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31 mai 2015

Blatter ou l’amour du pouvoir.

L’homme est un être incompréhensible. On l’a bien vu lors de la réélection de Sepp Blatter à la présidence de la FIFA. Qu’est-ce qu’il a encore à prouver à l’âge qui est le sien ? S’attacher ainsi à un pouvoir archi corrompu, c’est se confondre avec lui, loin de l’image du justicier qu’il se donne.
Incompréhensible signifie qu’une réalité résiste à la compréhension.
Tout être « normal » se contenterait des sommes amassées au long d’une présidence depuis 1998. L’âge largement au-dessus de la mise légale à la retraite, Blatter se la coulerait douce et rédigerait ses mémoires en prenant de la distance.
Le pouvoir est une terrible maîtresse. On ne s’en sépare qu’entre quatre planches ou entre deux gendarmes. La rupture inflige de terribles souffrances d’amour propre.
« Le malheur, c’est de quitter sa chambre » dit Blaise Pascal. Sepp Blatter a quitté la sienne sans avoir le pressentiment que les honneurs, le pouvoir, l’espèce d’autorité que la profession suggère, allaient à tout jamais l’empêcher de la retrouver.
Au regard des vieux briscards de la politique belge, Sepp Blatter n’est pas un cas unique. Avec la gourmandise des débutants, nos vieux de la vieille sautent toujours sur les interviews. Ils sont présents dès qu’il y a une estrade. L’appétit du pouvoir est encore là jusqu’à un âge avancé. Les emplois les plus rémunérateurs les plongent dans un rut animal. Juste avant le portail du cimetière où dorment leurs semblables irremplaçables, l’éclat de leurs fausses dents (Vrebos recevant Louis Michel) nous les montre carnivores !
À cette obstination des vieux, souvent « les jeunes » s’insurgent. Ils attendent depuis trop longtemps leur tour et ils se sentent frustrés. Sepp Blatter pour un 5e mandat, a dénoncé une « haine, venue non pas seulement d’une personne à l’UEFA (Platini), mais d’une organisation, l’UEFA, qui n’a pas compris qu’en 1998 je suis devenu président ».
Blatter est donc président à vie ! Il a la mentalité du chef coutumier africain. Dès l’instant de la nomination, il incarne la FIFA. C’est lui tout craché. Le caractère principal d’une présidence n’est-il pas d’être renouvelé ?
Le cinquième mandat (celui qui est de trop) n’était pas suffisant pour Blatter, il fallait qu’il laissât derrière lui une zizanie entre sa clientèle de délégués corrompus d’Afrique et d’Asie et les fondateurs de la FIFA : l’Union Européenne de Foot !
Son « je pardonne à tout le monde, mais je n’oublie pas » est bien la pire des choses qu’un président puisse dire. Il jette l’anathème sur Platini.

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Un des traits qui caractérise l’homme de pouvoir est son manque d’élégance, son côté mesquin et rancunier dans les petites et les grandes choses ! Il est prêt à tout quand son prestige et son pouvoir entrent en jeu. Le pardon sans l’oubli s’appelle du ressentiment.
La matière et l’esprit sont incompréhensibles l’un à l’autre, c’est ainsi que bergsonien sans le savoir, Blatter est incapable de se poser la question de l’intérêt personnel d’une présidence à l’âge qu’il a. L’homme a fait l’échange d’une part de bonheur qui lui restait, contre une part de gloire supplémentaire, comme si cette gloire était extraordinaire, alors qu’elle n’est que la poudre aux yeux d’un vaniteux. À moins que le bonheur pour lui soit la gloire, auquel cas cet homme a toujours été pitoyable depuis le début.
Enfin, dernière supposition, sa présidence n’est que la couverture pour que n’éclatent pas d’autres scandales. Ses dossiers risquant d’exploser, Blatter serait une mère poule couvant des poussins empoisonnés qui lui feraient courir un danger important s’il renonçait à les couver.
Alors, la démarche de Platini aurait toute son importance. L’attachement des Fédérations d’Afrique et d’Asie à Blatter, en dirait plus long que la police suisse et le FBI réunis.

30 mai 2015

La déclaration…

Malgré leurs caractères plus ou moins universels, les règles de morale ne se déduisent pas par l’usage de la raison, elles sont du ressort du sentiment et du sens commun. Voilà pourquoi la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, dans sa rigidité écrite, est à la fois un absolu atteint difficilement et en même temps une déclaration généralement admise… et contournée par tous. Elle ne guide pas les actes, elle ne fait qu’accompagner le désir d’agir et la volonté, sans fournir de motifs d’action.
Voilà venu le moment d’écrire que la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, respectée par les uns, décriée par les autres, n’est le plus souvent qu’une théorie inapplicable par les dictatures (on comprend pourquoi) et par les démocraties qui s’en prévalent, tout en les ignorant.
L’histoire de la Déclaration remonte bien avant 1789. Déjà en 1688 en Angleterre et en 1776 aux États-Unis, des textes garantissaient les droits de ceux qu’on appelait alors des Habitants, avant qu’ils ne deviennent par la suite des Citoyens.
Inspirés par Montesquieu, les réformateurs français adoptent à l’unanimité le 2 octobre 1789 les dix-sept articles fondamentaux.
Depuis le premier principe : la séparation des pouvoirs et les droits naturels de l’Homme, jusqu’au dernier, nous voyons cette chose étonnante d’une association contre nature des principes de la Déclaration cohabitant avec le développement d’un système économique, également universel, dont les règles commerciales sont tout à fait contradictoires !
L’abolition de l’esclavage de l’une s’oppose à l’obligation de travail de l’autre. Comment des Hommes poussés par la nécessité, c’est-à-dire par la violence, peuvent-ils être conduits à prendre leur part de travail, par la vertu du bien collectif à faire prospérer ?
Comment redresser la barque, alors que le principe même de la réussite économique est individuel, dans une lutte hégémonique incessante entre les Hommes en compétition constante ?
Les philosophes du XVIIIme siècle relevèrent que la noblesse de naissance n’était rien, et que celle innée du cœur était tout. Comment faire croire que les hommes naissent égaux en droit, puisque cette noblesse de naissance est prépondérante depuis que le titre nobiliaire est remplacé par l’argent ? Où est la différence, quand on passe du droit divin au rendement de l’Obligation des Fonds de pension ?

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Mieux encore, l’argent accompagne le pouvoir politique pour n’en faire qu’un principe très inégalitaire qui affirme le pouvoir du riche sur le pauvre, du patron sur l’ouvrier, du ministre sur ses administrés !
Celui qui dépend d’un autre pour sa survie économique comment peut-il revendiquer une prise de parole égalitaire,?
Ce qui nous concerne directement n’est jamais évoqué, sinon avec hypocrisie par les chefs dans leur crédo d’une économie mondialisée. Quand les syndicats s’en préoccupent à la conquête d’une vie meilleure, ils nous reconnaissent implicitement inférieurs par des accords négociés avec les détenteurs des capitaux.
La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen voilà, bien le miroir aux alouettes dont se prévalent les démocraties. Les menteurs sont partout et comme ils sont nombreux, puisque nous sommes sous la loi du nombre, ce sont les mensonges qui sont devenus vérités et les vérités qui sont des mensonges.
Voilà pourquoi nous croyons presque tous que le système économique s’allie harmonieusement à la Déclaration et sert même à sa propagation à travers le monde !
Comme l’écrivait Paul Valéry « La liberté est un de ces détestables mots qui ont plus de valeur que de sens ; qui chantent plus qu’ils ne parlent ; qui demandent plus qu’ils ne répondent.

29 mai 2015

La mondialisation heureuse (suite).

Depuis que les anciens États colonisateurs, parmi lesquels la Belgique, ont rendu les clés des pays qu’ils exploitaient aux dirigeants locaux, des âmes inquiètes pourraient se demander pourquoi les missionnaires sont restés et qu’à ceux-là se sont agrégés les ONG et bien d’autres associations caritatives. N’aurait-on laissé que des ruines et des populations à l’état de besoin ?
Pour l’Afrique, de nombreux projets existent. En Région liégeoise, Jean-Denis Lejeune et son épouse ont fondé une ASBL dont l’ambition est d’installer en Afrique des systèmes de pompage des eaux phréatiques. Borloo, en France, souligne l’importance de l’électrification des villes. Des projets de tout ordre se comptent par dizaine.
L’entreprise coloniale des États européens n’aurait donc été qu’un simulacre de bonnes intentions afin que les Occidentaux croient à l’engouement altruiste des colonisateurs, puisque de l’aveu même des membres actifs de ces ASBL, l’Africain aujourd’hui vit dans la misère.
Tout est clair. Les colonies ont rapporté des fortunes aux colons. À leur départ, presque tout était à faire, cela signifie que les occupants n’étaient que des prédateurs.
Comme rien ne change, serait-ce que les États coloniaux ne se sont pas tellement dégagés des entreprises, que les dictateurs autochtones remplaçant les colonisateurs ont poursuivi le système de profit, ou encore que les fonds d’investissement ont rempli les vides laissés par les colons, afin de s’en mettre plein les poches ?
Il y a un peu des trois de ce gangstérisme international. Le rapport de force que suggère le pouvoir de l’argent peut soudoyer des dictateurs, se payer des gardes-chiourmes tenant lieu de contremaîtres. L’Afrique mise en coupe réglée par les multinationales, les pays développés y puisent les matières premières sans aucun bénéfice pour les populations.
Les anciens États colonisateurs n’ont plus aucun intérêt à avoir des colonies. L’argent s’en charge, celui gagné du temps des colonies, rentabilisé sur les lieux du crime, après qu’il ait été « lavé » dans un tour du monde des banques.
C’est plus facile de s’installer aujourd’hui en Afrique, qu’avant. Il suffit de graisser la patte du potentat du coin et de remonter, éventuellement, jusqu’au « président » du pays. Ensuite, on fait ce qu’on veut. On paie mal ou pas du tout les ouvriers. On liquide en douce les récalcitrants dans la brousse et on exploite à fond le site sans se soucier de la pollution et de l’environnement.
L’OMC se charge de tout, la libre circulation des marchandises et des capitaux et hop, que je t’embrouille. Là-bas comme ici, cela s’appelle la mondialisation, système qu’appellent de tous leurs vœux les libéraux du MR qui prennent au Fédéral, toutes les décisions à notre place au sujet de notre ancienne colonie.
Ainsi donc, le système est parvenu à faire pire que du temps de Léopold II, sous prétexte de progrès et de modernité !

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Nos dirigeants d’une même voix jurent que le tableau est exagéré. Ce n’est pas la petite Belgique qui pourrait mener une politique à contre courant, disent-ils, comme s’ils en avaient du regret !
En quelque sorte, la colonie, l’invention des États du Nord au XIXme siècle, est un domaine qui a été privatisé, comme on le souhaiterait de la poste et des chemins de fer.
Les gouvernements de nos indécentes démocraties se contenteront de taxer les bénéfices rapatriés dans nos banques !
Par les temps qui courent, les immigrés sont de deux ordres : ceux qui fuient les exactions de Daech et l’intégrisme musulman, ce sont des réfugiés politiques, et les autres, les immigrés économiques, que nous avons maltraités au temps des colonies (la mondialisation « heureuse » achevant notre travail), passent pour des profiteurs honteux et des parasites.
Bien entendu, les réfugiés économiques sont refoulés. Il ne manquerait plus que nos victimes se mêlent aux victimes de Daech ! Nous passerions pour des complices de l’EI !
Sinistre, ce raisonnement !

28 mai 2015

La théorie de la saucisse.

On pourrait croire, naïvement, que ceux qui pratiquent un sport ont l’exclusivité de s’appeler sportifs. Pour le football, ce n’est pas le cas. Les supporters se prennent pour de grands sportifs. Quand leur favori triomphe, c’est un peu grâce à eux. Du reste, ils se réunissent dans des clubs de supporters, du même nom que le club qu’ils supportent. Il faut reconnaître qu’être membre d’un club de supporter, c’est un peu aussi faire du sport : casser des clôtures, la castagne avec les supporters d’en face, envahir les rues le verre de bière à la main, affronter les flics, tout cela relève d’une certaine manière, d’une vie sportive – à ne pas confondre avec sportivité.
Que les matchs soient bidonnés, ils ne le sont pas tous, mais l’expérience a prouvé par le passé que des championnats ont été faussés, ce n’est pas rien tout de même. Qu’importe, et que la FIFA soit un nid de profiteurs gourmands de pots-de-vin, on s’en doutait aussi. Le supporter n’est pas contre que tout le monde s’emplisse les poches, du moment que son club gagne. C’est pour cette raison qu’à chaque dimanche la moitié des supporters va à la baston et que l’autre moitié lui pète à la gueule.
Tout cela n’est pas grave, puisqu’il s’inscrit dans l’air du temps de l’argent roi, de la morale aux chiottes et du club de Gand, champion de Belgique.
Le football est devenu le miroir aux alouettes de la jeunesse des banlieues, surtout africaine, puisqu’en Afrique, la banlieue commence au centre ville. Le truc fait aussi recette chez nous par les sommes astronomiques que génèrent l’achat et la vente des joueurs, avec l’étalage des chiffres dans les journaux, voilà la moderne caverne d’Ali Baba pour soutenir le moral de la jeunesse pauvre. !
Mais d’où sortent ces millions d’euros, de quel portefeuille inépuisable achète-t-on les talents du pied gauche ou le placement « génial » d’un type dont le seul don : le talon d’une jambe suffit !
Pourquoi des milliardaires acquièrent-ils des clubs de foot dont on nous dit qu’ils sont déficitaires ? C’est pas leur genre de prendre en main des combines pourries.
Comme dans toutes les affaires d’argent, depuis que les grands escrocs ne vont plus en prison et que les gouvernements s’aplatissent devant l’économie mondiale, l’argent a pris une dimension mystique à l’égal de toutes les religions.
Même chez Daech, on arrête la conquête de l’Irak pour un beau match de foot.
Et comme le pognon peut tout, il a donc aussi ses tiffosi, adorateurs du foot, bons bosseurs silencieux et efficaces de la semaine et illettrés et incapables de discernement, hors de la synthèse du match.
L’époque est au sport et les belles filles aux sportifs. Amen.
On n’a rien encore trouvé de mieux que le foot pour oublier dans quelle merde on vit.
La nôtre, avec le dieu pognon, a fini par rejoindre les jeux du cirque romain. Des types courent sur des pelouses, certains en attrapent une crise cardiaque, rien que pour les liasses de biftons. Et il faut qu’il aille vite, le propriétaire du jeu de jambe merveilleux ! Il dépasse rarement la trentaine sur les terrains. Alors, sous peine de finir marchand de chaussures sur la Batte, il faut en mettre de côté. Ce qu’ils ne savent pas faire en général, puisqu’ils vivent fastueusement à crédit et que la Ferrari et la nana de rêve, ça coûte bonbon.
Les joueurs de foot, enfin les pros qui passent au guichet des banques, ont le tendon fragile, pas celui qui sert à bander, non, celui du mollet. Ils peuvent passer en un éclair parfaitement plein aux as et capitaliste enthousiaste, à mancheux de la bretelle d’Ans de l’autoroute, pas facile, courir de voiture en voiture avec des chaussures de foot !
Ces jours-ci voilà qu’on apprend ce que tout le monde sait déjà, six membres de la FIFA ont été arrêtés mercredi 27 mai pour des faits de corruption à Zurich, où aura lieu vendredi l'élection du président de la Fédération internationale.
On en arrête de temps en temps quelques-uns, ce qui n’empêche pas les autres de poursuivre la chasse aux mallettes de cash. Remarquez que ce n’est jamais les pointures qu’on embarque, mais des seconds couteaux qui veulent en croquer, comme les grands. C’est un peu comme si un secrétaire d’État qui aurait de la prétention, volait comme un ministre !...
Les supporters, les clubs, les dirigeants, les joueurs, tout baigne plus ou moins dans des affaires louches : achat, vente, location, bail prise d’intérêt, pourquoi voulez-vous que la FIFA soit le dernier refuge de l’honnête homme ?

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Un blogueur a écrit un truc amusant et combien judicieux, c’est la théorie de la saucisse: «Si vous aimez quelque chose, n’essayez pas de savoir comment c’est fait.». Maxime admirable et qui peut s’adapter à nos grandes gueules : les puissants « spécial compte bancaire », aux petits supporters, qui se privent de tout pour se payer les matchs en tribune.
Et c’est justement là qu’Alain Gerlache se trompe sur mon populisme démesuré, je devrais pourtant me réjouir de voir ces belles collections d’immatures illettrés, jadis pauvres, se goinfrer de billets de banque, puisque ce serait « la revanche du petit peuple ». Eh bien non, cher libéral de mon cœur, ce n’est pas de cette revanche-là des « petites » gens dont je rêve.

27 mai 2015

Dessine-moi un con !

Pourquoi la gauche authentique est-elle morcelée en tant de chapelles qu’une réunion générale des adhérents de l’une ou l’autre pourrait se faire dans n’importe quelle arrière salle de café de moins de cent places ?
La liberté de ne pas fréquenter le voisin devrait céder le terrain, dans certaines occasions, à l’efficacité du nombre.
Inutile de s’aventurer dans les pourquoi et les comment, le MG ne parle pas à Force Ouvrière qui ne supporte pas la LRT, etc, ceci pour le cas français. On pourrait en dire autant de la situation belge.
Suite à l’attentat dont furent victimes les journalistes de Charlie Hebdo, huit jours après le large regroupement populaire qui s’en suivit, une querelle éclate autour des motivations. Les manifestants étaient pourtant d’accord, rassembler autant de monde, ne se faisait que d’une seule manière. Il a bien fallu faire la synthèse des motivations, à la seule horreur des crimes, autour de « Je suis Charlie ».
Eh bien non ! C’était trop beau.
Voilà qu’Edwy Penel, cet excellent journaliste, fondateur de Mediapart, s’en mêle !
On a pu lire dans sa gazette cette chose étonnante « À force de jouer avec les haines, nous produisons des monstres qui se retournent contre nos libertés fondamentales. Ce monstre a tué 12 personnes le 7 janvier 2015. Nous avons créé un climat où ces crimes sont possibles ».
Si je comprends bien, « nous » est collectif ! Je suis responsable, comme Edwy Penel, d’avoir créé les créatures de Daech qui sont venues assassiner des innocents !
C’est associer vite fait la population entière dans l’organisation d’une société par quelques-uns, monstrueusement égoïstes et haïssables. C’est considérer comme peu de chose les protestations véhémentes d’une gauche qui ne veut pas de ce système et oublier que la dénonciation d’un monde dont nous ne voulons pas, nous force malgré tout à vivre et composer avec la voyoucratie au pouvoir et nous soumettre à la majorité qui n’y voit que du feu. Daech se serait abstenu de nous envoyer ses criminels, si la société idéale de Penel avait existé ! C’est ridicule !...
Et surtout, c’est mettre de côté le fanatisme religieux et l’interprétation des sourates.
Ici, je suis tout à fait d’accord avec Jean-François Kahn qui dit sa façon de penser à l’islamo-gauchisme rampant « S’interroger sur notre part de responsabilité, c’est faire le jeu des agresseurs. Il y a une barbarie, point final ! ». Bien sûr cette libéralo-social-démocratie a son comptant de malfaisants au sommet, mais il y a une marge entre les voyous qui nous dirigent et la folie meurtrière de Daech. Dire que ces dirigeants indignes sont en partie responsables des agissements criminels de Daech, c’est revenir aussi sur la responsabilité initiale selon Jean-François Kahn.
Par contre, la politique de certains responsables a certainement permis l’expansion de ces criminels au Moyen-Orient.
Le monde des affaires est autrement coupable. Mais là, il ne s’agit que des forbans du commerce international, ce que MM. les économistes accrédités dans les gazettes et dans les partis appellent une mondialisation heureuse.
À ces grands utilisateurs des règles commerciales mondiales, on pourrait y adjoindre la complicité au second degré, par intérêt des chefs d’État occidentaux qui s’y entendent, complices des complices si on peut dire, des émirats, de l’Arabie saoudite, de la Turquie et de quelques potentats d’Afrique.
C’est Hollande qui vend ses Mirages où il peut et Erdogan qui remplit ses bidons d’essence à moitié prix chez Daech. Mais la liste y est plus longue et plus subtile. À remonter les filières, on aurait des surprises : des milliardaires américains se font des petits musées sur les pièces dérobées en Syrie et en Irak, Poutine vend tellement de kalachnikov à tort et à travers, que l’armée djihadiste en a fait son arme préférée.
Oui, il y a des coresponsables, comme il y a des combattants-bourreaux à pathologie lourde.
On l’a vu en Belgique, les stratèges des partis favorisent tout accommodement avec l’islam, dans un but électoraliste, mais pas seulement. Ils racolent en jetant du lest sur la laïcité et, par la frousse qui transpire de leurs propos de l’intégrisme musulman, il favorise celui-ci en lui faisant croire à une sorte d’impunité et en lui attribuant des circonstances atténuantes.

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Les intérêts financiers, la peur que suscite les combattants de Daech jusqu’en Belgique (des victoires sur l’armée irakienne à pourtant du 7 contre 1 en faveur de Bagdad !), la propagande électorale, etc, pour la communauté musulmane, le terrorisme a du bon, même si beaucoup condamnent les meurtres. Nos têtes de gondole sont au petit soin

26 mai 2015

Une affaire de voyous.

La condition essentielle pour donner un avis sincère est de n’adhérer à aucun parti. Ainsi, sans être soupçonné d’intentions secrètes, je peux détester ou aimer les personnages qui régentent notre vie administrative et sociale, en toute sincérité. Tant pis, si parfois (souvent diront les détracteurs), je suis dans l’erreur.
Quant à nos « élites » dirigeantes, il ne s’agit pas « d’aimer » un personnage public comme on aime une femme ou comme une femme aime un homme, mais d’avoir une conviction « raisonnée ». Si aucun des leaders des partis traditionnels ne trouvent grâce à mes yeux, c’est parce qu’ils sont responsables d’un état des lieux alarmant. Ils nous salopent le local, se montrent mauvais gestionnaires et n’ont aucune considération pour le petit peuple.
Depuis ce bilan de vie du plus grand nombre, je ne suis pas loin de considérer les gens de pouvoir comme des voyous opportunistes. Ils flattent les puissants et espèrent à force de bassesse remplir leurs écuelles. De l’Ancien Régime à la démocratie qu’ils nous fabriquent, ils n’ont pas changé.
Cette opinion a été très lente à mûrir et à s’afficher dans sa radicalité. Contrairement à ce que le camp des satisfaits considère comme une aberration de l’esprit, elle a tardé à se définir. Elle est aussi difficile à gérer, puisqu’elle se heurte à l’opinion contraire, largement majoritaire.
Mon opinion se renforce des progrès des techniques et de la science qui devraient servir à élever et éduquer le peuple et qui n’enrichissent que le capital. La pauvreté grandit, dans un pays qui s’enrichit.
Aussi, mon attention bienveillante se porte sur ceux qui ne procèdent pas du pouvoir, au contraire, en relèvent les défauts et compatissent au malheur des gens.

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En Belgique, il y a Raoul Hedebouw, le plus connu du PTB. J’aime bien ce type. Il dénonce ce que j’ai envie de dénoncer. On sent qu’il est sincère, bref qu’il aime les plus humbles et les plus malchanceux d’entre nous.
Je comprends et j’apprécie les syndicalistes de Charleroi qui se sont désolidarisés du Ps pour rejoindre un vrai parti socialiste. Il y a dans le syndicalisme un potentiel de gens tout à fait capable de diriger ce pays d’une autre manière. Hélas, les voyous au pouvoir ont placé leurs mouchards, aussi bien à la FGTB qu’à la CSC.
Les voyous ont plongé l’opinion publique dans la plus parfaite illusion, grâce au concours des industriels, des banques et des journaux, tous unis pour que nous pensions à peu près pareil, que nous sombrions dans la futilité au point que nous en oubliions que l’État, c’est l’affaire de tous et que notre représentation y est mauvaise. Hélas, rallier la majorité à ce que j’affirme être l’essentiel… ce n’est pas pour demain.
En Wallonie, il y a encore un tas de types biens qu’on ne connaît pas et pour cause, ils sont mis à l’index soupçonnés de populisme. Ils n’ont aucune chance de battre politiquement les voyous, puisqu’ils sont parfaitement inconnus. Un grand nombre n’envisage même pas de se présenter sur des listes électorales.
Puisque nous sommes Wallons, c’est-à-dire tournés vers la culture française, bien sûr que nous y avons nos têtes. Les miennes s’enrichissent chaque jour, derrière l’incontournable Mélenchon. Certains vont dire : c’est un ex-voyou, un gars de l’appareil, un vieux briscard de la politique, un roué, etc… Certes, mais l’homme a le génie de résumer en de bien meilleurs termes que les miens, des remèdes au désastre. Je le range dans le camp de l’honnête homme. Et pour une fois qu’un ancien ministre a viré sa cuti !... C’est aussi un tribun remarquable et pour une fois que nous en avons un !
Il y a encore Olivier Besancenot et pas mal d’autres.
À Lutte Ouvrière, la militante Nathalie Artaud m’attire par la fermeté de ses propos, la justesse de ses analyses et son parfait désintéressement. Cette bonne économiste aurait pu arrondir sa pelote dans le camp des voyous. Plutôt que se faire des ronds faciles, elle a préféré ses convictions.
Tête de liste aux régionales début décembre en Ile-de-France, elle n’a aucune chance, mais elle persiste convaincue que même étouffée, la voix du peuple doit se faire entendre.
Tout qui se dresse contre les voyous a ma préférence.
« J’entends dénoncer l’offensive de tous ces grands groupes qui profitent de la crise pour aggraver la condition ouvrière avec l’aide de ce gouvernement qui exécute leurs volontés », nous dit-elle.
Il y a une tradition dans Lutte Ouvrière qui me va comme un gant, c’est la défense des femmes et la lutte pour la juste parité des sexes. Ce parti refuse de verser dans l’islamo-gauchisme, pour défendre la laïcité et la question de la femme dans l’Islam.
Et je lui tire mon chapeau. Je lui dis merci et j’emmerde ceux qui dans le camp des voyous hurlent au populisme.

25 mai 2015

La tendance est baissière.

Seulement 75.000 personnes ont voté sur les motions au PS. Le nombre de militants s'effrite depuis vingt ans.
– Tu parles du PS de Di Rupo, mec ?
– T’as déjà vu qu’on présentait des motions au PS belge ? Ici, c’est le marquant qui cause et les autres applaudissent. Non. J’te parle du PS français.
Quoique ce soit le succès de Cambadélis et du président Hollande, cette motion A, à plus de 60 %, la presse comme les militants ne parviennent pas à y voir un satisfecit décerné à la majorité au pouvoir.
C’est tout au plus une étape franchie pour une reconduction des mêmes à un second mandat, avec une grande inquiétude pour les étapes qui restent à franchir, afin de finir dans les deux finalistes au second tour.
Si Hollande ne parvient pas à rassembler les Écolos et les Communistes sous son nom à l’élection de 2017, il ne figurera même pas au premier tour !
Pour Poitiers, lieu du Congrès, ce sera de voir de moins en moins de militants au PS, même si dans la foulée de l’adoption de la motion A, le Congrès va réélire Jean-Christophe Cambadélis au secrétariat du parti. D’abord les chiffres : sur 130.000 adhérents appelés à départager les quatre motions, seules 75.000 ont participé au vote ! Les autres sont partis voir ailleurs ou même s’ils sont restés, ne se sont pas déplacés pour ajouter leurs voix à une mascarade.
La rose fane sur pied !
On dira « ouais, c’est comme ça partout en Europe, la gauche recule ».
Sauf que si la gauche recule, c’est en grande partie à cause de ceux qui se disent de gauche et socialistes et qui cautionnent une politique de droite de leurs leaders depuis 2008, pour sauver les banques.
On ne va pas faire le rappel de ce qu’était jadis le PS, comme France Info l’a fait hier, 280.000 adhérents en 2006, soit plus de deux fois plus que pour ce congrès, cela ferait trop mal aux vieux militants sincères et complètement abasourdis. Trente ans que ça baisse. Alors, c’est chouette pour les dirigeants actuels d’esquiver les responsabilités et remonter jusqu’à Guy Mollet pour en chercher les causes.
La participation de ceux qui restent baisse aussi. On ne se contente pas d’affirmer qu’on n’est pas d’accord tout en restant affiliés, on boude les réunions et les motions.
En adoptant la social-démocratie comme crédo, on peut dire que cela n’a rien d’exaltant, ni même de socialiste, disent de plus en plus de gens au PS et en-dehors du PS.
Bref, il n’y a plus que François Hollande et la rue de Solferino à croire en leur « socialisme ».

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Qui sont ceux qui restent et qui sont ceux qui s’en vont ?
D’après un sociologue, ce sont les mêmes ! Seules une petite différence crée parfois l’élément subjectif pour rester ou partir. Ce parti était aussi et avant tout clientéliste. On adhérait au PS parce qu’on avait à y gagner une fonction, un avantage, un loyer social, dans une commune dirigée par un socialiste. C’est la dégringolade des élus, le château de carte s’effondre. Les socialistes ne sont plus les maîtres du jeu dans beaucoup de cas. Ils ont été battus par le Front National ou par l’UMP !
Les ouvriers ne sont plus la base traditionnelle du parti. Ils ont déserté en masse dès la défaite de Ségolène Royal face à Sarkozy. Son restés les bobos, les cadres et les intellectuels rive-gauche.
Plus généralement, on assiste en France ce que l’on constate en Belgique, à une désaffection de la politique. Le coup du compromis qui nous empêche de réaliser le programme de l’élu, ne prend plus.
Les groupes de pression, des intérêts momentanés, et les associations de consommateurs remplissent des salles, que les meetings politiques ne parviennent plus à faire.
Le SPD allemand avait près d’un million d’adhérents au milieu des années 1970, il en a désormais moins de 500.000.
Le Ps français comme il est parti vers un congrès bidon peut encore descendre. Il pourrait même presque disparaître, si la vie des français ne s’améliore pas et que le chômage poursuit ses ravages, malgré le redémarrage de l’économie.
Un parti de gauche ne peut se passer d’une base militante forte. Les énarques, s’ils prennent les bonnes planques ne représentent pas les militants pour défendre au mieux leurs intérêts. C’est bien simple, ils ne les connaissent pas.
C’est intéressant de suivre le PS français, il est souvent le devenir du nôtre.

24 mai 2015

Turquerie et pantalonnade.

On ne se débarrassera pas facilement du problème de droit que constitue sur notre territoire la négation du génocide arménien par la population d’origine turque. En effet, si le génocide est admis par les autorités belges comme un fait historique, on ne peut pas, d’une part, considérer comme un délit la négation de la shoah et le martyre des Juifs par les nazis et, d’autre part, relaxer de toute poursuite la négation du génocide arménien perpétré par les Turcs en 1915.
On voit bien où le bât blesse.
Quand on commence à interdire aux citoyens de dire des conneries, il ne suffit pas d’interdire celles qui ne conviennent pas aux Autorités, mais les interdire toutes. On voit où ça mène un pareil raisonnement : à une dictature à peu près semblable à celle contre laquelle on veut lutter!
La vérité historique a été falsifiée par les historiens turcs pour des considérations de politique intérieure. Cette imposture dans l’histoire de la Turquie et de ses voisins a été alimentée par des témoignages recueillis chez les nationaux turcs selon lesquels il y aurait eu des massacres de part et d’autre. Ainsi, chacun retournerait se débrouiller dans son coin avec une plus ou moins bonne conscience. En réalité, les quelques dizaines de militaires turcs qui ont péri sont « les victimes » de ceux qu’ils s’apprêtaient à assassiner et dont certains ont vendu chèrement leur peau, comme on dit.
Certains mausolées de l’époque qui perpétuent la mémoire « du martyre du peuple turc », sont un outrage à l’histoire ! Ils détiennent quelques poignées de forbans qui par la monstruosité de leurs actes méritaient amplement, qu’on les enterrât sans fleur ni couronne.
Il n’y a pas un sur cent Belgo-Turc pour croire cela.
Et voilà bien le drame.
Les Turcs qui manifestaient hier gare du Nord sont bel et bien en train de se tromper de combat, poussés à la faute par leurs représentants sur notre territoire et par le manque de sérieux dans les rappels historiques qu’il conviendrait de faire à propos de cette infamie perpétrée contre un peuple sans défense (plus d’un million de morts !), dans le seul intérêt de pérenniser le territoire turc.
Mais voilà, la communauté turque est importante en Belgique. Les partis politiques lui font des yeux doux. Le Ps qui s’y est toujours entendu au nom d’un internationalisme mal ficelé et complètement détourné d’un humanisme de bon aloi, a poussé sur ses listes des personnages de cette communauté qui y ont vu la bonne affaire.
C’est presque le thème du livre de Houellebecq « Soumission » (voir un blog précédent).
Le nombre en justice signifierait-il qu’il est supérieur à la loi ?
En l’occurrence, c’est le bourgmestre de Bruxelles qui a raison d’interdire la manifestation et c’est le bourgmestre de Schaerbeek qui a tort de la tolérer.
Comment oser à l’avenir interdire à Dieudonné ses quenelles et son spectacle en Belgique, sous prétexte qu’il porte atteinte à la loi contre le racisme et l’antisémitisme, alors que 950 individus se permettent de défiler dans les rues de la capitale pour émettre des doutes sur le génocide des Arméniens en 1915 ?

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Ce que j’en écris n’est pas contradictoire avec la liberté d’expression que j’ai toujours défendue. À tout prendre, les Turcs qui perpétuent le mensonge historique, comme le vieux drôle de Jean-Marie Le Pen a le sien, ont le droit – pour moi – de dire les conneries qu’ils veulent sur les guerres passées. À condition, bien entendu, qu’on n’établisse pas des règles à la carte sur l’application des lois. Et surtout qu’ils ne s’assemblent pas en cortège. Il suffit assez qu’ils ne connaissent rien à l’histoire comme leur député Émile Kir de façon individuelle, pour se mettre à brailler ensemble des contrevérités.
C’est justement ce qu’ils sont est en train de faire, tandis que les flics les regardent d’un air indifférent. Et ça, ce n’est pas tolérable.
Je l’ai toujours pensé, il n’est pas bon que l’État mette son nez dans des affaires de conscience et dise le droit à tort et à travers. Mais, quand il le fait, il doit bien se garder de toute injustice et de tout privilège en la matière. Pour l’heure, il est bien plus dangereux de tolérer des rassemblements d’individus qui devraient plutôt recevoir une assignation en justice pour négationnisme, que de prétendre clore le bec à un saltimbanque, sous prétexte que ce qu’il dit n’est pas conforme à la loi.
De concession en concession, je n’ai pas envie de voir les femmes de mon pays être dans l’obligation de porter un voile et moi de croire aux fariboles orientales sur une puissance divine quelconque, alors que j’ai rejeté d’autres fariboles plutôt centrées sur des fantasmagories européennes.

23 mai 2015

Fessetrivial de Cannes.

Jadis, seules les starlettes, souvent même des postulantes à l’emploi, avaient le « privilège » d’en montrer plus qu’on n’en montre d’habitude sur des photos d’actualité « culturelle », à Cannes.
Elles exhibaient un sein, rarement leur cul parce qu’à l’époque cela relevait de la pornographie, puis retombaient dans l’anonymat le plus épais, rejoindre la cohorte des anciennes.
On n’en entendait plus parler ! Quelques-unes épousaient un monsieur cinquante ans plus âgé qu’elles, divorçaient six mois plus tard en réclamant un million de dollars (c’était dans les années soixante). Elles révéraient en Nadine de Rothschild, l’ouvreuse de cinéma devenue baronne. Les ambitieuses ne rêvaient que de son destin hors du commun et des communs. Mais la plupart des belles filles ne mariaient pas des coffres-forts. Les malchanceuses, le jour de la fermeture du festival, rentraient chez elles en stop, certaines même se faisaient violer par un chauffeur poids lourd en transit.
Les destins les plus affreux se terminaient dans les bordels du côté de la rue du Marché Forville. Au-dessus du lit de la passe à 50 €, le poster des années de gloire, trente ans après, restait punaisé au mur.
Elles avaient risqué. Elles avaient perdu.
Tout ce petit trafic, cette guerre des nerfs entre célébrités et aspirantes n’existe plus. Cannes, à partir du troisième millénaire, a supprimé les petits emplois. Les stars tapinent, mais c’est pour le bon motif : la promo des chefs-d’œuvre des metteurs en scène. Quand elles montent, c’est par le grand escalier au tapis rouge du Festival.
L’année dernière, Sophie Marceau montrait un sein. Cette année, elle ne pouvait pas faire moins que montrer sa culotte. Ce qu’elle fit bien volontiers, avec la belle détermination d’une qui n’a pas froid et pas que dans le dos.
Jadis, des pauvresses assuraient le service pour moins cher.
Le public est ravi. Ce public là est toujours ravi. Ce n’est pas celui des promeneurs snobs de la Croisette, ni des clients friqués du Martinez. On ne sait pas d’où il vient. Probablement du vieux Cannes ou du camping de la Napoule ?

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Je trouve Cannes d’un profond ennui. Les marches sont un trop petit espace pour y passer des heures. Un regain d’intérêt pour uniquement leur montée se fait sentir parfois à la concentration de photographes de presse, signe qu’il pourrait s’y passer quelque chose.
C’est le moment que choisit Sophie Marceau. D’un geste ample et généreux, elle dévoila sa petite culotte, histoire de rendre un certain lustre à un festival un peu terne et remercier les fans qui s’étaient dérangés, pour ne rien voir jusque là.
Chaque année exige du nouveau. On craint la banalisation des petites culottes, blanches, noires. Comment faire mieux ?
La direction du festival suggère que Sophie Marceau s’arrange pour qu’on voie son cul, sans culotte la prochaine fois. Ce sera le clou du festival, son offrande au public. En foi de quoi, elle pourrait obtenir un prix d’interprétation féminine.
Elle nous offrira le spectacle pour tous publics. L’épilation récente ne suggèrera rien d’autre que deux lèvres à peine rosées, à peine différentes à la verticale que celles adorables de l’horizontale, laissant à peine deviner un trait séparant les deux lignes de crête, tout cela ondoyés et parfumés du matin, d’une grande bienséance visuelle, à contempler en famille, dans les actualités du soir. Enfin un spectacle pour enfants sans vulgarité, un exemple de tenue pour Patrick Sébastien
Hélas ! Le festival a prévenu son interprète des marches : Sophie ne sera pas la première ! Une célèbre chanteuse avait osé le sans culotte avant elle, Catherine Ringer ! Il avait fallu qu’un photographe plongeât sous la scène pour immortaliser la chanteuse de manière originale.
Gustave Courbet pourrait, plus tard encore, influencer le festival par sa toile « L’origine du monde ». Ce serait dans les années 2020, quand le public et les biens pensants auront évolués.
Sophie pourrait améliorer sa présentation en nous le montrant avec une barbe de six mois ! Comme Courbet au musée d’Orsay, égalant ainsi la chanteuse, sa rivale dans le genre. Mais ce n’est qu’un projet. Pierre Lescure hésite sur les dates, 2020, 2022, c’est une question sérieuse.
Que l’évolution des mœurs ne tarde pas trop tout de même.
En 2020, Sophie Marceau aura cinquante quatre ans. Je ne veux surtout pas faire croire qu’à cet âge là, la star ne sera plus l’objet de mon désir, mais quand même, elle ne sera plus tout à fait la belle plante qui m’initia à la branlette, dans son premier film « La Boum ».

22 mai 2015

Quand Popol sévit.

Pépinière de fins politiques et de politologues aux avis recherchés ou discipline pour farfelus et humoristes involontaires, l’ULB dénombre parmi ses nombreuses activités Le Centre d'étude de la vie politique [Center for the Study of Politics] (CEVIPOL), Faculté des Sciences sociales et politiques / faculty of Social and Political Sciences - Institut de Sociologie et Institut d'études européennes / institute of European Studies - Section politique (unité ULB590).
Dans ses locaux et amphithéâtres, la Belgique y est mise en équations, les électeurs radiographiés, disséqués et classés, enfin les élections sont analysées de telle sorte qu’après le scrutin une typologie des lieux et des habitudes des électeurs des différentes formations politiques est revue et répertoriée, suivant les mouvements des voix, de la gauche vers la droite et de la droite vers la gauche.
Cela ne sert pas à grand-chose, sinon à occuper des étudiants et permettre à l’esprit labyrinthique de Pascal Delwit de s’étendre de l’Alma Mater aux chaînes de radios et de télévision.
Comme le dit si bien la pub de l’établissement :
« Le CEVIPOL vise avant tout à produire de la recherche fondamentale, à travers la réalisation de thèses de doctorat, la rédaction d'articles et d'ouvrages scientifiques et l'organisation de colloques et séminaires. En diffusant le produit de leurs recherches empiriques (sic) sous forme de publications, les chercheurs du CEVIPOL prennent activement part aux débats scientifiques dans un triple espace belge, francophone, et international. Le CEVIPOL contribue également à la constitution de bases de données sur la vie politique. En particulier, les résultats électoraux à l'échelle européenne, les effectifs des acteurs politiques (partis politiques, syndicats, groupes de pression, monde associatif), les catégorisations socioculturelles des citoyens et élites. Parallèlement, le Cevipol mène également des tâches de vulgarisation des résultats de ses recherches. Dans le cadre de ses missions de service à la société, il prend part à des activités d'éducation permanente (conférences, formations) et il établit des synthèses de ses travaux à destination des milieux politiques, sociaux et médiatiques. »
Comme on le voit la démocratie est entre de bonnes mains. On ne risque pas trop de confondre Lisbeth Homans avec Laurette Onkelinx.
Le matin, dès huit heures, le CEVIPOL ouvre l’esprit de ses protistes par quelques petits exercices de mise en forme « Le score d’un parti dans un canton donné soit largement dépendant de son score à l’élection précédente. Notre but est d’expliquer comment le stock initial de voix peut avoir un impact différent selon les partis considérés.
Considérons Y t,j, le résultat d’un parti dans un canton j à une élection t : Yt,j=Pj+at+et,j+kt(at-1+et1,j) »

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C’est un des drames de nos universités, à force de vouloir établir des certitudes scientifiques de ce qui relève parfois du hasard d’une roulette de casino, on oublie les impondérables qui se glissent malicieusement dans chaque paramètre et font de certaines sciences, des pseudos sciences.
L’Eidétique de nos universités est bien l’acte substituant l’essence à la considération de l’objet et non pas la perception en détails du dit objet. Tous les socialistes sont comme ceci et tous les libéraux sont comme cela. La frange du comportement socialiste ou libéral donne les fluctuations en bordure des partis qui conditionne le pourcentage acquis aux élections. Vous avez compris ? Non ! Ce n’est pas grave.
Nous voilà donc remis à notre place, rangés dans les bocaux (sans doute à cornichons), vrais fils d’Éléate, entre distinction de l’apparence et de la réalité.
Ce que j’en dis, tient en peu de choses.
La démocratie est devenue une merde infâme entre les mains de nos suborneurs et le système capitaliste. Charles Michel, c’est le général Boulanger, vous verrez qu’il n’aboutira qu’à conduire son gouvernement à un désastre. L’électeur socialiste, s’il croit voter pour un parti du centre, a raison. Par contre, s’il croit voter pour un parti de gauche, c’est un con.
Si on croit avoir résolu la crise, parce que le PIB est en augmentation, avec 600.000 chômeurs, sans compter les renvoyés aux CPAS et les pensions à moins de 1000€, alors ma suggestion que la démocratie est une belle merde prend tout son sens.
Les temps sont ainsi faits que le CEVIPOL est l’art de masquer les merdes en chaulant des équations dessus.
Je souhaite néanmoins à l’étudiant qui a réussi sa thèse sur le bisounours de la Belgique modèle, de trouver un job, d’employer l’art de la maïeutique en brassant l’air des soirées électorales et de finir sous-chef de cabinet dans un ministère important.
Il ne changera rien à rien. Mais il aura bien vécu. Beaucoup de ses compatriotes ne pourront pas en dire autant.

21 mai 2015

Nathalie Wood ? Non, Susan Wood !

Les premiers ministres font trois petits tours et puis s’en vont, sans autre forme de procès. On les retrouve bien pourvus et planqués quand ils sont encore « avenants », comme Guy Verhofstadt qui s’est jeté dans l’arène européenne ou Élio Di Rupo, retour au bercail, pantouflant dans ses docteurs Jeva, laine et feutre garanti, et qui se méfie du PTB et de son populisme.
Il y a aussi des vieux timoniers blanchis sous le harnais, qu’on dépose dans le cocon d’une banque et à qui on promet des funérailles nationales. C’est le cas de Jean-Luc Dehaene, mort comblé d’honneurs.
Enfin, il y a ceux, importants aussi, mais qu’on hésite à caser, parce qu’on sait qu’ils se feront remarqués et, qu’en général, on n’aime pas que les gens recasés la ramène sur leurs problèmes personnels et sur leurs manies d’enfant gâté, à qui on passe tout. C’est le cas d’Yves Leterme.
Les gens sérieux qui suivent la politique belge ont froncé les sourcils à la manie de Leterme d’envoyer des tweets personnels, lorsqu’il était en déplacement officiel. Est-ce le roi Albert II qui l’aurait inspiré ? Le tweet du Congo est resté dans les annales. Son "Not at all. I Want to learn to know you. You to ?" (Non pas du tout. Je veux apprendre à te connaître. Toi aussi ?) a fait le tour de la planète. D’autres encore ont suivi. À l’été 2011, il s’est un peu calmé ! Avait-elle enfin appris à le connaître ?
Où caser cet oiseau-là après l’apothéose de deux fiascos de gouvernement, assortis de nombreux gags, dont la Belgique, qui n’aime pas le populisme, s’est sortie par des pirouettes linguistiques ?
La pénurie d’emplois n’existant pas à ce haut niveau, on l’avait planqué à l’OCDE, à Paris. Belle rémunération, appartement de fonction VIIme arrondissement et un temps fou pour la pause de midi, la sieste pendant les fortes chaleurs et la possibilité de facturer les tweets galants par les fonds-sources. La vie de château en roue libre…
Mais l’orgueil, on avait oublié l’orgueil, quand on a été premier ministre, ça vous monte des couilles à la tête. On en sait quelque chose avec Di Rupo, très chatouilleux sur son Mons 2015, qu’il incarne comme s’il était la grand-place en personne. Et Yves Leterme n’était que secrétaire ou directeur général, on ne sait plus, ADJOINT de l’OCDE ! Adjoint, le mot est atroce pour certains hauts destins.
La honte, en quelque sorte pour un homme qui espérait encore décevoir tant de monde, avant de prendre sa retraite.
Changer de crèmerie ? Il fallait faire vite. Le CD&V sera-t-il encore influent dans les années à venir ? La N-VA est son tyrannosaure Rex en Flandre.
Sauvé de l’opprobe en 2014 ! L’adjoint disparaît. Le titre de secrétaire général à l'Institut international pour la démocratie et l'assistance électorale est plus ronflant. C’est quand même autre chose.
C’est la parfaite tarte à la crème. Le job consiste à offrir de l’argent à des États corrompus pour organiser des élections apparemment conforment à ce que doit être un état démocratique. On voit que les critères sont élastiques et que seuls sont exclus les populistes trop visibles. Heureusement que dans les pays qui bénéficie de l’aide de l’IDEA, aucun des dictateurs ne l’est.
Une seule obligation pour le secrétaire général : pas d’histoire de tweets, que l’on pourrait traduire par « pas d’histoire de cul » et une conduite irréprochable dans le domaine des factures et appels d’offres.

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Patatras ! la Libre nous publie un de ces malheureux papiers dont la gentry belge aurait pu se passer : « L’ancien Premier ministre belge, actuellement à la tête de l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale (IDEA), est critiqué pour la gestion de cette organisation intergouvernementale basée à Stockholm. Un ancien membre du personnel l’accuse dans la presse suédoise de favoritisme et de gaspillage d’argent, des accusations qu’Yves Leterme rejette en bloc. »
Toujours trahi par les femmes, notre impétueux twitteur aurait été « dénoncé » par une ancienne collègue chargée de communication, qui s’est exprimée dans le quotidien suédois Dagens Nyheter. Susan Wood, employée depuis octobre 2014 à l’IDEA. Elle a été licenciée au mois d’avril. Elle affirme avoir été renvoyée après avoir refusé de verser une facture de 26.000 euros à un consultant flamand pour le lancement d’un livre sur l’IDEA. D’après elle, le consultant n’avait pas correctement fourni le travail demandé, mais a tout de même bénéficié de la protection d’Yves Leterme. Toujours selon l’ancienne collaboratrice d’IDEA, Yves Leterme aurait engagé deux Flamands qu’il connait bien, alors que l’un d’eux n’était pas arrivé en tête de la procédure de sélection.
Ce n’est pas tout :
Susan Wood accuse également l’ancien Premier ministre de gaspiller de l’argent. Elle évoque ainsi un ouvrage qui aurait coûté 600.000 euros, dans lequel d’anciens dirigeants du monde parlent de procédures électorales. Des accusations que Leterme rejette en bloc, tout comme l’info selon laquelle les autorités suédoises auraient ordonné une enquête à l’encontre d’IDEA.
On en est la. Leterme va se défendre comme un beau diable. La Belgique stricte et antipopuliste compte sur lui.
Tout le monde sait bien qu’on ne s’engage pas à défendre la démocratie chez les dictateurs en étant soi-même un drôle d’oiseau.
J’ai essayé de surprendre Susan Wood sur Google. Un visage avenant aurait tout expliqué. Je n’ai vu que la silhouette de Nathalie Wood, la star d’Hollywood au temps de la guerre froide. Elle avait, dit-on, la capacité de réchauffer n’importe quel bonhomme à plusieurs mètres de distance !
« You to Susan ? ».

20 mai 2015

« Soumission » de Houellebecq.

Cette chronique au jour le jour a vu de tout, sauf la critique automobile et la critique littéraire ou si peu. Aucune chance d’aborder les sports mécaniques, pilotage et description technique des bolides, c’est encore la critique littéraire qui me convient le mieux.
Justement, j’ai lu le dernier livre de Houellebecq « Soumission ». Ajouter un brin à tout ce qui a été écrit est hasardeux. Le romancier est déjà tellement révéré… ou exécré !
Avant d’entrer dans le détail, honnêtement j’ai des a priori. Je n’aime pas la facilité de Houellebecq à faire du remplissage à l’aide des textes de Wikipédia à peine modifiés, comme un mauvais élève qui sèche sur une description d’un site qu’il est sensé connaître. Les parties dites « osées » sont plaquées sur la trame de l’histoire, uniquement pour racoler une certaine catégorie de lecteurs. Ces moments de sexe ne sont gênants que parce qu’ils n’ont aucun rapport avec le récit. Ils interfèrent sur l’intrigue. Enfin, question style et choix des mots, la phrase suggère qu’une armée de grammairiens et de linguistes se sont emparés du brouillon pour l’épurer de telle sorte qu’on a perdu, en cours de route, la personnalité même de l’auteur et que, par conséquent, le texte est devenu moins intéressant par excès de la belle page « sans faute ». Houellebecq ne serait donc qu’un produit de marketing !
Que Houellebecq soit classé à droite et nous dit « détester la gauche » ne me fait ni chaud, froid. Je ne suis pas de ceux qui jugent un auteur sur sa couleur politique. Céline était un produit peu recommandable de la droite maurrasienne, cependant c’est un génie incontestable qui a marqué les lettres françaises, comme peu de grands écrivains l’ont fait avant et après lui.
« Soumission » est un livre trop long, trop à thèse, assez emmerdeur surtout vers son milieu. J’ai sauté quelques pages, lorsque l’intention de l’auteur devenait par trop visible. Néanmoins, il met en avant les interrogations les plus cruciales de notre temps sur notre avenir, que nous nous posons au risque de passer pour suspects dans les partis de gauche : les progrès de l’islam sur le continent européen !
Nous n’en sommes pas encore à la soumission et trop insister est aussi nuisible que trop en dire.

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Le seul critère sur lequel dans l’immédiat, nous nous référerons, est la perte de ce qui fait la culture et l’intérêt de la langue française par l’envahissement d’une multiculture qui n’est en réalité que les progrès de l’inculture dont l’islamisation n’est pas tout à fait responsable. Mais, conjuguée aux méfaits de la société de consommation, elle accélère la chute. Le cocktail est détonant. Il gagne du terrain et est encouragé par l’internationalisme aveugle de la gauche (Ici Houellebecq a raison). Faire abstraction de ce que nous sommes, parce que ceux que la gauche défend, outre qu’ils soient étrangers à notre culture, sont aussi des pauvres et des exploités, risque de mélanger les genres et de ne rien résoudre.
Qu’une sagesse et qu’une culture orientale naissent de l’envahissement « paisible » au point que Mohammed ben Abbes, le président de la république dans le roman, ait trouvé le moyen d’apaiser les scrupules de l’élite, et de concilier les cultures, mais pas les mœurs (ce qui est fort probable dans la réalité future), il n’en demeure pas moins que si un tel événement devait survenir (un musulman à la présidence de la république), ce serait probablement la fin de la culture française en même temps, que l’embrouillamini avec la culture musulmane.
Dans cette conjecture, non encore survenue mais peut-être proche, « Soumission » devient un livre prémonitoire.
Tout au long de l’ouvrage, Houellebecq admire Joris-Karl Huysmans et la vie littéraire foisonnante de la fin du XIXme siècle. Auteur complètement absent de la nouvelle culture lycéenne et encore moins présent dans celle des banlieues, j’avoue n’avoir lu Huysmans qu’avec peine et ennui, (À rebours), il y a bien longtemps. Il n’a jamais hanté mes nuits par son atticisme, comme le ressentit Gainsbourg et probablement Houellebecq.
François, le héros de l’auteur, professeur d’université dans le livre, le cite abondamment. La référence est significative. Huysmans s’est converti sur le tard au catholicisme. Il finira bigot. Alors qu’on devine François, sur le point d’adopter par confort et intérêt, la religion musulmane.
Soumission nous entraîne à Rocamadour en visite à la vierge Noire. François se retire à l'abbaye Saint-Martin de Ligugé où Huysmans fit retraite.
Par les citations et renvois à la littérature du XIXme siècle, Houellebecq a beaucoup lu les écrivains de cette période (1), avant de découvrir les vertus des encyclopédies virtuelles.
Quelques mots sur Léon Bloy, ce mystique enragé de la Sallette dont il ne dit rien du pélerinage, préfèrant Rocamadour. Avec quelques beaux poèmes de Péguy, il cite également Barbey d’Aurevilly et Rémy de Gourmont, que je considère comme le grand oublié du siècle.
Le livre nous prépare à une domination douce de Ben Abbes et de son parti La Fraternité Musulmane. Les laïques pourraient en être atterrés, mais que ne font-ils pas pour accréditer cette possibilité, quand ils pensent être au-dessus de la mêlée des religions, en les favorisant toutes.
Ali Baddou a donné son avis sur la valeur du livre « Soumission ». Il s’en est expliqué sur Canal «Je suis de culture musulmane, ça, c'est le hasard. Je suis profondément laïque, ce livre m'a foutu la gerbe. Autant le dire aussi simplement que ça. Je me suis senti insulté.»
Où je rejoins Baddou entièrement c’est que dans l’hypothèse d’une France mixte de Houellebecq, les femmes seraient reléguées à la maison. Elles n’existeraient plus dans le corps social, qu’en qualité d’épouses et de mères.
Pour Houellebecq, c’est le prix à payer d’une tranquillité retrouvée. C’est une des raisons de ne pas accepter la soumission, telle que la dépeint l’auteur !
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1. Le journal Littéraire de Paul Léautaud paru au Mercure de France est un beau raccourci pour se familiariser avec l’époque. Il est en dix-neuf volumes, mais les trois premiers suffisent pour comprendre cette riche période littéraire.

19 mai 2015

La banque démasquée.

On se souvient de Jérôme Kerviel, ce trader « saisi par le jeu des ventes/achats » et qui aurait à lui seul commis une perte de 4,82 milliards. Il aurait ainsi créé « une entreprise dans l'entreprise » à l’insu de la Société Générale, son employeur.
Déféré en justice, l’ancien trader fut condamné à cinq ans d’emprisonnement dont trois ferme pour abus de confiance, manipulations informatiques, faux et usage de faux. Sorti de prison en septembre 2014, il a été placé sous bracelet électronique. Il a toujours affirmé que la Société générale savait qu’il prenait des positions vertigineuses non couvertes.
D’après la banque, le montant des positions secrètes prises par M. Kerviel pour engendrer ces pertes aurait été de 50 milliards d'euros, somme qui atteint 1,7 fois le montant des fonds propres de la banque qui s'élevaient à 30,7 milliards d'euros.
Pour en finir avec les infos officielles, la mi-mars 2014, la Cour de cassation a rendu sa condamnation pénale définitive, mais a cassé le volet civil de la décision, qui attribuait 4,9 milliards d’euros de dommages et intérêts à la banque.
La presse conventionnelle tant française que belge n’avait pas été plus avant dans cette affaire, étant entendu que la banque disait vrai et que Kerviel racontait des bobards dans sa version des faits selon laquelle ses responsables étaient parfaitement au courant de ses opérations financières. Pour cette presse « d’ordre et de bon sens » une banque qui pèse 30,7 milliards a toujours raison.
Par contre, il faut reconnaître qu’à la gauche de la gauche, on était incrédule. Qu’un employé du rang de Kerviel puisse entreprendre des opérations à risques d’une telle ampleur, sans que la hiérarchie ait été au courant, voilà qui était invraisemblable. Mélenchon et Éva Joly avaient à cette époque dépeint une justice qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez, quand on lui dit qu’il n’y a rien à voir.
Eh bien ! ils avaient raison, sur la foi de nouveaux témoignages, dont celui, capital, d’une commandante de police. Ce rebondissement imprévu va transformer le dossier Kerviel en un scandale Société générale. « La commandante de police chargée de piloter cette affaire à la brigade financière a raconté au juge d’instruction Roger Le Loire les dysfonctionnements rencontrés lors de ses enquêtes, menées entre 2008 et 2012. Son témoignage fait basculer le dossier et ne peut que forcer la justice à rouvrir l’enquête » (Mediapart).
Cette chronique n’a pas pour but de recopier ce qu’on écrit dans les journaux, à la suite de l’article de Mediapart.
Elle n'a qu’un seul objectif, c’est de percevoir à travers des lectures que chacun peut faire, le jeu trouble des différents pouvoirs au sommet de cette société : les banques, la justice, les gouvernements, les grands journaux.
Dans le cas Kerviel, le jugement a été bien hâtif et la recherche de la vérité a été stoppée « faute de moyens ». Les politiques ont tourné la page et les journaux ont emboîté le pas. Tous d’accord pour signifier qu’un minable comme Kerviel ne pouvait avoir raison contre une institution bancaire !

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Nous ne devons qu’à un grain de sable, l’aspect inattendu que prend cette affaire qui aurait eu son épilogue en janvier 2016. La commandante Nathalie Le Roy auditionnée le 9 avril par le juge d’instruction Roger Le Loire aurait mentionné le témoignage d’un ancien salarié de la Société générale. Opérant au sein de l’entité « risques opérationnels », il aurait assuré à l’enquêtrice que « l’activité de Jérôme Kerviel était connue » et affirmé avoir alerté, en avril 2007, Claire Dumas, adjointe au directeur des risques opérationnels, et d’autres membres de la banque, notamment par le biais d’un message électronique « avec une tête de mort pour attirer leur attention ».
Le moins auquel on devrait s’attendre, serait une révision du procès, à tout le moins la création d'une commission d'enquête parlementaire. Eva Joly, soutenue par l'ex-ministre du Logement Cécile Duflot, fait la même requête sur Twitter, estimant que "les éléments nouveaux transforment l'affaire Kerviel en affaire Société Générale."
C’est sans compter sur la solidarité de fait des différents pouvoirs et le ministère français de la Justice a déjà rejeté les demandes de révision du procès de l'ex-courtier de la Société Générale.
À remarquer aussi l’intérêt de maintenir en vie des petits journaux comme Mediapart qui font à eux seuls le métier que tous les grands journaux ne font plus, à savoir informer honnêtement les lecteurs, sans tenir compte de l’orientation financière et politique du journal.
Les voilà bien embêtés à présent que l’affaire redémarre. Ils pourront toujours, si besoin est, privilégier l’information qui arrange la banque.

18 mai 2015

Voie sans issue.

Ce n’est pas sérieux. Le gouvernement, en cheville avec les économistes, parle du retour de la croissance. Le bond serait « au-dessus des prévisions ». Quand on voit les chiffres, le 0,6 au lieu du 0,4, on se demande si on a bien lu. C’est la méthode Coué. Ces messieurs du haut de gamme voudraient tant que le bas de gamme y croie, qu’ils se forcent à montrer plus de joie triomphante encore, qu’ils n’en ont.
En réalité, la Belgique refait ses stocks et rétablit ses marges. La croissance repart, mais sans vraiment recréer des emplois. Pour des raisons politiciennes, on tente de regonfler le moral des gens par des démonstrations excessives de bonheur, lorsque quelques milliers d’embauches sur le demi-million de chômeurs renflouent les convictions des économistes orthodoxes sur la reprise du marché.
Bien entendu, lorsqu’il s’agit de quelques dixièmes de point, on atteint vite des marges d’erreur de près de 50 % dans le calcul du PIB. Il faut alors voir la meute se récrier haut et fort contre le pessimisme des hétérodoxes.
Est-ce si malaisé de prendre enfin les électeurs pour des adultes en ne les endormant pas avec des contes de fée, mais en leur disant tout simplement la réalité des chiffres et des buts de l’économie libérale ?
Ce n’est pas du tout faire le bonheur des peuples, c’est simplement la volonté d’en extraire le meilleur du travail pour en faire bénéficier quelques-uns.
À tout bien considérer, le public n’est pas si dupe que cela. Il sait bien qu’on lui remonte le moral, parce qu’un travailleur ou un chômeur, qui croit en l’avenir de ce pourquoi il travaille ou souhaiterait travailler, est la meilleure arme que l’on ait trouvée pour augmenter la productivité.
Mais où il y a arnaque, c’est dans le sentiment que chacun pourrait devenir riche et dominer l’autre qui finirait par travailler pour deux. Ici, le premier arnaqué, c’est celui qui pense cela.
Autrement dit le système a de l’avenir.
Il n’est pas exclu d’imaginer une croissance forte allant vers les 2,5 %, qui ne serait pas porteuse d’emplois !
C’est fort possible après tout. Les techniques nouvelles créent moins d’emplois qu’elles n’en détruisent. Une croissance due à la haute technicité de nos ingénieurs et la réalisation technique de nos chercheurs (n’est-ce pas l’effet souhaité par le type d’éducation que nous donnons à nos enfants ?) produisant peu d’emplois, entreraient en concurrence gagnante avec des techniques à l’ancienne et s’y ajouterait la privatisation des services d’État en cours. On aurait alors une croissance forte avec plus de chômage.

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Ce scénario paraît être le plus probable. S’il est avéré et enfin reconnu, il sera beaucoup trop tard pour revenir en arrière, alors que se développe la logique libérale de Charles Michel et que ce gouvernement nous accable de toutes les réformes de son programme. Les travailleurs auraient ainsi collaboré à leur propre déclin sur les promesses d’une économie sensée se reconstruire pour eux, alors qu’elle se ferait pour d’autres !
À quoi servent les économistes, s’ils ne nous parlent jamais que de ce qui arrange les décideurs ? Ne devraient-ils pas développer les différents scénarios possibles, quant à l’avenir qui nous attend ?
Où est le débat démocratique quand on n’entend que les discours des économistes orthodoxes ?
Une fois de plus, et qu’on me pardonne de taper sur le même clou, force est de constater que la presse ne joue plus son rôle dans la critique sociale des autorités.
On en est à l’euphorie satisfaite, comme si la misère était en train de reculer, alors que cette société n’est performante que dans le nombre de ses pauvres !

17 mai 2015

Le pognon qui rend fou !

La loi implacable du droit intangible à la succession a encore joué après l’attentat de janvier, en propulsant à la tête de Charlie Hebdo, les parents de Charb, l’ancien directeur de la publication, tué le 7 janvier dans l’attentat contre l’hebdomadaire.
Apparemment, les trente millions d’euros récoltés à la suite du grand mouvement de solidarité qui avaient permis de renflouer les caisses du journal ont attisé la convoitise des nouveaux actionnaires.
Comme dans une scène de western les rapaces volent au-dessus des cadavres.
On avait bien vu que le pactole une fois reniflé, les nouveaux propriétaires allaient couver leur tas d’or, au mépris de ce qu’était l’esprit du journal avant que les assassins n’éliment à la fois les hommes et l’esprit.
La compagne de Charb, Jeannette Bougrab, ancienne secrétaire d'Etat, en a su quelque chose. Ils ont eu tout simplement peur que ce pactole soit en partie revendiqué par celle qui partagea la vie du disparu, d’où la rupture au fluide glacial en lui contestant cette proximité de cœur.
La voilà bien cette société du pognon dans laquelle nous avançons comme dans un merveilleux conte de fée, cons que nous sommes, comme il n’est pas permis !
Charlie Hebdo est détenu actuellement à 40% par les parents de son ex-directeur de la rédaction Charb, par le dessinateur Riss, nouveau directeur de la publication, blessé à l'épaule lors de l'attaque, et par le directeur financier Eric Portheault.
L’action qui ne valait rien, depuis que le tiroir-caisse s’est rempli et que le tirage de l’hebdomadaire a bondi devant cette publicité mondiale dont les morts se seraient bien passés, vaut son pesant de cacahuètes.
Et comme il vaut mieux avoir du pognon que des idées dans notre belle société tant vantée, l’actuelle direction qui n’en avait rien à foutre du combat de Charb et des autres s’est muée en un beau petit requin capitaliste.
C’est injuste, tout ce que l’on voudra, mais le fric n’en a rien à foutre de la morale, ni des vies humaines, ni de rien d’autres. Il ne veut qu’un bon coffiot, une banque suisse et des dîners en ville pour ceux qui ont le code et les clés.
Du coup, les survivants au 7 janvier, soit quinze salariés, sur la vingtaine que compte le journal, ont réclamé en avril une nouvelle gouvernance et un statut d'"actionnaires salariés à part égale", disant "refuser qu'une poignée d'individus prenne le contrôle" de l'hebdomadaire.
Voilà qui paraît juste.

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Vous avez déjà vu, quelque part, que la loi donnait tort à celui qui détient légalement la clé du coffre ? La loi n’est pas faite pour définir les notions du bien et du mal. Dans les litiges, c’est celui qui a le plus de fric et les moyens d’entrer dans des procédures interminables qui gagne.
Les quinze se font des illusions. C’est curieux d’avoir travaillé dans un hebdomadaire qui n’en avait plus aucune (illusion), et jouer à la société fleur bleue !
Du reste, les propriétaires ont répliqué en frappant fort par une lettre d’entretien préalable à un licenciement, à Mme Rhazoui, scénariste de l'album "La Vie de Mahomet", dessiné par Charb. Madame Zineb El Rhazoui vit depuis sous protection renforcée, à Paris. "Mon mari a perdu son emploi car des jihadistes ont dévoilé son lieu de travail, il a dû quitter le Maroc, je suis menacée, je vis dans des chambres d’amis ou à l'hôtel et la direction envisage de me licencier...Bravo Charlie", a-t-elle commenté.
La "pas tout à fait" licenciée a expliqué ne pas avoir pu travailler normalement depuis les attentats de janvier. "On ne peut pas reprocher aux gens d’aller mal et de ne pas se comporter en bons ouvriers, on vit dans des conditions chaotiques. C’est impossible de faire des reportages sous protection policière", explique-t-elle.
En moins dangereux, les syndicalistes connaissent ça dans les entreprises où on leur fait la gueule et les empêche de progresser, à l’affût d’une faute pour ficher la personne à la porte, sans préavis de préférence, les acharnés du libéralisme s’y entendent à merveille.
Le journal serait d’après les contestataires un « bien commun » et selon les nouveaux propriétaires un « bien privé ». Hélas ! le droit est ainsi fait que ces derniers ont malhonnêtement raison.
On voit d’ici les droites nous dire « vous n’allez pas revenir à l’autogestion, quand même ! Vous savez bien que ça ne marche pas ».
Luz, l'un des rescapés du 7 janvier, publiera le 21 mai chez Futuropolis un album intitulé "Catharsis", dans lequel il revient sur les événements tragiques, depuis lesquels le pognon s’est mis à pleuvoir sur des gens complètement étrangers aux événements et au journal.
On attend le 21 avec impatience.

16 mai 2015

Caroline Fourest

Petit débat salutaire de décompression : le « mensonge » de Caroline Fourest à Laurent Ruquier, à propos d’une affaire minuscule : « instrumentalisée par des collectifs intégristes, la version de la victime est confuse, l'avocat, maître Hosni Maati, parle d'agression commise par un skin "à crête rouge" » (1).
On le voit : trois fois rien ! Débat médiatique, avec Aymeric Caron dont la spécialité est de mettre l’invité mal à l’aise sur le plateau de Ruquier, en complète complicité avec ce dernier !
J’aime bien Caroline Fourest, tandis que le rire continuel de Ruquier m’insupporte.
En quoi ce tapage de clowns en hit-parade permanent peut chatouiller l’amour propre de cette bonne journaliste, défenseure de la laïcité et de la liberté d’expression ?
Être exclue d’« On n’est pas couché » ne devrait pas trop provoquer des cauchemars chez un être normalement constitué. Me suis-je trompé sur le militantisme de Caroline Fourest ou bien dois-je conclure que pour être lue et reconnue Caroline Fourest doit être acceptée par ces grotesques qui mobilisent le plus gros des téléspectateurs ?
Il y a un peu des deux. Il faut malheureusement passer par les étranges lucarnes, avoir la « chance » d’être interviewé sur RMC ou Canal, faire Bourdin ou Jean-Pierre Elkabbach, pour avoir une chance qu’on prenne vos idées au sérieux, qu’on lise vos fascicules et qu’un journal du soir vous commande quelques articles. Ruquier, Ardison, Drucker et Alessandra Sublet servent de rampe de lancement ou champ d’atterrissage, pour les gros porteurs de la notoriété.
La chose est bien huilée et fonctionne à tout coup.
Heureusement pour l’estime que je porte à Caroline Fourest, elle s’est servie des tremplins médiatiques et de son talent pour faire du bruit à tout prix pour vendre Éloge du blasphème, éditions Grasset, 2015, certes, mais tout en dénonçant les simagrées du star-system.
Les laïcs pourraient quand même faire un effort de conscience, plutôt que se pâmer devant Natacha Polony ou Patrick Poivre d’Arvor, à commenter l’actualité inintéressante, reconnaître que Caroline Fourest mène un combat essentiel qui nous concerne tous.

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L’auteure de « Inna » Grasset 2014, part à la charge du bastion Ruquier quand elle cite « une équipe plusieurs fois rappelée à l'ordre par le CSA (ici, ici, là et là également), connue pour ses dérapages sexistes (ici, ici et là), capable d'annoncer la mort d'une femme qui vit encore, de sauver au montage les propos douteux d'Aymeric Caron sur les crimes de Mohammed Merah face à Alexandre Arcady, d'inviter Tariq Ramadan sans vraiment le contredire, de promouvoir des conspirationnistes, de mettre cinq ans à l'antenne un procureur xénophobe comme Eric Zemmour (condamné pour provocation à la "haine raciale"), quand elle ne met pas en scène la gauche "idiote et utile" à travers Eric Naulleau et Aymeric Caron... Un chroniqueur prêt à tout pour éviter le débat de fond sur cette gauche islamo-gauchiste qu'il relaie. Y compris m'accuser d'avoir "modifié" et fait disparaître cette fameuse chronique sur l'agression des femmes voilées pour effacer mes traces... Alors qu'elle est passée en direct à la radio et toujours disponible, telle quelle, sur le site de Radio France! ».
Et Caroline Fourest d’enfoncer le clou « J'éclaterais de rire si cette polémique absurde n'avait pas pour effet d'occulter l'essentiel. Faut-il rappeler le contexte dans lequel nous essayons d'avoir un débat sur le droit au blasphème? Le nombre d'amis déjà morts, celui en danger, les menaces qui pleuvent? Les amuseurs de foule, de buzz et de clash, ne pourraient-ils pas cinq minutes mettre de leur côté leurs recettes habituelles au lieu de participer au lynchage par jeu ? »
Devait-elle accrocher le clown blanc Ruquier, parce que son comparse l’auguste Caron n’a pas dit un mot de ce pourquoi elle était présente (Éloge du blasphème) ?
Je ne sais pas. D’autant que son histoire romancée de « Inna » nous avait fait découvrir l’année dernière une autre Caroline Fourest. Outre l’amoureuse de la Femen ukrainienne, c’est une recherche sur elle-même que nous avions apprécié, encore qu’elle n’était pas dépourvue d’un certain appétit de notoriété, dans un milieu qu’elle semble mépriser.
Mais où je suis entièrement d’accord avec elle c’est lorsqu’elle conclut par « Drôle de monde, où l'on réussit à faire passer l'anecdotique pour l'essentiel, les pacifistes pour des violents, les tueurs pour des victimes, et au final le vrai pour du faux. »
Rien que pour cette phrase, je lui pardonne son petit côté fashionable des milieux branchés parisiens.
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1. Caroline Fourest avait prétendu que l’agression d’une femme voilée dans la rue avait été un coup monté par des islamistes. Le procès avait été perdu. À Ruquier lors de l’émission, elle avait affirmé le contraire. Le procès sera rejugé en appel.

15 mai 2015

Nos trous noirs.

Du bigoudi enregistreur, au godemiché caméra, l’espionnage invente tous les jours. Notre intimité fout le camp, nos libertés aussi. La démocratie vit dorénavant comme les animateurs de télévision, avec une oreillette et un œil sur les indices d’écoutes.
Du micro espion à 19 € 95, jusqu’au camion capteur de sons, en passant par des kilomètres de mémoires stockées dans les sous-sols de la CIA, tout le monde écoute tout le monde, c’est la course au pognon et un peu aussi à la sécurité qui veulent ça !
C’est curieux, mais depuis l’information à la Wehrmacht, la lettre anonyme à l’Occupant et ensuite la dénonciation à la Résistance pour qu’on rase la tête de la voisine qui a « fait » avec les boches, de tous temps, le « bon » Belge a toujours eu une bizarre idée de la patrie et, pour le moins, son patriotisme a quelque chose de suspect.
Aujourd’hui, il est servi.
Sécurité oblige. On officialise la lettre anonyme, on privilégie l’information « spontanée ». On réinvente « un ami qui vous veut du bien ». Du téléphone portable à l’ordi, ceux qui n’ont rien à se reprocher poursuivront le troupeau à perpète. La brebis égarée, l’autorité n’aime pas ça. Fesse contre fesse, rester dans le troupeau est un moyen de passer l’hiver au chaud et l’été au soleil.
Pourtant la chasse au pognon qui est dorénavant l’objectif « moral » numéro un, recommande d’en sortir, afin de faire quelque chose d’original pour épater la galerie et rafler au passage le prix de l’innovation.
Alors, on est entre deux idées, celle du troupeau et celle de la brebis égarée.
À l’image de l’Europe d’ailleurs.
L’année dernière les Américains ne se faisaient pas scrupule de laisser traîner leurs grandes oreilles dans les palaces où vit le gratin qu’admire l’enthousiasme populacier des foules. Hollande, Merkel, et combien d’autres, tous espionnés par le grand allié, l’ami fidèle en lequel tout le monde a confiance, c’était à ne pas croire !
Cette année, on apprend que les « services spéciaux » d’Allemagne espionnaient en sous-traitance de la CIA, les grands amis français.
Si on ne sait rien de ces écoutes en Belgique, c’est parce que nos chefs sont tellement amoureux du pognon et de ceux qui le dispensent, qu’ils espèrent récolter les fruits de leur silence. Sodomisés sur la croix par l’Oncle Sam, Reynders et Van Overtveldt crieraient encore dans un dernier soupir, vivent Wall Street et l’Amérique !
Cette intrusion des « Services » a une autre conséquence. Dorénavant, des techniques dont vous n’avez rien à savoir entrent dans les mœurs des polices « spéciales » ou habituelles. La belle excuse, le génial prétexte, ce sont les tordus de l’intégrisme musulman qui nous les procurent.

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On nous espionne, pas pour savoir si nous votons bien, ni si nous marchons droit le week-end pour rejoindre notre voiture, mais pour déjouer les complots des religieux intensifs qui n’ont pas besoin de se rendre à la Mecque pour nous polluer la vie, mais viennent directement des environs de Damas en passant par la Turquie (merci Erdogan). Bien entendu, accessoirement, ces enquêtes électroniques serviront aussi pour les « choses de la vie » qui ne tournent pas dans le sens de la démocratie libérale. On ne m’a toujours pas expliqué ce que pourrait faire un de nos brillants écouteurs officiels qui apprendrait, incidemment, qu’il est cocu par son meilleur ami, grâce à un nouveau gadget imaginé à Silicon Valley ?
Sartre a écrit la P… respectueuse en 1945. La pièce conviendrait parfaitement à nos journalistes. Sartre dépeint l'aliénation de ceux qui ne trouvent pas dans l'oppression la force de se révolter et sont les victimes consentantes de l'ordre établi, même quand ils découvrent que cet ordre se fonde sur la violence et l'injustice.
Alors, il ne faut pas s’attendre à ce que vous sachiez tout sur les écoutes et autres moyens divers d’intrusion dans notre vie privée. Mieux même, vous n’en saurez rien.
Ce qui aurait irrité nos grands-parents et notamment les nouvelles mesures à l’encontre des chômeurs, c’est l’idée qu’il nous faut être transparent pour être au top, afin de conserver notre place, notre confort, notre pognon.
Nous continuerons à défendre nos petits secrets de fabrication à coups de contre-espionnage et de gadgets de sécurité, de l’avidité des États à main-d’œuvre quasiment gratuite.
C’est quand même grâce à notre espionnage que les spéciaux ont refilé à nos industriels, la nouvelle des 7 millions de travailleurs allemands qui gagnent moins de 450 € par mois ! Mais chut !... surtout ne dites ça à personne. Le miracle allemand fait partie de nos mythes et aide notre ascèse pour que le capitalisme belge nous mette à niveau.
Voilà qui a donné des idées à notre hyper informé Charles Michel.
Mais, ne vous en faites pas « Vous n’avez rien, à vous reprocher ». C’est ce qu’on vous reproche d’ailleurs !

14 mai 2015

100 % guignol !

Il y a deux sortes d’intellectuels en lice pour la célébrité. Ceux qui affichent des recettes pour « tout », c’est le genre d’Attali ou de BHL, et ceux qui affichent des recettes pour « tous », c’est le genre d’Éric Zemmour et d’Emmanuel Todd.
Ils ont un point commun tous les quatre, ils écrivent des ouvrages qui se veulent de référence et espèrent en vendre beaucoup en multipliant les entretiens et les passages à la télé.
Sur le podium actuel, Emmanuel Todd, Zemmour a eu le mois de mars. Todd a le mois de mai, pour faire des sous avec son bouquin « Qui est Charlie ?».
Leur spécialité, c’est d’ouvrir une polémique sur ce qui apparemment n’en devrait pas être une. C’est ainsi qu’Emmanuel Todd ayant rongé son frein depuis quatre mois, a pensé qu’il était temps de passer à autre chose qu’à la défense de la liberté d’expression et à l’hommage à Charb, Wolinski, Tignous, Bernard Maris et les autres de Charlie, dont le point d’orgue fut le rassemblement impressionnant, qui eut lieu le 11 janvier à Paris et en Province.
Le relais était encore chaud dans la paume de Zemmour qui avait bien vendu « Le suicide français », en partie consacré à la supériorité de l’homme sur la femme, puis de l’Européen sur l’Africain. Il pouvait bien le céder au suivant sans trop de difficulté. .
Historien et démographe, anthropologue, Emmanuel Todd a les qualités les plus éminentes pour dire et écrire des conneries, mais avec solennité et beaucoup de culot.
À part BHL, on a rarement vu un intellectuel avoir une aussi haute opinion de lui-même, assortie d’une telle prétention à l’excellence.
« Mon livre est un missile Exocet magnifiquement construit, un chef-d’œuvre de maîtrise intellectuelle… ». Celui qui écrit ça ne manque pas d’air, il argumente d’autorité. En Belgique, on connaît. Certains journalistes de radio et de télévision y ont cette manière de tout connaître et de jouer avec l’invité en posant de petites questions prétentieuses, tout en regardant l’auditeur d’un air entendu.
Emmanuel Todd est leur maître.
Ce qui ne l’empêche pas, comme les autres cités de dire de belles conneries.
Sur Canal +, il m’a quand même surpris et davantage encore son lectorat qui continue à le trouver génial.
« François Hollande est un catholique zombie typique, avec un père catholique d’extrême droite et une mère catholique de gauche. Et, d’ailleurs, Manuel Valls lui-même vient de Catalogne, province de famille souche différentialiste, et, qui plus est, lui aussi vient d’un milieu catholique catalan parmi les plus durs. ».
À « illisible » Flaubert consigne dans son petit manuel des idées reçues « une ordonnance de médecin doit l’être. Cela indique qu’on est accablé de correspondance. » Todd n’est pas médecin, il est l’expert des spécialistes. Il est accablé de l’accablement des autres. Il sait à l’avance que les autres ne savent rien, puisqu’on ose le contredire. Il écrit « illisible » et on se troue le cul à deviner ce qu’il veut dire…

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C’est là son truc. Zemmour biaisait timidement, presque en s’excusant en regardant son contradicteur par en-dessous. Todd, lui, prend carrément son vis-à-vis pour un minus, qui va acheter son livre quand même, mais qui n’y comprendra rien, de toute façon.
Si la grand-mère de Hollande avait fait du vélo dans sa jeunesse, à l’heure qu’il est le président devrait être coureur cycliste, voilà à peu près le raisonnement du maître.
C’est la même méthode que celle de Ménard (FN) qui induit de l’appartenance d’un enfant de sa commune à une religion et à une contrée où cette religion est pratiquée prioritairement, rien que par le prénom ! Je ne vous dis pas où il classe le malheureux qui s’appelle Mohammed ou Yousef.
Pour Todd, le 11 janvier n’était donc pas un sursaut populaire qui a jeté dans la rue des millions d’indignés que l’on pût assassiner impunément des gens, parce qu’ils exprimaient une pensée autre que celle des assassins et de leurs mentors religieux. La foule du 11 janvier était un groupe pétainiste en train d’étouffer la libre expression d’une minorité !
Ce n’est même plus nauséabond, c’est le délire d’un dérangé du bocal.

13 mai 2015

Quelqu’un a une idée ?

C’est reparti sur le nucléaire, à propos de Doel 1 et 2.
Ce mardi ça a cancané ferme dans les couloirs. En séance ce sera Marghem (MR) contre Nollet (Écolo) et Calvo (Groen).
Marie-Christine et Jean-Marc ne se quittent plus. Ils s’envoyaient des vannes ce dimanche encore devant tout le monde à la télé.
Ce conflit est d’un grand ridicule et je m’expliquerai là-dessus, après avoir dit un mot des arguments des deux parties.
Que nos centrales « spéciales » soient périmées ou encore capables de faire bouillir la marmite nucléaire est un faux débat. Il importe avant tout qu’elles puissent encore éventuellement le faire sans risque pour les riverains.
On sait que tout bâtiment, toute construction vieillissent et que ce vieillissement endommage les parois, fissure le béton, etc. Avant de décider quoi que ce soit, des experts ont-ils évalués la capacité des installations pour au moins une décennie supplémentaire ?
Y-a-t-il quelqu’un capable de nous dire, à l’heure actuelle, qu’elles sont sans risques ?
À noter qu’en cas d’alerte grave, il n’y a aucun plan pour l’évacuation des populations et pour cause, il est impossible de déplacer cinquante mille personnes d’un coup en Belgique et ailleurs.
Ici, c’est Nollet qui marque un point. En 2009, l’Agence de contrôle nucléaire (AFCN) a communiqué aux exploitants des sites « lors de la conception d’une centrale nucléaire, une durée d’exploitation de 30 à 40 ans est généralement envisagée. Cette durée a servi de repère pour la conception d’une série de composants ».
Puis viennent les microfissures, leurs évolutions et surtout comment réparer les parois endommagées, autant de questions qui suscitent des inquiétudes.
Le retour à des centrales classiques est aussi objet de controverse. On va repolluer sérieusement l’atmosphère et notamment avec le système à charbon.
Nous avons encore pour des jours de débats en perspective.
Et que va-t-il sortir de tout cela ?
Rien !... et pour cause : il n’y a pas d’exemple en Europe de la démolition d’une centrale et de la réappropriation de son sol à tout usage.
Les Français sont dans la même impasse.

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Alors, de quoi parle-t-on ?
Et même si on aboutit à une solution de fermeture, qui va payer les milliards qui seront nécessaires sans même savoir si le résultat sera à la hauteur ?
On a construit des Centrales nucléaires avec la perspective que quarante ans plus tard, on aurait découvert les moyens de les fermer, comme on ferme n’importe quel autre bâtiment industriel et même les laisser à l’état de ruine, comme par exemple à Seraing, sans aucune gêne pour les habitants, si ce n’est la vue des poutres tordues et des murs noirs de suie et de cambouis.
Une centrale nucléaire, ce n’est pas la même chose. On a vu le résultat à Tchernobyl, dans le fond, la seule centrale que l’on ait fermée en urgence.
C’est bien là l’inconséquence des politiques !
Nous sommes dans une société qui n’a qu’un but : faire du pognon, vite fait bien fait, sans trop de dépenses annexes. L’électricité à profusion et pas cher, c’est du beau pognon qui tombe dans les poches. Un carburant illimité ou presque en durée et hop, les patrons encaissent, les beaufs applaudissent.
Oui, mais après ?
C’est pour nos gueules, pardi, épanouies et reconnaissantes du beau cadeau.
Alors, foin de discours oiseux, puisqu’on ne sait pas démolir proprement ces centrales, en fermer une, signifierait qu’on arrête la production, qu’on entoure le site de barbelés et de mirador et qu’on entretienne une garde permanente à la surveillance, des fois que des gamins du quartier iraient y jouer aux gendarmes et aux voleurs.
On en est là.
Si quelqu’un a une autre idée, c’est le moment.

12 mai 2015

La Belgique bientôt libanisée ?

Devant un parterre de diamantaires anversois, presque tous de religion juive, c’était le moins que le bourgmestre d’Anvers, Bart De Wever, dise un mot à propos de son grand-père, qui fit « une erreur » en collaborant avec l’Occupant pendant la guerre. Lors même que les grands-pères des anversois qui se trouvaient dans la salle, sont morts dans des camps de concentration nazis.
De là à lire les rugissements de plaisir des journalistes de la presse francophone, signifiant que Bart avait beaucoup changé et qu’il était enfin en accord avec l’Histoire, il y a un pas que je ne franchirai pas.
Bart De Wever a-t-il condamné de manière ferme les Flamands collaborateurs des nazis pendant la deuxième guerre mondiale ? A-t-il dit enfin que cette histoire de la collaboration flamande lui faisait honte ?
Rien de tout cela.
Marcel Sel qui se dit Ulcéré, scandalisé de la platitude de la presse est bien naïf. Il devrait savoir que quelle que soit la posture de Bart De Wever et son parti sur la question flamande durant l’Occupation, à partir du moment où il n’en ajoute pas une couche comme certains de ses ministres au gouvernement, tous les mots apaisants sont les bien venus. Ce parti n’est-il pas partie intégrante du gouvernement ? Ne fait-il pas corps avec le projet libéral mené sans beaucoup de succès, il faut le dire, par le MR Charles Michel ? N’espère-t-on pas qu’à force de concessions et de platitudes, tous espèrent qu’il n’y aura pas une septième réforme des Institutions ?
C’est vrai que Béa Delvaux (Le Soir), Johan Condijts, Vande Woestyne (La Libre) ont bien trop peur de perdre leur emploi, pour prétendre à écrire autre chose que ce que les propriétaires des gazettes veulent que les abonnés lisent et que c’est cette crainte qui les force à nous gâcher la soirée en ouvrant leurs feuilles de chou et d’ourdir avec eux, le grand complot de la Belgique fédérale contre les confédérés de demain.
« C’est surtout sa reconnaissance et sa condamnation, sans aucune ambiguïté, des faits de collaboration du mouvement nationaliste flamand qui forcent le respect (Béa Delvaux) ».

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Blablablas lamentables d’une presse à la niche du sale pognon de la bourgeoisie qui est menacée par la fin de la Belgique, juteusement homogène. Selon le nouveau Mein Kampf, édition anversoise, priorité absolue sera donnée à la Région flamande, avec avantages ou pénalités, selon le choix des détenteurs des capitaux.
Comment après avoir dit le danger de la N-VA, le peu de scrupule des dirigeants, l’attitude franchement hostile aux Francophones, les journalistes peuvent-ils penser que Bart De Wever « force le respect » ? Quoi, il n’était pas respectable avant et il a suffi d’un petit mot pour qu’il le devienne !
C’est un magicien, cet homme !
Je trouve, au contraire, que ce type est plus dangereux que jamais et Charles Michel est bien imprudent de croire la N-VA et son leader « jouer le jeu ».
Bart De Wever est dans son élément. Il parie sur la lâcheté des francophones.
Ce gouvernement lui va à merveille. Il assure une conduite parfaite dans son accointance avec l’économie ultralibérale. Il veut réduire la dette publique en puisant sur les comptes des petits et moyens revenus. Pourquoi irait-il gâcher une belle unité de vue avec le plus beau retournement de veste que l’on a vu depuis l’après-guerre de ce Michel, décidément bon à tout. Les patrons des deux Régions sont aux anges. Et trompés par la presse et en général de tous ceux qui ont une certaine influence sur l’opinion publique, les électeurs sondés raffolent de la droite « qui va nous sortir de la crise ».
Au bonheur complet, il manque une voix. Celle du PS. Quand ce parti va-t-il se décider à entrer dans une grande coalition des élites politiques ?
Autrement dit, qui demain Bart De Wever va-t-il enculer ?
Les journalistes, c’est fait. Le MR, ça ne fait pas un pli. Reste le PS. Qui au PS aura l’hémorroïde complaisante ? Il ne doit pas manquer d’amateurs.
Ainsi, dans le grand élan de fraternité nationale, Bart De Wever pourra à son aise grignoter les quelques voix qui lui manquent au CDNV et au VLD pour la majorité absolue en Flandre.
Après ce sera un jeu d’enfants. Les guignols feront des gros titres « Il nous a trompés », « La fin de la Belgique programmée », etc.
Marcel Sel réfugié à l’ambassade du Paraguay, Béatrice Delvaux en tournée promo du nouveau magazine « La Flandre » et votre serviteur aux abonnés absents pour cause de désordre sur la voie publique !

11 mai 2015

En pays d’Absurdie

Du jamais vu ailleurs, c’est la sixième fois que nos illustres réforment l’État ! C’est-à-dire de la première à la dernière, ils se seraient trompés cinq fois avant d’aboutir à une sorte de monstre hybride avec cinq gouvernements, des élus en pagaille et des pouvoirs fusant dans cinq directions différentes.
Du côté francophone, cette liberté non voulue a fait perdre les esprits.
On a même vu un poste dédoublé, celui de la Région et de la fédération Wallonie-Bruxelles, tenus d’abord tous les deux par Demotte sous Di Rupo, et comme il fallait caser Paul Magnette et ne pas désespérer Demotte, tant pis pour les dépenses, Magnette a la Région et Demotte à Wallonie-Bruxelles ! C’est à cette époque que le gouvernement Di Rupo mettait en place une machine infernale contre les chômeurs que Tommelein peaufine aujourd’hui.
Ceux qui veulent garder ce qui ressemble encore à l’État belge se rassurent entre eux, en jurant que c’est la dernière. Tandis que ceux dont tous les grands-pères - enfin presque tous - ont collaboré avec les nazis, tout en dénoncent la tragique erreur familiale, sont pour une septième réforme de l’État, sans doute la bonne, puisqu’il ne resterait plus grand chose de l’État : un château à Laeken, le diadème des neuf provinces dans le coffret à bijoux de la reine et Delpérée en garde national de 1830, lisant au corps de garde des bouquins de droit constitutionnel.
Et il faudrait que les électeurs les félicitent de la nouvelle mouture pré-confédérale tellement compliquée que si on veut l’expliquer à l’ensemble de la population dans les trois langues nationales, il faudrait quatre bouquins. Les trois premiers pour chacune de nos entités linguistiques et le quatrième pour expliquer les traductions approximatives et relever les erreurs des trois autres.
Franchement, c’est du jamais vu nulle part.
La Belgique devrait recevoir un prix spécial "hors concours" dans le livre des records.
La dangerosité de gouverner un État aussi caparaçonné dans ses apparats régionalisés saute aux yeux. Parce qu’il est proprement ingouvernable « normalement ». On a donc affaire à des élus « anormaux ».
Rudi Vervoort pour ceux qui ne le sauraient pas en-dehors des Marolles, est le ministre-président bruxellois. On dit de lui « qu’il a ensuite pris la parole », parce qu’il ne la prend jamais en premier, vu qu’il est second en tout. Son discours devrait être traduit dans les 246 langues parlées à l’ONU. Ce n’est plus un discours, c’est un recueil de lieux communs. S’il avait été écrit en 1850, Flaubert n’aurait pas osé publier le sien. L’appel est lancé à la mise en œuvre « intégrale et loyale » du « nouveau fédéralisme belge » de la sixième réforme de l’Etat. Au sujet de la répartition des recettes de l’Impôt sur les Personnes Physiques, Rudi Vervoort a estimé qu’il était l’heure de se ressaisir.
Ressaisissons-nous donc. Ainsi ce sera complètement ressaisi que nous pourrons nous dessaisir de la septième, la plus belle des réformes. L’État une fois disparu, la répartition des recettes de l’Impôt sur les Personnes Physiques sera inutile, puisque chaque gouvernement souverain pourra employer la galette des gens à sa guise.
Resteront sur le carreau deux gouvernements : le Fédéral, sans but car il n’aura plus rien à fédérer et la Fédération Wallonie-Bruxelles ex communauté française, déjà en doublon avant la septième réforme. Au Ps on s’ingéniera une deuxième fois à recaser Demotte !
Ce n’est pas grave et le grand patriote laïc-maçon-chrétien qu’est Di Rupo n’a pas raison de s’inquiéter. Il restera dans les manuels d’Histoire comme celui qui aura sauvé la sixième réforme de l’État. Charles Michel qui sauvera la septième ne pourra pas en dire autant. Il n’aura jamais l’honneur d’avoir sauvé la sixième.
Mine de rien, c’est très important. À la sixième le roi pouvait encore décorer du grand ordre de Léopold et faire baronnet les sauveurs du royaume. À la septième, on ne sait pas si les décorations données en semi-départ en exil auront encore une certaine valeur de revente au marché des vanités.

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Du point de vue de l’historien, l’ancienne noblesse méprisait la noblesse d’empire et la noblesse d’empire ridiculisait celle de Louis-Philippe. Di Rupo ferait ainsi partie de la dernière fournée de l’ancienne noblesse, ce à quoi le grand Charles, louis-philippard par vocation familiale, ne saurait prétendre.
« On ne peut jouer avec le fédéralisme belge au risque de le briser » termine Vervoort à son dernier poncif. Les candidats briseurs sont nombreux à l’intérieur même du gouvernement. Jambon se verrait bien, d’un geste maladroit, heurter la potiche nationale. Qu’elle chutât, sur le marbre même de nos lois spéciales, serait le rêve de la N-VA. .
Aux dernières nouvelles, Sciences Magazine nous explique comment les montagnes peuvent accoucher d’une souris.
Ils ont en Rudi Vervoort un beau sujet de laboratoire.

10 mai 2015

Quand l’EPA prend de l’EPO (1).

La connerie, c’est un don. On l’a en soi. On naît avec. Quand on le devient, dans cinq cas sur dix, on se dit « j’ai fait le con ! ». Le natif, jamais !
Il y a l’électeur et l’élu. Le premier peut se dire « j’ai merdé ». Le second, c’est un natif. Il a la connerie du bûcheron qui a la foi.
Le gouvernement de la Communauté française vient d’illustrer ses propos par la persistance dans la connerie. C’est une connerie courageuse, puisqu’elle ne désarme jamais.
Elle tient dans l’avant-projet de décret qui doit déterminer ce que feront les élèves dispensés de cours de religion/morale en septembre.
Cette affaire de la religion ou de la morale à l’école est vieille de plusieurs générations de cons. La nouvelle génération a trouvé son porte-drapeau : Joëlle Milquet. Tout vient de l’interprétation de la Constitution et du chapitre consacré à la laïcité.
L’école publique ne peut pas dispenser de cours de religion. Ce n’est pas son rôle, même si elle le fait depuis toujours. L’école privée non plus, puisqu’elle doit suivre un programme pédagogique commun aux deux types d’enseignement. Si l’interprétation de la Constitution au départ avait été correcte, les deux écoles ne pouvaient distraire un temps pris sur le programme, pour un cours de religion. Ce que l’école privée pouvait faire, c’est ajouter des heures supplémentaires au programme et consacrer ce temps à la religion.
Le cours d’éducation morale aurait pu, par contre, dispenser un cours général de l’histoire des religions. Évidemment, le délicat c’est de raconter des histoires souvent à dormir debout à des mômes. Les faits historiques avérés sont souvent rares, voire rapportés plusieurs siècles plus tard par des prêtres prosélytes, donc souvent controversés par des historiens.
Reste enfin de savoir quelle religion donner ? S’il s’agit de promouvoir deux ou trois religions importantes pratiquées en Belgique, c’est discriminer les autres et faire un choix forcément subjectif, puisqu’il est basé sur la statistique et non sur la crédibilité d’un certain culte, plutôt qu’un autre. Le jour, par exemple, que la connerie militante se sentirait pousser des ailes, et qu’un groupe se mettrait à adorer le petit-gris de Bourgogne, il faudrait alors expliquer aux mômes pourquoi des croyants au petit-gris saccagent des restaurants qui proposent des recettes d’escargot.
Bref, la chose étant impossible, nos cons grandioses décrètent dans leur projet que les enfants dispensés de morale/religion « n’iront pas à un cours, au sens strict du terme, mais participeront plutôt à une « activité » intitulée « encadrement pédagogique alternatif (EPA). »
Au paragraphe suivant, on s’aperçoit qu’il s’agit bien d’un cours de morale déguisé puisqu’il viserait à éveiller l’adolescent à la citoyenneté et au questionnement philosophique !
Le meilleur est pour la suite : « Plusieurs thèmes seront proposés aux professeurs, mais aucun matériel ni programme précis ne leur sera imposé. »

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Et tout ça par peur de dire que l’instruction générale comportera un cours de morale obligatoire qui peut s’adapter à tous, ce qui exclut les excentricités religieuses desquelles nous ne voulons rien savoir. La foi est individuelle. Il est libre à chacun d’organiser ou de suivre en-dehors de l’école, des cours de religion de son choix.
Toutes ces bassesses et simagrées, parce que les autorités ont peur des réactions des religieux musulmans et que déjà les mœurs, les questions vestimentaires et la façon de se nourrir sont incompatibles avec les règles d’une école laïque et d’un cours de morale qui ne serait rien d’autre qu’un cours de comportement, dans une société civile qui a des règles, comme, par exemple, ne pas cracher par terre et pouvoir serrer les mains des femmes sans déchoir.
On en est là. Voilà où nous ont conduits les belles théories sur le multiculturalisme et l’ouverture aux autres. Et c’est là que les cons de naissance frappent fort, vous ne les entendrez jamais revenir sur leurs erreurs initiales.
Que fallait-il faire ? (2)
Il fallait préserver notre mode de vie, comme l’héritier d’un patrimoine national. Accueillir toutes les misères du monde, certes, et même faire davantage, en gardant comme la chose la plus précieuse, le principe de la laïcité, garant de la recette heureuse du vivre ensemble.
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1. EPA « encadrement pédagogique alternatif ». L'érythropoïétine (EPO) artificielle a rapidement trouvé sa place dans l'arsenal dopant.
2. En l’état, le drame viendra des multiculturels d’origine extérieure, qui seront parmi les élus de la Nation les plus ouverts aux religions réfractaires aux mœurs publiques.

9 mai 2015

La gauche porte à droite.

Le Labour Party était mal dirigé. Il ne pouvait pas gagner les élections. Le fait est incontestable, sauf que tous les instituts de sondage se sont trompés. Après sa défaite, son leader Ed Miliband a eu le chic de démissionner. Il s’est attribué la responsabilité de l’échec du parti. Tout n’est pas mauvais dans la politique anglaise. Si Di Rupo avait été Anglais, après les élections comme il n’a pas pu reformer une coalition, il aurait présenté sa démission. Le PS n’est pas british, Elio a été réélu président du parti socialiste par acclamation !

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Ce n’est pas que le leader du Labour qui a été l’instrument de la défaite. David Cameron a gagné en Grande Bretagne, parce que la tendance de l’électeur, pas seulement en Angleterre mais partout en Europe, est de voter à droite.
Le résultat, assez surprenant, part pourtant d’un raisonnement extrêmement simple. Puisque les sensibilités différentes qui font l’alternance gauche/droite se sont rapprochées au point de se ressembler, autant garder des conservateurs au pouvoir, voire de les y imposer. Ils ont une meilleure approche du pouvoir économique, des relais dans les banques et même ils y ont leurs aises.
Le raisonnement est le même partout. Voyez la Belgique, un socialiste programme des restrictions pour les chômeurs et c’est le gouvernement suivant de Michel qui les applique avec délectation, on imagine. Vous croyez que ça incite à voter pour le PS ?
Ce qui ne veut pas dire que les courants nationalistes sont à la traîne. En Grande Bretagne les nationalistes Écossais ont raflé tous les sièges dévolus à leur territoire sauf deux. En Belgique, Bart De Wever a toujours l’intention de mener la Flandre à l’autonomie complète, tout en poursuivant, d’accord avec le MR, une politique économique qui pèse surtout sur les citoyens de conditions modestes.
Et ça marche ! Les gens en raffolent. Cameron aussi a infligé une sévère austérité aux populations, en même temps qu’il sabrait dans les personnels administratifs du royaume. Là aussi, ça prend.
Seul le Front National, en France, a un langage différent. Étrangement, cela ne dérange personne du Front d’expliquer les programmes à la manière que les militants les veulent. Il est néanmoins vrai que Marine Le Pen devrait se poser la question de savoir comment elle ferait plaisir à tout le monde, si par hasard elle arrivait au pouvoir ?
Par contre, l’extrême gauche a un programme cohérent de redistribution des produits du travail, une réduction des écarts salariaux par l’impôt et une possibilité de renationalisation des entreprises bradées au privé, à commencer par les autoroutes.
Ce n’est pas le programme du Front, que je sache !
La Wallonie n’est pas si à part que cela, de la tendance générale.
Elle a même une propension à voter comme ailleurs, puisque voter socialiste, c’est croire à l’avenir du centre et à l’économie libérale.
La personnalité du Wallon est gâchée, parce qu’il a perdu le wallon, cette langue entre Bourgogne et Sarre, véritablement pourchassée dans les écoles de jadis et définitivement morcelée en autant de patois, survivant dans certains villages, plus par le folklore que par l’usage et totalement impropre au XXIme siècle à véhiculer des programmes scientifiques. Si bien que devenu eunuque, le Wallon se sent à 75 % Belge avant tout et même plus du tout francophone, puisqu’ils ne sont plus aujourd’hui que 4% alors qu'ils atteignaient les 15-20% dans les années 1970.
La Wallonie est d’inspiration belgicaine et avec cette option, elle est naturellement conservatrice politiquement et libérale économiquement.
Le système des Régions ne l’a pas affectée outre mesure. La découpe la laisse indifférente. Par contre, elle s’inquiète des coûts exorbitants qu’impliquent pour les finances publiques, cinq gouvernements.
En accord sur le système économique, les Régions ne peuvent que se ressembler face au multiculturalisme et à l’afflux des étrangers.
En résumé, le vote anglais ne surprend que les agences de statistique et les bookmakers qui donnaient du 50/50, le jour avant le vote.
Qui aurait pu parier que la crise de 2008 allait produire un élan vers la droite de ceux qui ont eu le plus à s’en plaindre ?...

8 mai 2015

Quand Créon répudie Antigone.

Il faudra bien sacrifier aux événements et me fendre de quelques mots sur la famille Le Pen.
Au FN tout est bon pour faire de la pub, compliments et critiques. Rien n’affaiblit. Tout profite. Alors, que j’y ajoute mon petit commentaire ou pas, quelle importance !
Aux infos ce vieux guignol sanguin, hurlant au milieu de la foule mariniste « Jeanne au secours », puis la minute suivante envahissant les tréteaux sur lesquels sa présidente de fille va sacrifier au Premier Mai, d’un discours que n’aurait pas désavoué Lénine, je me suis dit « Ces gens sont bons à tout, jusqu’à se disputer les places parmi les habitués du pouvoir. »
La suite n’allait pas me démentir.
Son vieux cabot de père ne se lasse pas des rappels de son public. Ou les frontistes sont des hallucinés ou il va se faire sortir du parti qu’il a fondé, mais dont il n’est plus le maître.
Marine nous joue Antigone et son père est Créon. À l’inverse de la pièce, c’est le vieux roi qui vient de s’emmurer vivant.
Le public qui ne connaît pas Sophocle trouve ça très moderne et applaudit la fermeté de la fille et le jusqu’auboutisme du père.
Mine de rien, cette droite extrême, sauf grand écart de trop, est en passe de gagner sur la mi-mollette de Sarkozy, devenue, par caprice du prince, « Les Républicains ».
Et puis, il y a cette ancienne ministre de droite, Roselyne Bachelot, devenue pipelette sur les téloches à paillettes qui évoque un complot ourdit entre le père et la fille, pour faire monter la préparation en neige, dans une nouvelle version de Top Chef ! Elle se délecte d’en remettre une couche, comme si, après la pipe du soir par l’ineffable Patrick Sébastien, les téléspectateurs voulaient, à la vulgarité du sous-entendu sexuel, du sang et des assassinats. Ce qui est absurdement pensé de la part de la chroniqueuse médiatique, comme si ce couple infernal en était arrivé à l’incandescence incestueuse d’une complicité inouïe !
À la vérité, cette marinade amalgame la droite et la gauche, les gens chics et les ouvriers, par on ne sait quel sortilège pour flirter avec les 30 % des voix !
De Marseille à Lyon, de la classe moyenne aux smicards et même aux chômeurs, on entend le tube de l’année qui rapporte des royalties à Marine et rien à la Sabam « La différence avec les autres politiciens, Marine dit la vérité. »
Voilà, c’est fait ! Parole d’évangile. L’histoire ne s’inscrit pas autrement : Marine c’est autre chose. Quoi ? On ne sait pas. Mais, c’est autre chose !
Des électeurs paraissent gênés de ce qu’ils viennent de dire et cherchent des arguments pour compléter une parole simpliste qui ressemble à la vérité révélée par la foi. En somme, madame Le Pen instaure une nouvelle religion. Comme si on n’en avait pas assez avec celles qu’on a ! Il est vrai que la société pluriculturelle intégrée fait un four. On l’a bien vu chez nous, avec les Belges d’origine turque, à propos du génocide arménien.

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Le sociologue Alain Mergier a écrit quelques justes réflexions dans Le Monde sur le phénomène en France.
Les milieux populaires ne croient plus en la capacité d'action des politiques. Ils préfèrent donner leur confiance à une aventurière, en dernier recours. Après, si celle-là les déçoit aussi, c’est un risque de rupture irrémédiable, entre les catégories populaires et les politiques. Alain Mergier prétend qu’"aujourd'hui, le sentiment se répand que c'est la France toute entière qui peut chavirer".
Les réflexions du sociologue recoupent mes propos d’hier sur l’incompréhension qui règne entre les politiques et la population. Avec la crise, ouvriers, employés et cadres, subissent une perte d'identité collective. Ils se sentent déclassés. Les Français deviennent "invisibles" aux yeux de leurs députés. Ils sont exposés à la mondialisation et abandonnés par la démocratie
Alain Mergier :
« Pourquoi les milieux populaires et les classes moyennes se tournent-ils de plus en plus vers le Front national ? Pas parce que ce parti tient un discours xénophobe, raciste, antisémite, mais parce que son discours tend un miroir dans lequel ils reconnaissent leur expérience sociale : la fragilisation du lien social, la croissance de leur vulnérabilité, l’imprévisibilité du lendemain. Le reproche qu’ils font à l’UMP et au PS est d’être sourds à cette destruction de leur vie quotidienne. Il y a ainsi dans l’esprit des milieux populaires et des classes moyennes une différence fondamentale entre l’extrême droite et les partis traditionnels. »
Pour en revenir à la Belgique, nous avons bien des démagogues de droite et même d’extrême droite. Fédéralistes comme le MR ou confédéralistes comme la N-VA et le Vlaams Blok, ils sont d’une orthodoxie capitaliste qui ne laisse aucun doute sur leur incapacité à relever le défi de la dégradation des conditions de vie des Européens.
Les Français s’enfuient vers Marine Le Pen. Notre placidité nous protège de cet emportement. Oui, mais quelle est notre alternative ? Et si elle est dans l’extrême gauche, les Belges ne sont pas pressés d’y adhérer en masse !

7 mai 2015

Moi, citoyen ? Tu rigoles !

Qui réfléchit à sa citoyenneté à l’impression d’être englouti dans une sorte de gouffre dont on lui dit que c’est là qu’est la majorité, et aussi profondément soit-il sous terre, qu’on l’a entendu. On sait ce qu’il veut et on va s’occuper de lui. Il est inutile d’en dire plus. Ceux qui sont vainqueurs par les urnes vont agir en conséquence.
S’il n’est pas d’accord avec le nombre, on lui fait comprendre qu’il est dans l’opposition, qu’il a les mêmes droits, sauf qu’ils comptent moins.
Là-dessus, des individus qu’on voit depuis toujours dans la fonction se placent dans les pouvoirs de décisions, arrangent les choses à leur manière, sous prétexte qu’il faut des compromis pour obtenir une majorité, ce qui visiblement ne sert à rien non plus, puisque la conjoncture économique ne permet pas de faire une autre politique que celle du « redressement ».
Si bien que la grosse majorité des citoyens se dit, non sans raison, que vue sous cet angle la démocratie est un bel engin inutile, puisqu’elle ne fonctionne pas. C’est une sorte d’ornement que l’on vénère, comme la statue de Jeanne d’Arc ou le portrait de Léopold premier. Sa seule fonction est de bien nourrir les gens de pouvoir à son service.
C’est faux, jure l’ensemble des pouvoirs. C’est la seule manière de gouverner avec le plus de justice possible. Ce modèle, nous avons fait des guerres pour l’imposer à tous. Si chez certains, nous avons échoué, c’est parce qu’ils n’étaient pas prêts pour la liberté.
Admettons que demander l’avis de tout le monde est impossible, et puis, beaucoup n’en ont pas, certes, mais on pourrait quand même arrêter de le faire par sondage d’opinion. Un sondage n’est, somme toute, qu’une élection masquée, puisqu’on y dégage aussi une majorité réelle et à la fois fictive, afin de dégager « une tendance » utile pour des spéculations sur l’avenir.
Au lieu d’afficher les avis des gens de pouvoir d’après les sondages, on pourrait afficher l’avis des sondés, sur les gens de pouvoir.
Que ressort-il de cela ?
Le sentiment d’une non-existence citoyenne.
Il y a peut-être de la griserie à n’être rien dans certains cas, mais dans celui-ci, on atteint facilement des hautes températures d’exaspération.

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D’autant que les gens de pouvoir sont arrogants, mal polis et parfois imbéciles.
Je reviens sur Bart Tommelein et sur ce gouvernement et ses poussahs qui attendent que De Wever les fasse balancer d’une chiquenaude, pour s’en amuser.
Qu’est-ce qui s’est passé dans la tête de ce libéral flamand à propos des fraudeurs du chômage ? Certes, il y aura des débats à la Chambre, mais moi qui ne suis pas d’accord avec rien de tout cela, ce n’est pas un débat que je veux, c’est purement et simplement voir ce guignol redevenir comme moi, un citoyen anonyme.
Et qui va m’entendre ? Qui va prendre mon aversion en considération ? Qui va seulement consigner mes déclarations de rejet absolu ? Certainement pas au Soir, si l’on en croit le 11.02 d’hier.
On voit bien que la non-reconnaissance des gens cache aussi derrière des lois et des discours justificatifs, une domination de la population et son exploitation par le biais du suffrage universel arrangé à la sauce de nos démocraties confisquées, pour le grand bénéfice d’une minorité au détriment d’une majorité. Voilà qui est le comble de l’hypocrisie, pour un Régime qui se veut à l’écoute de tous.
Nous sommes les victimes d’un système que nous avons voulu et pour lequel nous avons lutté. Nous ne sommes plus les co-décisionnaires, mais les servants sans pouvoir de ce dit-système. Nous en avons été dépossédés par deux puissances, antinomiques au départ, qui se sont alliées contre nous : le pouvoir économique et le pouvoir que nous avons délégué à des individus, dont nous n’avons jamais été les maîtres.
Il serait temps de revoir une éthique démocratique dans une zone plus vaste que celle de la Belgique, c’est-à-dire l’Europe, si nous voulons que cela ait un sens.
Par exemple, des mouvements citoyens à caractère philosophique et désintéressé, par-dessus les frontières, me conviendraient parfaitement.

6 mai 2015

Au secours Robespierre ! (1)

Les hommes de gauche d'un certain renom dans la défense des populations qui souffrent de la crise, sont assez rares en Wallonie.
Ce constat est la suite logique de l’étouffement de la parole des gens du peuple par des porte-paroles indignes. Et ce n’est pas la nouveauté de raccroc de Di Rupo avec sa boîte aux idées lancée au Palais des Congrès de Liège, qui changera quelque chose à cette absence de défenseurs.
Sans vouloir faire de la pub pour un parti, que d’ailleurs je ne nommerai pas, il n’y a pas beaucoup de citoyens ayant d’autres idées que celles généralement entendues des partis traditionnels, qu’on invite dans les médias. Il faut admettre que Raoul Hedebouw fait exception. Cela lui permet d’affirmer sa différence. Il tranche avec les habitués qui ont leurs pantoufles à RTL et RTBF, par sa détermination à la dénonciation des injustices dont le peuple est accablé.
Ce qui ne veut pas dire que la Wallonie manque de militants capables de tenir un discours cohérent et d’affronter sur les radios ou les télévisions l’appareil bourgeois. Le potentiel existe. C’est sciemment qu’on l’évite. La presse est d’accord avec les politiques : il ne faut pas susciter des vocations trop à gauche.
On a vu par le passé des gens venus de nulle part, entraîner la foule vers des destins qui n’étaient pas ceux imaginés par la bourgeoisie dominante.
Devant le désert belge, il était normal que des gens à la fibre populaire se tournent vers la France pour y puiser des arguments.
Le premier nom qui vient à l’esprit est Jean-Luc Mélenchon.
Qui n’a pas senti dans l’homme et ses prises de parole un peu de la revanche des « obscurs et des sans grade » ?
Enfin quelqu’un qui ose appeler un chat, un chat et ne mâche pas ses mots. On n’avait plus entendu pareil discours depuis longtemps. Enfin un intellectuel, un vrai, au service de la cause du peuple !
Toute la question est aujourd’hui qu’on n’en parle plus guère : où est-il et pourquoi cet effacement ? Serait-ce à cause des revers électoraux de son camp ?
On espère que cette discrétion pour quelqu’un qui ne l’était guère et qui plaisait pour cela, n’est qu’un recul pour mieux sauter dans l’arène en 2017.
En attendant, il nous manque.

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Et si ce silence était le produit d’un abattement réel, d’un dégout de faire de la politique devant la bouderie des électeurs, nous en serions accablés nous-mêmes.
Non, Mélenchon ne peut pas nous lâcher comme ça.
Qu’il prêche dans le désert et que cela l’affecte, on en peut dire qu’une chose, le désert était peuplé, il ne l’a pas vu. Non pas de cette foule innombrable et souvent inconséquente qui se rue à présent vers l’extrême droite, saisie d’une mode qui fait fureur, mais ce désert était peuplé de gens de qualité, qui raisonnent et qui sortis des universités ou de l’expérience de la rue appuient leurs convictions sur des raisonnements, plutôt que sur des emballements inexpliqués, parce qu’inexplicables.
On a dit qu’il voulait se débarrasser de son addiction à la suractivité politique, mais quand il y a pénurie, cette suractivité est inévitable. Raoul Hedebouw va y être confronté bientôt, si les médias s’obstinent à ne pas chercher des ferrailleurs d’idées autres que lui !
Il y a toujours de l’ambigüité à être porte-parole d’un parti. Si c’est quelqu’un qui sait résumer la pensée générale, c’est aussi un manœuvrier qu’on a choisi pour sa manière de dire les choses, en un mot c’est souvent le plus habile, peut-être aussi le plus retors !.
Pourtant, la politique n’est pas faite pour un homme seul spécialisé dans le coup de gueule. C’est un argument auquel Mélenchon a sans doute pensé ? Avoir raison au milieu d’une foule qui pense le contraire, ne veut pas dire que la foule a raison. C’est pourtant la religion de la démocratie de croire cela et c’est probablement son principal défaut. Parce que la foule est avant tout sans grande conviction. Ce sont ceux qui ont le plus de moyens financiers, qui la pétrissent à leur goût.
Jean Vincent Placé (Europe écologie les Verts) prophétise que le PG (Parti de Gauche) est destiné à finir dans une salle de 70 personnes dont la moitié fait partie du comité directeur ?... qu’à une époque d’individualisme forcené « il n’y a plus un mec réellement communiste en France ! »
Si c’est exact, la gauche de la gauche a du souci à se faire, Mélenchon et Hedebouw aussi.
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1. Après JM Le Pen et son cri théâtral « Jeanne au secours ! » devant la statue de Jeanne d’Arc, on devrait en faire autant pour Robespierre, hélas ! ce révolutionnaire célèbre n’a de statue nulle part en France.

5 mai 2015

Rigueur et négligence.

C’est un mélange très répandu dans les milieux décisionnels. 250 contrôleurs de l’ONEM pour le contrôle des chômeurs et une poignée de fonctionnaires à la chasse des gros fraudeurs au Ministère des Finances. Cherchez l’erreur ?
Après « son » 1er mai à Jodoigne, Bart Tommelein (VLD) ne pouvait en rester là. Quand on fait partie du gouvernement Michel, on doit rassurer les grands acteurs de l’économie, et les convaincre qu’on ne visera que les petits fraudeurs. Et pour y parvenir, tout est bon, y compris l’amalgame qui aboutit à suspecter tous les chômeurs.
Cet Ostendais, secrétaire d'État à la Lutte contre la fraude sociale, à la Protection de la vie privée et à la Mer du Nord (curieux mélange) a choisi sa croisade : celle de la traque du chômeur. Et pour cause, la protection de la vie privée n’existe pratiquement plus, depuis que le salafisme fait tâche d’huile chez les jeunes musulmans. L’Intérieur permet à n’importe quel flic bien placé de sonder les esprits et les fonds d’armoire. Quant à la Mer du Nord, c’est du domaine exclusif de la N-VA et ce n’est pas à un peigne-cul libéral qui mettra le nez dans les dossiers de Bart De Wever.
Reste le chômeur, unique cible, comme le dit jadis Camille dans l’Horace de Corneille : « Rome, unique objet de mon ressentiment ». Ça tombe bien Bart Tommelein l’exècre, à l’image de son cher Alexandre De Croo, lui aussi grand profileur des petits fraudeurs.
Ce VLD raisonne ainsi : « Comment vivre avec moins de mille euros par mois sans frauder ? Moi qui vis avec trente fois plus et même davantage (merci la démocratie), il m’arrive parfois de ne pas boucler mes fins de mois ! Donc tous ceux qui perçoivent si peu doivent frauder pour survivre ! »
Raisonnement sublime, comme l’ont parfois quelques génies de la scélératesse.
Tommelein et le chômeur vivent des deniers publics. Ils ont cela en commun, c’est un fait. La comparaison s’arrête là. Le ministre perçoit son fric comme un dû et prend de haut les bailleurs de fonds, cette race maudite d’hypertaxés que nous sommes. Ils ne dépendent pas moins l’un et l’autre d’une certaine bonne volonté de l’électeur à les nourrir. Ce qui n’empêche pas le premier d’être le chien de chasse aux chausses de l’autre. En ma qualité de bailleur de fonds, si je puis me permettre, ça ne me gêne pas du tout de verser ma contribution au sauvetage du chômeur. Par contre, à la pensée que je doive nourrir Bart Tommelein mes cheveux se hérissent, surtout que ce type à un appétit inquiétant, puisqu’il consomme à lui seul, plus que trente chômeurs réunis !
– Des pauvres qui volent le pain des riches, c’est le monde à l’envers !
L’Ostendais enrage qu’on ne puisse pas mieux désosser les fraudeurs au domicile. On sait qu’une poignée de sous sépare le cohabitant de l’isolé. Vous me direz, n’y aurait-il pas mieux à faire dans le domaine de la fraude ? Rien qu’à se poster un jour ou deux par mois devant les banques luxembourgeoises ou reprendre sérieusement en main les intérêts notionnels et voilà quelques millions d’euros récupérés vite fait bien fait, chez des voyous de haut vol, plutôt que de grappiller quinze euros par-ci et trente par-là à des misérables !

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Tommelein ne l’entend pas ainsi. Il va mobiliser un personnel déjà surchargé pour des missions autrement exaltantes à éplucher les factures de gaz, d’électricité, d’eau et autoriser les contrôles inopinés au domicile des personnes bénéficiant d’une allocation de chômage.
Quand on pense au discours du premier mai de ces hardis coquins que sont les libéraux, avec le pompon : la gueulante d’Olivier Chastel tendant la main aux syndicats et au parti socialiste, pour une concertation autour des problèmes sociaux, quel cynisme !
La loi Onkelinx qui consistait à prévenir le chômeur de la visite d’un inspecteur, c’est trop pour Tommelein. Dorénavant le chômeur n’aura plus aucun droit, y compris l’inviolabilité de son domicile comme tout un chacun. C’est presque « À poil sur le palier au coup de sifflet pour la fouille au corps ». C’est tout juste si le chômeur aura droit au port obligatoire du doigtier pour la visite « in the baba » !
Pour un ministre protecteur de la protection de la vie privée, on peut dire qu’on n’est pas loin des méthodes de la Gestapo !
Le secrétaire d’Etat libéral flamand espère surtout que la mesure aura un effet dissuasif.
On ne croit pas trop à son petit geste à la saisine d’un juge d’instruction au cas où le chômeur garderait porte close obstinément. Ces messieurs vont trouver une astuce dans la loi pour la défoncer, cette foutue porte !
Ce Tyrannosaurus rex ressuscité du Crétacé pour notre plus grande honte est heureusement Flamand. On espère ainsi, à la scission du pays à partir de la législature suivante, qu’il poursuivra sa carrière sur un sol étranger et que, dans une Wallonie indépendante malgré elle, on lui refusera un visa d’entrée.

4 mai 2015

L’immoralité en politique.

On fustige les soixante guignols qui coûtent au bas mot 150.000 € aux syndiqués « Métallo Namur-Hainaut » pour avoir pris une semaine de bon temps dans un hôtel 5 étoiles de Cuba, soi-disant pour fêter un Premier Mai avec les syndicalistes cubains !
Ici, il s’agit de l’argent des affiliés du syndicat, donc de l’argent privé et cette joyeuse équipée ne concerne pas les contribuables.
Ceci dit, on peut évidemment regretter pour les syndiqués qui n’étaient pas du voyage et qui vont payer la facture, qu’ils n’aient pas pu s’envoyer en l’air en se fichant bien du collectif comme les autres.
Les syndicats ne sont pas encore, suffisamment émancipés des syndiqués pour se ficher du monde, comme les élus en démocratie se fichent des électeurs. Cela viendra peut-être un jour.
En attendant, voilà qui donne du grain à moudre aux MR du clan Michel, ces camelots attardés de Louis-Philippe avec le slogan du vieux roi « allez et enrichissez-vous ». Cette engeance ne prétend-elle pas qu’un pauvre est un riche qui n’a pas réussi ?
Les syndicalistes en goguette à Cuba seraient des pauvres qui n’auraient réussi que momentanément !
C’est aller un peu vite en besogne et la moquerie est bien prompte et unilatérale.
Ils sont bien plus que soixante en Belgique à escroquer des actionnaires, mépriser leurs personnels, se voir gratifier d’un pactole pour qui le cinq étoiles de Cuba, c’est du pipi de chat. En ce cas, tout le monde trouve la joyeuse équipée normale, au point que personne n’en parle et surtout pas les journaux. Si ce n’est pour s’extasier sur les nichons de la nouvelle pute que se farcit le patron d’un Groupe où le technicien de base ne mange pas tous les jours à sa faim.
Le pire a été franchi, quand il s’est agi de l’argent public : la joyeuse équipe entourant Happart, dans ses derniers jours de présidence de la Région, s’était envolée pour le Sud des États-Unis. Des études comparatives entre le Texas, la Californie et la Région wallonne réclamaient leur compétence. Tu parles, José !...
Le rapport ? On l’attend toujours.
Il fallait voir la mine réjouie des cow-boys wallons coiffés du fameux Stetson de JR, à leur descente d’avions. Rien que du bonheur ! Pourtant la situation était mauvaise et la Wallonie comptait un paquet de chômeurs. Quelques plaintes se sont élevées, pas beaucoup. C’est que l’argent public, ces messieurs de nos cinq gouvernements savent y faire, pour le faire valser et nous refiler la facture.
Ces temps derniers, le terrorisme s’est révélé être une aubaine pour les maffieux, les tricheurs, les jongleurs d’impôts, de droits d’accises et autres joyeusetés en spécialités européennes. L’opinion est braquée sur les assassins de Daech, Charles Michel aussi, mais pas de la même manière que le commun des mortels. Pour les protégés du MR, patrons, actionnaires, banquiers, flibustiers des Bourses, Machiavel du tiers payant et de l’intérêt notionnel, c’est la fiesta. Le crime organisé en col et cravate et sans kalachnikov en bandoulière poursuit son ascension lucrative dans une Belgique bras et jambes ouverts aux fines crapuleries du monde de la finance et de son lavoir de l’argent sale.
La lutte contre le terrorisme est prioritaire. Ça tombe bien, le club international des margoulins est tout à fait d’accord.
Vous voulez la preuve que la Belgique est dans une situation politique mafieuse et ce avec le consensus des partis politiques de pouvoir ?

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Rien de plus simple.
Allez voir à l’Agora à Liège et dans les autres grandes villes dotées de services pour drogués, tous ces malheureux qui sont en cure ou non de désintoxication, ils nourrissent quand même leur addiction en payant quelques dealers. Ces dealers petites frappes souvent drogués eux-mêmes n’ont pas de laboratoire, ne revendent pas dix kilos de came par jour. Il y a ainsi en Belgique, après quelques intermédiaires et qu’on fiche en prison parfois avec les dealers, des caïds qui ont des secteurs regroupant plusieurs villes. A-t-on jamais engagé une procédure à ce niveau ? Et plus haut encore ? A-t-on la volonté de remonter la filière ou n’en a-t-on pas les moyens, ni la volonté ? Ils vont bien chercher leurs saloperies quelque part, les besogneux du trottoir ?
On en aurait entendu parler, si cela avait été le cas.
L’État belge est dirigé par des gens qui préfèrent coincer le chômeur, que faire tomber les caïds et les financiers, naturellement portés à faire mieux que les petits tricheurs cohabitants.
Pour s’indigner des « vacances » des syndicalistes du début de cette chronique, il faut être au-dessus de tout soupçon.
Sinon, on a l’air de protéger les maffieux, en faisant du bruit autour des « grenouilles qui croient ressembler à des bœufs, en tapant sur des congas ».
Et si c’est le cas, que ces messieurs du 16 et environs rient quand même, depuis quand les protecteurs des voyous se permettent de faire de la morale aux autres ?

3 mai 2015

Ils ont un brin !

Ah ! oui, ce premier mai n’a pas été comme les autres. On sentait bien le déclin de ces processions laïques dans les grandes villes wallonnes, ces dernières années. On ne les imaginait pas avoir une fin si lamentable, faute de marcheurs.
Finis les orphéons des sociétés de gymnastique et les gymnases Troclet/Brunfaut, terminé le regroupement des guichetières de la mutuelle socialiste, le brin de muguet en revers de veste, la mini jupe hardie et la revendication à fleur de lèvres.
Évaporé sans laisser d’adresse le second cortège Rouge vif qui défilait petit, compact, mais plus crâne et qui donnait la frousse aux biens pensants. Séparé de la queue du premier groupe, par une petite dizaine de policiers, le chœur mettait un point d’honneur « à faire table rase » plus bruyamment que les prédécesseurs, taxés de rosés déjà, et de dégonflés, tandis que des flics discrets filmaient les braillards pour le trombinoscope des futures interpellations. Finis les slogans de la colère, la foule grondante jusque sur les trottoirs, méprisées par les habitants des quartiers chics et honnie par les commerçants.
C’est un progrès ce calme du Premier Mai ? Non ! c’est une déchéance.
On ne revendique plus rien. On est content de tout. On quémande seulement.
« Vous n’auriez pas un petit boulot, m’sieu l’employeur. Je suis bien propre, bien poli et je me contente d’un bas salaire pour bosser dur du matin au soir, avec seulement un pipi toutes les quatre heures. »
Rares sont les traces vivantes du trilobite de première souche, ayant échappé à la fossilisation du Parti socialiste, il reste quelques exemplaires conglomérés dans le dirupolien, surtout abondant dans les strates montois.
On en a retrouvé à l’ancienne dislocation au kiosque d’Avroy de Liège. Ils s’étalaient sur une dizaine de rangs à peine avec beaucoup d’espace entre les « militants », auprès desquels des jeunes désespéraient de vendre des gazettes, avec quelques marchands de muguet à la sauvette, mal renseignés et déjà à se demander avec quoi ils allaient payer le bus pour rentrer chez eux.
Inintéressants, semblaient exprimer les regards désabusés du badaud attardé. Des discours dits d’une voix sans feu par des politiciens sans âme, derrière le pupitre en carton tapissé d’un papier rouge, premier mai que l’on craignait et qui a fait rire les « jambonistes » du MR.
Que se passe-t-il ?... dirait un Ancien, revenu des enfers pour consulter le pouls des employés de bureau, successeurs apathiques, des métallurgistes anéantis par la mutation du bassin et la crise endémique.
Pourtant, on n’a jamais eu autant de sujets de râler et de protester contre le sort qui accable le monde du travail.
On dirait que la population fait le gros dos et attend que cela se passe.
Non, le retournement n’ira pas de soi. Le pouvoir économique ne retrouvera pas le sens de la solidarité et de la justice. Une démocratie forte et déterminée est seule capable de l’y contraindre.
S’il est facile de voler à un pauvre le fruit de son travail, essayez donc de prendre un sou à un riche, avec les énergumènes qui se disent ministres de tous ?

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La foule liégeoise du Premier Mai, vaguement socialisante, n’existe plus. Liquide, elle s’est évaporée dans la résignation et la soumission à Charles Michel et Bart De Wever.
Le Ps est dans tous ses états, car elle constituait le plus clair de sa clientèle. La FGTB suit et résiste encore autour des services juridiques et des guichets donnant/donnant, l’aide juridique contre être en règle de cotisations.
Un dépôt après l’évaporation existe. Il est constitué de militants et de sympathisants qui ne baissent pas les bras et qui, au contraire, devant l’avachissement, trouvent des raisons de renforcer leurs convictions. Bien entendu, anciens adhérents ou plus à gauche de tous temps du PS, ils se comptent, aujourd’hui Premier Mai 2015, dans les rangs de l’extrême gauche. Ce ferment balbutie à peine. Mais, il est devenu nécessaire.
Que les rentiers du système se méfient « Les chants désespérés sont les chants les plus beaux ».

2 mai 2015

L’extrême gauche aux muguets !

L’électeur est versatile. À défaut d’un parti d’extrême droite en Wallonie, il voterait volontiers pour l’extrême gauche ! Il est léger aussi dans l’appréciation des dirigeants du pays. Il les confond d’un parti à l’autre. La considération et les avantages financiers que les politiques tirent de leur mandat, semblent être sa principale motivation pour détester le milieu affairiste des politicards.
En somme, le discrédit des « responsables » fait le bonheur d’Hedebouw à gauche.
Pour une fois le hasard fait bien les choses. Les seuls à réfléchir sur l’incompatibilité de l’économie telle que nous la vivons avec les citoyens, ce sont bien les formations d’extrême gauche : PTB, PC, CAP PSL, LCR. Elles cultivent une vision critique assez juste de la société belge. Sous nos yeux, l’État perd tous les jours un peu de sa capacité de faire valoir la priorité de la démocratie sur l’économie. Les organisations de fraudes, les spéculateurs criminels et même les terroristes échappent à son contrôle. Plus l’économie se mondialise, plus l’électeur est convaincu que la démocratie n’est plus qu’une illusion. Elle ne sert plus à rien !
Pendant ce temps, l’extrême droite, bien étoffée en Flandre, considère que le défaut de l’économie libérale tient, au contraire, dans sa « générosité » à doter la démocratie de gros moyens, afin d’aider généreusement les non-productifs. Ce à quoi se rallient le MR et le premier ministre Michel.
Le PS, le CDH et le MR (en train de muter plus à droite) se sont souvent entendus sur la conduite de ce pays en Wallonie et au Fédéral, sans rien changer aux tendances économiques et aux déclins des ressources des travailleurs, sous toutes les législatures.
Les cinq gouvernements surréalistes de cet État lilliputien font de l’empirisme une manière de diriger, comme si c’était l’application d’un plan mûrement réfléchi.
Si bien qu’il reste un boulevard pour l’extrême gauche.
Serait-ce son heure ?
Elle est déjà nécessaire afin de comprendre l’évolution de l’économie libérale et présenter à la place de ce grand corps malade, une adaptation économique adaptée à la survie de la démocratie.
C’est ce que Hedebouw a compris et a fait son succès.
L’opinion générale est « de ne pas en avoir », c’est-à-dire d’être instinctivement du centre. Les grandes idées effraient les gens. Les adhésions massives à de grands bouleversements, ce n’est pas pour tout de suite. Ils ne sont possibles que lorsqu’ils sont précédés d’un désastre majeur (une nouvelle crise plus forte que celle de 2008 par exemple). Le changement devient alors un va-tout qui ne saurait être pire (pense-t-on) que la situation précédente. Le charisme des dictateurs, tout au moins en Occident ne convainc plus d’emblée les masses. Troquer la raison pour la foi, ne survit qu’en terre musulmane. Une oligarchie de potentats fait le même effet de totalitarisme que Staline, sur l’Union Européenne !
Réfléchir au corrosif du système libéral n’est donc plus une tare.
Les électeurs l’ont bien compris.

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Le PS a cru que le niveau de vie monterait indéfiniment et permettrait de jouer la partie au centre avec son électorat traditionnel évoluant avec lui. Il s’est trompé sur toute la ligne. Di Rupo donne l’impression que son parti a largué les travailleurs, les pensionnés, les chômeurs et les invalides. C’est ainsi qu’il a perdu une partie de sa clientèle et que l’érosion n’est pas finie. Elle ne fait même que commencer.
Sa cure d’opposition sera utile. Il espère en renouant avec les fêtes votives, les bals des pensionnés et les assemblées d’arrières salles de café, revenir en état de grâce auprès des banlieues ouvrières.
Ce premier mai, l’occasion d’entamer le retour au succès est à saisir. Peut-être arrêtera-t-il l’hémorragie ? Mauvais signe, la salle où Di Rupo a péroré n’était qu’aux trois quarts pleine !
Il sait bien que le PS dans une future législature sera à nouveau au pouvoir, peut-être même avec les libéraux et la N-VA !
Une frange de son électorat l’a bien compris.
Comme il n’a aucun plan pour amener l’économie à mieux considérer les citoyens par des pressions sur l’Europe, il se trouvera immanquablement dans le rôle assumé par Charles Michel.
Ce serait bien que les extrêmes gauches européennes se concertent pour mettre au point une action commune pour une économie nouvelle.
Si on pouvait vaincre les appréhensions des petits partis de gauche pour une fusion générale à l’exclusion du PS centriste et rallier franchement tous les écologistes, cela pourrait bouger en Europe et, par conséquent, les gens retrouveraient une raison d’espérer.

1 mai 2015

La presse est unanime.

Ah ! ce qu’on se marre à la lecture des gazettes ce jeudi !
Si on avait pu sortir le premier ministre des décombres de son gouvernement six mois après le séisme qui a vu la N-VA entrer en irruption, nos équipes qui attendent toujours le feu vert pour le faire à Katmandou (1), ne seraient pas restées les bras ballants.
Ce n’est pas l’avis des sondés qui voient dans leur boule de cristal le MR doubler le PS en Wallonie : 26,1 % contre 25,8 % des intentions de vote. Voilà de la précision suisse. L’électeur wallon condamne l’action du gouvernement libéral, mais il plébiscite son parti !
Loufoque le journal, déjanté le sondeur ou maboul le sondé ? Et si les trois avaient en commun un petit quelque chose d’incongru et de déficient ?
À Jodoigne, berceau du michelisme, on pavoise. La fête du muguet sera triomphale. Plus on a de chômeurs, plus on vote libéral ! L’avenir est à l’éradication des chômeurs pour une société heureuse. On cherche une terre éloignée et inhabitée pour leur déportation massive. Quelqu’un a suggéré de repeupler les territoires conquis par Daech et singulièrement déserts ces temps-ci. Des jeunes gens, libéraux dans l’âme, n’ont pas attendu les charters. Ils sont partis en éclaireurs.
Pendant ces discussions sur l’avenir des populations désœuvrées, la FGTB prépare son Premier Mai par renoncer à sa journée de grève générale du 18. Voilà qui va encourager les militants à rester chez eux. D’autant qu’il fera caillant et que voir les majorettes en survêtement n’est pas en soi une promesse de redressement.
Toujours secourable envers ses compatriotes de gauche, l’ardent pharmacien recyclé en président du MR, suggère à son homologue Di Rupo de transformer une opposition trop agressive en une méditation sur une icône du parti : François Mitterrand, qui revient à la mode depuis que l’autre François, celui de la belle Julie, se prend pour un nouveau Tonton providentiel.
Sur fond de gare de Mons qui prend du retard, le vieux machin du PS avait déjà pris un sacré tournant dans les tons rose clair. Il est donc sur la bonne voie pour que les trains partent à l’heure de l’apaisement.
Quant à la dernière trouvaille pour accabler Laurette Onkelinx, en remontant des bas-fonds de l’histoire celle de son grand-père collabo, c’est bien là une perfidie de gazetier qui rapporte les vapeurs d’égoûts d’un journaliste flamand. Il eût été plus élégant de la part de ce plumitif-propagandiste MR, de stigmatiser cette idée particulièrement dégueulasse de reporter la faute d’un mort sur la tête de ses descendants.
On sait que les journalistes du Soir manquent de délicatesse. À force de servir la soupe à des malfaisants, ils le sont devenus !
Pour ce qui en est du maïorat sous l’Occupation, il en est de même des autres fonctionnaires de la police et de la gendarmerie qui ont été des collaborateurs sans le vouloir, à une époque où il fallait fermer sa gueule pour garder son statut ou entrer dans la Résistance. On le sait aujourd’hui, les héros n’ont jamais été nombreux dans la classe politique.

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Le mot de la fin de cette revue de la presse qui n’ose pas dire son nom revient à Joëlle Milquet qui va concocter un programme inédit à la jeunesse qui ne veut pas suivre des cours de religion ou plonger dans la philosophie. Je propose un cours d’histoire des étapes de la carrière de Joëlle Milquet : ses démarches, ses discours, ses amours, avec tabloïd et photos osées.
Ainsi la Communauté française n’aurait plus à débourser les salaires des fonctionnaires détachés au service de Joëlle Milquet, lors de ses campagnes électorales. Il suffirait de sélectionner les meilleurs élèves de ce cours.
Je tairai l’apologie de Maggie De Block par l’ensemble de la presse francophone. Elle est victime de ce qu’on appelle « la présence » pour un comédien au cinéma. À la différence d’un Gabin ou d’un Delon, Maggie a surtout le talent de prendre à elle seule la totalité de la pellicule d’un plan rapproché, ce qui fait qu’on ne voit que le début de la calvitie de Charles Michel et trois boutons du veston du fils De Croo.
C’est un avantage que les grands-gros connaissent bien dans les partis. Quand ils arrivent au premier rang, l’électeur derrière ne voit plus rien.
C’est con quand même, l’engouement public !...
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1. Écrit avant que l’équipe plie bagage.