierrette Pape du lobby européen des femmes étaient là pour rappeler la morale, dans un discours un peu à côté, puisque la morale dans la société de consommation n’existant plus nulle part, ce serait un comble qu’elle eût encore une place sous les strings de la galanterie.
C’est ce qu’essayait de faire comprendre aux téléspectateurs la belle Sonia, l’air distingué comme sortant d’un séminaire place du XX Août, qui défendait le métier et son commerce avec l’âpreté d’une Sabine Laruelle aux Classes moyennes. Michèle Vilain, en face, animatrice de rue, avait l’air déglingué d’une créature qui ferme son salon après dix heures de passes non-stop.
A la place de l’handicapé visiblement en manque, je posais ma candidature pour quelques câlins de la belle Sonia et en même temps, dans le souci d’informer le public, je lui demandais de préciser ses tarifs du côté de la gare du Nord, où elle officie.
C’est du reste elle, dame de petite vertu mais au grand cœur, qui osa citer Lacan « L’argent libère du joug de la reconnaissance. » Ce qui ne veut pas dire que Lacan n’était pas un grossier personnage pour l’occasion, si, de part et d’autre, entre celui qui paie et celle qui reçoit, il n’y a rien que les quelques mots commerciaux « C’est combien le trapèze bantou – c’est cinquante plus dix si t’éjacule pas dans les trois minutes », sans que ces précisons fussent accompagnées d’une civilité d’usage, même en pareilles circonstances, du genre «Vous êtes bien aimable. Vous avez vu ? On dirait qu’il va pleuvoir ! ». Et elle de répondre « Chéri, t’as le poil soyeux comme mon labrador. »
Quant à l’éros center, il y a bon espoir de voir la ville de Liège casser les prix de location de la chambre qui varie dans les piaules à Bruxelles Nord de 700 à 1000 euros la semaine.
Que celui qui condamne le commerce infâme médite cette pensée de Saint Jean (I, 26) Medius vestrum statit quem vos nescitis (1).
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1. Au milieu de vous se tient quelqu’un que vous ne connaissez pas.

17 avril 2011

Il y a l’ange et lange.

Le Roger-la-honte de l’œuvre de Jules Mary fut réhabilité, mais ce n’était qu’un roman. Ce ne sera pas le cas de l’évêque Roger Vangheluwe, entré dans le fait-divers pour pédophilie et pas près d’en sortir. Le roman de ce Roger-ci est l’histoire d’un oncle qui aimait trop à se faire plaisir et accessoirement ses neveux, pour être honnête. Dieu ne lui en aurait pas tenu rigueur, s’il n’y avait eu l’opinion publique ; mais aussi, le goût du personnage pour les people. Qu’avait-il besoin d’étaler ses stupres devant nous, ses employeurs, titre que nous avons, vous et moi, en notre qualité de contribuable ! D’autant qu’en plus, comble des combles, ce Corydon des temps modernes avait tous ses crimes prescrits ! Il pouvait donc dormir du sommeil de l’injuste qui s’en branle.
On a rarement vu un évêque aussi peu discret sur ses turgescences en famille. A vrai dire, l’intermédiaire de service entre dieu et le misérable, ne l’avait condamné qu’à deux « Pater » et trois « Je vous salue ». A ce prix là, Vangheluwe faisait récidiviste et bienheureux, sans problème.
Bien entendu, l’interview à la VRT n’arrange pas le saint commerce de l’église.
L’aspect « plus un sou aux curés » d’un PS des années d’avant la paix scolaire remue des souvenirs. Nul doute que la charmante Nadia Geerts, dès qu’elle sera de retour parmi nous après des Pâques exotiques, se fera un devoir de recentrer le problème de la politique laxiste de l’Etat belge vis-à-vis des cultes, privilégiant depuis 1804, les émules du Saint curé d’Ars, par rapport aux farouches barbus de Mahomet, seulement reconnus depuis 1974.
La Dernière Heure - qui n’aime pas les curés - donne le salaire puis la pension de l’ex-évêque, ce qui fait bouillir le lecteur laïc et donne une meilleure idée de ce que l’on entend par Etat belge catholique.
Le prix de l’essence est bien plus vite adapté aux trous du cul d’Elf qu’à celui de son éminence, demandé vainement à la baisse.
Ça paie bien le métier de cureton, en Belgique !
Parmi les dix-huit rangs des gradés de l’Administration Demotte, les évêques sont aux premières loges, dans les stalles du chœur du Grognon affectées à cet effet, juste derrière les secrétaires généraux.
A ce prix là, on peut avoir les burettes de chez Cartier, la cuculle de chez Hermès et les mules Cerutti, sans oublier la Rolex pour ne pas rater les sorties d’école.

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Globalement, les dépenses publiques consacrées aux cultes et aux cours d'instruction religieuse peuvent être estimées à 585 millions d’€ (année 2000).
L'Église catholique a obtenu 80 % de cette somme, et le mouvement laïque 13 %, tandis qu'aucune des autres communautés religieuses reconnues ne dépassait 0,6 %. L'importance des sommes attribuées à l'Église catholique par rapport à celles qui sont accordées aux autres cultes est de plus en plus critiquée, car elle ne correspond pas à la réalité sociale. C'est pourquoi la réforme du système de financement public des Églises et l'introduction d'un impôt cultuel sont parfois évoquées.
Les communautés religieuses bénéficient du régime fiscal des associations sans but lucratif.
Pour le Roger-la-honte belge, une réduction à l’état laïque n’entraînerait pas une perte de ses revenus. Il pourrait continuer à recevoir sa pension : 2.800 € net le mois.
Un tôlard ne touche pas de pension en prison. Il est vrai que Roger ne sera jamais tricard. C’est tout bénef pour Dieu, qui exige des cotisations comme au PS. Si Vangheluwe veut être en règle de cotisations célestes, il doit verser une partie de son oseille au guichet du Vatican. Comme quoi, Vespasien avait bien raison de dire à son fils que l’argent n’a pas d’odeur.
Ce scandale éclaire aussi l’inégalité des pensions en Belgique. Sans augmenter les cotisations, une certaine décence voudrait que les catégories de pensionnés soient réduites à trois ou quatre, avec un écart n’excédant pas mille euros entre la plus basse et la plus élevée, le tout dans un programme unique pour tous les pensionnés privés ou publics, parlementaires compris. On pourrait ainsi relever la pension minimale d’une carrière complète à 1500 euros net, sans augmenter les déficits.
Le standing de Roger ne serait touché en rien. A moins que son vice ne lui coûte les yeux de la tête. Il pourrait alors envisager d’écrire ses mémoires. Préfacé par Léonard, ça pourrait faire un best-seller !
On voit d’ici le bon berger à la FNAC, dédicacer ses œuvres.
-C’est pour qui, madame ?
-Mon fils monseigneur…
-Quel âge a-t-il ?
-Il sera majeur l’année prochaine.
-Vous me l’enverrez quand il le sera. Vous comprenez- depuis qu’on me fait des misères… On verra ce qu’on peut faire pour lui…

16 avril 2011

Hôtel du libre-échange.

L’Europe de droite est toujours accroc au libre-échange. Le trio formé par Trichet, Barroso et Van Rompuy n’en démord pas. L’Europe stagne. Certains des Etats membres ne trouvent pas de solutions à leurs dettes. Qu’à cela ne tienne, le trio tient bon.
Dans le programme du PS français pour les présidentielles, Martine Aubry semble avoir fait le deuil d’une approche libre-échangiste. Le combat entre les tenants du libre échange et les partisans du protectionnisme redevient actuel. Le dernier rallié au protectionnisme sous certaines conditions est… Michel Rocard !
On ne sait rien des intentions du PS belge dans ce domaine. Le maître-plongeur de Mons avait piscine, pendant le virage du PS français. Il n’a pas encore eu le temps d’y réfléchir.
Pour quelqu’un aussi près des gens qu’il le prétend, c’est pour le moins fâcheux de n’avoir pas d’avis sur les deux voies possibles du capitalisme, dans le cadre d’une économie libérale à laquelle le PS est attaché.
Pour rappel, le libre-échange est un système de commerce international reposant sur l'absence de barrières douanières à la circulation des biens et des services.

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C’est Cordell Hull, le ministre de Roosevelt, qui est en grande partie à l'origine du retour au libre-échange après la Seconde Guerre mondiale, il s'agit du principe de non-discrimination appliqué au commerce de biens et de services. Dit de cette manière, cela pourrait ressembler à un conte de fée : le monde devenant un grand souk fraternel. En réalité, du plus petit, au plus grand Etat, à savoir les USA, depuis toujours c’est un marché de dupes où les tricheurs abondent et usent de mille et une manières de leurs moyens financiers pour soutenir leur économie sans avoir l’air d’y toucher. Comme par exemple les USA accusant l’Europe de soutenir Airbus, alors que Boeing est manifestement sauvé régulièrement de la faillite par des arrangements avec les finances publiques américaines.
Par contre, les patrons, eux, sont comme des poissons dans l’eau et ont trouvé par la décentralisation et la fabrication off-shore les moyens d’accroître leurs dividendes. Quant à la concurrence, tant de fois mise en avant comme prétexte, c’est une douce rigolade bonne à servir d’alibi pour les peuples anxieux.
Le GATT puis l'OMC ont été créés pour abaisser les barrières protectionnistes et en limiter l'usage autant que possible.
Le Canada, avant l’adhésion à l’ALENA, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Suisse ou la Norvège, ne vivent pas plus mal parce qu’ils sont en-dehors d’un marché de près de 500 millions de consommateurs. L’industrie, les services et l’économie de ces pays n’ont rien à envier à l’Union européenne.
Quant au protectionnisme, auquel les socialistes français annoncent leur adhésion après l’avoir longtemps combattu comme une forme de nationalisme, c’est une politique économique interventionniste, consistant à protéger ses producteurs contre la concurrence des producteurs d'autres États. Les buts peuvent être le maintien de l'emploi dans certains secteurs d'activité, la diminution du déficit commercial, ou la défense du niveau de vie. Les mesures protectionnistes consistent essentiellement à freiner les importations (barrières douanières, normes contraignantes, freins administratifs...), encourager les exportations (subventions diverses, incitations fiscales), privilégier les entreprises nationales dans les appels d'offres de marchés publics, ou empêcher les investisseurs étrangers de prendre le contrôle d'entreprises nationales.
Il suffit de faire le compte des entreprises qui se sont fait la malle pour des pays à la main d’œuvre moins payée, de voir où en est la désertification des zonings et l’augmentation du nombre de chômeurs, pour enterrer complètement l’illusion d’une économie européenne basée sur les services et les industries de pointe, tandis qu’elle s’ouvrirait au monde.
L’ouverture des marchés n’a conduit jusqu’à présent qu’au transfert des technologies aux pays dits en voie de développement et la formation de concurrents capables d’intégrer les industries les plus performantes. La chemise chinoise à 5 euros (voire moins) n’a pas que décimé notre industrie textile… son principe élargi à l’ensemble des produits et des techniques désertifie les zonings européens, après avoir fait des ravages de Detroit aux Appalaches.
Le fameux slogan « il vaut mieux apprendre à pêcher pour se nourrir, plutôt qu’attendre qu’on vous donne du poisson » a été compris par beaucoup de pays en voie de développement. Et c’est tant mieux. Sauf que certains d’entre eux pêchent, construisent des conserveries et, ils en sont au stade de la fabrication des machines qu’il faut mettre dedans. On se souvient du rachat pour trois fois rien par la Chine, des Tubes de la Meuse, cette usine performante de la Région liégeoise que Jean Gandois ne voulait plus. On peut toujours essayer à présent de vendre aux Chinois des tuyaux ou du fil de fer !
Avant que Martine Aubry ne soit convaincue qu’une bonne dose de protectionnisme soit nécessaire, Marine Le Pen l’avait précédée dans cette nouvelle approche d’un ancien péché redevenu vertu. C’est que le protectionnisme peut déboucher sur le nationalisme. Avec les Flamands en plein dedans, on perçoit mieux le danger en Belgique, qu’en France.
Un protectionnisme tempéré serait le bienvenu. Le danger c’est qu’on fasse du chacun pour soi en Europe et que des 500 millions de consommateurs potentiels, ne restent que des entités de quelques millions.
Un partisan du protectionnisme, Emmanuel Todd, a un avis intéressant. Le monde politico-médiatique se serait détaché depuis quelques années des préoccupations des classes populaires et des classes moyennes. D’après les études qui ont été faites sur le résultat du référendum de la Constitution européenne de 2005, le citoyen aurait été largué par ses élites !
Un protectionnisme à l'échelle de l'Union européenne permettrait de combattre la montée des inégalités et la pression sur les salaires exercées par la mondialisation de l'économie.
Comme l’Europe a mis le cap sur une politique de droite, il faudra bien se faire une raison. Le protectionnisme « éclairé » ce n’est pas pour demain.

15 avril 2011

Compromis = compromission.

La politique du compromis à la belge a-t-elle atteint ses limites ou vient-elle de démontrer que tout compromis est aussi quelque part une compromission ?
Les deux mon général.
Les tractations, d’aucuns diront les marchandages, qui ont prévalu jusqu’à présent dans les accords de gouvernement entre partis et aussi entre Régions ont toujours été vantées comme le sommet de la diplomatie et les mélanges des possibles. Di Rupo, intarissable sur les vertus des compromis nous a abondamment fait savoir que la sagesse avait toujours compté dans ses choix et qu’une revendication satisfaite à 50 %, en tenant compte de l’avis des autres, était quand même un progrès.
On veut bien admettre ce raisonnement dans le cas d’une revendication qui porte ordinairement sur une meilleure situation sociale, une adaptation à la loi ou une quelconque « petite » victoire, plutôt qu’une grande.
Personne n’a, jusqu’à présent, vu l’autre aspect du compromis, à savoir celui d’une proposition dans le sens contraire d’une revendication de progrès, qui réclame des sacrifices, voire des renoncements à des situations plus favorables. Cela concerne aussi bien la vie du citoyen en général que l’aspect des relations avec les donneurs d’emplois et les fonds du chômage et des pensions.
Peut-on, dès lors, parler de l’art du compromis ?
L’honneur, la parole donnée et la conviction dans tout cela ?
L’honneur va au-delà des questions de régime, sinon plus que la conviction.
Ce sentiment n’est ni de droite, ni de gauche. Quand on s’y laisse prendre, il n’est plus question que de déshonneur. Il est impossible de dire, j’ai gardé mon honneur, et dû abandonner 50 % de mes convictions.

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Jacques Julliard dans « L’argent, dieu et le diable » rapporte les propos tenus dans « les cahiers du témoignage chrétien » par Bernanos « Nous croyons qu’il y a un honneur de la politique, nous croyons non moins fermement qu’il y a une politique de l’honneur et que cette politique vaut politiquement mieux que l’autre ».
Dans le summum du compromis qu’est la Belgique, on se demande si de compromission en compromission tout l’appareil politique belge n’est pas gangrené par un manque de conviction qui n’est en réalité qu’un déshonneur inavoué parce qu’inavouable.
Etrange alliage que celui qui consiste à mélanger honneur et politique ! Bien des personnages au premier rang de la vie politique n’ont jamais compris quel sens il fallait attacher à leur désir d’y faire carrière.
Ou plutôt, ils l’ont bien compris même avant de s’y engager, mais ils se sont toujours bien gardés de laisser paraître derrière les raisons sentimentales du bien général, des sentiments plus troubles et plus confus dont ils ne veulent rien voir eux-mêmes, et qui percent parfois, malgré eux, dans la vanité de se laisser interviewer à domicile, dans leur parc ou dans leur bibliothèque tapissée de livres de prix, ou dans le confort des grosses berlines sorties dans les grandes occasions.
Hé non ! la politique ne mène pas à l’honneur dans nos démocratie. Elle ne le peut pas par défaut de caractère de celui qui se fait mandater justement pour en avoir ! Le héros ne fréquente pas la rue de la Loi. Il n’est en général reconnu qu’en temps de guerre. Or, nous ne sommes pas en guerre. Nous sommes dans une démocratie de compromis.
Et pourtant, si c’était à refaire ? Si Daladier avait eu l’âme d’un héros en 38 devant Adolphe Hitler, peut-être eussions-nous évité la deuxième guerre mondiale ? Si Léopold III, au lieu de se souvenir qu’il était de Saxe, avait été avant tout de Belgique, peut-être y aurait-il eu à son retour triomphal de Londres, au lieu de celui moins glorieux du IIIme Reich via la Suisse, moins de tension entre les Communautés qui se sont déchirées, justement, parce que Léopold III n’était pas un héros.
Le citoyen n’élit pas des héros ; tout au moins espère-t-il, qu’ils aient de l’honneur.

14 avril 2011

Un pessimiste invétéré.

Richard3.com existe depuis bientôt huit ans, à raison d’une chronique par jour, si l’on excepte quelques rares journées sans, cela fait 5840 feuillets (1), soit les textes de 23 romans de plus de 250 pages. Ceci n’est pas servi sur un plateau dans l’intention de mettre en valeur la performance ; mais, pour uniquement souligner qu’un citoyen ordinaire peut jeter autour de lui un regard critique et joindre l’écriture à l’observation sur une longue durée.
Une chose cependant m’embarrasse qui n’a trait ni aux événements, ni aux personnages réels ou de fiction faisant partie de l’univers que j’observe, ni même à la qualité bonne ou mauvaise de l’écriture et encore moins à l’intérêt ou à l’indifférence que ce travail suscite parmi des lecteurs ; mais au caractère pessimiste qui en ressort généralement.
Quand on aborde Richard3.com par hasard et qu’on y reste un long ou un court instant, c’est sans doute ce qui vient à l’esprit en premier lieu : « Ce type doit avoir toutes les misères du monde ! Les Twin Towers ont dû tomber sur ses pompes ! Tout n’est pas si noir que ce qu’il dit ! La loi, les élus, les avocats, les flics, ils ne respectent rien ! », etc… On me voit grabataire en train de crever et condamnant de mes cancers le reste de l’humanité, mon seul espoir étant que tout le monde crève en même temps ! D’autres me suspectent d’être le prince des cocus ou le roi des cons, un misérable cloporte né sans couilles, un malfaisant dégénéré. Enfin, les braves gens outrés condamnent le site et l’interdisent à leurs enfants. Ce doit être un stalinien aigri qui rouvrirait les goulags s’il le pouvait. Un gauchiste qui n’aime pas les gens. Peut-être un fils de bourgeois qui se drogue, qui se branle trop, qui saute sa belle-mère… De toute manière, quelqu’un de pas bien propre…

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En 2011, si ce n’était la Toile et ses millions de signes formant des centaines de milliers de pages, on peut penser que les gens lisent moins et que le livre est en péril. C’est-à-dire que le public n’est plus aussi bien armé qu’avant pour comprendre le pessimisme.
De caractère enjoué, j’adore le mot de Chamfort et je le prends pour mien, lorsqu’il écrit « La journée la plus perdue, est une journée où je n’ai pas ri. » Quoiqu’annonçant de la gaîté et le plaisir d’être, cette phrase est pourtant d’un pessimisme rare, quand on prend le soin de revenir sur la signification de « la plus perdue ». Ainsi, même en riant, on pourrait considérer que toutes les journées soient perdues !
Nous employons plus souvent qu’il n’y paraît le mot « pessimisme » dans un sens qui ne lui convient pas trop. Un pessimiste n’est-il pas un optimiste désabusé, quelqu’un à qui on ne la fait plus ?
J’extrais de « Réflexion sur la violence » de Georges Sorel, écrit en 1908, un passage où il donne sa façon de voir le pessimisme « Lorsque nous rencontrons un homme qui, ayant été malheureux dans ses entreprises, déçu dans ses ambitions les plus justifiées, humilié dans ses amours, exprime ses douleurs sous la forme d'une révolte violente contre la mauvaise foi de ses associés, la sottise sociale ou l'aveuglement de la destinée, nous sommes disposés à le regarder comme un pessimiste, - tandis qu'il faut, presque toujours, voir en lui un optimiste écœuré, qui n'a pas eu le courage de changer l'orientation de sa pensée et qui ne peut s'expliquer pourquoi tant de malheurs lui arrivent, contrairement à l'ordre général qui règle la genèse du bonheur.
» L'optimiste est, en politique, un homme inconstant ou même dangereux, parce qu'il ne se rend pas compte des grandes difficultés que présentent ses projets ; ceux-ci lui semblent posséder une force propre conduisant à leur réalisation d'autant plus facilement qu'ils sont destinés, dans son esprit, à produire plus d'heureux.
» S'il est d'un tempérament exalté et si, par malheur, il se trouve armé d'un grand pouvoir, lui permettant de réaliser un idéal qu'il s'est forgé, l'optimiste peut conduire son pays aux pires catastrophes. Il ne tarde pas à reconnaître, en effet, que les transformations sociales ne se réalisent point avec la facilité qu'il avait escomptée ; il s'en prend de ses déboires à ses contemporains, au lieu d'expliquer la marche des choses par les nécessités historiques ; il est tenté de faire disparaître les gens dont la mauvaise volonté lui semble dangereuse pour le bonheur de tous. Pendant la Terreur, les hommes qui versèrent le plus de sang furent ceux qui avaient le plus vif désir de faire jouir leurs semblables de l'âge d'or qu'ils avaient rêvé, et qui avaient le plus de sympathies pour les misères humaines : optimistes, idéalistes et sensibles, ils se montraient d'autant plus inexorables qu'ils avaient une plus grande soif du bonheur universel.
» Le pessimisme est tout autre chose que les caricatures qu'on en présente le plus souvent : c'est une métaphysique des mœurs bien plutôt qu'une théorie du monde ; c'est une conception d'une marche vers la délivrance étroitement liée : d'une part, à la connaissance expérimentale que nous avons acquise des obstacles qui s'opposent à la satisfaction de nos imaginations (ou, si l'on veut, liée au sentiment d'un déterminisme social), - d'autre part, à la conviction profonde de notre faiblesse naturelle. Il ne faut jamais séparer ces trois aspects du pessimisme, bien que dans l'usage on ne tienne guère compte de leur étroite liaison. »
Il m’est arrivé souvent de citer des auteurs, de produire des extraits significatifs. Celui-ci est un peu long, j’en conviens, mais je n’aurais pas su mieux m’exprimer que Georges Sorel dans la préface de son livre. Je ne suis pas un épicier de la politique et je ne poursuis aucune spéculation particulière sur le caractère joyeux et optimiste d’un élu du peuple qui veut être réélu à la législature suivante.
Il est vrai que les médias n’usent jamais d’un pessimisme décapant et finalement joyeux dans les rapports qu’ils ont avec les téléspectateurs ou les lecteurs. Ils en laissent le soin aux humoristes.
Quand François Pirette joue les vieux à l’hospice, sa caricature est féroce et sans aménité, pourtant, on rit d’un drame de la vieillesse, de la méchanceté des gens et d’une société égoïste qui vous attrape dans ses filets, jusqu’au bout de la vie.
Comment voir les sujets traités sous cet angle, sinon en déformant par une constante exagération les événements et les gens ? La caricature a ses limites, et on ne peut tout exprimer rien que sur l’unique corde d’un violon.
Des sujets graves, importants ou hautement techniques ne peuvent être caricaturés que dans leur contrexemple. Les humoristes le savent bien, puisqu’ils les évitent le plus souvent.
Et puis comme a écrit Jules Renard, dans son journal, « L’homme heureux et optimiste est un imbécile ».
Je me demande si j’ai bien fait d’écrire ce soir sur un sujet qui me touche personnellement car celui qui nous aime et nous « admire » le mieux, c’est encore celui qui nous connaît le moins.
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1. chaque rubrique fait à peu près 2 pages dactylographiées format 4° coquille.

13 avril 2011

Le pot-bouille et le nationalisme.

On croirait, à entendre les nationalistes flamands, que l’amour qu’ils portent à leur Communauté n’a rien à voir avec le caractère d’extrême droite de la N-VA et du Vlaams Belang.
Quoi de plus éclatante démonstration du contraire que le dépôt par la N-VA d’un projet de loi proposant d'octroyer un bonus aux Régions par chômeur dont les allocations sont suspendues.
C’est une fois de plus la preuve que les partis de droite – pas seulement en Belgique – dévalent la pente fatale de l’économie libérale dans ce qu’elle a de plus contraire à l’intérêt des masses, croyant – de bonne ou de mauvaise foi – que le système n’a besoin que du sacrifice des gens du dessous, pour qu’il redémarre.
Ces Flamands, qui n’aiment pas les Flamands dont le malheur est d’être chômeurs, sont exactement dans la ligne du combat du riche contre le pauvre. Prodigues de l’argent de la collectivité, lorsqu’il s’était agi de sauver les délinquants de la crise financière de 2008, les voilà à trouver scandaleux qu’on puisse être sans travail depuis plus de six mois et que l’on perçoive des allocations déjà fort chichement distribuées depuis les fonds publics.
Cela nous ramène à l’Ancien Régime, avant l’avènement du monde bourgeois, lorsque la noblesse propriétaire d’un pays, sans avoir contribué en rien à sa prospérité, se scandalisait des revendications, cependant modestes au début, du Tiers-Etat.
Les partisans de la N-VA savent-ils, en-dehors de leur nationalisme exacerbé, que leur combat, du point de vue économique pour l’orthodoxie capitaliste, est perdu d’avance ?
Certes, une bonne partie des Flamands est aveuglée par un sentiment de frustration et donc de haine par rapport aux francophones. Ce schéma de la lutte fratricide du bas pour les emplois, et les connivences du haut sur la concurrence, est l’idéal du capitalisme pur et dur. La N-VA a raison d’en profiter, il ne durera guère.
La dérive du système économique ne pourra pas éternellement être imputée aux francophones qui n’en peuvent.
Toute la stratégie de la N-VA tient dans l’exaspération entretenue par elle du sentiment de frustration à l’égard des autres Régions, avec tous les clichés que cela suppose.
L’effondrement du système économique ne se dissimulera pas longtemps derrière les chômeurs, puisque c’est le monde bourgeois qui s’effondre aujourd’hui. C’est la classe fondatrice de la démocratie qui va disparaître, celle qui fit l’essentiel du changement dans l’histoire du monde moderne et les Régions n’y sont pour rien !.

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Déjà, l’Amérique n’est plus l’Amérique pour les mêmes raisons.
Ariana Huffington, dans son nouveau livre « L’Amérique qui tombe » nous donne un avant-goût de ce qui nous attend « Regardant le pays dans la vérité de ses chiffres et de la vie concrète de dizaines de millions de compatriotes de la classe moyenne, elle affirme que son pays avance à grands pas sur la voie du tiers-monde » (Marianne n° 729).
Cette Amérique que nous admirions du temps de la deuxième guerre mondiale, puis du plan Marshall et ensuite de la guerre froide, entre les sottises dites à son encontre, se profère une vérité. Celle-ci fut tellement rabâchée que chacun l’a encore en mémoire « le décalage entre le niveau de vie en Amérique et le nôtre est de dix ans ». Je laisse de côté les variantes qui vont jusqu’à vingt-cinq ans. Je retiens l’essentiel, à savoir que lier par des liens affectifs et économiques, notre destinée est inscrite dans le réel puisque nous deviendrons ce que l’Amérique est !
Dans l’Amérique d’Obama, les nids de poule des routes tuent davantage que l’alcool au volant. L’Amérique a besoin d’un plan Marshall qu’elle ne peut plus se payer. Non pas qu’elle n’en ait pas encore les moyens, mais parce que le lobby des grandes entreprises a « acheté » la démocratie américaine et ses élus.
Sous les oripeaux de théâtre du nationalisme flamand et de la N-VA, il y a une chose que Bart De Wever ne masquera plus longtemps : le système économique se détricote, quoi qu’il fasse, il ne rattrapera pas les mailles indéfiniment en accusant les victimes d’en être les fossoyeurs. Le capitalisme nous entraîne vers un abîme, dont même Bart De Wever n’a pas idée.
Le droit du sol sera demain bien moins important que celui de faire bouillir la marmite, et ce qu’on pourra y mettre sera mille fois préférables de le distribuer à tous, chômeurs compris, plutôt que le becqueter dans le dos du peuple.

12 avril 2011

L’odeur de leur merde !

Je ne suis pas le dernier dans le rejet quasi général que la population exprime à l’égard des personnels politiques. C’est un mal aise ou un mal être qui m’a pris à la suite d’une accumulation de questions restées sans réponse et qui touche à la démocratie et à la coexistence de tous, dans un Etat équilibré, social et n’adorant le veau d’or que juste parce qu’il n’est pas réaliste de ne pas le compter dans le destin des hommes.
Aussi, je n’étonnerai personne en pensant n’être pas le seul dans le cas. Ce rejet gagne du terrain et est en passe de devenir le plus grand rassemblement jamais vu en Belgique depuis 1830.
Ce rejet vient de beaucoup plus loin des élections ratées de juin 2010. Il est fait de l’amertume des travailleurs honnêtes qui voient leurs revenus s’amoindrir et leur productivité s’accélérer, le chômage croître et le mal être s’installer. Il est le produit d’une désillusion collective devant un discours et un comportement officiels qui semblent venus d’une autre planète.
L’attitude des personnels politiques pendant ce lent cheminement des esprits est sans doute l’élément capital de ce dépérissement de la foi dans le système économique et démocratique, les deux ayant été intimement liés du temps de la guerre froide.
Bien sûr, les dernières tribulations des « élites » des trois Régions autour de la multitude de tables devant lesquelles ils se sont assis, n’arrangent rien, puisque de la mélancolie, l’opinion est en train de passer au dégoût et au rejet, comme une sorte de vomissement irrépressible.
Passons sur le show permanent auquel se livrent ceux qui se sont placés en tête des formations politiques : les Milquet, Di Rupo, Reynders, Javaux et compagnie. Ce n’est de toute manière que la frange de l’écume ; mais, plutôt, voyons comme se comportent les autres qui font le gros de la troupe et qui dévorent le gros du gâteau.
Ils paraissent de plus en plus souriant, pas gênés du tout, et – comme si de rien n’était – tiennent un discours aussi vieux que le pont Neuf et qui se résume à ceci « tout va très bien, madame la marquise », renforcé depuis les élections de juin 2010 d’une parole de flic sur une scène de crime « circulez, il n’y a rien à voir » du regretté Coluche.
Quand donc ces messieurs comprendront-ils que ni les shows à paillettes, ni les mômeries des sœurs Simplicie que sont RTL et RTBF ne sont parvenus à faire divaguer le peuple au point de le rendre à jamais infantile et immature ?
De la part de nos instances dirigeantes, croire le contraire, c’est justement montrer une débilité légère, comme aujourd’hui tous les premiers prix d’université qui se mêlent de politique et qui poursuivent leur mission, en infirmiers de « Volière » devant la folie ordinaire.

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On assiste alors à ce spectacle extraordinaire de leurs turpitudes et de leur bêtise, comme un chien d’appartement qui se verrait douer d’une vive intelligence humaine et qui assisterait quotidiennement aux fautes de langage, aux bassesses et aux tromperies de ses maîtres, sans que ceux-ci, évidemment, imaginent un seul instant que leur compagnon à quatre pattes les juge !
On les surprend alors, d’autant plus à l’aise de voter des lois, puisqu’ils n’en subissent pas les contraintes. Ils vaquent à travers l’appartement, débraillés, veules, parfaitement malotrus dans le sans-gêne que devaient avoir les nobles de l’Ancien Régime devant leurs domestiques.
On les voit se vêtant selon les cérémonies et les gens qu’ils vont approcher, jusqu’au slip de bain rouge de l’éphèbe vieillissant de Mons.
Pour un peu, ils déféqueraient devant nous, comptant bien que si une chose pareille arrivait, nous serions enthousiasmés de leur confiance, et que, comme tout bon clébard, nous respirerions l’odeur de leur merde avec la satisfaction énamourée de la vieille servante de ferme décrite par Flaubert à l’égard des nourrissons de ses patrons successif, qu’elle éleva sans se plaindre sur plus de cinquante années et trois générations de maîtres !
Ils s’apparentent à un marché à terme de la Bourse, on peut acheter fictivement des tonnes de cacao sans jamais avoir vu un planteur en Côte d’Ivoire, ni même en ne sachant pas ce qu’est une fève de cacao. Ainsi, ils peuvent parler aussi bien de la misère de la caissière de grands magasins et entonner l’Internationale avec les hommes de chez Mittal, sans savoir ce qu’est la journée de travail d’un salarié, ni comment vivre avec moins de 1000 euros le mois.
Alors, vous pensez, chers négociateurs, vos impuissances conjuguées au malheur de perdre la Belgique à cause du nationalisme flamand, ça commence à bien faire…

11 avril 2011

La mer du Nord est fédérale !

Marrons-nous en lisant le Droit maritime et les Conventions maritimes réglant la propriété des Etats sur la mer, plutôt que se taper le commentaire du dimanche midi de nos deux chaînes pathétiques d’une télévision à bout de souffle, avec ses attablés habituels à bout d’arguments.
Et si les Flamands se fichaient du monde avec leur droit du sol ? Finalement, jusqu’où va-t-il le droit du sol ? Jusqu’au sol marin ? D’accord, mais jusqu’à quelle profondeur ?
Le droit maritime accorde la jouissance de la mer jusqu’à concurrence de 12 milles marins, ou d'un partage médian du littoral pour les États voisins dont les côtes sont distantes de moins de 24 milles.
En se référant aux Conventions de l’ONU sur les mers et océans, la partie côtière de la mer du Nord bordant le littoral flamand, n’est pas du ressort de la Région flamande, mais de l’Etat fédéral belge !
En effet, les espaces couverts par le droit des mers bordant la France, par exemple, ne sont pas tour à tour propriétés des départements du Nord, de la Bretagne, de l’Aquitaine, de la Provence-Côte d’Azur, etc, mais bien de l’Etat français.
Toute construction empiétant sur le domaine maritime établi depuis un littoral échappe aux réglementations particulières d’une Région ou d’une province pour relever de l’Etat central. C’est ainsi que les phares bretons ou les wharfs du port de plaisance de Cannes-Mandelieu ne relèvent que de l’Etat français exclusivement.
Selon les dispositions du Code maritime et des politiques côtières, si un entrepreneur wallon souhaitait placer une baraque à frites sur l’avancée du wharf d’Ostende devant les installations portuaires, l’autorisation du gouvernement central suffirait.
Enfin, selon le principe du bilinguisme de l’Etat fédéral, toute la partie non construite parce qu’ensablée et pouvant subir des modifications au gré des marées relèverait du domaine maritime. Le personnel des communes flamandes concernées devraient pouvoir communiquer dans les deux langues à partir du moment où il se trouverait en relations avec des touristes. Par exemple les employés municipaux chargés de l’entretien des plages, la police et le corps de sauveteur, sans parler des loueurs d’auvents, de cabines et de chaises longues, qui eux s’expriment déjà indifféremment dans les deux langues, devraient être bilingues et seraient astreints de répondre en français si besoin était, sous peine d’être en infraction par rapport au code maritime et à l’Etat belge.
On peut lire tout cela dans la Convention des Nations unies sur le droit de la mer.

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En mer territoriale, l'État côtier dispose de droits souverains, comme sur son territoire propre et ses eaux intérieures, pour y exercer l'ensemble de ses lois, réglementer toutes les utilisations et exploiter les ressources ; il doit toutefois y autoriser le passage des navires de guerre et marchands en transit, à condition que ceux-ci ne lui fassent pas de tort, ne menacent pas sa sécurité et n'enfreignent pas ses lois : c'est le droit de passage inoffensif.
L’Etat fédéral pourrait établir un droit pour la pêche en mer au filet et percevoir une taxe sur les parcs à moules, en lieu et place de la Région flamande. En ne le faisant pas, l’Etat belge se place en-dehors des conventions internationales. Un bon juriste pourrait attraire la Région flamande devant un tribunal maritime pour piraterie.
L’Etat pourrait établir sur les « hauts-fonds découvrants »(1), des constructions sur pilotis qui ne seraient pas juridiquement du ressort de la Région flamande et, ce faisant, les louer à la Région Wallonne ou Bruxelloise.
Lorsque les côtes de deux Etats sont adjacentes ou se font face, ni l'un ni l'autre de ces Etats n'est en droit, sauf accord contraire entre eux, d'étendre sa mer territoriale au-delà de la ligne médiane dont tous les points sont équidistants des points les plus proches des lignes de base à partir desquelles est mesurée la largeur de la mer territoriale de chacun des deux Etats. Cette disposition ne s'applique cependant pas dans le cas où, en raison de l'existence de titres historiques ou d'autres circonstances spéciales, il est nécessaire de délimiter autrement la mer territoriale des deux Etats.
Autrement dit, la plage de La Panne étant surchargée lors des congés annuels, un astucieux investisseur pourrait à la limite des eaux territoriales de la France créer une plage artificielle qui donnerait dans les possessions maritimes de la France une plage exclusivement francophones où la langue flamande ne serait que tolérée, à quelques encablures du Centre de la Panne !
Quant aux cours des fleuves et des rivières traversant des pays et dans notre cas des Régions, Tournai aurait des avantages sur Anvers que personne ne serait surpris. Mais, c’est une autre histoire…
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1. Terme maritime désignant des bancs de sable en mer du Nord.

10 avril 2011

Hubbert n’était pas fou !

Dans les tout débuts de ce blog, j’avais écrit combien la théorie du géophysicien Hubbert était intéressante. En un mot, la courbe de pétrole sur le territoire des USA, suivait le tracé d’un chapeau pointu, le sommet étant l’équilibre entre l’extraction et l’utilisation, induisant que la production décline forcément par la suite et ne peut plus suffire à la demande.
Hubbert prédit en 1940 que la production de pétrole américaine passerait par un maximum en 1970. Ce qui se produisit réellement en 71, en même temps que s’ouvraient des puits un peu partout dans le monde relativisant l’épuisement du pétrole aux USA et enterrant dans le scepticisme des spécialistes, les calculs du géophysicien.
Dans les années 80, des mathématiciens firent d’autres estimations qui n’eurent droit qu’à des publications confidentielles dans des magazines scientifiques et qui tentaient d’englober l’entièreté des champs pétrolifères et des réserves mondiales.
Aucun grand journal n’estima ces probabilités publiables. On était en plein boum de l’automobile à la fin des Trente glorieuses et l’inquiétude pour l’emploi et la croissance aidant, il paraissait inapproprié d’inquiéter outre mesure le grand public.
L'Agence internationale de l'énergie (AIE) vient de publier un rapport qui est passé totalement inaperçu. Suivant les calculs de Hubbert actualisés des dernières statistiques des réserves de la planète, le pic de la production mondiale de pétrole s'est produit en 2006 !
Cela fait cinq ans que l’offre et la demande ne sont plus en équilibre !
Alors que la voiture électrique n’est nulle part et que les batteries sont énergivores, enfin que l’Inde et la Chine s’éveillent à peine au marché de l’automobile !
La demande mondiale continuera à croître et la production de pétrole entre dans un déclin inexorable !
La crise économique masque à moitié cette réalité. Mais quand on se rendra compte que par défaut de satisfaire à la demande, l’offre par son prix toujours plus élevé empêchera le retour à la croissance, les économistes seront bien obligés de dire que Hubbert avait raison et qu’il conviendrait de préparer l’utilisateur pauvre de la bagnole à céder l’autoroute aux riches.
Les riches, aidés en cela par l’écologie, finiront par convaincre les pauvres que seules les « élites » auront encore le droit de rouler en 4x4. Paris va interdire en 2012 l’accès du centre aux vieilles bagnoles, sous prétexte de pollution, bien sûr, mais aussi pour débuter par le bas la pénurie de carburant. Qu’on se rassure pour l’aviation. La dernière goutte de kérosène sera pour elle, les derniers millions de barils aussi.
Tout se passe dans cette économie de marché comme si le consommateur n’avait aucun droit sur les produits qu’il consomme dans leur distribution et dans leur attribution en cas de pénurie. Et pour cause, c’est tout l’ensemble du marché et des rapports entre consommateurs et producteurs qu’il faudra revoir. Est-ce qu’on se rend compte qu’il s’agit ni plus ni moins de changer le système économique dans lequel nos économistes nous ont baladés en nous mentant depuis A jusqu’à Z !
Seuls les films de fiction ont évoqué la « guerre du pétrole ». La réalité sera bien pire. La remontée des coûts d'exploration et d’extraction fera naître des tensions extrêmement vives, des conflits éclateront. L'exploitation du charbon et des schistes exigera des investissements lourds et une destruction des milieux naturels. Malgré cela, ces gisements ne permettront pas de desserrer l'étau des prix, ni même de rétablir un équilibre par des ersatz ou tout produit de substitution. Les prix de l'énergie ne pourront qu’ajouter à l’angoisse du lendemain.
Le silence de la classe politique est proprement criminel ! C’est que l’homme politique ne fait pas des projections d’avenir à long terme, mais sur cinq ans. Après, il pourra toujours mentir et dire qu’il ignorait. La presse est complice, évidemment. Il ne s’agit pas de faire du catastrophisme, mais d’informer.
Et quand même nous aurions plus de chance avec le charbon, nous aurons relâché et continuerons à dissiper dans l'atmosphère le dioxyde de carbone stocké pendant des millions d’années... Chocs pétroliers à répétition jusqu'à l'effondrement et péril climatique, pollution aggravée par l’emploi massif du charbon dans les centrales, ça va commencer à faire mal. C’est ce que nous préparent les tenants des stratégies mondialistes. Fukushima servira seulement à nous avertir que l’uranium est un métal rare et dangereux, l’énergie qu’on en pourra tirer est sans commune mesure avec les réserves de pétrole que nous asséchons.
Nos démocraties sont à court d’idées face à l'atteinte des mécanismes régulateurs de la biosphère et des substrats biologiques de la condition humaine.
Parce que nos démocraties n'auront pas été capables de se prémunir de leurs excès, elles risquent de basculer dans l'état d'exception et de céder aux dérives du totalitarisme et de la barbarie.

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Après, il faudra bien reprendre le chemin des Amériques à la voile. En 1905, le Charlie Bar, une goélette avec 50 hommes à bord mit 12 jours et 4 heures pour traverser l’Atlantique. Evidemment, on n’aura plus des légumes et des fruits fraîchement cueillis en Californie, ni au Brésil, on respirera à nouveau l’odeur du crottin dans les rues, mais l’homme en a vu d’autres. Espérons que le populo ne se fera pas à nouveau entuber comme sous l’Ancien Régime.

9 avril 2011

Silence, on détourne…

-Raz-Denne ne pourra pas rester jusqu’à la fin du Festival. Il commence le tournage le 15 de « La cible était blette », un policier qu’il présentera à Liège dans deux ans avec son frère, Justine et Salvatore sont de la distrib….
-C’est embêtant. Le jury ne sera plus en nombre pour décerner le prix du Festival du film policier !
-On n’a pas besoin de lui, puisqu’on a eu un coup de fil de qui vous savez pour faire ce que vous savez.
-Ah ! on sait déjà qui va gagner !
- C’est pratique. Comme ça, on n’a pas besoin de se taper les huit films qui sont en compétition.
-On se fout du public !
-Quel public ?
-Il a raison. Ce truc qui coûte la peau des fesses à la Ville, ne rapporte presque rien en tickets payants. Alors, hein ! les spectateurs…
-Quoi, c’est bidon aussi ?
-Non. Mais, quand c’est gratuit, on ferme sa gueule et on étend ses jambes sous la banquette de devant.
-Alors, c’est quoi le truc qui a le grand prix ?
-Celui qui va ramasser les 25.000 euros de la « tax shelter » inventée par Monfils ?
-Ouais, les autres, prix des jeunes, du public, tout ça… faudra débattre, de toute façon, on paie que le grand prix, les autres voient jamais la couleur du fric…
-Donc, le gros truc ce sera « Dans les tranchées de 14 ».
-Quoi ! C’est un film policier, avec un titre pareil ?
-On pourrait croire à un film de guerre, pourtant l’action se passe de nos jours, dans une commune de « cheu » nous.. C’est le président qui a écrit le scénar…
-Alors, si c’est le président…
-C’est quoi ?
-On découvre un cadavre dans les tranchées de raccordement des eaux d’une cité à Molenbeek-Saint-Jean. La cité 14, devant la maison du baron de Guerre-Lasse ! Et tu sais qui découvre le corps, ce qui d’emblée le rend suspect ?
-Non.
-Le bourgmestre Philippe Moureaux.
-C’est politique ça !
-Pas du tout.
-Qui est-ce qui a le rôle ?
-Bouli Lanners !
-Il n’a pas le physique de Moureaux !
-Non, mais le président qui a écrit le scénario tient à ce que cela soit lui et nous aussi.
-Tu dis, le président… c’est qui ? Le président du Festival ? Il connaît rien des influences de par ici…
-Le président, c’est le président. Enfin tu me comprends ? Il est pas de passage, lui, il est d’ici, si tu veux savoir…
-Ah bon ! C’est le président !... Fallait le dire. Tu me fais le pitch ?
-Le scénar met en scène un bourgmestre un peu givré qui veut creuser des tranchées partout, parce qu’il est en retard de deux guerres et qu’il a devant lui des Flamands qui s’organisent…
-Tu vois que c’est politique.
-Non. On rigole bien. Alors, on avait un uniforme d’un fantassin de 14 qui tombe pile poil à la taille et la corpulence de Lanners, tu vois le tableau ? Je te raconte pas la suite. Tu vas voir. C’est drôle et en même temps, il y a un vrai suspense…
-Et qu’est-ce qu’on va dire aux gens, quand ils s’apercevront que Raz-Denne n’est plus là ?
- C’est encore le président qui a trouvé la solution. Les membres du jury sont installés derrière un écran et on ne voit que leur ombre…
-On fait dans le Hitchcock…

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-Alors, on a demandé à Monfils s’il ne voulait pas faire l’ombre de Raz-Denne au moment du vote…
-Tu crois pas qu’on exagère un peu ?
-Le bourgmestre ferme les yeux. Il attend la grosse bavure pour mettre les pieds dans le plat.
-Tu ne crois pas qu’on y est, là ?
-Il paraît que la production « Dans les tranchées de 14 » a absolument besoin de la « Tax shelter », sans quoi, c’est le plongeon.
-Les gens n’en ont rien à foutre du micmac ! C’est incroyable que tous les concours à Liège, du roman, du film ou de la poésie tournent à eau de boudin ! A quand Papa Daerden dans le rôle de Jules César, tourné au charbonnage de Blegny, avec le soutien de la poire de Saint-Rémy ?
-Fallait quand même bien en laisser un peu pour le MR. Ainsi, ça les occupe et c’est tout bénef pour le PS qui monte un dossier pour le Festival suivant !

8 avril 2011

Des menées criminelles.

Depuis décembre 2008, les Etats invités aux réunions du G20 cherchent un scénario de sortie de crise. Comme ces sommets ne sont pas conçus pour bouleverser le capitalisme mondial, mais pour lui refaire une santé compatible avec celle des gens, les experts planchent sur une consolidation du système financier international, moyennant quelques aménagements qui ne toucheraient d’aucune manière les logiques actuelles.
Le mouvement social qui se dessine en Europe, malgré une forte poussée des droites, risque de perturber le scénario de remise en forme et de prendre de vitesse les réformettes du G20. L’Europe n’est pas à l’abri de ruptures pouvant survenir entre les classes dirigeantes et les populations.
Selon l’économiste français Morin, il n’y a que trois scénarios possibles : a) La continuité avec aménagements ; b) La rupture systémique sociale ; c) La recomposition alternative.
On a assisté en Belgique sur moins de vingt ans à la disparition des entreprises traditionnelles sous l’effet de la mondialisation. La classe moyenne est en lambeaux. Elle n’en finit plus de rembourser des prêts. La moitié de l’HORECA est en pré faillite. S’il n’y avait pas un fort contingent d’élus dopés par le cumul des mandats pour colmater les brèches, il n’y aurait pratiquement plus de classes moyennes en Belgique ! Les classes en-dessous régressent fortement. Le statut « employé » plus favorable que le statut ouvrier est particulièrement visé avec des intentions non dissimulées de la FEB de rapprocher les conditions d’embauche, à la baisse des avantages, évidemment. Les sociétés d’intérim font le reste en précarisant les personnels, en habituant des catégories de travailleurs – qui n’avaient pas encore trop souffert de ces bouleversements - à vivre sans revenu fixe et sans savoir si elles auront un emploi le lendemain.
L’impuissance des politiques publiques en matière d’économie à comme conséquence la montée des déséquilibres sociaux. Cette impuissance, de jour en jour plus évidente, est une des causes directes de la crise du politique dans nos sociétés démocratiques. Les taux élevés d’abstentions en France, et, en Belgique, l’extrême ironie des citoyens devant la pitoyable vacuité du pouvoir près de dix mois après les élections, font voir à vue d’œil et sans l’aide de statistiques, un état des lieux dégradé.
Cette crise se renforce de l’absence de perspectives en raison de l’absence de réserves à cause d’une dette qui, dans certains pays de l’Europe, est sans commune mesure avec les directives de J-C Trichet. La dissolution du lien social, en raison de l’égoïsme généralisé comme valeur de repli, en est à sa phase explosive, par les atteintes aux minima des CPAS et FOREM avec les discours de Wathelet et Milquet qui laissent à penser que ce sont les chômeurs « qui trichent » les responsables de la crise qui s’éternise !
Comment refonder l’Etat sur des valeurs de solidarité ? Sinon en revenant sur les pouvoirs privés que l’Europe favorise par sa politique. N’est-ce pas déraisonnable de poursuivre dans la voie actuelle ?

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La crise du système financier international est celle de la finance libéralisée et globalisée. Les banques centrales ont perdu toute influence de régulation des taux d'intérêt à court et à long terme. L'influence des spéculateurs est devenue prépondérante. Il faut transformer le système de régulation des marchés monétaires et financiers et empêcher que ceux-ci ne débordent sur la spéculation des farines et des matières de première nécessité pour les populations de l’hémisphère Sud et transsaharien.
Parmi les mesures urgentes, le G20 devrait réviser les formes actuelles de gouvernance des entreprises qui ne s’intéressent qu’à la seule valeur actionnariale.
L’argent fou, vite gagné au détriment du travail et aussitôt replacé ailleurs que dans l’entreprise d’où il est sorti, devrait pouvoir être contrôlé, au même titre que l’argent de la drogue et le commerce de la prostitution, par la mise en place d’un contre-pouvoir des Etats. La taxe Tobin ne toucherait que les flux de capitaux à court terme, dans le cadre du marché des changes. Il faudrait que les réunions internationales entre Etats aménagent au plus vite le système financier international, sous peine de voir une réplique de la crise de 2008 qui verrait un effondrement général bien plus catastrophique encore !
Pour cela, il faudrait que l’opinion publique s’en convainque Et comment pourrait-elle s’en convaincre, avec les déclarations des économistes, choisis pour leur optimisme ? Bien relayée par les médias complices, la vision officielle de l’économie est comme une bible : elle ne se discute pas !

7 avril 2011

L’ONU au secours de la Belgique !

-Boris Dupont-Vanoeperzeen, vous professez à Berkeley en philosophie, vous êtes de passage en Belgique dont vous êtes originaire, à ce qu’il paraît ?
-Oui, mon père Herman Dupont, un flamand d’origine thylloise est venu habiter à Hout-si-ploût avec ma mère Clémence Vanoeperzeen, wallonne de Seraing.
-Que pense-t-on de la Belgique à Berkeley ?
-Rien. Personne ne sait que ce pays existe.
-Et vous ?
-Forcément, moi c’est différent. J’y suis né…
-Vous n’engagez donc que votre seule opinion sur notre pays ?
-Pas du tout. A Berkeley, comme dans toutes les autres universités, on adore parler de sujets dont on ne sait rien.
-Sans doute pour avoir une réaction absolument neuve et débarrassée d’a priori ?
-…pour ne pas avoir l’air d’ignorer quelque chose. Nous avons dans ce domaine des chercheurs remarquables.
-Ils ont donc cherché à connaître la politique pratiquée en Belgique.
-Pas du tout. Comme tous les pays se réclament de la démocratie, même les dictatures, il est très aisé de parler de la Belgique sans en rien connaître, puisqu’on sait que c’est un pays démocratique. Il y a donc un pouvoir, des citoyens hors taxes et des citoyens taxés. C’est un système universel très répandu, vous savez.
-Alors, je réitère ma question. Que pense-t-on de la Belgique à Berkeley ?
-Denys, le tyran de Syracuse, aimait attirer les philosophes à sa cour. C’est ainsi que Platon s’y rendit à deux reprises.
-Quel est le rapport avec la Belgique ?
-Aucun, mais c’est ainsi que débute une étude à Berkeley par une image forte, sur un sujet absolument étranger. Il faut un début d’analyse qui en jette… même les trois prix Nobel encore en vie de notre université n’ont jamais fait autre chose que d’en jeter. C’est l’évidence même, il faut en jeter pour en ramasser…
-Abandonnons, si vous le voulez bien, Berkeley et ses éminentes personnalités, pour revenir à vous, professeur Boris Dupont-Vanoeperzeen. Comment voyez-vous l’avenir de la Belgique ?
-L’article 482 bis de l’ONU dans la partie quater, alinéa 3 des amendements (juillet 1984) relatifs au droit d’ingérence dans des pays mis dans l’impossibilité d’être gérés par les instances constituées légalement par voie référendaire, autoritaire ou démocratique…
-Ouf !

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-…voilà, j’y arrive, stipule qu’en cas de vide du pouvoir, l’ONU peut déléguer des fonctionnaires afin de gérer au mieux les intérêts des habitants de ce pays.
-C’est le cas de la Belgique…
-Ecoutez… comme dirait Eddy Merckx en commençant toutes ses phrases… écoutez, vous admettrez que votre gouvernement démissionnaire n’en soit plus un, après 292 jours de tables rondes et l’échec des pourparlers ? Alors, qu’est-ce que c’est, sinon un vide organisé ! La Commission de l’ONU chargée du problème belge avec à sa tête le Chinois Lu Bing-Zu a enquêté discrètement sur votre territoire, avant de conclure à la carence du pouvoir, la déliquescence des élites et l’effondrement de la morale.
-On est dirigé par qui alors ?
-C’est ce qu’on voudrait bien savoir à l’ONU. Justement, le problème tient dans cette question. On a une liste de candidats, plusieurs dictateurs seraient possibles, surtout du côté flamand, avec un seulement du côté francophone ; mais, ils ne se sont pas encore mis sur les rangs, surtout le francophone qui nous est apparu sur des photos en slip de bain, assez frêle et pour tout dire faisant trop « demoiselle » pour inaugurer la foire agricole de Libramont.
-Côté des urnes et des citoyens ?
-C’est pire. Personne n’arrive à une synthèse afin d’aboutir à un pouvoir. C’est dire comme la situation de notre pays est mauvaise.
-Que faut-il faire pour éviter l’assistanat de l’ONU ?
-C’est ici que nous revenons à Berkeley. Le président du conseil d’administration de l’université est souvent un professeur dont les cours ont été désastreux compte-tenu de son grand âge. Aussi, le met-on dans un fauteuil où il ne peut plus déranger personne. Pourquoi ne confieriez-vous pas le pouvoir au doyen des Belges ? Il ne ferait pas pire que vos têtes d’œuf qui, tout aussi brillants qu’ils paraissent, sont responsables de votre échec !
-On n’y avait pas pensé. Le doyen actuel est Abidin Agah, un turc de 108 ans. On ne peut pas demander à un Turc de diriger le gouvernement belge ?
-Vous avez bien un ex Hongrois qui dirige la France ! Vous seriez raciste, vous ?
-Non. Mais, il faudrait au moins savoir si Monsieur Abidin Agah est citoyen belge.
-Ce sera le savoir-faire de Monsieur Lu Bing-Zu qui en décidera.

6 avril 2011

La Fédération Wallonie-Bruxelles.

Eric Van Rompuy et la ministre bruxelloise CD&V Brigitte Grouwels dénoncent la foucade de la Communauté française de Belgique qui a décidé de s’appeler « Fédération Wallonie-Bruxelles ». Certains Wallons et Bruxellois ne sont pas loin de partager cette critique, évidemment pour d’autres raisons, puisque pour les Flamands, Bruxelles est une terre flamande et tant pis pour ses habitants en majorité francophones.
Les raisons des francophones tiennent au sans-gêne des quatre partis qui, sans consulter les citoyens, décident de changer de nom !
C’est comme si des historiens se référant à l’ancienne dénomination bourguignonne, décidaient de nous appeler la Grande Bourgogne afin de nous différencier de l’autre, le tout ficelé en une demi journée de faux débats dans un colloque à Paliseul ou au Signal de Botrange !
Parler de « Fédération » entre Wallonie et Bruxelles, alors que Bruxelles est une Région à part entière (enfin voudrait le rester), suppose puisqu’il s’agit de l’association de deux Régions, dans un gouvernement fédéral qui en compte trois, d’une association de deux Régions, en opposition à la troisième. Il va exister deux pouvoirs fédéraux en Belgique, l’un (le national) et un autre (le régional) !
Quelles seront les relations entre le Fédéral national et le Fédéral régional ? Qui signera les accords au nom de la Fédération régionale ? Qui aura l’autorité prépondérante, la Région wallonne ou la Région bruxelloise ? Sinon, comment va-t-on construire une parité ?
De ce point de vue, ce n’est pas seulement Bart De Wever qui a raison de s’inquiéter, mais tous les Wallons.
Rudy Demotte et les représentants des 4 partis francophones n’avaient pas le droit de décider unilatéralement de ce qu’ils viennent de faire sans demander un mandat des électeurs par référendum, au lieu de mettre les Wallons et les Bruxellois devant le fait accompli.
Certains se réjouiront de cette initiative en s’écriant « enfin, voilà les partis wallons qui se réveillent et qui prennent une décision ferme. » Plutôt que de se lancer dans une collaboration inédite et qui va s’improviser entre les membres de la nouvelle fédération, n’y avait-il pas un autre moyen de contrer l’appétit flamand ?
Voilà dix mois que les quatre partis francophones font une politique de fromage mou. Ce serait même elle qui aurait conduit Bart De Wever à laisser pourrir la situation postélectorale, en estimant que la N-VA pouvait encore retirer de nombreux avantages de son absolue mauvaise foi dans les négociations !

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Rudy Demotte et les présidents des partis francophones font une politique dangereuse, celle des gamins souffre-douleurs et traqués sous les préaux d’écoles par des tourmenteurs plus nombreux. Ceux-là perdent tout contrôle d’eux-mêmes et se lancent sans réfléchir avec leurs petits poings contre ceux-ci surpris, puis enragés à leur tour.
Si bien que le Droit s’est dilué entre deux groupes et qu’on ne sait qui des deux a commencé, ni surtout, qui a raison !
Voilà trop longtemps que les partis francophones montrent leur peur de perdre la Belgique et sa dynastie, pour que la peur ainsi affichée ne soit pas l’erreur fondamentale.
A présent, ils se mettent dans l’illégalité, non pas par rapport à l’Etat fédéral puisque voilà longtemps que plus personne ne le respecte, à commencer par les Flamands, mais par rapport aux citoyens de Wallonie et de Bruxelles !
On accepterait l’oukase de ce coup de force, s’il était le prélude de ce que Brigitte Grouwels appelle un acte qui s'apparente à du "séparatisme au troisième degré" et que nous reconsidérerions comme les prolégomènes d’un acte « au premier degré ».
Connaissant la poltronnerie des partis francophones, il y a beaucoup de chance que cet acte ne soit en réalité qu’une forme désespérée de lutte des partis wallons, une sorte de Fourons bis ! Ne sachant plus quelle attitude adopter devant le dernier négociateur Wouter Beke, Flamand de bonne race, nos débatteurs de salon n’ont trouvé que cette formule, sans bien savoir quelle réplique meilleure prendre ! La seule possibilité de sortir nos zombies de la tente à oxygène serait que l’ultime négociateur, dans le sursaut de l’honnête homme, déclare publiquement que les négociations sont terminées parce que la NV-A ne veut pas qu’elles aboutissent.
Bien entendu, il ne le dira pas.
Rudy Demotte et les chefs de parti vont se retrouver avec la Fédération Wallonie-Bruxelles sur les bras, gadget supplémentaire.
Une initiative intéressante aurait été de reconsidérer la représentativité des Flamands de Bruxelles et par voix référendaire proposer le rattachement des communes francophones de la périphérie à Bruxelles. Après les déclarations de Kris Peeters dans la Libre, voilà qui aurait été une réplique adéquate.

5 avril 2011

Le non-être n’est toujours pas…

« Thalès était tombé dans un puits, tandis que passionné d’astronomie, il regardait en l’air, une petite servante thrace, toute mignonne et pleine de bonne humeur, se mit, dit-on à le railler de mettre tant d’ardeur à savoir ce qui est au ciel, alors qu’il ne s’apercevait pas de ce qu’il avait devant lui et à ses pieds ! Or, à l’égard de ceux qui passent leur vie à philosopher, le même trait de raillerie est assez bien à sa place ; c’est que, en réalité, l’homme qui est de cet acabit ignore de son prochain, même de son voisin, non pas seulement ce que fait celui-ci, mais encore, ou peu s’en faut, si c’est un homme ou quelque autre créature. »
C’est assez bien vu par Platon dans un dialogue dans lequel il met en scène Socrate qui discute avec le jeune Théétète d'Athènes.
En Art comme en politique, on ne voit que des artistes consommés qui savent tout, qui préconisent une meilleure manière de bousculer les choses, de changer la vision du monde, de faire des merveilles avec trois fois rien et qui finissent par tomber dans le ridicule ou l’odieux, à la suite d’une prétention excessive ou au retour inopiné d’un naturel en contradiction avec l’apparence.
La distraction est l’excuse élégante d’un manque d’attention à l’égard du genre humain.
Avital Ronell dans son livre « Stupidity » emploie la citation de Platon à propos de son chapitre « La figure du philosophe ridicule ». Dans son délicieux exposé sur le ridicule de Kant, elle y fait un bref détour sur le romantisme allemand et de son théoricien Friedrich Schlebel.
C’est une période faste pour la philosophie et, encore aujourd’hui, on en fait des tonnes sur ce que ces hommes ont fait de leur vie « intimement liée ou faisant partie de leurs œuvres ».
Comparé à Bataille, Friedrich Schlebel commit un roman « Lucinde » jugé immoral. Ça se passait dans les années 1800. En 2011 le scabreux et l’érotisme torride de « Lucinde » ne ressortent plus du même état d’esprit. Même si elle n’avait pas été traduite de l’allemand en termes rares et littéraires, l’œuvre paraîtrait écrite à l’eau de rose et sans doute moquée, sous nos préaux du second degré.
Sous couvert de vertu la société allemande comptait parmi ses membres Henriette Herz, les deux filles de Mendelssohn et d’autres jeunes femmes. Henriette Herz noua d’abord une intrigue amoureuse avec Guillaume de Humboldt, puis avec Schleiermacher, cet apôtre d’un nouveau christianisme. L’hôte assidu du salon Herz, Frédéric Schlegel, courtisa Dorothée Mendelssohn, qui était mariée. Schlegel l’était aussi. C’est à ce moment que Schlegel publia son roman « immoral » Lucinde, où il allie la sagesse à une complète licence de conduite et où il approuve l’adultère.

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Schlegel devait sans doute être traumatisé avec deux femmes sur les bras. Comme quoi, s’il est facile de philosopher sur toute chose, il devient quasiment impossible quand on a du tempérament, de poser à la vertu en plein questionnement sur sa propre sexualité.
Lucinde, c’est Dorothée. Elle finit par quitter son riche mari banquier. Ils vécurent quelques temps dans l’adultère, puis les situations se légalisant, divorcés, ils finirent par s’unir dans des liens officiels.
A peine rentrés dans la « normalité sociale » le philosophe et Dorothée sombrèrent dans la bigoterie à la suite d’une crise religieuse qu’elle lui inspira, en expiation de leurs moments d’égarement passés.
C’est une histoire assez banale dans une époque marquée par les règles d’une société rigide d’apparence. Les cavaleurs et les lionnes ne se privaient pas d’être secrètement, le contraire de ce qu’ils montraient.
Quant au discours social, pourtant d’actualité en Europe après la Révolution française, le romantisme allemand souffrit du « Deutschheit » (caractère allemand) au point que Schlegel, devenu directeur d’une fabrique par la grâce de Metternich, son protecteur, devint rapidement odieux avec les ouvriers ! Il fallut le remplacer.
Pourquoi de nos jours faire tant d’histoires à propos de la vie « exemplaire » de ces philosophes ? Kant était un emmerdeur qui écrivait comme un cochon, dixit Heine et Nietzsche. Il vivait suspendu à sa pendule et comme au ralenti. Schlegel était un débauché devenu bigot en épousant sa maîtresse. Lessing, spinoziste béat, Novalis, Fichte, Schelling et même Schiller que Schlegel rencontra à l’âge de vingt ans, sans oublier Goethe, avaient tous un point commun, celui de courir après les honneurs et l’argent, les places auprès des princes et les chaires d’université, tant de fois sollicitées auprès des grands que cela en est gênant pour l’historien. Et je ne cite que les philosophes ayant vécu à cheval sur les deux siècles littéraires les plus féconds, en Allemagne.
Alors, si on commençait par descendre cette statuaire des piédestaux ?
Enfin, si nos universités reprenaient tout à zéro, on aurait moins de cons qui en sortiraient.

4 avril 2011

L’Etat des spécialistes !

Déjà en 1789, sur les cinq cent septante huit députés qui représentaient le tiers état des Etats généraux en France, pas moins de deux cent septante deux étaient avocats.
L’art oratoire et l’habitude des lois les prédisposaient aux débats publics et aux travaux législatifs.
En Belgique, plus de deux cents ans plus tard, certains ont entrepris des études de droit rien que pour succéder à papa « au parti » et devenir député. On pourrait citer des noms, de ces météores du barreau qui ne font que traverser l’espace judiciaire, pour atterrir au parlement.
Chaque citoyen a le droit de se présenter au suffrage du peuple. Il est regrettable pour la démocratie et le pluralisme que l’immense majorité de citoyens ne soit représentée que par les professions libérales, dont émerge la profession d’avocats !
Il ne s’agit pas de refaire le monde à l’envers et de remettre les guildes et les associations professionnelles en état de défendre l’artisanat comme du temps de l’Ancien Régime ; mais, il n’est pas sain non plus de n’avoir qu’une seule catégorie de citoyens, comme par hasard issue des classes les plus aisées, au service de l’ensemble de la population.
L’usage discrimine l’accès au pouvoir à des catégories socioprofessionnelles dites manuelles, voire intellectuelles de petit niveau, comme longtemps l’usage en écarta les femmes.
Passons sur cette « ségrégation » des professions et demandons-nous si l’Etat est mieux géré par ces élites éduquées spécialement pour sa gestion, un peu comme les sultans utilisaient des eunuques à la sauvegarde de leurs harems. ?
Est-ce une fatalité qui accable ces intellectuels et jette un discrédit sur l’ensemble de la classe politique ainsi constituée, depuis juin 2010, ils nous agacent, nous découragent, en un mot, nous font douter de leurs capacités intellectuelles à gérer le pays !
On peut même affirmer, sans trop se faire taper sur les doigts, qu’ils sont nuls, qu’ils sont mauvais, intrinsèquement, irrémédiablement, d’une nullité bouleversante, comme on en n’avait jamais vu !... Et nous les avons élus parce qu’ils se disaient les plus doués !
Etions-nous drogués, sous influence le jour fatal où nous avons mis quasiment toute la profession dans l’urne, ajoutant pour faire bonne mesure, quelques enseignants, une poignée de médecins et deux ou trois constitutionnalistes ?
Pourtant en 1789, ils ont été en première ligne et ont fait du bon boulot. L’Ancien Régime s’est effondré sous leurs coups. Et s’ils ont perdu le pouvoir cinq années plus tard – enfin pas tous – d’une manière générale, nous avions affaire à des avocats qui n’avaient pas que le seul objectif de se remplir les poches et de se placer sous quelque prince nouveau.
Il y avait parmi eux des idéalistes ayant la conscience du peuple, où sont-ils aujourd’hui ?
Plus de deux siècles plus tard, l’engeance s’est diversifiée, mais en perdant de vue l’essentiel : l’intérêt général !

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Que sont devenues les grandes pointures de jadis qui n’hésitaient pas à suivre et en apprendre du peuple, qui se mêlaient à des relieurs, des ferblantiers, des typographes, des bouchers, dont certains les surclassaient en lucidité et en intelligence ?
Le spectacle navrant qui nous entoure se passe de commentaires.
C’est inutile de s’appesantir sur la situation interne en Belgique, mais on a rarement vu pire avant et ailleurs !
Ont-ils atteint leur niveau d’incompétence ?
Sont-ils des incompétents nés ? C’est évident pour certains. Cependant l’ensemble ne devrait pas se sentir paralysé par la bêtise excessive et l’obstination redoutable de quelques-uns. C’est ce qui arrive cependant, et c’est là le défaut inhérent à tout ce petit monde ayant fait les mêmes écoles et ayant appris à se comporter de la même manière.
Le pouvoir les a rendus corporatistes et dédaigneux !
D’esprit trop supérieur, leurs propos se diluent dans l’incompréhensible, dans le pathos… ou dans une pédagogie de cuistre dont les effets agissent sur eux-mêmes, tant ils deviennent brouillons par confusion de leurs propres neurones.
La politique, domaine qui devrait être réservé aux grandes vertus et aux grands talents est bel et bien le lieu de rassemblement des médiocres et le tremplin des arrivistes.
C’est aussi le lieu où s’affichent désormais les ambitions les plus éhontées.
Toute raison gardée, sont-ce bien des élites ?
Ne sont-ils pas plutôt des faiseurs, des ambitieux, qui paraissent être quelque chose et – tout compte fait – ne sont rien que des représentants de commerce d’eux-mêmes!

3 avril 2011

Beke, beke… mais qu’est-ce que j’ai ?

De toute la francophonie, ce sont les francophones de Belgique qui sont les plus abscons !
La preuve :
Parmi nos négociateurs, personne n’a eu la présence d’esprit, depuis le temps que la crise perdure, d’aligner les revendications flamandes au fil du temps, les unes derrière les autres depuis le début des entremetteurs du roi.
Selon l’adage qui vole un œuf, vole un bœuf, les Flamands en sont à voler un éléphant !
Comme personne n’a les éléments complets des propositions successives mises sur la table depuis les « beaux » débuts, sauf les négociateurs (et encore ?), un récapitulatif n’est possible que par eux seuls.
De ce qui a filtré et filtrera des propositions, on s’apercevra que les mois de palabres ont permis aux négociateurs, surtout flamands, d’améliorer méthodiquement leurs propositions dans une politique du « toujours plus ».
Les besogneux qui nous représentent s’y sont fait prendre, que c’en est un bonheur. Sans rien connaître de la personnalité de Wouter Beke, on sent que ce premier de la classe (ce qui ne veut pas dire le plus intelligent) joue sur du velours. Ce qu’on n’aurait jamais négocié au soir des élections, ce qui même trois mois plus tard était encore repoussé avec horreur, voilà maintenant qu’on en parle « afin de trouver un compromis acceptable » pour Bruxelles, BHV, le social, tout enfin… mais au bénéfice de qui ? Mais, des Flamands, ma bonne dame !
Reste qu’Elio Di Rupo, s’il se fait baiser sur toute la ligne, une fois les accords signés – si la N-VA le veut – il ne pourra pas prétexter qu’il a piscine pour s’esquiver devant les journalistes. Il devra bien nous chuinter les lèvres serrées, ce qu’il a dû concéder afin de préserver l’entité Belgique !
Avant que les journaux ne décortiquent le sac d’embrouilles, il devra « préparer » l’opinion francophone à l’ingestion des couleuvres.
Tout bête qu’il croit l’opinion, qu’il ne sous-estime pas les journées délicates qui l’attend.
Que dire de la stupeur des Bruxellois qui découvriront jusqu’où la lâcheté peut conduire ! Par ce qui perce, il est pratiquement acquis que Bruxelles ne sera plus une région à part entière. Que faire des protestations qui monteront d’une opinion wallonne abusée, sinon jouer sur la corde du « c’était ça ou la fin de la Belgique ! ».
Quant aux communes à facilités, leur compte est bon. C’est la flamandisation complète ou la porte…
Wouter Beke est le dernier maestro d’avatars d’une longue série d’événements subis par la francophonie et voulue par la Flandre extrême. Ce qui peut nous sauver d’un accord calamiteux, c’est l’appétit de la N-VA. Bart pourrait risquer de nouvelles sentences latines qui le conduiraient trop loin. Sa version de la Guerre des Gaules ne passerait pas. Osera-t-il franchir la Lys, comme l’autre franchit le Rubicond ?

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Comme Wouter Beke est l’ultime machin en « eur » avant les soldes, on est bons pour l’accord fatal qui nous pend sous le nez.
Je plains Véronique Lamquin du Soir qui a dû souffrir en accouchant d’un article acceptable pour les lecteurs sages et réfléchis de la francophonie profonde, clients privilégiés de M’ame Delvaux, sur les réunions des parties négociantes.
« Officiellement, ils travaillent « beaucoup » dans un climat « positif »…
Allëi, une fois, Wouter a remis un rapport intermédiaire au roi, puis il est reparti à la pêche pour une nouvelle semaine décisive. Il est vrai que les semaines décisives se succèdent régulièrement et qu’on n’en est plus à une près…
Ce qu’il faut retenir, c’est que Wouter Beke s’inspire des travaux de Johan Vande Lanotte, qui lui-même s’était inspiré des travaux de Didjé, etc… Selon la technique des poupées russes, ces messieurs s’emboîteront jusqu’à la naissance de la Belgique de « Marieke » bébé joufflu du Tyl Ulenspiegel de la Flandre moderne. Il ne restera plus à la Wallonie que poser sa candidature à la Région Sedan-Charleville-Mézière.

2 avril 2011

L’ami du Petit Prince.

-Dessine-moi un mouton ?
-C’est toi, Laurent, Petit Prince. Tu sais, on a beaucoup parlé pendant ton absence de ton indépendance. Tu veux donc, malheureux, faire mourir le roi ?
-Je courais les déserts, sur mes semelles de vent. Les arbres abattus sont amenés des forêts pour couvrir les terrasses. Vois, ils sont partis des sables… Je les cherche partout.
-Tu les cherches avec l’argent de la dotation.
-On n’est jamais content là où on est. Toi en Belgique, tu ne connaîtras pas l’Afrique, comme je la connais.
-Tu es responsable de ce que tu as apprivoisé.
-Grâce à moi des arbres ne seront pas abattus. J’ai toujours aimé le désert. On s’assoit sur une dune de sable. On ne voit rien. On n’entend rien. Et cependant quelque chose rayonne en silence… Sans arbre, le rossignol ne chante plus, seul le Kadhafi hulule. Il lui reste l’espace…
-Comme à Ostende ?
-Les enfants seuls savent ce qu’ils cherchent.
-Oui, des ennuis avec les Flamands !
-Toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants, mais peu d’entre elles s’en souviennent. J’avais huit ans quand j’ai épousé la princesse Claire.
-Tu veux dire « il y a huit ans » ?
-Quand on veut faire de l’esprit, il arrive qu’on mente un peu.
- Petit Prince, tu veux dire aussi que tes études ne furent pas brillantes ?
- On ne connaît que les choses qu’on apprivoise.
-Et toi, qu’as-tu apprivoisé ?
-On risque de pleurer un peu si l’on s’est laissé apprivoiser... Je pleure souvent en pensant à la Belgique qui me vit malheureux écolier !
-Pourquoi pleures-tu souvent ?
-Ma dotation est si mince ! La princesse et les enfants me coûtent. Les Flamands ne m’aiment pas. Mais, les enfants doivent être indulgents envers les grandes personnes. Je les aime beaucoup.
-Le langage est source de malentendus.
-Surtout venant de ceux qui ne m’aiment pas. Je regarde la mer, son murmure n’est pas flamand. Droit devant soi, on ne peut pas aller bien loin.
-Tu ne voyages jamais en tramway sur la côte ?
-Ce qui embellit le désert c’est qu’il cache un puits quelque part… La mer est mon puits. Les méchants y tombent parfois… Les rails luisent comme des lames qui se brisent sur le wharf.
-Tu voles à leur secours ?
-Non, puisque c’est moi qui les y pousse !
-Avec ta grosse voiture, sur la voie ?

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-Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis. Je les aide en aimant la vitesse et les tôles froissées.
-Toi non plus, tu n’as pas d’amis ?
-Il est bien plus difficile de se juger soi-même que de juger autrui. Pourtant, j’ai un ami !
-Il faut exiger de chacun ce que chacun peut donner. Et qu’attends-tu de lui ?
-J’ai le droit d’exiger l’obéissance, parce que mes ordres sont raisonnables. De mon ami je n’exige rien pourtant. Et je l’aime plus que la princesse Claire.
-Tu pleures ?
-C’est tellement mystérieux, le pays des larmes. Je pleure souvent, lorsque je pense à cet ami.
-Tu en parles si bien. Il est véritablement utile puisque c'est joli.
-Quand le mystère est trop impressionnant, on n’ose pas désobéir.
-Alors, petit Prince, dis-moi donc le nom joli de ton ami.
-C’est un grand prince à qui le monde fait des misères. C’est un cadet méprisé. Sans l’amour des hommes, il a choisi les bêtes et les déserts.
-Allons, petit Prince, fais un effort. Est-ce que je brûle ? Dis le nom de ton ami ?
-C’est moi !

1 avril 2011

Libye : enlisement possible ?

Il fallait aller en Libye, histoire de sauver des gens que Kadhafi allait massacrer avec ses tanks et son aviation. Tant pis pour ceux qui disent « pourquoi en Libye et pas ailleurs ? Là où les tyrans ont aboli les libertés depuis belle lurette : la Syrie, l’Algérie, le Soudan, le Maroc, etc ? »
On a paré au plus pressé et on a bien fait et puis, gendarme du monde, c’est une mission impossible, qui n’est pas sans arrière pensée.
Maintenant que Kadhafi ne démissionne pas, mieux, que ses sbires ont repris du poil de la bête et qu’ils ont appris à se garder de l’aviation de l’OTAN, que fait-on ?
Et c’est là que les avis commencent à prendre des chemins différents.
On s’est aperçu que les populations qui se sont soulevées l’ont fait en ordre dispersé, sans cohérence et sans chef. Une armée de métier, même privée de ses tanks et de son aviation est à même de bousculer cette résistance populaire sans consistance.
Depuis le coup de cœur des alliés et le volontarisme de Sarkozy, l’improvisation domine. Sans force conséquente à terre, l’OTAN aura beau avoir la maîtrise du ciel, elle ne pourra pas aider les insurgés dans le corps à corps de deux camps dans les villes.
C’est ce que tenait à dire précisément Angela Merkel lorsqu’elle a mis en garde ceux qui voulaient entraîner l’Allemagne dans une guerre aérienne qui, quoi que l’on dise, ne résoudra pas à elle seule le conflit.
Personne, à vrai dire, ne s’est préoccupé de la situation sur le terrain. On l’ignorait même tout à fait, y compris le jour où Sarkozy a reçu un délégué des forces de résistance à Kadhafi, dont finalement personne ne connaissait ni sa fonction, ni son influence parmi les insurgés.
Ce n’est qu’en dernière analyse que Barak Obama laisse entendre que la CIA va disposer de quelques hommes au sol et que les USA envisagent de fournir des armes, s’il se constitue une structure armée parmi les insurgés.
Tout le monde a peur d’un enlisement du genre afghan, alors que des troupes alliées stationnent toujours en Irak où la situation intérieure est loin d’être satisfaisante.
La politique internationale est un sac d’embrouilles comme qui dirait rempli de N-VA parlant toute les langues et voulant instrumentaliser les autres pour asseoir une politique égoïste.
La Russie, la Chine, l’Inde, le Brésil, la Turquie attendent un faux pas de ceux qui y sont allés, pour sortir de leur réserve et dire « on vous l’avait bien dit ». Du côté Arabe, c’est l’inquiétude aussi. Comment voler au secours d’une population libyenne, certes malmenée par un tyran, quand on en est soi-même un ? Et jusqu’à présent, alors qu’on ignore comment la Tunisie et l’Egypte vont sortir de leur révolution pour dire qu’elle sera démocratique, du Maghreb au Golf persique, tous les Etats reconnus par l’ONU sont des dictatures ou des monarchies absolues !

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Reste Kadhafi lui-même. Les négociations organisant son départ et sa sauvegarde ont échoué. Ce type est un mégalomane, un obsédé de puissance, un tyran, enfin tout ce qu’on veut, sauf qu’il est loin d’être un sot. Il sait bien le sort qui l’attend s’il quitte son bunker et la protection de son armée. Les dictateurs, pour bien finir, doivent mourir dans leur lit au Palais présidentiel, avec si possible le fils aîné qui prend la relève. Toute perspective différente ferait d’eux au mieux des exilés, comme Napoléon à Sainte-Hélène, au pire, un pendu comme Saddam Hussein. Laurent Gbagbo est dans le même cas.
Que leur importe si leur obstination d’être en vie coûtera des centaines, voire des milliers d’autres vies, ils n’ont jamais lésiné sur la mort des autres, par contre la leur est hors de prix.
L’OTAN aurait intérêt à placer le plus judicieusement possible une bombe perforante sur le bunker du dictateur, pour mettre fin à la carrière du mégalomane, parce que la CIA sur le terrain n’est pas assez opérationnelle pour le finir à l’arme légère.
On en est au dilemme posé à chaque fois qu’une guerre survient à l’extérieur de ses propres frontières dans des combats que Claude Guéant appelle « croisades » : on y fait quoi ?
S’agit-il de protéger les populations contre les agissements du tyran ou renverser le régime ?
Et si le tyran fait de la résistance ? On va jusqu’où ?
La résolution 1973 de l’ONU ne donne pas de solution à ces questions. Apparemment, les forces alliées n’en ont pas non plus.