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29 février 2020

La conscience belge, victime collatérale du conflit Syrien.

À propos des événements de Syrie, j’avais écrit qu’à notre niveau nous ne pouvions assister qu’impuissants aux tueries ordonnées par l’un ou l’autre camp, des bombardements criminels et de toutes les exactions qui sont perpétrées tout au long de cette guerre.
La seule chose que nous puissions faire, c’est de protester : contre qui, contre quoi ? Nous ne pouvons compter, dans ce domaine comme dans d’autres, sur nos élus, particulièrement sur le conflit turco-syrien actuel ! Pourtant, le ministre des affaires étrangères et le premier ministre l’ont abordé à l’Europe, à l’ONU et dans des réunions au sommet.
Mais, on n’y a jamais entendu nos élites y élever le ton. Et pour cause, la Belgique est l’hôte de la commission européenne et l’inconditionnelle des États-Unis d’Amérique dans sa politique extérieure par l’OTAN, dont l’État-Major est situé également en Belgique.
Charles Michel et Didier Reynders, carriéristes bien connus, personnages pleutres et hypocrites de l’ex gouvernement, n’ont jamais été les champions de la paix afin de relayer l’opinion publique belge, majoritaire dans le respect de la vie humaine des civils impliqués dans des conflits d’ego, entre les seigneurs de la guerre. De ce point de vue, nos deux artistes du jeu des coudes ont l’hubris égal à Bachar el-Assad et Erdogan.
Mais, je ne me sens pas quitte pour autant du point de vue de ma conscience, des massacres et des exactions commis de par le monde. Il apparaît évident que le citoyen, sans la possibilité de s’exprimer dans une démocratie confisquée, doit s’informer sur les conflits tuant sans distinction population et combattants, au cas où la démocratie changerait de donne.
Tous les conflits du Moyen-Orient et d’Afrique du nord viennent de l’idée anglaise accueillie avec enthousiasme par les Alliés, que les Juifs, après les exactions qu’ils avaient subies des nazis, avaient droit à un territoire et l’ayant limité sur un pays qui n’était pas le leur, peuplé de Palestiniens et de Cisjordaniens, ont commencé à faire le vide autour d’eux dès leur installation et sont sortis bien vite des limites imparties par leurs mentors, sans que ceux-ci réagissent, si ce n’est d’aider en tous points Israël jusqu’à en faire une puissance nucléaire.
Les discours de Donald Trump sont transparents. Culpabilisée, l’Europe s’était déjà couchée, bien avant lui. Le résultat, même si Israël n’est pas responsable de tous les conflits, il y a dans chacun d’eux et ce depuis les années 50, un cactus d’Israël quelque part.
La Turquie guerroie en Syrie depuis quelques mois sans autre alibi que son intérêt personnel vis-à-vis des Kurdes. Elle les persécute sur son territoire et elle a l’intention de les persécuter ailleurs. Son cas est particulier. Elle est membre de l’OTAN, c’est-à-dire qu’elle nous implique dans ses conflits, que nous le voulions ou pas. Seul le président français a posé la question à l’OTAN qui nous solidarise entre État membre. Allons-nous un jour guerroyer à notre tour en Syrie, pour se faire du Kurde rebelle ?

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On aurait bien voulu entendre Didier Reynders là-dessus. C’est loupé, il est parti ailleurs piller un autre râtelier, bien content de ficher le camp avec l’enveloppe, sans prester le travail.
Il faut quand même bien revenir à 1952 et à l’adhésion contre nature de ce pays belliqueux de 80 millions d’habitants et qu’il se fallut d’un cheveu qu’il n’adhèrât en plus à l’UE.
En pleine guerre de Corée, l’OTAN procède à son premier élargissement depuis sa création avec l’entrée de la Grèce et de la Turquie dans l’alliance militaire. À l’époque, portée par le Kémalisme, la Turquie, résolument pro-occidentale, se bat en Corée aux côtés des Américains. Malgré de multiples accidents de parcours, et le refus de la CEE puis de l’Union européenne d’accepter l’ancien empire ottoman en son sein, la Turquie est ancrée dans l’alliance nord-atlantique.
À partir de 2003, avec la victoire du parti de la Justice et du Développement, Ankara s’engage dans une orientation pro islamiste de sa politique étrangère. De plus en plus, elle s’écarte de l’Europe pour devenir un acteur au Proche et Moyen Orient et jusqu’en Asie centrale, profitant de l’indépendance des anciennes républiques soviétiques turcophones. La rencontre ratée Trump-Erdogan mi-novembre marque le début de la fin des relations atlantistes de la Turquie. Les conséquences pour le Proche-Orient seront significatives.
La décision de Trump de laisser les troupes turques envahir le nord de la Syrie pour en chasser les milices kurdes est lourde de conséquence. La visite officielle d’Erdogan aux USA fut une catastrophe. Paradoxalement, le désintérêt de Trump pour le Proche-Orient ne fait que repousser l’inévitable.
(Suite demain de l’embrasement syrien, l’impuissance de l’Europe, la veulerie de la Belgique et des autres membres de l’OTAN)

28 février 2020

Liquidations !

À Liège, Bouchez cherche une relève qui a foi dans le système. Suite à COVID19 et pas que… la Bourse fait un malaise, encore que celui-ci ressemble à un AVC comme en 2008.
L’échafaudage de l’économie libérale mondialisée s’écroule.
Les élites vantent les progrès dont nous bénéficions à mettre en concurrence le monde entier, ouais… Un petit machin de coronavirus est en train de nous démontrer le contraire.
La Chine en ralentissant sa production forcée de le faire par la pandémie, met tout le monde au bord de la crise de nerfs. Qui n’a pas un boulon, un emballage, un composant chimique une molécule pour médicaments, made in China ?
C’était pratique, un emballage d’un produit courant fait à Wuhan, prend l’avion pour Hanoï pour une manutention, passe par Tokyo pour la mise en boîte et finit chez Bayer en Allemagne pour le remplissage. Il est ensuite dispatché vers les centres de distribution pour être fourni dans les pharmacies ou dans les drugstores, sous la forme de sucre + molécules emballé, vendu, par ici la bonne soupe !
Un fret aérien et une pollution considérable empestent l’atmosphère, mais ils sont compensés par un coût réduit de produits finis. Il y a même des inhalateurs combinant fluticasome et salmeterol contre l’asthme, dans les soutes des avions-cargos, destinés aux pharmacies, asthme dû en partie à la multiplication des vols gros porteurs !
Ce petit tour du monde, qualifié de miracle permanent, COVID19 vient de prouver qu’un rien peut le mettre par terre et plonger cette planète dans une merde noire.
Voilà pour une histoire, qui ne fait que commencer.
Par ailleurs la situation économique en Europe n’est pas bonne. Elle est même mauvaise et l’on craint un krach boursier pour cette année, indépendamment des méfaits de ce petit communiste de COVID19.
C’est d’abord l’Italie, dont l’économie déjà vacillante, perd les pédales et est en passe de rejoindre la Grèce dans le malheur. Suivent la France et l’Allemagne, la première pour son taux de chômage et sa théorie du ruissellement qui fait un flop et la seconde pour sa fragilité de son commerce de ses Mercédès à 20 ou 30 mille dollars, dans l’Amérique de Trump. Viennent ensuite la Belgique avec Sophie Wilmès qui attend un coup de fil de Charles Michel tous les matins pour savoir quelle sera sa journée. L’Espagne dont le franquisme fait un bubon.
La Bourse joue au yoyo, mais avec de moins en moins de remontées de la ficelle, si bien qu’elle pourrait sombrer dans le marasme de 2008. Fin du fin, la croissance si indispensable pour que le bidule fonctionne, est pratiquement partout à 1 % du PIB.

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Si après ce tour du horizon les deux bélitres Sinardet et Delwit sont encore heureux, François Lenglet bien dans sa peau, Marc Daniel, Elie Cohen et Philippe Dessertine au zénith d’un béat optimisme, alors désabonnez-vous de l’Écho de la Bourse et du Financial Times, courez dare-dare vider votre compte en banque, vendez vos actions et faites provision de conserves.
Pour éviter la crise économique dont COVID19 vient de forcer l’allure, l’Europe devrait venir au secours des plus faibles. N’oublions pas qu’elle a refusé des béquilles à la Grèce, pour lui faire un croc-en-jambe ! Elle s’apprête à récidiver avec l’Italie, sauf que l’Italie est la troisième puissance économique de l’Europe. L’Euro, sa structure, son incompressibilité, son taux de change identique de la Pologne au Portugal est le cordon bickford dont nous avons confié la boîte d’allumette à Christine Lagarde, tout en sachant que Donald Trump, en a une autre sur son bureau.
De ce constat, nos élites trouvent le moyen de nous dire que leur système, celui du MR et du parti socialiste, va bien et même très bien. Ce n’est pas nous rassurer de nous faire savoir en même temps que nous allons souffrir, que le temps des vaches grasses est passé et que si nous voulons survivre, il faudra se serrer la ceinture ! Cette contradiction n’échappe à personne.
Ce système libéral, mal fichu, injuste, à nouveau au bord de l’abîme, tient encore la cote dans les conversations des ménages par atavisme et propagande capitaliste.
Il est moins une. Je sais bien qu’on ne fichera pas facilement la moisissure libérale à la porte. Pourtant c’est ce qu’on devrait, et voir comment on pourrait concilier travail et écologie, retour des productions complètes sur place des produits utilitaires indispensables et redistribution sérieuse des profits entre travail et entreprenariat.
Nous avons laissé les faillis de 2008 nous plumer. Gamins incorrigibles, ils rejouent à la roulette dans les casinos bancaires. Ce sera plus difficile en 2020, les plumés de 2008 sont fauchés. Ce n’est pas l’Europe, ni Bouchez et Bacquelaine qui nous tireront d’affaire. Alors, si on changeait d’économie avec des gens neufs et plus sérieux ?

27 février 2020

Oh ! José… Oh !

On papote sur le seuil des partis. Les ménages N-VA, Vlaams Belang s’envoient des coups de torchon. L’Europe, que dis-je, le monde entier a pris le carnaval d’Alost en horreur. COVID19 poursuit son bonhomme de chemin et sème la terreur, par peur de l’inconnu sans doute, puisque la grippe saisonnière rien qu’en France tue entre 15.000 et 17.000 personnes par an et que la pandémie de son confrère est loin d’avoir atteint ces chiffres dans une comptabilité du monde entier ! Sophie Wilmès est toujours aux manettes. Elle s’y trouve bien au chaud et sans devoir s’expliquer sur sa politique au parlement, puisqu’elle n’en a pas officiellement, alors que tout le monde sait que c’est Charles et la politique du MR qui perdurent.
Question souvenir, le PS et ses affairistes resurgissent au tribunal correctionnel de Liège où il est reproché à José Happart d’avoir usé de son influence pour bénéficier de réduction de prix pour la construction de la maison d'une amie disent prudemment les journaux bien propres et bien mis sur eux, tandis que les malotrus parlent d’une maîtresse.
Voilà toutes les hautes heures du socialisme wallon qui remontent du passé, pour rappeler aux gens le bon temps où il n’était pas nécessaire de lire une traduction du New-York Times, pour déguster du croustillant en ragoût. Ah ! les Happart, source féconde de petites choses qui superposées avaient acquis une certaine hauteur. Ces deux là ont trempé dans tout, magouillé avec tout le monde, filouté les planques lucratives, rivalisé en notoriété avec les plus grands biscornus de la planète PS, Mathot, Cools, Vanderbiest, Spitaels et j’en passe, tant la coupe déborde.
Et voilà le plus doué des jumeaux sur le banc d’infamie : José ! Non pas pour une kyrielle de méfaits improuvés donc inracontables, mais pour une bête affaire sentimentale dans laquelle, pour une fois, probablement la seule, son cœur a commandé sur l’instinct de survie du plus méfiant des ex-fouronnais.
Domino Demoulin l’a rencontré (Deborsu poussait la charrette à interview ailleurs).
"C'est un procès politique" dénonce José Happart visant un mandataire populaire. "
L’heureux retraité du parlement wallon, au passage il ne remercie pas l’électeur qui lui permet de vivre en gentleman-farmer, a toujours remporté la mise avec son « procès politique », le seul du reste, Jean-Claude Van Cauwenberghe avait eu beaucoup moins de chance à Charleroi sur le même thème.
DoDe accouche José. Il ne demande que ça.
Au départ madame X veut faire construire une maison. José Happart, galant homme, lui présente un promoteur immobilier, celui-ci va la mettre en contact avec un entrepreneur, qui malheureusement est foireux.

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Non ! Happart et madame X victime d’un entrepreneur foireux ! À qui se fier ?
José se sent meurtri dans sa chair. Sa responsabilité de galant homme est engagée. On peut l’accuser de tout, sauf de ne pas avoir aimé et respecté les femmes, surtout celles des autres, ce qui est son droit le plus strict. Du coup, il va contacter son vieil ami Christian Binet, promoteur immobilier.
– Allô ! vieille crapule, comment tu vas ? Faudra qu’on se voie un jour, que dirais-tu de demain ?
Binet lorgne à l'époque un terrain situé à Jemeppe où il aurait de quoi construire des clapiers à 300 boules, clé sur porte. Pour Happart, c’est fastoche, sans même réclamer de commission, du donnant-donnant, il va intervenir auprès de différentes autorités politiques.
– C’est normal, quoi, entre socialistes, on a toujours fait ça ! Je joue mon rôle d'homme politique, on ne peut pas me le reprocher.
Christian Binet, l'entrepreneur immobilier, va faire un prêt sans intérêt à l'amie de José. Il va payer les châssis et les menuiseries intérieures.
Selon le parquet, ce sont des contreparties, cela ne se fait pas.
Happart n’en revient pas ! Pour lui, c’est du métier de parlementaire tout ça. On lui cherche des noises. On veut l’assassiner !
Et c’est ça qui est vraiment grave et propre à tous les caïds du parti socialiste : ils ne comprennent pas ce qu’on leur reproche !
– J'ai été appelé directement comme présumé coupable et pas présumé innocent. A aucun moment, je n'ai eu droit à une justice équitable. Le droit de la défense ça peut être respecté dans l'instruction. On a fait tout pour essayer de me faire trébucher.
Et de rappeler que l’affaire des Fourons, qui l’avait hissé en tête du record des voix de préférence au parti socialiste, a laissé des haines profondes à l’intérieur même du parti, de ces haines recuites à l’italienne qui attendent parfois des vingt, trente ans pour s’assouvir.
Il a encore une broutille en faux en écriture à l’aéroport de Liège. Le délit n’est pas évident. Il s’en sortira, comme toujours, avec les félicitations admiratives de la confrérie… parce qu’il n’y a pas lieu de le faire tomber là-dessus. Reste les châssis de fenêtre et ses relations intimes, une question de vitrier…
La prochaine audience, le 3 mars, sera consacrée au réquisitoire et aux plaidoiries.

26 février 2020

Carême-prenant

Lutins, nains, elfes, gobelins, gnomes, du petit peuple, rentrez vos grimaces, abandonnez vos masques vous entrez dans le XXIème siècle ! Les pisse-froids des ligues, des associations diverses, Unia, la commissaire UE Margaritis Schinas, les grands rigoristes de la pensée morales, les ligueurs contre tous les racismes, avec en tête de gondole le combat du racisme contre les Juifs, vous commandent de faire du carnaval, l’exemple moral des familles !
Merde ! ces gens commencent à me gonfler. Ne plus pouvoir se lâcher, rigoler de nous-mêmes et des autres et ce depuis le plus haut moyen-âge : interdit ! Tout de suite on suspecte un coup de téléphone de Netanyahou !
Le monde moderne a perdu la raison, complètement à la dévotion d’un seul souvenir, certes terrible, mais bon sang de bonsoir, laissons les prosélytes se flageller tandis que les carnavals font pareil, mais avec des fouets en carton. C’est pour rire !
Le terrible baron médiéval ne pendait pas les jours de carnaval. Tout ce qu’il avait interdit sous peine de mort, devenait soudain autorisé par la licence du carnaval. C’était une soupape qu’on voudrait aujourd’hui bloquer.
Par hypocrisie Sophie Wilmès y va aussi de son grain de sel. Elle va soumettre à la magistrature l’exemple affreux du cortège carnavalesque d’Alost. Ce que Charlemagne n’aurait osé faire, le MR le tente !
Le carnaval, c’est le besoin d’oublier les soucis du quotidien. L’hiver est la saison des masques. Ces Messieurs-Dames en portent toute l’année. Laissons donc les autres en porter quelques jours.
Le Prince des fous, Rabelais, auteur du XVIe siècle, est quasiment oublié. Il maniait un vocabulaire trop riche pour notre misère intellectuelle, trop libre pour nos oreilles dévastées par la propagande capitaliste. Un curé qui montre la bite de Gargantua à tout le monde, comme un vulgaire Griveaux, ça ne se rencontre pas souvent.
Gueusant à l’abbaye de Thélème, les cons qui nous gouvernent, n’y voient que de la vulgarité.
En ce temps là, foires, fêtes religieuses, carnaval, toutes les occasions étaient bonnes pour singer les Grands, les curés et la culture officielle, blasphémer, se livrer à des pitreries et des jeux scatologiques. Le carnaval, c’était le théâtre de la vie même, une sotie interprétée par des comédiens d’un jour. Tout le monde y participait sans distinction de rangs et de classes sociales, au contraire de la vie fortement hiérarchisée de l’époque. C’était un défoulement. Le langage y était libre, les insultes et jurons fréquents.
Le carnaval était une sorte d’affranchissement de la vérité dominante et du régime féodal, par l’abolition provisoire de tous les rapports hiérarchiques, privilèges, règles et tabous. C’était l’authentique fête du temps, celle du devenir, des alternances et des renouveaux.

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On retrouve chez Rabelais ce rabaissement de tout ce qui est élevé par l’usage du langage des foires et de celui des bonimenteurs. Rabaisser consistait à rapprocher de la terre, à communier avec la terre comprise comme une naissance pantagruélique.
La prédominance du principe de la vie matérielle et corporelle dans les livres de Rabelais renvoie au réalisme grotesque. Le style grotesque c’est un type de peinture ornementale des grottes romaines, caractérisé par un jeu avec les formes végétales, animales et humaines, sans frontières nettes, un univers mouvant avec de multiples métamorphoses. Cette imagerie antique se projette dans la culture comique du Moyen Age.
Il y a une dimension politique dans le fait de ne pas prendre au sérieux la culture officielle. A vrai dire, la lecture de Rabelais au temps du carnaval permet de s’ouvrir à d’autres thèmes, de mettre des mots sur les avatars de notre société, de lutter contre l’insidieuse perte du petit pouvoir du peuple, par ceux qui en ont beaucoup.
“Le carnaval d’Alost est une honte”, dénonce le commissaire européen Margaritis Schinas, en charge de la Promotion du mode de vie européen et de la lutte contre l’antisémitisme. Et d’annoncer comme le comble du déshonneur pour nous Européens qu’UNIA aurait reçu 25 plaintes concernant le carnaval d’Alost.
Si le carnaval d’Alost avait présenté des SS, moustaches à l’Adolf, en 1942, il y a de fortes chances pour que les déguisés n’eussent pas fini la journée et se fussent retrouvés fusillés à la soirée. C’est ça qu’elle veut Margaritas Schinas, faire fusiller des gens par l’opinion publique ?

25 février 2020

COVID-19, un sacré fonceur.

François Fillon et Pénélope devaient comparaître pour répondre de l’accusation de détournement de fonds. Des dizaines d'avocats ont bloqué l'entrée du palais de justice de Paris, d'autres ont jeté leur robe devant la ministre et ont organisé des opérations de "défense massive" plaidant des dizaines de recours pour retarder les audiences.
Pendant que le projet de loi de réforme des retraites est examiné par les députés et qu’on pense que la macronie va sortir le 49.3 pour passer en force, la garde des Sceaux, Nicole Belloubet ferraille contre Christiane Féral-Schuhl du Conseil national des barreaux.
Le monde ne se règle pas sur le nombril de la France. L’OMS décrète que le coronavirus n’est pas maîtrisé, que c’est une pandémie. Il se répand partout dans le monde et transforme actuellement l’Italie du Nord en camp retranché.
On n’a qu’un cas mortel du COVID-19 en Afrique, et pour cause il n’y a aucun contrôle et le dépistage comme le confinement est impossible en Afrique, faute de moyens. Donc, on ne sait rien de la progression du fléau.
Les Bourses s’effondrent, l’Arabie ne parvient plus à vendre son pétrole et le CAC 40 perd en une journée, 3 % 52. La Chine vit une déroute financière.
Et si la grande crise, celle que des économistes bien plus compétents que les gourous officiels ont prédite, tombait pile poil en pleine pandémie ? Quel bonheur pour ces faillis, quel prétexte magnifique ce serait d’imputer le chaos économique à COVID-19, responsable de tout !
Et pendant ce temps, notre Jeanne d’Arc, Sophie Wilmès, renaît de ses cendre chaque jour en chantant « Le lendemain, elle était souriante ». Fillon et Pénélope rentre chez eux et se disent qu’un ajournement, c’est toujours ça de pris. Les élections municipales risquent de perdre plus encore de votants que la fois précédente. Grivaux n’en finit pas de se reboutonner. Philippe ne veut toujours pas recevoir Hedebouw.
On s’est assez enthousiasmé d’un monde transformé en souk. Au-dessus des consommateurs, les avions géants transportent leurs cargaisons de produits. Sur les océans, les hôtels-flottants de 5.000 à 6.000 lits jettent l‘ancre dans tous les ports. Des porte-containers de 350 mètres de long emportent vers nos marchés la production de 10 pays !
Et profitant de cet énorme brassage, un petit machin invisible à l’œil nu, indétectable avec un microscope ordinaire, se promène dans le système économique mondialisé, tout à fait comme s’il était un Trump allant jouer une partie de golf en Floride, pour se blottir au chaud dans les bronches et les poumons des vieux et des personnes fragiles.
On voulait décloisonner les États et nos élites trouvaient que l’Angleterre, se claquemurant sur son île, avait perdu l’esprit, et voilà qu’un machin invisible prend des initiatives de voyage. La N-VA et le Vlaams Belang triomphent, eux qui ont pris de l’avance avec leur frontière linguistique et que justement, le COVID-19 vit des postillons.

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Les travailleurs ne sont pratiquement jamais écoutés, le système les ignore. Les partis libéraux nous baladent sur la nécessité de se serrer la ceinture pour sauver « nos » emplois et « garantir » l’avenir de nos enfants. Voila que COVID-19 s’amène sans bruit, du coup tout est possible. La France remet en service une vingtaine d’hôpitaux, on retrouve du personnel, on confectionne à la hâte des masques et des combinaisons stériles. La Belgique, avec ses 6 ministres de la santé, reprend dare-dare les règlements, contrats, et coutumes des régimes hospitaliers, remet en place des coordinateurs chargés de fusionner en un seul moyen de défense l’ensemble des mesures au cas où le coronavirus, se jouant des frontières et de la linguistique, se plairait aussi bien sur les cordes vocales vibrant en flamand, qu’en français.
Une leçon à tirer pour la gauche, nos suborneurs n’agissent que par la trouille d’un virus, faisons en sorte qu’ils agissent pour tous les cas.
Une autre leçon aussi avec les moyens de transport et les relations du business d’un continent à l’autre, relevons notre artisanat, essayons d’être autosuffisant, ne mangeons que des fraises à la saison et si possible de Wépion, elles sont meilleures que celles d’Espagne ou du Guatemala. Il est possible que nous nous en tirerions mieux et que COVID-19, sur de longues distances, puisse avoir des crampes et jette le gant.
– Oui, mais, cher monsieur, c’est tout le système économique libéral qui serait à revoir ?
Alors que l’Europe américanisée gagnait du terrain sur les syndicats et la gauche, voilà que COVID-19 entre dans leurs nobles pifs !...
Malheur ! Hell and damnation ! l’argent ne protège pas davantage la classe supérieure que celle des fauchés !

24 février 2020

Télé éveillée – spectateur endormi.

Voilà longtemps que la gauche s’en est aperçue, les débats dans les journaux, à la radio et à la télévision se resserrent autour de quelques experts : économie, politiques interne et internationale, qui sont, à peu de nuances près, du même avis.
Entre les intervenants, puisque le point de vue est commun, le tri porte sur la notoriété. On assiste parfois résigné, parfois amusé, à un accaparement de la parole par des débatteurs en accord avec la rigueur budgétaire, qui disent à peu près la même chose.
Cette hiérarchie est amusante à suivre. Parfois, elle est visible, dès la manière dont sont placés les interlocuteurs. Les pointures coupent les autres avec l’accord du présentateur. Ceux à qui ils coupent le sifflet n’ont pas l’air de leur en vouloir. C’est une autorité en la matière qui parle. Il a le droit. Le ballotage dans la hiérarchie de la notoriété, voit une bataille d’ego, parfois d’un ridicule achevé. Certains regards assassins supposent de l’animosité dans l’air. Mais c’est rare, les huiles se respectent entre elles. La tolérance fait partie de leur image.
Par contre le deuxième rideau grouille d’hybris frustrés. Il y a affrontement. Tandis qu’au rang un, par contre, il n’y a pas photo, le maître de cérémonie prend garde d’en mettre deux autour de la table, sans qu’ils ne se connaissent liés par l’intérêt. C’est tout un art de composer la table, comme dans les grandes maisons.
Cela est pitoyable ! Alors que l’on n’aborde jamais des sujets qui touchent à l’avenir des gens, comment ils finiront le mois, ce qu’ils mettront sur leur pain !
C’est même assez symptomatique que de la gauche à la droite ministrables, donc du PS à la N-VA, en Belgique et de la REM, les exsocialistes transfuges et le modem en France, jamais on ne touche à l’ordre économique inspiré des États-Unis.
Entre experts de la même confrérie, l’absence de concepteurs critiques de l’économie, produit une parodie de débat. Ce qui fait défaut : un manque criant de pluralisme.
C’est un problème démocratique. Tous présentent la réduction des dépenses publiques pour rester dans des « limites » raisonnables. Logiquement, cette analyse débouche sur des réflexions sacrificielles. Ils tombent d’accord sur des restrictions des dépenses sociales.
Tout est d’ordre économique, alors que le public pense aussi à l’écologie « quelle planète va-t-on laisser à nos enfants ? », plus que « quelle dette nos enfants devront rembourser ? ».
Les médias, en présentant la réduction des dépenses publiques comme unique option, escamotent du débat, une politique alternative.
On peut très bien vivre ses soirées sans les prendre au sérieux, les regarder faire la roue, on peut manger son potage en leur tournant le dos, alors qu’ils pérorent, « qu’heureusement le libéralisme est là pour sauver l’humanité ». On peut même laisser la télé en repos.
Eh ! bien, si c'est avec ce matériel humain qu’elle compte se sauver, l’humanité, je ne donne pas cher de notre peau.
Comme ceux qui ont arrêté de fumer par la méthode de la persuasion et de la volonté personnelles, je pourrais très bien ne plus acheter le journal, tourner le dos à leur manière, couper le câble et lire un livre.

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Je sais bien que je ne le ferai pas, non pas qu’ils me fascinent par ce qu’ils disent, et qu’ils prétendent savoir, mais parce qu’ils sont balaises dans leur métier du paraître, leurs mimiques, leurs effarouchements, leur ton grave ou léger, toutes caricatures du théâtre classique. C’est le théâtre chez soi. Alain Duhamel, c’est Tartuffe, avec ses regards par en-dessous et l’air qui fait pitié chaque fois qu’il lance une vacherie, Barbier, c’est Cromwell, comme ce héros de Hugo, Barbier perd toute sa part d’humanité pour devenir une pure conception de l’esprit malveillante dans un raisonnement d’apparence en béton, Deborsu, c’est Lélio de la commedia d’ell’arte, avec sa souplesse peu commune de sauter de l’un à l’autre, de telle sorte qu’il est le seul capable de couper la chique aux ténors de la notoriété. Son compagnon de scène (quoique ils ne jouent pas sans le même théâtre), c‘est Aphatie dans le rôle de Pantalone et enfin Caroline Roux, Corallina, soubrette exubérante et rusée qui noue des intrigues les plus compliquées et qui feint de s’embrouiller dans la stricte hiérarchie des notoriétés.
Ils poursuivent une idée : il faut sauver la macronie d’un désastre possible. Même Deborsu le pense en Belgique. Et là, ce n’est pas gagné.

23 février 2020

Le pays mort de rire

On nous promène depuis belle lurette sur des réformes de l'État, alors que le citoyen sait à peine de quoi il retourne. Il suffit que les Flamands disent « c’est pour une plus grande autonomie afin de protéger notre singularité, comme celle des Wallons » et tout le monde est content.
Enfin tout le monde, c’est beaucoup dire. Si toute forme de solidarité tend à disparaître sous les coups de l’économie mondialisée accélérant le divorce des Régions, les bourgeois des deux rôles linguistiques se serrent les coudes pour sauver le drapeau, le roi, le fric.
Le bon bourgeois de Mons, retraité de la présidence du PS, mais jeune-beau de son hybris au gouvernement wallon, est un pilier du bourgeoisisme monarchiste. Son idéal serait qu’un historien attachât son nom à la monarchie, par un titre de protecteur du Royaume.
Pour l’heure, les maniaques du particularisme flamand ont abouti à des aberrations par des lois qui font la risée de l’Europe. Cela permet aux dits faiseurs de lois aberrantes, d’expliquer à tout le monde que le pays dans sa forme fédérale est ingouvernable.
Les Flamands sont contents, les Wallons goguenards et les Bruxellois furieux.
Notre ancien guignol préféré, reconverti président de l’Union européenne, a laissé le pays dans un grotesque état, sans avoir jamais eu la moindre velléité de réformer au sommet, ce qui aurait dû être fait, plutôt que laisser réformer au plus bas niveau : la couleur des poteaux de signalisation à la volonté, façon israélienne, d’annexer Bruxelles à l’appétit de la Flandre, comme Jérusalem Est à celui de Netanyahou.
Est-il vraiment besoin d'avoir 9 ministres de la Santé pour 11 millions d'habitants, s’interroge Le Vif/l’express ?
Sur le moment qu’on serre la vis aux chômeurs sur injonction de l’Europe, et qu’on opposera demain le coronavirus calidifontain Bacquelaine aux pensionnés, est-ce raisonnable d’afficher le luxe de sept gouvernements pour une gestion de l’État qui ressemble à un gag des marionnettes de l’info de canal ?
La connerie 100 % a été atteinte dans la version politique climatique, différente pour les trois Régions ! Comme si le réchauffement à Liège n’était pas le même à Tongres et à Ixelles ! Merde, où on va là ?
On finira par réglementer la largeur des pneus des handicapés en fauteuil qui sera différente selon que le malheureux roule du côté du participe passé qui suit le verbe ou, explicit liber, de celui qui le met au bout de la phrase !
On attend la septième réforme de l’État. On est curieux de ce que Bart De Wever va imaginer pour affirmer que sa flamanditude est supérieure à celle de Tom Van Grieken, le président du Vlaams Belang !

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On n’a pas encore légiféré sur les tailles des soutiens-gorges. La Flandre pourrait requalibrer le B100 de Liesbeth Homans. Explication, les tailles vont par A, B, C, D suivis d’un nombre, or, premier se dit « eerste”, deuxième “tweede”…derde, vierde etc. Donc Liesbeth en Flandre aurait la taille T100. Tom Van grieken, sur le coup, réformerait les Smal, medium, large et surtout XL (extra large) en EG (extra groot) des caleçons.
L’acronymie francophone en Flandre fera certainement partie de la 7me réforme de l’État.
Le successeur de Maingain veut aboutir à un rafraîchissement vivifiant de la Constitution avec l'appui du citoyen. Il souhaite se lancer dans un débat à la Macron impliquant « profondément la société civile et lui permettant de faire part au monde politique des effets, tant positifs que négatifs, des réformes successives de l'État belge, afin de voir comment le faire mieux fonctionner et dans l'intérêt de ses citoyens. » Ouf !
Avec une entrée pareille en matière, François De Smet, président de DéFI, risque fort de voir sa propre épouse chercher un prétexte pour mettre au moins deux couloirs de métro entre elle et la salle de la conférence.
Pour lui, cette réforme envisagée serait une première en Belgique ! Sans doute, mais de ce genre là, ce sera aussi la dernière. Ce qui ne signifie pas que Bart et Tom n’en feront pas d’autres, encore plus croustillantes. Ils ont compris : la politique nouvelle, c’est faire rire l’électeur !

22 février 2020

Plus on est, moins ça compte ?

L’actualité bruisse de heurts entre partenaires de travail dans les entreprises, entre écoliers dans les écoles et dans les rapports qui devraient être amicaux, au moins neutres, entre les gens. La moitié des journaux sont journellement remplis de faits-divers violents.
Le réflexe le mieux partagé est la méfiance aujourd’hui, quand un(e) inconnu(e) vous parle dans la rue, dans un bus ou dans tout autre lieu.
On impute cela à une prudence compréhensible (avec tout ce qui se passe) et la montée des violences, dont on a le compte-rendu dans les gazettes. On va chercher les origines de la méfiance hostile des uns par rapport aux autres, dans des antagonismes dus à la couleur de peau, au clan social délimité, dans des activités où la victime se trouve seule contre tous, etc.
Jamais, au grand jamais, le principal facteur de troubles des relations n’est nommé par tous, les médias les premiers.
À la rigueur, on n’admet que le psychisme de certains bannis soit l’effet d’une mélancolie propre à sa nature, dans le cours d’une vie sociale. Alors que c’est l’évolution de l’économie vouée au rendement et au profit qui clive les groupes sociaux, détachant peu à peu l’Homme de la solidarité avec les autres et le conduit à sa perte sur le chemin de l’individualisme et du chacun pour soi. Une information générale autre que largement interprétée en faveur du libéralisme occidental, manque pour l’équilibre des arguments pour ou contre le système économique.
Politique folle du système libéral, aberration pourtant rarement dénoncée par les hautes écoles qui continuent à produire des philosophes inoffensifs et des psychiatres qui croient dur comme fer que la nature intrinsèque de chacun est responsable de l’équilibre psychique. Quant aux économistes, rares sont ceux qui n’émargent pas aux entreprises conduites par de farouches entrepreneurs réactionnaires et capitalistes !
Seuls les partis d’extrême gauche dénoncent la nuisance de l’économie de marché et la mise en concurrence du monde entier par la circulation insensée des frets par avion cargo, ou par containers sur des navires gigantesques. Leurs critiques courent sur le défaut d’un partage équitable des encaisses des richesses produites. Ce qui est évidemment aussi une réalité. Mais, ils ne le font presque jamais au nom de l’absurdité du travail machinal, celui dans lequel on ne doit surtout pas penser, tout à l’affût du respect d’une ergonomie sans laquelle on ne produit pas suffisamment. Rarement le raisonnement qui dénonce le productivisme et le chacun pour soi est mis en avant comme argument important. C’est toujours inconsciemment qu’ils appuient une nouvelle forme de contestation en soutenant l’écologie qui dénonce elle, les effets du productivisme sur la nature, les espèces animales et le réchauffement climatique, sauf sur le comportement humain, pour des raisons électorales évidentes. Pourtant tous devraient penser que le système libéral est aussi une nuisance au niveau de la santé mentale des individus, qu’il attente à tout, c’est une évidence, et qu’il n’attenterait pas à l’homme, il faut être sorti de science-po pour en être obstinément convaincu, étant entendu qu’à ce niveau, il est impossible de faire erreur.

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C’est difficile à faire comprendre à ceux qui n’ont presque rien et qui se débattront toute leur vie pour avoir seulement le droit de manger à leur faim qu’on est arrivé à un sommet productiviste dans une forme de production de gaspillage inutile et attentatoire à notre survie.
Pourtant c’est le cas. L’abîme s’ouvre devant nos pas à défaut de retrouver à toute vitesse une nécessaire solidarité ! Et cette solidarité ne consiste pas à nous défaire de nos surplus, mais de tendre une main secourable à nos voisins sur les lieux de travail, à refuser de gagner plus en s’aliénant davantage, à faire comprendre par l’exemple à nos enfants que les différences dans les groupes scolaires, de tailles, de poids, de couleur, d’intelligences vives ou tardives à l’éveil sont des différences propres à chacun d’entre nous et qu’elles peuvent jouer en notre défaveur demain à l’occasion d’une infinité de situations nouvelles.
Pourquoi ne sommes-nous plus capables de construire des cathédrales (nous nous plaçons seulement dans l’art de construire des monuments grandioses sans connotation religieuse), ce n’est pas une question de foi, c’est une question de main-d’œuvre. Notre manière de faire exclu l’intelligence de l’ouvrier, sa capacité de créer. La robotisation du monde par les machines est une sorte de décervellement de l’espèce, une abdication de l’humain, une forme de vie qui recommande l’abrutissement au travail et dans les plaisirs, entre deux journées de labeurs.

21 février 2020

Explicit liber.

La thèse de Mandeville « Il faut confier le destin du monde aux pervers. » ne s’accomplit-elle pas avec l’accumulation d’argent autour d’une centaine de milliardaires pour bientôt sept milliards d’individus ? La libération des pulsions de cette petite communauté du fric rassemblant presque tous les pouvoirs, est déjà un fait, même si, parfois, l’un ou l’autre richissime abandonne un milliard dans un welfare, comme un scout ferait sa BA ?
Le néolibéralisme a un dynamisme incroyable, personne ne le conteste. Le problème, on ne sait pas arrêter la machine, ni le discours du capitalisme, fondé sur la destruction créatrice, énoncée par Joseph Schumpeter « Capitalisme, Socialisme et Démocratie. ».
Mandeville divise l’humanité en deux, les scélérats qui refusent de renoncer à leurs désirs et à leurs pulsions et la majorité des gens qui acceptent la frustration et la répression libidinales.
Entre les deux, une troisième classe peu nombreuse, groupant ceux qui feignent renoncer à leurs désirs pour mieux berner les autres. C’est à eux que revient la conduite du monde. Mandeville y flaire le pot-aux-roses, « le bien procède du mal ». De la rouerie, de la perversité, de l’hypocrisie de quelques-uns, de leur enrichissement et de la satisfaction de leurs désirs coupables naît l’harmonie et le bien commun. La radicalité de Mandeville, et ce pour quoi il sera rejeté par ses contemporains et honni par l’histoire, est de conférer une dimension politique essentielle à la pulsion et au désir.
En se basant sur la corruption de l’âme humaine, son aptitude au déni et à la dénégation, sa propension à préférer les fictions plutôt que la réalité, son appétit de reconnaissance et sa volonté de trouver refuge dans le phantasme, Bernard de Mandeville échafaude une politique et une économie nouvelles de son temps, diablement proche du nôtre.
Libérer les pulsions et faire de l’argent l’objet de tous les désirs, c’est le capitalisme trumpien ! Mandeville, un libéral à la Trump, le philosophe est pourtant oublié. Il a bouleversé la psychanalyse moderne et a probablement influencé Freud et Jung, sans que ces deux grands de la psychanalyse n’en aient rien laissé paraître.
Un an avant la Régence de Philippe d’Orléans, en 1714, à l’aube du Siècle des Lumières, l’opuscule de Mandeville est la porte de l’inconscient de l’âme humaine. Personne ne s’y était aventuré, sinon sous le sceau de la foi et les billevesées de la repentance, dans lesquelles sombraient Louis XIV et les dévôts.

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Sur la question de la perversion, il énonce une vérité qui a mis plus de deux siècles à se voir confirmée. Elle est l’apanage de la classe des rusés amenés à diriger les hommes par le bout de leurs pulsions. Perversion qui est la caractéristique psychologique des grands capitalistes actuels et sans laquelle le libéralisme ne se fût jamais développé.
Mandeville s’est posé une question dont Freud n’a jamais parlé. On la formule ainsi « Pourquoi, si on peut libérer les patients individuellement, ne pourrait-on envisager de les libérer collectivement ? ».
Il faut attendre Lacan pour déblayer les non-dits des psychanalystes précédents et enfin accéder à l’évidence d’un capitalisme financier contemporain « mandevilien » jusqu’au bout des ongles.
Mandeville a démonté le logiciel caché du capitalisme. Celui dont se serviront les économistes d’Adam Smith à Friedrich Hayek (1).
C’est quoi au juste « le capitalisme d’avenir » ? Il s’inscrit dans le marbre : fin de l’amour du prochain !
Le travail de détricotage des « avantages » a commencé dans toute l’Europe. C’est la fin des régimes spéciaux et l’avènement de la retraite par points en France. Une purge que Coca-cola Bacquelaine voudrait bien remettre à l’ordre du jour en Belgique. Ce n’est que partie remise.
La fameuse théorie du ruissellement aurait tendance à couler à l'envers. Mais on commence à comprendre le coût de ce pacte diabolique : la destruction du monde.
« Quittez donc vos plaintes, mortels insensés ! En vain vous cherchez à associer la grandeur d’une Nation avec la probité. Il n’y a que des fous qui puissent se flatter de jouir des agréments et des convenances de la terre, d’être renommés dans la guerre, de vivre bien à son aise et d’être en même temps vertueux. Abandonnez ces vaines chimères. Il faut que la fraude, le luxe et la vanité subsistent, si nous voulons en retirer les doux fruits. » écrit Mandeville, je le répète, en 1714.
On y est. Que dire de plus ?
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1. Hayek : dans une autre chronique, j’ai dénoncé sa froideur dans sa logique du crime social.

20 février 2020

Private Vices

Ainsi, ce forban d’Adam Smith, père du capitalisme moderne avec Alexis de Tocqueville, se serait inspiré d’un Hollandais naturalisé Anglais, un certain de Mandeville !
On voit d’ici la tête du plus célébré ignare actuel du MR, l’avocat de Mons, Georges-louis Bouchez, découvrant la fable des abeilles du dénommé Mandeville !
Après avoir soutenu que le vice conduit à la recherche de richesses et de puissance et qu’il produit involontairement de la vertu parce qu'en libérant les appétits, il apporte une opulence supposée ruisseler du haut en bas de la société, la fable des abeilles conclut « Soyez aussi avide, égoïste, dépensier pour votre propre plaisir que vous pourrez l’être, car ainsi vous ferez le mieux que vous puissiez faire pour la prospérité de votre nation et le bonheur de vos concitoyens ».
Sacré Bernard de Mandeville, la théorie du ruissellement dont s’inspire l’UE et nos élites, desquelles vient de s’exclure Griveaux, mais restent solides au poste Charles Michel et Didier Reynders (en fuite), Sophie Wilmès, standardiste MR au gouvernement, Bacquelaine dit Bacq et tous les joyeux partouzards de la Région wallonne « el furioso matamore del rei » Di Rupo compris, tous confirmés par Mandeville, sur ce que j’ai toujours dénoncé ici.
Le capitalisme perdure parce qu’il s’appuie sur les plus bas instincts de l’homme et qu’il a ainsi des chances de contaminer l’espèce entière, dans cette bataille d’avance perdue de l’altruisme contre le vice capitaliste.
C’en est même au point qu’au-delà de l’homme, le capitalisme est en train de détruire l’espace naturel nécessaire à la survie de l’espèce, c’est dire qu’à côté de lui le COVID19, c’est de la gnognotte.
Bernard de Mandeville, alias Man Devil, avait deviné Donald Trump sa réincarnation moderne, avec ses péons blancs qu’il robotise, et ce slogan qui transparaît sous ses tweets « baise ton prochain, sans lui casser la rondelle, afin qu’il puisse s’agenouiller longtemps pour te cirer les pompes ».
L’économie psychique et libidinale vue par l’économiste-philosophe Dufour (1), c’est ça !
L’assise psychique et pulsionnelle du libéralisme est dans le mal.
Je le crois volontiers quand on voit les efforts que font les élites à montrer qu’elles sont vertueuses et honnêtes, c’est prodigieux ! Et pas que Griveaux qui n’aime pas que l’on sache dans quel boui-boui crasseux, il s’essuie la bite après usage, sur les tentures poisseuses, comme le firent avant lui les plus grands du gotha politique et mondain.
C’est qu’il est très difficile de garder son sang-froid devant les possibilités qu’offrent des fonctions qui placent un homme au-dessus des hommes.

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Ce qui ne veut pas dire que tous les intellectuels qui ont réussi et qui se font des ronds en politique comme dans le commerce, sont des énergumènes pédophiles, violeurs et exhibitionnistes de leurs attributs, cela veut dire qu’en côtoyant journellement les privilèges qu’accorde la classe supérieure, on entre de plain-pied dans le vice et la vie facile et que s’il y a des résistants opiniâtres, il y a aussi des concupiscents irrationnels.
Cela doit être un supplice intérieur pour ceux qui, à la vitrine d’un parti, défendent un salopard. Hurler avec les loups, malgré une différence de métabolisme, faut s’y faire !
« Les vices privés font les vertus publiques » soutient Mandeville. D’après Dufour, un texte encore plus sulfureux était resté dans l’ombre « Recherches sur l’origine de la vertu morale », une plaquette oubliée de 1714.
Il y a très longtemps, j’ai presque appris par cœur « Malaise dans la civilisation » (2) de Freud, ce qui m’a guéri à tout jamais d’avoir du respect pour tout qui se présente supérieur à l’homme de la rue. L’incipit vaut le déplacement « On ne peut se défendre de l’impression que les hommes se trompent généralement dans leurs évaluations. Tandis qu’ils s’efforcent d’acquérir à leur profit la jouissance, le succès ou la richesse, ou qu’ils les admirent chez autrui, ils sous-estiment en revanche les vraies valeurs de la vie ».
Je le dis tout net à ceux de gauche qui font de la politique, n’essayez pas d’argumenter avec un libéral sur des questions économiques. Ces questions sont contrebattues par les destructions irréversibles qu’il devra amplifier à l’infini pour maintenir une plus-value, sans quoi le système s’arrête. Dès lors, cela conduit à une impasse que le libéral ne peut admettre, sous peine de se dédire. Entreprenez-le plutôt sur l’aspect éthique du système libéral, là où la faille est tellement énorme qu’il ne saura répondre que de manière confuse et incohérente.
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1. Dany-Robert Dufour, « Baise ton prochain », Actes Sud, 2019.
2. Malaise dans la civilisation de Sigmund Freud, in Presses Universitaires de France, 1973.

19 février 2020

Belloubet : la justice en caleçon.

Après la grosse mobilisation de la police judiciaire parisienne sur décision du parquet de perquisitionner au siège de la France Insoumise et chez son président Mélenchon, à la suite de vagues accusations d’une activiste de droite, Madame Belloubet, garde des sceaux, repique une nouvelle crise d’autorité : l’affaire Griveaux !
Le parquet de Paris revient sur une affaire pratiquement classée pour des violences commises avec arme le 31 décembre, lors d’une soirée, par l'artiste russe Piotr Pavlenski. Un mois et demi s’étaient écoulés, aucune audition, ne serait-ce qu’à titre de témoin, n’avait été requise. Pavlenski n’était pas en fuite. Son domicile était connu des services.
Comme il fallait à tout prix montrer les crocs suite au scandale, cette affaire de décembre a été rouverte pour l’adjoindre à l’information judiciaire concernant la diffusion des vidéos des parties intimes de Griveaux. Comme par hasard, y sont impliqués Piotr Pavlenski et sa compagne Alexandra de Taddeo. C’est cette dernière à qui Griveaux confia jadis la vision de ses parties génitales. Dans l’esprit d’un « kompromat (1) » à la russe, madame Belloubet a ressuscité l’affaire de la rixe de décembre, pour renflouer l’image de Griveaux.
Le système judiciaire français a la particularité que les magistrats du parquet ne bénéficient pas de la garantie d'inamovibilité. Leur indépendance est limitée par le fait qu'ils sont placés sous la direction et le contrôle de leurs chefs hiérarchiques et sous l'autorité du Garde des Sceaux, ministre de la justice.
Cette façon d’interpréter l’impartialité de la justice, permet ainsi à madame Belloubet d’influencer les magistrats du parquet, sans que cela n’apparaisse nulle part.
C’est probablement en concertation avec la garde des sceaux que Benjamin Griveaux a porté plainte contre les deux interpellés.

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Sachant qu’Alexandra de Taddeo est l’ancienne maîtresse de Griveaux, il s’agit non plus d’une divulgation d’un tiers à l’affût d’un flash secouant la Toile, genre paparazzi sévissant sur FB, mais une affaire sentimentale ayant pris fin, laissant à la délaissée l’amertume de s’être trompée sur les sentiments de son amant, d’où ces vidéos sur la place publique.
En général, les tribunaux classent sans suite ou sont généralement cléments dans ce genre de situation. Une femme déçue par un séducteur sans scrupule, Marlène Schiappa les défend. Mais pas celle-ci, évidemment, secret d’État.
Il ne s’agit pas de légitimer la diffusion des images, mais de montrer la bassesse du sieur Griveaux portant plainte. Ce manque de galanterie, en dit long sur l’ex socialiste rallié à Macron.
Piotr Pavlenski est dans l’ordre sacrificiel, le turbulent agresseur qui manquait à madame Belloubet et à la justice française, pour tenter que l’opinion publique bascule en faveur du méprisable Griveaux. Cela s’appelle une ingérence du politique dans la sphère judiciaire.
Reste le cas de Piotr Pavlenski. Anar, proscrit de tous les régimes, allergique à tous les systèmes, on peut dire sans se tromper qu’il va savoir à ses dépens comment la « civilisation bourgeoise » traite les gens de son espèce ! Les cris de mise à mort des députés de LREM, en donnent un avant goût. Certains n’hésitent pas de suggérer qu’on le renvoie en Russie, en espérant qu’il s’y fasse liquider dans une prison de la FSB, ex KGB.
Ah ! les braves gens… mon vieux sang d’anar ne fait qu’un tour. On s’étonne que l’on patauge dans une pseudo-démocratie qui tourne carrément à une oligarchie et on s’apprête dans l’hostilité générale à l’égard de Pavlenski à l’imaginer garrotté, quelque part dans un cul de basse fosse, comme du temps de ce salopard de Franco !
Parce qu’en réalité, même si Pavlenski a un petit côté « artiste qui veut épater le monde pour réussir », un peu à la manière d’un autre artiste, belge celui-là, Théophile de Giraud (2), qui en septembre 2008, barbouille la statue Léopold II de peinture, il n’en demeure pas moins que cette démocratie a en horreur l’anarchie de gauche, pour la bonne raison qu’elle est devenue elle-même anarchiste, du côté du capitalisme, au sujet des milliardaires propriétaires de la planète qui sont des anarchistes de droite qui ont réussi.
La conclusion voudrait que la moralité bourgeoise soit sauvegardée, que Griveaux se jette aux pieds de l’épouse et que celle-ci pardonne, réservant l’entièreté de la faute « à la racaille », en toute conclusion identique à la Belle Époque, qui fut prolixe en amours ancillaires et en discours publics enflammés à l’amour de la famille, tandis que ces honorables bourgeois se repassaient les chaudes pisses dans les bordels.
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1. En russe, "kompromat" signifie littéralement "dossier compromettant". Généralisée pendant la guerre froide par les services secrets soviétiques, cette technique vise à monter des dossiers pour nuire à un ennemi.
2. Théophile de Giraud est un activiste belge né en 1968 à Namur, qui aime se mettre en scène, mais de manière moins spectaculaire que Pavlenski.

18 février 2020

Chéri Bibi à la PJ.

Le vice profond de la démocratie réside dans son exercice. C’est une lutte constante entre ceux qui sont élus et les électeurs. Regardez Macron, si convenable au début, trois mois plus tard, il n’en faisait qu’à sa tête.
Démonstration.
Le public a cru pendant longtemps que les élus sont aux postes de direction pour suivre le cahier des charges des électeurs. Pas du tout. Aux commandes, ils ont l’œil sur trois manomètres : les directives européennes, Wall Street et le commerce avec Trump. Ils en dissimulent un petit quatrième dans leur Smartphone, sorte d’agenda d’abécédaire mondain et commercial. L’électeur n’existe plus, disparu derrière les nécessités de la realpolitik.
Benjamin Griveaux a imprudemment montré sa zézette à une belle qui s’est fait une joie d’en faire profiter la France. Unanimes, les belles-mères des gazettes, la macronie et les opposants, ont montré leur fureur contre les réseaux sociaux.
Là-dessus, on met Pavienski et sa compagne en garde-à-vue. Ils désignent Juan Branco comme leur avocat. Chose exceptionnelle, le parquet récuse Branco. Ce qui fait que Pavienski et sa compagne ne sont pas défendus ! Le couple est mis à la discrétion de la macronie, sans avocat. Il est supposé détenir des photos compromettantes d’autres barons du système. Comme quoi, la justice n’est pas simple sous un empereur capricieux.
La classe politique accusent les réseaux sociaux, et l’anonymat qui s’y pratique, responsables de la chute de Benjamin Griveaux. Et à fortiori du “délitement” de la vie politique française. Autant de critiques qui provoquent la colère des spécialistes des réseaux sociaux, comme de certains communicants.
Le pouvoir se dit chouette, on peut avancer un pion, c’est le moment de prendre une case. Les autres ne moufteront pas. Ils sont toujours dans l’émotion.
Les bons soldats de la presse s’alignent tous.
Mais, par rapport à l’électorat, il ne faut pas trop en remettre, déjà l’affaire des pensions qui tourne au désastre et que Macron va finir à coup d’ordonnances du 49/3.

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Pour la levée de l’anonymat sur les réseaux sociaux, Philippe a été aussi maladroit que Griveaux, l’autre a montré sa bite, Philippe son impatience. Avec ceux-là, l’intelligence formatée aux grandes espérances des hautes écoles en prend un coup.
Nombreux soulignent que l’obligation de préciser son identité sur les réseaux sociaux n’aurait absolument rien changé, dans la situation de l’ancien porte-parole du gouvernement. Piotr Pavlenski a rapidement revendiqué son post.
Si l’affaire est sortie du presque anonymat, c’est en raison du partage du lien menant aux vidéos par des comptes influents identifiés: le député Joachim Son Forget et le scientifique médiatique Laurent Alexandre. Alors question d’anonymat, que les belles-mères du paf m’expliquent.
Les réseaux sociaux ont joué un rôle “accélérateur” de l’information. Sans eux, l’affaire aurait tout de même pris de l’ampleur.
On a juste gagné du temps, c‘est l’époque qui veut ça. Benjamin en extase, devant l’objet du désir qu’il suppose de sa maîtresse, aurait procédé par mails, site internet, se serait lancé dans une sorte de montre à l’étalage dans des forums, que sais-je encore, saisi qu’il était par la beauté du partage avec l’élue de son cœur.
Ça aurait été sans doute plus long, mais aurait été quand même diffusé, probablement après le ratage de son élection à Paris, ce qui aurait mieux valu pour lui. Quand on déçoit tout le monde, les petites joyeusetés passent beaucoup mieux. Même Laurent Cayrol et les autres grands-mères de la garde de l’Élysée en auraient ri.
Mémoire infaillible les réseaux sociaux montrent que l’avènement du Net ne joue pas le rôle majeur dans ce type de scandales. Et de rappeler qu’en 2007 Laure Manaudou est victime de “revenge porn”. Une quinzaine de photos de la championne dans le plus simple appareil sont publiées sur un site peu fréquenté avant d’être partagées sur d’autres plateformes.
L’affaire remonte à la ministre des Sports qui se voit forcée de réagir. L’affaire aura un retentissement conséquent.
Pourquoi lever l’anonymat est dangereux
Une société qui tolère uniquement que ses citoyens s’expriment à visage découvert est une société qui peut verser vers une forme d’auto-surveillance des uns, des autres. Alors qu’au sommet de l’État, la plupart des décisions prises sont « secret défense », diplomatie secrète, coups fourrés discrets et disparition par raison d’État, comme le coffre-fort de Benalla.
Mettre fin à l’anonymat reviendrait à priver de paroles beaucoup d’usagers timides ou en désarrois qui ont besoin de se confier et qui ne le feraient pas si le correspondant avait une parfaite connaissance de l’autre.
Le droit d’exprimer des idées en démocratie est en danger.

17 février 2020

Labiche ? Non, Shakespeare !

On croit à tort que la maîtrise de soi, le strictement correct est l’apanage de gens qui ont beaucoup étudié dans de grandes écoles et, devenus ministres ou députés, ne réservent leurs invectives qu’à leurs opposants politiques.
Qu’enfin les termes orduriers, les bas instincts et les moqueries salaces sont propres aux gens d’en bas. Les belles-mères du système, les Barbiers, Jeudy, Apathie et Cayrol se sont donné le mot : l’affaire Benjamin Griveaux est avant tout la mésaventure d’un homme qu’ils estiment injurié par le caniveau.
L’empoignade s’envenime sur les réseaux sociaux, entre ceux qui ont pris faits et causes pour le ministre candidat à la mairie de Paris et d’autres qui traduisent en termes crus combien ils sont satisfaits de le voir sortir par la petite porte d’une élection que, de toutes façons, il n’aurait pas gagnée.
L’éducation bourgeoise, celle qui ne dit pas les choses, mais qui par sous-entendus les suggère, n’est qu’un vernis qui éclate dans des prises de becs et craque sous l’invective. Elle fait jeu égal avec l’autre versant de la société, celle qui manque de mots châtiés, exactement comme dans les WC, quand on s’aperçoit qu’il n’y a plus de rouleau, la main sur le dérouleur, tout le monde s’exprime plus ou moins de la même manière !
Les députés LREM montrent un autre aspect de leur personnalité, à propos de l’affaire Benjamin Griveaux. À la différence du peuple, ils ont d’autres outils à portée. Comme Macron, ils peuvent compter sur la police et la justice.
Ils mettront, sans doute, leurs menaces à exécution, si Macron les laisse faire. Ils en ont les moyens. Le peuple pas. C’est toute la différence. Mais elle est de taille.
C’est ainsi qu’un député LREM veut renvoyer Piotr Pavlenski en Russie, pas moins !
Caniveau pour caniveau, je préfère celui du peuple dont je comprends la rage froide et la colère, d’être des acteurs en-dehors d’une démocratie confisquée par Macron.
“Qu’on foute ce mec dehors.” Depuis le retrait de la candidature de Benjamin Griveaux, presque tous les politiques ne se sentent plus et ce député de LREM a quelque chose d’un porte-parole d’une majorité d’élus.

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L’irruption de la vie privée dans la sphère publique a quelque chose qui leur fait mal et qu’ils ne peuvent pas digérer. Leur ennemi absolu, la plaie intégrale des réseaux sociaux est, bien entendu le site de Pavlenski, “revenge porn.”
Piotr Pavlenski cristallise sur sa tête toutes les haines que la gent parlementaire n’ose pas encore reporter publiquement sur le peuple. Il leur faut donc un bouc émissaire. Les belles-mères de la macronie vont prendre le relai et dès lundi, c’est tout juste si Barbier, Jeudy, Cayrol et tutti quanti ne vont pas distribuer des pierres aux bons citoyens pour lapider Pavlenski.
L’artiste russe, opposant à Vladimir Poutine exilé en France, a expliqué son geste à plusieurs médias français vendredi 14 février. Et c’est l’argumentaire du Russe qui déclenche des injures et des menaces des élus LREM. Bruno Questel, le bourreau chargé des basses besognes, a demandé son renvoi en Russie. Là où Poutine l’attend pour le liquider en douce.
Comme on sait, ou plutôt comme on ne sait pas, Bruno Questel est un humaniste qui a le sens des formules “Qu’on foute ce mec dehors! Il est réfugié politique, il est venu demander l’asile. Il se comporte comme un salopard et n’a aucune notion de ce que peut être un comportement adapté dans une société éclairée”
Macron le parangon d’une société éclairée ! On hallucine à ces propos.
Et si la branlette filmée de l’ex ministre Griveaux était adressée à la compagne de Pavlenski, par exemple ? Et qu’il ne s’agirait que de cela ? À l’heure où cette chronique est éditée, on ne sait pas grand chose sur la destinataire.
Bruno Questel, plus que la prison pour Piotr, il veut ce brave homme le faire fusiller par Poutine, pour venger l’honneur perdu de Benjamin Griveaux.
Et si Griveaux était un harceleur et si la compagne de Piotr avait délibérément montré le genre de courrier qu’elle recevait du sieur Griveaux, à son compagnon ?
Certains députés de LREM ont imaginé que Piotr serait un agent double et que les Services secrets de Poutine lui auraient transmis la vidéo compromettante.
Ce n’est déjà pas malin de prendre parti dans des histoires sentimentales, ça devient franchement inquiétant quand, de plus en plus probable, cela devient une affaire entre cocus.

16 février 2020

La cravate de notaire ou la hussarde ?

L’affaire Griveaux a réuni le bazar politique, gonflé aux soupirs des vieilles dames desquelles surnage l’écharpe rouge de la plus commère d’entre elles, Christophe Barbier.
Je sais, il est de bon ton de s’insurger de ce mouchardage odieux flanquant par terre une réputation. C’est plus fort que moi, voir une grosse légume sortir de HEC Paris, Sciences Po et j’en passe, dans la merde par pure sottise, j’en atteste au philosophe Emmanuel Todd, ce n’est pas contradictoire : la bêtise est partout ! Quant à ceux qui se récrient, comment peut-on se gendarmer sur les fantaisies du sexe, quand on a vingt ou trente années de mariage ou qu’on a vécu avec des compagnons de hasard tout au long de l’existence ? De la brouette tonkinoise à la crapouillette sur le nombril, même la reine Mathilde n’a quand même pas eu quatre enfants en fermant les yeux, et se demandant « mais mon dieu ! qu’est-ce qu’il me fait ce brigand » ! Je suppose que la plus timorée a dû prendre l’initiative, les soirs de bouillonnement intime, comme son partenaire, ex-puceau devenu gaillard, a soufflé plus d’une fois dans le mirliton !
Serge July, de Libération, résume l’affaire Griveaux sur LCI. “Quand on est un homme politique à l’époque des réseaux sociaux on fait gaffe où on est un con. Et Griveaux est un con ! Il était ministre avant d’être candidat, et il envoyait ça. Moi, j’ai aucun problème moral de faire ça mais c’est pas mon truc de me branler devant une caméra et d’envoyer ça mais lui il trouve bien de faire ça en étant au gouvernement. Alors le mec qui fait ça il est con. On vient pas d’inventer les réseaux sociaux, ça fait un moment que ça existe…”
Évidemment, July n’a pas mon élégance de style, les vieilles dames de la presse enchantées de Macron ne pouvaient le trouver qu’ignoble. La plus hors d’elle fut le pilier de BMF-TV, Bruno Jeudy. « …quoi ! Attaqué par lâcheté sur les réseaux sociaux, en-dessous de la ceinture, etc… »
Raphaëlle Bacqué, plus circonspecte, (Cdans l’air Fr5) n’était pas trop éloignée de la pensée de July sans l’oser pouvoir dire et dans des termes qui auraient été sans doute plus châtiés.
Maïté Biraben crut intelligent de surfer sur le scabreux « La Russie ( et la morale ) décide de ceux qui se présentent ou pas à la mairie de Paris. Un certain amateurisme et les réseaux sociaux s’en mêlant ! L’époque est folle ! #onnevapasverslemeilleur #Griveaux. »
L’ex de Canal+, dont j’étais chopé à l’époque, voit le KGB partout ! C’est Poutine qui doit bien rigoler de voir Macron empêtré dans une affaire avec Pavlenski, l’emmerdeur qui s’était cloué la peau des testicules sur la place Rouge, afin de protester contre le régime instauré par Poutine ! Ce qui fait écrire à un internaute «Pavlenski n'a rien à voir avec la Russie. Il a obtenu l'asile politique en 2017. Son-Forget est français. Et il est aussi député. De rien. »

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Voilà la République en marche bien embourbée après la branlette médiatique de Griveaux. Pour faire diversion, le Huffington Post a demandé ce que les habitants de Rouen pensaient du système macron. Après l’incendie du 26 septembre 2019 de l’usine Lubrizol, personne n’a oublié la désinvolture des autorités, les « mamours » des Rem du coin à l’égard des propriétaires américains et le redémarrage des activités, dont la vitesse a surpris les habitants.
Tout cela n’est pas bon pour la macronie. Sauf les vieilles dames de la presse toutes confiantes dans le redressement des godillots de Macron, les gens sérieux s’accordent à penser que la Rem ne pèsera pas lourd dans les municipales de mars.
Quand on fait le compte des scandales, avatars, mécomptes, paroles imprudentes, affaires pendantes (pardon Griveaux) Benalla, comptes de campagne du locataire de l’Élysée, gestion catastrophique de la crise des Gilets jaunes, tout le monde s’accorde à dire que ce jeune président qui allait renverser tout sur la table pour faire du neuf, a fait plus de dégâts que les trois anciens présidents réunis Chirac, Sarko, Hollande. Ce qui est peut-être un exploit, mais très contrariant pour la suite de son règne républicain.
On peut s’accorder sur Pavlenski, son état de santé mental, son discours moralisateur et surtout le besoin d’être médiatisé, mais lors de son intervention dans les gazettes, il a laissé entendre que de la branlette de Griveaux, il pourrait passer à d’autres sportifs en chambre de l’élite française.
On voit d’ici les notables inquiets et l’opposition passant au crible les activités romanesques et financières, s’ils ont laissé traîner des choses dans des fonds de tiroir, proféré des paroles imprudentes recueillies par des magnétophones restés ouverts, s’ils se sont assez interrogés sur des infidélités de leurs compagnes, dans des confidences sur des oreillers non familiaux, si le guignol d'une mutine n'était pas en attente que le ministre remette son caleçons, l'oreille à la porte du claque, etc. !
Les cocus doivent être en transes. La branlette de Griveaux ébranle les assurances. Les dames devant se contenter des déclarations d’amour hors mariage feront dorénavant tintin ! Elles n’auront que la ressource de lire « Les liaisons dangereuses » de Choderlos de Laclos, hésitant entre la perfide marquise de Merteuil et l’innocente présidente de Tourvel, supposant que dans la galanterie à la française, il doit y avoir pléthore dans les boudoirs, attendant l’alcôve, quelques vicomtes de Valmont qui vont avoir du souci à se faire.

15 février 2020

À Griveaux grivois.

Inutile de s’étendre sur la démission de Benjamin Griveaux, candidat à la mairie de Paris, ni sur les motifs de cette démission, une cassette le montrant dans une posture équivoque, tournée en mai 2018. Cette cassette aurait été donnée sur les réseaux sociaux à Piotr Pavlenski, un artiste russe résidant en France, par une personne avec laquelle Griveaux aurait eu des relations extraconjugales. Mais c’est l’exploitation de la même cassette par l’ex député de la LREM Joachim Son-Forget, qui va déclencher le scandale.
Les motifs de la publication ne sont pas connus. On peut imaginer une vengeance.
Bref, devant la surabondance des avis sur ce scandale, c’est à un autre sujet que l’affaire Griveaux conduit et qui est au cœur du malaise de la démocratie.
La question à débattre est éthique et politique. La vie privée doit-elle interférer avec la vie politique ou doit-elle rester le jardin secret, à défaut duquel une divulgation est un sacrilège ?
La classe politique condamne cette divulgation. Tous apportent leur soutien à Benjamin Griveaux et appellent au respect de la vie privée des personnes. Il est à noter cependant que c’est un député qui a sorti la cassette d’un relatif anonymat, soi-disant par « indignation » devant le procédé, ce qui a permis au dit procédé de prendre la dimension d’un scandale.
L'adultère est une affaire privée et on se demande de quel droit les Bartholo des réseaux sociaux exercent un droit moral sur le comportement adultérin de leurs concitoyens, dit un lecteur d’un journal.
C’est là qu’entre en conflit les défenseurs de la vie privée, et ceux de la vie publique.
On en revient à l’affaire Fillon et la promptitude des juges à mettre en examen l’intéressé, par ailleurs candidat à la présidence de la République.
Ne l’ont-ils pas fait devant la nécessité d’empêcher un homme malhonnête de devenir président des Français ? C’est-à-dire qu’ils avaient acquis la conviction, avant un jugement (le procès va débuter ce mois de février) que Fillon était indigne d’avoir ce poste.
Quand vous êtes dépositaires d’un secret jetant un discrédit grave sur un candidat, faut-il, oui ou non l’enfouir au plus profond de la mémoire, sachant que si ce candidat que vous estimez moralement dépravé gagne, il gérera de longues années les affaires de l’État, c’est-à-dire des affaires qui nous concernent au premier chef !

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Quelle sera l’attitude de ceux qui savaient et qui se sont tus, devant le personnage élu grâce à leur silence, et agissant au sommet de l’état de façon extravagante ou pire, confondant son compte en banque avec celui de l’état ?
Tous les hommes politiques ne sont pas corrompus, mais c’est le système qui les pousse à l’être. Une politique franche, même si elle déplaît à un assez grand nombre de personnes, joue le jeu de la transparence, on est pour ou on est contre ; mais de nos jours ce genre de politique ne peut plus convenir tant tout est devenu extrêmement compliqué, aussi curieux que cela paraisse, grâce aux techniques, aux divergences de vue et aux alliances que l’on est obligé d’avoir pour rester dans la conduite des affaires.
L’époque est au compromis et l’électeur ne le supporte pas. Il ne supporte pas davantage un régime qui agit sans l'aval du peuple. C'est le cas Macron. Bref, il a pris en grippe le système.
Le gouvernement Macron a tellement accumulé de haine contre lui, les gilets Jaunes avec les morts et les blessés graves ont accumulé un tel réservoir de sympathie du peuple que fatalement, qui sème le vent récolte la tempête, comme on dit, le conflit est né.
C’est un combat entre les réseaux sociaux et le gouvernement Macron. Le premier ministre Philippe sait désormais à quoi s’en tenir.
On ne peut plus décemment aujourd’hui prendre chez les plus démunis pour pourvoir le monde des riches, sans se faire assaisonner sur les réseaux sociaux et sans en payer les conséquences quand on n’est pas parfaitement clean.
Bien sûr le pouvoir le sait. Il étudie des ripostes, comme sortir les utilisateurs des réseaux sociaux de l’anonymat. Mais cela ne changera pas grand-chose. C’est le plus terrible pour la nomenklatura : aujourd’hui la cible, ce sont les gens en place, les notables, les politiques, tous ceux qui ont tiré leur épingle du jeu social et continuent à poursuivre le peuple d’une animosité qui se lit comme dans un livre ouvert dans la réforme des pensions, le délabrement des hôpitaux, la privatisation des services publics, toutes injonctions formelles de l’Europe à des ministres de la macronie entièrement d’accord et ce, contre une majorité contraire et qui n’est rien, parce que c’est celle d’en bas.
Griveaux, avec cette malheureuse histoire de masturbation filmée envoyée à sa maîtresse, alors que, quelques jours avant sa démission, il exaltait son rôle de mari aimant et de père admirable, franchement, il aura difficile à s’en remettre.
La guerre entre le pouvoir bourgeois et les réseaux sociaux, ne fait que commencer.

14 février 2020

Les entretiens cliniques du docteur Faustroll.

C’est à la contemplation du nouveau petit bijou autosatisfait que le MR s’est payé, que j’ai pensé à un nouveau syndrome : le syndrome du mirliflore. Ce serait une pathologie très ancienne mais redécouverte sur des sujets récents que l’anthropologue du futur n’aura pas de peine à classer. L’ensemble des symptômes constituant l’état pathologique, trouve dans les formations politiques une admirable palette.
Georges-Louis Bouchez incarne le syndrome du mirliflore à la perfection. Le diagnostic est le plus facile qui soit, tant l’ensemble de signes et de comportements sont révélateurs.
À la limite un bon clinicien pourrait procéder au diagnostic sur photo !
Avant lui, fuyant vers l’Europe pour un meilleur salaire, ce qui est un comportement normal, on trouve Charles Michel porteur du syndrome de Münchhausen, également appelé « pathomimie » ou « trouble factice ». C’est une pathologie psychologique caractérisée par un besoin de simuler une maladie ou un traumatisme dans le but d'attirer l'attention ou la compassion. Chez lui, elle se caractérise par un faciès qui se prête bien à exprimer une douleur intime et secrète. Quand par exemple, il propose des restrictions en matière de droits au chômage, des exclusions et des limitations d’indemnisation, bref tout un paquet de mesures qui vont atteindre des ménages les plus modestes et acculer au désespoir un tas de gens, on dirait qu’il prend sur lui toute la souffrance qu’il va déclencher. Or, d’après les spécialistes, ce sont des natures perverses qui montrent de la souffrance, afin de cacher une jubilation intérieure à faire le mal.

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C’est aussi une sorte de dolorisme, une délectation à la douleur. C’est le cas de Theo Francken dont le visage pourrait, grâce à un léger maquillage surlignant au rouge vif un allongement des lèvres sur un fond de visage blanchi à la crème, ressembler à celui de Jack Nicholson, dans le Batman de 89. Lui aussi joue l’étranger à bout de ressource quand d’un trait de plume il renvoie dans les enfers des confins, des familles entières qui croyaient la Belgique un havre de paix et d’humanité. Même quand il rit, Francken a l’air de souffrir. Sans doute est-ce une nature profonde propice à une réflexion naturellement généreuse qu’une rigidité due à l’honneur empêche de s’exprimer, dès qu’il s’agit de la Flandre et de son destin.
L'utilité et l'excellence de la douleur, sa délectation même, voilà qui est capital dans l’accomplissement des grandes carrières politiques.
Reste le cas d’Elio Di Rupo.
Pour avoir tenu si longtemps au sommet de la pétaudière du parti socialiste, ses origines italiennes lui ont donné l’apparence d’une écoute, qu’on appelle « furbo » en italien. On traduit habituellement en français « furbo » par « fourbe » ce qui est une erreur. Le meilleur sens pourrait être « souple ». Il n’est pas employé parce qu’être souple, évoque plutôt le corps d’un gymnaste, qu’une souplesse d’esprit.
Le syndrome de Goldberg et Maxwell (1948) pourrait également lui être attribué, en cause l’apparence pseudo-hermaphrodite mâle, avec aspect légèrement féminin. Jusqu’à une période récente (1), ce n’était pas précisément celle qu’on remarquait chez Elio. Mais, il faut relever que parmi des être d’apparence frêles, se retrouvent des caractères teigneux et peu enclin à recevoir une gifle sans la rendre.
Sans charisme, piètre orateur, trop patriote et chaud partisan de l’économie de marché, comment Elio a-t-il été si longtemps au pouvoir dans ce socialisme-libéral en déclin ? Aux yeux du public Elio s’était établi dans le rôle de l’homme intègre qui a le droit de juger ceux qui ne le sont pas. Évidemment, les désignés répliquent en affirmant qu’Élio n’est honnête que parce qu’il a été parmi ceux qui ont le plus de mandats fructueux. C’est plus aisé de réfréner ses désirs, quand on est haut placé, avec de solides rentrées financières, que lorsqu’on est échevin dans une petite commune.
Il aurait été intéressant de clore cet entretien clinique, plutôt que chronique, par Didier Reynders, à l’ironie méchante, probablement due au syndrome de Tener et Mac Donald, un genre de prostatite granulomateuse. Ce sera pour une autre fois.
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1. Georges-Louis Bouchez est de par sa frêle silhouette, en décalage de ce que le public cherche : un protecteur aux épaules carrées. C’est la mascotte au milieu d’une équipe de rugby.

13 février 2020

Richard élucubre.

Dans une sorte de spectacle tragi-comique, on assiste sans s’émouvoir à la déliquescence des élites en Belgique. Ma grand-mère n’en attendait déjà rien, alors vous pensez, son petit-fils !...
L’espérance d’un gouvernement, fût-il de droite, s’éloigne. Cela devrait être alerte rouge et tout le monde sur le pont. Pourtant, les regards sont ailleurs. Les futiles se tournent vers les sports, les plus anxieux vers la voyance et la philosophie, d’autres vers Facebook, les feuilletons à la télé, jusqu’aux petites annonces « cœur à prendre » pour les quinquas célibataires, dans les journaux toutes-boîtes gratuits.
Moi-même, je ne suis pas certain que le lecteur ira jusqu’au bout de cette chronique, tant l’indifférence grandit. Nous sommes à la fête le 23 août 79 à Pompéi, le 24, la ville est rayée de la carte par le Vésuve (date controversée mais probable).
Nos fausses élites à leur niveau d’incompétence (Loi de Schumpeter) n’impressionnent plus. Les journaux ont beau le hisser sur un bouclier en gueulant que c’est le chef, je vois GLB comme une belle merde. À travers lui, c’est la démocratie qu’on montre du doigt.
Septante-cinq ans après la mort d’Adolphe à Berlin, les néo-nazifiés pourraient-ils diriger la Belgique ? À quoi répondent les amis des néos : vingt-neuf ans après la chute de l’URSS (le 26 décembre 1991), les cocos pourraient-ils prendre la tête d’un des pays fondateurs de l’Union Européenne ?
On peut chipoter sur les réponses. Elles seraient de toute manière formulées en fonction de l’appartenance à la droite ou à la gauche. La Belgique se distingue de la Hongrie par les deux possibilités.

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Ce n’est pas banal. Ce l’est d’autant que la droite flamande couine en goret égorgé quand on la compare aux Adolphins de 36 et la gauche wallonne se défend de faire du stalinisme.
L’erreur du centrisme se profile en ombre sur le mur de l’impasse. C’est la politique de l’entre-deux. Le pouvoir a cru apaiser la Flandre par les lois linguistiques, pour « qu’ils restent parmi nous ». Ce fut une erreur. Elles ont hérissé le public et fait rire l’Europe. Il eût mieux valu laisser les gens parler la langue de leur choix, quitte à ne pas être toujours compris. Cela eût conduit les énervés à des excès et eu pour conséquence d’effaroucher les gens paisibles. Les flamingants eussent été bloqués au Vlaams Belang entre 12 et 15 %. En lieu de quoi, les lois linguistiques ont pourri la vie de tout le monde. Les partis bourgeois ont mis en place le plafond de verre excluant la N-VA et le Vlaams Belang. Puis comme le pays devenait difficilement gouvernable, on débaptisa la N-VA. Sans rien changer de sa politique discriminatoire et antisociale, elle fut admise dans les partis « convenables ». Tout fait nombre ! Mais cette deuxième capitulation du centrisme fut la mise à feu de l’arme fatale qui va conduire à la désagrégation de l’État. Bart De Wever avait été partie prenante dans le gouvernement Michel, à condition que l’économie gagne son procès contre le social. Il savait que Michel échouerait et qu’il remettrait le confédéralisme sur le tapis.
Côté gauche, le centrisme (MR, PS et Cdh) était rassuré. Le PS, rangé dans le camp du capitalisme, est devenu un collaborateur précieux. Voilà quarante ans qu’il assume sa fonction d’éteignoir des revendications sociales. Il a été lâché par les travailleurs manuels à l’affaire Cools, puis par les intellectuels à l’affaire Van Cauwenberghe. Si bien qu’il est encore tête de gondole en Wallonie, certes, mais pour combien de temps ?
Néanmoins la bourgeoisie peut compter sur ce parti, l’ineffable Bouchez et son second Ducarme pensent que le PS est la cause d’un non-deal avec la N-VA.
Rassuré à gauche, inquiet à droite, le centrisme commet sa troisième erreur. Le PS attend l’urgence et l’hébétude effrayée des populations pour faire alliance avec la N-VA en tant que « sauveur du pays ». Mais l’effet d’aubaine ne vient pas. La population wallonne, tout au moins dans les grandes villes, ne montre pas un grand enthousiasme au sacrifice du PS.
De connerie en connerie, on va vers de nouvelles élections. Elles seront terribles pour les partis de pouvoir, à juste titre responsables du brol. Et les électeurs auront raison. Ils renforceront vraisemblablement la droite flamingante et le PTB en Wallonie.
Et tout sera dit. Il arrivera, ce que les partis du centre veulent absolument empêcher.
Ingouvernable, le pays pourrait être mis sous tutelle à l’Europe par décision arbitraire de ses instances. Je ne vois pas comment le bourgeoisisme ambiant s’en tirerait autrement qu’en annulant les élections. En Europe, c’est une habitude. Ce serait la quatrième erreur. Les incompétents en chef de l’Europe déclencheraient une crise générale.
À plus de trois cents lecteurs au départ, cette chronique vient de retomber à trois lectrices. C’est dire mon côté séducteur ! Mais si quelqu’un a un autre scénario…

12 février 2020

Ce plat pays qui est le leur !

La politique de la Communauté flamande est incompréhensible à long terme. Elle ne s’explique qu’à court terme, selon une pratique bien connue des personnels de pouvoir qui ne sont jamais intéressés que par leur réélection. La sagesse d’un Colbert plantant une forêt de chêne au bénéfice des Français qui naîtront deux siècles plus tard est, hélas, incompréhensible pour ces marchands de soupe. Ils font montre d’une insouciance irresponsable, sans doute occasionnée par la relative bonne santé économique de la Flandre par rapport à Bruxelles et à la Wallonie. Plus les chiffres avancés par la N-VA et le Vlaams Belang, sur les transferts de fonds de la Flandre à la Wallonie, sont gonflés, plus les Flamands pointus nourrissent leur ressentiment à l’égard des fransquillons.
Gouverner, c’est prévoir disait-on jadis en politique, aujourd’hui les prévisions ne vont pas au-delà des huit ou neuf années suivantes. Les Autorités flamandes ne tiennent aucun compte des prévisions de l’AAE (l’Agence européenne de l’environnement).
L’AEE met en garde contre les effets dangereux du réchauffement climatique d’ici la fin du siècle en Europe et donc en Belgique. Des rapports alarmants appréhendent la catastrophe pour la Flandre de la montée du niveau de la mer d’ici 2100 !
Sait-on à combien de milliards s’élèverait la facture pour la Flandre d’une montée des eaux de la mer du Nord de seulement un quart de mètres ?... et pour la Wallonie si d’ici là, le caractère fédéral de la Belgique n’était pas modifié en confédération !
Politiquement, c’est donc la Wallonie qui devrait avancer à marche forcée sur la procédure de séparation, et non l’inverse. En cas d’échec des travaux en milliards inutiles, un million de Flamands n’auraient plus que la ressource d’émigrer dans les Ardennes pour y fonder des colonies, comme Israël le fait si bien en Cisjordanie !
L’intensification des inondations, sécheresses, pluies et feux de forêt à venir seraient le lot des continentaux. Déjà les pays européens devraient prévoir des travaux pour les futures décennies. Des digues préventives sont envisageables, la côte belge s’y prête par son manque de relief. Les premiers coûts seraient pharaoniques ! Une question à Bart De Wever, qui va payer ? Et il ne s’agirait encore que d’ouvrir son parapluie afin d’atténuer l’impact du changement climatique, sans pour autant calmer en rien l’emballement du climat.

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La montée des mers est la principale menace pour la Belgique. Toute la Côte belge pourrait bien être envahie par les eaux d’ici 2100. Le scénario le plus pessimiste prévoit même des zones touchées entre Anvers et Bruxelles.
Selon des recherches, l’élévation du niveau de la mer dans le monde d’ici 2050, touchera 300 millions de personnes qui vivent aujourd’hui dans une zone qui sera inondée au moins une fois par an.
Les sécheresses impacteront principalement l’Europe australe où elles seront plus fréquentes et plus longues, causant notamment des problèmes de répartition des ressources en eau entre les agriculteurs, les industriels et la population. Cette région sera aussi gravement touchée par les feux de forêt, tout comme le centre et l’ouest du continent, défavorisés par une aridité grandissante.
Alors, si j’étais un des responsables flamands poussant au séparatisme avec ces « fainéants » de Wallons, j’y regarderais à deux fois. Par contre si répondant à la politique de l’arroseur arrosé, les Wallons avaient une identique approche de la politique que les Flamands pointus, ils devraient être les premiers à réclamer d’être dissociés d’un territoire qu’il faudra éponger à coups de milliards.
Georges-Louis Bouchez, patriote extrême, que pense-t-il ? Ferait-il don de la moitié de son salaire pour la protection de la Flandre ? C’est le moins, puisque la semaine dernière encore, il appelait De Wever, son ami, et qu’il n’avait, disait-il, aucune divergence de vue sur l’économie, concentrant son désaccord sur le seul départ de la pointe des pieds de la Flandre, de sa Belgique tant aimée !

11 février 2020

Des Lois, certes. Lesquelles ?

Qu’il s’agisse de Coca-cola Bacquelaine, de Sophie Wilmès, de Denis Ducarme ou de leur chouchou GL Bouchez, le MR est formel, les « populisss » de gauche font la part belle à la critique, mais quand qu’il s’agit de porter leur pierre à l’édifice, on ne voit plus personne.
À ce troupeau d’MR suiviste des mesures conseillées par l’UE, elle-même aux ordres de l’économie mondiale, la pierre de reconstruction de l’économie libérale s’appelle régression des lois sociales, des salaires et des pensions.
Autrement dit, ces ratés du monde libéral voudraient nous faire endosser la gestion de la société par une contribution matérielle, de ce qu’on peut appeler un désastre économique. Ils n’ont qu’un seul argument, celui de la boutique éternelle, contre la crise deux mesures : 1) licencier le commis, 2) diminuer le salaire de celui qui reste.
Nous ne sommes plus sous Napoléon III. Ceux qui ne paient jamais les pots qu’ils cassent, devraient réfléchir : plus personne ne coupe dans leurs salades, sauf quelques dérangés du bocal qui ne savent pas que l’URSS, c’est fini.
La bouche veule, comme quelqu’un qui a quelque chose à dire d’embêtant, l’autre soir Coca Bacquelaine jouait les acteurs paniqués, comme Théramène racontant la mort d’Hippolyte.
« En l’absence d’un accord de gouvernement, nous ne garantissons plus de pouvoir payer les pensions les mois à venir… ».

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Je dis chiche… Ne les payez pas. Et dans la foulée arrêtez de payer les chômeurs, fermez les guichets des CPAS… vous ne risquez qu’une chose, que vous ne soyez plus payé à votre tour le lendemain au plus tard.
Mais cette chose n’arrivera pas. Savez-vous pourquoi ? Les patrons, plus intelligents, réunis dans leur fédération, ne le permettraient pas. Ils ne sont pas fous. Ils savent bien ce qu’il arriverait, ô inconscient Coca-cola Bacquelaine !
Quant à la pierre pour l’édifice sacré de la patrie, elle est à la disposition d’un autre système, celui dont vous avez le plus horreur : la nationalisation.
On a oublié, pourtant il n’y a pas des siècles, le projet de nationalisation des banques et de grandes entreprises stratégiques. Cela avait été, un moment, la question politique du pays.
Guy Spitaels, président du Parti socialiste de 1981 à 1992, alors que Mitterrand accédait à la présidence de la République, avait, en même temps que le Français, alimenté le débat sur le thème de la nationalisation de quelques belles pièces du patrimoine. Dans le gouvernement de Pierre Mauroy, on passa à l’action. Nous, c’était l’affaire Cools en 1991.
En Belgique, les ténébreux du CD&V, frappé d’ankylose à cause de la Volskunie jusqu’à sa disparition en 2001, ensuite par la N-VA et le Vlaams Belang, avaient saboté l’idée. On ignorait le « populisss », on avait peur du « socialisss »… plus pour longtemps !
Mais, les traités, tous plus libéraux les uns que les autres, verrouillaient l’économie européenne jusqu’à faire des services de l’État encore dans les mains des électeurs, une grande braderie en vendant le management public à l’appétit des particuliers.
Pourtant, La France résista sous un gouvernement de droite ! Les prévisions de Jacques Chirac avaient de quoi susciter de fortes interrogations sur le processus même de ces nationalisations. Cela semblait reparti en France.
Jean Le Garrec, secrétaire d’État chargé de l’«extension du secteur public», finit par jeter l’éponge à Paris, sous la pression des lobbys, d’où l’échec de cette ambitieuse politique de socialisation du capital.
Ce serait peut-être le moment de réfléchir aujourd’hui à une refondation démocratique de renationalisation, malgré les aboiements de l’Europe, de Charles Michel et de son ver solitaire Georges-Louis Bouchez.
La gauche avait essayé en 1936, on l’accusa de la défaire de 40 et en 1945, époque faste où les patrons, tous plus ou moins collabos des Allemands avaient la pétoche des maquisards et des résistants, c’était le moment. On le rata.
En 2020, une des crises latentes est celle des logements. Elle est constante dans les grandes villes, comme Bruxelles, Gand et Liège. Le MR n’a aucun plan et pour cause, ce n’est plus un parti, c’est un syndic de propriétaires.
Une seule loi suffirait : Chaque citoyen propriétaire l’est de droit de son logement en fonction de sa famille. La taxe du revenu cadastral est abolie. Tout l’ensemble du parc immobilier autre est nationalisé. Les locataires paient leur loyer à l’État suivant la valeur du bien, commerce, logement, résidence, même l’hôtellerie, par évaluation, solvabilité et égalité. Ils peuvent faire valoir leur droit à la propriété de leur habitat ou choisir l’équivalent. Les recettes seront affectées à l’entretien, la rénovation et la construction du patrimoine nationalisé.
Rien que cette loi suffirait à mettre Coca-cola Bacquelaine en caleçon et Georges-Louis Bouchez en rébellion ouverte contre l’État, donc rapidement amené au choix de collaborer ou de faire « populisss » à son tour.
Qui dit mieux ?

10 février 2020

Trump, en tout bien... etc.

Les mœurs politiques ont considérablement évolué en Belgique. Les ministres n’assument plus la responsabilité des actes commis par leurs subordonnés, comme ils ne démissionnent plus immédiatement, quand le gouvernement perd sa majorité. La défection de la N-VA n’a provoqué chez Charles Michel qu’une demande au PS de faire l’appoint jusqu’aux élections de mai, après plus de trois ans d’une formation sans majorité en Wallonie. Ce n’est qu’après le refus du PS, en traînant les pieds que le libéral a démissionné. Il ne pouvait faire autrement.
Il faut remonter au 27 septembre 1998, pour voir Louis Tobback, ministre de l'Intérieur, quitter le gouvernement suite au scandale de la mort de Semira Adamu, étouffée par les gendarmes, dans l’avion qui la ramenait à Kinshasa.
La Belgique n’est pas la seule à l’UE d’avoir au gouvernail des ministres qui ne se sentent pas responsables des gaffes de l’appareil. Le plus bel exemple, c’est Castaner en France, totalisant en un an sur la couverture de ses polices déchaînées : des morts, des éborgnés et des amputés, suite aux manifestations des gilets jaunes.
À ces ministres peu glorieux, il fallait un chef, une sorte de résumé de ce que Laurent Fabius à l’issue du scandale du sang contaminé avait énoncé comme une profession de foi : « responsable, mais pas coupable », transformé dans la version 2020 « responsable de rien et par conséquent, jamais coupable ».
Le plus cynique d’entre tous ces personnages, illustrant une démocratie du genre autoritaire, s’est désigné d’office et sans concurrent possible : Donald Trump.
Que ses émules européens se rassurent. On peut manquer d’honneur, mentir, inventer ce qui plaît aux électeurs et nier la réalité, sans pour autant perdre des voix. Voilà qui rassurera les futurs candidats belges à la non-démission, quoi qu’il arrive.
Trump est très proches de nos partis de pouvoir, il a des admirateurs partout et surtout en Flandre. Il s’est émancipé de toute obéissance à la loi, laissant aux péquenauds l’obéissance stricte. Ne pas se faire prendre et, pris quand même, nier l’évidence, la main sur la bible et l’œil mouillé, et pour le reste, choisir le meilleur avocat.

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D’après James Zirin « Plaintiff in Chief » Trump a été impliqué au cours de sa carrière de businessman, dans plus de 3.500 procès. Cela a permis à l’auteur d’expliquer en gros la tactique de ce finaud, que les tribunaux de commerce et pénaux voient comme leur punition : « …une politique de la terre brûlée, ponctuées de retards délibérés, de contre-attaques, d'obstructions, d'évitements, de confusions, de menaces de ruine et d'invocation du secret professionnel à tour de bras, afin d'éviter d'avoir à rendre des comptes».
Le modèle qui aurait inspiré Donald Trump dans ses démêlés commerciaux est un type qui s’appelle Roy Cohn. C’est le Bernard Tapie américain. Roy passe pour n’avoir jamais assumé ses responsabilités dans toute sa carrière d’homme d’affaires.
Trump est on le sait inculte, peu sensible à l’art, probablement le seul président à n’avoir jamais ouvert un livre qui fût de lecture, les siens n’étant que des livres de compte. On retrouve le même profil chez Cohn.
On décèle tous les trucs de Cohn dans la campagne de Trump pour la présidence.
La suite est édifiante. Les textes fondateurs des USA ont été écrits par de grands juristes. Ce pays s’appuie sur des procédures à n’en plus finir, quand vous avez de l’argent à dépenser par valises complètes chez les meilleurs avocats. Trump, qui passe sa vie à filouter et couper les cheveux en quatre, a institutionnalisé un système à deux vitesses très simples et très efficaces. L’adversaire est coupable de tout, y compris du mauvais temps, quand il pleut les jours d’audience. L’autre partie, la sienne, est innocente de tout. Le coupable a l’obligation de respecter la loi et doit subir sa peine, sur le temps que l’innocent poursuit fraudes et embrouilles. Donald Trump, du haut de son innocence éternelle, ne serait soumis ni à la loi, ni aux règles d’où dépend l'équilibre des pouvoirs.
L’affaire de l’Impeachment est un cas d’école. Il y a des témoins, des preuves, jusqu’à des communications téléphoniques. Il a conditionné un prêt pour du matériel militaire à un État souverain, à des renseignements sur un citoyen américain susceptible de le gêner aux prochaines élections. Sauvé par les Républicains majoritaires au Sénat que fait-il : il accuse les démocrates d’avoir monté une cabale contre lui ! Il n’est pas coupable !
Il a déployé ses stratégies de la parfaite mauvaise foi, pour montrer que la loi n'est au pire qu'un désagrément pour les élites.
Trump salit la démocratie. Il n’est pas le seul. C’est le chef de file d’une maffia. La loi n’est plus seulement ce bazar qui ne s'applique qu'aux losers, mais un instrument servant à éliminer un adversaire économique.
Pour mémoire, les manœuvres de la N-VA des dernières élections, la manière dont elle a tiré sa révérence au gouvernement Michel, indique qu’il y a du Trump dans la personnalité de Bart De Wever. Vous le lui diriez en face, je crois qu’il en tirerait de la fierté.

9 février 2020

Bouchez l’est à l’émeri !

C’est difficile de s’en accommoder. On a beau tourner la bêtise en contrepèteries, on ne sort pas indemne du pourrissement actuel de la politique.
Tant d’à-peu-près, d’ignorance, le bourgeois se relâcherait-il au point de se montrer tel qu’il est, sans crainte de se faire sortir par le peuple, confiant dans sa supériorité ?
La haute société est persuadée que sa vision de l’avenir résoudra nos inquiétants problèmes, et que nous finirons par applaudir cette vacance extravagante d’une Sophie Wilmès qui gère le pays au téléphone avec Charles Michel.
Pour l’heure, les gazettes relancent le MR, comme à chaque fois qu’il dérape. La porte des rédactions est grande ouverte à Georges-Louis Bouchez. Les éditorialistes lancent sa carrière comme ils le firent pour Reynders.
Cette manœuvre en faveur de GLB est d’une bêtise à faire pleurer ! Qu’est-ce que vous voulez, plus il étale de sa superbe, plus il dévoile sa connerie. Une star n’a pas besoin d’être intelligente, les sympathisants du MR aiment le show. C’est nouveau, ça vient de sortir…
Maître Chicaneau (1) ne fera pas éternellement illusion.
GLB est le porte-parole de la pensée maigrichonne de la bourgeoisie. Celle-ci ne peut produire de fruits, comme l’avait déjà vécu Nizan avant 40, c’est une pensée lâche.
Ce qui fait tenir des adversaires, c’est la jeunesse. Qui mieux qu’elle connaît le temps de l’ennui et du désordre. À vingt ans, on s’endort avec cette colère ambiguë qui naît du vertige des occasions manquées de ces journées infiniment longue à ressasser ce que la bourgeoisie martèle sans cesse : vous n’êtes rien, vous ne servez à rien, votre sort est scellé par avance, parce que vous avez raté l’essentiel : le diplôme, celui qui ne servira bientôt plus à rien, mais qui nous donne encore un petit filet de sécurité justificatif. Ce pouvoir essaie ainsi de casser toute révolte, afin que cette jeunesse se résigne au destin que les bourgeois lui ont assigné.
Encore un petit temps d’attente, bientôt la politique qu’ils ont imaginée au MR se retournera contre le pouvoir. GL Bouchez l’a répété à plusieurs reprises. Il n’a un différent avec la N-VA que sur la question de l’État. Le consensus du MR et de la N-VA sur le social est parfait !

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Ces gens de droite détestent le monde du travail. Peut-être l’envient-ils en secret, tant ils savent au fond d’eux-mêmes qu’une situation d’entretenu n’a rien de glorieux et qu’il y a plus de vérité dans leur défaite morale, que dans leur victoire matérielle.
Quelle est leur politique ? Elle a pour mission de faire accepter un ordre en le rendant aimable, l’autoproclamant noble en le justifiant. GLB semble trop peu intelligent pour le faire savoir adroitement.
Ce sera sans doute la première fois que j’admire Reynders et Michel, tant ils ont su mystifier leurs victimes. Ne nous ont-ils pas dirigés sur des voies de garage, si adroitement qu’en Belgique, la révolte s’est momentanément éteinte, sous le poids de la bourgeoisie et du socialisme de Di Rupo ?
Les départs pour l’Europe, la cause de la dégradation présente, ont desservi le MR. Ils ont propagé les vérités partielles engendrées par la bourgeoisie et utiles à son pouvoir. Et comme cette politique allait trouver difficilement une issue dans ses conclusions, la crise qu’ils ont provoquée les voit prestement fuir à l’Europe. Recueillant l’héritage, le nouveau président du MR ne s’en sortira pas, parce qu’il n’est que le mal, alors qu’il aurait fallu être un génie du mal, de la trempe des deux fuyards.
L'exploitation des travailleurs est à un tournant. Les corruptions des politiques en collusion quasiment officielle avec les grands propriétaires du marché mondial n’induisent pas une destinée béatifique de l’homme.
La société pourrait sombrer dans le chaos, faute de ne pas accepter le nouveau joug imposé… ou se régénérer et apparaître différente dans un nouvel âge d’espoir.
Incapable de comprendre cela, Georges-Louis Bouchez, créature de la bourgeoisie, déteste les travailleurs, comme l’indique son discours en corrélation avec celui de Bart De Wever, sur la question sociale. Quoique bête et méchant, une sorte d’instinct le retient de le dire et de l’écrire « les travailleurs ne sont jamais content, malgré tout ce que nous faisons pour eux », comme si ce réformateur réformait pour rendre les gens plus heureux ! Ils font penser aux maquereaux qui jettent quelques sous pour survivre, à de pauvres filles qu’ils condamnent à la violence et à la mort.
Voulez-vous que je vous dise, nous sommes sous la coupe de salauds !
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1. Le bourgeois Chicanneau et la comtesse de Pimbesche, personnages de la comédie de Jean Racine « Les plaideurs ».

8 février 2020

Nobles et Ignobles !

L’acompte des fouilles a commencé, la noblesse n’est plus la nichée de pinçons qu’on croyait.
Le prince Henri de Croÿ douille ferme pour une fois. Si l’on en croit De Tijd de ce vendredi.
Un rallye de l’argent organisé par le prince sillonnait les littoraux exotiques des Bahamas et de Porto Rico.
Le réseau de Croÿ ficelait de la pente chez les Émirs. Les clients pouvaient jouir de leur fortune cachée en Belgique grâce à des arrangements d’un butin de pillard de la carambole noble.
La contrepèterie ayant assez duré, le tribunal a buté sur la mite, laissant les passeurs de fonds apporter des piles de billets à Bruxelles et à Genève.
Et dire qu’en Belgique on retire la clé du bac 40 à partir de mille euros ! On se croit riche et on vote GLB dans la serge du vicaire, alors qu’on pétrit le béton à la tonne à neuf euros de l’heure. Les contribuables qui figurent sur le dossier du prince, quelle bouille ! auront droit à une dernière citation noble « Proust n’a jamais déploré ‘‘les jeunes filles en fleurs’’! ».

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Grosse interview 7/7 de Georges-Louis Bouchez, non pas sur la noblesse trumpérisée prise la main dans le sac (GLB !... une laide pensée pour qui orne le portrait du roi d’ailes de mouche ne lui viendrait pas) est confiant dans l’avenir du pays. Il l’a dit au journaliste de 7/7.
Sa démarche auprès des chefs de partis pour former un gouvernement n’a pas été vaine. Le roi a eu raison de lui confier la mission. On peut être certain que si dans un mois ou dans six, le gouvernement se faisait, ce serait son œuvre. Son empreinte y est indélébile.
– Vous avez été la cible de critiques, parfois virulentes, venues de Flandre aussi. On vous a traité de “projectile incontrôlable” et “d’adolescent”. Est-ce que ces attaques personnelles vous ont touché?

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Là aussi GLB positive. Est-ce que ça l'a touché ? Très peu finalement, parce que c’est injuste !
GLB pense que les journalistes qui ne sont pas gentils avec lui se nourrissent de mauvais « off » ! (authentique)
– D’où cela vient-il ?
Les partis qui n’aiment pas le MR, c’est-à-dire tous les autres sauf l’Open VLD, n’aiment pas que GLB avance, dénonce les hésitations, montre la voie du salut, comme la liberté éclaire le monde. « J’ai démasqué ce double jeu et je les ai mis devant leurs responsabilités. Je sais très bien de qui ça vient et je ne suis pas rancunier. Je ferai passer l’intérêt du pays avant le mien. »
– Vous visez le PS?
ll n’y a pas eu qu’eux. (« pas eu qu’eux » dans le texte !)
– La N-VA?
Il n’y a pas eu qu’eux (bis repetita). Autant je suis le partenaire de la N-VA sur le socio-économique, autant je serai le rempart contre la N-VA sur le communautaire. De Wever le sait. Lui et moi sommes franchement d’accord sur le socio-économique.

Une sorte de lassitude me prend. La noblesse s’en va de la caisse et le MR a élu un président qui s’en va du ciboulot (comme dans César de Pagnol). Ce n’était pas le moment. Mais si, mais si… de la Tour-Pointue et de Lave-Écire sont de la branche malhonnête. D’autre part, on voit bien les efforts des journalistes pour dédouaner Georges-Louis Bouchez de la petite enfance et des couches-culottes qu’il doit porter encore.
Je crois bien que l’un dans l’autre, la Belgique devient le parfait torche-cul des filous et des imbéciles.
C’est navrant. Ceux qui travaillent dur sans guère de profit, méritent d’être représentés à la tête de la Nation par des gens intelligents. Et c’est au moment où la situation sérieuse nécessite de l‘altruisme à des pensées élevées, qu’on s’aperçoit que l’élite, c’est ou du faisandé ou du cerveau d’oisillon.
Franchement, le peuple est plus handicapé par ces gens-là, que par ses propres contradictions.

7 février 2020

La morale à prix cassé.

Le procès en destitution de Donald Trump s'est achevé mercredi au Sénat par l'acquittement du président des Etats-Unis, jugé depuis le mois dernier pour abus de pouvoir et entrave à l'action du Congrès.
On savait le combat perdu d’avance. Certains ont même jugé qu’il était inutile et contre-productif.
Cette relaxe soulève un grave problème moral dans l’exercice de la démocratie en Amérique, un pays devant lequel l’engeance libérale se met à genoux. On voit d’ici les Michel et GLB japper de plaisir devant leur maître.
S’il est avéré que Trump a gravement contrevenu à la Constitution américaines et qu’il n’est pas « chassé » de la présidence par l’ensemble de la classe politique, mais au contraire disculpé des fautes qu’il a commises, alors se pose le problème de la moralité en politique de ce pays « exemplaire ».
Peut-on faire tout, braver les interdits, se comporter avec indignité, se moquer de ses adversaires, à partir du moment où le président a derrière lui une majorité qui cautionne l’immoralité et l’absout de se moquer de la Constitution ?
La politique transforme-t-elle les vices en vertu ? Est-elle donc supérieure à tout ?
Bartholo du Barbier de Séville a une réponse « Quand une chose est vraie ! Si je ne veux pas qu’elle soit vraie, je prétends bien qu’elle ne soit pas vraie. Il n’y aurait qu’à tous ces faquins là d’avoir raison, vous verriez bientôt ce que deviendrait l‘autorité ».
C’est terrible cette réflexion. Elle est pourtant de saison !
Les 52 sénateurs républicains qui ont rejeté la proposition « d’impeachment », portent atteintes aux lois et à la Constitution des États-Unis d’Amérique et sont indignes de représenter le peuple américain.
Honneur à Mitt Romney le seul républicain à s’être rangé du côté des démocrates.
Après le chantage de Trump à l’égard de son homologue ukrainien Volodimir Zelenski en conditionnant le déblocage d'une aide militaire à l'ouverture par les autorités ukrainiennes d'une enquête contre le fils de Joe Biden, son possible adversaire démocrate à l'élection présidentielle de novembre prochain, dans un dossier suffisamment fourni pour que cela ne fasse aucun doute, la Chambre haute a jugé le président non coupable d'entrave aux travaux du Congrès par 53 voix contre 47, malgré les témoins et les preuves accablantes !

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Ce vote met fin à une procédure initiée cet automne par les démocrates, majoritaires à la Chambre des démocrates, et concrétisée par la mise en accusation formelle du président américain le 18 décembre dernier en séance plénière.
L’Amérique est bien malade, quoique nos américanolâtres des partis « traditionnels » en Belgique abondent dans le sens contraire.
Ainsi, Trump fait la preuve qu’on peut faire tout à son niveau, soutenu par l’opinion. Quand bien même cette opinion ait été façonnée et conditionnée dans l’optique de prendre et garder le pouvoir par tous les moyens, y compris les plus malhonnêtes, quand bien même cette opinion soit relative quant à sa majorité réelle, puisque le système électoral américain avec les grands électeurs peut élire un président contre l’opinion majoritaire.
Et cela pose le problème de fond, à savoir qu’une majorité respectant la morale publique, peut être mise en échec dans la démocratie américaine, par une minorité immorale !
Le solipsisme de Trump est inquiétant.
Cette situation peut se reproduire partout en démocratie. C’est le cas en France où Macron poursuit une réforme des retraites dont une majorité des Français ne veut pas ! Entre deux élections comment s’assurer d’être toujours appuyé par l’opinion, sinon procéder à un référendum ?
En Belgique, peu touchée par la sémantique des mots, Sophie Wilmès poursuit sa mission dans l’indifférence générale, ce qui serait de nature à favoriser l’immoralité d’une situation dans laquelle persiste la majorité de ce pays, dans son ipséité bourgeoise.
Comment se fait-il que la moralité lâche ses coutures en haut lieu et est devenue si méticuleuse en bas, tant du point de vue de la sémantique des mots, que des mœurs courantes ?
C’est encore une fois tout le pouvoir de l’argent, qui fait d’un millionnaire le président des USA et d’un Weinstein, un violeur dont il n’est pas exclu qu’il soit relaxé.

6 février 2020

Pécuchet 2020.

Alcide Nitreux avait fait toute sa carrière dans l’administration publique. Il avait été engagé au niveau D, Collaborateur administratif, dans l’administration du ministère de l’agriculture, grâce au président du club de billard « La carambole ». Son oncle, classé troisième niveau, y passait deux après-midi par semaine. Sur l’insistance du dit-président, Alcide s’était affilié au parti socialiste, section locale, avec obligation de rester affilié au moins deux années de suite.
Consciencieux, il en était resté trois, pour ensuite prendre sa carte au MR, parce qu’à cette époque il habitait le quartier Saint-Léonard comme Reynders. Cette promiscuité le flattait. Enfin, sa belle-mère, qu’il détestait, avait un poster encadré représentant Di Rupo, dans la véranda, accroché sur la vitre dépolie, juste derrière un papier tue-mouches qui pendait du plafond. À l’opposé, caquetait un couple de perruches dans une cage en forme de coeur, si bien qu’on plaisantait souvent sur le grand Montois intarissable et sentimental.
On avait affecté Alcide au service des archives, section betteraves sucrières. Il y était resté sa carrière durant. On l’y avait oublié, si bien et si profondément, que jamais il ne reçut la moindre augmentation, ne serait-ce qu’une gratification légale et réglementaire.
Une aberration de la trésorerie publique s’était abattue sur lui, tellement inextricable qu’aucune réclamation n'aurait pu changer quoi que ce soit.
Une timidité naturelle l’avait empêché de se rappeler au bon souvenir de ses supérieurs hiérarchiques. En contrepartie, on ne lui demanda jamais de prouver ses aptitudes par des stages de mise à niveau. Et c’était fort heureux, car il lui semblait n’en avoir aucune.
Son travail consistait à protéger des rongeurs, quinze mètres de rayonnage dédiés à la mélasse de betterave. L’État prélevait des accises sur 35 % des productions de beta vulgaris.
À force d’être confiné dans la pénombre, sa vue supportait mal la lumière du jour. L’atmosphère humide de la lente moisissure du papier l’avait rendu frileux. Été, comme hiver, il arborait un cache-col que sa mère avait tricoté pour ses quarante ans. Vingt années plus tard, désormais seul dans la vie, il le ravaudait avec une « pince » à tisser les filets de pêche, souvenir de Blankenberge.

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À la sortie du ministère, le soleil lui rougissait les yeux. Il zigzaguait cherchant l’ombre, un peu comme une chauve-souris dérangée de son coin de cave, affrontant le jour. Sur ses épais verres de myopes, il ajustait des micas teintés qui lui donnaient l’allure d’un Martien.
Se croyant un objet de curiosité, il fuyait les gens et marchait la tête basse.
Vers la cinquantaine, s’éveillant à la curiosité du sexe, sa libido tardive le persuada, que son insignifiance naturelle le rendait invisible. Il se hasarda à lorgner des passantes.
Elles semblaient ne le regarder d’aucune manière – elles l’avaient classé définitivement d’un seul regard d’entre leurs longs cils filtrants, dans la catégorie « rebuts humains ».
Quand elles découvraient ses manœuvres de rapprochement, elles faisaient un pas de travers, comme on s’écarte d’un chien malveillant sur un chemin de campagne. Il s’affolait comme un perce-oreille que l’on dérange sous une pierre. Et il rentrait chez lui.
Il se crut trahi par sa propre matière. Son corps avait perdu sa transparence ! Ses anciennes obsessions d’être un objet de curiosité hostile lui remonta à la gorge.
Une après-midi d’atelier du PS, ne sachant plus qu’inventer, Di Rupo à l’issue d’un grand discours, désigna au vogelpik un militant anonyme pour devenir ministre. Alors qu’il ne payait plus de cotisation et pire, qu’il s’était affilié au MR, sur une cible de vingt-sept mille noms, la fléchette se ficha sur Alcide Nitreux.
On l’appela au téléphone, juste comme il allait se suicider, monter sur une chaise, la corde au cou, attachée par l’autre bout au crochet du lustre du salon.
C’est ainsi qu’il fut plusieurs fois ministres. Toutes ses erreurs tombant sur des subordonnés, il reçut l’étiquette de sage et ses avis furent très écoutés. Il occupa le ministère de l’Agriculture à deux reprises. Il concéda les archives à une société privée, ce qui lui permit de liquider le personnel des caves, qu’il jugeait inutile et onéreux.
Retraité depuis quelques années, il vient de mourir emportant avec lui une secrète admiration pour De Wever et son dernier message à Paul Magnette, fut un ardent plaidoyer pour une coalition andorrane. Jusqu’à la dernière minute, il ne désespèra pas de reprendre du service.

5 février 2020

Foutre de dieu… les cons !

« Et allez donc, c’est pas mon père ! » (1)… On est reparti pour une nouvelle tournée des popottes. Le CD&V n’en démord pas : c’est la formation andorrane PS et N-VA, na !
Ce n’est pas possible, une obstination pareille !
Maggie De Block s’étouffe : De Wever fait un petit ajout dans sa liste de concordance pour la grande union avec le PS – 5 milliards d’économie sur la santé – on s’éloigne d’Andorre !
Des discours des partis bourgeois aucun n’est réaliste. Ils ne tiennent pas compte des profonds bouleversements des technologies de l’information et des biotechnologies qui pourraient chasser d’ici 2050, des millions d’humains du marché de l’emploi. C’est tout de suite qu’il faut s’en occuper.
Nous consommons dans les gazettes, les discours des prétentieux séniles du MR gonflés à l’amphétamine de la suffisance !
Le comble, c’est qu’ils se disent de pointe ! fer de lance de l’Europe ! pour se débarrasser des chômeurs et des vieux ! Alors qu’on entre dans la cybernétique déjà décrite en 1947 par Norbert Wiener et pratiquement au point en 2019, avec les algorithmes, Big Data (2), tout un transfert nouveau vers l’IA (intelligence artificielle), capable d’ici dix ans de battre de dix longueurs médecins, architectes, ingénieurs, archivistes dans tous les domaines !
Et cet infirme des méninges de Chaudfontaine qui nous parle de coller deux ou trois années de plus aux travailleurs pour avoir droit de crever de faim avec une pension dérisoire !
Car ces imbéciles heureux, enchristés au MR, ne se rendent pas à l’évidence que leurs jours sont comptés. Ils n’imaginent pas que leurs bourgeois, dont les grands-parents ont fait fortune dans l’épicerie, pourraient être avalés par des dictatures digitales maîtres de quelques km² d’ordinateurs. Sortant de sa cave à l’éclairage au carbure, Sophie Wilmès essaie de nous faire peur avec ses synapses à la Napoléon III !
Franchement, ils ne sont pas sérieux ! Ces mirliflores du MR sont cent fois plus proches des mirlitons de la Royale Moncrabeau de Namur, figés dans un sur place depuis que Jean Gol a pété une durite dans l’assouvissement de son appétence sexuelle de jeune marié !
Je ne comprends pas l’opposition qui les prend au sérieux ! C’est comme si Jean-Marie Bigard remplaçait le chanoine de Sainte-Gudule.
Malgré l’effet comique de leur démarche, la recrudescence de la pauvreté s’installe partout. L’Europe trempe ses doigts dans le même bénitier. Elle secrète les recettes libérales comme l’escargot, sa bave !
Le système libéral a été façonné pour gérer un monde de machines à vapeur, de raffinerie de pétrole et de postes de télévision. Les cloportes ne se métamorphoseront pas de sitôt.
Que sera-ce quand il faudra digérer l’IA et la blockchain (3) ?

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Ce ne sont pas les Mexicains qui prendront le travail des américains et le mur de Trump ne servira à rien, ce sont les techniques développées de l’IA qui le feront et plus rapidement qu’un voyage d’un équatorien se rendant à pied au Texas.
Chaque année qui passe l’homme voit qu’il compte de moins en moins.
Le récit libéral étant celui de séduction de l’homme ordinaire comment peut-il encore faire de l’effet dans le monde des cyborgs et des algorithmes. ?
Même leur vision du capitalisme est en défaut. Trump, dans sa propre ipséité, en a faussé les règles. Fini les traités globaux. Donald Trump se défend d’impliquer l’Amérique dans une vision globale. Les gens qui ont voté Trump n’ont pas rejeté le package libéral. Ils ont seulement perdu la foi dans la mondialisation. Nos MR, eux, gardent la foi partout : dans Trump, dans l’Europe, dans l’État belge, dans leur pognon et leur location d’immeubles à des truffes de mon espèce !
C’est dire si on y va vers l’Andorre !
Le libéralisme n’a pas de réponses aux gros problèmes que nous affrontons, quand la robotique et l’apprentissage automatique auront changé tous les métiers.
On a envie de dire à la gauche : « Merde ! Secouez-vous. Cessez donc de prendre les libéraux pour des gens sérieux. Ce faisant, vous les faites passer pour plus intelligents qu’ils ne sont. »
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1. « La dame de chez Maxim » de Georges Feydeau.
2. Le big data, littéralement « grosses données », ou mégadonnées, parfois appelées données massives, désigne des ensembles de données devenus si volumineux qu'ils dépassent l'intuition et les capacités humaines d'analyse et même celles des outils.
3. Blockchain, ou chaîne de bloc, est une technologie de stockage et de transmission d'informations sans organe de contrôle. L'ensemble est sécurisé par cryptographie.

4 février 2020

Prestance et jactance de tribune.

Plus que jamais, la parole haute et impérative est maîtresse du pavé. On perçoit directement l’orateur hors pair. Il emporte l’adhésion, au moins sur l’art qu’il a de persuader parfois sans aucun argument, rien qu’à se montrer convaincu de son propre discours.
La voix est importante. Elle doit être posée, avec une bonne articulation grâce à laquelle rien n’échappe au public. Quelques mots savants posent l’homme, personne ne les comprend, mais tout le monde est ravi qu’il les utilise. Cela flatte que l’orateur ait pu croire qu’il serait compris. Mais pas trop, le pédantisme n’est pas loin.
Le timbre doit être agréable, mais c’est un don de la nature. Il existe des techniques pour modifier la voix, au point de la rendre « spéciale ». Sophie Davant, d’Antenne 2 (France), a un timbre de voix particulier qui fait en partie son succès. Or, c’est un timbre fabriqué et pour moi – peut-être suis-je le seul – je le trouve nasillard !
Par exemple Di Rupo et Macron, les cordes vocales les féminisent dans les aigus. S’emporter avec excès en tribune les rend ridicules.
La Belgique n’a aucun orateur à comparer aux Français, peut-être Raoul Hedebouw sauvé par son naturel. Il est vrai que la Belgique est un petit pays, en avoir un, ce n’est pas si mal.
Les accents étrangers ajoutent souvent un charme particulier quand la phrase est bien dite. Loin de rire des Flamands qui se lancent dans la langue française, j’apprécie leur volonté de communiquer dans une langue qui leur rappelle un passé douloureux. Le voussoiement est une difficulté supplémentaire et la correspondance des verbes à conjuguer au passé ou au conditionnel, les foudroient. La Katholieke Universiteit Leuven est la pire des écoles pour y apprendre le français.
Chez nos voisins, on est toujours surpris d’entendre un Flamand parler français. Cela nous vaut une réputation de demeurés. Parler de la sorte à trois cents kilomètres de Paris, c’est incompréhensible pour beaucoup de Français saisis dans leur orgueil.
L’Hexagone compte des orateurs hors-pair, parmi lesquels Jean-Luc Mélenchon. Adrien Quatennens des Insoumis, du même parti, mais plus jeune, est déjà un très bon orateur. Ainsi ce parti, ce qui est rare, possède deux talents exceptionnels. Pour le reste, je ne vois pas qui peut leur être comparé. François Baroin a une voix de baryton-basse exceptionnelle, mais il lâche ses mots trop lentement et semble réfléchir pour tout, même pour demander l’heure.

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Pour reconnaître un talent, il faut l’avoir entendu. La France comme la Belgique possède probablement un ombre plus élevé d’orateurs qu’il n’y paraît ; mais nous ne le saurons jamais, étant entendu que pour le savoir, il faut une tribune. Celles-ci sont encombrées d’un tas de gens qui attendent leur tour.
On n’a pas encore inventé une démocratie moderne à la façon ancienne.
En 487 avant JC, la démocratie s’identifiait déjà à l’exercice de la parole. Et lorsque cette parole était empêchée, la démocratie était menacée.
Ayant libéré la parole, les Grecs se rendirent compte qu’ils n’étaient pas quitte pour autant de tous les dangers, ils pouvaient venir du talent de l’orateur.
Ils instaurèrent l’ostracisme, une mesure de sauvegarde contre la capacité d’influencer par la parole. Ils ne connaissaient pas le fléau moderne de la pensée unique, l’orateur à oreillettes et le beau-parleur, qui fait qu’un cuistre disert, peut donner l’illusion de la culture.
L’ostracisme fut mis en pratique par Clisthène. C’était une mesure de défense de la cité par rapport à des personnages qui deviendraient trop influents par la parole et viendraient à compter plus que les autres citoyens, déséquilibrant ainsi le fonctionnement de l’espace public.
Cette mesure consistait à écarter de la cité l’orateur pendant dix ans.
Ce n’était pas une mesure coercitive, une punition, bien du contraire. L’orateur exilé gardait ses biens. Ses droits civiques étaient simplement suspendus.
Le peuple lui conservait estime et parfois admiration.
On aura beau trouver cette idée farfelue. Elle n’était pas si dénuée de sagesse. On ne saurait l’appliquer aujourd’hui, puisque l’on sait que les hommes d’influence supérieure, on ne les voit jamais. Ils n’ont pas besoin de gloser pour se faire entendre. Dans le silence des hauts lieux de la finance, ils commandent à des élus qui disent au peuple ce qu’il faut comprendre.

3 février 2020

La mission fiasco de GLB.

Dans l’étrange démocratie, nous payons des gens pour agir à notre place. Chose curieuse, ce qu’ils font, nous le ferions mieux qu’eux et, comme ils le savent, ils font semblant de ne pas pouvoir s’entendre, car ils n’avaient pas l’intention d’agir pour nous, mais d’agir pour eux.
C’est à peu près la situation politique de ce pays.
Le premier février, j’avais repris les conditions de Cieltje Van Achter, vice-présidente de la N-VA, pour entrer dans un gouvernement. Ces conditions sont telles que même le MR aurait du mal à s’en accommoder, sauf, GLB, l’émule de Donald Trump !
C’est ce que l’on apprend dans les gazettes de ce dimanche matin. Une déclaration de Georges-Louis Bouchez dévoile l’homme pour longtemps : “Le PS a diabolisé la N-VA, c’est compliqué de faire le chemin inverse”.
Trois jours après la déclaration de Cieltje Van Achter, c’est gonflé.
Ce n’est pas que je veuille dédouaner le PS, très engagé pour que le néo-libéralisme réussisse, donc adversaire de classe de son ancienne clientèle ouvrière, mais de la part du président du MR, dire le contraire directement après que la vice-responsable de la N-VA ait donné la version officielle de son parti, c’est prendre les gens pour des imbéciles. Ce n’est pas un signe d’intelligence de sa part, c’est plutôt celui d’une bêtise, mauvaise conseillère.
Georges-Louis Bouchez a parlé de sa mission d'informateur royal, qui a pris fin vendredi soir, sur le plateau de Deborsu dimanche matin. Le président montois du MR a une nouvelle fois déclaré qu’il s’agissait désormais de choisir entre “deux scénarios”, avant d’assurer que “Nous sommes dans une situation de blocage qui n’est pas dramatique finalement”.
Ah ! bon, si elle n’est pas dramatique, elle est comment ?
Bouchez s’indigne des exclusives et de revenir sur celle du PS, sans jamais citer ce parti, évidemment. Ce type délire. Qu’il n’aime pas la rue, qu’il soit royaliste et préfère la N-VA au parti socialiste. Est-il utile de le rappeler ?
Nous baignons dans la connerie politique et Bouchez en est la quintessence.
Auparavant, toujours dans cette émission chargée de flatter les bourgeois, Joachim Coens s’est déplacé sur le plateau de Deborsu pour rassurer le public : « Georges-Louis Bouchez est honnête » ! Si GLB a besoin d’un certificat de bonne vie et mœurs d’un partenaire flamand pour exister, il doit y avoir un loup quelque part.
Le stratège honnête du MR retient deux possibilités pour un nouveau gouvernement : la coalition Vivaldi [socialistes, libéraux, écologistes et CD&V] et la coalition qui a un rapport avec les drapeaux de la principauté d’Andorre PS-N-VA, une avec la N-VA et une sans.
Tout de suite on sent que GLB est Andorran !
Pas op ! Une homonymie entre l’ex-informateur royal, Joachim Coens, président du CD&V et ami de GLB et Koen Geens, aumônier personnel du roi, chargé d’évangéliser en terre hostile les « bons » sauvages. On dirait un gag bruxellois Coens et Koen !

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Des communications de vendredi à la prestation de dimanche, on voit ce qui taraude tout ce petit monde sans l’oser pouvoir dire, sauf Ducarme qui en a touché un mot, alors qu’il n’aurait pas dû « le fantôme des élections qui hante les couloirs de Laeken et du Parlement ».
Dès qu’on prononce le mot « élections » l’atmosphère s’alourdit. On manque d’air. On étouffe. C’est qu’aujourd’hui le vote populaire fait peur. Forcément, quand depuis dix mois on fait les cons, se résoudre à aller aux élections, c’est comme s’asseoir sur la chaise électrique. Si vous voyez ce que je veux dire.
Si les électeurs sont mécontents de ceux qu’ils paient pour agir à leur place (voir plus haut) ce n’est pas pour voter à nouveau pour les mêmes.
Dans les partis de pouvoir, on est convaincu qu’on ne devrait plus jamais voter, en tous les cas, pour faire une majorité. Jusque là, elle avait été préétablie par les circonstances : l’économie selon les directives européennes. Si en plus du nationalisme flamand, les gens formulent des exigences sociales où voulez-vous que la bourgeoisie trouve une majorité ?
La brave Sofie Merckx, sans illusion, n’était venue là que pour dire ce que tout le monde pense dans les chaumières « Il est temps que les politiques écoutent ce que les citoyens ont à dire. Si ce n'est pas par des élections, c'est dans la rue ou via d'autres moyens ».
Elle n’a pu dire que cela, la pauvre, devant les flux des autres intarissables, mais c’était l’essentiel.

2 février 2020

Qu’ils aillent se faire foutre !

Paul Valéry dans ses « cahiers » dit son scepticisme de l’intelligence des élites, Bourdieu enfonce le clou pour ceux qui savent tout mieux que tout le monde, Emmanuel Todd l’affirme, le monde ne va pas bien, la faute aux décideurs d’en haut.
Qui a pu croire, que les gens iraient jusqu’à céder leur parapluie et jeter leur veston devant les pieds des illustres les jours de pluie, afin que ceux-ci ne se mouillassent point les orteils ?
« Personne », répond la rue.
Nos illustres croient exactement le contraire. Ils ont tant investi dans les avantages du système, tant vanté ses bienfaits, déifié l’économie capitaliste, joyau de la plus haute civilisation que l’humanité ait jamais eue, qu’ils sont persuadés à l’heure des sacrifices, que les gens vont les suivre, s’auto-sacrifier sur l’autel de l’individu-roi, qu’ils iraient jusqu’à offrir leurs tripes et les sauver par dons d’organes ! Coca-cola Bacquelaine, Sophie Wilmès, Bart De Wever, Georges-Louis Bouchez, le roi Philippe, Elio Di Rupo, les Michel et ma tante n’en démordent pas, et par delà ces obstinés, des beaux oiseaux de l’Europe, jusqu’à l’inculte de la Maison Blanche, pareils !
Ils ont raté une leçon, une tache dans leur cursus : le passage où les gens croient aux combines du système quand elles ne sont pas trop meurtrières, qu’elles ne flinguent pas l’ouvrier dans la rue, qu’on puisse encore se rendre aux toilettes au boulot, sans attendre la pause, etc.
Emmanuel Macron pensait avoir calmé la colère des Gilets jaunes par des mesures financières et des consultations citoyennes.
La Belgique tranquille sans gouvernement n’a pas vécu la même fièvre. Auparavant, cela aurait pu mal finir avec Coca-cola Bacquelaine et son deal sur les pensions. Ce n’est que partie remise. Georges Louis Bouchez a remis sa copie au roi, c’est un autre nosographe de la Belgique qui prend le relais. Il n’est pas plus intelligent que les autres.
L’Europe ne comprend pas non plus. Von der Leyen est déjà larguée. La recrue Reynders n’est pas le nouveau Léonard de Vinci de l’UE, Charles Michel est à l’avenant.
En France, un président de la République n’aura jamais autant débattu avec les gens. Les chaînes d’information l’ont acclamé, debout, en bras de chemise, seul contre tous ! L’image du héros. Résultat : le bide ! Il s’est replié à l’Élysée satisfait de ce qu’il a cru être une performance. Il n’a pas compris que les gens se fichaient de sa gueule.
Sur la réforme des retraites, alors qu’avec Philippe, Macron croyait l’affaire pliée, voilà que les salariés prennent le relais des Gilets jaunes et que le Conseil d’État retoque le projet.
Les Français découvrent que le « ni droite ni gauche » de Macron a été remplacé par une pensée technocratique de droite. L’universel se résume au marché. Le pseudo-changement est le contraire du progrès. L’individualisation et la mise en concurrence systématique, pièges de division du gouvernement Philippe, n’ont pas entamé la solidarité entre travailleurs, si l’on excepte un syndicat réformiste qui s’est déconsidéré lui-même par ses contradictions.

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Les Français sont devenus involontairement par leur exemple les porte-parole des Belges. Ils ne veulent pas une carrière plus longue, ni leur pension diminuée. Presque tous ont hâte de quitter leur emploi et ne veulent pas d’un départ retardé.
Il serait temps de revenir à une définition meilleure du travail et des conditions pour l’exercer. Un bon emploi est celui dans lequel se développent les capacités de chacun, avec pour finalité une utilité sociale. Déçus, les travailleurs souhaitent que le travail ne bouffe pas leur vie. Nos intelligences supérieures confondent crise de la valeur du travail et fort malaise. Les travailleurs ne croyant plus aux « valeurs » exaltées par ceux qui ne foutent rien, se replient dans une position de retrait, en attendant que la connerie du dessus se dilue dans la vigilance du dessous. C’est encore le remède le plus efficace qu’on ait trouvé pour la lutte contre le syndrome d’épuisement, le burn-out, la sidération pour cause d’ennui, la consommation de psychotropes. L’idée de « faire semblant » et de saboter par l’inertie ce que l’on a le « devoir » de faire n’est pas loin. Cela pourrait être la grève intelligente de l’avenir.
Voilà des années que Bourdieu a dénoncé l’organisation du travail de la discipline tayloriennes. Je suis particulièrement fier d’en avoir prévu les effets dans les syndicats à l’époque, alors que les dirigeants des années 70, n’y voyaient que des avantages dans de meilleures rendements et donc de meilleurs salaires et ce conseillés par les augures du PS acquis à ce genre de « progrès ».
Nos « trop instruits pour être honnêtes » se sont acharnés à individualiser les tâches dans le but de poursuivre la subordination des salariés en les marquant à la culotte. Des emplois intermédiaires entre le management et la fabrication du produit ont été créés pour « tracer » le produit et en accélérer le départ « fini » des lieux de fabrication.
C’est de cette chiourme moderne dont on ne veut plus.

1 février 2020

Cieltje voilà de vleeshandelaar !

Si le Belge est imprévoyant, son député l’est doublement. Un avenir qui ne se prépare pas et donc qui ne se devine pas, sera à coup sûr une catastrophe. Le jour où les Britanniques quittent les institutions européennes, l’opinion en Flandre représentée par la N-VA, souhaite quitter la Belgique. Le parti de Bart propose délibérément des choses impossibles à d’éventuels partenaires, pour un programme gouvernemental inacceptable.
Sans nul doute, le PS craint en entrant dans une coalition de droite, que son ardeur pour le libéralisme fasse gagner des voix au PTB. Mais en plus, pour MM. Di Rupo et Magnette, libéraux bons teints, le café servi est un peu fort. Bart De Wever n’y va pas de main morte.
La vice-présidente de la N-VA, Cieltje Van Achter (j’ai pour elle une attirance physique, je le reconnais, mais compensée par une détestation morale) a énuméré quelques exigences pour entrer dans une coalition que même moi, qui ne lui suis pas hostile (voir plus haut) ne saurais l’accepter. Cieltje veut dans un accord gouvernemental, qu’on limite les allocations de chômage dans le temps, avec une dégressivité plus rapide que celle imaginée par el diabolo Élio, quand fou d’orgueil, il était premier ministre ; une extension des flexi-jobs, vous savez de ces boulots qui n’en sont pas tout à fait et qu’on accepte pour ne pas coucher dans la rue, et même avec le job, cela risque d’arriver ou encore le paiement des allocations de chômage par des prestataires privés au lieu des syndicats, la pension par points, le dada de Coca-cola Bacquelaine. Quoique la N-VA se soit montrée favorable à une revalorisation des pensions les plus basses, elle serait contre une pension minimum à 1.500 euros. Par contre, elle serait pour une baisse de la pension en cas de chômage, interruption de carrière, etc. En matière de santé, les économies se poursuivraient à concurrence de 5,2 milliards et le rôle des mutuelles serait singulièrement réduit. Question sauvetage de la planète, la N-VA se contenterait d’une ambition minimale et remettrait en cause le planning de sortie du nucléaire. Enfin, la politique d'immigration à la Theo serait plus stricte. Et cerise sur le gâteau, retour des réformes constitutionnelles pour une régionalisation aux accents du confédéralisme en 2024.

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Soyons logiques, même un PS libéral, prêt aux concessions, ne peut pas accepter ça… qu’on cesse de dire que ce parti devrait faire des concessions ! C’est dénaturer la vérité.
Comme pour la Grande-Bretagne qui s’en va, ce serait un soulagement pour tout le monde que les Flamands en fassent autant de la Belgique et par voie de conséquence de l’Europe, quitte à négocier à l’Europe une entrée dans l’Union, puisque la Flandre serait un nouveau pays.
Ce n’est pas si farfelu que cela. Georges-Louis Bouchez a traîné dans les cafés à discuter le coup avec Bart, tant le volet asocial de la revendication de la N-VA lui plaît énormément.
Une solution ancienne d’il y a quelques années, était de céder à la Hollande les territoires turbulents de Flandre. Des nationalistes flamingants l’avaient même envisagée. Hélas ! les Néerlandais ne veulent absolument pas en entendre parler. Willem-Alexander fait de l’urticaire dès qu’il voit un Anversois, le flamand est un idiome que les Néerlandais ont du mal à saisir, comme le parler canadien pour un français de la métropole.
Soyons sérieux. Si les partis nationalistes obtiennent la majorité, comme cela devient probable, la Wallonie aurait de fortes raisons de refuser le confédéralisme, attendu que le confédéralisme est une alliance d’états souverains. Par conséquent, il conviendrait de refaire une démarche à trois (avec Bruxelles) pour une continuité différente de l’État belge à l’UE, puisqu’il y aurait trois États ! Or, dans cette combine la Wallonie n’aurait plus l’accès à la Mer, attendu qu’il y aurait une frontière à quinze kilomètres de Liège sur le canal Albert.
La Wallonie se tournerait donc vers Dunkerque, le port français le plus proche, dans une association avec la France. Rien n’a été pensé en ce sens. Pas d’autoroute directe, sinon emprunter celle de La Panne, donc passage de frontière. Géographiquement des liaisons rapides par eau ou par route sont techniquement possible, mais difficilement réalisable sans passer sur le territoire flamand. Par la voie des airs, la distance est courte, les écolos seraient contre. À ma connaissance, il n’existe pas d’aérodrome à Dunkerque de l’importance de Liège-Air-Port.
Comme le Royaume-Uni en 47 ans d’adhésion, la Flandre a le même objectif, affaiblir la Belgique, avec la même arrière pensée que les Anglais : faire de la Belgique une zone de libre échange.
Pourquoi, nos élites et nos prix Albert Londres essaient-ils de nous faire croire que les partis wallons devraient être plus coopératifs avec les nationalistes flamands ? Pour les mêmes raisons que Nicole Belloubet a voulu partager les torts entre les musulmans et la lycéenne au blasphème, par la trouille d’accuser la N-VA de saboter tout accord possible. Le roi ne veut pas rompre les ponts. Comme quoi en politique, les accordeurs prennent les gens pour des imbéciles, car c’est toujours le plus fort qui a raison.