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31 janvier 2014

La lutte finale avec Popol.

Les salles combles pour écouter Magnette sont parmi les événements les plus extraordinaires qui se puissent être. Vous me direz, un remplissage de salle, ce n’est pas une information, ceux qui sont là, c’est pour ne pas perdre leur place aux Fédé, les Mutu, la FGTB ! La politique commence par les guichets, une « bawette » un titulaire… Sans compter les légumes qui palpent gros et qu’on photographie en se poussant du coude. T’as vu Demeyer ?
D’accord, mais tout le monde ne va pas à la soupe.
Il y en a quand même qui suivent Magnette, comme on suit Stromae, qui y croient encore, avec la larme à l’œil et le carnet en règle de cotisation en poche, qu’on s’attend à brandir pour des votes unanimes !
Comment trouvent-ils encore des électeurs enthousiastes au PS ? C’est à la fois un mystère et une consécration qui relèvent de la foi religieuse. Celle d’un parti qui peut tout faire, qui peut avoir trahi, malmené les gens, menti, oublié les motifs d’être socialiste, dénigré l’histoire, roulé les électeurs de gauche dans la farine de droite. Á croire qu’avec la droite française qui dit-on est la plus bête du monde, la gauche wallonne monte ex-æquo sur le podium !
Le PS n’est pas qu’un parti, c’est l’incarnation divine du Sauveur. Pour le moment c’est sauve-qui-peut, mais cela ne se voit pas en bas. Un Wallon sur deux est amoureux de Magnette, idolâtre Élio, se masturbe sur la photo glamour de Laurette, conduirait son épouse chez Marcourt pour assouvir les instincts même pervers, du grand homme.
Á partir du moment où le Bureau du PS a fait l’inventaire des sommets de cette chance extraordinaire, les têtes de gondole peuvent dire n’importe quoi, massacrer le programme de la prochaine législature, reprendre un plan n’importe lequel des années 80 ou 70, ils n’ont pas besoin de faire gaffe à ce qu’ils disent. Ils ont quartier libre.
Prudence quand même pour le bilan, Magnette fait acclamer la chance folle du pays d’avoir été repris par la coqueluche montoise pour une fin de législature, après deux ans de fichus, à cause d’un CD&V qui faisait du surplace comme au vélodrome, avec la N-VA, guidon contre guidon.
Il fallait un coach. Rupo-le-patriote est arrivé. On ne sait pas ce qu’il leur a dit, patrie en danger ou pas, on a trinqué en taxes, préavis, chômage, tout ça pour aider la banque, et repeindre la frontière linguistique. Enfin, le royaume est sauf. Guesclin-Élio peut se jeter au pied du souverain « Les Anglois ont été bouté dehors ».
Comme l’actif est maigre et qu’il concernait surtout Albert et Philippe, alors Magnette s’est surtout attardé à parler du royaume.
Parce que pour le reste, ils ont beau être militants sur trois générations le public des salles, Di Rupo a bradé tout ce qu’il a pu aux Flamands, aux patrons, aux banques, aux petits commerces et aux grands du royaume et repris tout ce qu’il a pu aussi de salaires, d’allocations sociales, d’indemnités de maladie, de pensions des p’tits vieux au point que ces derniers sont les moins bien lotis d’Europe (excepté l’Est). La social-démocratie n’était pas à l’ordre du jour, heureusement.
Popol a marché sur des œufs, tout au long du métinge… Surtout, a dit son coach, « fait pas un meeting sur la social-démocratie, le socialisme libéral, les gens ne comprendraient pas, même nous adorant, on ne peut pas savoir comment ils prendraient ça. »
Dans le détail, c’était complet au premier rang, pas une seule défection, l’unanimité à se faire des gueules extasiées, satisfaites, heureuses ! À 20.000 net le mois, c’est le moins.
La grosse émotion à la prise de parole de Popol ! Les chaises réservées donnaient le la !
Au deuxième rang, Demelenne et Bodson très « Voix de son maître » ne savaient pas s’il fallait rester jusqu’à la fin ou s’éclipser pour limiter les dégâts dans les Régionales FGTB dont les membres commencent à la trouver mauvaise, à la fois chômeurs et applaudir !

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Ah ! le peuple qui répond présent, quel réconfort ! Et malgré toutes les saloperies, les mauvais vents, leurs petits poings levés sur le signal de Bètchette Onkelinx, spécialiste de l’Internationale, première damnée de la terre à avoir pignon sur rue et maison de campagne.
L’Internationale, c’est son triomphe. Reynders incarne Alexis de Tocqueville, elle c’est Rosa Luxembourg, une vraie perfection avec place assurée au Musée Grévin, pour plus tard, bien plus tard, dans deux ou trois législatures, quand le peuple la suppliera de rester et qu’elle prendra sa retraite à la campagne. Ici, pour Magnette, tenue de métinge : robe noire avec veste caca d’oie, ceinture noire, très soft, genre République de Weimar. L’icône !...
C’est un scoop, elle en rêve : dans quelle tenue partir ? Où acheter des vêtements simples et seyants, sans faire débrailler imitation écolo, et surtout éviter le couturier de Mathilde et ses Monet à Giverny, tenues pastel pour revue motorisée.
Rien que des problèmes, on vous dit, le peuple généreux, certes, mais jusqu’à quand, et en attendant insouciant et bon enfant.
Et cette Internationale qui n’en finit pas ! Bras levé, poing fermement tendu, la bride du soutien-gorge qui entre dans les chairs… Mais après, le peuple énamouré, quelle récompense…

30 janvier 2014

Daniel Piron !

Enfin un syndicaliste qui en a !
C’est tellement rare que son nom s’est inscrit tout seul en tête de cette chronique.
La FGTB de Charleroi rejette l’alliance « historique » avec le parti socialiste pour inadaptation d’objectifs.
Évidemment c’est le gros souci au National et une interrogation dans les Régionales. Pensez donc, toutes les autres sont des affiliées au socialisme-centrisme de Di Rupo-Magnette. Les présidents ont été élus sur la référence de la carte du parti, sans que la base en soit consciente. Là je parle en expert. J’ai très bien connu et approché en son temps la « vieille garde socialiste » de la place Saint-Paul !
Ces gens ont le culot de se dire proches des travailleurs. Très peu ont retroussé les manches et plongé les bras dans le cambouis de la vie sociale. Par contre, on ne voit qu’eux aux Congrès du parti et aux réunions importantes.
Paul Magnette charge les accus de ses amplis pour les rassemblements futurs de la grand’messe de monsignore Roublardo ! C’est le moment qu’a choisi la FGTB Charleroi pour prendre ses distances. Fallait-il qu’ils en aient gros sur la patate !
Implicitement Anne Demelenne et Thierry Bodson par leurs propos critiques de la position de Charleroi rendent service au socialisme centriste, dont ils sont les créatures.
Le syndicalisme n’a plus rien à voir avec son Bureau National à la botte du boulevard de l’Empereur, Daniel Piron et la FGTB Charleroi ont tranché.
Ils ont raison.
Les Spin-offs du bd de l’Empereur ont opté pour un socialisme de rupture avec son passé. Ils traitent Piron de traître ! Un comble de cynisme !
L’émancipation des syndicalistes liégeois sera plus difficile. Thierry Bodson est aux commandes. Il doit tout au PS. De comptable d’Administration, au commande d’un syndicalisme régional, c’est une sacrée promotion.

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Pour que les Camarades liégeois rejoignent ceux de Charleroi, il faudrait le larguer avec ceux qui courent chercher les ordres chez les boutiquiers du PS.
Le conflit ne date pas d’hier. Pour le PS, la FGTB ne doit pas faire de politique… autre que celle du PS. Le parti surveille de près le syndicat. Tous les postes importants sont trustés par les affiliés de Di Rupo.
La liste est longue de tous les exclus pour avoir protesté contre l’exclusive du PS.
En 2000, Michel Nollet, président de la FGTB, avait dû faire évacuer son bureau par la police, envahi par les partisans de d’Orazio. Mettre les flics dans le coup d’une explication entre camarades ne date pas d’hier, mais de ce jour-là beaucoup de militants ont compris. Des permanents jugés trop proches du PTB avaient même été écartés. On l’a peut-être oublié, il y a bien plus longtemps encore, la Régionale enseignant avait fini par céder à la pression de la nomenklatura socialiste pour se défaire du permanent Slangen, soupçonné d’idées trotskistes.
Pour le reste, que Demelenne et Bodson siègent au bureau du PS, c’est leur droit ; qu’ils approuvent la dérive centriste du PS, ça les regarde ; qu’ils soient incompatibles avec la lutte syndicale, ça l’est également.
S’ils profitaient du moment pour se glisser parmi les candidats députés du PS, en espérant être élus aux prochaines élections, personne ne leur en voudrait, à condition qu’ils démissionnent de la FGTB.

29 janvier 2014

Une hypothèse réaliste.

Question chômage, la situation n’est pas meilleure en Belgique qu’en France. Di Rupo ne parie pas sur des résultats, comme l’embauche en masse, qu’il ne peut pas tenir. Il est plus prudent. Les résultats sont les mêmes. Le cycle quatre ans de crise et puis ça repart, c’est de la blague d’économiste de salon. On en est à la cinquième année de calamités.
Les deux socialistes n’ont pas réussi à diminuer le nombre de chômeurs. Le centrisme n’a pas l’air de leur réussir. Proportionnellement, il y a autant de chômeurs chez nous que dans l’Hexagone. Si l’on excepte le triangle Allemagne, Hollande, Luxembourg, partout ailleurs en Europe, la situation se dégrade.
Les recettes classiques ne conviennent plus. Toutes les tentatives ont échoué. Pendant que les dirigeants se plantent, un phénomène inquiétant surgit malgré mille et une précautions : les inégalités sociales se creusent.
Ce si petit pays qu’on peut le parcourir du Nord au Sud en une demi journée, compte 432.484 chômeurs complets indemnisés demandeurs d'emploi en 2013, soit 3,6% de plus qu'en 2012. Chiffre tout à fait sous évalué, puisque l’ONEM exclut tous les jours des chômeurs. De sorte qu’on pourrait compter jusqu’à près d’un million de personnes qui ont abandonné tout espoir de trouver un emploi.
L’emploi est un problème récurrent et qui ne date pas d’hier, mais qu’on regarde aujourd’hui avec effroi.

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L’économie dans laquelle nous pataugeons justifiait jadis 4 à 5 % de chômeurs « résiduels » servant de « réserve » pour éviter la surchauffe et de réservoir où puiser de la main-d’œuvre, suivant l’offre et la demande.
Le raisonnement des économistes n’a guère changé. Le surplus du « volant de surchauffe » est de beaucoup supérieur au pourcentage classique admis dans une économie en vitesse de croisière (l’Europe est traditionnellement à 1 ou 2 % au-dessus des États-Unis).
Comme ce phénomène dure depuis des années et même bien avant la crise de 2008-2009, force est de constater que ce vice est rédhibitoire au système et ne sera pas résolu tant que le système lui-même ne sera pas modifié ou remplacé par autre chose.
L’ambition et la réussite par le désir de la gagne ne correspondent plus à la réalité de centaines de millions de personnes qui n’auront même pas l’occasion d’exercer leurs talents pour faire jouer à plein le système capitaliste.
Jusqu’où tiendra l’absolu déni de milliards d’hommes et de femmes de cette planète pour quelques centaines de millions de mieux lotis et seulement quelques dizaines de milliers d’autres, possesseurs du « billet gagnant » ? C’est la question qu’il faut se poser.
Je ne pense pas que le chômage revienne jamais un jour à un taux supportable dans nos économies occidentales. La crise financière de 2008 n’a fait qu’accélérer le phénomène qui avait déjà tout son potentiel de nuisance il y a 6 ans.
Les productivités multipliées par dix, parfois par cent, dues au progrès techniques, à la mécanisation et à la docilité des peuples esclaves, débouchent sur une diminution constante des besoins de main-d’œuvre. C’est aussi bête que ça. Le progrès qui en découle ne profite pas à l’ensemble de l’humanité, mais à une infime partie de celle-ci, et surtout pas à la main-d’œuvre qui ne sert plus à rien et dont on ne sait que faire dans les pays développés.
Les partis politiques au pouvoir ne se rendent pas compte qu’ils jouent leur va-tout dans une économie qui ne pourra plus à l’avenir concourir au plein emploi. Leur obstination finira par les engloutir dans l’échec global du système.
La fuite en avant de Hollande auquel on peut associer Di Rupo n’est qu’une course vers le centre, le seul espoir dans le rebond de l’économie de marché à satisfaire une clientèle qui n’est pas traditionnellement la leur et qu’ils pensent représenter.
On voit bien que les populations abandonnées ne croient plus en l’efficacité de leur médecine. Et elles ont raison.
Leur seule possibilité de durer, et ils y songent sans doute, c’est que la révolte généralisée survienne dans des continents plus démunis que le nôtre et qu’ainsi se sentant menacés par un environnement hostile, les pays « riches » se racrapotent autour de leurs « privilèges » et de leurs dirigeants. Ils ont bien digéré le système communiste, pourquoi ne pas contenir les pouilleux de la planète comme au temps des colonies ?
Ils oublient un facteur récent, celui du mécontentement de plus en plus grand des populations au cœur même du système : l’Amérique, l’Europe, demain la Chine, ce qui à terme risque de priver le système de ses fantassins.
L’économie capitaliste défaillante ira-t-elle jusqu’à utiliser l’arme atomique sur les continents pauvres, pour défendre ses privilèges ?
C’est de la science fiction ? Non, c’est une hypothèse réaliste.

28 janvier 2014

Quand Obama et Al-Assad s’aimaient.

Il y a une chose que je ne comprends pas : c’est cet acharnement que certains mettent parfois à défendre un camp dans lequel ils sont installés depuis au moins trois générations, quand tous les jours des nouvelles viennent les dissuader d’en être !
Atavisme héréditaire, esprit paresseux, intérêts troubles, peur du changement ?
Il y a sans doute un peu de tout cela chez le citoyen « informé ».
Ainsi, le 22 janvier, le Secrétaire d’Etat John Kerry prononce le discours d’ouverture à la conférence sur la Syrie. Il y exprime toute la réprobation horrifiée des USA aux méthodes utilisées par les suppôts du président Bachar al-Assad dans la guerre civile.
Kerry se fait le champion de tous les humanistes. Il cite les tortures systématiques sur des milliers de détenus dans les prisons syriennes.
Le public est bouleversé, les journaux s’émeuvent. Tous sont unanimes, Al-Assad est un tyran. Il faut l’abattre.
Les bourreaux du régime d’Assad ont obsessionnellement photographié les hommes tués répertoriés par des numéros, afin de prouver aux supérieurs que les exécutions avaient été faites.
Á l’inverse de Colin Powell brandissant à l’ONU des preuves qui n’en étaient pas contre le Régime de Saddam Hussein, l’ONU détient des milliers de photos de prisonniers torturés et tués par le Régime de Bachard Al-Assad.
Ce qui gène n’est pas cette dénonciation d’un Régime barbare, mais c’est justement celui qui le prononce au nom d’un autre Régime, celui des USA son pays. Les Américains sont choqués par les tortures dans les prisons syriennes, alors qu’ils sont absolument ravis que leur Armée et leur système carcéral en perpètrent presque autant !
Ah ! la mémoire courte alliée à la mémoire sélective, voilà bien les donneurs de leçons comme ils en sont pourvus pour dénoncer dans des pays lointains, ce qui se passent dans leurs caves.
N’ont-ils pas exploité la brutalité du régime d’Assad à leurs propres fins, du temps où le Régime syrien torturait pour « la bonne cause » ? Quand l’ennemi commun s’appelle al-Qaida, les crimes deviennent de la légitime défense. Après le 11-Septembre, Assad a fait de la torture par procuration pour la CIA, comme l’ont approuvé le président Bush et son successeur Obama et ce jusqu’aux développements de la guerre civile dans la fâcheuse actualité.

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La pratique «extraordinary rendition» de la CIA consistait à envoyer des suspects du terrorisme dans un pays « ami » pour des interrogatoires musclés, la méthode forte étant illégale aux Etats-Unis. Je n’ai pas sucé cela de mon petit doigt, c’est dans un papier du New Yorker de la journaliste Jane Mayer. « En plus des prisons syriennes, les centres de détention en Egypte, au Maroc et en Jordanie ont aussi été des destinations clés pour de tels suspects, qui ont été envoyés de part le monde dans des jets privés enregistrés par des entreprises américaines factices ».
Et c’est un ressortissant d’un tel pays qui ose ouvrir la conférence sur la Syrie !
On ne sait pas exactement la date à partir de laquelle le gouvernement d’Obama s’est mis aux côtés des dénonciateurs du Régime de Bachar Al-Assad. Peut-être s’est-il décidé lorsque des insurgés « démocrates » ont ouvert un front contre le pouvoir et que le monde entier a été impressionné par la révolte, probablement aussi parce que les USA n’étaient pas les fournisseurs attitrés en armes du Régime et que c’était le vieux concurrent russe qui avait les commandes.
Avec une rébellion coupée en deux, faite de démocrates « laïcs » et de musulmans intégristes, Obama s’interroge, mais c’est trop tard, il ne peut plus revenir en arrière et soutenir Bachar comme Poutine, contre les insurgés.
On ne sait pas si secrètement Kerry, malgré les discours et l’attitude officielle d’Obama, n’est pas en accord avec la CIA qui verrait plutôt d’un bon œil que Bachar extermine toute la rébellion, comme Arnaud Amaury passe pour avoir dit, lors du sac de Béziers, à des soldats qui lui demandaient comment distinguer les bons fidèles des hérétiques : « Tuez-les tous ! Dieu reconnaîtra les siens. ».
Genève aura été, encore une fois, plutôt que le siège d’une Conférence de paix, le lieu d’un fameux bal des faux-culs.

27 janvier 2014

Ramasse ta canette, fieu !

La sécurité est un thème porteur pour nos grands Communicateurs qui ont en charge la gouvernance des citoyens. Sans beaucoup de savoir, sans grand effort, rien que l’attitude ferme et le coup de menton mussolinien, la ministre de l’intérieur In-fine-Milquet sait se prévaloir du moindre chiffre favorable pour s’en vanter.
Peu de gouvernement résistent à la tentation de mettre en pratique des lois de plus en plus restrictives à la liberté individuelle, sous prétexte paradoxalement de la développer en la protégeant !
Le discours qui fait croire que « Protéger la liberté en l’encadrant » est le meilleur moyen de se ménager une grosse partie de l’électorat du centre.
L’exemple de Liège est édifiant pour les politiques locales. Demeyer a compris, c’est le In-Fine-Milquet régional, le Poulidor de la Montagne de Bueren. Les caméras de surveillance au Carré seront bientôt dotées de haut-parleurs capables de décourager la délinquance et de rappeler à l’ordre l’incivisme de rue après boire, dit-on. Certes des incidents émaillent les coins chauds de Liège, mais pas plus qu’ailleurs. Compte-tenu de l’accroissement de la population, ça n’est pas pire que du temps où Liège ne comptait qu’une poignée d’agents.
Les citoyens qui gobent toutes les mouches seront satisfaits. La délinquance ordinaire ne baissera pas et on se rapprochera un peu plus du Chaplin des Temps modernes se faisant engueuler par le patron, parce qu’il grille une cigarette dans les toilettes.
Les Autorités auront la sensation qu’elles pourront ainsi sermonner des délinquants potentiels et éviter des bagarres, donc qu’elles joueront un rôle actif dans l’abaissement de la délinquance. Cela a pour but de créditer l’Autorité communale d’un brevet de compétence. Il n’échappera à personne que cette politique risque de se retourner contre elle, On trouvera cela ridicule et on finira par se ficher d’une police professeur de morale.
- Hein ! Fieu, j’tai vu ! Ramasse ta cannette, la laisse par sur l’appuie de fenêtre !

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On n’a pas fini de rigoler des chaussettes à clous planqués dans leur QG ! Déjà que toutes les caméras sont repérées et qu’on se presse devant pour faire des quenelles… demain ça sera sonore !
Plus sérieusement et à l’échelon national, c’est pourtant cette politique qui a la cote.
Sur un ton plus grave, l’intégrisme musulman et les terroristes d’Al-Qaïda ont de ce point de vue contribué à renforcer la sensation d’insécurité et donc d’augmenter les pouvoirs de l’État « par devoir » en matière de sécurité.
Là encore, l’objectif, bien entendu n’est pas de protéger les libertés du citoyen mais de les restreindre. Le rêve de ces messieurs et dames au pouvoir est d’intégrer les populations dans un stéréotype prédéterminé, l’objectif, tout le monde l’aura compris, est de maintenir au pouvoir un brouet centriste avec les mêmes partis chapeautés par les mêmes guignols.
« For security reasons », c’est tout le système américain avec son électronique, ses brigades d’intervention, et ses prisons peuplées de pensionnaires qui purgent des cinquante, soixante ans de prison sans que personne s’en émeuve. Est-ce cela que nous voulons, tout en sachant que la délinquance n’a pas baissé pour autant dans l’ensemble des USA ? La sécurité est l’argument d’autorité par excellence qui clôt toute discussion et permet d’imposer des mesures que l’on n’accepterait pas sans cela.
Ne reste plus qu’à nous construire un petit Guantanamo, pour faire comme l’Amerloque, pas raciste pour un sou, c’est bien connu, mais qui n’y enferme que des Arabes !
C’est dingue, ces lois répressives dites d’exception, mais comme l’exception demeure, les lois restent. Elles sont directement liées à l’économie moderne.
L’élévation du niveau de vie a augmenté le nombre de citoyens victimes d’inégalités. Les riches bénéficiaires de ces inégalités cherchent à se fondre dans la masse des démunis, pour ne pas avoir à payer leur seule sécurité. Certains nagent dans les gadgets, les chaînes Hi-fi, les télés grands formats, les ordis portables et les grosses bagnoles.
La pub excite le populaire pour s’équiper. Il s’équipe comme il peut. Et voilà qu’on ouvre les frontières à de plus pauvres encore ! Alors, merde, puisqu’on leur vante les qualités des nouveautés et qu’un publiciste va disant qu’à cinquante ans celui qui n’a pas une Rolex est un con, mettez-vous à leur place. Qui a envie de rester con jusqu’à la mort ?
Et plus le système enrichira « l’élite » plus il y aura des vols et des crimes. C’est mathématique.
Dommage que les caméras sonores ne le sont pas dans les deux sens.

26 janvier 2014

Dans le courant d’une onde impure.

Après avoir minimisé les dangers du nucléaire (voir la chronique d’hier), on est dans le flou persistant sur la nocivité des ondes électromagnétiques qui traversent notre corps en permanence et sur lesquelles on n’a pas encore suffisamment de recul comme les multiples usages de l’atome, pour en déduire leur nuisance ou leur bénignité.
Un arrêté royal afin de réduire l’exposition des utilisateurs aux ondes électromagnétiques est entré en vigueur, tandis qu’il est vivement déconseillé, voire interdit, d’initier à la téléphonie des portables, des enfants en-dessous de douze ans.
Comme dans toute commercialisation qui génère d’énormes profits, avec la tendance généralisée d’ « Allô, quoi ! », le mouvement est irrésistible. Le diktat capitaliste lui va comme un gant. Malheureusement, comme pour le nucléaire, que l’on soit utilisateur ou non, tous les corps sont traversés comme des passoires par ces ondes.
Celles et ceux qui s’en disent troublés, même si ce trouble est purement psychique, n’ont plus qu’à s’enfermer dans des cages de Faraday ou s’enfuir dans des déserts. L'électrohypersensibilité aux champs électromagnétiques n’est pas prête d’être reconnue en Belgique. Timidement, Fleur Pellerin pour la France préconise des zones sans onde. Le tout c’est de se mettre d’accord hypersensibles et non sensibles dans les périmètres concernés. Ce n’est pas pour demain !
La pratique en vigueur pour limiter l'exposition aux ondes électromagnétiques produites par les technologies sans fil – téléphones mobiles, tablettes, Wi-Fi, est en réalité un écran de bonne conscience tissé par Laurette Onkelinx dont personne ne suit les exigences, à seule fin que si ça tourne mal, sa carrière ne soit pas perturbée par des accidents.
Bien entendu, c’est la même antienne qui revient pour tout ce qui est nouveau et mériterait une grande attention avant de livrer un produit à la commercialisation, les opérateurs des télécoms et fabricants d’appareils craignent que le développement des techniques et pratiques nouvelles ne soient perturbés. Les « précautionneux » de type Écolo haussent le ton… et on finit par ne rien faire, le tout est de se mettre d’accord avec les journaux pour que le différend soit enterré et oublié.
Comme le grand frère américain se rue sur tout ce qui peut faire du pognon (on l’a vu avec les OGEM), c’est difficile de faire entendre raison à la boutique européenne en ce appuyée par la jeunesse et les « progressistes », ne serait-ce qu’en raison de la concurrence

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Il est vrai que revenir en arrière paraît difficile. Les ondes sont présentes partout dans notre environnement quotidien. Les appareils électriques sous tension créent un champ électromagnétique ; mais le principal vecteur est le téléphone portable. Cependant les lignes électriques, transformateurs ou voies ferrées sont également des sources de rayonnements électromagnétiques. Tous les appareils connectés de notre environnement personnel nous exposent aux radiofréquences : les ordinateurs et tablettes, les technologies Wi-Fi, Bluetooth et RFID (Radio Frequency Identification, ou puces électroniques), mais aussi les lampes fluorescentes, les fours à micro-ondes, les plaques à induction ou les machines à laver.
Il n’est pas exclu de penser qu’un jour, sous la forte pression d’un capitalisme en quête de placements juteux avec une Amérique derrière, enthousiaste pour les mêmes raisons, une invention mirobolante vienne à bout de notre système nerveux ou de notre système immunitaire et détruise séance tenante les trois quarts de l’humanité.
Plus efficace que les virus, meilleure performante que les mauvaises bactéries, cette invention mirobolante est aujourd’hui dans le domaine du possible.
Survivraient seules les peuplades d’Amazonie et quelques groupes isolés de Bornéo.
Quel retournement de situation !
Quelle leçon pour les Hommes !

25 janvier 2014

Parents indignes.

L’insouciance du lendemain caractérise le système économique actuel ! La croissance est le maître mot devant lequel tout doit plier. Le « progrès » est un grand consommateur d’énergie. Les pays se sont lancés dans l’aventure nucléaire civile, accumulant les sites pollués qu’il faudra un jour démanteler. En attendant la solution miracle qui n’est toujours pas trouvée, les déchets nucléaires s’entassent à ne plus savoir qu’en faire dans des hangars qui coûtent une fortune à protéger.
D’autres encore moins soucieux de l’avenir ont coulé des éléments radio actif dans les eaux profondes des océans, insérés dans des containers enrobés de béton. On sait maintenant que le béton n’a qu’une vie relativement courte dans des eaux alcalines et acides, tout au plus une bonne centaine d’années. Après ? Personne n’en sait rien.
Qui se souvient des débuts du nucléaire en matière de centrale a encore en tête l’incroyable suffisance des partis politiques qui tous juraient leurs grands dieux qu’il ne faudrait pas dix ans pour trouver les moyens de supprimer la radioactivité des éléments de rebut et même d’en faire des matériaux de réemploi, sur des rapports d’apprentis sorciers, en négligeant systématiquement d’autres plus alarmistes !
Depuis Tchernobyl, on a beaucoup déchanté.
Mais qu’importe. On a poursuivi la politique de facilité qui consiste à reporter à l’avenir les difficultés du présent.
C’est bien le propre de la structure même de la production capitaliste, produire de plus en plus et au meilleur coût possible afin de rentabiliser la mise des propriétaires, sans se soucier des travailleurs, de l’environnement et de l’épuisement de la nature.

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A côté du nucléaire qui est en passe de tourner à la catastrophe, du genre patate chaude que l’on refile au suivant, la destruction de la Forêt amazonienne par les orpailleurs et les monocultures procède de la même soif de profits rapides et combien encore d’autres crimes commis contre l’humanité à venir !
L’exploitation des gaz de schistes sur laquelle les USA se sont rués à corps perdu aura également des conséquences considérables sur l’environnement et l’équilibre des sols pour le recyclage, le captage des eaux de pluie et la transformation des terres de surface.
En Région liégeoise, parmi les épines à léguer, nous avons la centrale de Tihange. On prolonge la vie du site, même si on nous assure que ce n’est pas un risque supplémentaire, moins parce que la Centrale est rentable, que parce qu’on ne sait pas comment faire pour la raser et rendre son sol propre.
On agit de la sorte, évidemment, aux noms des travailleurs qui vivent de la Centrale, avec l’accord des syndicats et des « forces vives », beaux prétextes pour éviter d’aller au fond des choses.
C’est heureux que nous n’ayons jamais eu un incident majeur à Tihange. On ne vous l’a jamais dit, mais le déplacement d’un demi-million de personnes est impossible en Belgique.
Les Français qui sont confrontés aux mêmes difficultés d’évacuation des déchets réfléchissent depuis dix ans au stockage souterrain des saloperies radioactives, dont certaines mettront mille ans avant d’éteindre leurs mortelles radiations.
Un site d’enfouissement a été trouvé à Bure, en France. Il est déjà contesté car il renferme d’importantes réserves géothermiques. Les experts reprochent à l’État d’avoir tronqué ses recherches. Ils en sont arrivés à une confrontation devant la justice.
Certains farfelus ont songé un moment à rouvrir certaines galeries de mine en Belgique afin d’y stocker la même marchandise. C’est oublier que les nappes phréatiques ont souvent envahi les puits anciens et aussi que le sous-sol wallon est directement en résonance avec des failles connues pouvant provoquer des secousses sismiques, mélangeant les cartes des sous-sols, bouleversant les connaissances géodésiques.
Le système libéral de production s’est emparé du monde entier au point que plus personne ne semble être en mesure de le modifier. Le socialisme ne jure plus que par la social-démocratie et s’est reconverti en parti du centre !
Dire que nous sommes fichus serait exagéré. Les exploitations diverses et variées, sans le souci de préservation, peuvent encore pousser la barque quelques temps, sans doute une génération. Après, ce sont nos petits-enfants qui vont trinquer. Ils n’élèveront certainement pas des monuments à notre mémoire. Et les quelques rares mérites dont nous pourrions légitimement nous prévaloir, ne tiendront pas devant la masse des inconvénients que nous leur léguerons.
Les bons et généreux parents d’aujourd’hui seront jugés plus tard comme des parents indignes, jouisseurs sans scrupules et irresponsables.

24 janvier 2014

Quenelle et flashball.

Je ne suis pas plus que ça amateur des jongleries verbales de Dieudonné. Je le suis quand même un peu plus que du troupeau docile des humoristes ; car l’homme court un risque et les autres aucuns. C’est visible qu’on le cherche et que le reste de la corporation ne moufte pas quand il a la justice, la police et les ligues aux fesses. Comme quoi, faire rire aujourd’hui, c’est un exercice nettement délimité par des fonctionnaires. Le monde de la vanne est bel et bien ce qu’on en voit, un ramassis de lâches aussi peu libres que Dieudonné de s’exprimer.
On a dit que Dieudonné était un salaud. Bon d’accord. Les salauds n’auraient pas le droit de se défendre en employant leur langage de salaud ?
Comment éduquer les enfants si on leur enlève la possibilité de découvrir aussi les salauds et connaître ce que les parents ont à leur dire pour leur éducation et leur donner ainsi les moyens d’apporter aux débats la réaction de l’honnête homme ?
Pendant la guerre de 40-45 on riait aussi, mais officiellement ce qui était autorisé était ce qu’on interdit aujourd’hui. Dieudonné y aurait peut-être fait un malheur et il se serait retrouvé à la place des comiques qui le descendent par tous les moyens. Mais le rire n’aurait pas été le même. Dans quelque société que ce soit, un comique doit pouvoir faire rire aussi contre le Régime dans lequel il vit. La télévision a salopé bien des choses.
Les programmes dits de divertissement sont écœurants de bêtise. Les présentateurs sont insupportables. Ces gens brassent du vide. Plus rien n’est d’une authentique et d’une insouciante gaieté. Les outrances de Dieudonné et les cris apeurés des autres s’y rejoignent. Il y a unanimité, les silences qui entourent la liberté sont terribles, plus que les bruits qu’on y fait.
Bien sûr que les « blagues » de Dieudonné sont douteuses. Elles le sont aussi parce qu’elles touchent une nouveauté (à vrai dire très ancienne), elles risquent d’éveiller des instincts populaires malsains et ranimer un culte imbécile des adolphins spontanés au sadisme d’une hystérie.

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Ce qu’on veut aujourd’hui c’est détruire complètement l’inventeur de la quenelle, le réduire à rien, l’anéantir dans sa robe traditionnelle, le massacrer à coups d’interdiction, d’exploits d’huissier, non seulement lui, mais encore sa famille, sa femme et ses enfants.
Au fait qu’on ne peut plus dire certains mots, s’ajoute les gestes qu’on ne peut plus faire !
À l’inconséquence des quenelles, les allusions à la shoah, les descriptions outrancières de certains Juifs, stéréotype de Schuss des gazettes sous l’Occupation, opposer une impitoyable poursuite de western des Autorités qui se prétendent seules capables de faire le tri entre ce que l’on peut dire et ce que l’on ne peut pas, c’est quelque part massacrer avec l’artiste, les citoyens dans leur droit de s’exprimer librement et d’user comme bon leur semble des mots se trouvant dans le dictionnaire.
Cette mise à mort porte en elle la crainte que le peuple ne sache plus faire la différence entre les nazis et leurs victimes. Et là, c’est penser que le peuple ne vaut rien et ne sait pas distinguer le bien du mal, le juste de l’injuste. .
C’est admettre que pour contrer les plaisanteries de mauvais goût d’un clown, il faut l’autorité de la loi. C’est finalement mépriser le peuple !
Et en même temps, c’est une discrimination de mauvais goût. Que dire, par exemple, de la goujaterie de Stéphane Guillon dans sa vanne sur Julie Gayet, et des autres rigolos à la curée de Valérie Trierweiler ?
Ce n’est donc pas la bassesse que l’on poursuit chez Dieudonné, ni le racisme, ni la délation, ni l’injure gratuite, encore moins la haine ordinaire, d’autres humoristes y ont été plus fort et ont été applaudis, mais uniquement l’antisémitisme.
On a découvert un antisémite qui va servir d’exemple pour l’antisémitisme des anonymes.
Et dans le fond, Dieudonné n’est pas plus antisémite que Bedos ou Guillon. Il a découvert un filon et il a voulu l’exploiter, comme les autres. Sa clientèle en a redemandé, et c’est parti.
La Justice française, Manuel Valls, les Ligues et les Trop-serrés-du-cul se foutent de nos gueules. On joue à des enfantillages en usant de la plus haute forme d’Autorité qui soit pour interdire. On passe des temps fous et on dépense l’argent de l’État pour condamner des mots, pendant qu’on tire à la kalachnikov dans les quartiers de Marseille, que des cols blancs raflent des milliards sans qu’on soit capable de les pincer, le monde politique magouille avec l’argent du contribuable, on augmente les taxes à tout va dans un État à la dérive.
Et malgré cela, on trouve le moyen de mobiliser la police, de commettre des juges, de mettre la presse au courant qui s’empresse d’en remettre, pour qui et pourquoi ?

23 janvier 2014

De Kiev à Davos.

Alors que la plupart des populations des pays fondateurs de l’Union Européenne se désespèrent du manque d’intérêts de leurs représentants pour le social, que des partis militent pour en sortir et que la Grande-Bretagne gangrène tout de l’intérieur, les candidats se pressent au portillon avec un désir d’intégration que nous ne partageons plus.
C’est le cas de l’Ukraine.
Le président Viktor Ianoukovitch est pro Russe avec l’accord, semble-t-il d’une moitié des Ukrainiens d’origine russe et importés en masse par Staline qui se méfiait des Ukrainiens de souche, le restant se rappelant la manière dont leur République était traitée par le petit père des Peuples, sont pour l’adhésion plus par détestation de l’Est que par l’amour de l’Ouest.
Bien entendu, la ligne de fracture qui traverse l'Ukraine ne peut se résumer à une opposition entre l'ouest ukrainophone et l'est russophone, même si la majorité des Russes importés par Staline ont conservé et développé leur langue, au point que la connaissance des deux langues dans ce pays est quasiment devenue nécessaire.
Cette question linguistique ne vous rappelle rien ?
Les Européens voient cela d’un œil rond, se demandant ce que les Ukrainiens nous trouvent. L’Europe est en panne. La pauvreté qui y règne est la preuve que le système économique est un échec. Les riches planqués dans les Grisons ont la tête ailleurs. C’est chouette quand on a des sous de négocier un rein de pauvre contre une machine à laver. On se file de bonnes adresses au cas où ? Voilà des sujets graves et importants dignes de Davos…
Ce conflit interne de l’Ukraine n’est pas sans nous rappeler qu’on ne mélange pas ainsi les cultures et qu’une injection massive des cultures extérieures au pays dans lequel vivent des populations depuis longtemps implantées, n’est pas sans danger, ni sans rappeler la politique imbécile de Fadila Laanan qui au lieu d’enrichir la culture locale des apports étrangers, s’est proprement investie dans un cloisonnement protecteur des cultures importées, détruisant ainsi toute intégration profitable pour les Communautés. De même on comprend mieux le ressentiment flamand devant le rayonnement de la langue française.
On ne pense pas à ça, place de l'Indépendance à Kiev.
A Kiev, on en est à la crainte que le régime pro russe n’use des moyens de la police pour susciter des affrontements. Déjà les manifestants sont convaincus qu’ils sont infiltrés par des individus cagoulés qui seraient chargés de provoquer l’émeute et qui s’allieraient aux casseurs.
On a déjà connu ça en Belgique lors des grandes grèves de 60-61 et pour l’affaire royale. Ce n’est donc pas une spécialité de Staline qui se serait transmise à Poutine ; mais le propre de toute société républicaine ou monarchique qui se voit acculée par les circonstances à faire la politique de l’autopompe et du lacrymogène, plutôt que dissoudre la Chambre et procéder à des élections.
Les mouvements de révolte, lorsqu’ils ne prennent pas tout de suite une forme de révolution s’essoufflent rapidement.

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Les Ukrainiens sont à un tournent, tout peut s’embraser ou s’éteindre venant d’un même mouvement et c’est inexplicable.
Si cela pouvait s’expliquer, vous pensez bien qu’Ianoukovitch… ou Di Rupo – si cela se gâtait en Belgique – se ficherait des mouvements d’humeur de la foule.
Mais, ils ne le savent pas. Ainsi, ils craignent que leurs exactions ne soient poussées au-delà de la capacité d’encaisser de la foule misérable.
Encore que Di Rupo soit toujours porté par la vague populaire, le pauvre est de plus en plus content du PS au gouvernement. Le président Ukrainien n’est pas dans le cas.
Le Parti des Régions qui soutient le Régime monte des contre manifestations en payant les participants et en leur offrant des transports gratuits. Ça rappelle des souvenirs du temps de l’URSS, et permet de montrer à la télévision d’État « les masses » favorables au Régime. Toutes les Agences photos savent comment filmer pour que ça paraisse plein ou à moitié vide. On n’a pas besoin d’aller en Ukraine pour savoir ça.
Que va faire le gouvernement ukrainien ?
Le référendum demandé par les pro Européens ne se fera pas, évidemment. C’est de bonne guerre. Comme en Belgique, Di Rupo a compris qu’un Référendum sur l’Europe pourrait tourner à sa confusion.
A force de comparer, mais c’est vrai que Di Rupo et Ianoukovitch sont les deux facettes d’une politique pas si éloignées que ça l’une de l’autre.
L’un est pro Russe et l’autre pro Américain et surtout, ce sont des dirigeants centristes amoureux de l’argent ! Tous les deux à Davos, dans le même hôtel, pourquoi pas dans la même chambre, et si en politique comme dans la vie, tout n’était qu’une affaire de sentiments ?

22 janvier 2014

Élio strategic partner.

La Com de Di Rupo pour les élections de mai a commencé depuis un certain temps déjà, au point qu’à « Sans chichis » le club d’en face s’est ému que la RTBF ait donné cette tribune à l’ineffable montois.
C’est vrai que la fatuité du premier ministre, l’extraordinaire conviction personnelle de ses hauts mérites, son « incomparable humilité » qui devient chez lui une forme d’insolence, ont de quoi énerver le MR, non pas que ce parti regorge de sages, pétris de tolérance et de sagesse, ces m’as-tu-vu s’impatientent qu’on les regarde pour se rengorger à leur tour. Les basses-cours ont des paons des deux côtés, et même des trois côtés, si on compte Milquet qui braille et criaille en bonne paonne.
C’est de bonne guerre que Di Rupo touche les dividendes de ses chouchous à la RTBF, RTL a les siens aussi qui ne sont pas les mêmes, sauf que la RTBF est un service public. Ce service vit de nos sous… les autres aussi, me direz-vous, le racket ne se fait pas de la même manière, c’est tout.
Monsignore de Mons ne les laisse pas souffler. La Belgique est trop petite pour ses immenses mérites. Le 22 janvier, Roublardo se saisit d’un porte-voix et compte bien s’en servir à Davos.
Sous prétexte de vanter les mérites d’une Belgique frissonnante de bonheur à la perspective de recoller au peloton des bons élèves de l’Amérique, Roublardo y va surtout énoncer la liste de ses mérites de social-démocrate profond, afin de rassurer nos hardis conquérants de la volonté de croissance qui nous anime tous.
Entendrons-nous à nouveau tonner le tocsin du côté du MR pour cette nouvelle provocation de l’illustre « pulcinella » ?
Non, non.
Je sens qu’on va encore déguster une de ces factures ! Il faudra bien retenir ça sur le salaire des chômeurs ! On ne va pas mégoter la mayonnaise qu’on met sur les frites dans les notes de frais. Le beau pognon de nos sueurs pour coller à Davos dans le peloton de tête, va couler à flots.
Mais, ça c’est normal. Didjé, quand la situation sera redevenue « saine » et qu’il sera à nouveau grand argentier, voire ministre adjoint de Bart De Wever, le futur fin diplomate du Davos de demain, ce sera lui.
La carte d’entrée au sommet de Davos coûte la peau des fesses. C’est une manière d’éviter que les croquants s’invitent au bal. Il faut être membre du Forum économique mondial. Les niveaux d'entrée sont fonction du prix acquitté. Comme au football, les tribunes de face coûtent plus cher que derrière les goals.
Restez assis et reprenez du souffle avant ceci : il faut débourser 115 000 euros pour accéder au niveau qui permet d'entrer là où la présence de la presse n'est pas autorisée et où les membres discutent entre eux. Et jusqu'à 389 000 euros pour être au niveau de « strategic partner ». Un prix qui garantit la confidentialité des échanges.
Tout ça pour dire, qu’on a pris la meilleure option, avec coupe-file, porte dérobée et acclamations à volonté.
Évidemment, Di Rupo ne va pas rester sur sa chaise réservée à son nom pendant les trois jours du rallye. Il va falloir qu’il se distraie dans un hôtel qui ne peut pas être un relai routier. Ces dépenses peuvent osciller facilement entre 15 000 et... 200 000 dollars. Et encore les prix sont sans bunga bunga ! Être accompagné d’une drôlesse qui sait rouler des fesses est un avantage certain. C’est même recommandé. Dans notre cas, ce serait pour de la figuration.

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Des envieux ont souvent critiqué le barnum économique de Davos. C’est comme notre Club Lorraine, mais en plus chic. La très sélecte station de ski suisse des Grisons ne dépaysera pas notre illustrissime seigneurie. C’est une mise en jambes pour Mons Kultuur. L’artiste envisage dans deux ans de doter le doudou de poils de cul en or. C’est dire qu’il va prendre des leçons en Suisse, pour ne pas décevoir ses concitoyens. .
Nul ne doute que Doudou 1er reprendra des forces dans cette « Orgie d’auto-adoration » comme titre Le Monde.
Il paraît que les vrais riches n’y mettent plus les pieds et que nous fichons notre argent en l’air ! Au moins avec Didier, on était mieux représenté. Notre chef à tous ne sait même pas skier !...

21 janvier 2014

Carnets mondains.

Ça se décore terrible entre grands responsables.
L’armoire des médailles est à portée. On compte les écrins, les écharpes. Les gens qu’on décore sont rarement contre le système.
À la Belle Époque, à partir d’une certaine rente, tous les bourgeois étaient décorés.
Il y a aujourd’hui la Légion d’Honneur et les grand’s croix de Léopold, qu’on distribue de pote à pote, de ministre à ministre. Or la décorite est une maladie qui ronge aussi les inférieurs qui rêvent d’en épingler. Alors quoi, les mecs, laissez-en un peu pour ceux qui n’en ont pas les moyens, mais qui en meurent d’envie !
Sarko décore Reynders d’une décoration française qui va lui permettre d’arborer une petite rosace à la boutonnière de son veston. Aussitôt, Reynders décore Sarko d’une médaille de Commandeur de l’Ordre de Léopold.
Les petits qui admirent les grands, enfin ceux qui aiment ça, pourront se brosser. Il n’y en a que pour les politiques.
La remise de cette haute distinction belge, que Didier REYNDERS a comparée à la Légion d’Honneur française, dont elle est d’ailleurs inspirée, a eu lieu en l’Hôtel des Finances de la rue de la Loi devant un parterre de personnalités du monde politique, dont plusieurs Ministres, et des milieux d’affaires, comme Albert Frère et Gérard Mestrallet, le PDG du Groupe Suez, ou encore Guy Quaden, le Gouverneur de la Banque Nationale. Du beau linge déjà archi décoré, mais pas encore repu !
La remise de la décoration fait partie d’un rite de la société bling-bling.
La cérémonie ne date pas d’hier. Celle de Sarko/Reynders résumait toutes les autres. Elle était résolument placée sous le signe de la bonne humeur, les deux Ministres qui se connaissent bien et qui partagent une passion pour le cyclisme, Nicolas SARKOZY affirmant sur le ton de la plaisanterie qu’il « enviait » son homologue belge.
Donc, qu’est ce que c’est que cette médaille, et quel est l’ordre de Léopold ? S’il faut en croire ce qui en a été dit, c’est une consécration des gens au sommet, une sorte de récompense pour des Galibier fictifs des importants, qui aiment la bicyclette, mais qui ne gagneront jamais le Tour de France.

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La description du bijou a le mérite d’entrer dans les détails. La décoration de l’Ordre consiste en une croix blanche émaillée portant une guirlande de laurier et de chêne entre chacune des quatre branches. Le centre est constitué d’un écusson émaillé entouré d’un cercle rouge entre deux petits cercles d’or, avec à l’avers, les armes du royaume et la devise en lettres d’or en exergue et au revers, le chiffre du Roi Léopold Ier, composé de deux L et de deux R. Le tout est surmonté d’une couronne royale. On se croirait chez un couturier parlant de sa collection.
La couleur choisie pour le ruban est le violet Amarante. Cette décoration est l’équivalent de la Légion d’Honneur en France. Certaines personnalités françaises ont été reçues dans cet Ordre de Léopold Ier pour leur renommée internationale, ou pour services rendus à la Belgique et ont été promus directement au grade de Commandeur, dont : Edgard de Larminat, Hélène Carrère d’Encausse, Maurice Druon, Béjart, etc.
Tout ça pour dire que les socialistes depuis qu’ils sont devenus centristes ont enfin droit aux décorations et qu’après Elio Sans-Chichis, c’est au tour de Fadila Laanan pour sa prestation de ministre de la Culture de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Fadila Laanan, sera décorée de la Légion d'honneur le 28 janvier prochain à la résidence de France à Bruxelles,
La ministre de la Culture et de l'Audiovisuel depuis près de dix ans, s’est fait une spécialité de hisser des pseudo-cultures au sommet, en déboulonnant ce qui restait d’authentiques dans la culture contemporaine en décourageant les artistes non rémunérés par le système ! C’est ce qu’Élio de Mons appelle : participer de la sorte au rayonnement de la culture francophone.
On parle déjà d’un grand engouement médiatique,
La Légion d'honneur, instituée par Napoléon Bonaparte en 1802, ne pouvait tomber que dans les mains d’une social-démocrate, à l’heure de la réconciliation du fric de gauche avec le fric de droite, dans le souvenir d’un des plus grands massacreurs de tous les temps.

20 janvier 2014

Barak qui ?

Barak Obama aura déçu plus de monde qu’il n’en aura convaincu à l’issue de son dernier mandat, non seulement dans son pays, mais encore ceux qui s’enthousiasmaient pour lui en Europe.
Le Président des États-Unis fera probablement sa dernière visite en Europe en février, lorsqu’il se rendra à Bruxelles pour rencontrer les chefs d’État de l’Union européenne et ses dirigeants. Pour l’occasion ce sera le moment d’une sorte de résumé de ce qui n’a pas été fait et même de ce qui a été raté Outre-Atlantique, dans le cadre de ce mandat.
Il est quand même paradoxal dans ce pays si prodigue en sentiments de la liberté, qu’il soit autant préoccupé d’utiliser des méthodes de gestion si éloignées des libertés fondamentales.
Les Européens sont au premier chef les victimes de cette hypocrisie. Les révélations de l’espionnage de la NSA de tous les citoyens européens à commencer par leurs responsables sont proprement hallucinantes et n’ont été que modérément condamnées par Barak Obama, au point qu’avec les progrès des techniques, la NSA soit encore plus efficace dans les années à venir.
Ce qui n’a pas été dit dans les « regrets » de Barak Obama concernant cet espionnage, c’est le formidable intérêt que l’industrie américaine en retire sur les recherches et les techniques de production, les brevets et le développement dans leurs applications industrielles. Il est évident que la NSA partage ses découvertes d’espionnage systématique avec les grands groupes de l’aviation, de l’automobile, de l’industrie lourde et pétrolière, etc. des USA.
Quant à l’espionnage des citoyens américains par la NSA, c’est l’arroseur arrosé et qu’il faille en arriver à contrôler tout le monde pour une poignée de terroristes, en dit long sur l’incapacité de ce système à s’ouvrir sur une vraie liberté. La NSA a bien violé la loi entre 2008 et 2011, en interceptant illégalement des courriers électroniques d'Américains sans liens avec le terrorisme. Et, mine de rien, malgré tout, ça continue, selon Snowden, mais en plus feutré.
L'année 2013 ne sera pas retenue comme la meilleure du Président. Son record d'impopularité 39% d'opinions favorables, en dit long.

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Malgré des annonces terrifiantes sur l’usage des armes à feu par l’exploitation des faits-divers, le débat sur la légalité des armes aux Etats-Unis n’a pas évolué. Les « mesures significatives » que Barak Obama réclame dans ses discours ne servent à rien. L’Américain moyen entend s’équiper et un immense arsenal qu’il est impossible de quantifier est aux mains des particuliers. Un plan prévoyant de nombreuses mesures, notamment la généralisation des contrôles d'identité et des antécédents judiciaires et psychiatriques avant l'achat de toute arme, n’a pas pu être appliqué, en partie, à cause des usages liés aux conditions de détentions d’armes particulières à chaque État.
Échec d’Obama aussi dans la guerre diplomatique entre la Russie et les USA concernant la Syrie. Les événements sembleraient donner raison à Poutine et Bachar El Assad passe désormais pour un rempart à l’expansion de l’intégrisme musulman d’Al Qaïda, même si l’affichage qu’il n’est qu’un dictateur sanguinaire persiste. L’intervention américaine en Irak et l’éviction de Saddam Hussein donnent évidemment à réfléchir sur les conséquences d’une action militaire en Syrie.
Les séances de muscu avec la promesse d’une exclusion de l’aviation syrienne du ciel et les « révélations » sur l’emploi des armes chimiques du Régime ont disparu du discours américain, comme dans celui du président Hollande pour la France.
Autre fiasco de la politique de Barak, la crise interne sur le budget de l'Etat fédéral. On se rappelle le "shutdown", le chômage technique pour une partie des employés de l'Etat et la fronde des Républicains s’opposant directement au Président.
Obama allait imposer une réforme de la santé permettant une couverture santé pour les plus démunis. C’était la pierre angulaire de sa réélection. L'"Obamacare" débuterait le 1er octobre 2013. Les pauvres n’ont rien vu. Les puissants intérêts des holdings de la santé et des produits pharmaceutiques ont triomphé. Barak Obama a fait machine arrière.
Comme quoi on peut être un président « attendu » dans l’enthousiasme et finir dans la catégorie des « has been » comme les Bush père et fils.
Restent les difficultés dans le camp Démocrate, la prochaine élection du candidat à la présidence en promet pour celui qui sortira leader à l’issue des Conventions. La difficulté sera de faire oublier les ratages d’Obama. Si, comme on le croit, c’est Hilary Clinton, le poste suprême n’est pas encore gagné.

19 janvier 2014

Socialiste sans-chichis ?

S’il ne rompt plus avec le capitalisme, François Hollande s’est arrangé pour ne pas paraître rompre avec le socialisme. Pourtant, beaucoup trouvent qu’il n’y a plus compatibilité après son discours. Il a bel et bien rompu.
Il n’y a pas un micron de différence entre la position française et la belge dans ces deux partis frères. Élio Sans-Chichis a probablement rompu avec le socialisme aussi. C’était le jour où il est parvenu à recoller les morceaux d’une Belgique en lambeaux. Il l’a fait au prix de « son » socialisme. C’était le prix à payer pour devenir premier ministre.
À présent, il doit donner des gages de bonne volonté chez ses nouveaux « amis ». Cela s’appelle détricoter les services publics, réduire les effectifs de fonctionnaires et gérer les entreprises publiques la Poste, les chemins de fer et Belgacom, comme Mittal se comporte vis-à-vis des syndicats.
La crise et la notion de « rentabilité » arrivent opportunément pour que les derniers grands bastions du pouvoir public s’administrent selon les critères du secteur privé. Ainsi la revente des derniers « bijoux de famille » se fera comme un bon coup de bourse, « parce qu’on ne saura faire autrement », c’est dans l’air du temps.
Nous allons vers une vie à l’américaine, « sans filet » pour les plus démunis et injuste pour les travailleurs, les artisans et les commerçants du bas de l’échelle.
Comme les grandes entreprises et les holdings internationaux usent et abusent de l’argent public et des facilités dans les entreprises concurrentes à celles que l’État conserve encore, nul doute que l’appréciation de la gestion du privé soit toujours meilleure à celle du secteur public. D’où l’idée éminemment libérale que la richesse se crée principalement dans les entreprises privées.
Le socialisme activiste donc « moderne » a surfé depuis les années 90 sur la vague libérale amenant à des changements notables dans ce qu’on imagine être le rôle de l’État. Comme une idée est lente à éclore dans l’opinion et que la propagande libérale a mis le paquet afin de brouiller les pistes, malgré les crises financières, les activistes du centrisme ont gagné.

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Du rapprochement d’une gauche centriste, d’une droite décomplexée, les frontières sont devenues floues, la preuve, l’arc-en-ciel des partis de la majorité gouvernementale en Belgique étonne toujours l’étranger.
On croyait qu’après les scandales financiers, Lehman Brothers ayant ouvert le bal, les citoyens et les politiques seraient plus avisés et auraient un regard critique sur la situation économique. Il n’en est rien. Le PS pense que «renouer avec le collectivisme» serait une «erreur historique » !
Tous les discours qui appellent à la croissance appellent aussi à l’orthodoxie capitaliste. On en sortira si nous sommes vertueux entend-on venant aussi bien de la droite que de la gauche dans les allées du pouvoir.
Vertueux dans le sens de « surtout ne touchons à rien », c’est-à-dire dans le respect du système. On pense même qu’en aidant l’économie à se requinquer, on fera œuvre utile, quitte à laisser un bon quart de la population à la traîne sinon dans la misère et pour bien longtemps.
Les socialistes sont passés maître dans l’art de l’esquive. Ils font semblant de répondre à une question qui ne se pose pas (l’affaire Dieudonné exagérée à l’extrême), puis ils attirent l’attention sur un danger inexistant pour faire croire qu’ils jouent un rôle de rempart.
Il est également facile, après avoir tout fait pour céder à l’Europe un maximum de la gestion du pays, de se lamenter ensuite de n’être plus entièrement libre de mener la politique économique de la Belgique que l’on souhaite.
Les confusions de genre, le flou entre la gauche et la droite, le consensus sur l’économie, déroutent évidemment l’électeur.
Les socio-démocrates ont-ils conscience que leurs schémas sont dépassés ?
Le retard qu’ils font prendre aux modifications possibles du capitalisme dans l’économie de marché est déjà du plus funeste effet sur l’organisation sociale et sur ce qui reste de la démocratie.
La foi en la croissance est devenue un nouvel intégrisme. Le PS y officie aux côtés des libéraux. Sans-Chichis nous fait une crise de mysticisme. Il devrait lire un peu plus et moins fréquenter les salons.

18 janvier 2014

Une politique « moderne » ?

Il y a 4 jours, François Hollande au cours de la conférence de presse de l'Élysée, a confirmé qu’il était social-démocrate, ce que tout le monde savait déjà.
Au PS belge, Di Rupo, Magnette et Onkelinx n’ont jamais été aussi loin que Hollande dans la franchise. Si bien qu’on les sait sociaux-démocrates, mais ils se sont toujours bien gardés de l’affirmer, espérant conserver par cette ambigüité l’estime électorale des laissés pour compte. Peut-être seront-ils encouragés à plus de courage par leur illustre voisin ?
Quand on les interroge sur leur implication dans un système politique complètement aspiré par les « impératifs » d’une économie capitaliste, ils argumentent que c’est la meilleure manière de conserver les acquis du passé.
Au vu des événements, il n’est plus du tout certain qu’une entente avec la droite et le pouvoir économique, maintienne ces acquis.
C’est tout l’argumentaire du PS qui s’écroule.
Les pouvoirs économiques et le mouvement libéral dans son ensemble craignent davantage un grand parti de gauche dans l’opposition qu’au sein des décisions. Et il n’est pas dit qu’avec d’autres dirigeants plus fermes, le PS en-dehors du gouvernement n’obtiendrait pas davantage de résultats par peur de l’agitation sociale, que dans une collaboration de classe.
Mais « nos » socialistes sont comme Hollande, ils ont abandonné un idéal – certes utopique, mais les idéaux ne sont-ils pas par nature utopiques ? – pour la croyance que le remplacement du capitalisme est impossible et que tout ce que l’on peut faire, c’est apporter des correctifs « humanitaires ».
Ce courant de pensée ne date pas d’hier. Celui qui l’a abordé le premier franchement dans l’après-guerre est Paul-Henri Spaak. Il a fini du reste par glisser du socialisme au libéralisme, sans être parvenu à entraîner le PS derrière lui.
Le trio de pointe cité plus haut est en train de gagner le pari perdu de Paul-Henri Spaak.
La social-démocratie s’entend en 2014 comme un socialisme démocratique « moderne », glissant au fil du temps, d’un courant politique de gauche à un courant centriste acceptant l'économie de marché.

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La résistance à gauche se rassemble autour de la notion de rupture avec le capitalisme. Bannir l'exploitation par la propriété sociale des moyens de production et d'échange reste un vieux rêve, un idéal qu’il sera difficile à un social-démocrate d’enlever du cœur des hommes. On a cru longtemps après les Trente Glorieuses, que la social-démocratie finirait pas l’emporter.
Il n’en est rien.
La crise a rebattu les cartes et démontrer l’incapacité du système capitaliste à repenser l’Homme à travers ses crises économiques. Le spectacle est édifiant : une nouvelle paupérisation s’amorce alors qu’une fraction infime de la population augmente sa fortune.
La définition de Jacques Delors de la social-démocratie qui serait un double compromis entre l'État et le marché d'une part et entre le patronat et les syndicats d'autre part, ne tient plus la route, puisque le marché et le patronat issu de ce « pacte » entendent bien démontrer leur suprématie sur les deux autres, en se dissociant de leur partenaire respectif.
Voilà pourquoi les propositions de Hollande dans un nouveau deal à trois (État, patronat, syndicat), n’a aucune chance d’aboutir à des résultats positifs.
Ainsi vidé de sens, le réformisme se trouve confronté à un autre « réalisme ». Globalement la part dite salariale du travail diminue au profit du capital. Tout accord est une imposture puisqu’il consiste surtout à diminuer les salaires et négocier les départs. La paix sociale s’achète au prix des concessions sur les préavis en partie payés par l’État.
Des milliards de gens sont intimidés par quelques milliers d’autres pour un avenir incertain.
Que se passera-t-il en France quand le projet de Hollande rendra l’âme ? Et quand bien même rejoindrait-il l’Allemagne dans la compétitivité des entreprises, Hollande croit-il réduire le chômage de façon significative ? Le PS belge en est persuadé.
Une vision des USA « en pleine reprise » fait froid dans le dos, celle de l’Allemagne n’est pas plus belle à voir. C’est vers ces modèles que Hollande et Di Rupo veulent nous conduire !
C’est inespéré pour le capitalisme mondial, qu’il puisse dans les démocraties compter sur les socio-démocrates. Quand les citoyens seront désenchantés, iront-ils avec la complicité du PS, jusqu’à trafiquer le suffrage universel ?

17 janvier 2014

Quand Franz est Charles !

La Rome antique avait son "poeta laureatus" notamment accordé à Horace. Nous ne pouvions être en reste. Aussitôt l’Histoire ancienne ânonnée par nos illustres, des voix se firent entendre afin que nous meublassions notre Parnasse. C’est chose accomplie. Nous héritons par fantasmagorie élective et spéciale d’une consécration nouvelle, celle d’un poète national ! Comment et par qui est-il désigné à l’admiration des foules patriotes ?
C’est comme le Goncourt ou le Renaudot, ça restera un mystère.
Ô gloire de l’éphémère qui va hisser au sommet de l’Olympe, un poète en ces temps de grande misère intellectuelle.
Qu’on se rassure. Qui pourrait citer de mémoire dix membres actuels de l’Académie française ?
Les journaux nationaux et régionaux manquent d’imagination à propos de cette lubie du « poète national » en instance de création. L’information est passée tout à fait inaperçue.
Idem pour la photo de l’heureux élu : Charles Ducal (alias Franz Dumortier), Flamand de Leuven de pure souche, qui s’était pourtant fait la tête d’Arthur Rimbaud dans sa période africaine, pour être assimilé au monument. Dans un pays aussi peu porté sur la poésie, avoir un poète national, il fallait le faire.
Le jour de l’annonce était mal choisi. Il coïncide avec le lendemain de la conférence du crack français Hollande, en futur couple avec Julie Gayet !
On ne se posera plus de questions sur la formidable attraction qu’exerce le pouvoir suprême pour les femmes. Voyez Hollande. Il ne paie pas de mine. Pourtant !... Ségolène, en son temps, c’était un beau morceau, Valérie a quelque chose dans le déhanchement et la dernière Julie, pardon, c’est un canon. Il ne restera plus au président de la république, pour parfaire son tableau de chasse, qu’à coucher avec Miss France 2014.
Alors vous pensez, Franz, le barde flamand… l’aubaine auprès des dames, poète officiel ! Pourtant qu’il ne se fasse pas trop d’illusions, tel Cyrano « à la fin de l’envoi, je touche ! », il risque plutôt la gifle en touchant. Charles Baudelaire van Dumortier-Ducal, on s’en tamponne ! Ah ! s’il avait eu une aventure avec Nabila, et conçu le poème « Allô, quoi ! » on en aurait parlé.
Sans-Chichi de Mons aura soufflé la chose à Fadila Laanan : – Camarade Fadila, trouve-moi quelque chose pour la future capitale de la culture ! L’autre s’est extirpée de la forêt de nounours qui encombre son divan et « Poète prend ton luth », on est reparti sur le chemin du ridicule. – Si on faisait un truc plein d’alexandrins, de césures et de rondeaux ? Ça serait pas de la quenelle, mon fils, mais de la vilanelle…
Franz, le castar des Lettres, a 62 ans comme le dit sa biographie « Hij debuteerde in 1987 met 'Het huwelijk', een dichtbundel die opviel door de cynische toon, de strakke vorm en de bijbelse referenties. » Je sais, dit comme ça, ce n’est pas un embarquement en yole pour Cythère, mais en marie-salope conduisant les ordures à l’incinérateur.

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On ne sait pas qui a découvert le phénix rongé par la rime comme par l’urgence d’un besoin que l’on fait sous soi. Pour un boulot pareil, va-t-on le payer moins que la pédégère de Belgacom !
Car Franz, pardon Charles… le poète, a un cahier des charges. Il ne doit pas trop traîner sur le travail « au moins six textes par an durant les deux prochaines années, textes qui seront traduits dans les trois langues nationales. »
Et ce n’est pas tout. Il faut qu’il soit respectueux des frontières linguistiques et aérien dans son style ! Il doit vérifier que les belgicismes qu’il emploie soient traduisibles dans les trois langues. Pas question de zwanzer en bruxellois !
Les asticots qui ont trouvé que Charles ferait l’affaire, sont les mêmes qui ne se prennent pas pour de la crotte. Ils giclent des bidons de cirage à reluire des hauts lieux de la belgitude : « La Maison de la Poésie et de la Langue Française de Namur, le Poëziecentrum de Gand et le Vonk Er Zonen anversois ».
O! 't ruisen van het ranke riet!
o wist ik toch uw droevig lied!
wanneer de wind voorbij u voert
en buigend uwe halmen roert,
gij buigt, ootmoedig neigend
Laanan se pâme, Sans-Chichi a ses vapeurs, le debuteerde de 87 se rengorge. Par contre, j’en connais qui vont faire la gueule : les poètes liégeois écartés du service par Sans-Chichi qui tient à plaire aux Flamands pour son Mons-Kultuur.
On s’attend à ce que la Maison de la poésie d’Amay porte-plainte. En voilà qui vont s’aigrir les sangs. Il va y avoir des suicides…
Quand je pense à ma petite chérie, les beaux vers qu’elle nous déclame de sa voix d’ange, si impérieuse et pourtant si câline dans le grenier d’Amay… et en même temps, je ne suis pas fâché, chère B. L. de votre obscurité. Plus vous le serez, moins vous serez une proie facile pour ce brigand de Hollande !...

16 janvier 2014

Retenue et retenues.

Je ne vais pas refaire la conférence de presse de Hollande. Il y a des spécialistes pour ça. Ni saluer la performance d’un type qui parle près de trois heures, apparemment sans beaucoup de notes. A ce propos, j’ai ma petite idée. Les papiers qu’on sort des poches, qu’on étale et puis qu’on tripote, à ce niveau c’est dépassé. Le président devait avoir un écran d’ordinateur branché sur des spécialistes en coulisses. D’abord son discours a défilé par la fonction prompteur, puis les questions qui exigeaient des réponses précises étaient aussitôt reprises par la coulisse qui transmettait les chiffres et les statistiques ou, mieux encore, envoyait sous le nez de Hollande un texte qu’il avait lui-même revisité au préalable s’attendant à ce que ces questions fussent dites.
Si c’est cela, sa performance est tout à fait relative.
L’acteur sans mémoire a l’oreillette, pourquoi le président de disposerait-il pas d’un autre antisèche ?
Dans sa réponse aux vœux du président Hollande, je parie à trois contre un, que le président de l’Association des Journalistes a posé la question qui fâche à la demande de l’Élysée à propos de « l’affaire Gayet ». Ainsi, ce préliminaire coupait l’herbe sous le pied à tous ceux qui rêvaient de « se faire » le président.

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Il a coupé court au tumulte médiatique provoqué par les révélations sur sa vie privée. Il ne répondrait à aucune des questions sur ce sujet, se bornant à dire qu’il prendrait une décision ultérieure et notamment avant le voyage aux USA le 11 février, au cours duquel il doit rencontrer le couple Obama.
L’affaire « Gayet », encore que ce ne soit pas l’affaire de cette belle comédienne dont il faudrait parler, mais de l’affaire Hollande, pose la question de savoir s’il est possible de gouverner à partir du moment où le président n’est plus respecté ? On se souvient des sifflets du 11 novembre sur le passage du président, et maintenant cette love story qui met la présidence au niveau des aventures de Berlusconi.
Pour le reste, à ceux qui en doutaient encore, François Hollande est social-démocrate, comme Schröder et comme Blair.
Décidément, ces socialistes m’étonneront toujours. Ils ont l’art de changer d’avis et de couleur, selon qu’ils sont dans l’opposition ou au pouvoir. Hollande a tourné le dos à la gauche et montre son goût pour le néolibéralisme.
Il faut dire à ce propos que Di Rupo, un autre spécialiste du double axel, est passé de social-démocrate lorsqu’il était dans l’opposition à libéral bien bleu.
Deux annonces chocs sont à souligner rapportées par le Huffington Post « son pacte de responsabilité qui passera par la suppression pure et simple des cotisations familiales (les prestations seront financées autrement) et la réduction de 50 milliards de la dépense publique d'ici à la fin de son quinquennat. »
Les cotisations familiales étaient une conquête des travailleurs. Les patrons étaient mis à contribution afin de rétablir un équilibre du budget entre les ménages qui avaient des enfants et ceux qui n’en avaient pas.
Si ce n’est plus le cas, qui va payer ? Vont-elles être diminuées pour tous ou distribuées à la proportionnelle des revenus ?
Quant aux 50 milliards de la dépense publique, il n’y a pas de miracle, ou plutôt si, il en demande un, ce serait que la machine reparte et embauche à tout va.
En définitive, si le président français demande un peu de retenue sur sa vie privée, il aura prêché d’exemple en pratiquant beaucoup de retenues sur les salaires des travailleurs. Et de ce côté-là, ça m’a tout l’air de ne pas être terminé.

15 janvier 2014

Nicolas Bedos, l’arroseur arrosé.

Nicolas Bedos a cru qu’en hurlant avec les loups, il pouvait passer pour un bon humoriste, enfin quelqu’un à qui on ne l’a fait pas.
Dieudonné qui était par terre, était-ce le moment de lui filer une mandale ?
Je n’irai pas jusqu’à dire que c’était à ça que Nicolas Bedos pensait en présentant une facette de son talent devant le public de Ruquier, mais tout de même !...
La merguez de Bedos dans sa chronique pour l'émission "On n'est pas couché" diffusée sur France 2, avait quelque chose d’excessif qui en faisait plutôt un boniment de foire pour la présentation d’un monstre exceptionnel, qu’une réplique, en plus fin, à des textes d’un pseudo-humoriste classé subversif sur ordre de Valls.
Ne sait-il pas, le malheureux, que les monstres fascinent et que les bonimenteurs sont leurs faire-valoir ?
Pourtant, j’avoue avoir bien ri l’autre dimanche dans les premières minutes du sketch de Bedos. C’était bien parti. Hélas ! le comique français ne sait pas faire court. Il s’admire trop pour faire sobre. Alors, il devient ringard ou odieux. C’est ce qui est arrivé à Bedos.
Avoir à côté de soi un chauffeur de salle comme Ruquier est plus gênant qu’autre chose. En effet, après les premiers moments de surprise, le rire de l’animateur avait quelque chose d’outré qui devait sans doute encourager Bedos à en remettre, mais qui devint bientôt très vite dur à supporter à Natacha Polony et aux deux autres compères, à ses côtés.
A la quenelle, Bedos opposait la merguez. Si la première sent son petit fasciste, la seconde était plus vulgaire que déstabilisante. La difficulté quand on veut faire un portrait charge d’un humoriste, c’est d’éviter de trop en remettre par rapport au modèle qui l’est déjà, le public ne s’y retrouve plus.
Le petit cador des rues, maghrébin et inculte, imaginé par Bedos pour dire toutes les horreurs possibles sur la shoah et les Juifs à sa place, est tellement poussé à la caricature, qu’il ne doit pas en exister plus de deux ou trois de ce type sur le pavé parisien.
Ce qui fait que le public pourrait penser que Bedos s’est défoulé en dévoilant les sucs indigestes de son propre fonds de commerce.
Si c’était pour démontrer que Bedos en connaît plus que Dieudonné sur les Juifs, c’est réussi. En somme, Bedos serait un antisémite rentré, on devrait au moins en supposer la possibilité, après avoir vu le sketch.
Bedos affublé d'une barbe et d'une moustache postiches laisse entendre que l'interdiction du spectacle de Dieudo n'était pas la meilleure idée: "C'est la méthode François Guillon, tu te fais censurer, et tu deviens le Jean Moulin de la rigolade française direct".
La suite est moins réussie. Nicolas Bedos enfile les blagues racistes et antisémites en prenant les beurs pour des cons. C’était d’un parfait mauvais goût. Natacha Polony avait l’air mal à l’aise. Je l’étais aussi.

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Reprocher à Dieudonné de régler ses comptes dans ses sketchs et en faire des tonnes, voilà une bonne méthode pour entrer soi-même dans la mise en boîte.
Par ailleurs, dans une interview précédente, Nicolas Bedos donnait des conseils aux pourfendeurs de Dieudonné « il faut redoubler d'impertinence et ne pas lui laisser le monopole de la provocation, à condition d'avoir du fond. »
C’est justement ce qu’il n’a pas.
Et j’en suis triste pour lui.
J’appréciais bien ces chroniques sur Marianne France, avant que Vrebos reprenne le magazine pour la Belgique et en faire un papier à mettre aux chiottes.
« Asu Zoa », le nouveau spectacle remplaçant « Le Mur » interdit est, en gros, la compilation de l’ancien (à ce qu’on dit), moins les quelques mots qui ont fait tiquer les ligues et Manuel Valls.
Le résultat qui n’est peut-être pas voulu est inespéré pour l’humoriste censuré. Le sous-entendu a beaucoup plus d’impact que l’attaque frontale. Un silence vaut dix fois un mot de trop comme shoah ou chambre à gaz.
Mais, comme on ne peut interdire un spectacle pour ses non-dits et ses silences, on a l’impression que ce sont les autorités qui se sont fait avoir.
Si bien que, ce pauvre Bedos, sa merguez et tout le mal qu’il s’est donné pour l’envoyer à son destinataire, j’ai bien l’impression que c’est lui qui l’a dans le cul.

14 janvier 2014

Un as du veston réversible.

L’ex Gros d’Anvers exploite depuis peu un autre filon que celui du flamingantisme for ever, tout de même lié à son idée de confédéralisme.
Bart n’exige plus qu’à terme la Flandre devienne indépendante, de même le baratin sur la sauvegarde de la langue. Tout ce cirque, c’est du passé.
Di Rupo a fait le ménage. Le flamand est la première langue nationale, en attendant qu’elle soit la seule, d’Ostende à Arlon. La flamendisation de la périphérie bruxelloise est bien entamée.
Le thème que bat les tambours de la N-VA, c’est qu’elle n’est pas asociale. C’est bien la politique fédérale qui l’est. Qui la pollue, cette politique fédérale ? Mais le PS, qui participe depuis un quart de siècle à tous les gouvernements.
Comme si Di Rupo n’avait pas viré libéral et fait le larbin du MR depuis qu’il a repris le fonds de commerce de l’État au bord de la faillite, faisant une spin-off de la boutique selon les joyeusetés du pur libéralisme, sans aucun résultat, il est vrai !
Mais non, d’après l’inspiré du grand port, c’est Monsieur de Mons qui aurait corrompu MM. Michel et Reynders et rendu malheureux Alexandre De Croo !
On se demande à qui il pourra faire croire ça ?
C’est ainsi que la N-VA souhaite engager, après les élections, des réformes socio-économiques radicales ( ?) et ce de façon que même revenant aux affaires à la législation suivante, Di Rupo ou un quelconque amuseur montois ne puisse réduire à néant le monument d’intelligence que De Wever nous prépare.
La belgitude nouvelle – c’est-à-dire à la flamande – aura le choix entre le passé exécrable et le futur essentiellement N-VA, financièrement en équilibre.
Dans son discours de nouvel an à Gand, le candidat Bart a pratiqué l’anaphore. Dix « asociaal » contre dix « sociaal », les premiers sont les résultats accablants du citoyen d’honneur de San-Valentino, les seconds marquent une étape importante du destin de l’incomparable d’Anvers.
Il termine par… c’est trop beau… je laisse savourer par les lecteurs, cet atticisme de la langue, tellement évocateur qu’il me transporte sur un wharf en train de sortir des caques de harengs du « Groote Lulu », caboteur cabotinant.
’’Want het Belgische recept van Di Rupo – niet besparen, het geld sneller uitgeven dan de economie kan groeien en meer belastingen – is het recept voor rampspoed. Het is tijd voor een ander beleid. Het is tijd voor een ander land. Wij hebben nood aan verandering. Verandering om terug vooruit te gaan.”
On dirait le couplet final de la Walkyrie. Il n’y manque plus que Bart en Wagner.
Justement, Reynders adore la musique de la langue et comme le ministre des affaires étrangères ne supporte plus Di Rupo et les socialistes, il se verrait très bien vice-premier d’un Bart triomphant.

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L’ex gros voit le pouvoir d'achat de chacun sous pression, de plus en plus d'impôts, pour de moins en moins de résultat, énormément de charges sociales, selon lui, c’est le pouvoir essentiellement socialiste qui nous a conduits là !
Je croyais naïvement que c’était le capitalisme exacerbé et le libéralisme imbécile qui nous ont foutus dans de sales draps. Eh bien non ! la crise n’est due qu’à Di Rupo, rallié à la dernière minute, trop tardivement, aux acquis de la démocratie grâce au libre échange de la galette.
Franchement faut-y être bête pour croire ça !... Réponse : 35 % de Flamands !
Ça m’inquiète d’avoir autant de débiles mentaux de proximité, jusque sous mon nez dans les Fourons, à Tongres, partout !
L’artiste veut prendre des décisions difficiles (méfiance). Les décisions sont dites difficiles, quand c’est le peuple qui ramasse la pâtée. "…afin de recréer de l'espace pour la croissance économique ».
On a coupé le sifflet à d’autres « grands » Flamands pour moins que ça !

13 janvier 2014

Relâche à « La main d’Or ».

Belge ou française, l’opinion publique est une motte de glaise modelée par le Pouvoir.
Un fort courant de liberté aurait « dérangé » l’ordre public. Les spectacles de Dieudonné, qu’on les apprécie ou qu’on les déteste, c’est de la bombe à retardement.
Le Pouvoir se fout de Dieudonné. Il ne l’intéresse que parce qu’il remplit les salles.
Il faut considérer le pointu de sa parole, non pas pour ce qu’elle est, mais pour l’engouement des faubourgs qu’elle suscite. D’ici à ce que ça craint… Les socialistes pas plus que les autres n’aiment l’émeute. Leur objectif, c’est de faire copains avec les riches.
L’État se fout aussi des petits blogueurs, des types dans mon genre. Grâce à eux, l’État joue au respect des Droits de l’Homme. Un blog qui fédère des centaines de milliers de gens, c’est insupportable pour le Régime. Qu’il la ramène, Valls sort son flingue…
Pareil en Belgique : l’attitude de D. Demoulin et d’O. Maroy n’est pas la même d’un personnage connu à un anonyme. L’anonyme sert de faire-valoir au premier. Outrepasse-t-il cette condition, on s’arrange pour lui couper la parole, si ce n’est Demoulin ou Maroy, c’est la personnalité ciblée qui s’en charge. La déstabilisation consiste à ne pas laisser aller le raisonnement du contradicteur jusqu’au bout.
Le public, par lassitude, renonce au débat d’idées. L’État souffle la version officielle. Dans le choix entre la liberté d’expression et le risque de trouble, la peur l’emporte.
Il n’y aura pas de « Première d’Hernani ». Conscient du manque à gagner possible, Dieudonné, remet pyjama et étoile jaune au vestiaire. Il voit autrement ses pitreries.
Le clown fait amende honorable. Valls lui pardonnera-t-il ses quenelles ?
L’humour juif ne pouvait être utilisé que par un Juif lui-même, les autres humoristes tombent sous le coup d’atteinte à l’ordre public. Élie Semoun en fait la preuve. Il triomphe dans un sketch en réplique à son « ami Dieudo », Élie s’y traite de youpin !
Essayez donc de sortir une blague en utilisant ce mot interdit, pour voir ?
Plus techniquement, au Conseil d’État, la notion de la dignité humaine peut mener à la cassation en droit administratif, attendu que " le risque sérieux que soient de nouveau portées de graves atteintes au respect des valeurs et principes, notamment de dignité de la personne humaine, consacrés par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et par la tradition républicaine "
Pour le public apaisé, cela ne veut rien dire. Pour les spécialistes cela signifie qu’un jour prochain on pourra allonger les procédures à l’infini et même l’appliquer aux Prud’hommes !
Le Conseil d’État avait prétendu exactement le contraire dans l’affaire Tapie-Crédit Lyonnais. Les avocats vont se régaler.
Comme le souligne Mediapart, « les défenseurs des Roms pourront dorénavant invoquer contre les mesures de police dont le résultat est de les jeter à la rue. Ce qui est contraire à la dignité humaine, comme l'a déjà jugé le tribunal administratif de Lyon (…) La Cour de Starsbourg a jugé que le droit au logement s'attache même à un taudis construit sans permis ni autorisation sur un terrain qui appartiendrait à un tiers. Ce qui n'a pas encore effleuré la conscience des piétineurs de campement. »
Pour l’affaire des galanteries du successeur de Louis XIV, les Français ne s’émeuvent guère. François Hollande est tellement bas dans les sondages qu’une affaire de fesses en plus… Comme on le prétend mou, le président ne pourra que redresser sa cote de ce côté-là.

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Déjà, un dégât collatéral : sa compagne hospitalisée sous le choc. Franchement, Hollande a l’art de faire souffrir ses femmes.
Tous les reproches tiennent dans son discours moral, différent de son comportement.
S’il avait été un homme ordinaire, il aurait pu faire ce qu’il voulait de sa vie privée.
Si le public ne voit pas la différence entre des gens ordinaires et un président qui se dit normal, alors oui, l’électeur peut se rendormir en attendant Nicolas Sarkozy.
La politique au sommet, ce n’est plus comme avant. Le respect a fichu le camp. Les grands n’impressionnent plus. Si ça continue, ils finiront par faire de la tôle, comme tout le monde !
Seul le fric la joue encore à l’épate. Voyez Dassault et les sénateurs.
Pour combien, de temps ?

12 janvier 2014

Président : la fonction crée l’organe !

La France s’enfonce dans une gestion calamiteuse de l’État avec les socialistes aux affaires, c’est une sorte de cacophonie de ceux qui ont été élu pour gouverner autrement que l’ancienne majorité et on a l’impression qu’ils en sont la continuité.
Paris baigne dans les « affaires », celle qui concerne le bien public et celle qui révèle l’autre côté du décor, qu’en principe les citoyens ne doivent pas connaître.
La première fait un pied de nez aux attentes des Français. Ils espéraient redresser les comptes, élaborer un calendrier de reprises d’activités, aspiraient à redonner du travail à ceux qui n’en ont plus.
La seconde ridiculise les fonctionnaires de Madame Taubira qui disent le droit, tandis que ceux du ministère de l’intérieur parlent au nom de l’autorité de l’État.
Ce qui fait qu’un principe et les Institutions s’en trouvent accablés.
A ces malheurs conjugués, il en fallait un troisième.
La petite bombe de Closer révèle au public la liaison extra muros de l’Élysée, du chef de l’État avec une comédienne. Le droit à la vie privée ne l’est pas ici, compte tenu de la fonction de l’amant et le déchaînement de la presse étrangère qui amoindrit la position internationale de l’homme qui représente la France.
Les réactions des partenaires européens ne s’y sont pas trompés, ils traitent la nouvelle donne de l’Élysée de fait politique important.

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Du point de vue moral, on ne peut pas en ces temps difficiles réclamer le retour de l’effort, de la rigueur et de la vertu, accabler de conseils ses concitoyens, fustiger ceux qui se distraient de la mission de sauver la France par des comportements inappropriés, dauber sur un clown qui fait rire certain et grincer des dents les autres, et sauter les haies comme un jeunet dans les feux de la belle cinquantaine.
Sortir discrètement par la porte du jardin de l’Élysée, passer sous le coq en bronze doré du portail, pour faire un autre gallinacé, et s’enrouer à des cocoricos sous une couette d’un appartement parisien, ça fait encore moins sérieux que Deschanel ! Un seul garde-du-corps en scooter, qui glande dans la rue, puis apporte des croissants le matin, imaginez qu’un Chebab lise Closer !
L’omerta entre les présidents de la République et la presse est terminée.
On a mis plus de cent ans à se remettre de la Belle Époque, des soubresauts amoureux de Mitterrand, à l’irrésistible Chirac et de Sarkozy l’amoureux transi, requinqué sous Carla.
Les présidents après Hollande sauront que dorénavant un chef d’État n’a pas de vie privée, hors de la traditionnelle qu’illustra le couple De Gaulle.
La réputation de Vert-Galant ne profitera pas à François Hollande sur l’échiquier international et cela ne pourra que lui nuire dans sa popularité, déjà au plus bas, dans l’opinion publique française.
Non pas que les carrières amoureuses des Dom Juan français soient mises en cause, mais parce qu’elles sont désormais attentatoires à l’indispensable autorité d’un président de la république… et des royautés aussi du reste, quand on songe à Juan Carlos et à la fragilité du trône d’Espagne.
Une journaliste belge au Grand Journal de Canal + a dit que la presse belge était toujours dans l’ancienne version du respectueux silence et que sachant l’homosexualité du premier ministre, aucun journaliste belge ne se permettrait de divulguer les noms de ses liaisons.
Fort bien. Les compagnes et les compagnons restent anonymes en Belgique. Mais qu’advient-il quand l’un ou l’autre haut personnage se répand dans la presse people avec sa famille, comme Bart De Wever, et Joëlle Milquet, vedette glamour, (posant pieds nus pour un magazine) ?
Ils voulaient une vie « comme tout le monde », Hollande, président normal ? Ils n’avaient qu’à se fondre dans la foule, plutôt que s’exposer !
Par chance pour nos Gloires nationales, la presse belge est comme la putain de Sartre, elle est respectueuse.
Il ne reste plus qu’à Harlem Désir, secrétaire du PS, de chercher avec Valls, le moyen, de faire interdire tout article dans la presse sur la liaison bis de Hollande par le Conseil d’État, au cas où la plainte déposée par le chef de la Nation serait rejetée !
C’est égal, si Lamarck vivait encore, il aurait pu appliquer sa théorie « la fonction crée l’organe », sur un spécimen vivant. Les présidents de la république, vieux ou jeunes, même malades ou infirmes, se sont révélés au fil de leur mandat, de fameux queutards !

11 janvier 2014

Des quenelles aux quenottes !

C’est Dieudonné qui va la trouver mauvaise. Ce vendredi, il a perdu la Une des journaux dans son histoire de couple avec Manuel Valls !
Pourtant le ministre de l’intérieur avait mis le paquet. Jean-Marc Hérault s’était fendu d’un communiqué de soutien, Valls venait quasiment de sauver la France des quenelles !
Dieudo ne perdait pas l’espoir un jour prochain de remplir le stade de France à 50 € la place de pourtour et 100 € devant la scène. Avec la publicité qu’on lui fait, il allait être obligé de ralentir la fréquence de ses quenelles, pour ne pas refuser du monde !
Et voilà que Closer sort sept pages de cul avec deux acteurs inattendus, le président François Hollande et une actrice, par ailleurs charmante et talentueuse, Julie Gayet !
C’est toute la France qui se retrouve people entre une quenelle et une quenotte. Valls et Dieudo relégués aux utilités… à moins qu’ils fassent mieux que la veille. Par exemple Valls déguisé en nain, que Dieudo expédie sur un matelas au milieu de la scène, dans un sketch « les amants de Nantes ».
– Combien y a-t-il de feux dans votre Nantes ? Hurle Dieudo après avoir jeté Valls sur une distance chronométrée par Élie Semoun, attiré par la nouvelle célébrité de son ancien partenaire, un comeback dans lequel Élie redevient drôle en expliquant la contrepèterie.
En attendant une nouvelle affiche, Valls cogite sur : « murette » (plus légère que « Mur »), au score, c’est le people de l’Élysée qui l’emporte, malgré tout. Hollande-Gayet font plus glamour !
Dassault qui a su protéger sa vie privée en alignant des biftons à deux traitres socialistes qui ont voté pour lui au sénat, l’économie qui craque, des licenciements à la pelle, la hausse de la TVA, la dérive de la France rattachée au wharf de l’Europe par un cordage peu sûr, le Français a fait le tri. Déclaré peuple léger par l’ensemble de la planète, il entend bien le rester.
Les journaux ont opté pour la survie. Le tirage de Closer remonte. Montebourg qui cherchait le moyen de faire repartir la presse pense de plus en plus à mettre en présence Audrey Pulvar et Elsa Zylberstein, Roselyne Bachelot tiendrait la chandelle et Christian Barbier ferait l’article.
Besancenot, qui avant faisait le plein dans ses réunions, se retrouve avec Poutou devant des salles vides ! On se désintéresse de la lutte des classes pour suivre le match Valls/Dieudo en matinée et la triplette Flanby/ Trierweiler/Gayet dans un vaudeville du type « Le chapeau de paille d’Italie », en soirée.
Avouez que ce n’est pas de chance pour Olivier qui justement voulait attirer l’attention des camarades sur l’enfumage des autorités qui soutiennent le show Dieudo/Valls.
Il paraît que Hollande découche régulièrement, l’AFP ne pouvait qu’en faire une dépêche de nuit ! François Hollande réagit : il "examine les suites judiciaires et déplore les atteintes au respect de la vie privée".

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Vous verrez que Closer finira au Conseil d’État comme Dieudo… C’est la concurrence, on vous dit.
Sur Paris Match en 2005 Nicolas Sarkozy découvrait son épouse au lit avec Richard Attias, à New York.
La France ce jour-là perdait sa culture héritée de la noblesse, dont la devisé était : « tout pour le cul », mais dans le silence feutré, sous les tapisseries d’Aubusson. C’était élémentaire, mais les particules avaient la nécessité de produire une info morale, sans quoi, pensait-on, les-z-ouvriers perdraient le courage de se lever à 5 heures du mat pour se faire engueuler jusqu’au soir.
La mécanique s’était quelque peu déréglée depuis Mazarine, la fille secrète de Mitterrand.
Dans le léger nos voisins pourraient devenir les champions du monde honoraires.
On ne sait pas pourquoi, mais au souffle des slips, au parfum des petites culottes, le racisme lourd s’emble perdre du terrain.
Quant à la crise, la dette et tous ces machins sordides, Hérault n’a qu’à demander au Conseil d’État d’en interdire la divulgation dans les médias pour cause d’atteinte à la personne humaine.
Et voilà que l’UMP en remet au rayon, ouvrant un débat en urgence. De Trierweiler à la belle Julie Gayet, qui est la première dame de France ? C’est qu’en effet, pas plus qu’avec Ségolène Royal, Hollande n’est marié à Valérie ! Oui, mais, l’une couche encore à l’Élysée, avec secrétaires, bureau et foie gras. Marine Le Pen s’inquiète (faussement) mais elle s’inquiète des finances de l’État.
Et si Hollande faisait un ménage à trois ? Cela reviendrait moins cher. Plus d’escapades nocturnes, de gardes-du-corps au salaire de nuit. On pourrait faire des films avec le personnel de l’Élysée dans le prestigieux édifice, etc.
On se demande ce que Valls et Dieudonné vont trouver pour reprendre la main ? Et si Dieudo, puisque les grandes salles lui sont fermées, jouait dans des wagons, gare de l’Est ? Ça ferait remonter les souvenirs… à moins que Valls ne vienne plomber l'atmosphère !

10 janvier 2014

Flanby flambé !

François Hollande est passé implicitement aux aveux d’impuissance politique dans sa récente intervention télévisée, celle des vœux à la Nation, qu’il faut comprendre à travers l’ambigüité des mots.
L’échec de sa lutte contre le chômage est patent et c’est lui-même qui s’y est mis en s’enferrant dans un défi « baisse du chômage pour décembre 2013 » de nombreuses fois répétés d’une voix déterminée dès le début de l’année passée. C’est qu’il y croyait dur comme fer, François Hollande. Et cet échec est aussi ressenti par l’opinion comme venant d’un président peu fiable, s’entêtant dans l’erreur.
Après cet échec, il éprouvera bien des difficultés à redevenir crédible auprès des Français.
Nous sommes arrivés à un tournant dans la politique socialiste de François Hollande. Il n’a jamais caché son appartenance à un socialisme de partenariat dans une société libérale. Il va falloir maintenant qu’il mette de côté la base même du socialisme social, pour avoir une chance de sortir la France de l’impasse. C’est-à-dire procéder à des dégraissages massifs de la fonction publique et réformer la sécurité sociale en profondeur, s’il entend poursuivre dans le genre de « socialisme » qu’il a choisi.
Évidemment, il va se heurter à ses premiers opposants : la gauche à l’intérieur et à l’extérieur du parti, devant une droite sceptique et un patronat qui ne dit pas non à l’aubaine d’un Hollande « compréhensif », avec Pierre Gattaz, négociant au sou par sou et n’ayant d’autre philosophie que celle de l’argent toujours bon à prendre dans quelque poche que ce soit.
Il fallait s’attendre à ce « changement de cap », le jour où Hollande rendit un vibrant hommage à Gerhard Schröder, au congrès annuel du SPD. Des journalistes politiques français (autrement plus incisifs et lucides que les nôtres) ont senti naître chez Hollande une envie de réussite à la Schröder, sans aucune mesure avec la traditionnelle politique du PS de la rue de Solferino.
Autrement dit abandonner le socialisme pour faire du libéralisme « social ».
Schröder n’a réussi qu’à appauvrir les travailleurs et aggraver la situation sociale en Allemagne, mais qu’importe pour Hollande, Merkel a récolté les fruits de cette politique et pour Hollande, l’Allemagne est devenue une puissance forte, la locomotive de l’Europe et c’est ce résultat qui importe !

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Seulement voilà, sortir la France de l’ornière comme l’a fait Schröder pour l’Allemagne, ça ne va pas. Quelques années plus tard, les économistes ne peuvent dire le contraire, le système économique est complètement détraqué. La rémunération du capital est en pleine croissance au détriment de la rémunération du travail. Faire la même chose que Schröder, c’est accroître davantage le fossé quoi sépare désormais ceux qui travaillent de ceux qui spéculent.
Or, Hollande qui s’est trompé jusqu’à présent sur l’essentiel, est en passe d’aggraver son erreur au lieu de la réparer.
S’il considère que la réparation est impossible puisque l’Europe et le monde ne prennent pas ce chemin, c’est condamner la gauche et faire du parti socialiste un parti du centre, vaguement social mais résolument libéral. Élio Di Rupo et Laurette Onkelinx ont déjà opéré ce glissement pour la Belgique et on voit le résultat : statu quo du chômage, blanc-seing aux entreprises qui engraissent leur CEO, paupérisation de la population, effondrement de la classe moyenne à hauteur de l’artisanat et de la gérance.
Hollande va prendre un virage risqué. Celui de conduire lui-même la politique économique au détriment d’Hérault et de Bercy. Sa politique au centre s'accompagnera logiquement du recours aux ordonnances, avec tous les aléas d’un affrontement possible, alors qu’il désapprouvait ce type de politique, lorsqu’il était premier secrétaire du PS.
Il espère ainsi désamorcer le retour de la droite au pouvoir en faisant la politique de Sarkozy. Il a déjà oublié que Schröder a dû céder son fauteuil de chancelier à madame Merkel, justement parce que le socialiste allemand avait confondu les genres. Non seulement, il n’a pas gagné l’électeur de droite, mais encore il a perdu l’électeur de gauche. C’est probablement ce qui va se passer en France.
Hollande croit pouvoir compenser le lâchage de la gauche par la conquête du centre. Il se trompe et les élections de mars prochain en France lui enlèveront probablement ses illusions.
La gifle que prendront les socialistes lors des prochaines élections ne sera pas un serre-fil efficace, la défaite sera trop cuisante surtout sur l’idéologie base même du parti, pour qu’il y ait un ralliement général autour du président.
Avoir un idéal et le défendre, c’est quand même autre chose que poursuivre un mandat en mangeant dans la main de celui qui le trahit.
Mais cela peut arriver. Les Français en ont l’exemple en Belgique où le PS est aussi méconnaissable que son premier ministre.

9 janvier 2014

Racisme à la carte.

Oui, l’interdiction d’un spectacle, avant d'avoir lieu, est une atteinte à la démocratie et à nos libertés. Pas que Dieudonné la victime, nous le sommes aussi.
Tout est bon pour interdire, ce qu’on déteste. C’est humain. Ensuite viennent les prétextes.
Quand les représentants de l’État usent de mesures qui ne sont prévues nulle part, on peut se poser la question de leur légitimité.
Un humoriste sent bien où ça fait mal. Il peut se moquer de tous les génocides qu’il veut, citer Pol Pot, se faire une réputation d’amuseur sur le drame du Rwanda. Oui, ça fait un certain effet, on le trouve dégueulasse, mais personne ne pique une crise de nerf. Les indignés sont frappés de sidération. Les ligues haussent les épaules et le public aime ou n’aime pas.
Pour Israël et sa diaspora, il y a alerte ! Les gens dressent les oreilles. Les journalistes marchent sur des œufs. Les propriétaires des journaux téléphonent aux rédactions.
Ce qui était une vanne inappropriée pour ailleurs, devient une abomination, un sacrilège, et pour finir un délit ! Les Juifs sont victimes d’une trop grande attention à leur égard. Ce serait bien pour eux, que leurs fans les lâchent un peu.
Valls n’est pas contre le racisme. Il est contre l’antisémitisme. C’est l’interdit suprême. La chambre dans laquelle Barbe Bleue a pendu des femmes, le périmètre sacré !
L’artiste sait bien que s’il fait la connerie de s’attaquer directement à un personnage de la martyrologie communément admise, il va se mettre à dos quasiment toute la presse, les ligues, les guildes, les corporations, les personnages officiels. On ne rit plus. On ventile, on disperse, comme dirait Michel Audiard.
A la limite, seul un artiste juif a encore le droit de se moquer des Juifs ! Si Dieudonné était resté avec Élie Simoun en duo, l’affaire de la quenelle n’aurait jamais existé. En solo, sa déconne devient un crime. Et les crimes, il y a des lois pour ça.
D’autres, avant l’artiste, s’y sont cassé la gueule. Il ne sait pas, le malheureux, comme le pouvoir, quand il est en accord avec les médias, peut tout.

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Au feu vert des autorités, les détenteurs de pouvoirs accessoires – administratif, bancaire, industriel et médiatique – se déchaînent. Ces affamés de vertu se produisent comme les mentors de la Nation et prétendent incarner la morale. On peut craindre les dérives venant d’en-haut, sous prétexte d’empêcher des dérives venant d’en bas.
Même le propriétaire du théâtre la « Main d’or » se tâte. L’homme d’affaires étudie les moyens de résilier le contrat de location. De Valls, il aura tous les experts qu’il veut.
Les circulaires Valls se réfèrent à l’affaire des lancers de nains qui fit du bruit en 1991. Une idiote d’un journal croyait que c’était Dieudonné qui les lançait !
Petit résumé des lancers de nains : en octobre 1991, le maire de Morsang-sur-Orge prend un arrêté interdisant un spectacle dans sa commune qui attente à la dignité de M. Manuel Wackenheim, (la personne de petite taille consentante et rétribuée dont on fit un chômeur). Le ministre de l'Intérieur de l’époque, Philippe Marchand, demande à tous les maires d'en faire autant. « …les spectacles dits de lancers de nains portent atteinte à la moralité, compromettent la sécurité et troublent l'ordre public. »
Le tribunal administratif de Versailles casse, en 1992, l'arrêt du maire estimant qu'il ne s'appuie sur aucune base juridique. Le Conseil d’État édicte que le respect dû à la dignité de la personne humaine, est une composante de l'ordre public.
Le tout est de savoir ce qui porte atteinte à la dignité de la personne humaine !
Si travailler dix heures par jour dans un vaste hangar sans fenêtre, les bras plongés jusqu’aux coudes dans l’huile d’une machine-outil, sous les brimades des chefs, la malveillance d’une direction (comme Goodyear) et sans la moindre initiative interprétée comme une perte de temps pour un salaire dérisoire, est une atteinte à la dignité humaine, alors d’accord, il fallait interdire les lancers de nains.
Il y a des dignités que l’on respecte et d’autres que l’on a garde de respecter !
Dans l’affaire Valls/Dieudonné, encore faut-il démontrer que le show porte atteinte à la dignité humaine. On voit d’ici le sketch que Dieudonné pourrait tirer du respect de la dignité humaine selon Valls.
Parmi les officiels de France et de Belgique personne n’a vu l’avantage de laisser les gens s’exprimer librement. Par la libre expression, on voit qui est qui. Libre à chacun d’être ami ou ennemi de qui on veut.
Valls croit qu’il y a unanimité sur les grands principes, réduisant le peuple à l’état de marionnette passive. En réalité, il craint la libre expression. En qualité de porte-parole du système, il entend imposer aussi bien les interdits que les permissivités.
Dieudonné fait de l’audience. Par ses positions politiques, il desservirait plutôt les partis.. Marine Le Pen, elle-même, condamne ses outrances.
Dieudonné, comme ces doctrinaires américains qui font remonter la création du monde à trois mille ans, bouffonne sur scène. Il encaisse les dividendes de la pub que fait Valls sur lui.
Les propos du ministre de l’Intérieur sont étrangement régressifs et réactionnaires, au diapason de ceux de Dieudonné, fantaisistes et inexacts.
C’est pour le moins étonnant que ce quinquennat socialiste soit aussi bizarrement axé sur les idées de la droite classique !

8 janvier 2014

Valls disqualifie la République.

Triste jour en France ! Manuel Valls vient par une circulaire aux préfets rouvrir le dossier de la censure. La liberté d'expression est un droit compris dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Il y eut des éclipses de ce Droit fondamental qui correspondent toutes à une mise à mal de la démocratie par le pouvoir en place. La première fut son occultation par Napoléon, son neveu Napoléon III ne devait pas être en reste. Entretemps il y eut Louis-Philippe et Thiers juste après Badinguet. Une des dernières en date fut imposée par la Wehrmacht de 40 à 45. On le voit rien que du beau linge. Valls se trouve en bonne compagnie.
A l’exception de quelques journalistes – parmi les plus grands heureusement – la presse en général ne gueule pas contre Anastasie, au contraire, elle semble apprécier qu’une série de manœuvres illégales et souvent accompagnée de pression, réduise l’humoriste au silence.
Le sujet est scabreux, les opinions tranchées, mais assimiler le spectacle de Dieudonné au jeu « lancer de nains » qui fut interdit par Philippe Marchand, ministre de l’intérieur, le 27 novembre 1991, est d’un haut ridicule.
Malgré la quasi unanimité contre les spectacles de Dieudonné parmi les journalistes, on sent déjà pointer le malaise qui fut celui que dû ressentir Henri Rochefort, journaliste, « l'homme aux vingt duels et trente procès », et condamné notamment au bagne de Nouméa, après la Commune. Il y fut déporté plutôt comme polémiste, que comme communard. On voit bien quels sont les impératifs et les pressions qui musellent la presse française et son unanimité à condamner Dieudonné.

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La publicité que cette mesure va donner à Dieudonné dépasse l’artiste lui-même. On ne veut plus qu’il s’exprime, moins par ses propos – s’ils sont racistes et portent atteintes à la dignité humaine ( ?) il y a des lois pour ça – mais parce qu’il utilise les mêmes méthodes que le pouvoir pour diffuser ses propos et qu’il génère un courant autour de lui qui pourrait grossir et mettre à mal le système que nous subissons, tous plus ou moins consentants.
Edwy Plenel, un journaliste courageux dont nos sycophantes devraient prendre de la graine, a écrit dans Mediapart (excellent journal en ligne) un article auquel je souscris à 100 %.
En voici quelques extraits :
« Contre Dieudonné, mais sans Valls…
…» Dès 2008, Mediapart alertait sur l’antisémitisme obsessionnel de Dieudonné. Plus de cinq ans après, nous nous sentons d’autant plus libres de refuser le piège tendu par le ministre de l’intérieur, Manuel Valls : se saisir du prétexte Dieudonné pour porter atteinte à nos libertés fondamentales. Cette politique de la peur, qui instrumentalise un désordre contre la démocratie, est le propre des pouvoirs conservateurs.
» Un crime se prépare, et nous n’en serons pas les complices. Oui, un crime, c’est-à-dire un attentat contre les libertés. En République, du moins en République authentiquement démocratique, la liberté d’expression est un droit fondamental, tout comme la liberté d’information. Ce qui signifie qu’on ne saurait censurer au préalable l’une ou l’autre de ces libertés essentielles. On est en droit de leur demander des comptes de ce qu’elles disent, de leurs opinions ou de leurs informations. De les poursuivre en justice, de les faire condamner par des tribunaux. Mais seulement a posteriori, sans porter atteinte a priori aux droits fondamentaux qui font la force, et non pas la faiblesse, des démocraties : le droit de dire, le droit de savoir. »
Je vous remercie, Monsieur Edwy Plenel pour cette leçon de journalisme.
Ce que vous écrivez si bien pour la gouverne de vos collègues français est tout aussi valable pour vos lointains collègues de Belgique.

7 janvier 2014

Le seau de Maggie.

C’est clair, les agences en témoignent, les officines d’enquêtes le jurent, l’emporteront le 14 mai ceux qui pensent en priorité à la sécurité des citoyens.
Du coup, tout l’art est de faire prendre peur aux gens et, en même temps, passer pour le rempart de référence contre le mal ! En France, Manuel Valls y réussit très bien.
Le dernier des Wathelet (en attendant le suivant) est aussi un maître en la matière. Il lance à grands renforts de trompette la nouvelle équipe ulta-inquisitoriale du fisc chargée de sillonner les routes afin de vérifier si chaque voiture a bien été lestée de la taxe annuelle de circulation. Et la sécurité dans cela ? Mais une voiture qui circule sans acquitter de taxe est potentiellement dangereuse, délit de fuite, irresponsabilité du propriétaire, etc. J’entends bien, mais la police ordinaire ne pouvait-elle pas prendre cette vérification en plus ? Une nouvelle brigade, semi-flic, semi-fisc pourrait coûter plus chère que les sommes récupérées, parce que très spécialisée avec du matériel roulant rien que pour un seul usage ?
Le public en veut, alors, n’insistez pas. Ce qui est important n’est pas l’efficacité, ni même le coût d’un bidule, mais l’impression que les gens ont moins peur grâce à Melchior.
Autre exemple, Magie Deblock, secrétaire d'Etat à l'Asile et la Migration, à l'Intégration sociale et à la Lutte contre la pauvreté, adjointe à la Ministre de la Justice, est la seule parmi les membres du gouvernements à ne pas porter sur sa carte de visite la seule fonction qu’elle exerce réellement : l’expulsion des étrangers sans papier.
La statistique l’adore, le peuple en redemande, Maggie est le recours avant l’invasion mongole ! Les Ouzbeks et les Tchétchènes sont frappés de terreur à nos frontières et n’osent plus nous infiltrer, les Talibans et les Pakistanais refluent en désordre ! Maggie a du temps devant elle avant le 14 mai pour faire le ménage. Elle jette son torchon lesté d’un bon savon vert dans les lieux suspects, asiles de fortunes, presbytères désaffectés, là où aucun bon Belge ne met jamais les pieds, afin de débarrasser le pays des chancres de quartier. Ensuite elle n’a plus qu’à essorer son torchon dans les salles d’attente des départs forcés. Le tour est joué. On l’aime manche retroussée tordant et détordant sa lavette nationale, dans son rôle de femme de ménage. Dans son bac à eau, on devine vaguement des formes humaines en train de se noyer.

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« Sont-ils vraiment humains, chère madame ?» se récrient à la fois N-VA et open VLD, tandis qu’Élio distribue au gouvernement les chèques-services valables jusqu’au 14 mai ! Les techniciens de surface attendent l’ordre d’éradiquer les loustics et les moustiques. Dans une première phase, le gouvernement propose les peurs et les angoisses prioritaires. On passe le mot d’ordre aux journaux. Ceux-ci donnent des noms, proposent des indignations. Le public s’émeut et Maggie essore.
Pour les gros loustics, ceux qu’on ne peut pas flytoxer sans justifier le coût de la main-d’œuvre et du produit, on demande l’avis des ligues, on consulte les protestataires professionnels, on réconforte les indignés naturels, on stimule les confidences. Enfin, on recense les opinions, quand on est certain qu’elles seront majoritairement favorables à l’usage de produits toxiques.
Pendant ce temps, le gros loustic poursuit ses vols nocturnes, comme s’il se croyait tout permis. Il oublie que l’électeur redemande de tout, de la protection, de la censure, des caméras de surveillance, alors que son public – qui est aussi un électeur mais de moins bonne qualité, redemande de la grosse déconne. Ça le change des gagmen officiels qui, comme Pirette, finissent par rire de leurs propres sottises, non pas parce qu’ils se trouvent mauvais, mais parce qu’ils s’éblouissent de leur immense talent.
Inconscient du danger, le gros con voit que le business rapporte plus en rupture de la pensée unique. Il en remet une couche. C’est d’autant payant que les autres se limite à l’humour autorisé. Il est le seul à faire un bras d’honneur à la société. C’est trop pour les vertus outragées et les champions du rire grassouillet.
Le gros con devient l’homme à abattre.
Plus on se rapproche de mai, plus il devient l’homme à abattre.
La lavette de Maggie ne suffira pas. L’anti-moustique non plus. Les avocats du Parti Unique étudient les moyens de lui fermer la gueule. L’opinion y est favorable. Le gros con ne voit pas qu’il va se faire effacer par plus dangereux que lui.
La pensée comique ne peut être subversive : c’est ce que pense pour l’électeur de mai, les anciens futurs élus.
Que le gros con se méfie. En Belgique, on ne plaisante pas avec ces choses-là.
On a la référence suprême : Julien Lahaut assassiné le 18 août 1950, pour antipatriotisme et André Cools, assassiné le 18 juillet 1991, pour patriotisme. L’ordre ne navigue à l’aise que sur eau calme. On efface des éminents qui font des vagues, a fortiori, les histrions mirliflores et un rien mégalomanes, surtout quand leur grosse tête n’entre pas dans le seau de Maggie !

6 janvier 2014

Ça repart lentement.

Reprise des célébrités (toutes relatives) à la causette de Dominicale Demoulin. Les mêmes retournent au parloir où elles retrouvent leur chaise, comme à Hollywood, avec leur nom imprimé sur le dossier.
La maison d’en face est toujours sur les pistes. Aurait-on tenté de faire passer Maroy sur les cailloux fatals de Schumi ? On verra bien dimanche.
La RTBF a tort de lanterner. Ce n’est pas le moment d’attendre la poudreuse.
Avec son émission « On refait le monde », RTL est sur le point de fidéliser la clientèle, uniquement dans sa politique de placer devant les caméras quatre visages qui commencent à être mémorisés face à l’animateur Georges Huercano.
Épinglons la tentative d’éviter le débat sur la liberté d’expression, puisque les Quatre n’ont parlé que de la quenelle de Dieudonné, comme les invitait Huercano. Évidemment, c’est difficile pour les journalistes avec la direction de RTL de pouvoir dire autre chose que ce qu’ils ont dit. Le débat devrait commencer par eux-mêmes. Sont-ils certains qu’ils ne se feraient pas lourder par la direction, s’ils venaient à déborder du cadre strict leur imparti sur des sujets scabreux ? Il y a l’antécédent de Monsieur Météo. Même si je réprouve son tweet, c’était quand même une opinion émise en-dehors de son service à RTL qui lui a valu de prendre la porte. En entrant dans cette boîte, on subit un lavage de cerveau, sinon, où la direction du personnel va-t-elle recruter ses collaborateurs ?
Dominicale Demoulin fait le reste dans des débats au cours desquels certains invités, trop souvent invités, ont pris l’habitude de couper tout le monde, de sorte que par moment le téléspectateur ne comprend plus rien. Les deux champions du genre, Wathelet et Milquet sont en train de se faire rejoindre par Defraigne et Clerfayt.
Finalement, Dominique ne s'en sort pas trop mal.

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Reste que les débats sont à la mesure de la parcimonie avec laquelle nous avons doté l’État de personnages politiques intelligents, avocats jusque dans la moelle des os, mais pas nécessairement éloquents. Sur les perspectives économiques avec la reprise qui est l’air à la mode, c’est Philippe Defeyt, namurois et écolo qui a raison. Même s’il y a reprise, elle sera trop faible pour faire diminuer le chômage. Voir « Secular stagnation » (stagnation de longue durée), ma chronique du 3 janvier. c’est ce qui nous pend sous le nez et que nos gouvernants font semblant de ne pas voir. Cela veut dire une phase longue de croissance atone et de chômage fort. (Lawrence H. Summers et Kim B. Clark, « Labor Market Dynamics and Unemployment: A Reconsideration », à lire également les raisons de la démission de Summer à la Maison Blanche où il était en poste chargé des Affaires économiques.
Madame Milquet devrait quand même un peu s’informer avant de qualifier d’excellentes les actions du gouvernement en faveur de l’emploi, gouvernement auquel elle participe. Quant à Madame Defraigne, son cas est inguérissable, plongée dans l’économie libérale et orthodoxe jusqu’à la fin, sa devise « Mal faire et ne pas laisser dire. ».
Quand ces dames se mettront-elles à réfléchir que le monde a changé ; que s’il est difficile de donner un sens à un monde à la fois multipolaire et désordonné, ce n’est pas par des lieux communs et « ce que le public attend d’entendre sortir de leur bouche » qu’on s’inscrira dans l’avenir.
Si face à ces incompétentes, Dominicale dépêchait quelques économistes un peu plus relevés que ceux que nous avons l’habitude d’entendre, elle aiderait beaucoup à montrer l’artifice de la pensée dominante.
Évidemment, la direction veille aux grains ! Gare à la transgression de la pensée unique !

5 janvier 2014

50 ans déjà !

L’imbécillité, c’est comme le gaz. Elle est à tous les étages. Le royaume est envahi de son souffle délétère. Le paroissien le plus célèbre de Sainte-Waudru, même s’il y est pour quelque chose, ne peut arrêter le phénomène. Le 15 mai ne fera que l’amplifier. Les socialistes nous ont bien eus !
Heureusement, aux dernières nouvelles, Philippe Moureaux aurait recouvré ses esprits ! Tous les jours le bilinguisme apporte son pesant de conneries. Il y a trop longtemps que ça dure pour que ça s’arrête. En voilà un de lucide. C’est toujours ça de sauvé !
Les autres têtes de gondole n’en ont même plus conscience, le PS et les autres partis de la Communauté francophone se sont mis à l’heure flamande et libérale.
Les irréductibles Flamands à la cause antifrançaise enfoncent le clou ! Certains faits paraissent anodins fort éloignés de la vieille querelle que Di Rupo croit éteindre en frappant les flammes avec les buis bénis de sa cathédrale montoise, le Fédéral va participer à la réfection des orgues, en échange de quoi ?
L’Embraer, l’avion brésilien de l’armée – en réalité ils sont deux – l’un servant de pièce de rechange à l’autre, sont éternellement en panne.
La France produit de meilleurs avions de ce type. Probablement sont-ils un peu plus chers, mais en qualité d’Européens et de voisins, les Flamands qui ont la haute main sur l’armée pourraient quand même acheter français pour plusieurs raisons, entre autres, les techniciens de l’avionneur habitent la porte à côté. Ce qui s’avère plus cher à l’achat peut parfois s’avérer meilleur marché à l’usage. On se demande si les inscriptions en français du Dassault-Falcon dans le cockpit de la commande des deux appareils n’y sont pas pour quelque chose !
C’est un peu dans le même sens que la SNCB, influencée par Calatrava l’architecte, et l’esprit anti wallon des Flamands à la direction de la SNCB, ont préféré l’acier espagnol à l’acier produit dans le bassin mosan, pour construire la monstrueuse gare des Guillemins.
C’est par ces petits riens mais qui accumulés font un grand tout, qu’on peut se poser la question de savoir ce qu’une plus grande autonomie des Régions pourrait changer dans la mainmise quasiment totale de la majorité flamande sur le Fédéral ?
Philippe Moureaux n’y répond pas directement, mais soulagé du poids d’une réélection, celui qui a « tout perdu » en perdant le maïorat de Molenbeek, repense à ses années de jeunesse, quand, avec André Cools, ils allaient « casser la baraque » au nom de la justice sociale et de l’émancipation du peuple par le peuple. Bien sûr, ils n’ont cassé que juste ce qu’il fallait pour se faire un nom et vivre l’existence heureuse de ceux qui se font réélire sans un pli, mais c’est toujours bon de ce souvenir de ce que l’on a fait de mieux dans sa vie.
Du coup, l’ex ministre de l’Intérieur et de la Justice critique la politique du gouvernement.
Il la trouve du centre-droit ! Comme s’il n’avait pas aidé à ce que le parti le devînt bien avant que le gouvernement le fût !

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N’a-t-il pas favorisé à Molenbeek cette « entente » francophone/néerlandophone qui était en réalité dans ses arrêtés communaux autant de tête de pont au cœur de Bruxelles d’une volonté très flamande de réclamer l’égalité, quand ils sont minoritaires et de défendre leur point de vue sans concession, quand ils sont majoritaires ?
Le voilà qui s’attaque à la « merveilleuse » Maggie De Block qui l’atteint dans son pluralisme familial par ses expulsions d’illégaux. C’est vrai, qu’il n’a cessé de prendre la défense des étrangers de sa commune… tout en cautionnant une politique instaurée au PS par Di Rupo, soutenant – sans en avoir l’air – la politique de l’Open VLD, parti de Maggie.
Philippe Moureaux, outragé par sa défaite communale, retrouve sa pugnacité du temps d’André Cools, y compris dans une critique plus large du gouvernement qu’il s’était félicité, d’avoir conduit au pouvoir avec tous les autres socialistes.
Voilà qu’il nous parle d’un tournant libéral ! Comme si le Bureau tout à la dévotion de son leader était brusquement passé de la gauche à la droite ! On se demande si la capacité de jugement de Philippe Moureaux n’est pas en train de faiblir. Ce n’est pas un tournant, mais un glissement qui ne date pas d’hier !
Ce glissement est vieux de cinquante ans. Et s’il s’est achevé aujourd’hui faisant du PS un parti du centre en concurrence directe avec les libéraux. Il a son origine dans le vote désastreux du rattachement des Fourons à la Flandre à un moment où les influences du PS de Hainaut et du Centre avaient pris le pas sur le PS liégeois. En septembre dernier, Di Rupo s’est déplacé à Fourons pour s’en féliciter, rendant ainsi de jure, un hommage à Cools et Spitaels, laissant dans le souvenir de quelques Liégeois le lâchage des Francophones par le PS, pour des lendemains de collaborations à Bruxelles avec les maîtres flamands !
Philippe Moureaux qui conservait peut-être l’espoir d’un emploi intéressant en qualité de mandataire du parti, n’a absolument pas réprouvé ce déplacement. Où il a raison, pour une fois, c’est de croire que les élections du 25 mai seront « difficiles » pour le PS.
S’il y a défaite, même démarqué de la politique de Di Rupo, Philippe Moureaux aura sa part de responsabilité.

4 janvier 2014

Chauds ! Chauds ! les mecs…

On dit qu’Internet devient un marigot puant et que l’internaute patauge dans le mauvais goût. C’est franchement exagéré. Certains journaux du groupe Rossel sont bien plus en pointe.
Le Soir qui trône à Bruxelles, donne des leçons de journalisme à tout le monde, n’est-il pas propriétaire de certaines gazettes comme La Meuse ?
En vertu – si l’on peut dire – de la sainte liberté de la presse, le personnel du Soir est chargé de l’évangile et La Meuse de l’article « chaud du cul » qui fait vendre. A moins, peut-être est-ce encore plus simple, le CA de Rossel exige des performances des journaux de province et se fiche de savoir comment ils y arrivent.
De ce vendredi l’info locale laisse à lire et voir à ses lecteurs l’odyssée de deux jeunes dames dont l’une est liégeoise et l’autre brésilienne. « Noblesse oblige, la première Eva Karera, une Liégeoise star du porno a 34 ans, des mensurations 1m72 pour 65 kilos et un « hallucinant » (c’est le journaliste qui l’écrit) 90D de tour de poitrine. Eva Karera est une star internationale de l’industrie du X et a tourné pour les plus grands du métier (sic). Aujourd’hui installée à Los Angeles, la « Milf » est pourtant une Liégeoise pure souche ! ».
Il n’en est pas encore revenu, le sagouin, qu’une jeunesse native de Beaufays vende ses passes dans des films, plutôt que dans les bas-fonds de la Batte. Que voilà un cul qui rapporte ! C’est tout juste s’il n’installe pas une antenne de la Meuse à Beaufays afin de prospecter parmi les 18/20 s’il ne traînait pas un 90D dont le destin de vendeuse chez IKEA pourrait prendre une autre tournure.
Évidemment un 90D, quand on voit les bureaux du Soir, ça mérite réflexion. D’ici à ce que les mères surveillent personnellement l’épanouissement de leur progéniture – T’as mesuré ce matin ? – Oui, m’an. – Combien tu fais ? – 78 ! – Tu bois pas assez de bière brune ! Tu veux faire star porno, oui ou merde ?

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L’autre info de fond, c’est une Brésilienne qui vend sa vertu sur la Toile. D’elle, la direction de La Meuse à l’album complet, dans toutes les poses, déhanchements, exhibition. Catarina Migliorini collationne les offres, un milliardaire Chinois était bien placé, un millionnaire arabe veut allonger 450.000 dollars. C’est près de dix ans de salaire de Béatrice Delvaux ! Évidemment, dans ce domaine, elle n’a plus rien à vendre.
Savoir comment l’acheteur sera certain qu’il n’y a pas tromperie sur la marchandise, c’est une autre paire de Durex. .
Inutile de dire que les stars en devenir et les vertus prouvées par la Faculté qui traînent des grolles place Cathédrale et qui se font bouffer la chatte pour 50 € par des salingues qui puent la bière et le tabac sont en admiration.
Même dans la fesse, il y a le prolétariat et la réussite complète, l’oisive parfumée et la besogneuse qui suinte le smegma, un peu comme on sent la frite quand on en fait toute la journée.
Une question : Pourquoi tant de bassesse dans la pêche à l’info et si peu d’analyse sur la société de consommation de la viande fraîche ? Les pères la pudeur de nos gazettes, si chastes dans les rapports sociaux, timorés alors qu’on en est à l’allongement des files aux CPAS et à la paupérisation de quartiers entiers, se déboutonnent étrangement quand les patrons sont hors de cause ! Ces messieurs-dames seraient des émancipés question trou-du-cul et coincés du même organe, dans les rapports qualité-prix de nos Grands Guides livrant leur fausse vertu aux roturiers !
Qu’on ne se méprenne pas, je ne passe pas les burettes à Monseigneur Léonard et les corps sur la couette d’un clandé ou sous le soleil des tropiques me ravissent davantage que la vision des maquillages qui se fendillent à force de couches superposées sur une dame entrée en politique comme d’autres vont au lupanar, en train de sécher sous les spots d’une de nos deux télévisions nationales.
Mais, je me suis laissé dire qu’un journaliste, dans l’exercice d’un métier aussi noble, devait mettre en valeur les grands événements et placer aux dernières pages les petits potins et faits divers.
Si pour la Meuse, les Rossel de Bruxelles, ainsi que les autres tordus qui exercent encore ce métier, le grand événement c’est le 90D qui en tirant un coup fait de l’art et une autre qui vend au prix fort une membrane que son gode épargna par chance, alors je comprends que ça va mal dans l’édition, au point qu’on ne trouve plus un type sérieux qui veuille encore y mettre un kopek !
Et dire qu’ils se permettent de faire des remarques sur l’éthique de Dieudonné !

3 janvier 2014

Secular stagnation

Tous les ministres ont assuré, dans leurs vœux de nouvel an, la reprise de l’économie aux futurs électeurs de mai. Ils n’allaient pas nuancer leur enthousiasme. Nul n’ignore qu’un électeur euphorique favorise les sortants et, qu’un électeur pessimiste peut choisir de nouvelles têtes, changer de parti. Joëlle Milquet est la championne de l’euphorie. C’est elle qui en connaît le moins en économie.
L’homme de la rue n’est pas sans réaction devant les perspectives qu’on dépeint comme un progrès avec des emplois à la clé. Depuis 2008, l’expérience lui a tanné le cuir. Chaque année on lui jure qu’on est sur la bonne voie, que le gouvernement est formidable, etc.
Certes, un redressement prend forme aux Etats-Unis et en Grande Bretagne.
Dans la zone euro, la reprise est « poussive » même si les grands pays renouent avec la croissance. Le tout c’est de bien comprendre que ce redressement n’a rien à voir avec la situation antérieure et le niveau de l’emploi. Les stocks sont épuisés, leur renouvellement produit des appels d’air et des remplissages qui pourraient faire croire à un départ de croissance. Des risques importants pèsent sur celle-ci, faute notamment d'une véritable reprise du commerce mondial. Les salaires réels continuent de baisser et le niveau de chômage n’est pas près de chuter substantiellement.
C’est ce que Joëlle Milquet appelle un retour normal de la croissance !
Une crise de change reste possible dans certains pays. Le principal défi, pour ceux-ci et aussi pour la vieille Europe, consiste à trouver un nouveau modèle de croissance.
Et là on est loin du compte. Nos élus PS, CDH et MR s’accrochent à l’ancien modèle comme des naufragés à une planche au milieu de l’océan.

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Les sorties de capitaux affaiblissent toujours les pays par un manque de plus value, sans qu’aucune mesure efficace ait été appliquée et, mieux encore, les banques ont tendance à reprendre les placements hasardeux, comme en décembre 2008. Les Européens n'ont toujours pas fait le ménage dans les banques. Des menaces sérieuses pèsent sur les finances et l'économie mondiales, estimait à la mi-décembre Michael Smith, PDG d'ANZ, troisième banque d'Australie et première en Asie.
La zone euro reste fragile. La sortie de récession a été confirmée au troisième trimestre 2013, mais la reprise y est molle et aléatoire.
Si plusieurs membres de l’UE ont obtenu de Bruxelles des délais pour redresser leurs finances publiques, cela ne veut pas dire que ces nouveaux délais seront mieux respectés.
La croissance est trop faible pour financer nos modèles sociaux. Après mai, nos stratégies qu’elles soient d’inspiration socialiste ou libérale restreindront encore les budgets alloués aux assurances sociales et aux indemnisations.
La zone euro n'est pas à l'abri d'une nouvelle crise financière. Des taux d'endettements publics atteignent 134% du PIB en Italie, en Belgique, Di Rupo nous a conduits à un peu plus de 100 %. Quand Chastel affirme que nous maîtrisons la dette et qu’elle est en diminution, c’est faux. Qu’est-ce que vous voulez, les gazettes ne relèvent pas l’imposture et le public reste dans l’ignorance !
Le resserrement de la politique monétaire américaine, et ses conséquences, est l'une des inconnues de 2014. Les marchés se sont réajustés au « tapering » en mai 2013, lorsque Ben Bernanke, président de la Fed, a annoncé un resserrement monétaire.
« Secular stagnation » (stagnation de longue durée) c’est ce qui nous pend sous le nez et que nos gouvernants font semblant de ne pas voir. Cela veut dire une phase longue de croissance atone et de chômage fort. C’est un expert, Larry Summers, de réputation internationale qui nous l’affirme. Et je crois qu’il a raison.
Cela signifie surtout que le modèle libéral s’est essoufflé, que nos mentors nous mentent et que les économistes des banques nous racontent des craques.
Si, évidemment, les syndicats, la gauche, les laissés pour compte, et demain les artisans déchus et les classes moyennes se satisfont de ce programme, alors qu’ils le disent !
« Les Flamands devront choisir entre le modèle du PS et celui de la N-VA » menace Bart De Wever. Il se trompe. Le modèle reste le même pour tout le monde. Et c’est ça qui désole !

2 janvier 2014

Éristique.

Faisons la courte aujourd’hui, après le vaudeville d’hier.
D’où nous vient un engouement irraisonné pour un personnage connu ?
Les fans de chanteurs/euses, de vedettes de cinéma, d’hommes politiques, auraient parfois difficile d’expliquer cet engouement. Plus complexe encore, cette attirance/répulsion qu’on éprouve parfois pour des personnages haïs par une large partie de la population.
Je ne suis pas sûr qu’Hitler ait uniquement des admirateurs pour le nazisme dont il est l’incarnation, mais plutôt pour la fascination que sa personnalité exerce sur certains esprits.
L’immaturité quasiment générale d’aujourd’hui autorise à se demander combien de temps encore le pouvoir va contenir les populations dans les limites qu’il a arbitrairement fixées ?
C’est ainsi que moi qui ne suis pas tombé de la dernière pluie et à qui « on ne la fait pas » – enfin l’ai-je cru longtemps – j’ai un côté admiratif pour des personnages que, dans mon fort intérieur, je trouve odieux, voire nuisible !
Je n’en citerai que deux – je passe sur la connotation sexuelle qui me fait repousser/désirer certaines bécasses de l’actualité – pour épingler Bart De Wever et Dieudonné n’Bala : un nationaliste d’extrême droite et un raciste frustré, deux piliers du star-system !

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Probablement, trouvé-je dans le premier un dénonciateur hors-pair d’une Belgique que je combats, alors que sa démagogie et ses intérêts cachés en ont fait un politicien sans scrupule, pire ennemi des faibles dans sa poursuite haineuse du chômeur et de l’oisif sans fortune, un nationaliste imbécile que je condamne au nom de l’universalité humaine.
Quant au second, bateleur tenace et émérite, dans la jubilation à son discours j’en oublie son côté marchand de soupe, son insistance lourde à mettre dans le même sac la juiverie internationale dans sa vindicte à l’encontre de quelques Juifs qu’il n’aime pas et qui le lui rendent bien, et enfin, ce côté « martyr plaignez-moi » qu’il reprend aux mêmes.
Je crois pouvoir relier entre eux ces deux personnages par l’effet qu’ils me font. Leur point commun : ils font chier les tenants de l’ordre établi. Dans le fond, ce que j’admire en eux, ils sont parvenus à se faire détester de tout ce que je déteste moi-même, d’où une connivence implicite de moi à eux !
On pourrait écrire autrement que « les ennemis de mes ennemis sont mes amis », quoique le mot « amis » en l’occurrence ne soit pas la juste expression, puisqu’il m’arrive sans doute d’exprimer toute ma réprobation d’un Bart De Wever, ultra libéral et d’un Dieudonné mettant le prix des places de ses spectacles à 20 et 40 euros, avec l’intention de se faire des ronds touchant des clientèles Lepéniste et anarchiste, dans une pluralité étrange d’intérêts contradictoires.

1 janvier 2014

Supporter

« Pièce de la mi-temps » rêvée à l’entracte « du Gorille » au Théâtre de l’Aléna.

Personnages :
La famille Plasse-Debout
Elle : Loulou Debout
Lui : Antoine Plasse, Supporter du Standard club de Liège
Un supporter allemand du Borussia Dortmund : Hans Hartmann

L’action se passe la nuit dans la chambre à coucher des époux Plasse-Debout. La pièce est plongée dans le noir. Loulou Debout sommeille on devine son corps sous les couvertures du lit.
Antoine Plasse, supporter du Standard, vuvuzela en bandoulière, écharpe aux couleurs du club, teeshirt sur lequel on peut lire « champion 2014 », sous un training de joggueur largement ouvert, ouvre avec précaution la porte de la chambre conjugale et avance à l’aveuglette, les mains en avant dans le noir. Il trébuche sur une chaise sur laquelle Loulou a déposé ses vêtements. Il s’agrippe au dossier et déséquilibré s’assied lourdement sur la vuvuzela qui produit un bruit qu’on pourrait assimiler à une digestion difficile. Plasse se lève, fait quelques pas et se prend les pieds dans la carpette. Il plonge vers l’avant. Cette fois le son de la vuvuzela est plus fort. Loulou Debout sursaute et surgit de sous une avalanche de couvertures et de coussins. Elle s’assied dans le mitan du lit, tâtonne du côté de l’interrupteur et éclaire la chambre, en même temps qu’elle ferme les yeux, éblouie par la lumière soudaine. Antoine Plasse tient le panneau du pied du lit comme on s’agrippe à une bouée de sauvetage.

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LD – Quoi !... Qu’est-ce que c’est ?
AP – Ce n’est que moi chérie… fais dodo !...
LD (Elle ouvre les yeux et contemple avec de plus en plus de fureur, Antoine qui tient à peine debout) – Mon Dieu ! si tu te voyais. D’où sors-tu ?...
AP – Rendors-toi, j’allais chercher un verre d’eau.
LD – Tu te fous de moi ? C’est à cette heure que tu rentres ?
AP – Mais non, voyons, je suis rentré depuis longtemps. Je ne me sens pas bien.
LD – Si tu t’étais couché avec l’attirail que tu as autour du cou, je m’en serais aperçue, non ? Cesse de me prendre pour une idiote. Un match à quatorze heures qui se termine la nuit ! C’est la prolongation du supporter… au comptoir !
AP – C’est bien simple, je vais t’expliquer…
LD – …Il te faut une trompette pour aller boire à la cuisine ?
AP – Je n’en reviens pas de ce qui m’arrive ! Je te dois des explications…
LD – Je le devine… dis toujours.
AP – A quoi bon, tu ne me croirais pas…
LD – Elle est bonne celle-là. Tu n’as pas d’explication, parce que tu n’en as pas ! Je vais en donner une à ta place. Tu sors de la taverne des Sports fin saoul !... Et tu en sors parce que le patron a fermé, autrement tu y serais encore.
AP – …faut que je me déshabille. Je tombe de fatigue…
LD – Trop facile. Tu auras le temps d’inventer une excuse…
AP – Pas du tout. La preuve, retiens Hauptbahnhof, Dortmund et Kromacher. Tu verras si je prépare une excuse.
(Antoine lâche le lit, veut enlever son pantalon debout et n’y arrive pas. Il tombe assis sur la chaise. Il se débarrasse non sans peine de la vuvuzela qui en tombant par terre produit un dernier soupir).
LD – C’est tout ce que tu as trouvé ? Des mots pour l’embrouille !...
AP – Non. Je te dis Haupt chose… bahnhof, Dortmund et Schumacher, enfin, lui c’est l’automobile… Kromacher.
LD – Tu me prends pour qui ? Il n’est pas marqué bécasse (Elle fait un signe sur son front)… T’as vu ça à la télé. On dit trois mots à l’invité et il doit les employer dans les cinq minutes… Si je te disais ivrogne, menteur et tapage nocturne, ce serait plus simple à utiliser. (Antoine Plasse commence à se déshabiller) Qu’est-ce que tu fais ?
AP – J’enlève mes vêtements, tiens ! (Il pose ses derniers attributs de supporter sur une chaise). Je suis recru de…
LD – Et moi ? Tu ne crois pas que j’ai plus que toi le droit de dormir ?
AP – D’accord, tout le monde a droit au sommeil (Une boîte de bière tombe de la poche du training) et moi aussi.
LD – Le vacarme est insupportable à la fin ! Tu réveilles tout l’immeuble et tu m’empêches de dormir. (La vuvuzela émet seule un long soupir)
AP – Pardon !... c’est l’air qui reste. (Il veut entrer dans le lit)
LD – Tu ne crois pas que tu vas dormir ici ? Tu empestes le tabac, la bière et tes gadgets puent la pisse de chat ! A ta dernière sortie, tu avais déchiré un training tout neuf de chez Aldi, t’as vu celui-ci, c’est pareil ! T’as l’air de sortir de Lantin… (Elle le repousse du pied)
AP – J’ai trop sommeil pour discuter. Je vais m’étendre quelque part au salon… (Il lui tourne le dos. Elle le retient par l’élastique du caleçon. Il tire de son côté. Le tissu s’allonge. Elle le lâche. Dans un grand claquement, Antoine s’étale. Il se tient à la chaise pour se mettre debout). Ah ! dormir… mon abonnement du Standard contre un lit !...
LD – Mais non ! C’est trop facile de ficher le camp dans le salon. Surtout que dans cinq minutes tu ronfles. Et c’est moi qui ne pourrai plus fermer l’œil. (par la porte du salon restée ouverte, on entend le carillon de la cheminée qui sonne trois coups). Il est trois heures dix du matin…
AP – Comment trois heures dix ?
LD – La pendule de ta mère retarde de dix minutes. Trois heures dix et saoul comme un cochon… Trois heures dix ! Trois heures dix !
AP – A force de répéter, il sera bientôt trois heures vingt !
LD – Tu gardes l’ironie pour toi !... saoul comme un cochon…
AP – C’est les circonstances… J’ai dû boire pour tenir le coup !... C’est tard et tôt à la fois, trois heures dix. Je choisis tôt, le sommeil du matin est meilleur… Tu ne veux tout de même pas que je dorme debout ! (Il s’assied au pied du lit et sa tête dodeline.)
LD – Non, tu ne dormiras pas ! Est-ce que je dors, moi ?… Tu sonnes de la trompette quinze heures après le match, comme si vous aviez gagné ! Tu ne prétends quand même pas qu’il t’a fallu plus de treize heures pour aller de Sclessin à Herstal ?
AP – Justement. Je ne viens pas de Sclessin…
LD – Enfin tu avoues ! Je redoute le pire. Et on peut savoir d’où tu viens ?
AP – Ça tient toujours les trois mots, Hauptbahnhof – tiens, je l’ai dit d’une traite celui-là – Dortmund et Kromacher ?... comme tu me vois, je débarque du dernier train d’Allemagne !... plus exactement je viens de Königswell strasse, à Dortmund. Avec Dortmund, ça m’en fait un… (Il fait tinter un vase sur la commode). Dortmund, Düsseldorf, Köln, Bruxelles, Liège, si tu veux tout savoir. Je suis claqué, suite demain…
LD – Tu avoues, canaille, pendant que je te croyais au Standard, qu’est-ce que tu fichais à Dortmund ? Attends laisse moi deviner… on a passé un reportage sur les « Madame » à Dortmund…
AP – Tu n’y es pas… une fois de plus.
LD – Tu n’as pas vu le match, alors ?
AP – Mais si je l’ai vu. Le Standard a été battu cinq zéro ! Ce n’est pas la peine de le répéter. Ça reste dans la mémoire d’un supporter, un score pareil !
LD – Facile. On a vu la pile à la télé !
AP– Comment je saurais que c’est Robert Lewandowski, qui a marqué quatre des cinq buts du Borussia ?
LD – …toujours à la télé. Tu as pu acheter une gazette…
AP – En Allemagne ? Je ne parle pas un mot d’allemand…
LD – Peut-être que ta fraulein n’était pas en Allemagne, qu’elle était du quartier ? Tu ne reviens pas plutôt du bas de Seraing, que des Guillemins ? Voilà, j’ai trouvé, t’as été chez les putes…
AP – Loulou. Je vais tomber raide endormi sur la carpette… Tu veux bien un peu la fermer pour que je t’explique…
LD – Je suis curieuse d’entendre ça !
AP – C’est à cause de Lewandowski, le buteur de Borussia. On était soufflé. Quatre buts d’anthologie, surtout le troisième du talon à la retourne…Hertzwall prolonge, le ballon arrive par dessus, Robert se positionne. Et il reprend en aile de pigeon. Nous autres, sportifs, on s’est levé. On n’avait jamais vu ça à Sclessin !
LD – Ah ! bon. Alors, t’as reconduit l’équipe allemande en Allemagne, parce qu’ils ont fait une aile de pigeon ?
AP – C’est à peu près ça ! On s’est mis à applaudir l’artiste. Les supporters allemands ont apprécié et on s’est retrouvé tous ensemble en face, au Café des Sports…
LD – Tu m’avais juré de ne plus y mettre les pieds !
AP – Leur groupe s’est mélangé à notre groupe. Malgré la langue, nous sommes devenus amis. Je suis monté dans le car pour dire adieu à mes nouveaux copains. J’ai eu comme un coup de chaud. Le chauffeur a compté, il avait son compte. C’est après que j’ai su que j’avais remplacé un des leurs, sans le savoir. Je me suis réveillé devant la Haupbahnhof… (le carillon sonne le quart) Voilà le deuxième mot…
LD – C’est quoi ça ?
AP – La gare de Dortmund, pardi. Les supporters sont tous partis. On les attendait avec des voitures. Je ne savais même pas qu’on était devant une gare. C’est là que j’ai eu du bol. Un camionneur d’un gros camion Kromacher (Il s’arrête. Attend un coup de carillon qui ne vient pas et reprend) livrait ses eaux « Eine Perle der Natuur ». C’était un flamand qui se débrouillait en français, émigré en Allemagne. On s’est tout de suite bien entendu entre compatrtiotes. Ça arrive ! C’est lui qui m’a pris un billet TGV et me voici… (Il s’arrête, regarde Loulou qui réfléchit.) Je peux dormir maintenant ?
LD – Tu me prends pour qui ? Tu ne crois pas que je vais croire un seul mot des craques pareilles ?
AP – Que tu me croies ou ne me croies pas, c’est ainsi et je dors… (Il s’est déshabillé et veut entrer dans le lit. Loulou le retient du pied.)
LD – Dis, le malin, combien tu as dépensé ? Ne viens pas me dire que les trois cent quatre-vingts euros que tu avais sur toi sont partis en boissons avec les « Madame » de Dortmund ?
AP – C’est charmant ! Tu fais les poches maintenant ! Tu fouilles mon portefeuille !
LD – Tu as tout dépensé dans les cafés à filles de Liège ou pire de Seraing et tu me fais croire que tu reviens de Dortmund !
AP – Que vas-tu chercher là ?
LD – Tu sais quel jour on est aujourd’hui ?
AP – Oui, le 14.
LD – Non, tu ne sais pas.
AP – Quoi, je ne sais pas ! On est bien le 14, oui, ou merde !
LD – Oui, on est le 14 !
AP – Et alors ? Puisque je te dis qu’on est le 14 et que tu dis pareil, qu’on est le 14 !
LD – Et c’est quoi pour toi le 14 ?
AP – Comment c’est quoi ? C’est un jour de février comme les autres, pire même, puisque je pars au travail dans trois heures ! Tu te rends compte dans trois heures. Alors, pitié. (Il la repousse et entre au lit. Il veut dormir et elle le secoue).
LD – C’est tout ce que tu trouves à dire sur le 14 ?
AP – C’est pas suffisant ? Je ne suis pas assez fourbu ? Il faut encore que tu la ramènes !
LD – Ah ! je savais bien que tu allais l’oublier.
AP – Mais, nom de Dieu, j’en ai ma claque que tu parles par énigme. Explique-toi à la fin, je ne vais pas pouvoir me lever ; tu sais bien que c’est moi qui fais l’ouverture.
LD – Si tu sais pas me dire ce que c’est pour toi le 14, c’est pas moi qui vais te le dire.
AP – Mais alors !... alors, si c’est pas toi qui vas me le dire, quel est le bougre d’enfoiré qui va me le dire ? Qu’est-ce que tu m’asticotes avec ton 14. J’en ai rien à foutre que ce soit le 14 ou le 13, ou même tiens, le 15…
LD – Tu parles ! Si le 13 tombait le vendredi, tu courrais faire ton Loto !
AP – Et alors ? J’ai plus le droit de faire un Loto le 13 ?
LD – Et le 15, t’as la réunion des supporters chez Léon. Tu n’oublies jamais le 15 de tous les mois de l’année.
AP – C’est malin, tout le monde le sait, même toi que la magie du sport branche pas, que le 15 c’est réunion. Mais le 14, j’ai rien ! Je saurais quand même, si j’avais quelque chose… j’ai rien le 14 ! Tu vois bien que j’en ai rien à foutre du 14…
LD – T’es con ou quoi ? Tu gueules au lieu de réfléchir ! On se croirait au café quand vous refaites le match…
AP – Nom de dieu, c’est le seul jour où j’ai rien… je le sais quand même…
LD – C’est pas croyable un con pareil, qu’a rien à propos du 14 !... et qui revient d’Allemagne en plus, comme si on était en 45, pour me dire ça !...
AP – Bougre de nom de dieu, tu fais bougrement chier… J’ai remarqué, depuis que tu fais les sudokus de ton magazine à la con, t’es plus pareille. T’as le bocal agité…
LD – Tu trouves ça con le sudoku ?
AP – Oui, c’est con. Je le vois bien. Mes tartines de la journée, t’en beurres une sur deux... Tu penses plus qu’à croiser…
LD – Eh bien ! puisque c’est ainsi… que tu sais pas le fin mot du 14, tu les feras toi-même, tes tartines, puis j’ai plus de pain. Je pensais qu’on irait au restaurant, hier au soir. Mais t’étais à Dortmund !... soi-disant.
AP – Quoi encore ? Le restaurant ! On restructure ma petite… et si j’arrive dans moins de trois heures encore en retard, je serai sur la liste noire. Tu t’en fous, hein de la liste noire ?
LD – En tous cas, t’es sur la mienne.
AP – Qu’est-ce ça veut dire, t’es sur la mienne ? Tu me cherches ? T’as résolu de ne pas me laisser dormir ? C’est le supplice que tu as trouvé ?
LD – Pas savoir qu’on est le 14, c’est un monde !
AP – C’est qu’elle continue, parole ! Le 14, c’est le chiffre fatal de son sudoku. Tu sais où je le mets ton 14 ? Hein, au cul… le 14…
LD – Grossier personnage !
AP – C’est ça, hein, charogne. Je suis ta victime et c’est moi le grossier. Je t’explique tout, mon erreur, ma mésaventure, mon épouvantable tragédie de me retrouver à Dortmund en sortant du stade et tu m’empêches de dormir parce que je me fous du 14 février !
LD – Ma mère m’avait prévenue… Elle avait deviné quel mauvais mari tu serais à ne rêver que de football ! Ah ! mesdames, n’épousez jamais un supporter…
AP – Ah ! bon, voilà ta mère en renfort... Arrêtons, tu veux ? J’admets que revenir d’Allemagne à trois heures du matin, alors qu’on est censé rentrer du Standard au milieu de l’après-midi, ça peut paraître bizarre. On éclaircira tout ça demain, veux-tu ? On aura tout le temps… Je te prouverai ma bonne foi. Je retrouverai le billet du train. J’irai trouver le chef de gare, s’il le faut… C’est dit, je dors. (Il se tourne pour dormir. Elle le secoue.)
LD – Juste encore un mot.
AP (conciliant) – Oui, juste encore un mot… un seul…
LD (Elle hurle à son oreille) – Va te faire mettre…
AP – Ah ! elle est belle la Wallonie. On voit bien d’où tu viens… du dessus d’Amay…
LD – Et toi, salaud, d’où est-ce que tu sors ? Quand on vient de la rue Méan, on se fait tout petit. On évite l’insulte sur le lieu d’origine de l’autre…
AP – Tout ça à cause du 14 ! Pourquoi le 14 ? Une lubie ? Ça peut pas attendre le 15, la connaissance du 14 ?
LD – Justement, ça ne peut pas !
AP – Ah ! je ne mérite pas ça. Tu vas la fermer, dis, faut que j’aille bosser… Qui nourrit la famille dans cette piaule ?
LD – Crève. (Elle veut le pousser hors du lit. Il résiste et c’est finalement elle qui tombe par terre. Elle se redresse, tandis qu’Antoine sort du lit de l’autre côté.
AP – Le mot de trop. Je sais pas ce qui me retient de t’en coller une.
LD – Essaie pour voir, je t’envoie le cadre des amoureux de Peynet sur la tronche.
AP – Pouffiasse !
LD – Impuissant !
AP – Tu vas le regretter, ordure…
LD – Tu me trouveras plus ici ce soir…
(Ils sont prêts d’en arriver aux mains, quand soudain la porte du salon s’ouvre avec fracas et Hans Hartmann surgit en caleçon l’air libidineux.)
HH – Gut gut la Madame. … Du machst zuviel Lärm im Bett, touchour ?
LD – Qui c’est celui-là ? Il parle en quoi ?
HH – Toi madame schlafen mit mir… Schlafnische bedide Madame ?
AP – C’est vague… mais il me rappelle quelqu’un.
(Hans s’approche décidé de Loulou)
LD – Tu as intérêt de vite te souvenir. Défends-moi, ce type est fou…
HH – Kein Frau dann werde ich schlafen aber schweigend. (Il s’assied sur la chaise de la vuvuzela et se met à pleurer) Grosse malheur !
AP – Ha !... je me souviens de lui. C’est Hans, mon ami Hans, supporter du Borussia… Le car l’a oublié à Sclessin et on m’a compté pour lui !... Tout s’explique…
LD – Comment est-il arrivé dans ma chambre ?
AP – Quand je suis revenu en train de Dortmund, il dormait dans la gare des Guillemins. On s’est reconnu à nos trompettes, la mienne rouge et blanche et la sienne noire et jaune.Il m’a agrippé en m’expliquant qu’il voulait dormir. Il n’est pas le seul, par exemple. Il se croit dans une maison avec les « Madame ». Je l’ai emmené chez moi... avec ton 14, je l’avais complètement oublié. La preuve est là, devant toi, je suis allé en Allemagne à sa place !...
LD – C’est charmant, il se croit dans un bordel… Parole, il me prend pour une pute !
AP – Hans, das is nicht ein bordel. Das is mein baraque ! Da sis mein fraulein Loulou.
HH – So ein Unglück! Moi gros filou. Pardonne… bitte, Loulou…
LD – Qu’est-ce qu’il a avec sa bitte après moi ?
AP – Il pleure, puis il se croit dans un bordel. Il a un grosse malheur ! Bitte, ça veut dire s’il-vous-plaît…
LD – Ils sont tous comme ça les supporters de Dortmund ?
HH – Große Katastrophe…
LD – Ça, au moins, on comprend. C’est pas si difficile que ça, l’allemand !
AP – On en a fait des montagnes… Au moins c’est pas comme le flamand, celui qu’est à Cologne, comprend l’autre à Zürich…
LD – Zürich, c’est en Suisse…
AP – Enfin, tu me comprends…
HH – Ich bin in Lüttich und meine vianzee ist in Dortmund !
LD – Vianzee ! Lüttich… attend… sa fiancée est à Dortmund et lui est à Liège. Et alors ?
AP – Et alors ? Hans… Morgen freund…
LD – Qu’est-ce Freud ferait à Dortmund ?
HH – Das ist für das Geschenk vierzehn Februar verpasst…
AP – Tu comprends quelque chose ?
LD – Rien ! Il montre un papier… Donne lui mon sudoku. (Antoine le prend sur la tablette de nuit) Je l’ai fini qu’il écrive dessus.
HH – Ja ! Soodoguou… Kapout…
AP – Il écrit quatorze en chiffres arabes ! Februar ! Vingt dieu, c’est un de ta secte du 14 février ! Mais qu’est-ce j’ai fait ? Je suis envahi par des extra-terrestres qui ont un dieu sur terre, c’est le jour, ils débarquent… Je suis cerné…
HH – Ich habe einen Ring für Guisela. (Il sort un petit écrin de sa poche l’ouvre et donne la bague à Loulou).
LD – Au moins voilà un supporter allemand qui n’oublie pas le 14 février, lui !... (Loulou veut rendre la bague à Hans. Celui-ci la repousse)
HH – Ich bin Kapout !... Bedit gadeau der Valentinstag !... Zaint Valentine…
LD – T’as compris ce qu’il y a le 14, hein bougre d’âne que tu as oublié ! Douze ans de mariage, pour en arriver à ce qu’un supporter saoul et allemand m’offre une bague dans ma chambre à coucher, alors que je suis en chemisette, voilà ce qui s’appelle une drôle de fête de la Saint-Valentin ?
AP – Si je te disais, ma louloute, que je croyais que la Saint-Valentin tombait le dix-sept, tu ne me croirais pas !
LD – Non…
AP – J’ai honte ! Comment me faire pardonner ?
HH – Guisela weit, großes malheur.
LD – Loin… loin… Guisela… moi, Loulou… près… près…
AP – Dis donc, toi, tiens-toi un peu !
LD – Cet homme-là, on ne va pas le mettre à la porte comme ça. Tu vas à la cuisine voir si on a des restes de chou. Ils aiment le chou, les Allemands. Puis tu iras faire les courses. Moi, je me recouche…
AP – Il est à peine cinq heures ! Je n’y survivrai pas… non, je n’y survivrai pas. Les magasins de nuit sont fermés le matin. On devrait ouvrir des magasins « fin de nuit » !
LD à HH – Moi, fatiguée… moi dormir.
HH – Natürlich. Jedermann ist ermüdet.
LD – On ne comprend pas ce qu’il dit, mais il est tout à fait charmant, ce supporter là !
AP – Je suis bien décidé d’attendre l’ouverture des bijoutiers en ville pour te dégotter une Saint-Valentin dont tu me diras des nouvelles. En attendant, je pars aux provisions.
(Il sort)
HH – Antoon, mijn Kamerad… (Il veut sortir avec lui. LD le retient)
LD – Alors, mon Siegfried, on a perdu comme ça, sa Lorelei ? D’ici à ce que ton Antoon trouve une supérette ouverte on a deux heures devant nous.
HH – Antoon ist des Standar zu vertragen, zupporter. Geschlagen – battu - fünf in Nullpunkt, Alle zupporter coucou… malheureux !
LD – Coucou !... Tu veux dire cocu… un 14 février…

Bonne année à tous !
Richard.