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30 avril 2012

Quand la RTBF exclut l'extrême.

La RTBF remettait le couvert ce midi sur le populisme « une voix sans issue ».
C’est l’antienne favorite de la chaîne. Le populisme, c’est une manière qu’ont les autres partis d’acquérir de la visibilité en forçant la sympathie du plus grand nombre.
A ce compte, tout le monde est populiste.
Voilà encore une belle foutaise soulevée pour faire du vent.
Si l’extrême droite donne quelques inquiétudes aux « vrais » démocrates, c’est parce qu’on a fait des lois l‘empêchant d’exprimer ce qu’elle ressent, sans se voir aussitôt, passible d’une éventuelle poursuite judiciaire.
Voilà des années que je l’écris : ces lois, loin de concourir à rendre de la clarté dans les débats sur les libertés, empêchent de savoir qui est qui. Elles rendent les plus mauvais services aux vrais défenseurs de la démocratie qui ne connaissent leurs adversaires que parce que des chefs de partis les désignent comme tels.
Parmi les invités des ineffables Maroy et Gadisseux, Olivier Basile, directeur de Reporters sans Frontières à Bruxelles (RSF) a tenu quelques propos intéressants.
Lors d’une interview en 2011, il avait déjà laissé entendre sur la question de la liberté de la presse, que parmi les 27 pays de la Communauté européenne, il y avait une dégradation de la liberté. Parmi les mauvais élèves, il citait la Roumanie, l'Italie, mais aussi... la France. Ce dimanche, il a complété la liste en citant le cas de la RTBF qui, en accord avec d’autres médias, a conclu une sorte de pacte selon lequel « elle ne recevrait pas l’extrême droite ».
Sans doute, l’extrême droite étant ostracisée par le boycott des partis également, ses troupes sont-elles réduites à quelques poignées d’activistes en Belgique. Devant les succès en France de Marine Le Pen, 18 % de vote au premier tour de l’élection présidentielle, cela devenait difficile d’organiser un débat sur le populisme et ne pas inviter un membre de l’extrême droite. On a donc fait place sur le plateau de Mise au Point à Modrikamen, co-fondateur du « Parti populaire ».

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Force est de constater que le MR Alain Destexhe, un habitué du dimanche, était assez proche des thèses de l’extrême droite. C’est très utile pour se faire une opinion que tous les partis aient un représentant qui puisse s’exprimer de façon égale, au même titre que les autres participants.
Il aurait été inconvenant, puisqu’on dérogeait à la règle du boycott pour Modrikamen, de ne pas inviter dans ces conditions, un membre de l’extrême gauche. Ce fut le cas de Raoul Hedebouw du PTB.
On comprend la réticence des partis de débattre avec des représentants de l’extrême droite, c’est qu’ils n’y sont pas préparés. Les arguments sont inadéquats, de sorte qu’ils tombent plus facilement dans la dénégation pure et simple, avec haussement d’épaules et gestes de mauvaise humeur.
Marie Arena pour le PS et Anne Delvaux pour le CDH s’envoyaient des regards complices, tandis que Modrikamen leur balançait ses fausses solutions sur de réels problèmes. Seul Javaux d’Ecolo, malheureusement dans un flux oratoire trop rapide, donnait une meilleure impression que ces deux rentières du parlementarisme alimentaire.
On n’est plus au temps de Périclès. La démocratie a du plomb dans l’aile depuis qu’on s’est aperçu à la crise de 2008, que le pouvoir économique dicte sa loi. Comme la croissance est nulle, chacun s’accorde à penser que le modèle actuel de la démocratie ne convient plus.
Malheureusement, les partis traditionnels n’ont pas encore intégré la nouvelle donne. Ils s’accrochent aux anciens schémas, se défendent mal contre le Front National, puisqu’ils ne conviennent pas du fait qu’un changement important des relations entre le travail et le capital est une urgence, et que le Front propose des solutions. Elles sont inacceptables, certes, mais les partis traditionnels dans leur déni, les ignorent. Au lieu de les contester par des arguments, ils les réfutent en haussant les épaules.
Comme le public se méfie dorénavant des partis qui l’ont conduit à la situation actuelle, il a tendance à s’affilier au Front, puisqu’on ne lui propose rien d’autres, sinon des solutions d’extrême gauche, dont il ne se sent pas encore assez proche pour y adhérer.
Autre erreur de bravache, nos partis de gouvernement ont la fâcheuse tendance à ne jurer que par l’Occident qui détiendrait les secrets de l’ADN de la démocratie des premiers âges.
Comme Javaux, ils n’ont qu’à se proclamer « progressistes » un mot valise, comme « populisme » est à tiroir, pour faire croire qu’ils sont les uniques détenteurs du progrès.
Eh bien ! c’est faux. Et si les partis de gouvernement ne se réforment pas rapidement, ce qu’ils baptisent « illusion », le mélanchonnisme en France et plus modestement, le hedebouwisme en Belgique, pourraient devenir les seuls partis d’opposition à la montée de l’extrême droite, renforcée des partis de droite, comme le MR, et plus près d’une échéance qu’on ne le pense, d’un UMP défait par François Hollande.

29 avril 2012

Un assisté de luxe.

L’Agence Belga déroule les tapis du festival de la connerie pour un fils de… en l’occurrence Charles Michel.
Le génie-président du MR, fils du génie Louis, que mon grand père a bien connu majordome chez Jean Gol (alors que Didier Reynders était déjà régisseur du domaine), Charles, enfin quelque chose comme une deuxième ou troisième génération d’assistés d’Etat, vient d’être saisi par une vérité toute personnelle mais qu’il veut proclamer au monde. Je cite Belga : « Charles Michel appelle à « mettre fin au système d'assistanat, cette tragédie que représentent les pièges à l'emploi » et demande qu'on ne « tarde pas » à appliquer l'accord de gouvernement.
Voilà tous les assistés du gouvernement brusquement inquiets !
Heureusement que la devise de la maison libérale a toujours été « fais comme je te dis, mais pas comme je fais », sans quoi bien de brillantes carrières d’assistés de haut rang seraient brutalement interrompues, tout ça à cause d’un blanc-bec dont le MR attend toujours qu’il fasse ses preuves.
C’est justement ce qui inquiète le fils de Louis. Larguer le FDF, c’est bel et bien, mais aux élections communales qui pointent leurs méchants museaux, si le génie du génie ramassait une casquette ? Surtout que le régisseur de Jean Gol est toujours en réserve, tapi maintenant sur les hauteurs d’Uccle, à portée de canon du local MR !
Et de s’enfoncer davantage dans l’explication à la Libre cette fois, de son « sus aux pauvres ! ».
« Charles Michel demande qu'on ne « tarde pas » à appliquer l'accord de gouvernement, qui reprend des mesures de dégressivité des allocations de chômage ou l'augmentation de la partie du salaire qui n'est pas touchée par l'impôt. »

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Avec Sabine Laruelle, voilà le duo d’enfer : c’est le chômeur qui cumule avec les « gros » salaires les difficultés de la petite entreprise. La crise : c’est de sa faute !
Après son couplet contre l’assistanat, Charles rejoint Sabine dans un final amoureux « Pour financer les mesures d'aide aux PME, le président du Mouvement réformateur propose par exemple d'appliquer une fiscalité aux intercommunales lorsqu'elles sont en concurrence avec le secteur privé. »
Vous avez bien lu, amis sportifs du dimanche, la fiscalité des intercommunales, c’est tout bonnement l’augmentation des tantièmes sur la feuille d’impôt pour le bénéfice des communes. Nous financerions, suivant le bon Charles, le plombier du coin de la rue dont les affaires vont mal, jusqu’aux entrepreneurs « moyens » occupant cent personnes au plus. Ils n’auraient qu’à majorer leurs devis s’ils sont en concurrence avec les Intercommunales, puisque celles-ci seraient pénalisées par la taxe Michel. Un rapide calcul d’une estimation permettrait d’augmenter les bénefs d’autant de % que le concurrent serait pénalisé ! Admirable combine de boutiquier !...
Si ce n’est pas une autre forme d’assistanat de mon épicier, je veux bien être pendu !
Sacré Charles ! parmi nos assistés de luxe, c’est certainement celui qui se donne le plus de mal, pour un médiocre résultat.
On a toujours tort de critiquer une catégorie sociale, quand d’une certaine manière on en fait partie. Ce n’est pas parce que lui est un assisté privilégié qu’il ne faut pas l’inclure dans une critique globale du système, si l’on veut rester objectif.
Car, dans le fond, philosophiquement parlant, celui qui n’est pas assisté, c’est celui qui « fait » c’est-à-dire qui travaille, soit physiquement, soit intellectuellement. La nuance, qui est de taille, veuille que le travail soit « rentable », c’est-à-dire qu’on puisse directement l’échanger contre une monnaie.
Dans le langage du système, c’est clair : que vous soyez un deuxième Mozart ou un nouvel Einstein, si vos élucubrations ne sont pas cotées en bourse, vous êtes une merde ambulante, un chômeur aux allocations dégressives.
Voilà beaucoup de monde d’un coup qui bascule dans l’assistanat, soit officiel : le chômeur, le pensionné, le malade et en général tous les invisibles ; soit sous-jacent, le rentier, le boursicoteur, le patron qu’on ne voit jamais à l’entreprise et à peu près tous les politiques.
Je déplore, que le travailleur « non rentable » soit considéré comme un assisté dans la mesure où il produit quelque chose qu’il ne peut pas monnayer, comme d’écrire la chronique de Richard III, alors que les gloses du bon Charles, ce bon petit diable se goinfrant aux sucres d’orge du libéralisme, sont au contraire hautement rentables.
Allons, Charles, je te rends ta copie. Si tu ne t’améliores pas, la prochaine fois, tu ne seras plus président.

28 avril 2012

La Wallonie en demi d’ouverture.

Ah ! on n’en peut plus… les balourds de la Région ont encore frappé ! Ils ont commandé un rapport à McKinsey de 477.000 € pour s’entendre dire, ce que toute la Wallonie savait déjà.
Enfin, couronnant le tout, 200.000 € seront portés au compte du même pour un logo !
On oublie le suivi des grandes choses de McKinsey pour nous. Elle pourrait nous valoir la fortune, moyennant 2 millions nécessaires par an pour le suivi du logo. Penaud 1er, notre ministre-président Demotte, est victime du syndrome de Ouagadougou : le fils d’un ambassadeur du Togo au Cameroun, a besoin de deux briques tout de suite pour palper deux milliards. Il suffit de lui verser une petite somme, juste de quoi prendre l’avion pour Namur, de passer chez le notaire, avant de livrer à Rudy une valise de dollars.
Madoff n’y avait pas pensé, dis-donc !
On se souvient du logo de la ville de Liège qui ressemble à la virgule que les salingues font sur les murs des WC dépourvus de papier toilette. Il y a des chances que les Amerloques de Chicago, dont une filiale squatte le pavé parisien, trouveront le logo adapté aux lémuriens de Namur. Je vois bien un Hamburger ciblant le centre d’une choucroute ressemblant à un vagin d’une blonde, avec au sommet de la vulve un pique-toast aux couleurs de la Wallonie !
Ces cloportes du Grognon qui nous humilient à l’étranger, ne se contentent pas de coûter fort cher, eux et leurs familles, il faut encore qu’ils appellent à l’aide une société ô combien anonyme, afin d’alourdir nos dettes.
Et si on se passait de nos intermédiaires ? Pourquoi pas un gouvernement wallon McKinsey ? La boîte à des milliards à ne savoir où fourrer. On met Demotte à la porte et on demande au patron de McKinsey de prendre sa place.
En attendant ce grand jour, il faut qu’on se les farcisse jusqu’au dernier !
Je vous demande un peu : le Vice-président du chose, Ministre de l'Économie, des P.M.E., du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles, Jean-Claude Marcourt, lui-même, l’effet d’images pour la Wallonie à l’étranger !
Mais ce type rayonne comme une 25 watts au plafond des grottes de Han ! Je parle de Marcourt, comme je parlerais de Furlan, chargé du tourisme ou Nollet qui est au Développement durable, ce que la pile Wonder était à Bernard Tapie quand le bien burné s’engraissait aux faillites.
Parmi nos multi casquettes, il devrait se trouver au moins une sorte de ministre des affaires étrangères, camouflé sous l’appellation « commerce et relation publique ». Le préposé serait une sorte de voyageur de commerce de nos babillards. Hélas ! ceux-ci ont peur de voir leur Belgique nourricière disparaître et avec elle le gouvernement régional. Ils n’y ont pas pensé ! Alors, ils font appel à l’étranger, discrètement, pour le rayonnement trop pâlot d’une Région qui n’avait pas besoin de ça pour faire tourner le compteur des dépenses.
Qui donc mieux que les USA sont qualifiés pour « vendre » la Wallonie dans le monde ?
Personne !... Ils ont une sacrée carte de visite ! Eux-mêmes se sont vendus comme des petits pains aux Chinois, en échange de rames de dollars qui font travailler les imprimeries américaines nuit et jour !

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Alors, McKinsey a compris tout de suite à qui il avait affaire. Il a fourgué, après réception de nos pépettes, la réponse que l’Élysette de Penaud 1er attendait « La Wallonie ?... sa différence avec le voisin, c’est le Wallon ouvert au monde. » Voilà les Flamands prévenus, le Wallon s’ouvre au monde, le Flamand lui, se ferme !...
C’est quand même le Flamand « fermé » qui a une meilleure image à l’étranger que le Wallon « ouvert » !
Néanmoins, McKinsey sait, que rien ne marchera de toute façon. Il aura toujours Demotte comme gros client.
Alors va pour l’ouverture au monde. C’est tout le Maghreb qui est prévenu. Laurette Onkelinx n’est plus wallonne, mais elle viendra nous aider à recevoir. D’autant que les socialistes sont les gens les plus ouverts qui soient. A partir d’un joli paquet de biftons, ils sont ouverts, même le dimanche.
Une condition avant l’ouverture au monde : réfléchir à l’étendard que Penaud 1er va porter à bout de bras !... D’où le logo, la magie du logo !... Comme du temps des cathédrales, quand on sortait la bannière à la procession !
- Ah ! t’as vu le sigle wallon ! Une crotte de nez soutenu par des spermatozoïdes ! Génial !
Avec ça on va conquérir toutes les parts de marché avant les Flamands ! Chic…
Je ne sais pas si les logos vous branchent pour acheter une voiture (à part le jaguar bondissant ou Minerve dressée en bouchon de radiateur), encore moins un sèche-cheveux ou une friteuse. Je ne suis pas un fan de logos. Demotte, oui !... C’est un acheteur compulsif qui les collectionne.
Blague à part, l’image de marque de la Wallonie éternelle s’est toujours révélée un fiasco complet.
Voilà qui est parfait, on a toujours été bons en ratage !… Mais, tout de même, qui va payer la facture McKinsey ?

27 avril 2012

Le soutien-gorge.

Candice Barber fut longtemps mon écrivaine préférée.
Vous n’avez aucune chance de lire ses œuvres, si vous n’êtes pas un assidu des petites maisons d’édition dont la spécialité est de faire faillite après la publication de deux ou trois auteurs.
C’est en forçant le hasard que j’ai pu faire sa connaissance.
Elle était sur l’estrade d’un club d’astronomie qui faisait porte ouverte lors d’une fête votive, quelque part sur les hauteurs de la ville. Je la revois encore en tailleur bleu marine, avant que cette couleur ne devînt tristement célèbre. On aurait dit une hôtesse de la Pan Am. Pensez donc, une vraie blonde aux yeux bleus !
J’en fus tout de suite amoureux.
Extatique et méprisante, elle disait quelques poèmes de son crû, comme on offre des perles aux pourceaux, à un quarteron de badauds heureux de s’assoupir à l’ombre afin de poursuivre une digestion difficile.
Pour entrer dans l’intimité d’une écrivaine, c’est très facile. Il suffit d’être aux petits soins et d’irradier de joie extatique à chacun de ses oxymores. Il fallut d’abord lire ses livres, avant de songer écrire une lettre et signer « un admirateur sans borne ». Il faut dire que l’heure n’est pas à la poésie. Retrouver « Entre coq et bruyère » parmi les invendus relève de l’instinct de brocanteur. Je fus servi par la chance. La plaquette avait été écrite pour la dernière biennale et lui avait valu les compliments d’Athur Haulot, décédé depuis.
Elle portait en exergue « A Gaspard S. par sublimité réciproque », « en toute simplicité » y aurais-je ajouté pour faire complet. Voilà qui commençait mal. J’avais affaire à une auteure snob. Est-ce qu’on s’attarde à ces choses là, quand on est amoureux ?
Le plus important était que j’avais un rival, moi qui n’étais pas Rimbaud !
Mais les lettres qui viennent du fond de l’hypocrisie servent mieux le but à atteindre, en flattant l’écrivaine, que celles qui viennent du fond du cœur. Elles sont écrites de sang-froid et dans un but précis. J’écrivis donc et elle eut la bonté de me répondre…
Nous devînmes des intimes de l’art épistolaire, avant d’être celui de l’art l’oratoire.
Elle dédiait souvent ses poèmes à ce Gaspard, inspirateur ordinaire de ses émotions les plus fortes. Je fus, par une de ses lettres, soulagé d’apprendre que le dénommé Gaspard n’était autre que son mari. Ce qui m’enleva un grand poids de la poitrine. En effet, tromper un mari paraît naturel, tromper un amant, montre la duplicité supplémentaire des natures compliquées.
Grâce à un coquet héritage, elle habitait une vaste maison, genre villa spadoise, dans un chemin privé de la banlieue chic, qui finissait en cul-de-sac comme tous les chemins privés qui se respectent.
Après quelques lettres, je piquai sa curiosité et nous convînmes de nous voir à un après-midi Baudelaire, dans une salle du centre ville. Je fus prévenant, courtois, certains diraient obséquieux, mais l’obséquiosité lui convenait d’avantage que des manières naturelles. Je résistai pour la première rencontre à lui toucher les genoux qu’elle avait magnifiques, probablement en grande partie grâce à la finesse des bas. Ils n’étaient pas noirs, c’eût été vulgaire, mais brun foncé. Je m’en souviens encore.
Par la suite, une familiarité de bonne compagnie du féal à sa suzeraine nous établit sur un degré d’approche réciproque.
Les premières visites à son domicile, pendant que Gaspard n’y était pas, furent de convenance. Comme elle aimait paraître et qu’elle disait bien ses poèmes, elle m’avait chargé de la présenter dans de petites salles qu’émeut vite une poétesse blonde aux yeux bleus. Je partageai ainsi, chaque soirée, trente secondes de son petit quart d’heure de gloire.
Pour devenir son intime, je pris cette mission à cœur sans la moindre peur du ridicule. Dans les éloges de la présentation, je sus accommoder Candice Barber avec Apollinaire, Aragon, Desnos, sans y mêler le nom sacrosaint de Paul Eluard, qu’elle vénérait par-dessus tout ! Amoureux de sang-froid, j’avais conservé l’instinct de l’erreur à ne pas commettre.
J’arrivais sur des scènes improvisées, j’agrémentais le résumé de ses œuvres de quelques dithyrambes, que j’avais écrit sur des cartons, à la manière des chansonniers montmartrois.
Chaque soirée me valait un briefing la veille, chez elle. Tandis qu’elle avait les yeux fixés sur ma copie, les miens l’étaient sur la courbe de ses hanches et ses jupes ajustées qui découvraient ses cuisses… davantage m’eût exalté dangereusement. C’était elle l’écrivaine, c’était moi qui avais des idées.
Le jour où la pluie battante empêcha son mari de faire sa partie de golf, elle me le présenta.
C’était un vieux monsieur en état d’alopécie et je crois bien, anodonte, quand avant d’entrer dans le lit conjugal, il abandonnait son dentier à la désinfection effervescente.
Quoi, c’était celui à qui Candice Barber dédiait ses poèmes !
Quand il s’approcha de moi, pour me saluer, je sentis son haleine de chacal me parcourir la face comme un vent chaud traversant les abattoirs de Chicago !
Heureusement, au bout d’un quart d’heure d’apnée, le ciel fut de mon côté, puisque la pluie avait cessé. Il partit sans demander son reste et sans qu’elle et moi nous le retînmes.
Nous étions seuls, conscients qu’un grand événement allait survenir ! Comme toujours en pareil cas, nous nous mîmes à parler de choses indifférentes. Elle de ses brasses papillons à la piscine municipale avec ses élèves, moi dans mes tribulations professionnelles occasionnées par la mévente d’une industrie qui commençait à ne plus nourrir son homme. Autre avait été le sujet que nous avions abordé la veille dans ma voiture, arrêtée de nuit devant chez elle « la dissociation de la personne du créateur à son œuvre ». Quoique l’austérité et l’aridité du sujet eût retenu plus d’un, elle fut quelques furtives secondes à me tenir la main.

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Elle me demanda de monter à son bureau qui était à l’étage et de l’y attendre. C’était une pièce que je ne connaissais pas, assez petite, encombrée de livres avec une table de notaire devant la fenêtre. Je feuilletai sa dernière parution. Il y en avait une pile par terre. Le titre était encourageant « Oserai-je le gué ? ».
Mon attention fut attirée par un soutien-gorge négligemment à cheval sur le dossier d’une chaise. Comment n’avais-je pas remarqué sur le champ, cet accessoire visible seulement pour les intimes et les blanchisseurs ?
Que faire ? Saisir en fétichiste ce doux vêtement et en humer l’essence, ou l’observer sans y toucher comme on le ferait d’une œuvre d’art ?
Je sentis qu’elle attendait derrière la porte que je me décidasse à faire quelque chose.
Au craquement du plancher, elle aurait ouï que je m’approchais de la chose. Elle se serait précipitée. Nous serions tombés dans les bras l’un de l’autre et mes impatiences dissimulées eussent trouvé leur récompense… ou bien elle me testait, guettant l’indécence de mon geste, par caprice de star, qui veut, puis ne veut plus.... Un instinct me commanda d’attendre un peu. Bien m’en prit.
L’haleine de Gaspard ne vint violemment aux narines. C’était lui tapi derrière la porte ! Il s’était remis à pleuvoir. Cent mètres à peine sorti de l’impasse, il avait fait demi-tour. Il me priait de descendre. La divine préparait du thé.
Je ne sus jamais si ce soutien-gorge avait été placé intentionnellement afin d’égayer une solitude momentanée, ou si cet accessoire n’était que le résultat d’une négligence.
Ce n’est que beaucoup plus tard que nos relations s’épanouirent.
Elles furent un temps au beau fixe.
Je ne le lui rappelai jamais, l’épisode.
On ne sait pas pourquoi, certains petits détails survivent plus que d’autres, alors que l’essentiel s’est perdu à jamais !...

26 avril 2012

Qu’adviendrait-il d'elle?... et d'eux ?

Béatrice Delvaux est bien aimable. Flamendo-francophone parfaite et belgicaine jusqu’aux bouts vernis des ongles, elle aura beau expliquer aux Flamands l’idolâtrie wallonne pour la politique française, comme sa direction multifonctions lui recommande, elle ne pourrait bien définir la « passion » pour la culture française de la moitié de la Belgique (avec une minorité flamande au même diapason ça fait le compte), qu’en considérant la Belgique comme un accident malheureux de l’histoire.
Elle est suffisamment intelligente pour en avoir pris conscience : la Belgique n’existe pas !
C’est l’histoire de deux peuples piégés par les Anglais, élucubrés par Metternich et mis en bouteille par Talleyrand.
Pendant le premier demi-siècle de cette hérésie, les élites ont cru que le peuple flamand allait se dissoudre dans la langue et par la culture française.
Cela aurait pu réussir si les élites du pays toutes francophones n’avaient pas traité avec mépris les populations hétéroclites parlant dix flamands différents, comme elles ont traité par le même mépris les populations wallonnes, jusqu’à proscrire le wallon de tout acte administratif et de toutes les écoles du royaume.
Il faut dire aussi que le wallon, tante aînée de la langue française (on a parlé le wallon avant le français) est lui aussi éparpillé en de nombreuses variantes, allant du Pays de Liège à Tournai, avec le picard.
C’était tout cuit pour les Wallons parce qu’ils étaient déjà en grande partie bilingues, puis au fur et à mesure de l’abandon d’une langue devenue dialecte, unilingues francophones. Cela allait de soi, puisque l’histoire a souvent confondu la Wallonie avec la Bourgogne, puis avec le Nord de la France, pour être assimilée à la Révolution française et jusqu’à la fin de l’empire à la France.
L’histoire de la principauté de Liège est particulière. Le prince-évêque avait partie liée avec l’Allemagne, la population la constamment eue avec la France. Aux marges de la francophonie, celle-ci plus que tout autre, se renforça par l’affrontement avec ses ennemis.
C’est un peu l’histoire de la Flandre, mais à rebours.
Le temps ne fait rien à l’affaire : le pays est un assemblage factice. Comment expliquer autrement l’impression d’une majorité de Wallons qui se retrouvent à l’aise à Lille ou à Valencienne et qui éprouvent un malaise en franchissant la frontière linguistique, comme s’ils entraient dans un autre pays, hostile au leur ?

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La Belgique n’existe pas, ai-je écrit. Ce n’est pas tout à fait exact. Le million d’habitants de Bruxelles réalise à lui seul la synthèse voulue par les élites de la Fondation et qui fut un échec retentissant. Bruxelles n’est pas bilingue. Les Flamands qui y résident sont naturellement aspirés par la culture française. Sur une génération, ils deviennent francophones. Les Flamands le ressentent si bien qu’ils veulent étouffer Bruxelles, tout au moins, arrêter l’hémorragie qui leur fait perdre du terrain au niveau de leur langue. Ils ajoutent aux lois des lois dites linguistiques. Ils affolent Di Rupo… comme si cela servait à quelque chose !
C’est Bruxelles qui complique tout, quand on veut bien se donner la peine de voir, puisque la Belgique n’existe pas sauf à Bruxelles, que le problème n’a de sens de l’existence du pays qu’à Bruxelles.
Même si Béatrice Delvaux ne pense pas vraiment ce qu’elle dit, il est probable qu’elle ne peut pas tenir d’autres propos que les siens sans avoir des problèmes avec sa direction. Aussi, faut-il faire la part des choses en sachant qu’il lui était impossible de décliner dans le journal flamand du groupe, les raisons évoquées dans cette chronique et qui expliquent davantage et en plus sérieux « la passion » que Béatrice Delvaux est censée décrire à ses amis, sans les heurter et aussi sans leur faire comprendre que si eux n’ont plus rien à faire de nous, ce sentiment est partagé.
Le pays est en sursis. Faut-il le préciser ? Le moindre faux-pas du « M’as-tu-vu ? » du 16 de la rue de la Loi, peut lui être fatal.
Les industriels en tremblent à l’avance. Ils se coalisent contre le destin. Ils sont ridicules.
Jusqu’à quand cet assemblage d’une Belgique politiquement voulue, à une époque qui ne correspond plus à la nôtre, une chimère qui empêche deux manières différentes de la vie sociale de prospérer individuellement ?
Une multitude d’intérêts parasites maintiennent l’assemblage malgracieux contre toute logique. Une autre question est de savoir si nous serions plus heureux d’être Français ?
Qu’adviendrait-il de nos mandataires et de leur petit record de 541 jours de palabres pour monter un gouvernement patchwork ? Et du journal Le Soir – et pas que lui – à côté de publications comme « Le Monde », « Libé » et même « L’Express » ?
Pour garder une chance de péricliter ensemble dans une fausse harmonie, la Belgique est le carrefour des pouvoirs surmultipliés, l’étonnement de l’Europe, le mouton à cinq pattes... Trop de besogneux remplissent leurs besaces dans des mandats doublés, voire triplés.
Voilà pourquoi votre fille est muette, dirait Molière, en parlant de Béatrice Delvaux.

25 avril 2012

The Queen of Buckingham Palace !

L’affaire Cariat et consort passe à Charleroi en correctionnelle ces temps-ci. Elle illustre les mœurs des dirigeants socialistes lorsqu’ils sont installés là où il y a de la gloire à prendre, avec les sous des autres.
Certes, il ne s’agit pas d’étendre cette conduite à tous les dirigeants du parti et faire croire que celui-ci n’est qu’une association de malfaiteurs, mais c’est un des drames des politiciens venus de nulle part de ne pouvoir résister, plus que d’autres, à satisfaire leur ego, en jouant les mécènes et s’adjuger au passage quelques piécettes pour la soif avec les amis.
Les distingués membres des partis de droite sont tout à fait capables d’en faire autant. Certains ne s’en privent pas, mais s’ils sont moins nombreux à moissonner les champs avant le fermier, c’est que la plupart ne viennent pas de rien et que leurs ascendants ont pensé aux générations à venir, en les pourvoyant davantage.
C’est la façon des ancêtres généreux de prendre l’opprobre sur soi ! Les fils de… devraient s’en montrer reconnaissants.
C’est une triste chose que de tromper l’électeur sur les motivations à faire de la politique. Le premier discours que l’on entend des débutants, inclut la volonté de servir le pays, la région, la commune, tout en soulageant les plus pauvres du lourd fardeau d’une vie laborieuse. On peut penser qu’un jeune dans le métier est presque toujours sincère. Pourtant, parmi eux, il y aura au bout du compte, un contingent de malhonnêtes !
L’université, c’est pour le beau langage et l’art d’entourlouper l’adversaire. Le terrain, c’est pour les petites rapines et les mandats qui mènent à l’aisance.

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Pourquoi cette dégradation des mœurs est-elle plus sensible à gauche ?
Il y a, sans doute, une plus grande délectation des journaux, tous d’inspiration de droite, à exposer à l’opinion, les vilenies de la gauche.
Mais aussi, parce que le socialisme, comme on l’entend dans le bon sens du terme, a la prétention de réformer les mœurs et le social, pour une meilleure vie des citoyens. La tromperie est à la fois dans le discours et le tiroir-caisse.
Valeurs estimables, sur lesquelles on pourrait s’étendre.
Si la transgression est forte et reste individuelle à gauche, elle est largement admise à droite qui défend un système économique très injuste et très inégalitaire, sans pourtant que ceux qui le soutiennent n’en soient nullement affectés, au contraire, ils y trouvent même de l’orgueil et une morale ! Un riche pris la main dans le sac ne se démonte pas. Il le prend de haut et intimide même les juges. Et puis, lui, il le dit, son programme ne s’étend pas au petit peuple.
Pour Cariat et ses pareils, venant de rien, l’accès au luxe les confond de honte de leur médiocrité ancienne. Ils n’en soupçonnaient pas l’existence au temps où ils la vivaient. On comprend que saisis par le tourbillon des affaires et le plaisir d’exister, ils soient envahis par le doute sur l’utilité de la lutte des classes.
De ce point de vue, c’est un peu le procès de la social-démocratie qui se joue à Charleroi.
Un autre exemple de l’ambiguïté d’être socialiste quand on a accès à la facilité opulente, le discours de Di Rupo sur ses soucis de réaliser des économies du train de vie de l’Etat, rappelé par les journaux dans un article voisinant celui de l’affaire Cariat, d’un premier ministre qui fit ses premiers pas en Belgique dans une baraque de mineur du côté de Jemappes….
Le nombre de fois, sur trois mois de règne que le premier ministre fit déplacer l’escorte motocycliste attachée à sa personne, est proprement sidérant.
Et que nous dit-on en réplique à cette cavalcade motorisée donnant au déplacement du premier ministre la redondance flatteuse de la Queen sortant de Buckingham Palace ?
Que les escortes seront moins sollicitées, vu que Di Rupo va toucher bientôt sa nouvelle voiture, spécialement aménagée, avec protections, vitres et carrosserie blindées, gyrophare, etc. Ce n’est pas aussi grandiose que l’Air Bus de Sarkozy, mais tout de même, on est frappé par le décalage entre le discours et les faits d’un socialiste au pouvoir.
L’un en correctionnelle, l’autre qui se convainc de la peur de l’insécurité que sa propagande insuffle aux gens !
Ah ! ces nouveaux riches !

24 avril 2012

…au rendez-vous de l’UMP !

A chaque période difficile, un parti d’extrême droite s’est fortifié en France.
Une portion non négligeable d’électeurs démunis ne rejoint pas nécessairement son milieu naturel de contestation.
Le simple bon sens voudrait que sur une population de 65 millions, il n’y ait pas 32 millions 500 mille habitants plus un qui soient pour l’inégalité entre la fortune et le travail, au profit de la première, au détriment du second. C’est ainsi que profitant de la confusion des genres, la droite a presque toujours été majoritaire en France !
De là, se porter à l’extrême droite paraîtrait incompréhensible pour les chômeurs, les sans-emplois, les vieux dans la misère, si on oubliait que la social-démocratie, qui se décline à gauche, déçoit depuis la crise et que l’extrême gauche ne convainc qu’une minorité.
Le phénomène Mélanchon n’a certes pas déçu, mais n’a pas transcrit dans les urnes, l’enthousiasme de la Bastille.
Le succès de Marine Le Pen entre dans un courant à l'échelle de l'Europe. La crise économique favorise son essor, puisqu’en face le seul grand parti qui pourrait s’opposer à sa montée se dilue dans une social-démocratie qui tient absolument à sa réputation libérale.
Après le premier tour de l’élection, l’erreur, c’est de croire qu’une alternance de la droite « raisonnable » avec la gauche « sociale-démocrate » est la manière de répondre au drame social et qu’il suffit de changer de président, pour changer la société !
Tout se jouerait au centre ! Or, le centre n’existe pas ! C’est une vue de l’esprit qui peut faire illusion, quand la croissance permet des enrichissements et que les petits salaires, dans l’euphorie générale, ne s’en aperçoivent pas trop.
Le centre disparaît au moindre soubresaut de l’économie. Ses électeurs s’éparpillent. Ce qui prouve bien que le centre n’a jamais été une vraie force.

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Et dans un sens, c’est très heureux ainsi. Pour rester ce qu’il prétend être, le centre doit résister aux tiraillements de la droite et de la gauche. Sa vraie nature est l’immobilisme.
La droite est victime - en partie à cause d’elle-même - de l’ostracisme général vis-à-vis de l’extrême droite. Elle est l’alliée involontaire de la gauche modérée dans l’anathème porté aux extrêmes.
On le voit bien dans la presse de droite, malgré les tentations de certains éditorialistes du Figaro, que l’extrême droite n’y était généralement pas bien accueillie, avant que Sarkozy en ait besoin. Or, ce n’est plus le cas au deuxième tour qui débute. Sarkozy n’a pas trente six solutions. S’il veut garder une chance, il doit chercher une alliance avec le Front National !
De même, pour résister à ce coup s’il réussit, François Hollande devrait impérativement se concilier l’extrême gauche et les voix du Modem.
Des deux adversaires, dans une pareille situation, c’est François Hollande qui aurait le plus de difficultés.
La presse de droite pousserait des cris d’orfraie, puis devant l’urgence, plutôt que de couler et mettre les canots à la mer pour sauver ce qu’elle pourrait sauver de l’UMP, force serait de faire de la place dans ses colonnes à Marine Le Pen.
Mais, cette dernière caresse peut-être d’autres rêves ? Celui de devenir la patronne de la droite après la défaite de Sarkozy.
Il ne faut pas oublier que si l’UMP perd la présidence de l’Etat, c’est la machine judiciaire avec l’affaire Woerth-Sarkozy qui se chargera de raser les murs d’un édifice conçu sous Pompidou, réalisé par Chirac et toujours debout sous Sarkozy.
Pour la gauche, les quinze jours qui viennent sont du pain blanc. Si rien de ce qui précède n’a lieu, Hollande n’a besoin que de faire un service minimum pour réussir.
Les Français prolongeront de cinq ans une politique de droite par une politique de gauche à peu près la même, sauf que le président tout neuf, sera perçu comme un meilleur artisan du bonheur du peuple.
En cas de non-accord avec Sarkozy, Marine Le Pen sera tentée d’attendre après les législatives pour faire son OPA sur l’UMP, quand comparaîtront pour les affaires : Karachi, Woerth-Sarkozy-Bettencourt, l’immobilier de l’île de la Jatte, l’affaire Courroye et les écoutes illégales, les rétro-commissions Balladur, etc. etc. l’état-major actuel du chef de l’Etat, avec quelques intermédiaires cosmopolites, laissant l’UMP sans chef.

23 avril 2012

Débats blablas !...

Etranges élections ! Voilà trois semaines que l’on connaît les deux finalistes du premier tour en France pour la présidence de la république. Il ne restait plus que la formalité de faire correspondre le verdict des urnes avec celui des sondages. C’était « casse-gueule » d’organiser un débat sur RTL sur ces élections, dimanche midi, quand on n’a pas sous la main les pointures nécessaires. Comme il fallait s’y attendre, les gloses tournèrent autour de savoir qui des deux terminerait en tête. Ce qui n’offrait aucun intérêt, puisque tout le monde savait que ce serait Hollande !
Pour le second tour, c’est pratiquement plié. Ce sera Hollande qui sera chargé de rembourser la dette et de trouver l’argent nécessaire dans la poche des Français. A moins que l’animal politique, qui rugit plus facilement quand Sarkozy est à la tribune, ne jette François Hollande par terre…
En faisant ses paquets, reste à Sarkozy de convaincre la droite qu’il serait le seul à revenir dans cinq ans, pour battre le président Hollande usé par un mandat des crises à venir. On voit d’ici la scène au soir du 6 mai, l’exil avec Carla et l’enfant enveloppée d’un grand châle, s’enfuir par la petite porte de l’Elysée !...
C’était le débat de ce midi sur Controverse, même si les invités de Dominique Demoulin n’avaient pas l’air d’en savoir autant que n’importe qui d’après les Instituts de sondage. Ce qui est étonnant, attendu qu’il y a eu des dizaines de sondages, tous plus ou moins, d’accord sur le nom des deux finalistes.
Il est vrai que nos chaînes de télévision organisent rarement des débats sur la politique internationale et en particulier sur la France. Il ne faut pas y voir un manque d’intérêt, mais une sorte de trouble de la confiance en soi. Le public est meilleur connaisseur des affaires françaises par l’effet d’une lecture des publications d’Outre-quiévrain, faite d’analyses bien plus fines, que les journaux belges sur nos affaires intérieures, victimes de l’influence flamande, sans doute ?
Résultat, Dominique Demoulin avait réuni autour d’elle des partisans belges qui affichaient leurs candidats : Destexe était charmé par Sarkozy, Hollande n’avait pas meilleur allié que Magnette, Wesphael se voyait déjà fondant en Belgique une succursale du Front de gauche depuis qu’il a touché la main de Mélanchon, Isabelle Durant n’était là que pour vanter les vacances en France et accessoirement Eva Joly, et Anne Delvaux, méticuleuse centriste admirait chez Bayrou l’équateur des deux hémisphères de la politique française.

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Alors, comment voulez-vous qu’une réflexion intelligente survienne entre les affirmations péremptoires de ces recuits de la politique ?
Aux entractes des ténors, Laurent Brogniet, prenait le relais de Gendebien, et nous rattachait à un département du Nord ; tandis que Quentin Dickinson, journaliste, et Pascal Delwitt, politologue, tentaient de rattraper le coup.
Pendant ce temps, du côté de Reyers, Maroy et Gadisseux donnaient à Philippe Moureaux une chance de rattraper sa connerie comparative avec Goebbels, des malheureux qui avaient enquêté sur les musulmans, il y a quinze jours : « Comment parler de l’Islam en Belgique ? ». Nos loustics coupaient aux élections françaises. En général n’importe quelle actualité venant de l’étranger les dérange, comme si la Belgique était sur une autre planète.
Je salue la performance de Dominique Demoulin pour un débat dont l’issue était connue par avance selon les sondages qui se révélèrent justes, à peu de choses près, dès les estimations de 19 heures, avec des gens qui venaient défendre les leaders des partis français correspondant aux leurs, sans se soucier des programmes et des similitudes avec le mal belge.
Ce dimanche midi, l’absence de spécialistes en histoire contemporaine, de vrais connaisseurs du malaise des populations tant françaises que belges, nous a privés d’une confrontation droite/gauche et des véritables enjeux de la politique qui pourrait changer en France et donc nous influencer au premier degré.
Tandis que Maroy et Gadisseux terminaient leur petite partie de lèche en faveur de la réhabilitation de Philippe Moureaux, Dominique Demoulin visiblement dépassée pour faire respecter le temps de parole des invités, ajoutait la sienne au concert des voix. C’était d’autant plus curieux, que ses invités n’avaient rien à dire !
On est sorti de l’entrepôt de bois qui faisait le décor de Vrebos.
On devrait sortir des canons discordants des intervenants qui se prennent pour Pachelbel.
Rien de plus facile. Un clavier avec autant d’interrupteur qu’il y a d’invités, avec derrière une Dominique qui questionne dans le silence et la tranquillité pour celui qui répond, les autres étant interrompus par un petit clic de la main de la patronne.
Que penses-tu, dearling, d’un coupe jus ?

22 avril 2012

A votre vote…

Quel est le rapport entre l’élection présidentielle en France et le gouvernement belge ?
En principe : aucun !
Et pourtant la campagne électorale française aura réussi à parler de tout, sauf de la situation intérieure ; de même, le gouvernement belge réussit depuis quatre mois à escamoter aux yeux du public les accords de gouvernement sur deux plans : a) les effets sur les citoyens du remboursement de la dette ; b) les désagréments des accords d’une plus large autonomie de la Flandre sur les francophones de Bruxelles et de sa périphérie.
Di Rupo ne pourra pas indéfiniment distiller ses fiels dans nos conduites d’eau sans que nous ne nous en apercevions ! Il arrivera bien un jour, où il devra s’expliquer sur la paupérisation des populations, de la bassesse des salaires par rapport à l’augmentation permanente des difficultés de toute nature, du désastre vécu par des Belges de culture française en milieu flamand.
Autre point commun : le flou autour de l’Europe et de ce que les peuples concernés veulent pour leur avenir, c’est-à-dire notre destin par rapport au reste du monde.
Est-ce bien l’Europe que nous souhaitions qui est en train de se faire sous nos yeux ? N’avions-nous pas rêvé autre chose que cette noria de fonctionnaires attachés à un libéralisme pur et dur en ignorant superbement le social et les Européens ? N’y aurait-il pas lieu de réexaminer le culte de la croissance à tout prix, bible de nos politiciens et de nos industriels ?
Autrement dit, les sujets importants font place à des préoccupations de seconde zone en évacuant les difficultés de tous les jours : emploi, logement, salaire, sans oublier les enjeux géopolitiques desquels notre avenir dépend en grande partie.
Pourtant, la crise nous plonge depuis bientôt cinq ans dans des réalités qu’il faudra bien un jour regarder en face. Nous sommes les témoins muets de l’actualité des pays en rébellion contre leurs élites et l’effervescence autour de la religion musulmane en lutte contre toutes les autres.
En France, comme en Belgique, on remplace la raison par l’anathème. Entre une Marine Le Pen qui accuse les immigrés d’être des envahisseurs, et un Philippe Moureaux qui traite les journalistes de suppôts de Goebbels, parce qu’ils font leur métier en dépeignant l’atmosphère des rues entourant les mosquées, le sage est plutôt mal parti pour trouver le chemin d’un humanisme « raisonnable ».

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Du point de vue géopolitique, quelles seront les relations entre l'orient et l'occident, le nord et le sud ? Quel modèle de démocratie voulons-nous ?
Les dirigeants belges nous ont condamnés à une lourdeur intellectuelle comme il y en a peu en Europe ! La diversité des candidats en France donne un coup de fraîcheur à la politique. Il y a pénurie d’un côté et surplus de l’autre. Il ne faut pas s’étonner qu’en Belgique on suit la politique locale un œil braqué sur la France.
Apparemment les Français sont aussi perplexes que nous quant à l’avenir, malgré une plus grande diversité de ton de leurs élites, une facilité d’expressions meilleure que nos « jargonautes ». Nous sommes évidemment handicapés par l’usage obligé d’une deuxième langue qui appauvrit la première, contrairement à ce que l’on dit dans les écoles. Evidemment, question culture le flamand, ce n’est ni l’allemand, ni même l’anglais !
Faisons des vœux pour qu’après les élections, les Français retrouvent les sujets de fonds avec un président plus près des gens que celui qui s’en va.
Peut-être que par mimétisme – si c’est celui à qui on pense qui est élu – son collègue belge sortira de ses tables rondes secrètes, et de ses silences calculés avec sa majorité de droite, pour imiter un nouveau président français de gauche.
On le saura début mai, à l’issue du second tour.

21 avril 2012

De DSK à VDD.

Dans leur quête d’amour-haine de tout ce qui touche à la France, les Flamands ont enfin leur DSK ! C’est ce dont ils se vantent. Après vérification auprès des plaignantes, ce n’est pas sûr !
VDD serait surfait !
Ils l’ont trouvé, ce prodige, non pas dans une chambre d’hôtel à obliger une pauvre camériste, noire de surcroit, à une fellation non consentie dans une Flandre raciste, mais à la suite de témoignages d’une bonne dizaine de créatures de rêve, à l’encontre de Pol Van Den Driessche de la N-VA.
L'ancien journaliste, ancien sénateur CD&V, avait vendu auparavant son âme à la N-VA, contre une première place à Bruges aux élections communales de fin d’année. Son côté égrillard avait échappé à l’attention des ligues de vertu.
La position politique de Pol est détestable, d’autant qu’il a usé de sa visibilité médiatique pour rafler des voix aux gogos du téléspectacle. Est-ce une raison pour que le public pousse des cris d’horreur en lieu et place des pauvres femmes à qui Van Den Driessche, son petit popol dressé, fit des propositions scandaleuses ?
Ce n’est pas le premier mandataire qui use de sa visibilité pour monter au cocotier démocratique et se taper de la gonzesse, comme le macaque les noix de coco !
Il y a une hiérarchie dans l’histoire de la braguette enchantée. N’est pas DSK qui veut !
Popol n’a tout de même pas « tumescé » dans une suite brugeoise au point de se faire rechercher et attacher dans le dos, devant tout le monde !
Le malheureux n’a pas la classe. Ce n’est qu’un histrion qui a réussi !
Ce n’est pas la pointure devant laquelle Dodo la Saumure tirerait son chapeau. Il y a toujours eu dans l’imitation flamande quelque chose d’imparfait qui fait que l’élève ne saurait être l’égal du maître.
Sans compter que DSK aura bientôt un record à son actif qui ne sera pas de sitôt battu. On en saura le montant après le jugement du tribunal du Bronx chargé d’évaluer la somme qui sera nécessaire à Madame Dialo pour évacuer le stress d’une pipe forcée. Si c’est comme le bruit qui court 20 millions de dollars, ce n’est pas Van Den Driessche qui pourra en aligner autant.
C’est frustrant pour quelqu’un qui fait une carrière sur l’art de se faire voir, de passer derrière un type qui n’a pas besoin de faire un détour par la téloche pour ramasser du blé à la N-VA.
Si Popol avait fait monter les enchères dans les hôtels de passe du vieux Bruges à ce taux-là, il aurait eu droit à des râles et des soupirs qui ne tombent pas sous le coup de la loi !
Je connais quelques vieux mâles, férocement anti homos, qui rendraient le même service à DSK et VDD, en faisant un prix de groupe !...

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Mais qui est donc cet homme dont le CD&V ne veut plus entendre parler, alors que Bart De Wever, grand protecteur de la famille flamande, en raffole ?
En plein feu de midi (52 ans) Pol, VDD pour les intimes, a débuté sa carrière à la Volksunie avant de devenir journaliste puis rédacteur en chef au "Nieuwsblad", enfin rédacteur politique à VTM. Il a été d’abord élu sénateur CD&V et a fini par rejoindre la N-VA, sentant le vent tourner. On dit même, qu’il a des chances d’être le prochain bourgmestre de Bruges.
Bruges n’est plus la ville des curés et des bonnes sœurs. Des clubs échangistes et des salons sado-maso remplacent les béguinages. L’évêché est déserté par une autre grande vocation, monseigneur Van Geluwe !
C’est Wouter Beke, le prude président du CD&V, qui aurait ébruité des histoires sur un faune dénommé Popol. Humo, le magazine flamand soi-disant drôle, sous le titre "Le DSK des Flandres", aurait pris le relais.
De l’ensemble des témoignages, il ressort que Popol est un affreux dragueur, déplaisant comme il n’est pas permis. Il n’aurait pas le charme de DSK, ni la désinvolture des don Juan jamais découragés par une défense vertueuse. Seulement cabochard, il n’aurait pas la capacité de « forcer » la dame qui ne veut pas.
Autrement dit VDD, avec dix ans de moins que son modèle, aurait des difficultés d’exprimer son dard, à l’inverse de DSK, le Lucky Luke dégainant d’Anne Sinclair !
Je l’ai toujours dit. Méfions-nous de la presse, mais pas trop. D’un regard courroucé, elle se dégonfle !
Si VDD perd la confiance de Bart De Wever, il pourra toujours retourner à VTM pincer les fesses dans les couloirs, puisqu’on sait par des charmantes brusquées, que sous de grands airs, il est, dans le fond, tout à fait inoffensif !

20 avril 2012

Question de courage…

Questions à la Une de la RTBF, avec un titre accrocheur « Faut-il craindre la montée de l’Islam », n’a pas fait que des heureux, malgré le bon travail de Deborsu apprécié par tout le monde pour sa liberté de ton. Philippe Moureaux, et Madame Laanan, sont parmi ceux qui n’ont pas apprécié. Le premier l’a dit dans des propos incendiaires, la seconde le dit sans le dire, mais qui n’en pense pas moins, dans une réaction molle, à l’image de ses petits nounours du nouvel an.
Faut-il y voir chez l’un, un mariage mixte, qui l’aurait conduit à traduire à sa manière « la paix des ménages » et chez l’autre, un inaltérable amour des origines, le tout accommodé à la sauce d’une politique opportuniste ? Voilà qui serait de nature à tempérer « le Goebbels de la Propagandastaffel » de l’impétueux septuagénaire du PS.
Pour une fois qu’un journaliste se déboutonne et montre la vie réelle dans les quartiers rongés par la montée de la misère et de la religion musulmane, il fallait bien que cela soit encore des socialistes qui s’empressent à défendre Allah, source pour eux d’une rentrée de voix des musulmans naturalisés belges. Et c’est dommage d’en arriver à situer le problème à ce niveau, tant nous devrions nous montrer solidaires des populations immigrées qui souffrent plus que toute autre de la crise et du chômage.
A la question « Faut-il craindre la montée de l'islam ? », question majeure aujourd’hui à laquelle des partis, comme le parti socialiste, s’opposent en faisant le jeu des intégristes musulmans pour de basses raisons électorales, il faudrait aussi y adjoindre une autre question « Faut-il craindre le manque de courage des politiques et des journalistes, face à la montée du souffisme ? ».
Question tout aussi importante que la première, tant il a fallu la réaction imbécile de Moureaux pour que ce problème de la laïcité, dans un système démocratique asphyxié par une religion exclusive, fasse l’objet de commentaires indirects. Et encore, l’outrance de Moureaux a-t-elle rendu service aux journalistes qui craignent de s’aventurer dans le domaine du sacré. Ils étaient soulagés de ne parler que de la vulgarité des propos tenus, redoutant d’en faire trop sur le fond.

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C’est le cas de David Coppi, journaliste au Soir, dans le 11 h 02 du jour :
« Oui, Moureaux a dérapé, oui, il a dépassé les bornes sur ce point. Bien que les propos exacts du bourgmestre de Molenbeek ne soient pas aussi directs, on comprend clairement ce qu’il a voulu dire. Les allusions au nazisme ou encore à la désinformation qui régnait sous Goebbels, c’est aller trop loin. Déceler dans le reportage de « Questions à la Une » des connotations islamophobes est une chose, rapprocher ses journalistes à la propagande nazie en est une autre. Maintenant, on le sait coutumier de ce genre d’interventions, mais certaines comparaisons sont à éviter. Celle qu’il a faite ne peut être assumée ni par le politicien qu’il est, ni par ses connaissances d’historien. Ce n’est que comme formule provocatrice qu’il peut la défendre. ».
Rien, strictement rien, sur ce que David Coppi a retenu de ce reportage. Que Moureaux ait déconné à Maghreb TV on s’en fout, Deborsu a-t-il, oui ou non, soulevé un problème important, celui de la laïcité dans une démocratie ?
Le journaliste n’y répondra pas.
Martine Simonis, la secrétaire générale de l’Association des Journalistes Professionnels (AJP) a beau s’indigner «Informer sur les religions devient, et pas seulement en Belgique, de plus en plus difficile pour les journalistes. Les propos inacceptables de Moureaux contribuent à rendre impossible un débat serein sur ces thèmes et ils sont en outre dangereux pour la profession », on reste convaincu que le sujet n’est pas traité comme il le devrait par manque de courage. Le reportage de Deborsu était pourtant une occasion à saisir.
Les journalistes belges ont perdu le courage par inadvertance pourrait-on dire. La perte de courage, c’est comme une maladie. Elle survient insidieusement, puis s’installe comme une évidence qu’on n’aurait su éviter. Cette infirmité est de confort. On s’y habitue plus vite qu’une initiative qui est une forme de vitalité dont le journalisme a le plus besoin.
La volonté est quelque chose d’organique.
Comment apprendre le courage dans une profession rongée par le sous-emploi, employant des pigistes jamais nommés, sous la menace d’un coup de gueule d’un industriel « qui a le bras long », employés par une direction qui poursuit d’autres buts que celui d’informer, estimant avec ses intérêts personnels ce qu’elle décide d’être de l’intérêt général !
Le public sans le savoir a répondu à ce manque de courage par un doute devenu universel sur l’information de la grande presse, des télévisions et des radios.
Comment redonner confiance ?
En prenant courageusement les informations comme elles viennent et en n’hésitant pas de les traiter à contresens s’il le faut, de l’opinion des partis, des médias et des vérités officielles.
Bref, de quoi se faire lourder du Soir vite fait !
En créant Mediapart en France, certains journalistes ont répondu à cet inconvénient. Par cet exemple, on revient au courage…

19 avril 2012

Filiations fructueuses.

En marge de l’élection en France et sans vouloir faire du prosélytisme pour la NPA, Philippe Poutou et Olivier Besancenot nous ont fait part de quelque chose qui a trait à la notoriété et qui est passé tout à fait inaperçu : la dangerosité qu’il y a de confondre des idées avec les gens qui les portent.
Peut-être bien que si Besancenot s’était présenté à la candidature de la présidence, que son parti la NPA aurait été crédité d’un ou de deux % supplémentaires. Cet accroissement aurait été essentiellement dû à la connaissance plus grande que le public avait du « petit facteur de Neuilly ».
C’est ce qui s’appelle l’effet de notoriété dont nous sommes tous les dupes dans les domaines du spectacle et aussi, depuis que la politique en est devenu un, de nos « ténors » des partis.
Contrairement aux dénégations farouches des pères quant à la facilité avec laquelle les fils ont eu accès aux premières places des partis, voulant faire passer leurs rejetons pour des petits génies, tous les ouvrages qui concernent les filiations et l’aide qu’un père ou une mère connu(e) apporte à ses descendants, nous disent le contraire (1).
Le privilège d’être le fils d’un personnage connu offre d’évidents avantages, dont celui de se monnayer pour l’obtention de places qu’en d’autres circonstances le postulant n’aurait obtenues qu’au prix de longues années de galères, voire même, n’y aurait jamais eu accès.
Les partis politiques sont donc le théâtre d’une nouvelle série d’interprètes de premier plan, par le privilège de la succession, grâce aussi aux diffusions des images et à l’explosion des techniques de marketing, qui a multiplié le nombre d’impétrants d’une pratique fort ancienne.
Les paracelebrities ou célébrités dérivées (2) sont en passe de monopoliser le statut de représentants du peuple par hérédité. Les masses anonymes qui donnent encore dans le panneau d’une « juste » démocratie se réveilleront bien un jour. On aurait tort, dans l’état actuel des choses, de nous moquer de la Corée du Nord, les Kim Jong, -il jusqu’en 2011, et -eun, le fils successeur.
Le constat est gênant : les représentations se transmettent par droit d’héritage, en Europe aussi !

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Les observateurs politiques – enfin les bons – ont décelé l’existence d’une frontière entre les gens en place, et le restant de la population, les « administrés » anonymes.
Murray Milner (3) a étudié en sociologue le système de transmission qui nous vaut l’éclosion d’une classe parallèle à celle de l’argent. Le maître mot est collaboration entre l’ancienne et la nouvelle. Elles se recoupent, s’amalgament, s’unissent harmonieusement par deux voies, celle du mariage par fusion des familles, bien vite endogames et l’autre, par similitude d’intérêt dans des banques et des entreprises publiques et privées.
Milner met en évidence l’association entre la conscience de classe d’une catégorie sociale à part entière, à sa position privilégiée. Autrement dit les fils et les filles de… non seulement profitent de la notoriété des pères et mères, mais accumulent aussi sur leurs têtes la notoriété transmissible. Ils deviennent une classe originale, fréquentant les mêmes clubs, les mêmes terrains de golf, les mêmes lieux de vacances que des vedettes du sport, du cinéma, et les riches de souche industrielle.
Cette nouvelle élite n’est pas conduite à fréquenter d’autres milieux, cela pourrait sembler banal pour certains partis politiques comme le MR et même le CDH (Ecolo est à part dans la catégorie bobo), en effet le bourgeoisisme ambiant donne l’illusion aux centristes qu’ils sont reconnus et admis dans la nouvelle élite (4). C’est plutôt dévastateur pour le PS qui prône encore la reconnaissance de la primauté du peuple, alors qu’en réalité, c’est l’inverse qui se produit.
Le cas Di Rupo n’est pas à dissocier. Il a bien désigné Giet à la tête du PS faute d’héritier direct. Tout le monde sait que ce fils de… n’est là qu’en intérimaire. Cependant, sans enfant, Di Rupo désignera un jour son dauphin. On a cru un temps que c’était Magnette. Rien n’est fait encore. Di Rupo partage avec les premiers empereurs romains le droit monarchique de désigner son successeur, Tibère était bien le fils adoptif d’Auguste.
Suspense…
Cela nous ramène au cas de la NPA, qui a fort peu de chance de devenir un exemple et un cas d’école pour le PS.
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1. La France aux mains des fils et filles de… (François Bourin, 2005)
2. De la visibilité « Excellence et singularité en régime médiatique », Nathalie Heinich, NRF Gallimard 2012.
3. Murray Milner, Professor Emeritus of Sociology at the University of Virginia and is currently Senior Fellow at the Institute for Advanced Studies in Culture.
4. Ce sentiment partagé par des bourgeois “parvenus” est fait de l’illusion d’être des « célébrités » dans leur genre !

18 avril 2012

Une Europe à vomir !

Dis-moi d’où tu viens, et je te dirai qui tu es.
Plus difficile à faire qu’à dire. S’il y a des dissimulateurs se sont bien les économistes qui nous infligent leur présence dans les médias et qui feignent de nous parler au nom du bon sens, alors que la main sur le cœur ils n’oseraient jurer, qu’ils ne sont pas motivés par autre chose que leurs convictions.
L’économiste Olivier Pastré tempête dans Le Monde (1) contre les projets visant à sortir de la monnaie unique européenne. Il se donne pour mission d’expliquer aux Français les plus fragiles et les plus soumis à la désinformation, quels sont les risques d’un abandon de l’euro.
Il est présenté dans le journal en qualité de professeur d’économie à l’université Paris-VIII.
En manipulant la souris sur Internet, on se rend compte que Pastré préside aussi la banque tunisienne IMBank, est présent dans le conseil d’administration de la banque du Crédit municipal de Paris (CMP Banque), à l’Association des directeurs de banque, et enfin à l’Institut Europlace de finance. Il est vraisemblable que la liste ne s’arrête pas là. Pour en savoir davantage, il faudrait peut-être y consacrer plus de temps. Cependant le palmarès est déjà suffisamment fourni pour rendre plus ou moins suspecte la croisade de Pastré pour l’euro !
Qu’à cela ne tienne, il intervient chaque samedi matin dans l’émission de France Culture « L’Economie en questions », dont il est coproducteur.
Je ne mets pas en doute la sincérité d’Olivier Pastré en écrivant cela. Ma remarque porte sur la difficulté du public de se fonder une opinion sur les thèses touchant à l’économie de quelqu’un qui volontairement ou non cache une partie de ses casquettes.

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On pourrait étendre ce petit jeu à l’ensemble des techniciens « économie, justice, social ». Dans une société comme la nôtre où le travail en solitaire et sans appui est quasiment impossible, les professeurs de ci, les porte-paroles de ça, viennent tous de quelque part là où ils gagnent leur vie et où – selon toute vraisemblance – ils sont payés pour étoffer le discours de l’institution qui les nourrit, et non pour être le soir le contraire de ce qu’ils sont le jour.
Même les universités n’échappent pas à cette normalisation des esprits dans le sens de l’orthodoxie libérale. Je dirais même plus, les universités reproduisent l’opinion majoritaire sans état d’âme.
Or, l’opinion majoritaire est faite justement par des éléments pêchés dans les journaux, dans des conférences-débats, des émissions de radio et comme dans l’actualité de l’élection présidentielle, par des séances télévisées
Depuis la rentrée 2011, François Lenglet est journaliste économique de BFM TV et directeur de la rédaction de BFM Business. Il est considéré comme un esprit libre. L’est-il réellement et le peut-il ? C’est lui que l’on voit régulièrement sur le plateau de « C dans l’air » et à l’occasion de la campagne présidentielle dans « des paroles et des actes » qui met en scène des candidats à l’élection présidentielle.
Justement dans l'émission Des paroles et des Actes, sur France 2, le 12 janvier dernier, François Lenglet a opposé à Jean-Luc Mélenchon un argumentaire appuyé sur plusieurs graphiques sortis d’une farde qu’il gardait sous le coude. Dans cette note, la commission économie du Parti de Gauche décrypte quatre "erreurs" !
Sans entrer dans les détails, il faut convenir que Lenglet en produisant d’une certaine façon ses graphiques dans l’intention de prouver ses propos, est au service d’une cause qu’il croit juste – et c’est son droit – mais qu’il défend avec des graphiques qui le sont moins.
Comment le téléspectateur ne serait-il pas « contaminé » par des propos tenus sur des matières difficiles dont il ne connaît pas les techniques, par des gens qui dirigent BFM business ou, comme en Belgique Martine Maelschalck de L'Écho, quotidien d'information économique et financière qui appartient à Mediafin, (Le Soir, De Morgen, etc.) ?
Que doit-il faire, le malheureux ? Faire confiance à ceux qui ont l’air de s’y retrouver ? Partager leurs convictions et se faire rançonner comme au coin d’un bois et excuser les rançonneurs ! Finir, en fin de compte, par trouver normal un travail moins rémunéré, des taxes qui augmentent et un niveau de vie qui décroît ?
Parce que c’est de cela qu’il s’agit dans ce domaine particulier de l’économie !
Tous ces économistes ont un point commun : ils ne veulent pour rien au monde changer la donne, modifier les règles, renverser les lieux communs du libéralisme !
Ils abhorrent tout défenseur d’une pensée moins contrainte par les profits, au nom d’une catastrophe que cela serait, si un vrai socialisme s’emparait du pouvoir financier. En attendant, ils agitent le spectre des désastres à venir avec une économie « socialisée », en essayant de camoufler les désastres réels de la crise d’aujourd’hui.
Avec le concours des médias, ils ont réussi jusqu’à présent à maintenir l’opinion dans la survivance de leurs vieux mythes. S’il le faut, ils ressusciteront l’ogre rouge le couteau entre les dents.
Ce soir même, à l’émission « C dans l’air », les journalistes étrangers qui entouraient Yves Calvi trouvaient les Français frivoles, légers… Dans leurs pays, l’extrême gauche avaient cessé d’exister au nom du libéralisme responsable, la gauche était centriste en diable et prête à tous les sacrifices pour rembourser la dette aux banquiers. En France parmi les dix candidats à l’élection présidentielle, deux n’étaient pas à leur place. La belle Sylvia de Sazars de Montgaillard s’accordait avec les autres pour trouver Nathalie Artaud et Philippe Poutou « originaux et illuminés ».
Au contraire, avec ces clowns à paillettes rassemblés autour de Calvi, cette Europe là me donne envie de vomir !
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1. Du journal Le Monde : « Christian Saint-Etienne s’affiche comme professeur au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) sur France 24 et comme économiste et analyste politique dans les colonnes du Point. Jamais comme conseiller scientifique du Conseil stratégique européen, un cabinet de conseil en gestion de patrimoine. Elie Cohen, conseiller de M. Hollande, est « directeur de recherche » au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et professeur à Sciences Po sur France Inter ou dans Le Figaro. Jamais membre du conseil d’administration des entreprises Pages Jaunes ou EDF Energies nouvelles. Jacques Mistral ? Economiste dans les colonnes du Monde et sur France Culture, ou directeur des études économiques à l’Institut français des relations internationales (IFRI) dans l’émission « C dans l’air » (France 5). Pas administrateur de BNP Paribas Assurance. Daniel Cohen, conseiller de Mme Martine Aubry, se montre plus discret sur son titre de senior adviser de la banque Lazard — qui conseille par exemple le gouvernement grec sur la renégociation de sa dette — que lorsqu’il s’agit de rappeler sa qualité de professeur de sciences économiques à l’Ecole normale supérieure et à l’université Paris-I. » etc…

17 avril 2012

Braderie du prêt à voter.

France : à la cloche, les coureurs montent à la balustrade. C’est la dernière ligne droite avant le sprint du premier tour. Les deux favoris sont bien placés. Le peloton est loin derrière, mais qui sait ?
Dans les stands des partis, les candidats n’auront pas ménagé leurs peines pour proposer de plus en plus d’articles à des prix défiant toute concurrence.
La dernière semaine ressemble aux ultimes jours des soldes. Les commerçants s’affolent devant les invendus. Ils proposent à l’étalage des prix défiant toute concurrence.
Les candidats organisent tour à tour des kermesses. La politique redevient un show d’extérieur. Il y a une forte demande des sonos pour chanteurs de plein air…
Si encore les petits candidats revenaient de la planète Mars avec Cheminade, les bras chargés de gadgets que les petits hommes verts leur auraient vendus pour trois fois rien ? On passerait à déballer les cadeaux, les journalistes n’afficheraient plus un air de perdre du temps !
Quant aux gros candidats, pour garder de l’audience, ils se laissent aller à renouer avec l’argent des riches pour renflouer la caisse. Est-ce bien raisonnable ?
Sarkozy prétend les taxer plus sévèrement. Hollande irait jusqu’à 75 % au-dessus d’un certain chiffre. Il manque un commissaire-priseur sur les estrades pour faire monter les enchères. Qui va s’adjuger le lot ? Et une fois en possession des responsabilités, à combien le président prendra-t-il son programme au sérieux, à 20, 30 ou 40 % de réalisations possibles ?
C’est ce qui s’appelle prendre des risques, dont le principal est celui de la mémoire des gens qui voteront pour eux en toute bonne foi ! Les Français ont encore en tête la campagne de Chirac sur le thème de la fracture sociale ! Non seulement, Chirac n’a rien fait pour la réduire, mais dix ans plus tard, la fracture est un abîme avec menace de gangrène !
Il n’y a rien dans le discours des deux candidats principaux qui ne puisse être controversé. Il n’est nul besoin d’appeler François Lenglet à la rescousse. Un clic judicieux sur Internet peut faire gagner du temps.
Je n’ai pas envie, et vous non plus, de décortiquer des discours, les promesses qui ne pourront être tenues. Je prends donc au hasard dans le social ce qui concerne le mutuelliste français.

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J’ai entendu Sarkozy nous dire que ses concitoyens sont soignés pratiquement gratuitement et que, réélu, il améliorerait encore l’accueil, et les soins dans les hôpitaux. La France serait en deuxième position derrière les Pays-Bas en matière d’excellence dans la qualité des soins. Une publication de « l’UFC-Que choisir » nous donne chiffres à l’appui une vision absolument contraire. Le coût moyen de la santé qui était de 571 € en 2006 est de 665 € en 2012.
On a transféré 1,5 milliards € sur les assurances complémentaires ou, à défaut, on les a sortis de la poche du patient. La politique du non remplacement d’un fonctionnaire sur deux a été la règle jusqu’à présent dans les hôpitaux publics, si bien qu’il manque un personnel qualifié dans tous les hôpitaux publics de France.
Tous ces détails se trouvent facilement sur le NET et avec plus de précision dans des magazines qui ne sont pas nécessairement spécialisés.
François Hollande, malgré ses experts et son programme chiffré qu’il défend dans chacun de ses meetings n’a pas une meilleure approche sur le terrain dans la réalité du quotidien, devant laquelle il sera confronté très vite. Et pour cause. Il table sur une rapide accélération de la croissance, alors que ses premières mesures pèseraient plutôt sur celle-ci que de l’accélérer.
Contrairement aux moqueries des journalistes libéraux, le programme de Mélenchon ne relèverait de la plus haute fantaisie que dans le cadre d’un système économique qu’il respecterait plus ou moins. Comment trouver 195 milliards pour financer le programme du Front de Gauche ? Mais, il se pourrait qu’au pouvoir (même lui n’y pense pas sérieusement) devant la révolte frontale de l’oligarchie de l’argent, il ne soit poussé à donner à sa VIme république un caractère résolument frondeur et révolutionnaire, d’une toute autre tournure qu’une république molle aux ordres libéraux de Bruxelles. Alors, seulement il lui serait possible de respecter son programme.
Question, en l’état des lieux, les Français sont-ils prêts ?
C’est sans doute le seul qui serait en mesure de réussir en faisant ce qu’il dit ! Quoique s’en gaussent les Elkabbach, Franz-Olivier Giesbert, David Pujadas, etc. tous valets de comédie du pouvoir strictement libéral. Cette politique du pied au cul des récalcitrants conduirait à rougir bien des fesses, dont les leurs ! Qu’ils s’empressent de se moquer, la frousse viendra après.
Sarkozy et Hollande sont loin de vouloir imiter Mélenchon. Ils le disent entre les lignes : ils ne sauraient déroger à des obligations importantes que leurs prédécesseurs ont contractées à l’Europe, à l’économie mondiale et à la finance internationale.
Ils sont donc condamnés à mentir aux Français, à disposer de ceux-ci en faveur d’une politique qu’ils disent ne pas aimer, et cependant qu’ils suivent, parce qu’ils ont placé le devoir de rembourser en contradiction et au-dessus de leurs promesses électorales.
Mais alors, comment appelle-t-on un démagogue en train de mentir et le sachant ?

16 avril 2012

Louis Michel : l’inconséquent !

Les suicides en France dans des entreprises privatisées et d’autres encore sous régie en passe de l’être ont vu leur nombre augmenter en 2011 et 2012. Si on cherchait mieux, on en trouverait en Belgique sans aucun doute. La CGT et FO se sont interrogées de l’incidence de l’organisation du travail dans les suicides. Des études ont été faites et des directions suspectées.
La piste qui a été la plus négligée est certainement la plus mortifère, mais c’est aussi celle pour laquelle règne un silence complice. Elle a trait, à l’évidence, au transfert de la qualification d’être humain du domaine public, à celle de pion, dans une production appelant l’homme à une productivité maximale.
Etablir une égalité de rendement entre ce qui reste du secteur public par rapport au privé, c’est s’attendre à une corrélation des mêmes causes qui produisent les mêmes effets, par exemple les suicides en chaîne à l’EDF et chez Peugeot.
La différence entre le public et le privé que l’on voudrait abolir, reviendrait à généraliser la manière dont on traite le capital humain dans les entreprises privées, par l’application des théories productivistes dans le secteur public.
Les blagues que l’on entend depuis un siècle sur l’inefficacité des entreprises publiques du genre « un qui travaille, deux qui surveillent et quatre qui commandent » n’ont qu’un seul but : faire admettre comme allant de soi, que lorsque le privé s’occupe de quelque chose, c’est plus rapide, moins cher et plus efficace !
Un spécialiste de ce genre de blague ciblant le domaine public est Louis Michel, grand libéral et partisan absolu du privé pour l’ensemble des travailleurs.
Ces gens qui entendent se faire passer pour de grands humanistes et qui n’en ratent aucune pour stigmatiser le domaine public, afin de rehausser la haute estime qu’ils voudraient faire partager aux citoyens du domaine privé, sont en réalité des négriers qui ne reculent devant rien pour augmenter la part du privé dans le travail qui concerne les collectivités, comme les distributions d’eau, de gaz et d’électricité, l’entretien des routes et l’ensemble des mesures visant à l’encadrement des populations FOREM, CPAS, formation professionnelles, etc.
Ils se fichent éperdument de savoir si les travailleurs sont satisfaits de passer d’un bord à l’autre et chose plus grave, ils récusent toutes les preuves accablantes des difficultés qui s’accumulent dans tous les domaines de la privatisation, comme le sort des voyageurs, des utilisateurs d’énergie et en général toutes les activités qui touchent les communautés citoyennes.

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Et elles ne manquent pas. La privatisation des chemins de fer en Grande Bretagne a été un désastre à tous points de vue : la sécurité s’est dégradée, les accidents et les incidents se sont multipliés, la vétusté des matériels s’est accentuée, etc. On voit que la leçon n’a pas profité et que la SNCF sommée de faire des économies et de se préparer à une éventuelle participation du privé a dégradé le parc des locomotives, augmenté les perturbations et découragé les voyageurs, comme ce TGV qui est resté cinq heures dans un tunnel plongeant, ses occupants dans le noir complet.
En attendant d’être privatisé, aspiré par le libéralisme voulu par l’Europe, les services publics se sont mis à faire des affaires, alors qu’auparavant ils « servaient » le public.
Louis Michel a sans doute en réserve une belle quantité de vannes pour soutenir le contraire, mais depuis que le libéralisme à la sauce qu’il préfère s’est emparé de tous les marchés, plus rien ne fonctionne normalement.
C’est un fiasco de plus au passif du système !
Encore y aurait-il encore à dire sur le danger de la privatisation dans le nucléaire, du peu de fiabilité des sous-traitances malgré les cahiers de charge, rarement respectés, des normes de sécurité fort peu suivies et de l’opacité de l’information dans la publication des accidents dans les centrales.
L’argent ne peut pas tout et ceux qui le manipulent non plus.
Encore, si la concurrence faisait baisser les prix ! Mais non, au contraire, les situations de monopole ou d’entente accélèrent même la valse des étiquettes.
C’est un paradoxe que Louis Michel et les libéraux de son genre, payés et bien payés par le public, s’empressent de vouloir brader ce qui appartient aux communautés à des organisations privées. C’est faire peu de cas de la reconnaissance qu’ils devraient avoir à qui les nourrit !
Pourquoi ne pas privatiser les organisations comme les élections et le fonctionnement des parlements tant qu’on y est ?
Cette crise de 2008 aura quand même joué un rôle bénéfique, celle de mettre en évidence les manigances, les magouilles et les illusions qui tournent autour d’une Europe en voie complète de privatisation. Mais, pour combien de temps encore, Louis Michel ?
Certes, à ce planqué, il n’arrivera rien que de très confortable, belle situation, belle pension et toujours grande gueule.
C’est la génération suivante qui paiera pour vos inconséquences. Y avez-vous pensé ?

15 avril 2012

La Belgique aux désastres.

Notre temps n’est pas à la nuance. On est pour, on est contre, les centristes ne sont ni pour, ni contre, ils sont pour quelque chose entre les deux. Aussi, les centristes sont incompris et peu nombreux, sauf en Belgique où ils sont majoritaires depuis cent cinquante ans !
Hollande est en train, tout doucement, de glisser vers le piège où tous les socialistes se cassent la gueule, ce fameux centrisme qui rime dorénavant avec social-démocratie.
C’est Mélenchon qui imprime son rythme à la campagne. Il innove. Il rassemble. Ce n’est pas en Belgique qu’on verrait ça !...
Méprisé ailleurs, le centrisme est devenu un sport national dans nos Régions. Le Belge s’en réclame. Il a réussi à faire du centrisme un nouvel axe sans nuance. Etre ni pour, ni contre a dorénavant un objectif : viser à retrouver un immobilisme ancien qui avait ses lettres de noblesse, de Leburton à Verhofstadt. Le centriste est un nostalgique du passé. Il lui semble que rien ne doit dépasser la ligne qu’il s’est fixée, comme la ligne d’horizon du temps où l’on n’était sûr que d’une chose : faire un surplace sur une mer d’huile.
Les esprits originaux se réfugient dans l’extrémisme. Qu’il y ait une nuance quelque part qui les accueillerait, on verrait les troupes du Vlaams et de Bart se dégonfler.
En Wallonie, la gauche est à refaire. Le modèle, c’est Mélanchon.
Depuis que Di Rupo fait notaire en son étude, il déçoit tout le monde, sauf ses clercs et la clientèle à qui il promet des rendements qui seront difficiles à tenir. C’est le centriste type !
Après son « casse-toi pauv’ con » Sarko, le président le moins nuancé du monde, traite familièrement les électeurs de couillons. Il tranche par la verdeur de son vocabulaire, à défaut de trancher par la verdeur de son action de rajeunissement de la France. Mais, au moins, il tranche !
Méluche est plus incisif. Il ne se défend pas, il attaque. Après dix ans d’humiliation, la gauche aime qu’un parti renoue avec les luttes du passé.
Il est l’homme politique le moins comparable à Di Rupo. Lui, c’est plutôt Raymond Barre. Son barrisme est académique et somnolent. Il y est. Il incarne. Il adhère. Di Rupo est né académicien ! Peu importe l’académie, l’habit et la petite épée de côté, le fil à plomb, l’équerre, l’Institut ou la coupole, le Di Rupo officiel, c’est ça… le privé, c’est autre chose.
Après avoir rangé ses crayons devant lui, Di Roupillo ne les tranche pas. Il les taille en fines coupes qui tombent en spirales sur son buvard. Sa première employée le saisira tout à l’heure pour l’incliner au-dessus de la corbeille à papier. Di Roublardo n’a même plus un regard curieux sur la croupe de Rosette Onglelisse penchée. Les femmes ne l’intéressent pas ! Comme le reste d’ailleurs…
Il s’endort dans son étude, saisi par la torpeur de son centrisme à la normande. Le buste droit donne encore le change, mais la tête s’incline jusqu’à toucher sous le menton, les deux pointes de son nœud papillon.
Aux comices agricoles de Flaubert. Madame Bovary, ce n’est pas lui. Elio, c’est Charles ; Sarko, c’est Homais, le pharmacien. Mélenchon, c’est Rodolphe, un cavalier d´Yonville.

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A côté de la pendule genre « pointage d’usine » que des Montois modérés lui ont offerte, un grand portrait de Destrée que dans la pénombre, on prendrait pour Bayrou, juste à côté d’une bibliothèque 1900, à Tête de Lion, avec quelques livres reliés par les élèves de la section bricolage d’un centre culturel du Hainaut. Un manuel plastifié rouge « Apprendre le Néerlandais en dix leçons » par le chanoine Vander Straeten-Gezien, a l’air d’avoir été feuilleté récemment. C’est là tout l’univers assez triste du premier ministre, notaire et responsable de nos actes.
Pendant ce temps, il faut bien que la nuance se réfugie quelque part. Elle s’est intéressée aux mots.
La vie ne peut pas se réfugier toujours dans la minute de recueillement.
Il a même été question de souder les minutes de recueillement entre elles, jusqu’à l’hommage du 11 novembre à la Colonne du Congrès, coupant ainsi l’herbe sous les pieds du bouillant amaigri d’Anvers.
Dernière nouvelle du front centriste, Alexandre, le fils De Croo, suggère de sauter une tranche d’index, histoire de faire gagner quelque argent de plus au Centre. Elio y réfléchit…

14 avril 2012

Un CRISP crispé !

Vincent de Coorebyter, le directeur général du Centre de recherche et d’information socio-politiques (Crisp), fait de l’humour malgré lui. Dans son « Pourquoi le populisme est-il de droite ? » il nous fait la démonstration – sans le vouloir - que le populisme n’est qu’une méthode employée par les politiciens de tous les partis, dans le but de se maintenir au pouvoir.
Il n’y a donc ni populisme de gauche, ni populisme de droite comme l’entend Vincent de Coorebyter, mais des gens de parti qui en mettent une louche ou deux selon leur besoin de se maintenir à flot d’après leur tempérament, en flattant l’opinion publique.
De Coorebyter serait bien en peine de citer un seul nom d’un personnage de l’Etat qui n’a jamais fait de populisme au cours de sa carrière.
Puisqu’il parle de Dominique Reynié (Populisme la pente fatale), il eût été séant de sa part, avant de citer ce professeur de Science Po qui voit du populisme à gauche, de parler du populisme de droite de Dominique Reynié, directeur général (encore un !) de la Fondation pour l'innovation politique, un groupe de réflexion de tendance libérale fondé en 2004 et proche de l'Union pour un mouvement populaire (UMP). Ses analyses dans des émissions publiques (« C dans l’air » sur France 5) s’attachent davantage à dédouaner la droite sur le sujet, que la gauche. Monsieur Reynié déploie beaucoup d’efforts, pour que ses analyses apparaissent débarrassées d’un esprit partisan,
Puisque les démocraties, sont des régimes fondés sur la souveraineté populaire et sur le suffrage universel, en appeler au populisme est donc d’une certaine manière respecter la démocratie ; mais le populisme auquel s’attache une notion péjorative selon les définitions de Coorebyter, n’est pas là. Il tient dans l’excès de flatterie à une opinion quand elle est largement majoritaire. A ce compte, c’est bien ce que j’en ai écrit précédemment, tous les partis usent de cette démagogie.
Ce qui prête à confusion, c’est l’interprétation différente que les partis font du populisme.

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Prenons l’exemple de l’émigration.
En Belgique, le parti socialiste aurait plutôt tendance d’aller à contre-courant de l’opinion, en favorisant l’installation d’une immigration abondante, faisant preuve d’un laxisme que les autres partis n’ont pas.
A voir de près, cette politique est aussi entachée de populisme que celle qui, au contraire, développe une méfiance vis-à-vis de cette même population. La raison en est que le PS a l’oreille de l’émigration souvent pauvres et malmenées. Par le transfert de la deuxième génération qui passe de la condition d’étranger à celle de citoyen belge, le PS s’attire une sorte de reconnaissance non négligeable dans le décompte des voix aux élections.
Par sa démagogie et son populisme, le PS se fait une réserve de voix. On le voit bien dans ses arguments de défense de l’immigration où le populisme du PS veut en venir : rester le premier parti de Wallonie.
Comme il ne réussit plus à convaincre sur le plan social où ses positions sont très proches de celles des libéraux, il conscientise ses partisans de souche au soutien d’une population émigrée. Ses raisons sont loin d’être humanitaires. Elles sont populistes dans le sens qu’attache à ce mot, Dominique Reynié.
La dénonciation d’un populisme comme le conçoit Coorebyter serait, je le cite : « d’opposer le peuple, ‘forcément victime, mal écouté et vertueux, à des élites’ qui font l’objet d’une dénonciation virulente en raison de leurs errements ou de leur cupidité ».
C’est la définition exacte, si l’on excepte le terme « vertueux » (le peuple n’est pas plus vertueux, que les élites) de l’idée que se fait la droite de la population victime de la crise et de la cupidité des élites. C’est tout simplement énoncer deux concepts d’organisation sociale.
Si Monsieur Coorebyter y trouve matière à populisme, c’est comme s’il nous faisait le procès d’un point d’histoire, qu’il qualifierait de « détail », comme d’autres n’ont pas hésité de le faire à propos des camps d’extermination.

13 avril 2012

Champions du prix fort !

Dès qu’on parle pognon, on regarde le voisin en mettant la main sur la bosse du veston. Sentir que le portefeuille est toujours là, rassure… La braise attise les convoitises. On croit que dans la rue ceux qui marchent le bras replié sur la poitrine, c’est parce qu’ils se prennent pour Obama qui salue le drapeau des States. Erreur ! Ils ont peur de se faire piquer leur pognon.
Dame, les autres avec de petits mérites, gagnent toujours trop par rapport aux dons que la nature leur a parcimonieusement comptés et comme ce n’est pas assez, ils tueraient père et mère pour dix euros !
C’est ce qu’on dit au supermarché du prêt à porter de l’idée fixe.
Alors, quand la fourmi lève ses yeux à facettes de la brique qu’elle touche du vertex, au-dessus, elle est prise de vertige devant dix mètres de mur !
Par transmission de pensée, l’homme est au courant à l’instant comme l’insecte dans la fourmilière, il sait ce qu’il doit faire pour jouer sa partie. Ce n’est pas ce qui l’enchante. Lui, il veut gagner des paquets de fric. Il n’y arrivera jamais, à l’exception de quelques marioles et de personnages nés sous d’heureux auspices.
Des lecteurs austères me demandent instamment de rester le sérieux pourfendeur de l’injustice totale qu’est un gros salaire par rapport à un petit, surtout quand ce dernier est ridicule comparé à l’autre, qui va de rare à rarissime, avec une petite famille de zéros derrière.
Un salaire raisonnable est toujours un peu moins que celui qu’on gagne pour ceux qui votent à droite et nettement supérieur pour ceux qui votent à gauche. (Je sens que je vais encore me faire des amis).
Savoir ce que les autres placent à la banque ne guérit pas des ulcères, au contraire les entretient.
Passons de l’innombrable à l’exceptionnel.
Suite à une enquête du député PS français René Dosière, Sarkozy coûte aux contribuables français presque deux fois plus chers que Barak Obama et plus de deux fois qu’Angela Merkel !
Et « notre » Albert ?
Selon un magazine de l’année dernière « La famille royale reçoit une dotation annuelle de 13,7 millions d’euros, une facture «officielle» à laquelle il faut ajouter 16,8 millions d’euros dépensés par plusieurs ministères, en frais de sécurité, de chauffage et de cadeaux d’affaires notamment. ». Soit : 30 millions 5.
Le hit parade du fric étouffé vite fait bien fait en démocratie par nos exceptionnels s’établirait comme suit :
1 Sarko 92 millions d’€
2 Obama 55 millions d’€
3 Merkel 41 millions d’€
4 Albert 30 millions d’€
Si l’on considère le rapport entre les sommes déboursées et le nombre d’habitants le classement change.
1. Belgique, 11 millions d’habitants, coût par habitant : 2 € 72
2. France 65 millions d’habitants coût par habitant 1 € 42
3. Allemagne 81 M « « « 0 € 50
4. USA 313 millions d’habitants « « 0 € 18

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Pour compléter le tableau, il faudrait adjoindre aux frais globaux du roi, ceux occasionnés par la reine Fabiola, les princes Philippe, Laurent et la princesse Astrid qui émargent pour 1,8 million d'euros supplémentaires dans les comptes.
La Belgique est donc largement en tête du hit parade des dépenses de l’Etat pour son chef.
A considérer que nos Régions ont des vice-rois et coûtent aussi pour un double usage, il n’y aurait donc que les dictatures et les Emirats arabes qui nous battraient dans les dotations au chef !
Il n’y a pas grand-chose à ajouter, sinon le titre de l’article de Marianne (n° 781) « Sarkozy coûte deux fois plus cher qu’Obama et Merkel Le train de vie du « président du peuple » est sans commune mesure avec celui de ses homologues allemand et américain. Pendant ce temps, les Français sont sommés de faire des efforts… »
Et nous les Belges, on a l’air de quoi ?

12 avril 2012

un tramway nommé revient.

L’incident au cours duquel un agent de la STIB a perdu la vie a été l’objet de réflexions inadaptées.
Il me semble inopportun d’abonder dans la diatribe, en ajoutant à l’hystérie collective la saillie de Brigitte Grouwels, ministre bruxelloise des Transports, lorsqu’elle s’exclame : « Il faut accroître la présence policière ! ». On ne doutait pas que Joëlle Milquet allait surenchérir, dans une sorte de bras de fer de laquelle des deux ressemblerait le plus à Margaret Thatcher.
Suite à ma chronique du 14 avril, celle-ci tombe à merveille.
Elle est l’illustration de la récupération d’une partie des électeurs en usant d’une technique simple autant qu’efficace : aboyer avec la meute ! Accroître le sentiment d’insécurité par une prise en compte larmoyante du fait-divers a toujours été payant, même si pour les observateurs plus avisés, ce n’est qu’un signe de faiblesse.
Celui qui fait un métier à risques et y perd la vie pour quelques euros de l’heure, est victime d’une injustice infinie. Un manœuvre d’Arcelor-Mittal qui se fait couper en deux par un rouleau d’acier mal arrimé fait moins de bruit. Le fait-divers fait à peine trois lignes dans les journaux, tandis que l’autre confine au drame national ! Ils sont pourtant tous les deux victimes de voyous, à la différence que le voyou qui navigue dans les hautes sphères de la finance est intouchable, tant il y a de la distance entre « son crime » et lui, tandis que l’autre est en contact permanent avec l’opinion.
Cette société se désintéresse complètement de ce qui se passe derrière les tôles peintes des grandes usines, et c’est bien regrettable.
Le fait-divers qui remue la Belgique aussi tragique soit-il, est d’une grande banalité.
Le malheureux contrôleur de la STIB est tombé à la renverse suite à un coup asséné par un ami du chauffard. Malheureusement, il en est mort.
Des conducteurs qui se croient les rois de la route, j’en croise vingt tous les jours.
Impuissants dans la vie, presque toujours victime d’un métier de merde ou pas de métier du tout, la voiture leur rend une liberté supposée dont ils manquent cruellement.
Il y a beaucoup d’individus incapables d’exprimer ce qu’ils pensent, et qui le disent avec les poings. Ils sont impulsivement conduits à des brutalités sans commune mesure avec la situation, qui leur échappe.
Cette brutalité est de tous les temps. Elle est le fruit d’un manque d’éducation, souvent d’un manque de discernement, voire d’intelligence. Qu’il y ait de plus en plus d’immatures qui courent les rues, c’est un fait. C’est tout l’enseignement qui serait à revoir, l’humanisme y fait cruellement défaut.

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On a tout essayé pour conscientiser l’utilisateur d’un engin d’une tonne qui roule dans des rues traversées par des piétons nombreux sur les trottoirs. Des examens pour le permis de conduire, à l’amende salée pour ivresse au volant, on a tout tenté, en vain pour une partie de conducteurs pour lesquels le retrait du permis de conduire ne servirait à rien, puisqu’ils reprendraient le volant le lendemain, s’ils le pouvaient.
La hiérarchisation à outrance de cette société met l’individu en constante compétition, si on joint à cela le culte de l’argent et le ressenti cruel d’en avoir trop peu, en parallèle au coût du standing, de la voiture, de la frime, on construit une société violente qui perd en route l’altérité et le respect des autres.
Les petits assassins de trottoir, les voyous de la revente de hash, les malfaisants stupides de la destruction de l’environnement, les crapules imbibées d’alcool et violeurs d’enfants étaient-ils moins fréquents jadis, au milieu du siècle dernier ? Courent-ils les rues aujourd’hui ?
N’y a-t-il pas l’effet grossissant d’une accélération de la connaissance des faits-divers par les médias, joint à la concentration dans les grandes villes, d’une population disparate et sans culture commune ?
Il ne faut pas baisser les bras devant la fatalité. Mais, tromper les gens en leur disant que ces drames seraient évités par une présence policière accrue est un mensonge. Comme cela fait plaisir à l’opinion, on s’y complaît en donnant de fausses raisons, quoique, si la Belgique compte aujourd’hui 11 millions d’habitants, il y a lieu de tenir compte de cette croissance pour le calcul du nombre de policiers.
Misérable époque qui déplore les méfaits et qui en oublie les causes !
L’homme est un animal à pulsions et à l’intelligence souvent altérée par son goût de l’accaparement du travail des autres. Cette constante va de Paul Frère, le milliardaire qui fait la fierté des imbéciles, au conducteur et son ami meurtrier.
Je ne suis pas un donneur de leçons, je tiens ma partie quelque part dans l’échelle des pulsions non maîtrisée, j’ai droit à une part d’erreur qui n’a pas encore entraîné des préjudices graves à quiconque, mais qui le pourrait dans un avenir toujours inconnu et incertain par définition.
Alors, si on se mettait quand même à réfléchir ?
La presse pourrait reprendre à son compte, ce à quoi les politiciens ont renoncé : dire - en partant des faits - une vérité qui n’est pas bonne à dire.

11 avril 2012

1929-2008, les années noires.

Le capitalisme moderne a fait ses débuts trop près de nous pour en déduire qu’il engendre une crise grave tous les siècles : 1929 pour le XXme et 2008 pour le XXIme. Il faudra attendre le siècle suivant, si, par ailleurs, le capitalisme est toujours là, pour vérifier le bien fondé de cette hypothèse, pour tout autant que l’on sorte du drame actuel.
L’establishment saturé d’économistes prétend que 2008 n’a rien à voir avec 1929.
Je n’en suis pas sûr.
Je suis plutôt de l’avis de Paul Krugman qui, dans un ouvrage paru en 2010, partout célébré sauf en Belgique, estime que la société, dans laquelle nous barbotons, ressemble à s’y méprendre à celle de 1929.
Keynes dans l’analyse de la première crise, va expliquer comment en sortir en jouant du déficit budgétaire d’une certaine manière. Roosevelt aura retenu la leçon. Il va développer un plan sur la base d’un endettement qui produit travail et richesse et qui finalement asséchera l’endettement.
Personne n’aura à redire quoi que ce soit et surtout, il ne sera aucunement question, parmi les orthodoxes, de taxer Keynes et Roosevelt de socialistes !
Mieux, on peut considérer ces deux hommes comme les sauveurs du système.
Keynes pensait que les crises peuvent se prolonger indéfiniment par le cycle infernal d’une récession assortie d’une difficulté compréhensible de rembourser la dette, le tout aggravé par une rémunération accrue des intérêts, à la hauteur de la prise de risque des prêteurs.
Keynes souhaitait qu’en cas de crise on augmente les salaires les plus bas pour faire repartir la consommation à la hausse, le but étant de réanimer les industries. Dans la même situation qu’en 29, l’Europe a décidé de jouer une autre carte pour tenter de sortir du trou noir creusé en 2008. Elle a pris le pari inverse, imaginant pouvoir rembourser capital et intérêt des dettes des Etats membres par l’austérité des peuples et la vertu retrouvée de leurs administrateurs.
Pour la première fois dans l’histoire sociale des Etats-Unis, Roosevelt indemnise les chômeurs par une loi fédérale. L’Europe par ses directives contraint les Etats à des économies dans le domaine social et donc à restreindre, voire supprimer le droit à l’allocation quand on perd son travail.
L’Europe est en train de revenir sur l’Etat-providence instauré par Roosevelt (1), suite à la pression d’une droite omniprésente et majoritaire au parlement de Strasbourg.
Pour avoir une idée vers quoi nous allons, il n’est qu’à feuilleter le programme de la N-VA et relire les discours de Bart De Wever pour être à peu près bien informé. Pas étonnant, dans ces conditions que la N-VA se sente plus européenne que belge.
Qu’est-ce que Keynes a démontré avec l’appui de Roosevelt, l’un en théorie et l’autre en pratique ?... que la cohabitation entre démocratie et capitalisme pouvait être du domaine du possible, à condition d’établir des règles de gouvernance de l’une par rapport à l’autre, et non pas produire une sorte de partenariat dans le partage du pouvoir, ce qu’a tenté jusqu’à l’échec patent de 2008, ce qu’on appelle dans les milieux socialistes de pouvoir, la social-démocratie.
Le politique est un animal d’instinct. Pour survivre et durer, il faut plus d’instinct que de capacité réelle. La difficulté ce n’est pas de garder le navire à flot, c’est de se frayer un chemin sur des mers inconnues et d’y trouver le moyen d’y satisfaire les peuples. Roosevelt n’entendait rien à l’économie. Il n’a vraisemblablement jamais rencontré Keynes, sinon de façon informelle et selon une anecdote, en ne comprenant rien à la théorie de Keynes.
Mais, il avait l’instinct. Il sentait bien qu’aucune autre attitude n’était en mesure de sauver le pays du naufrage. Et il fit bien. Car si l’Amérique ne s’était pas relevée dans les années 30, il est possible que l’issue de la guerre avec l’Allemagne aurait été changée !
Nous avons envoyé au parlement européen des gens qui n’ont pas « l’instinct », nous y avons placé des fonctionnaires !
Les Commissions en sont le reflet, la présidence de Van Rompuy et le chef des Commissions Barroso en sont les preuves.
En Belgique, sous le gouvernement actuel, il n’y a personne pour relever le défi. Nous avons élu des termites qui se gavent des planchers, en attendant que les murs leur tombent sur la tête.

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En France, il y en a un seul politique d’instinct, c’est Jean-Luc Mélenchon. Sauf miracle, il ne sera pas élu et donc, la France sera réduite à reconduire Sarkozy qui a tout raté ou Hollande qui pourrait se retrouver dans les mêmes conditions de gouvernance que Sarkozy.
Moralité, le marasme sonnera peut-être la fin de l’Europe, et nous, nous n’avons pas encore fini d’en baver.
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1. En France des économistes, début des années 30, s’étaient forgé les mêmes convictions. Elles seront à la base des réflexions du Conseil National de la Résistance en 45.

10 avril 2012

Revenus de la mort.

-T’as vu, ils ont choisi « Controverse » pour revenir !
-Ils y seraient restés, c’était pas plus mal.
-Ouais, si RTL leur fait appel, ce n’est pas pour rien !
-Faut dire que la résurrection à Pâques… c’est de circonstance.
-Tu penses quelle y croit ?
-Qui ?
-Domino Demoulin ?
-A quoi ?
-Aux morts imminentes, à ceux, qu’en reviennent et qu’ont trouvé ça chouette de passer par des tunnels lumineux... de couillonner le croque-mort… d’emmerder la famille !
-Y en a un qu’était au-dessus de l’armoire, qu’a vu son corps ! Et comme on ne lui fait pas confiance, un Canadien a imaginé de cacher des couleurs que le cadavre ne pouvait pas voir, des fois que celui qu’est au-dessus de l’armoire les aurait vues !
-Et s’il est daltonien !
-Ils sont assez malins pour poser la question au mort avant qu’il meure.
-Tu crois que Domino coupe dans le baratin ? Elle avait pas l’air plus impressionnée que ça !
-Ma’me Demoulin ne se concentre que sur l’audience. Des gens qu’en reviennent, ça fait mystère, les habitués du dimanche adorent, surtout quand y en a qui en reviennent, tout en n’étant allé nulle part… mais la direction d’RTL rigole pas question biseness. Faut pas mélanger les apparitions avec le taux d’écoute.
-La mort et la télé, c’est pareil. C’est l’illusion qui fait tout.
-Sûr. Ils ont dépassé l’au-delà du possible depuis longtemps.
-A quoi ça tient ?
-Au rêve, au tunnel ! Le tunnel fait audience. T’en as toujours qui voient ce que tu ne vois pas. T’es dans le noir, eux voient le puits de lumière. Toi, tu craques une allumette et tu rates quand même la marche…
- Une qui m’épate, c’est celle qui peut dire à l’avance combien tu fais de métastases, rien qu’en voyant ta gueule !
-Enorme !... Même que le curé en était bouleversé. Il était prêt d’ouvrir une succursale à sa sacristie, genre madame Irma reçoit chez Dieu !…
-Domino pourrait faire de la voyance électronique. Elle fait la dame qu’à la vision qui tue. A la lecture du mail que t’envoies, elle te dit pour combien de temps t’en as !
-L’audience serait énorme !...
-Les médecins m’ont déçu…
-Moi aussi.
-Ils ne sont sûrs de rien. Ils se posent la question avec quoi ça rime leur truc. Ils ne sont pas certains du tout que leurs études aient servi à quelque chose. Ils pensent que la médecine ne cherche pas à comprendre.
-C’est mieux ainsi, rapport aux honoraires…
-La médecine prolonge, c’est tout. Et encore, faut pas qu’i’ s’trompent !
-Même le spécialiste en commerce avec l’au-delà, hésite. Il veut trop prouver. Moralité, il ne prouve rien.
-C’est là où le curé les rattrape. Lui, a pas besoin de prouver. La foi, c’est comme la conscience. Y a que lui qui la voie, qui la touche, qui la matérialise.
-I’ met de la vaseline où il veut… même finir dans le vaudou !
-Les deux revenus étaient de son bord. Le tunnel d’amour quand même, on croirait pas que c’est un truc à curés !
-J’ai même failli y croire. A un moment, la foi ça emporte tout.
- Et l’autre, avec le cerveau qu’il a sorti d’un crâne en résine, les parties peintes en bleue qui font des cent mille milliards de connexions, sa science était moins crédible !
-On aurait dit du polystyrène expansé de chez Brico, son argument.
-Voilà pourquoi la foi durera longtemps. Vaut mieux pas voir la matière…

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-L’émission avant à « Refaire le monde », ils ont failli refaire aussi M’ame Demoulin.
-Faire un truc sur la foi et la mort imminente, juste après Louis Michel, c’est dur.
-Surtout qu’au MR, Louis fait pas commerce dans les tunnels… seulement du bonneteau sur la Grand’Place…
-Positif. Puisque Dieu, c’est lui !...
-Au lieu des quatre qui lui posaient des questions amicales entre motards, Domino aurait dû déléguer la voyante des métastases.
-Oui ! Rien que pour savoir combien de temps Gros Loulou allait encore nous emmerder !

9 avril 2012

A vos larmes !

A de rares exceptions près, nos politiques agissent de façon instinctive comme le sergent Branledore du « Voyage… » à l’hôpital militaire avec Céline, troufions blessés, tenaillés par la trouille d’y retourner et de finir gazés sur la Somme, troués de balles, retrouvés façon puzzle, par un agriculteur dix ans plus tard.
Pour ne pas sortir de l’hosto une seule formule, c’est Bardamu qui l’explique à travers le sergent : « Alors entre deux étouffements s’il y avait un médecin ou une infirmière à passer par là : ‘Victoire ! Victoire ! Nous aurons la victoire !’…Ainsi rendu conforme à l’ardente littérature agressive, par un effet d’opportune mise en scène, il jouissait de la plus haute cote morale. Il le possédait le truc, lui. »
Le politique, souvent un ancien de la basoche, connaît aussi « le truc » sur le bout des doigts ! Pour le militaire la peur de retourner au front, pour le politique, la peur de perdre un gagne-pain bien rémunéré, agréable et attaché à une haute considération.
Spitzer, l’ancien gouverneur démissionnaire de l’Etat de New-York, émule de Branledore nous file la formule par le truchement d’un extrait du New-York Times du 13 mars 2008 « Abattu par le scandale, Spitzer déclare qu’il se concentre sur sa famille. »
Spitzer s’était fait élire sur l’éthique et la « moralisation » de la société, alors qu’il utilisait régulièrement les services des prostituées de haut vol. Cela ne regarderait que lui et ne constituerait en soi rien de répréhensible, si Spitzer n’avait fait enfermer plusieurs de ses concitoyens pour atteinte à la morale publique, quand il était attorney général, dans des circonstances similaires aux siennes. Précurseur de DSK, il allait jusqu’à sortir de sa poche 4000 dollars pour des « spéciales », alors qu’il mégotait trois sous à sa femme pour nourrir ses enfants.
Pris en flagrant délit, une seule issue « se vanter de sa famille et de ses enfants ».
Méfiance donc, quand ils mettent en avant les vertus, c’est qu’ils ont commis quelque part une saloperie. Ils s’en prémunissent par avance de sorte que l’opinion s’écrie à la lecture d’un petit potin graveleux « Pas lui ! Impossible ! Un homme si vertueux, si bon père de famille ! C’est sans doute encore une invention des journaux. »

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Au stade supérieur, ce qui fait réélire à tout coup, c’est de jouer le violon du patriotisme, la corde sensible, l’ultime émotion « des imbéciles heureux qui sont nés quelque part ».
Jugement du docteur Johnson « Le patriotisme est le dernier refuge des voyous ».
Ces temps-ci nous avons été surpris par les cris assourdissants de nos gens de pouvoir. « Vive la Belgique » des uns, aux « Vive la Flandre » des autres et rarement (on ne s’y est pas encore fait) « Vive la Wallonie ». Il paraît que la Belgique était en danger et que les patriotes se devaient d’avoir un sursaut national. Après la Muette de Portici, revoilà Bart De Wever à la porte d’ici !
C’est un de nos plus bruyants ténors de « Vive la Belgique » qui aura convaincu qu’il était le fin rassembleur de plus de patriotes possibles. Le match n’est pas fini. Il ne suffit pas d’exclure les « mauvais Belges » qui deviennent illico de « bons Flamands, mais de les ramener au bercail de la « mère patrie », rassemblés dans un seul cri « Vive la Belgique » !
Alors méfiance. Quand la glotte se met au patriotisme, il y a du sanglot de violon qui va suivre, du fric à ramasser sur nos viandes, des intérêts à percevoir.
Voyez les Français qui s’apprêtent à élire le plus fortiche de Sarko et de Hollande.
En attendant le choc, c’est à celui qui arbore la plus belle cocarde, qui a la larme la plus scintillante aux spots de l’actu, la plus grande émotion dans des deuils nationaux, le visage le plus marqué lors des commémorations d’inoubliables oubliés des deux guerres, d’Algérie, d’Afghanistan, de partout enfin, là où la présence française n’était pas nécessaire, mais cependant indispensable, sans oublier les victimes innocentes, thème inépuisable, dont Sarkozy attend encore de généreux sacrifices dans les quinze jours qui restent avant le verdict.
Les hommes de pouvoir savent y faire dans les grands moments. Que n’y mettent-ils autant d’ardeur dans les petits ; car, ce sont ceux qui font la vie de tous les jours et qui comptent le plus !

8 avril 2012

L’Hollande de Paris…

L’élection en France vue de Wallonie.
Y en a marre des élections présidentielles françaises !
C’est beaucoup trop long. Les journalistes sont paralysés par les exigences du CSA sur le minutage du temps de parole. C’est trop compliqué et injuste. Pour le président en exercice, qui est aussi candidat, on ne compte pas le temps qu’il passe devant les médias dans l’exercice de son mandat. On voit l’avantage !
Après la chute dans l’escalier d’un cinéma d’Eva Joly, on a appris que si elle avait été indisponible, les élections auraient été postposées d’un mois !
La patronne des patrons du MEDEF, Laurence Parisot, a pris position ouvertement pour Sarkozy… C’est la première fois que le MEDEF affiche ses préférences sans tourner autour du pot.
La déferlante des sondages se poursuit et on ne sait plus où donner de la tête, alors que la plupart des votants se déterminent à quelques jours de l’échéance. Mieux encore, certains attendent d’être dans l’isoloir pour se forger une opinion ! Alors, les sondages…
Dans le microcosme parisien, les boules puantes se distribuent dans le chahut. Les bons mots et les insultes, parfois certains bons mots sont des insultes, tombent à pic pour Sarkozy. Ainsi, il peut cacher ses réels problèmes : les comptes de campagne de Balladur et les siens en 2007, ses rapports intéressés avec la famille Bettencourt, l’affaire de Karachi et une dernière révélée par MEDIAPRT le « prêt » de Kadhafi pour battre Ségolène, il y a cinq ans. Ces derniers jours, le même journal en ligne mettait en doute l’honnêteté du montage financier du président lors de son achat de son appartement sur l’île de la Jatte.
Sarko le prend de haut, joue les indignés. Il sait bien que la justice ne va pas poursuivre certains dossiers chauds, ni en ouvrir d’autres à quinze jours du premier tour !
Et puis après, il pourra toujours imiter Chirac qui a fait lanterner la justice tellement longtemps, que celle-ci a fini par lui infliger une peine légère avec sursis, qui n’a produit aucun commentaire trop acide.

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Avec toutes ses casseroles, on comprend pour Sarkozy, qu’il est essentiel d’être réélu !
Quant aux programmes des candidats, ils souffrent tous de la surenchère, sauf ceux des candidats qui font état d’une rupture avec le système. Ces derniers ont au moins l’avantage de la franchise. Ce serait une révolution qui bouleverserait l’Europe et le capitalisme. Il semble que les Français ne soient pas prêts pour ce bouleversement qui trancherait sur tout ce que l’on a vu depuis la Libération.
Mélanchon, Arthaud et Poutou sortiraient de l’endettement de la France par la méthode des Soviets, c’est-à-dire en ne remboursant personne et en taxant les riches. Seul Mélanchon pourrait dans un bouleversement fort improbable, mais qui n’est cependant pas à exclure totalement, jouer le deuxième homme dans l’élection, en affrontement direct avec la droite.
Son discours tranche, tellement avec le PS, que ce serait un véritable cataclysme rue de Solferino. Martine Aubry ne s’en remettrait pas. Le parti non plus !
Tous les autres candidats ont des programmes irréalisables dans un autre contexte : celui de la poursuite du système, selon les directives européennes sur l’équilibre des finances publiques, à l’exception à droite de Marine Le Pen et Dupont-Aignan qui veulent sortir de l’Europe et retourner au franc.
Les deux principaux candidats, ceux enfin que les sondages en majorité donnent présents au second tour : Sarkozy et Hollande, ont chiffré leurs programmes à quelques dizaines de milliards près. S’ils maintiennent leurs promesses, aucun des deux n’arrivera à maîtriser les dépenses et à rembourser la dette dans les délais. On sait qu’en général, les promesses sont faites pour n’être pas tenues. Et c’est compréhensible, puisqu’un programme est établi sur des données et un calendrier volontiers optimiste, ce qui dans le contexte de crise s’est rarement avéré juste.
Il suffit de lire les prévisions depuis 2008 des plus brillants économistes, année après année, pour s’apercevoir que les banques et les partis manquent de prévisionnistes crédibles.
Seul François Bayrou offre des perspectives réalistes qui passent par des coupes tellement sévères dans les budgets et les reversements sociaux, que le pays se mettrait rapidement à ressembler à la Grèce et plus récemment à l’Espagne. Encore n’est-il pas écrit que tous les sacrifices consentis soient suffisants.
Que les Français qui redoutent que la crise pèse davantage sur les bas salaires se rassurent, Bayrou est tellement loin dans les sondages, entre Marine Le Pen et Nathalie Arthaud (Mélenchon ayant devancé Marine Le Pen), qu’il n’a aucune chance de figurer au second tour.
Ils peuvent néanmoins rester sur leur garde, Sarkozy et Hollande n’étant d’accord que sur un point : il faut faire des économies !...
Assez étrangement, toutes ces incertitudes loin de passionner les foules, les assomment. Les abstentionnistes resteront le premier parti de France. Ceux qui iront voté le feront en traînant les pieds.
L’opinion est unanime : la facture sera lourde. C’est probablement cette certitude partagée par tous, qui plombe l’enthousiasme dans la perspective d’un changement possible.

7 avril 2012

Candidat !

-Quoi… tu files encore ?
- Eh oui !
-C’est la troisième fois cette semaine. On devait dîner chez les Justencour !
-Tu peux venir avec moi, si tu veux !...
-Ah non alors ! Merci bien. Tes amis sont cons comme la lune. En plus, ils ne font pas attention à moi. J’irai avec Maynaud…
-Nous y voilà… Tu ne supportes pas qu’on ne te remarque pas…
-Non, c’est plutôt comment ils ne remarquent que toi ?
-Moi, je me présente, je suis candidat…
-Bon d’accord. On va finir par le savoir. Ce que tu leur racontes, ça ne change pas d’une fois à l’autre. Je ferais bien le discours à ta place…
-C’est mon programme. Je n’en ai qu’un. Tu ne voudrais tout de même pas que j’en change tous les jours ?
-Tu pourrais quand même essayer de ne pas trop te répéter ! Tu dis toujours la même chose.
-Oui. Mais à des publics différents.
-Et ceux que tu as autour de toi, ils n’en ont pas marre d’entendre ta musique ?
-Au contraire. Ils me disent que je suis meilleur de jour en jour. Ils apprécient, eux !...
-Franchement, il n’y a qu’eux. Dans les sondages, t’es à combien ?…
-Tu ne vas pas recommencer ?
-En tous cas, ne compte pas sur ma voix.
-Je sais tu me l’as déjà dit.
-Et puis, t’es pas seul… t’as la grande ficelle qui te suit comme ton ombre !
-C’est ma directrice de campagne.
-Ouais. Vous couchez ensemble ?
-Qu’est-ce que tu vas chercher ? Elle est mariée à chose… l’obèse… tu vois qui ?
-Ce que je vais chercher là ? Mais, malheureux, il faut bien que tu aies au moins quelque chose qui t’attire dans ce merdier, pour y aller comme tu y vas.

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-Tu ne respectes rien. Les grands sujets te dépassent. Servir le pays, ça ne te dit rien !
-C’est la meilleure. Ne m’as-tu pas dit que si tu étais resté avocat, tu te serais flingué ?
-C’est vrai. J’avais l’étoffe d’une autre destinée. D’ailleurs, tu peux râler autant que tu veux, tu m’aurais épousé, si j’étais resté au barreau à défendre des criminels sans le sou ?
-Tu sais bien que non. Entre-nous, tu t’es assez moqué des vieux du parti qui t’ont demandé de te présenter à la députation la première fois.
-J’en conviens. Ils n’étaient pas représentatifs du peuple…
-Tandis que toi tu l’es ?
-J’ai fini par croire à ma mission !
-Franchement, c’est la meilleure ! Monsieur est redevenu comme il faut !... Il a fini par croire à sa mission ! Je rêve !
-Oui. Et alors, ça te gêne ?
-Personnellement je m’en fous. Je vais te dire, tu as intérêt à la poursuivre, ta mission, si tu veux garder ton standing, tes papiers coupe-file, tes bagnoles, tes entrées... moi !
-Tu ne penses qu’à toi !
-Admettons. Tu sais bien que je ne resterai jamais avec un pauvre.
-Je ne le suis plus !
-C’est pour ça que je te dis de faire attention !
-Attention à quoi ?
-Tu m’inquiètes. Je sens que tu va finir par être sincère !
-Quel mal y aurait-il ?
-Tu ne vois pas que ceux qui croient à ce qu’ils disent sont des tocards qui n’arriveront jamais à rien ? Toi t’étais bien parti. Tant que tu restes froid, comme en-dehors de la connerie générale, tu es lucide. Tu raisonnes bien. Comme tu y vas là, on voit bien que tu n’es pas loin de déconner comme tout le monde.
-Mais bibiche…
-T’as vu la gueule de Maynaud la semaine dernière au restaurant, après ta sortie sur l’amour nouveau que tu voues à la patrie ?
-C’est un ami. On profite de son yacht quand on veut. On vole en privé et t’as vu combien les deux cent mille euros qu’ils nous placent ont rapporté cette année et ce n’est qu’un début… on va lui en refiler trois fois plus dans quinze jours…
-T’es trop con, à la fin. Je voulais te dire un truc après la campagne, quand tu auras fait plouf dans l’urne… et qu’il faudra vivre avec tes revenus de député… Maynaud était d’accord aussi… C’est fou comme tu comprends rien… et dire que tu veux faire président !...
-Quoi, qu’est-ce que tu me chantes ? Ça ne peut pas attendre ? Je suis pressé, je te signale…
-Dans le fond, t’as raison… Vas-y défonce toi. T’as beaucoup de retard si tu veux finir honnête… Et puis pour te consoler t’auras toujours la grande ficelle pour te faire croire que t’es le plus beau… Après la campagne, ça sera plus dur… Je crois qu’elle y arrivera quand même, quand tes amis se seront débinés !
-Je pense à beaucoup plus que 30 %… les sondages, tu sais…
-T’en sortirais avec 49,5 que ce serait pareil…
-Je suis pressé. Je me casse…
-C’est ça !... T’oublie ton discours…
-Il est dans la boîte à gants et puis je le connais par cœur…

6 avril 2012

L’Etat fait des PIB à moitié prix !

Robert Kennedy soutenait en mars 1968 : « Le PIB ne tient pas compte de la santé de nos enfants, de la qualité de leur instruction, ni de la gaieté de leurs jeux. Il ne mesure pas la beauté de notre poésie ou la solidité de nos mariages. Il ne songe pas à évaluer la qualité de nos débats politiques ou l’intégrité de nos représentants. Il ne prend pas en considération notre courage, notre sagesse ou notre culture. (...) En un mot, le PIB mesure tout, sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue. »
Le PIB (Produit Intérieur Brut) l’instrument de mesure essentiel dans l’économie libérale, déjà controversé en 1968, fait un bide aujourd’hui. Rien n’a été changé depuis. Nos loubards rue de la Loi taillent des PIB, en même temps que des costards, à une population hébétée et sans défense. Tant que le PIB ne remontera pas, on descendra de plus en plus bas dans la fosse !
Le retraité qui vient de se suicider à Athènes en atteste. C’est le système qui l’a poussé à son geste fatal. Evidemment le PIB est directement associé à la croissance, à la dette et à la part du social prélevé sur le revenu de la Nation.
Tout s’imbrique.
On a vu des protestations de toute sorte, des grèves, des appels à la résistance, des occupations d’usine. On n’en était pas au point de s’immoler sur une place publique comme en Tunisie du temps de Ben Ali, voilà l’Europe dans la situation d’un pays du Maghreb !
Les trop gentils du Soir se réjouissent de voir le nombre de réfugiés pour raisons économiques diminuer. On comprend pourquoi. On ne fuit pas la misère pour entrer dans une autre misère, celle qui gagne l’Europe. Beau résultat de la mondialisation !
On comprend un peu les asticots qui sont directement branchés sur les comptes des sociétés et qui estiment leur service à 4 millions d’€ par an ! C’est par peur du PIB en dégringolade d’être obligés de faire la pute eux-mêmes, quand ils n’auront plus de personnel pour tapiner à leur place !

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Parce que le produit intérieur brut est égal à zéro, en Wallonie, il y aurait un statuquo du bonheur !
C’est pourtant ce que Sarkozy et Di Rupo prétendent, le premier, en France, pour des raisons électorales, le second pour calmer les esprits et faire prendre patience aux syndicats. On n’est pas trop loin du premier mai.
Le PIB est remis en question par des économistes plus sérieux que ceux qui martèlent le contraire dans les sphères officielles. Le PIB mesure la croissance sur une année, sans pour autant être un indicateur de richesse et de bien-être.
Déjà en 1934, Simon Kuznets sentait venir la surdose : « La mesure du revenu national, peut difficilement servir à évaluer le bien-être d’une nation.
Près de quatre-vingts ans plus tard, la bible libérale est toujours ouverte à la même page pour nous débiter les mêmes conneries.
En réalité, même si le PIB montait à des chiffres inimaginables, la population pourrait quand même se trouver plus que jamais dans un état de grande précarité. Il suffirait d’augmenter la TVA de deux ou trois points (ce que Di Rupo fait en douce) et de détruire l’emploi administratif (en région wallonne c’est indispensable pour ressembler à une administration flamande "vertueuse") comme chez Sarko (un fonctionnaire sur deux à la retraite n’est pas remplacé), d’y joindre une inflation rampante de 6 ou 7 % l’an (elle l’est quoique Demotte affirme le contraire), la mondialisation aidant pour emballer le chômage, vous verriez que le PIB en hausse ne remplirait les poches que des actionnaires. Comme le PIB est à zéro ou à moins 1, c’est dire comme nous sommes heureux et sans perspective de l’être !
A l’ONU, la moitié des Etats surtout ceux d’Afrique ont quasiment leur production à l’arrêt, les populations sont moralement dépressives, aussi cette honorable institution s’est fait un devoir de remonter le moral des populations en popularisant d’autres indicateurs : l’indice de pauvreté humaine (IPH), ou l’indice de développement humain (IDH).
L’IDH, contrairement au PIB, permet de mettre en évidence que les pays qui créent de la « valeur » n’ont pas la même aptitude à la transformer en développements humains et sociaux concrets, exemples l’éducation et la santé.
Les « théories du bonheur », de Florence Jany-Catrice et Dominique Méda dans la critique du rapport Stiglitz, estiment qu’on ne peut fonder une théorie d’ensemble en relevant de l’individualisme des agents.
La Chine remplace nos coloniaux en Afrique, cela ne fait en rien l’affaire des Africains, ni même de l’ouvrier chinois. Les peuples se font bourrer pour rien par des malpropres.
Un peu, mon neveu, que le mur des Fédérés devraient reprendre du service, mais dans l’autre sens !
Raison de plus pour trouver un autre rapport qualité prix, comme ne dira jamais Steven Vanackere (CD&V), le charcutier qui remplace Didjé à la caisse de l’enseigne « A l’andouillette montoise ».

5 avril 2012

Les experts à marée basse.

Comment nommer un raisonnement qui conduit à une aporie dont on ne démord pas ? Ipséité ? Entêtement ? Calcul ? Intérêt secret ? Connerie ?
C’est l’histoire d’un verger dont on récolte les fruits en famille, puis avec des saisonniers, enfin avec une machine qui abîme l’arbre en le secouant. En suivant la tendance, on arrête la production pour planter et poursuivre là où la main-d’œuvre est peu chère. Résultat, les fruits ne sont pas meilleurs marchés, la production déplacée ne bénéficie à aucun travailleur. Une production non renouvelable par extraction, comme le pétrole, les minerais, c’est pire… la terre s’appauvrit.
Tout ça pourquoi ?... La croissance continue ! Belle foutaise insoutenable, pourtant la bible du système capitaliste. Le public devrait détester une économie aussi absurde. Eh bien ! c’est le contraire, tout le monde l’adore…
Voilà les principes selon lesquels on travaille aujourd’hui. Jusqu’où ira-t-on? L’officiel s’en fout… le monde s’en fout…
On sait bien qu’à la longue, chaque esprit sérieux en convient, on aura des bricoles un jour. Qu’importe. C’est ce monde-là qu’on veut. Certains jurent qu’il n’y a pas d’autre alternative.
On nous vend ça du matin au soir…
La preuve de la collusion des radios et télévisions privées ou publiques avec le système économique est très vite faite. La liste des politologues et des économistes de métier à laquelle les diffuseurs de l’information font appel, est à elle seule fort éloquente !
Il est facile de coller aux « valeurs » de l’économie libérale, lorsqu’elles sont partagées avec le personnel politique majoritaire et de gouvernement. C’est le cas en Belgique.
Economistes de banque, licenciés des universités croupionnes, quand ils ne sont pas carrément venus des Instituts à vocation partisane, flirtant avec les Bourses et avec le Change, les rédacteurs de revues spécialisées, chroniqueurs médiatisés, tous enfin « experts » de l’économie ne nous délivrent jamais qu’un seul message : celui de la pérennité d’une économie sans rivale. Celle-ci n’a jamais été autant critiquée par un tas de gens tout aussi « experts », mais dont on ne demande jamais l’avis.
Pourquoi ai-je une opinion aussi négative des émissions politiques et économiques des télévisions et radios ? Parce qu’elles ne nous délivrent qu’une seule version de l’actualité politico-économique à peine controversée par des « opposants » soigneusement choisis parmi ceux qui subissent, mais qui ne sont pas en mesure de lutter argument contre argument, avec les tenants du système.
Le jour où Messieurs Maroy et Guadisseux, Madame Dominique Demoulin et les deux directions feront le dimanche midi un débat équilibré entre les partisans et les adversaires du système économique en vigueur, je serai le premier à les féliciter.
Je doute que cela arrive un jour, sauf plus tard, à un moment de grande débâcle ressenti au souffle court d’une aventure capitaliste qui arrive à son terme.
En attendant, une poignée d’économistes verrouillent l’espace médiatique et bornent celui-ci à des possibles. Annoncés comme de brillants universitaires, on voit bien les limites de leur brillance et leur incapacité à projeter par imagination d’autres formulations. Ils incarneraient la rigueur et leurs détracteurs l’illusion !
Si on commençait par avertir le public que ces experts sont avant tout des gens enterrés jusqu’au cou dans des intérêts particuliers, des organisations financières et politiques ? La compatibilité entre leurs compétences et leurs arrangements professionnels ne résisterait pas une seconde à l’examen du public.

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N’est-ce pas le cas de Martine Maelschalck, la rédactrice en chef du journal L'Echo (Blog du 1er avril), Etienne de Callataÿ, « chief economist » de la Banque Degroof, Pierre Vercauteren, prof d’univ, Pascal Delwit, Politologue à l’ULB et en général tout qui s’épanche dans les colonnes du Soir, de la Dernière Heure et de la Libre, sans parler des journaux spécialisés et les télévisions ?
La controverse a trait à la collusion entre économistes et institutions financières. Certains universitaires délégués par les médias pour ‘nourrir’ le débat public, mais aussi des chercheurs appointés comme conseillers par les gouvernements, sont rétribués par des banques ou de grandes entreprises. Un expert qui se dit indépendant peut-il appuyer d’un avis favorable la dérégulation financière, quand il est, par ailleurs, administrateur d’un fonds d’investissement?
Evidemment, tout le monde ne peut pas être chômeur pour défendre le droit à l’allocation de chômage, mais tout de même, ne conviendrait-il pas d’énoncer clairement la façon dont les gens qui disposent d’un temps de télévision pour nous éclairer, gagnent leur vie et gèrent leur patrimoine, quand les sujets traités concernent justement les hiérarchies sociales par rapport à l’argent ?
Les accointances entre les revenus et leurs origines ne sont pas toujours secrètes. Mais leurs bénéficiaires se gardent bien d’envisager la fragilité de leurs propos, à travers eux. Avant 2008, on faisait comme si… Il n’y avait pas une urgence de clarté et chacun pensait que l’économie pouvait se redresser. L’équivoque arrangeait tout le monde, partis et syndicats. Les sources dans lesquelles nous puisions des informations avaient leurs experts. On ne pensait pas encore que le capitalisme mondialisé était à bout de course et qu’il fallait d’urgence trouver autre chose.
Nous n’en sommes plus là.
Nos prévisionnistes en matière d’économie sont davantage aujourd’hui des historiens du système que des gens qui établissent l’état des lieux avant d’explorer le futur.

4 avril 2012

Le nègre et l’art de dire

Les « grands » ne le sont pas tout seuls en ce troisième millénaire. Ils ont des staffs avec des assistants aux petits soins, comme des soigneurs au bord d’un ring, prêts à tendre le tabouret sous leur boxeur, à lui enlever son protège dents et à l’éponger avec de l’eau fraîche.
Di Rupo, par exemple, a été suivi par une petite blonde pendant 541 jours de palabres. Elle avait tous les dossiers, lui avait une veste négligemment jetée sur l’épaule. Elle s’asseyait à la droite de son négociateur et semblait plus au courant de tout que lui.
A la sortie, c’est lui que la presse attendait. La petite blonde s’était évaporée. Eût-elle été entreprise par un journaliste non conformiste ? Elle se fût réfugiée dans le silence.
Personne jamais n’a entendu le son de sa voix. Qu’est-elle devenue ? Sans doute aspirée dans le cabinet du sieur Di Rupo, dans les zones des 15 à 16 mille patates, pour services rendus. Pourquoi pas après tout, c’est elle qui a fait le job et c’est l’autre qui s’est fait reliure !...
Le public s’y trompe. Il attribue les honneurs à celui qui parle haut.
Sur les estrades, Di Rupo lit un texte qu’on ne voit pas de la salle, le pupitre de la tribune légèrement incurvé nous masque le papier du speech. On ne sait pas si le texte est de lui, ou d’une autre petite dame blonde assise au dernier rang, tremblante comme un auteur de théâtre qui écoute jouer sa pièce, prenant les applaudissements pour elle....
Parlons-en des nègres qui interprètent la pensée des autres, en y ajoutant un peu d’eux-mêmes dans les métaphores.
Di Rupo doit compter sur un bon traducteur lorsqu’il ânonne du flamand à la tribune de la Chambre ou ailleurs. Il n’est de toute évidence pas capable d’écrire quelque chose de propre, au sens grammatical du mot, en flamand. Il a donc un nègre-traducteur. Peut-être en a-t-il un autre pour l’orthophonie, et un troisième pour son début de logocophose (surdité verbale).
Officiellement, on ne lui en connaît aucun.
L’homme est tellement prétentieux et jaloux de sa réussite, sous des apparences humbles, qu’il est bien difficile de le savoir… et comme en Belgique, les journalistes ne sont pas du tout curieux du travail des collaborateurs, on n’en saura rien.

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Par contre, en France, tout le monde sait que le nègre de Sarkozy s’appelle Henri Guaino. On peut détester le président, mais il faut lui accorder une certaine latitude à laisser ses nègres recueillir une partie de ses lauriers.
Henri Guaino est le seul qui, à Villepinte, a écrit deux discours, le sien et celui de Nicolas Sarkozy. L’homme est attachant, bourré de tics, la parole hésitante, le regard fuyant. On voit bien que ce n’est pas un être flamboyant, un matamore de scène, comme peut l’être son patron. Dans la bouche du président le texte du pauvre diable retrouve des couleurs.
Henri Guaino est un écrivain qui gagne son pain en se glissant dans la peau des autres.
A Villepinte le contraste était grand entre l’éloquence du président et son présentateur. La voix de Guaino ressemblait à celle de Malraux célébrant l’entrée des cendres de Jean Moulin au Panthéon ! Aussitôt après, Sarko donnait du relief à son discours. On aurait dit deux auteurs usant de rhétoriques différentes.
C’est à cet exercice de haut vol que l’on comprend pourquoi Di Rupo enterre farouchement ses collaborateurs dans un anonymat dont nous payons les services.
Di Rupo n’a aucun talent d’orateur. Chez lui, c’est la voix qui est terrible ! Dès qu’il entre dans les aigus, son caractère féminin prend le dessus. Il se féminise avec ce que l’on appelle ordinairement une voix de fausset. Or, la voix est importante dans le discours. La respiration et le temps de pose entre les moments forts, c’est tout l’art de dire. Voyez Mélanchon, c’est un chef-d’œuvre du genre, bien supérieur encore à Sarkozy.
Di Rupo n’est pas servi par la voix – il n’y peut rien – ni par son vocabulaire assez réduit. Ce n’est pas avec lui qu’on prendrait la Bastille ! La répétition de certains mots clés, à côté de phrases mieux construites, laisse penser qu’il rature les discours qu’on lui prépare, y ajoutant par l’effet de sa prétention, des expressions trop attendues, des mots qu’il ne peut s’empêcher de prononcer et qui sont comme des ratures de son nègre inconnu.
Il ne regarde pas franchement l’assistance et chose terrible au théâtre comme à sa tribune, il sourit à l’avance de ses propres mots. Il attend quelques secondes, sûr de son effet, puis sort une malheureuse petite vanne. Il termine en prenant un air malicieux, comme s’il disait à la salle « voyez comme je suis malin » !
L’autre loustic qui rit en scène, c’est François Pirette. Ah ! comme il s’aime, lui aussi.
Gâté par son public des mutuelles et des sections locales qui boivent ses paroles et rient à l’avance de sa prétention aux mots d’esprit, Di Rupo ne se rend pas compte que, sur une scène de variété, il serait probablement sifflé.
J’attends avec délectation son discours du premier mai. Je crois que les spécialistes du langage et des attitudes dans le discours vont se régaler.

3 avril 2012

Un crime contre l’esprit.

Un crime contre l’esprit du quinquennat de Sarkozy vient de passer presque inaperçu. Le gouvernement Fillon a décidé de pousser la TVA du prix du livre de 5,5 à 7 %.
Cela va rapporter fort peu au Trésor – quelques dizaines de millions d’euros - à côté des milliards qu’il faut trouver pour colmater les brèches d’une économie à la dérive.
A la vente, cela fait quelques centimes de plus à l’unité ; mais sur des livres déjà fort chers, l’effet de hausse provoquera la fermeture de quelques petites librairies de plus. C’est-à-dire, tuera le peu qui reste de plaisir à musarder aux devantures des bouquinistes. Alors que le système n’a de cesse de faire des discours sur la culture et la nécessité du savoir.
Un lecteur assidu en fait l’expérience : le livre papier est inégalé par rapport au livre électronique, même si une galette de 20 centimètres sur 10 peut contenir des dizaines le livres dont les pages défilent sur écran. Mais cette culture compressée restera marginale (moins de 3 % à l’heure actuelle). Tandis que le livre papier peut s’ouvrir, n’importe où sans batterie, sans électricité et sans internet, son prix permettait de limiter le dommage en cas de perte ou de vol. Il offrait des marges recueillant nos apostilles. Il pouvait sommeiller plus longtemps qu’une vie d’homme et recouvrer dès son ouverture, son savoir généreux et sans calcul.
Le livre papier est toujours le souverain maître du savoir et de l’étude. Ce n’est pas demain que les chercheurs, les écoliers et les érudits pourront s’en passer.
Avec la politique de Sarko, l'ensemble de la chaîne du livre est pénalisée de l'auteur aux lecteurs. La Belgique francophone sera également concernée par cette augmentation. Elle l’est déjà par la valse des étiquettes lorsqu’un livre édité à Paris passe la frontière. Il suffit de décoller l’étiquette d’un bouquin de la FNAC pour s’apercevoir que le prix français est majoré, parfois de plusieurs euros, par conséquent la TVA nouvelle ne sera pas indolore pour nous également.
Le livre est un produit de première nécessité, aussi indispensable que la nourriture. Il contribue à la construction intellectuelle de l'individu, cimente le corps social, transmet tous les savoirs. Sans lui, entendrait-on parler de Belinda Cannone, d’Onfray, d’Annie Le Brun ? Aurait-on pu réfléchir au champ social de Bourdieu ? Que saurait-on de Flaubert ? Les mémoires du Duc de Saint-Simon, si indispensables au perfectionnement de la langue, et à la connaissance de la fin du règne de Louis XIV, gîteraient encore dans la grosse malle en cuir que fit saisir Louis XV.
Le cousinage entre le livre et son lecteur est différent de celui qui s’établit avec d’autres objets. La symbolique du livre à son lecteur est bien plus complexe qu’entre une fourchette et son utilisateur. La seule possession d’un livre implique une situation sociale et une culture sous-jacente.

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La première chose que l’on remarque lorsqu’on pénètre pour la première fois dans une maison amie, c’est la présence ou l’absence de livre, une présence parfois foisonnante et sympathique, une absence que seule une extrême pauvreté pourrait excuser.
J’avais presque cinq ans, lorsque je me suis aperçu que je pouvais lire ! A force d’interpréter un livre d’images sous chacune desquelles couraient des légendes, je questionnai ma mère qui m’expliqua le sens des signes, sans trop insister.
Deux années plus tard (à la maternelle on n’entraînait pas encore l’enfant à une prélecture) en première année, je me rendis compte que je pouvais remplacer les bâtonnets par des lettres et que l’association de ces lettres formaient des mots dont je comprenais le sens !
J’en suis redevable outre l’attention de ma mère, au livre illustré des « Pieds Nickelés ».
Un psychologue américain, Julian Jaynes, a développé l’idée que le cerveau à un hémisphère qui s’est spécialisé dans la lecture silencieuse. Il soutient que ce phénomène est tardif de l’évolution humaine et que le processus est toujours en voie de développement. En effet dans les premiers temps de la raison consciente, la perception était certainement plus auditive que visuelle. Avant l’usage de l’imprimerie en Europe, les livres étaient manuscrits et d’une grande rareté. Ils étaient réservés aux clercs, aux moines et aux riches.
Au lieu de subventionner massivement le livre, d’en répandre partout les bienfaits par les soins des bibliothèques fixes et itinérantes, ce système odieux et méprisable qui commercialise tout et qui n’entend rien qu’à travers le prix et le moyen de produire au meilleur coût, abêtit à la fois le citoyen et l’amadoue, en flattant ses bas instincts.
Chaque jour qui passe dévoile un peu plus l’ignominie des intentions. Hier c’était les dimanches pseudo politiques, d’une grande pauvreté d’esprit ; demain ce seront les aboiements officiels dans des domaines pseudo culturels, mascarades des temps nouveaux, et chose absolument incroyable, avec le concours de nos universités devenues si incultes, qu’elles sont les parures du commerce et de l’industrie, exclusivement attachées aux « délices » de l’argent.

2 avril 2012

On en a ses cent kilos !

Fermeture officielle de dimanche midi sur RTL et RTBF, que les âmes sensibles se rassurent, il ne s’agit que de Carside ! Nos hauts-fourneaux de Maroy à Dominique Demoulin ne sont pas mis en veilleuse. Au contraire, ils s’auto allument, sans même qu’on le leur demande.
Nos boîtes à images semblent même fusionner au moins un jour par semaine, puisque Domino nous la joue sur la « fin de la sidérurgie wallonne » et Olivier sur « l’Avenir de la Wallonie », ce qui est comme une triste fin aussi.
Encore une fois, rien que du beau linge partout, pour cette OPA de RTL sur la RTBF et vice et versa.
Le ministre Marcourt me débecte et comme il essayait d’en placer une sur RTL, je n’ai pas attendu que madame Demoulin perde pied pour me réfugier chez Maroy et Gadisseux.
Avec eux, c’est Sarko et Carla, rien que du sérieux ! C’est-à-dire qu’on n’a pas souvent l’occasion de rigoler. Comme leur blague à propos du premier mai qui ne serait plus férié ! Le poisson d’avril était un peu gros.
Il y a parfois des lourdeurs dans les lourdeurs qui font rire, tellement c’est trop, cette fois-ci, non !
L’ULB avait délégué son cuistre dominical. C’était Pierre Pestieau dans le rôle, pour un constat sans appel. Dans le hit parade des besogneux magnifiques, la Wallonie se place entre la Grèce et le Portugal. Il n’y a pas de honte à ça, sauf que ces deux pays ont le plus maltraité leurs travailleurs ces six derniers mois de toute l’Europe, pour un résultat des plus médiocres.
La gifle nous ne l’avons pas encore reçue. Selon Pestieau, l’Etat fédéral nous accorde encore un petit bonus. Nous ne perdons rien pour attendre. Ça se passera dans dix ans, quand les accords actuels auront leur plein effet entre la Flandre et la Wallonie. Plus de transfert Nord Sud, c’est une baisse de niveau de vie que l’ULB évalue à 5 ou 6 %. Fin de la rigolade !...
Un chef d’entreprise qui ne vient pas des Minguettes, de la banlieue sud de Lyon, mais de Liège, quoique s’appelant Minguet, est un grand novateur et créateur d’emplois. Eh bien ! ce monsieur n’hésite pas de le dire du haut de son expérience, les Wallons sont paresseux. Le drame est dans la mentalité du gros nul mosan. Au lieu d’imiter Minguet et d’inventer quelque chose qui rapporte du blé, il boit des bières et passe ses après-midis au kicker !
C’est étrange puisque la fortune de ce Liégeois vient de l’invention du ralenti en matière d’images de télévision ! Il aurait donc ramassé son fric sur l’observation critique du paresseux liégeois ! Belle application du vice régional.
Cet illustre rassemblement de nos grands penseurs aurait pu inclure dans la liste des solutions possibles, celle de demander aux Flamands d’annexer la Wallonie, ainsi nous conserverions notre droit à la paresse tout en ne perdant pas les 5 % de niveau de vie pour dans dix ans, sans aucun effort supplémentaire ! Il arrive de temps en temps que De Wever ait du cœur. Il nous suffirait d’apprendre le flamand dès la maternelle. Laurette pourrait revenir à Liège et Reynders parfait bilingue se verrait bien bourgmestre de Luik. On aurait droit aux facilités.

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Marie-Kristine Vanbockestal, directrice du Forem, pourrait garder ses 4.400 personnes qui poussent aux culs les 20 % de chômeurs à Charleroi à franchir le seuil des entreprises, dont celle du sieur Metsdagh, manager de l’année, qui ne trouve personne pour remplacer ceux qui arrêtent pour dépression nerveuse.
Seule à se démener pour rendre l’émission intéressante, une chômeuse de l’audio-visuel, madame Barella, n’était même pas payée en black par Maroy et Gadisseux pour remonter le Titanic au-dessus de la ligne de flottaison.
Un petit zapping sur RTL afin de m’assurer que Dominique était toujours en piste.
Cinq minutes après les émissions phares de la mi-journée des chaînes - comme on les aime - étaient achevées.
Bibiche, sur le divan, dormait à poings fermés.

1 avril 2012

Martine Maelschalck, l’Echo momie.

Sur RTL ce samedi, Hakima Darhmouch illustrait d’un bref reportage, la question de savoir si nos patrons du Bel 20 étaient trop payés ?
Grave question à laquelle les téléphages répondraient en chœur, avec les politiques y compris le MR : une énorme disparité existe entre le salaire le plus bas et les 4 millions et des poussières accordés aux salaires les plus hauts. C’est une aberration insupportable.
Inutile de gâcher le week-end en vous mettant sous le nez la liste de ces messieurs, dont les salaires sont à eux seuls des billets gagnants d’un Loto dans ses bons jours.
Après le traditionnel prêchi-prêcha de Hakima, comme si un patron qui se met 4 briques en poche et qui en même temps licencie une partie du personnel, pouvait être un patron moral, j’ai été surpris d’entendre dans la brève séquence de reportage deux analyses fort différentes.
Celle de Robert Wetterwulghe, professeur d'économie à l'UCL, au micro de Loïc Parmentier, dans une critique classique et recoupant le point de vue quasiment unanime des citoyens "Il y a certains montants qui incontestablement sont de la provocation au niveau social et ne sont pas justifiés au niveau économique."
Mais Martine Maelschalck, la rédactrice en chef du journal L'Echo, est d’un avis totalement différent. "Je ne pense pas que les patrons du Bel 20 soient particulièrement trop payés. Pour garder les bons éléments, il faut bien les payer, ensuite on considère qu'ils ont de grosses responsabilités et qu'ils ont beaucoup de stress, et donc on leur donne par contrat un salaire et des bonus en fonction des objectifs qu'on leur demande d'atteindre."
J’ignore si la dame se rend compte de ce qu’elle dit? Comme ce n’est pas un perdreau de l’année, on peut penser que oui !... Elle m’a scié !...
Peut-être a-t-elle eu peur de se faire flanquer à la porte de l’Echo en reprenant l’antienne générale sur l’appétit des grands patrons ? Par contre, si c’est ce qu’elle pense vraiment, on comprend pourquoi, malgré la crise profonde, les chiens de garde du capitalisme enragé ne veulent rien rendre de la part énorme qu’il s’adjuge sur le travail des autres. Ils sont tellement et viscéralement attachés à l’argent, qu’ils préféreraient tout perdre, plutôt que d’en laisser un peu.

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Pourtant, même en qualité de rédactrice en chef de l’Echo, elle ne doit pas gagner lourd, par rapport à ceux qu’elle encense. En suivant son propre raisonnement, elle s’est rendu compte que son travail ne valait pas cher au point qu’elle devrait faire des éditos à la con pendant trois cents ans pour seulement approcher le stress d’un de ces grands hommes sur douze mois !
Alors oui, tant d’humilité mérite récompense. Et je serais moi-même d’accord pour que l’Echo la conserve ne serait-ce que par pitié !
Que ce soit une femme qui nous tient pareil discours, c’est-à-dire une représentante d’un groupe sous-payé à qualification égale avec les hommes, augmente son mérite ou son hystérie !
C’est un gag, pensai-je ! avec un sentiment d’admiration pour une rédactrice en chef qui en a, malgré l’énormité de ses propos et l’aveuglement dont elle fait preuve. J’ai toujours trouvé crâne de s’inscrire à contre courant et de se ficher de l’opinion générale.
L’explication, hélas ! ne se trouve pas dans l’expression d’un fort caractère, d’une liberté de penser qui lui ferait honneur.
L'Écho (tout comme De Tijd) appartient à Mediafin, une co-entreprise du groupe Rossel (Le Soir, etc.) et De Persgroep (De Morgen, etc.). Martine Maelschalck occupe actuellement le poste de rédactrice en chef ; mais, avec 44 journalistes salariés (13 femmes/31 hommes) - peut-être beaucoup moins aujourd’hui (chiffres de 2004) - sa diffusion payante était de 17.050 exemplaires.
C’est-à-dire un machin que les riches tiennent la tête hors de l’eau : groupe Rossel : 49,27 %, Persgroep : 49,27 %, Fédération des entreprises de Belgique (FEB) : 0,73 %.
Et en lisant le bidule, on voit tout de suite pourquoi. Ce n’est pas, à proprement parler, le journal des quartiers pauvres, plutôt ceux de la gentrification et du propriétaire tendance facho.
Tout compte fait, je voulais écrire un article au vitriol sur Martine Maelschalck qui se mêle de donner son avis tout au long de l’année sur l’économie, alors qu’elle n’y connaît que dalle, comme en général ceux qui sortent, comme elle, de l’ULB (journalisme et communication sociale). Et puis je me suis dit, avec les patrons qu’elle a et l’objectif du journal, qui n’est pas la Pravda, elle ne va tout de même pas se mettre sérieusement à étudier l’économie, et examiner honnêtement le système qui lui sert la soupe, même si elle n’a que les os.
Ce n’est pas après s’être embarqué sur le Titanic qu’on se met à vérifier les rivets de la coque, d’autant qu’elle vient de Trends-Tendance, c’est dire.
La chipoter sur les salaires des beaux mâles de la gentry de chez nous, alors qu’elle doit être contre l’indexation des salaires, les syndicats et une réforme de l’impôt des personnes, d’autant qu’elle doit raffoler de la mondialisation et du libertarianisme de David Nolan, comme Keynes doit la mettre en transe, ce serait inutile.
On peut seulement reprocher à des journalistes chevronnés de prendre les élucubrations de Martine Maelschalck comme référence. .
RTL a osé ce que Gadisseux et Maroy, tant de fois brocardés dans mes chroniques, n’ont jamais voulu faire à leur public.
Grâce leur en soit rendue et honte à Hakima !