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31 juillet 2007

Deux Républiques et Bruxelles à l’Europe !

Pas que Leterme qui se fiche du monde, les autres négociateurs aussi.
Non pas que 50 jours sans gouvernement fédéral, dans une Belgique qui en compte 4 en-dehors de lui, soit de nature handicapante, mais ils oublient qu’il y a urgence sur un point : la négociation sociale et salariale.
Avant et après les élections, droite comme gauche, l’unanimité s’était faite sur l’urgence de relever les pensions et les minima sociaux. Ici, il n’est pas question de délais et de chipoter sur les sensibilités différentes. Derrière cela il y a des gens aux abois, qui peuvent à peine survivre, tant les hausses galopantes des produits de première nécessité et de l’énergie depuis que ce secteur a été livré à la concurrence, ont quelque chose de jamais vu.
S’il y a consensus au moins sur ce projet, qu’est-ce qui empêche Verhofstadt, qui est encore aux commandes et peut-être là pour un bon bout de temps, de convoquer la Chambre en urgence afin de proposer de relever les minima sociaux, les pensions et les bas salaires ?
Il n’y a rien dans la Loi qui le lui interdise.
Qui serait contre, dès lors que tous en ont approuvé le principe ?
Surtout pas le roi qui vient de se taper un nouveau yacht de plaisance de 12 mètres. Le nouveau jouet royal mouille dans le port de La Napoule. On peut le voir : c’est du lourd !
Il est possible cependant que Reynders, qui veut sa réforme fiscale pour les riches, pourrait saboter celle des pauvres, si les deux n’étaient pas liées ?
Cela aurait une autre gueule cette discussion d’urgence contre la pauvreté, que l’actualité d’un ministre de l’intérieur peu glorieux qui expulse deux malheureuses vers l’Equateur et que la Justice vient de sauver de justesse.
Peut-être aussi que Val Duchesse sonne la fin de la Belgique et qu’il serait temps de savoir qui est ce Leterme qui confond la Marseillaise avec la Brabançonne. Ce qui ne serait pas grave en soi, si ce n’était qu’une question d’ignorance, mais à ce point, c’est du mépris.
D’où l’intérêt de savoir qui est ce type ?
En deux mots, son parti et lui inquiètent.
Le CD&V est un parti aussi coincé dans la mouvance libérale que le MR, avec en plus un fond de nationalisme flamand, donc continuateur du discours flamingant en matière institutionnelle.
Les interlocuteurs actuels wallons et bruxellois qui étaient prêts à faire des concessions et notamment sur la scission de BHV, à condition d’obtenir des compensations pour les francophones de la périphérie, n’en sont pas encore revenus du programme de Leterme !
Même Reynders, pourtant si désireux d’en être, se raidit ! Milquet, n’en parlons pas, elle en est aux sarcasmes et aux mines dubitatives.

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Pourquoi Dehaene a-t-il bâclé son boulot de démineur ? Une réponse est possible, parce qu’il lui était apparu que les parties ne pouvaient s’accorder autour d’un projet unilatéralement flamand.
Dehaene n’entrerait-il pas dans les plans de Leterme, puisqu’ils sont de la même formation !
Que va-t-il se passer si ces gens ne parviennent pas à s’entendre ?
Le constat d’impuissance pourrait conduire à une crise institutionnelle d’importance. Un des scénarios serait en effet la sortie avec fracas de la Flandre de la Fédération belge.
Toujours est-il que dans l’alternative d’une séparation, les Flamands pourraient dans la hâte de se séparer de nous, lâcher quelques beaux morceaux et notamment sur la Région bruxelloise, l’entité pourrait devenir une ville ouverte à caractère européen.
Battre les cartes et voter à nouveau est du domaine du possible aussi, avec le risque que dans une campagne électorale courte, les thèses nationalistes s’exacerbent en Flandre et naissent en Wallonie.
Ce qui pèse lourd, c’est l’appréciation qu’a Leterme de la Wallonie. Nous ne sommes pas des gens fréquentables. Pour lui, nous sommes un handicap. C’est inscrit tout a long du projet de gouvernement, en ce sens qu’il n’y a rien qui puisse nous convenir et quand cela serait, c’est toujours en partant de l’intérêt flamand, selon un vieux proverbe « Quand il pleut sur le curé, il goutte sur le sacristain. ».
La future orange-bleue verra-t-elle son mûrissement ?
Reste une ultime hypothèse, devant l’échec et la menace d’une dissolution, si le roi réanimait les socialistes, en confiant, par exemple à Di Rupo une mission d’informateur qui fut celle de Reynders, déchargeant par là Leterme de sa mission ? Di Rupo est tellement unitariste et belgicain que cela semblerait une insulte pour les Flamands. Mais, on a déjà tellement vu des choses bizarres dans ce pays surréaliste qu’une fantasmagorie de plus ne fait pas peur.

30 juillet 2007

La gaufre Liégeoise améliorée…

C’était sa spécialité, la gaufre au sucre. Une tradition de famille… cinq générations de fameuses matrones au fer, d’abord au fourneau, puis à l’électricité. La mienne était sur 220, sa mère avait connu le 110… une époque !... La mère de sa mère bricolait la sienne au coke…plein feux !... une de ces cuisinières en acier… la Lison de Lantier… toute noire avec des poignées de cuivre frottées au Sidol... si lourde qu’on savait pas comment elle était arrivée dans la cuisine…
Les deux dernières générations avaient conservé des fabrications de la mère de la mère, histoire de bien prouver que c’était du sérieux, gaufres reliques, trophées culinaires sous une cloche de verre… de ces gaufres pour cap-horniers... La pluie les ramollissait pas. Rien les ramollissait.
Au four, elles rougeoyaient comme une coulée à Seraing, pleine fusion… fallait attendre qu’elles refroidissent pour les saisir avec des pinces, comme au haut-fourneau n° 9.
La mienne qu’était sur 220 avait tout essayé pour les attendrir. Le secret de famille tenait bon. Cent ans de secret !... La pâte dès qu’elle entrait au contact du fer, avec le secret bien mélangé au levain, prenait tout de suite la couleur rouge brique, avant de virer brique recuite, comme on n’en sort plus des fournées depuis que le four à brique est électrique lui aussi…
Elle avait appâté tous ses maris, en 220, avec ses gaufres.
Comment ? Ça reste un mystère.
Le prétendant actuel, Porfirio, avait vu l’évolution de la gaufre au début de ses relations avec Stengerson. Oui, c’est le nom de famille de mon ancienne….
Le secret s’était-il rendu aux sentiments toujours vifs, quand ils sont nouveaux ? La pâte mollissait-elle de plaisir ?
Des bruits circulèrent à la Foire de Libramont que Stengerson arpentait chaque année, son petit panier de gaufres sous le bras, histoire de tenir la journée : de l’avis des organisateurs, la gaufre Stengerson était devenue mangeable !…
Pourtant, qui n’avait jamais plaisanté sur la gaufre Stengerson parmi les habitués des stands !
Les maris de la gaufreuse s’étaient tous plus ou moins arrangé la mâchoire… l’un une dent, l’autre un éclat du maxillaire dans l’effort. Moi-même, deuxième dans le cycle renouvelable des mangeurs maritaux de gaufres, j’ai conservé depuis un défaut du côté gauche du maxillaire inférieur, si bien que, même sans plus aucun espoir de goûter à la spécialité Stengerson, dès que je ferme la mâchoire vivement, j’entends un craquement jusque dans l’oreille. C’est l’os qui se souvient et qui geint !

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Or donc, Porfirio sans bicarbonate, sans dissolvant, sans rien que la force du mâle italien qui rompt la gaufre théâtralement, avait nettement senti une amélioration ! Il faut dire qu’il avait fait partie d’un cycle de jeunesse et qu’il avait déjà goûté à la chose dans l’arrière cuisine d’où l’alchimiste avait ses cornues à pâtes pour les mélanges druidiques nécessaires, en même temps que certaines faveurs qu’elle accordait généreusement à qui les voulait à l’insu de ses vieux, béats devant Dallas à la téloche … Il avait donc les deux versions en bouche.
Certain jour à Libramont où la célèbre gaufre était appréciée par les rudes fermiers, aux prothèses à toute épreuve garanties par les forgerons de village, les maris, les amants, les dégustateurs de passage, les artistes, tout qui comptait de la gaule galante et de l’estomac plombé se réunirent en colloque, sur le thème : la gaufre Stengerson est-elle comestible ?
Quoique limité par l’esprit, l’Italien avait bon cœur. Il distribua des gaufres nouvelles à tous les anciens de Stengerson afin d’en recevoir les impressions.
Nous fûmes tous unanimes. La gaufre 2007 battait les autres millésimes, par ce petit rien qui fait tout. Certains évoquèrent des saveurs particulières que leurs palais avaient perdues, depuis le temps que leurs émotions intimes s’étaient faites à d’autres partenaires.
Porfirio fut chargé d’une mission discrète d’observation.
Aujourd’hui, nous le savons, la gaufre au sucre sort d’un maître four… une de ces pièces anatomiques à l’incalculable moiteur… la seule au monde à pouvoir distiller un suc supérieur au sucre. La gaufre Stengerson est si onctueuse, qu’utilisée en orthopédie, elle soulage les cors au pied.
Un seul défaut que j’éprouvai et que je me gardai bien de divulguer - Porfirio avait été si aimable - dans la nouvelle version les morceaux de sucre avaient des poils !...

29 juillet 2007

Marcel.

-Vous exposez Marcel à Libramont. Vous croyez qu’il fera un prix ?
-Il pèse plus d’une tonne. C’est exceptionnel.
-En effet, il est impressionnant.
-Regardez-moi ses couilles ! C’est-y pas un bel exemple…
-Pour nous autres humains ?
-Non. Pour les coureurs du Tour qui viennent de le finir à l’extrait de testicule de buffle de Singapour.
-Qu’est-ce que c’est ?
-Une pitié, Monsieur… C’est un crapaud-buffle dont les glandes reproductrices diluée dans la gelée royale d’abeilles ne se décèlent pas au contrôle.
-Ils ont de meilleures performances ?
-On ne sait pas, puisqu’ils prennent encore d’autres saloperies et finissent par se faire exclure…
-Tandis que votre Marcel ?
-C’est prouvé. Tous ceux qui y ont eu recours, blancs comme neige. Du temps d’Armstrong, Marcel suivait en bétaillère. Ils venaient à peu près tous se servir.
-Comment ça ?
-Pour ça, fallait avoir le cœur bien accroché. Mais qu’est-ce qu’ils n’auraient pas fait les petits gars, rien que pour gagner une étape !
-Vous me faites peur !
-Non, ce n’est pas ce que vous croyez. On mettait Marcel en position sur une vache en carton. Je recueillais dans un seau, à mille euros le décilitre, ça va chercher…
-Pourquoi, ça ne va plus ?
-On ne s’explique pas. Quand Armstrong a quitté le Tour, Marcel a fait un gros chagrin. Il s’est mis à trop manger. Voyez comme il est devenu : énorme !
-Il concourt aujourd’hui à Libramont, pour la médaille, vous êtes satisfait ?
-Ça rapportait mieux sur le Tour.
-Vous allez avoir une médaille, les félicitations du ministre !
-Marcel s’en fout. Il regrette sa vache en carton.
-Pourquoi ne pas le mettre dans le pré avec une vraie vache ?
-Il est trop lourd. Celle qu’il aime ne pèse que 365 kilos.
-Comment celle qu’il aime ?

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-Enfin, je ne sais pas. Figurez-vous que Libramont n’est pas réservé qu’à l’agriculture. Il y a un salon d’art. En ce moment derrière les stands, il y a une artiste qui peint Rosalie mangeant un picotin. Marcel ne quitte pas la scène du regard. Je me demande si c’est l’artiste qu’il regarde ou Rosalie ?…
-Quoi ? je n’ose imaginer…
-…à force d’être en rapport avec les coureurs, épilés, huilés, efflanqués, élégants finalement le ventre lisse, le muscle saillant, je me demande si Marcel n’est pas amoureux d’un humain… qu’il serait en train de devenir homo…
-Mais attendez, vous me dites que c’est une artiste, donc une femme, Marcel serait normal, si ce n’était la confusion des espèces.
-Non. Cré vingt diou, je le connais, moi, Marcel. Voyez comme elles s’habillent, les artistes aujourd’hui, si l’on peut dire qu’elles s’habillent. Celle-ci avec son collant sport, on dirait Chicken…
-Chicken ?
-Oui, Rasmussen, le maillot jaune qui a été prié d’aller voir ailleurs.
-Pourquoi Rasmussen ?
-Pour le Tour 2007, comme Marcel s’embêtait et pour le préparer au concours de Libramont, j’ai eu la mauvaise idée de laisser traîner dans son box des journaux sportifs… J’ai bien vu comme il tournait les pages du museau pour baver sur le poster de Rasmussen !
-Qu’est-ce vous pouvez y faire ?
-Moi rien. Mais vous, on dit à la RTBf que vous êtes bon à tout pour un scoop !...

28 juillet 2007

Un monde sans avenir.

L’heure est au marketing, à la grande distribution, à la collecte d’infos statistiques. Les enfants du Coca-Cola et de l’informatique ont compressé la société sur un épais tarmac goudronné, piste unique pour automobilistes pressés.
Conséquence politique : avant la gauche montrait une voie intuitive disjointe du système libéral. Le discours discursif d’aujourd’hui pousse tous les partis sans distinction sur l’aire unique, parce que les faits semblent donner raison à la pensée « apaisée », la pensée étale et passive, celle qui est comme l’eau : insipide et inodore, adaptée à la génération centriste.
Que les partis qui ne se prétendent pas de gauche s’y vautrent comme l’hippopotame dans le marigot, c’est de bonne guerre, mais que le parti socialiste s’y complaise aussi, c’est une faute lourde qu’il n’en finira pas de payer.
Ne lui revenait-il pas, à lui seul, de dénoncer l’égoïsme, sur le temps qu’il imaginait une autre société en l’état utopique, mais qui à la longue aurait opposé à la lâcheté, au laxisme, au crime baptisé vertu, une réalité alternative ?
Au lieu de quoi, le spectacle offert est une sorte de foire d’octobre le jour où les forains remballent les glaces et les strass, empilent le rêve dans des camions sous la forme matérielle et inexpressive de boulons et de tubes, en lieu et place du train fantôme et de la fusée sublunaire.
Michel Onfray a remplacé Sartre, ce qui ne serait pas si mal, mais personne ne l’écoute. Régis Debray parle avec Bové de développement durable. On coupe à la sauvette du maïs transgénique et on applaudit aux heures de prison des martyrs de l’altermondialisme. Mais, on patauge toujours dans le marigot. Les aspirations du peuple à vivre autrement s’estompent. Les forces de gauche s’épuisent et à force de tirer la masse vers le centre, la volonté de changement s’est dissoute dans un confort dont personne n’aperçoit la précarité et surtout sa future disparition, peut-être dans moins d’un quart de siècle ?
Il faudra s’y faire, notre génération est définitivement centriste. Elle vivra jusqu’au bout avec l’idée qu’elle s’en fait, quand l’heure sera venue et sans autre forme de procès, elle disparaîtra dans la honte.
A quoi dès lors le parti socialiste aura-t-il servi ? Réponse définitive : à rien !
Le libéralisme triomphe sur toute la ligne. On en est arrivé à confondre les concepts moraux avec des termes de marketing ! On fait son marché de bonnes intentions, on sauve des vies grâce aux sponsors et on accroît sa vertu personnelle au rythme de la vertu du commerce extérieur, les sous-continents endettés et misérables passent pour être en voie de développement, les organisations mondiales volent au secours de la détresse universelle, non sans perdre quelques personnels tombés au champ d’honneur pour la bonne cause ; alors, qu’on n’a jamais tant exploité la misère et pour une vie sauvée à coup de désintéressement, le capitalisme sauvage en tue cent !
Cette façon de voir les choses reste confidentielle, passe inaperçue, tant l’actualité inutile embrouille les pistes, noie le poisson. Oui, le capitalisme a gagné grâce au seul élément qui l’intéresse dans cette guerre entre l’intelligence comptable et l’intelligence du coeur : l’opinion publique. Une opinion bien cadenassée dans laquelle le parti socialiste s’est engouffré et dont il lui sera impossible de sortir sans une terrible cure d’amaigrissement.
Comment se battre contre la vérité officielle, le parti pris généralisé, le capitalisme à la Sarkozy, c’est-à-dire celui qui mélange les genres à plaisir, brouille les pistes, dont le seul intérêt est finalement de débusquer les hommes faussement de gauche, les Kouchner, les Lang et les Strauss-Kahn ?

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Il est à noter qu’en Belgique si une pareille alternative écherrait aux ministres sortant socialistes, bien peu résisteraient au chant des sirènes.
Notre génération semble bel et bien perdue. Elle donne tort à l’éthique.
L’homme est soumis aux apprentis sorciers. De sujet il est devenu objet. Il ne sait plus à quelle morale se vouer et dès lors, n’en adopte aucune, si ce n’est l’officielle qui n’est rien d’autre que l’adaptation des mœurs au temps, dans la consécration des simulacres, comme la justice et le travail.
Enfin puisque consommer tient lieu de tout : souffrance dans le travail, égoïsme par rapport aux autres, aliénation des libertés… consommez donc, dépêchez-vous.
Bâfrez tant qu’il est encore temps.

27 juillet 2007

Halt !... Papier, bitte…

Ça ne rappelle rien à la génération d’aujourd’hui, peut-être que les vieux s’en souviennent encore. C’était sous l’occupation allemande entre juin 40 et la mi 45. Alors, chaque citoyen était suspect et envoyé illico à la gestapo, sans ces fichus papiers.
C’était une époque de cauchemar. Peut-être va-t-elle se reproduire reconduite par nos propres SS ?
Grâce aux Lois de l’avocate Onkelinx, ministre par la grâce d’Elio à la justice dans le cabinet sortant, avec l’encouragement personnel de Patrick Dewael, le gus garant de notre liberté de nous faire contrôler parce que nous n’avons rien à cacher : tout personnel des forces de l’ordre peut exiger les désormais incontournables papiers, si par hasard une tête ne lui revenait pas.
C’est le cas d’Ana Elizabeth Cajamarca Arizaga et sa fille Angelica 11 ans, dénoncées sans doute par « de bons patriotes » et « cueillies » dans la banlieue flamande de Bruxelles alors qu’elles descendaient d’un bus.
Conduites au centre fermé de Steenokkerzeel, elles sont sous l’autorité de l’office des Etrangers, forteresse dans l’Etat. On se demande si c’est le ministre de l’Intérieur qui a autorité sur Freddy Roosemont, directeur de ce service, ou si c’est Freddy Roosemont qui a autorité sur Patrick Dewael ?
On a donc, au grand dam d’un chef d’Etat, Rafael Correa, président de l’Equateur qui hélas ne s’appelle pas Khadafi et n’est donc pas un meurtrier modèle, refusé la relaxe de ses compatriotes.
Quand on n’est que le 4me producteur de la banane on n’intéresse personne. Mais, à défaut d’un ministre de l’intérieur intelligent, Guy Verhofstadt même sur le chemin du départ aurait dû demander à Freddy Roosemont de la fermer, de produire ses captifs à l’heure voulue au tribunal qui les aurait relaxées et de présenter des excuses au président de l’Equateur. Mine de rien, si on fait de la raison d’Etat pour tout, il y a du pétrole en Equateur, tas d’incultes…
Ceci dit, on nous les casse tous les jours en Belgique à propos des Etrangers sans papier.
C’est quoi ce système ? On distribue des papiers à qui sait s’y prendre et pour les autres, c’est la lettre de cachet, comme sous Louis XIV. Il n’y a pas de règles précises, ou plutôt grâce à la prolifique Onkelinx il y en a tellement que plus personne ne s’y retrouve, sauf Freddy Roosemont directeur de notre Bastille.
Ceux qui tombent dans ses oubliettes ne sont pas prêts de les oublier. On y entre, on ne sait pas pourquoi, et on en sort de la même manière. Il y a deux sorties, la petite porte, d’où le sortant contemple la campagne environnante, son baluchon à la main, plus pauvre et plus désespéré qu’avant d’entrer, avec les fameux papiers, mais conditionnés par une limitation de séjour le plus souvent, pour se retrouver six mois ou un an plus tard sur le même toboggan, et l’autre, la grande porte, plus expéditive, la fourgonnette jusque Zaventem où l’attendent les ex-héros du coussin de Samira pour un retour aéroporté vers le bled pourri dont les malheureux s’échappent régulièrement sans savoir qu’ailleurs il existe aussi d’autres bleds pourris, qui fleurissent aussi bien à Liège qu’à Charleroi ou à Gand et Anvers..
Didier Reynders a une formule. Il commence par dire comme Rocard un jour de déprime « Nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde », formule bien pratique et toute faite pour signifier que nous ne tolérerons plus aucune des misères du monde. Sous quelque forme que ce soit, qu’elles aillent arborer leurs guenilles ailleurs !

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Puis, en y réfléchissant bien, il a trouvé l’alpha du libéralisme : plus nous enrichissons les riches par nos mesures fiscales roboratives, plus nous appauvrissons les pauvres. Le jour où nos pauvres seront aussi pauvres que ceux d’Afrique ou d’Amérique du Sud, il n’y a aucune raison pour que ceux-ci nous envahissent encore !
Tenant enfin une politique libérale cohérente, il en est tout ému et les Michel avec lui.
Comme le centre-gauche, Laurette, Patrick, Elio et les autres, ça trompe énormément, il se pourrait qu’on ait enfin en Belgique une solution de consensus à nos problèmes d’immigration.
Du coup plus d’atteinte aux droits de l’homme.
Pour éviter les pertes de temps du contrôle des papiers, plus personne n’en aurait. Ils seraient remplacés par un « ausweiss » tatoués sur l’avant-bras gauche des bons citoyens sous forme d’un numéro matricule, très vite identifiable sur l’ordinateur de Roosemont. Qui ne serait pas tatoué serait expédié dans un pays quelconque, assez éloigné pour que l’expulsé ne revienne pas de sitôt nous enquiquiner. On pourrait aussi mettre à flots l’indésirable sur un gonflable du côté de Zeebrugge à la marée. C’est simple, pratique, efficace.
Nous continuerions d’être le phare du monde en jugeant des génocides lointains dans une sorte de monopole qui nous exonérerait des nôtres.
Il ne resterait plus qu’à recevoir avec les pompes et les ors d’usage, le président Kadhafi qui introniserait Yves Leterme au grade de Colonel à l’armée belge avant de déposer le roi.
On ne saurait dire ces choses qu’avec ironie.
Mais parfois, à côté de la plaisanterie, on sent qu’il y a des coups de pied au cul qui se perdent.

26 juillet 2007

Un crime qui paye bien !

L’affaire des infirmières bulgares serait plutôt l’affaire Kadhafi dont le 39me anniversaire de sa dictature sur la Libye tombe le 1er septembre prochain. C’est en effet en 1969 que Mouammar Kadhafi déposait le roi Ibris et passait de colonel à président dictateur.
Tant mieux si ces infirmières et ce médecin sont sortis des geôles libyennes. Il fallait bien user de diplomatie en usage dans la police pour qu’à la suite de pourparlers, les ravisseurs libèrent leurs otages. La différence avec l’affaire Kadhafi, c’est qu’à partir de la mise en sécurité des personnes séquestrées, le voyou connu de tous, court toujours.
Tout le monde l’adule et reconnaît son ‘beau’ geste !
Kadhafi, avec cette nouvelle affaire criminelle sur les bras, marque des points, veut faire reconnaître son pays au sein des Nations. (Les laudateurs n’ont pas osé employer le mot « démocratie »).
Après Cécilia, Sarko s’envole pour Tripoli, mais c’est pour faire de la politique et pas de l’humanitaire…
Voilà un dictateur, preneur d’otages, vainqueur sur toute la ligne. Cela va donner des idées dans la région où les chefs d’Etats gangsters ne manquent pas.
Les petits voyous qui tirent dix ans pour moins que ça doivent la trouver saumâtre.
Evidemment, ils n’ont pas à leur disposition une justice qui réprime les adversaires du Régime.
Comment peut-on par exemple, à la suite des déclarations de l’équipe du professeur Montagnier mettant en cause le manque d’hygiène de ces hôpitaux (les enfants libyens ont été pour la plupart contaminés avant l’arrivée des infirmières bulgares) condamner celles-ci à la peine de mort ?
Il est vrai que même Kadhafi traite les juges de son pays avec un souverain mépris. Ces pantins ont condamné à mort, puis à la prison à vie, puis ont libéré « les coupables » rien que sur ordre du despote.
Avec Kadhafi, ne sont-ils pas passibles du tribunal de La Haye ?

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Ces infirmières ont été maltraitées, battues, violées, dans ce charmant pays. Les Autorités européennes qui espèrent beaucoup des marchés qui vont s’ouvrir avec la Libye pour son pétrole, redoutent que l’une ou l’autre de ces martyres du dictateur ne dépose une plainte, et qu’un juge ne décerne un mandat international à la clé.
Voilà qui éclaire la raison d’Etat élargie à l’Europe.
De par le monde, l’éthique est au plus bas, quand on sait que l'ambassadrice libyenne auprès des Nations Unies, Najat Al-Hajjaj, a été présidente de la Commission des droits de l'homme en charge de la 59ème session et qu’en cette occasion le porte-parole libyen des affaires étrangères, Hassouna Al-Chaouh, déclara sans rire que ce vote représentait une "reconnaissance mondiale historique du dossier vierge de la Libye dans le domaine des Droits de l'Homme.
Les libertés publiques n'existent pas en Libye, les opposants sont persécutés, tués ou déclarés " disparus ", quand ils ne sont pas poursuivis et assassinés à l'étranger. S'il ne détient peut-être pas le record en termes de violations des droits humains, le régime du dictateur Kadhafi fait incontestablement partie du " Top 10 " en la matière aux côtés de l'Arabie Saoudite, de la Chine, de la Tunisie et de nombreux autres pays tristement célèbres dans ce domaine.
Dans l’apothéose finale de cette libération, l’immoralité de nos dirigeants européens parmi lesquels il faut distinguer Sarkozy et sa marionnette Kouchner, éclate dans la crudité des faits. Elle jette une étrange lumière sur la justice libyenne.
Le gangstérisme lorsqu’il est l’émanation de voyous au sommet de la hiérarchie politique est cent fois plus rentable que la meilleure maffia sicilienne. L’opinion s’aperçoit que les valeurs dites universelles tiennent peu de place quand il s’agit de remplir le tiroir-caisse d’un argent sale purifié par la raison d’Etat !
Un « partenariat entier » impliquant une aide importante de la part de Bruxelles, voilà le résultat d’une séquestration qui aura réussi.
Autres temps, autres mœurs, est-ce qu’un ultimatum ferme de l’Europe pour la libération inconditionnelle des Hongroises aurait eu un effet identique, sinon une conclusion plus rapide ?
On ne le saura jamais.
Cette fermeté aurait eu au moins le mérite de ne pas récompenser le crime et de conserver une opinion européenne favorable sur la moralité de nos dirigeants, quitte à soigner dans nos hôpitaux des enfants atteints des maladies nosocomiales, de la même manière que les accords actuels le prévoient, mais alors de façon tout à fait humanitaire (1) et sans le sentiment de culpabilité qui subsistera sur la nature des faits, parce que la dictature libyenne aura menti aux parents des malheureuses victimes.
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1. A présent, ne conviendrait-il pas de réfléchir à une formule payante, quand on sait que les parents ont empoché un million d'euros par cas ?

25 juillet 2007

A l’insu de mon plein gré…

(Cet article a été écrit avant le contrôle positif de Vinokourov)

Tout môme, je collectionnais les images des coureurs cyclistes que nous nous échangions lors de parties de bille mémorables ou de cartes (plus tard). C’est dire si le Tour de France était un événement.
Aujourd’hui quelque chose s’est cassé et je n’ouvre même plus la télé juste aux arrivées.
L’impossibilité d’arrêter le dopage, malgré les apparentes prises de position fermes des organisateurs, est à la source de mon écoeurement.
Je ne vois pas l’intérêt de promouvoir un sport dont les protagonistes sont susceptibles de se doper pour passer devant un concurrent « sain ».
C’est dommage pour les purs qui n’en prennent pas, mais c’est à peu près le « tous pourris » que l’on dit parfois aux moments de lassitude à l’encontre des politiciens de quelque parti soient-ils.
A la réflexion, les « purs » sont presque aussi coupables que les bourrés au pot belge, puisqu’ils ne sont pas sans ignorer qu’un tel en a pris et qu’ainsi, ils se rendent complices de cette loi antisportive qui s’appelle l’argent et qui a corrompu les milieux sportifs, et pas que la cyclette… Ceux qui rompent la loi du silence parmi les coureurs sont rares et les courageux doivent s’en repentir tant leur carrière en a été perturbée et leur contrat compromis.
Les mésaventures de l’actuel Tour de France va peut-être sonner le glas de la popularité dont il jouissait.
Il faut lire les articles « Et si les médias disaient stop au Tour ? » et « Dopage dans le cyclisme : la RTBf et ses œillères » de mon excellent confrère en blogs Pierre Eyben http://pierre.eyben.be/
Peut-être que le point d’orgue de ce Tour n’est pas atteint, pourtant le titre du Monde de ce lundi : l’ « affaire Rasmussen déstabilise le Tour de France » pourrait le laisser supposer. En effet, le porteur du Maillot jaune Rasmussen vient d’être exclu de l’équipe nationale danoise par la Fédération danoise de cyclisme pour avoir manqué des contrôles antidopage. Le comble du scandale est encore à venir, puisque le patron d’Amaury sport Organisation propriétaire du Tour n’a pas jugé utile de stopper ce coureur désavoué, laissant aux spectateurs sur les chemins de la course le soin de l’applaudir ou de le siffler.
Mieux, les organisateurs crient au complot.

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Déjà que la télé officielle allemande a plié bagage à la suite du contrôle positif de Patrick Sinkewitz, c’est tout le cash à encaisser par les actionnaires d’Amaury qui en prend un coup.
Cela révèle en même temps que si les coureurs se dopent pour faire du blé pendant les deux semaines de course, les patrons du Tour en font autant. Ce qui fait que les uns sont solidaires des autres et que par conséquent le Tour de France n’est pas le lieu où l’on combattra efficacement le dopage, puisqu’ils le sont déjà tous par l’argent !
Le Monde nous explique en fin d’article qu’il s’agit d’une rivalité au sommet entre promoteurs et que le corbeau qui a balancé Rasmussen n’est autre que l’UCI qui a lancé un nouveau circuit professionnel : ASO, tandis que les responsables des autres Tours s’y opposent.
En attendant le Bernie Ecclestone du cyclisme qui mettra tout le monde d’accord en raflant la mise, c’est la guerre des chefs, à mille lieues des questions éthiques qui touchent à la santé des coureurs et des sportifs en général.
C’est toute la différence de l’estime que l’on portait au sportif amateur sur son courage – sa « bravoure » disait-on - et l’admiration de l’exploit qui passe aujourd’hui par le fric récolté dans le sport professionnel.
Pour ma part, j’accuse le sport actuel de m’avoir volé les enthousiasmes de mon enfance.
Je l’accuse de donner aux jeunes une image perverse du sportif de haut niveau, en lui attribuant une carrière, plutôt qu’une épopée, en mesurant le sport pratiqué au rapport financier qu’il procure et en conduisant ceux qui veulent se faire des sous par ce moyen de forcer leur nature pour atteindre à l’exploit qui rapporte.
Décidément l’argent corrompt, ce n’est pas un truisme.
Même dans le sport nous allons vers des lendemains de complets désenchantements.

24 juillet 2007

Le poids de son cul.

Pas que les salariés de PSA qui se suicident. Si on en parle davantage dans la boîte à autos, c’est qu’il s’agit du sixième suicide chez le constructeur automobile depuis le début de l’année. Du coup la meute des psy, le patron lui-même, la Sécu, tout le monde en parle avec un étonnement « feint » ? comme si ce désespoir collectif était incompréhensible.
Outre Peugeot-Citroën, EDF et Renault ont aussi récemment connu le traumatisme de suicides en série. La Belgique ne devrait pas être en reste avec la collection de négriers que nous avons, tous au plus productivistes et nos ingénieurs béhavioristes rompus au taylorisme. Les statistiques sont difficiles à établir, s’agit-il d’un acte de désespoir produit par le stress au travail, l’accélération des normes de productivité ou par une neurasthénie classique ?
En cherchant les causes, on est frappé par la passivité ouvrière quand on apprend que des accords d’entreprise font travailler une heure ou deux de plus au même salaire ! On se demande quel autre motif invoqué par le patron autre que la menace d’une fermeture, c’est-à-dire un chantage à l’emploi, a contraint le personnel d’accepter cette régression, inimaginable il y a seulement dix ans !
Comment une organisation syndicale peut-elle consentir à un tel retour à la case départ sans avoir honte ? Le personnel ne se sent-il pas abandonné ? N’est-ce pas parce qu’il est confronté seul et sans défense aux normes d’exécution du travail, sans appui solidaire et en concurrence avec son voisin, que brusquement le travailleur est pris d’un dégoût profond ? De là à glisser dans le désespoir, il n’y a qu’un pas. Quand bien même cède-t-il à l’envie patronale qu’il en fasse plus au même tarif ou même au moindre salaire, est-ce pour autant que cessera la hantise de perdre l’emploi dont on l’a menacé une première fois ? A quand la seconde, se dit-il ? Et il tremble pour sa famille.
Les salauds qui nous occupent ont compris la tactique pour régner. Ils divisent. Plus seulement sur le salaire comme avant, mais sur le rôle de chacun à l’emploi qu’il occupe, mettant ainsi les personnels en concurrence.
La mentalité patronale n’a pas changé. Elle s’est seulement mieux entendue avec l’ingénierie pour accélérer les choses afin d’améliorer encore et toujours ses profits.
Au point de vue économique, les résultats sont exigés à court terme. Comme nous n’avons plus de syndicat contestataire, le parti socialiste n’étant pas capable d’inverser la folie productiviste qui s’est emparée des hommes, le centre-gauche a partie liée avec les économistes. Le système est bien connu : ramasser le maximum de fric en un minimum de temps. Ce cash-flow extrait d’une matière vivante qu’est le travailleur ne lui est pas destiné. Au contraire, il va engraisser des circuits d’argent complètement déconnectés de toute responsabilité et de déontologie.
Résultat, on pousse les travailleurs au mental atteint, à mourir littéralement à la tâche.
C’est inacceptable et il n’y a aucune situation économique même catastrophique qui permette délibérément ces crimes, car ces suicides sont des crimes déguisés, dont les coupables sont reçus avec force courbettes à la Région wallonne dans le monde des officiels de ce Royaume, comme en France et partout ailleurs. Or, ces officiels, c’est nous qui les payons. Et ils devraient un minimum de décence à ceux qui meurent au boulot.

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La violence dont sont victimes aujourd’hui les travailleurs a un coût pour la collectivité, sous forme de congés de maladie, de traumatisme divers et de dépression chronique. Nous devons donc en finalité assumer les frais de cette brutalité accrue dans les entreprises.
On ne peut pas constamment solliciter le travailleur en aspirant à fond sa capacité musculaire et cérébrale sans toucher à des limites.
Ce serait le rôle des politiques d’en mesurer les conséquences. Hélas ! ils établissent des plans Marshall pour attirer les investisseurs. Ils ne se préoccupent guère de la moralité de ceux qu’ils invitent à s’installer quasiment gratuitement dans nos zonings.
Quand il n’y aura plus rien à pomper, quand nous serons arrivés au stade ultime où les hommes seront redevenus des esclaves, la société sera invivable et l’économie ne sera plus qu’un amoncellement de ruines.
Le désespoir conduit parfois l’être humain à d’étonnantes choses.
Dans des temps pas si lointains, mon petit doigt me dit que les premiers à rejoindre les pendus des usines infernales seront les « élus du peuple » qui auront failli à la mission la plus élémentaire : la défense des petits.
Alors, les services « spéciaux », les dogues du royaume, les polices d’Etat ne pourront plus rien.
On a eu un échantillon de ce que cela pouvait donner lors des grèves de l’Hiver 60-61 et à l’affaire royale. Ce n’était rien qu’un timide ras-le-bol des populations poussées à bout, d’autant que les Wallons étaient déjà déconnectés des Flamands, plus passifs.
Que tous les bassins industriels se retrouvent un jour acculés en même temps, et vous verrez autre chose. Vous vous rendrez à l’évidence qu’un pendu branché par le peuple, s’aperçoit toujours trop tard du poids de son cul.

23 juillet 2007

Brigadier, vous avez raison.

Le dilemme n’est pas tranché : la liberté d’expression et d’association est reconnue par le législateur, cependant arguant du fait qu’il vaut mieux prévenir que guérir, sur la base de rapports gonflés artificiellement, des citoyens sont suspectés, surveillés, contrôlés et même espionnés, correspondance, téléphone, mails, de façon tout à fait illégale par les polices du royaume.
Les Lois Onkelinx y ont contribué. Elles ont donné l’impression qu’il fallait que la police prît des initiatives en ce domaine. On y travaille donc à la poursuite de résultats… en les provocant !
La Constitution garantit les libertés publiques dans les articles 6 à 24 repris sous le titre « des Belges et de leurs droits », en tant qu’individu et en qualité de membre du corps social.
Tous les spécialistes du droit constitutionnel le savent, le système des libertés publiques en Belgique est un système répressif, en ce sens que la liberté de chacun étant limitée à la liberté de tous, c’est le pouvoir judiciaire qui, avec l’aide de la police, détermine la frontière entre ce qui est permis et ce qui ne l’est pas.
Si vous organisez une manifestation sur la voie publique dûment autorisée par les autorités communales, et que cette manifestation ne plaît pas à divers titres à une autorité qui exerce ou est issue du pouvoir de la justice ou de la police, un simple inspecteur peut, sous prétexte d’un incident parfois provoqué de l’extérieur, interdire avec ses confrères ce qui était autorisé cinq minutes avant, et arrêter sur le champ qui bon lui semble.
Pourtant, l’article 7 alinéa 2 C dit expressément le contraire : « nul ne peut être poursuivi que s’il s’est rendu coupable d’une infraction prévue par le législateur : seul ce dernier décide des actes à ériger en infractions. » L’Alinéa 3 c complète la pensée du législateur « nul ne peut être arrêté qu’en vertu d’une ordonnance c’est-à-dire d’un mandat de comparution (et non d’un mandat d’arrestation), devant le juge d’instruction.
Les individus interpellés sur la voie publique ne sont pas arrêtés au sens strict du terme, mais « contrôlés » et relâchés quelques instants ou quelques heures plus tard, non sans avoir été parfois molestés et nantis d’un PV pour « rébellion ». C’est une façon commode pour les services « spéciaux » de collecter des adresses, de noyauter des organisations légales et, éventuellement, de maintenir sous surveillance une catégorie de citoyens.
Le public, traumatisé par la presse sur le terrorisme, applaudit ceux qui concourent à diminuer les libertés collectives et individuelles, sous le curieux prétexte qu’il n’a rien à cacher ! Jusqu’au jour où il sera confronté aux excès d’un régime fort. Lorsqu’il se sera aperçu qu’il est victime des forces de l’ordre au même titre qu’il peut l’être du terrorisme, il sera trop tard.
Toute l’ambiguïté tient dans la notion d’ordre public. Du chien qui pisse sur une façade, de l’ivrogne qui titube sur le trottoir, à l’étudiant qui en tabasse un autre à l’occasion d’un monôme, tout peut être interprété comme portant atteinte à l’ordre public, si bien que si nous n’avons pas affaire à une police honnête, non orientée, nos droits et libertés ne sont que chiffons de papier.
Les lois Onkelinx et la phobie du terrorisme marquent définitivement l’entrée de la Belgique dans un système autoritaire non-démocratique.

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Ce n’est plus à la police seule qu’il revient d’estimer ce qui est d’ordre public ou ne l’est pas. Les pouvoirs législatifs et judiciaires voient des terroristes partout et poussent la police à prendre les devants, sur le temps que la paix publique n’existe plus, puisque la plupart des cas de délinquance urbaine, comme la dégradation des biens publics et privés, l’agression de passants, le vol dans les voitures, le deal des trafiquants de drogue, le proxénétisme ne sont pas ou sont à peine poursuivis.
C’est même un paradoxe du citoyen lambda qui croit que des progrès considérables sont faits contre le terrorisme, avec comme corollaire la sécurité en ville, et qui n’osent plus remonter la rue Sainte-Marguerite à la tombée de la nuit !
A ce sujet, la sécurité urbaine en Wallonie est proprement en-dessous de tout ! Tandis qu’il serait difficile de monter dans un avion avec une épingle à cheveu non autorisée, les quartiers à problèmes sont de véritables coupe-gorge sous la loi des bandes.
Le législateur, les autorités judiciaire et de police se sont trompés d’objectif en tenant à l’œil des partis extrémistes. Ils se sont mépris sur l’importance des actions de la petite et moyenne délinquance. Ils ne se frottent pas à la délinquance en col blanc. Ils répugnent à mettre le nez dans les magouilles bancaires. Ils n’ont jamais fait autre chose que rameuter les gens sur des exactions de communaux, comme à Charleroi, la bouteille à encre des journalistes. C’est-à-dire des malfaisants, certes, mais tout de même pas de grands professionnels du crime, maladroits pour la plupart, faute d’une bonne connaissance des lois et tombant dans le piège de la routine du déjà fait par des prédécesseurs, certains injustement mis dans le sac de la voyoucratie locale, comme le fils de Van Cau.
C’est aussi dans une autre Belgique au-dessus de tout soupçon et pourtant réunie en association de malfaiteurs qu’ils devraient porter le fer, comme c’est dans la rue qu’ils devraient traquer les détrousseurs de vieilles dames....
Ce qu’ils ne font pas ou si mollement qu’on se demande s’ils n’ont pas porté les effets unilatéraux de leur action sur des groupes qui n’ont que le tort de ne pas être des biens pensants du système.

22 juillet 2007

Demotte, l'héritier.

Voilà encore un p’tit gars d’Ath et environ qui rempile à la présidence de la région, le sieur Demotte, austère et froid, presque poudré à frimas, un vrai petit Robespierre dans la forme ; mais la ressemblance s’arrête à l’aspect physique.
Et quoi parmi les quidams ministrables, on sentirait le gaz à Liège ? Il n’y a plus personne ?
Tous des lopettes place Sainte-Véronique ? Sommes-nous donc si minables pour les responsabilités ? Ou ne faisons-nous pas ou si peu partie de la Région wallonne ? Sous- région, sous-merde… ethnie improbable !...
Il est vrai que le sentiment d’appartenance – la Belgique qu’est-ce que c’est ? – la Wallonie ne veut rien dire non plus. Les mentalités sont si différentes de Charleroi à Liège, qu’on ne se sent chez soi nulle part dans ce foutu pays !
Michel Daerden réjouit tout le monde. Il fait son numéro de clown au bistrot, ça fait recette. Mais quand il faut choisir, Di Rupo n’hésite pas, il prend du sérieux.
Or, qui mieux que tout autre a toujours une moue de croquemort à chaque intervention télévisée, une vraie garantie ambulante de sérieux : Rudy de Flobecq !...
Les guignolos restent au vestiaire et tout est dit.
Qui est ce Robespierre II ?
Stéphane Detaille du Soir a pondu un article « orné » sur notre homme. Il ne nous apprend que dalle, sinon que Guy Spitaels n’aimait guère ce scout faucon rouge, plus scout que faucon. Comme tous les forts en thème que Di Rupo prend sous son aile, qui s’avèrent souvent plus cuistres qu’intelligents, celui-ci ne sera pas mal dans la série.
C’est ce qui irrite de prime abord chez le nouveau président. Il a réponse à tout, il est incollable et on a l’impression qu’il n’écoute pas les autres, tout à la musique que produit sa voix. The voice est certainement amoureux de lui-même. Enfin, il n’est pas le seul à vouloir grimper au cocotier plus vite que les autres.
Ce qui est étonnant chez ce type, c’est sa manière de s’exprimer. D’habitude pour les kermesses et les réunions du PS, les chefs vont de la gueule aussi bien que le poivrot de comptoir. On sent qu’ils se forcent pour aligner deux bouts de phrase convenables. Chez Demotte, c’est le contraire. On le voit plus à l’aise dans le langage fleuri. D’aucuns diront que ce n’est pas « normal » de s’exprimer de la sorte, même Di Rupo se laisse aller aussi à la litote populaire. Bref, Demotte à l’air de répondre à un oral de rhétorique. Quand on fait la part des ignares complets qui foisonnent dans sa formation, on peut dire qu’il ne sera jamais vraiment populaire. Or, être populaire pour un élu, c’est prendre une option pour l’élection suivante.
Enfin, bon point pour lui, même jargonnant à s’y méprendre comme les avocats, il n’en est pas un, contrairement à ce que j’ai cru en savoir hier. C’est toujours ça en moins de cette corporation trustant les places et noyant le poisson dans une uniformité corporatiste fort peu démocratique.
Mais, qu’on ne s’en tienne pas quitte pour autant, Demotte fait plus vrai robin que ceux qui le sont. Franchement, sur ce seul aspect, Di Rupo aurait pu trouver mieux.
Si encore il avait de Robespierre le trait de génie qui tirerait le PS du marais centriste dans lequel Di Rupo et ses pareils l’enlisent ? Demotte vraisemblablement, est encore un de ces socialistes « réformateurs » comme il en pleut et qui ne sont en réalité que les serveurs de la machine économique libérale.

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Mettons cependant à son crédit un certain sens de la rationalisation des dossiers dont il a la charge. C’est un bon administrateur, donc un bon gestionnaire de la propriété dans le sens bourgeois du terme. Ce n’est pas un révolutionnaire qui va tirer de l’embarras par quelques formules de gauche un parti en pleine dérive droitière. Au contraire. Ce type, pour autant qu’un aréopage capitaliste reconnaisse ses mérites est capable d’en remettre. Il pense – sans doute est-il sincère – qu’il n’y a pas moyen de faire autrement – à suivre le système économique dans sa fuite en avant mondialiste. Et il est sans doute convaincu que la seule manière de faire du socialisme, c’est de tirer pragmatiquement le plus de parti possible de ce fait incontournable. Il a fait sa soumission depuis longtemps.
Ce n’est pas un homme d’un futur d’opposition réelle au système. La misère qui se généralise ne le touche pas. La part des revenus du travail qui passe du côté des actionnaires et des rentiers ne l’émeut guère. Vous pensez, si Di Rupo l’a choisi, c’est qu’il est persuadé que Demotte est son fils spirituel : bien royaliste, bien cocardier, bien unitariste, bien opportuniste.
Les réparties de Demotte, la diplomatie qu’il déploie pour éviter toute confrontation directe, et sa souplesse dans la proposition de compromis sont bien des « qualités » typiquement belges pour faire en sorte que les inconciliables cohabitent. Mais à terme, cette politique est un désastre car elle frustre tout le monde et ne satisfait personne. A la longue, cela donne une réputation de faux-cul à celui qui la pratique.
Jusqu’à présent, il est toujours retombé sur ses pieds.
On ne voit pas bien l’avenir du parti socialiste avec ce personnage. Voulu par Di Rupo, il fera sans doute comme la voix de son maître, jusqu’au jour où il se croira assez fort pour le contrer. Ah ! si c’était enfin pour une politique plus à gauche, vraiment socialiste… Mais, qu’on ne se fasse pas d’illusion, ce socialiste est de circonstance. Il n’est tout simplement qu’un membre d’un parti centriste. Et comme en Wallonie ils sont trois partis à se partager le créneau…

21 juillet 2007

Loyauté et vigilance…

-Permettez, Monsieur le Président Rudy D***, ces quelques signes qui paraîtront bizarres à certains simplement curieux, mais que vous et moi connaissons comme signifiant…
-Je ne sais ce que vous voulez dire…
-Sans cela, où auriez-vous puisé la force de résister au mauvais score, à l’éviction de votre parti ?
-Dans mon esprit, seulement.
-Ce stoïcisme devant le désastre, ces évocations de ruines dantesques, ce pouvoir occulte qui vous saisit sur les esprits de l’air, ces théories si frappantes sur la société consommant, sur les fatalités de l’existence, sur le socialisme enfin, vous auriez imaginé toutes ces choses ?
-J’ai lu beaucoup sans doctrine particulière…
-Quoi, vous n’êtes pas socialiste ?
-Non.
-Je m’en doutais. Et vous n’êtes pas f***-m*** ?
-Permettez que je me taise.
-Eh bien , monsieur, soit par pénétration, soit par hasard, vous avez pénétré des secrets qui ne sont accessibles qu’aux initiés de premier ordre, et peut-être serait-il prudent désormais de vous introduire dans le dernier cercle. Avez-vous des parrains ?
-J’ai deux parrains magnifiques d’amitié et très liés entre eux, quoique de partis différents. Il y a d’abord mon cher Elio D *** et ensuite Serge K***.
-Vous voilà adoubé ! Avez-vous choisi une devise ?
-Loyauté et vigilance.
-Quel est votre programme ?
-La Wallonie n’est demandeuse d’aucune réforme institutionnelle. Il n’est pas question, de remettre en cause les mécanismes contenus dans la loi de financement au bénéfice de la Région, cela va de soi que nous n’aurons donc pas de programme. Mais pourquoi me questionnez vénérable *** ? Jusqu’à présent, je n’ai pensé qu’à divertir le public et à prouver seulement qu’il fallait prendre garde au diable.
-Et qui vous dit que notre science ait quelque rapport avec cet esprit des ténèbres ? Je vous ai pris pour un frère infidèle qui trahissait nos secrets par un motif que j’étais curieux de connaître. Vous avez à franchir quelques épreuves avant que je vous fasse pénétrer plus avant dans les mystères de ce monde des esprits qui vous presse de toute part et qui par la grâce de votre présidence va se révéler à vous. Et d’abord aimez vous le peuple ?
-C’est la question piège. Je n’ai jamais rencontré une convention qui disait le contraire. Cependant, lorsque nous nous sommes rendus à *** au grand O*** de F*** en qualité de ***, nous avons perçu qu’un fermier aime ses vaches dont il tire abondamment le lait et nous nous sommes convaincus que c’est la façon propre d’aimer en politique.

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-On sent chez vous percer l’avocat incrédule, sans cœur et dominant ses passions. C’est ainsi que l’on progresse… Et pour ce qui est du système économique ?
-Songez que le frère Elio D*** et même le clergé ont démontré depuis longtemps la parfaite innocence du système économique du point de vue chrétien et du point de vue social. Les capitulaires de Charlemagne en faisaient mention comme d’êtres appartenant à la hiérarchie céleste ; Platon et Socrate, les plus sages des Grecs, Origène, Eusèbe et Saint-Augustin, ces flambeaux de l’Eglise, s’accordaient à distinguer de celui des fils de l’abîme, le pouvoir économique capitaliste comme étant le préféré de Dieu !
-Vous n’êtes donc pas une nature des ténèbres qui souhaite remplacer l’ordre économique par ce que Didier R*** appelle le syndrome des partageux ?
-L’abbé de Villars en écrivant le Comte de Gabalis afin de prouver l’avantage de ce système se fit assassiner sur la route de Lyon bien avant que Julien Lahaut le fût à son domicile.
-Et la royauté qu’en ferez-vous ?
-Noble seigneur, la croix t’est dévolue
Tu franchiras le calvaire flamand
A l’aide des wallons tes bons vaillants
En tablier saluons ta venue !
-Quoi, lui aussi ? Il en est !
-Par la contemplation de ses propres idées et l’abstraction de tout ce qui tient au monde extérieur et au corps, l’homme a besoin d’un chef. Nous l’avons. C’est le lien chimique des molécules de la Nation. Le dernier discours est clair en ce sens. C’est dans ce cadre unitaire que nous nous occuperons des dossiers prioritaires et nous n’utiliserons pas la Région contre nos frères *** du fédéral, tant que le grand pharaon sur son trône restera.
(Propos recueillis par R*** III. Journaliste intermittent, correspondant du Père Duchesne en Moldavie, juste à côté de Wépion).

20 juillet 2007

Ils sont tous au bout du rouleau.

Sous des airs comme ça triomphant le ministre des finances touche le fond. On annonce un gros déficit dans le budget pour 2007 et pire pour 2008. A l’interview, notre grand financier ne se démonte pas. Il déclare un encaisse record de la fiscalité. Plus de six milliards de boni. Vous me direz, plus le Belge est taxé plus l’Etat est en déficit, est-ce naturel ? Reynders répondrait que la machine à pomper le fric dans les poches des gogos est à son maximum, qu’il a assumé, tenu son rôle. Pour tenir des propos pareils, on voit sous le hâle que l’homme est très fatigué. Il est au bout du rouleau. Que faire ? Leterme compte se servir de lui pour engager le gouvernement qu’il tente de former pour les réformes institutionnelles à la flamande. D’un côté, c’est une chance pour le Flamand, Didier ne survit qu’à coup d’EPO à son ego. Il est à point. Il peut signer n’importe quoi, brader tout, cul, chemise, le trône et les Michel. Il est temps pour lui d’aller à l’hosto des champions se faire injecter les plaquettes de son sang, à défaut consulter le docteur Mabuse, demander conseil aux spécialistes du tour de France, faire quelque chose, enfin !
Il est tellement au bout du rouleau qu’il a oublié que Maingain et le FDF ont gonflé le MR de leurs voix, que sans les futurs dispersés entre Hall et Vilvoorde le MR retomberait en-dessous du CDh ! Ah ! oui. On sait qu’il va négocier ferme pour que les futurs flamandisés de la périphérie puissent encore voter pour le MR francophone !
Les ingrats, peut-être seraient-ils capables de tourner le dos au FDF emmèrisé et voter, pour dieu sait qui ! Il faudrait donc trouver une loi cadre qui dirait expressément que les francophones de la périphérie qui tomberont définitivement sous la coupe louvaniste pourraient voter à Bruxelles pour un candidat francophone à condition qu’il soit du Mouvement Réformateur.
On voit la difficulté !
La déchéance de l’homme fait peine à regarder, fleur bleue bistorte et fanée !....
A la grille du manoir où l’on cause, il fallait voir son pauvre visage tourné vers les journalistes, pourtant le cul bien calé sur le cuir de sa grosse voiture alors que les autres sont à glander de l’aube au crépuscule, c’était lui qui était à ramasser à la cuillère, une vraie pitié.
La Belgique a besoin pour se redresser de voyous virils, de ces ministres arrogants et sûrs de bien croûter jusqu’à la fin de leurs jours. Des héros capables de faire front et de jurer face à l’opinion qu’il n’y a pas plus honnêtes qu’eux, qu’enfin le gang de la rue de la Loi n’est pas tout entier dans les mains de la maffia, qu’il y a encore des gens honnêtes, donner l’exemple du concierge, de la maréchaussée aux salaires minuscules, que c’est décourager l’électeur que d’insinuer le contraire, que ce sont les mauvais Belges qui parlent ainsi… Tandis qu’à d’autres moments, pour les vrais connaisseurs, ils auraient des oeillades entendues à ceux qui prétendent qu’ils touchent, qu’ils en croquent, qu’ils nous bouffent comme la mante religieuse dévore son male en commençant par le cul, pour que son plaisir dure plus longtemps, pour pas que le couillon qui vient de l’astiquer crève tout de suite, qu’il ait le temps de regretter son coït.

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Mais non !... Pourtant des exemples à foison pas plus loin qu’en France, de ces gredins patentés et vénérés à la fois, de ces gueules de gens honnêtes clamant tous en chœur, comme les six ou sept petits de maman hirondelle levant la tête ouvrant le bec : tous innocents.
Il devrait pas que s’énamourer de Sarko le virevoltant, nouveau Diaghilev du pas de deux, Didier-la-poisse. Villepin le porte-serviette de Chirac, comme le fut en son temps Jupé, voilà un exemple pour le président libéral, l’exemple de la parfaite stature, de la fidélité au chef, si outragé par sa probable inculpation dans l’affaire Clearstream. Jusqu’au bout l’artiste clamera son innocence. Voilà un caractère à bien copier l’allure, l’élocution, tout… Même cent fois coupable, ce type, avec la gueule qu’il a et venant d’où il vient, n’ira jamais au ballon !
Mais non, Didier n’en peut plus. Il est à bout. On se demande ce qu’attendent les Michel pour le finir dans les WC du siège du parti à Bruxelles. Malaise cardiaque. Qui dirait le contraire ?
C’est le moment de s’inscrire pour le galop final de la Belgique. Sauveur de la dynastie ou Sieyès à la section des piques votant la mort du roi ?
Grave problème. Peut-être ne sont-ils pas fin prêts pour l’hallali ? Leterme incertain ? Didier Reynders filtre idéal pour la sélection des idées du futur ?
On ne sait. C’est l’omerta chez les hommes…
Pourtant, Didier Reynders est au bout du rouleau… Peut-être le sont-ils tous ?

19 juillet 2007

C’est trop crapules, les honnêtes gens !

Certes, certes, Louis-Ferdinand, fin salaud, pas écrit que des chefs-d’œuvre… ses casseroles : Bagatelle, les Beaux draps, l’Ecole des cadavres…
Entre le père Fernand Destouches, et Marguerite, la mère, la semaine sur la côte bretonne à regarder les trois mâts ça vous détermine un homme au sacrifice, aux traditions françaises sans bien savoir lesquelles.
Oui, on sait, l’artiste aimait pas les Juifs, le moins qu’on puisse dire.
La France trente-six, celle qu’était pas pour Léon Blum, trempait son biscuit dans les ordures de Darquier de Bellepoix, tort de Céline, mi camelot, mi aryens de mes deux, de tomber dans le panneau des fientes. Drumont, voici venir l’arsouille.
On savait pas encore que le fou allait se lancer dans la merguez humaine. C’était avant les Lois anti-juives de Vichy et les Discours de Laval.
Pourtant, le con, il a remis ça jusqu’en 41, dans sa grande naïveté et ses colères franchouillardes de cocu maison.
Le docteur n’était pas Petiot, c’était tout simplement une grande gueule qui eut quatre ans pour se décider à faire dans son froc et se tapir au Danemark, poursuivi aux chausses par les Fifi et regretter sans l’oser dire de laisser traîner des manuscrits qu’on croirait écrit par un demeuré haineux... Le vaguement breton né Rampe du pont, comme Arletty, payait sa souche d’origine au prix fort.
Ferdine était pourtant pas Breton comme le Jean-Marie, il aimait seulement reluquer les bateaux, la marine à voile dans la longue vue de son père, les jours de vacances…
Donc, à côté de Nord, Mort à Crédit, le Voyage :ses pamphlets c’est de la sous raclure d’étrons boches, mais pas inspirés par la kommandantur. Une erreur, quand on pense que l’agité du bocal l’avait dit acheté par la Wermacht !... On peut pas dire que Sartre eut de l’inspiration ces jours-là… Beaucoup ont passé entre les gouttes qui étaient pires que lui, parce qu’ils ont su la fermer au bon moment.

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On trouvera rien dans le pot de chambre d’interdits. Sauf quelques belles citations qu’inspirèrent Audiard sur la défaite de l’armée vranzaise mai 40.
Je cite : «Elle coûtait cher l’Armée française, 400 milliards pour se sauver, 8 mois de belotes, un mois de déroute…Ils ont eu raison les civils de se tailler par tous les moyens. Ils ne voulaient pas mourir non plus. Ils avaient rien à faire en ligne qu’à encombrer les batailles, si bataille il y avait eu… C’était aux militaires d’y être, de ralentir l’envahisseur, de rester mourir là, sur place, la poitrine cambrée face aux Huns, et pas le derrière en escampette. Si ils avaient été moins vite, y aurait eu moins d’embouteillage. On peut comprendre ces choses-là sans passer par l’Ecole de guerre. L’Armée qui fuit c’est pas convenable, ça propage des vents de panique. De Meuse à Loire c’était qu’un pouet, une foire unanime. Qui qu’a fait la plus grosse diarrhée ? Les civils ou les militaires , C’est pas une raison de pavoiser, d’afficher des souverains mépris, Scipion-merde-au-cul-s’en-va-juge ? C’est tout le monde qu’a été malade, malade de bidon, de la jactance, malade de la peur de mourir. Les partout monuments aux morts ont fait beaucoup de tort à la guerre. Tout un pays devenu cabot, jocrisses-paysans, tartufes-tanks, qui voulait pas mourir en scène. Au flan oui ! pour reluire , Présent ! Exécuter ?... Maldonne ! ».
Il y en a trois ou quatre pages ainsi. Le trait est juste à peine exagéré. Quand on a vécu « l’exode » demandez à vos vieux, on peut pas dire que l’Armée a eu le beau rôle, que les officiers bousculaient le troufion, premiers à l’abandon de poste, oui, c’est exact. C’est ainsi que ça s’est passé.
Alors, si le reste tombe sur l’estomac indigeste, s’il n’y avait que ces quelques pages d’anthologie sur mai 40, l’extrait mériterait d’être sauvé et en bien supérieure qualité aux galéjades patriotiques qu’on fait croire aux enfants.
« Au nom de quoi il se ferait buter le soldat des batailles ? Il veut bien faire le Jacques encore, il a du goût pour la scène, les bravos du cirque, comme tous les dégénérés, mais pour mourir, alors pardon ! il se refuse absolument !... Et puis d’abord c’est général, les chefs veulent pas mourir non plus. Vous remarquerez que les grands despotes, les présidents, les forts ténors, les rois, les princesses, tout ça se débotte, fonce au couvert, dès que l’aventure tourne aigre, vacille… Foudres d’escampettes. Pas un qui paie de sa personne. Sauver la viande c’est le suprême serre… pas si cul de se faire étendre… »
Le tout est comme je l’ai écrit façon Audiard, un quart de siècle avant la réplique inoubliable « est-ce qu’on prend sa saucisse quand on va à Francfort ? ».
Pas à dire les gens de l’entre-deux, même fachos, même Dupont-Lajoie à l’holocauste, avaient le pamphlet dans le sang, l’art de l’invective. Ils ne valaient pas la corde pour les pendre, mais ils avaient des couilles. Ceux qui ne sauraient être pendus aujourd’hui que pour la farce, au petit jeu de société, quand les potences se dessinent sur le papier quadrillé des dernières pages du cahier de math, n’en ont plus depuis longtemps… depuis qu’on légifère sur la qualité sonore du pet et qu’un pédé à une nature amoureuse différente…
Merde !... On respire bien qu’avec les voyous, tant c’est trop crapules, les honnêtes gens !

18 juillet 2007

Permutation.

Moi, Albert Seinteins, sans diplôme et sans emploi, je me suis découvert un don.
Je peux intégrer à distance tout être mort ou vivant ! Mon esprit entre dans toute cavité et en chasse le locataire. Alors, je suis vraiment le chien, la mouche, l’homme, la femme à volonté.
J’ai découvert ce don en lisant quelques livres et en essayant ma plume à les imiter. Un matin, je me suis réveillé en René de Chateaubriand. Sur le rocher du Grand Bé à Saint-Malo, l’accueil plutôt froid de la tombe me fit fuir. Le choix d’écrivains vivants était plus sage. Houellebecq fut un désastre, un mégalomane qui reprit instantanément possession de lui-même et me chassa au terme d’une lutte entre moi et son sur-moi.
Le problème, c’est que l’esprit chassé du corps est rancunier. A peine en possession de mon nouveau domicile, je l’entends cogner sur les parois du crâne, s’insinuer par l’oreille et se transformer en acouphènes. Les plus malins entrent par la bouche dès qu’elle s’ouvre et c’est alors le combat. Tous les organes me reconnaissant comme l’intrus, mon esprit est perdu d’avance et je réintègre au plus vite le corps d’Albert Seinteins, dans le cours de sa morne vie.
Peaufinant mon don, pour que l’ennemi n’assiège plus la citadelle que j’ai conquise, j’ai conçu un plan : je me mets à proximité de l’être à conquérir, dès la capture, j’intègre l’esprit dépossédé de son enveloppe dans Albert Seinteins, qui la conserve faute du sien !
L’ambition m’étant venue, je me suis mis en quête d’un personnage important.
Quelqu’un en activité, prêt à tout pour que l’on parle de lui, et toujours en campagne pour l’une ou l’autre réélection ne m’aurait pas convenu. Le virevoltant Sarkozy me donne des sueurs froides. J’avais pensé au pensionné Chirac. Outre que nous ne sommes pas du même âge, sa situation judiciaire ne m’inspirait guère.
J’ai donc recherché dans le gotha un homme entre 55 et 60 ans qui me représenterait le mieux.
Jean-Louis Debré président du Conseil constitutionnel, par la grâce du piston, imbriqué dans le chiraquisme et le gaullisme, a de fortes chances, comme Villepin, de finir sa carrière en pantoufles dans sa sinécure.
Le Palais Royal, siège du Conseil Constitutionnel, est un endroit imprenable au cœur de la capitale, avec accès direct par la façade arrière à la Comédie française, loge à faculté, mobilier classé, air conditionné, etc…
Je me suis donc posté à proximité de l’entrée principale, le jour de l’intronisation de Jean-Louis au plus haut fauteuil.

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L’homme assez rond de manière dans ses propos est fort écouté – dans ces milieux-là on l’est toujours. Dans l’auditoire quelques anciennes gloires du ring, dont quelques-unes vaguement mitterrandiennes, commémoraient l’événement avec componction.
Trouvant dans le décorum un cadre à ma mesure l’ambiance me plut.
J’entrai dans le cerveau de Jean-Louis au moment où celui-ci détaillait quelques truismes connus qui eurent de tous temps le mérite de faire passer pour un bel esprit celui qui les profère.
La surprise fut telle que Jean-Louis bafouilla trois secondes entre deux litotes, ce qu’il faisait d’habitude au perchoir de l’Assemblée nationale. La place était prise.
Pour que la victoire fût complète, il fallait que le Président sortît auprès d’Albert Seinteins pour le transfert de son esprit dans le cerveau de ma dépouille. Je prétextai une urgence. Simone Weil qui se retenait depuis une heure se leva comme je me levais et nous partîmes en courant dans deux directions différentes. Albert Seinteins hébété, l’esprit vide, divaguait sur le trottoir. Je m’en saisis et de toute la force de ma volonté, je repoussai l’esprit de Jean-Louis Debré dans le cerveau déserté d’Albert.
Comme je terminais le transfert, des agents de sécurité intervinrent et voulurent mener Seinteins au poste. Je m’interposai en prétextant que c’était lui qui m’avait au contraire secouru comme je vacillais. Et on le laissa se perdre dans la foule.
Au retour, Simone avait eu le temps de froisser de ses doigts fins la nappe verte qui descend jusqu’au sol parqueté, selon une tradition depuis Richelieu, que j’appris par la suite, à chaque fois que l’honorable assemblée condescend à quelque fonction naturelle.
La séance se termina dans les congratulations et les chuchotements avec petits fours et don Pérignon. Je m’étonnai moi-même de la pertinence de mon discours !
Le chauffeur me reconduisit chez moi où je fis connaissance de ma femme et de mon entourage.
Tout se passa admirablement bien.
Depuis, j’écris des oeuvrettes qui sont tout de suite publiées. Je fais des discours fort écoutés dans l’esprit d’Albert et qui sont jugés admirables.
J’ai pris discrètement des nouvelles d’Albert Seinteins. On lui refuse toujours ses manuscrits. Il n’a pas retrouvé d’emploi. Il s’est prévalu d’un titre dans la magistrature et on lui a ri au nez.
Je veux faire quelque chose pour lui. Le ministère de la Justice lance un recrutement de commis pour les archives. Un coup de pouce lui ferait le plus grand bien. Je vais y réfléchir.

17 juillet 2007

Une femme bien embêtée.

Leterme en piste, on va savoir de quelle manière les cracks qui représentent les francophones vont retourner leurs vestes. L’élégance du geste a son importance ; car enfin il ne fallait pas jurer sur la tête de la Wallonie, que l’on n’accepterait pas de parler de la régionalisation de l’emploi et du chômage, des soins de santé et des allocations familiales, sans oublier la scission de BHV, et d’aller à la négociation justement sur cela. On croyait que ces questions n’étaient pas négociables ?
Comme on connaît les francophones, un peu lâches dès qu’on agite la menace de la séparation, Leterme est persuadé que Milquet mangera son chapeau.
Côté Reynders, pas de problème, ce type a une telle réputation que dès le soir triomphal des élections, les Flamands savaient qu’il était bon à tout, pourvu qu’on le débarrassât des socialistes. Bon prince, Leterme fait un peu de lèche aussi en chuchotant : « On ne veut plus scinder, on veut seulement responsabiliser. »
Ce qui est bien avec ce type qui va devenir premier ministre, c’est qu’il est ventriloque. Si bien qu’il peut prendre l’accent borain ou bruxellois. Si Milquet passe un accord, comme il est possible et qu’elle a une défaillance au moment de l’annoncer, Leterme peut faire en sorte qu’on croira que c’est elle qui parle, alors que ce sera lui de sa voix de gorge légèrement féminisée.
Ah ! Ils sont forts les Flamands.
Donc on ne régionalise plus. On conscientise avec un système de bonus/malus, qui récompenserait les politiques efficaces, et sanctionnerait les mauvaises. A terme, c’est la même chose, quand on va s’apercevoir que les sanctions seront à peu près de l’ordre du transfert du bel or flamand vers les coffres avides wallons. Les fonds récoltés n’auraient plus qu’à retourner en Flandre !
C’est-y pas mirobolant ?

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A ce point que le patron des patrons flamands en a rugi de plaisir.
Responsabiliser, c’est la piste que creuse le CD&V. Nous sommes en Wallonie un nid d’irresponsables. Le CD & V veut des résultats pour montrer à ses électeurs sa volonté de réduire les transferts Nord-Sud. La meilleure façon serait un confédéralisme, les Flamands en conviennent. On prépare les lions noirs sur fond jaune par précaution. Les académies de lanceurs de drapeaux et de musique cherchent des petits jeunes gens à culotte courte et chemise brune.
Sur le temps qu’avec le faible Di Rupo chef de tous nos orchestres nous batifolions sur des airs d’opérette, le gouvernement flamand bossait sur les réformes de l’État. Tous les scénarios ont été étudiés, y compris la République de Flandre.
Nous ne sommes pas de la même souche que la flamande, plus rude, plus intelligente, plus libérale, alors que la nôtre est si dégénérée que nous mettons à notre tête la fine fleur d’incapables de la gauche la plus pourrie que nous ayons pu trouver.
Ainsi des chômeurs : la souche flamande les active et les bourre de conseils performants. Pour qu’on lui foute la paix, un chômeur flamand n’a plus qu’à s’inscrire en Wallonie. Là, il pourra rêver à l’aise et sourire aux propos androgynes « du meilleur d’entre nous » selon Laurette Onkelinx.
La Flandre nous sort des chiffres tellement accusateurs sur l’emploi et la formation des jeunes des bords de Meuse, qu’il m’est impossible de les étaler ici sans avoir honte moi-même !
Donc la Flandre nous met à l’amende, comme les macs des maisons closes avant Marthe Richard. Nous ne faisons pas assez de pipes au patronat. Ils sont mécontents de nos prestations. Les Flamands ont des manières. Ils plaisent. Ils travaillent beaucoup et ne font jamais grève. L’exemple pour l’Europe !...
La Flandre récompensée au bonus toucherait le jackpot pour les remises au travail.
Les chômeurs difficiles à caser pour des raisons de tranquillité administrative s’inscriraient à Liège, par exemple, qui recèle sur ses listes d’incommensurables inadaptés au behaviorisme et à la mondialisation des biscotos. La Flandre aurait les qualifiés et les premiers de classe, pour la même raison qu’un type d’Ouagadougou s’expatrie en Europe. .
Il y a encore d’autres versions pour la sécu, du genre compétitif. La région la plus active verrait la part du budget de l’ONEm (49 % pour la Flandre en 2006) tomber dans son escarcelle.
Bref, Leterme veut faire la course avec des pouilleux. Comme tous les feux sont au vert pour la Flandre et au rouge pour la Wallonie, c’est comme s’il nous défiait à Francorchamps sur une Ferrari, nous sur une Skoda bricolée dans un garage de Mons par qui vous savez.
On passe sur les soins de santé dont les bons de cotisation iraient à la machine à flamandiser les revenus dans une clé de répartition qui serait du nanan.
Dehaene out, reste Leterme impatient de nous emballer tout rôtis à la sauce flamande.
On en est là.
Ce truc sent mauvais. La Belgique aussi. A cause des veaux qui nous dirigent et qui n’ont pris aucune précaution, la Wallonie n’a pas de base arrière, pas de positions de repli.
Les Libéraux sont des apostats bons à tout pour un petit coupon supplémentaire et Joëlle Milquet une femme bien embêtée qui va devoir prendre une décision lourde de conséquences pour notre avenir. Serons-nous définitivement des vassaux d’une Flandre impériale, des parasites tolérés ?... ou misérables, certes, mais libres, et capables de transférer nos savoirs et nos compétences sous les couleurs de la République française ?

16 juillet 2007

Une certaine idée de la justice.

Dans l’affaire Clearstream, il y a de fortes chances pour que la justice mette en examen Dominique de Villepin à la suite de son audition prévue pour la fin du mois.
C’est un couplet déjà entendu, quel que soit le cas de figure, quand un politicien ne se fait pas prendre la main dans le sac, il plaidera jusqu’au bout l’innocence.
Cela ne signifie pas que Villepin soit coupable, cela veut dire tout simplement qu’il est difficile de croire que tous les VIP des personnels politiques soient innocents et injustement accusés dans les affaires qui se terminent devant la justice.
L’affaire Clearstream est particulièrement éclairante d’un climat, celui d’une fin de règne de Jacques Chirac où se croisent des ambitions, des haines de personnes et le machiavélisme de ceux qui luttent pour la conquête du pouvoir.
Le public est lassé d’entendre les hauts personnages parler de morale et de bien public, même si le discours est élevé et dit par un personnage qui respire la loyauté et inspire confiance au peuple.
Tel a été le cas de Villepin et avant lui de son patron Chirac.
Et Chirac, comment peut-il refuser avec hauteur de témoigner dans une affaire qui éclata sous sa présidence et dont il aurait eu de fameux motifs à mettre en route ?
Les voilà bien ces personnages surpayés, surmédiatisés, surprotégés qui se disent citoyens ordinaires à vouloir partager nos difficultés et qui au moindre soupçon se drapent dans le manteau de l’indignation, s’extraient de cette citoyenneté ordinaire qu’ils revendiquaient la veille et prennent de haut justice et magistrats !
Sont-ils traduits en justice ? Les voilà qui ergotent, s’entourent d’avocats et même convaincus des crimes qui leur sont reprochés, clament à l’oreille complaisante de la presse qu’ils sont innocents, que la machination dont on les croyait capables, a été ourdie contre eux.
Ils adoptent, est-ce pure coïncidence ou rouerie connue de tous les truands, un système de défense dans lequel ils ne reconnaissent rien, même l’évidence, afin de semer le doute dans les esprits d’un jury qui est ici la Nation.
Le « je suis innocent » n’est pas tombé dans l’oreille des sourds au pouvoir. Ils en jouent, ils en distillent les couplets. Et ça marche. Rarement traduits devant les tribunaux, presque jamais condamnés à la prison, et sursitaires hors pair, les voilà dès la dernière audience terminée gonflés à bloc pour la reconquête de leur prestige, du pouvoir, des places, des mérites !
Tantôt c’est un d’entre eux qui part « en exil » pour un an vivre la vie d’un professeur d’université, après avoir payé pour un autre ; tantôt, c’est un déchu d’une autre manière que le parti récupère et parachute dans un emploi lucratif où il attendra des jours meilleurs, c’est-à-dire un nouveau mandat politique.
Ah ! ce ne sont pas des voleurs de pommes, des petits voyous à la roulotte, pègre de quartiers pauvres, de vulgaires repris de justice à 6 mois ferme pour recel d’objets volés. Il s’agit de tout autre chose. Il n’est ni question de bagarres sanglantes, de crimes crapuleux, ni de ce dont les gazettes sont pleines. Nous entrons dans le feutré, le non-dit implicite et les détournements majeurs, le coup de couteau dans le dos qui ne laisse ni traces, ni la victime exsangue, mais qui rapporte gros, souvent des trésors de guerre non quantifiables immédiatement, des millions d’euros de rabiot, des honneurs à n’en plus finir et des Légions d’honneur comme on en voit rarement.

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Sur le soupçon d’un simple vol, le citoyen ordinaire voit sa vie détruite, son parcours arrêté. Il rejoint les prisons surpeuplées en préventive d’abord, en qualité de détenu ensuite. Il est un cas parmi tant d’autres cas. Le juge s’y arrête à peine et condamne en série. Au trou, les pauvres…
On est loin du compte avec les honorables, les grandes destinées, les propriétaires en quelque sorte de nous tous, notre travail, les biens nationaux, nos créations.
On les suspecte ? Allons, leurs affidés, les anciens commis, la clientèle, les partis, tous se récrient : lui !... un voleur !... Quelle méprise…
L’instruction se fait avec des gants de velours, les « je vous en prie » de classe. Les menottes ! Vous n’y pensez pas ! Avec la Légion d’honneur à la boutonnière…
Et pourtant, les enjeux ne sont-ils pas plus important que le simple fric frac d’un tiroir-caisse ?
Ces voyous – n’ayons pas peur des mots – ne pillent-ils pas les plus pauvres ?
Est-ce cela faire bonne justice que de les juger autrement parce qu’ils représentent une certaine idée de la morale et surtout qu’ils nous représentent ?

15 juillet 2007

Les WC flamands sont à l’étage.

-Ils vont se marier. On ne parle plus que d’eux. C’est vrai qu’ils forment un beau couple, vous ne trouvez pas ?
-Ne m’en parlez pas, j’en suis malade. Est-ce que vous savez combien divorcent dans ceux qui sont célèbres ? 8 sur 10 !
-4 sur 5, c’est énorme.
-8 sur 10, je vous dis. C’est plus encore que ce que vous dites…
-Pourquoi se marient-ils ?
-Pour divorcer, pardi… Ainsi ils font deux fêtes.
-Vous croyez qu’ils sont comme ça ?
- Ils sont tous comme ça.
-Même à Bree ?
-Avec les grands écarts qu’elle a fait dans sa carrière, elle ne doit plus l’avoir.
-Elle l’aura perdu en montant sur un court.
-Les latrines sont à l’étage chez les Flamands ?
-Normal, quand la mer monte, vaut mieux ne pas être surprise.
-Et Leyton Hewitt est invité ?
-Elton John ?
-Non. Hewitt ?
-Tenez Visnjic, marié au sculpteur Ivana Vrdoljak depuis 1999, a reconnu avoir eu une liaison avec Mirela Rupic lors de vacances en célibataire en 2006.
-Visnjic, c’est qui ?
-Vous ne connaissez pas Visnjic ?
-Non. Et vous ?
-Le docteur Kovac !
-Il était marié à un sculpteur ! Drôles de mœurs quand même.
-Le sculpteur, c’est sa femme. Ah ! mais il regrette beaucoup. C’est à cause du décalage horaire et de l’alcool.
-Ils boivent beaucoup dans ces milieux là à cause du décalage horaire.
-Oui, le docteur Kovac mange et boit toutes les trois heures. C’est difficile de faire comprendre ça aux gens, le décalage horaire, par rapport à l’estomac et comme les boissons vont avec….
-C’est un vrai médecin ?
-Il aurait mal tourné dans sa profession, puis tourné au cinéma.
-Et la star de Desperate Housewives qui s’est mariée à un basketteur français ! Elle a distribué comme cadeaux aux invités… des échantillons qu’on lui avait donnés
-C’est pas bien.
-C’est pas bien, mais c’était de bon cœur.
-Alors, si c’était de bon cœur.

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-Ce n’est pas le basketteur français qui est le père de l'enfant d'une femme croate ?
-Non, c’est le docteur Kovac.
-Encore lui !... Quel homme !...
-Et elle, croyez-vous qu’elle viendra ?
-Tout dépendra. Si elle est invitée. Mais de qui parlez-vous ?
-De la rivale.
-De qui ?
-De celle qui se marie à Bree, avec un basketteur américain.
-Il n’est plus Français ?
-Non. Il est américain.
-Etes-vous sûre que c’est le même ?
-A moins que ce ne soit le docteur Kovac qui aurait eu un enfant à Bree et que se disputeraient deux basketteurs…
-Et de quelle rivale voulez-vous parler ?
-De celle qui habite à Monaco et qui a divorcé aussi.
-Pourquoi aussi ?
-Comme les 8 sur 10.
-Elle ne viendra pas à mon avis.
-Pourquoi ?
-Parce qu’à Bree on ne parle que l’américain et le flamand et que la rivale ne parle que d’argent et de concours remporté. Ce ne sont pas les mêmes langues.
-Un qui ne divorce pas avec les Flamands, c’est Didier Reynders. Il veut conserver ses 40.000 voix du MR qui votent à Halle et Vilvoorde.
-Vous pensez que c’est un mariage qui résistera ? Le marié espère partir en voyage de noces avec Leterme à la mi-août.
-Où vont-ils allés ?
- A Bree voir les basketteurs faire un match.
- Mais n’est-ce pas deux hommes ?
-Qui ?
-Ceux qui vont se marier.
-Oui, et alors ?
-Leterme est peut-être sculpteur ?
-Encore des artistes !...

14 juillet 2007

Accord et désaccord…

Belgique ? Une démocratie particulière : Vote flamand = 60 % ; vote des autres réunis = 40 %.
Et encore dans les 40 %, il y en a qui applaudissent les 60 % !... et pas seulement que Didier et quelques libéraux, des socialistes aussi, sans l’oser pouvoir dire, au nom d’une abstraction : un pays qui n’existe déjà plus…
La sensibilité pratriotarde qui conduit aujourd’hui le PS à vouloir maintenir les Wallons dans leurs liens avec les Flamands n’était pas inscrite dans les mouvements et les résolutions socialistes de la dernière guerre à nos jours.
Comme on n’a jamais vu avant Di Rupo un président du PS encensé à ce point la dynastie.
C’est en 1943 que dans la Résistance le parti dans la clandestinité reprit à son compte les thèses séparatistes. Le fédéralisme à trois : Flandre, Wallonie, Bruxelles était une idée de gauche perçue comme un pas en direction de la séparation complète.
Si aujourd’hui, cette option a été reprise par les Mouvements flamands, il faut préciser que c’est au moment de la rupture avec le Mouvement populaire wallon que les Socialistes ont changé brusquement d’avis sous l’impulsion du Président de l’époque, courant qui s’est depuis confirmé par Spitaels, Busquin et surtout Di Rupo, sans que jamais la base ait été consultée. Mais cette idée qu’un mauvais ménage doit se séparer était bel et bien wallonne. Cette idée fut confirmée par la suite quand le délire flamingant fut à son paroxysme : la frontière linguistique, le renoncement au recensement des langues, la paranoïa de la coupure en deux de l’Université de Louvain, à tous ces signes d’hostilité, les wallons auraient dû répondre en claquant la porte. On a eu des tas d’occasions. C’est le PS majoritaire qui nous en a toujours dissuadé. Est-ce une question de fric ? Ces dirigeants auraient-ils touché pour nous trahir ? Que de suppositions…
Les Liégeois ont-ils la mémoire courte au point d’avoir oublié que c’est en 1945, les 20 et 21 octobre qu’eut lieu le Congrès National Wallon rassemblant des élus, des syndicalistes, des intellectuels, des professions libérales et des fonctionnaires, soit environ 1500 participants venant de toute la Wallonie. Les congressistes étaient excédés de la honteuse collaboration des mouvements flamands avec l’occupant nazi pendant la guerre, et des mille et une différences entre les deux peuples si importantes que la cohabitation dans le futur leur paraissait incertaine.
Ce Congrès vota de la manière suivante :
20 voix pour le maintien de l’Etat belge ; 154 voix pour l’indépendance ; 400 pour une large autonomie et 486 voix pour le rattachement à la France, soit 1.046 votants.
Parmi les militants socialistes, ceux qui espéraient une place dans le cadre de l’Etat unitaire qualifièrent ce vote de sentimental. Finalement, il fut décidé d’atteindre d’abord le fédéralisme.
Les unitaristes de la direction du parti avaient eu chaud !
Ce mouvement rattachiste ne sera pas pour autant gommé de la mémoire de la gauche, surtout à Liège où il est resté vivace parmi la population et les adhérents du PS, mais sans avoir jamais eu l’occasion d’en faire un courant, sous peine d’exclusion.

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Quelques personnalités françaises s’intéressèrent discrètement à ce mouvement. C’est ainsi que Alain Peyrefitte rapporta en 1986 les paroles du général de Gaulle à propos du désir exprimé de certains wallons de réintégrer la Wallonie à la France.
« …toute intervention directe « si modeste soit-elle » était exclue, pour ne pas soulever des tempêtes en Europe. » Auparavant le Général se représentait bien le drame du peuple wallon du fait de dépendre « d’un autre peuple qui ne fera rien d’autre que de l’étouffer en attendant de l’absorber un jour » et de conclure « Bien entendu, si un jour une autorité politique représentative de la Wallonie s’adressait officiellement à la France, ce jour là, de grand cœur, nous répondrions favorablement à une demande qui aurait toutes les apparences de la légitimité… ».
Que s’est-il donc passé dans l’esprit des caciques du parti socialiste de ce moment à aujourd’hui pour accepter de marché en marché, de négociation en négociation, ces capitulations aussi constantes qu’infamantes des prétentions flamandes ?
Comment se fait-il que depuis lors et à de très rares exceptions nous n’ayons jamais eu un premier ministre wallon ? Sommes-nous aveugles au point de ne pas voir que six millions de Flamands font une majorité absolue pour faire la pluie et le beau temps ? Et que le mécanisme de blocage ne concourt pas à nous protéger des lois unilatéralement votées dans l’esprit flamand !
Aux mille petits riens, nous voyons parmi les responsables du PS, que le courant royaliste et unitariste est bien là, avec sa nostalgie et son inconditionnel besoin de coller à un mythe : celui d’une Belgique qui n’existe plus depuis longtemps. Par exemple le « Liège-Limburg » pour la gare des Guillemins, quelle honte !...
Dans l’expectative où nous sommes d’un gouvernement à la flamande, les propos tenus par Di Rupo sont dégoulinants d’obséquiosité pour un Etat belge flamandisé. Ils laissent augurer que les exigences flamandes seront finalement avalisées par le montois pourvu que l’on ne touche pas à l’apparence de sa Belgique de carte postale.

13 juillet 2007

On vous dit que ça va changer !

C’est avec un peu plus du quart des membres du PS (82.000 cotisants, 23.747 éliotistes) qu’Elio Di Rupo a été réélu président, contre 2.425 votes pour l'ancien député à la province du Hainaut Jean-Pierre De Clercq.
Les trois quarts des membres restant se sont évanouis dans la nature vacancière, s’en fichent ou encore ne se sont affiliés au PS que pour avoir le droit de s’asseoir derrière un guichet de la FMSS.
Le Montois a encore le parti bien en main, au point qu’aucune pointure n’ait osé se présenter contre lui. Le malheureux De Clercq ne pouvait prétendre à mieux, emberlificoté dans les fils de la nomenklatura socialiste carolo. C’était le faire-valoir idéal.
Voilà bel et bien le PS recentré… sur le Centre, cette région si éloignée de Liège que l’on se demande si au siège du parti local, il y a encore un pilote dans l’avion.
Il est vrai qu’à force de faire le vide autour de lui pour n’écouter que ceux qui lui lèchent les escarpins, Elio n’a pratiquement aucun conseiller avisé chez qui prendre avis. Peut-être aussi, dernière hypothèse, n’y a-t-il plus personne au PS capable à Liège, comme à Bruxelles, de proposer autre chose qu’un socialisme patriote et royaliste faisant une timide barricade à l’expansionnisme et au séparatisme flamand ?
Pourtant la partie serait belle d’afficher le ras-le-bol de la boulimie de nos partenaires flandriens et de tourner le dos à ces fâcheux pour s’en aller flirter avec la France.
Ce qui empêche Elio de passer à autre chose c’est sa frilosité à l’égard de tout ce qui rompt avec l’idée qu’il se fait d’une Belgique qui n’existe déjà plus. C’est le fil à la patte du parti dont il prend plaisir à mêler les nœuds. Sans oublier le capitalisme anglo-saxon actuel, ce câble qui tient tous les partis à quai, caricature du capitalisme initial qui permit à Di Rupo de faire il y a quarante ans des études en Belgique et de préférer les frites aux pâtes.

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On ne change pas facilement les hommes, surtout ceux qui ont une haute opinion d’eux-mêmes. Di Rupo est un cas. Lui, il sait. C’est inutile de discuter. Il sait. C’est tout. Si vous n’êtes pas de son avis, c’est que forcément vous ne savez pas.
Allez faire entendre raison à un pareil homme !
Cette élection prévue pour le mois d'octobre a été avancée au mois de juillet rien que par sa décision. Et vous savez pourquoi ? Pour ne pas avoir l’air d’être l’artisan de la défaite socialiste. Et De Clercq était à point nommé l’homme de la contre réforme – celui par qui le malheur arrive - puisque issu des milieux qui selon Di Rupo étaient les seuls responsables de cette défaite.
Ces pitoyables mazarinades sont applaudies par les ministrables du PS qui pourtant à cause d’elles vont faire une cure d’opposition.
L’aigle de Mons, grand seigneur, abandonne par sa réélection à la tête du parti la présidence du gouvernement wallon à quelque méritant qui sera sans doute liégeois pour une question de rééquilibrage et parce qu’il est de bon ton de laisser tomber une couronne là où l’on croit qu’il est utile qu’on la ramasse.
La suite sera plus croquignolesque. L’homme libère un bon tiers de son cerveau qui partageait les neurones en quatre, (Oui, c’est compliqué c’est de la mathématique montoise). Pour quoi faire ?
Et c’est là qu’on va rire, parce qu’avec ses préjugés, sa Belgique à l’ancienne, son amour de la dynastie, son capitalisme orthodoxe, Elio va devoir faire autre chose. Rempiler sur les mêmes idées finirait par lui être fatal.
Il sera amené à entreprendre ce qu'il s'est engagé à réaliser durant la campagne présidentielle, nous explique le journal Le Soir. Banni du pouvoir, on voudrait bien savoir comment Elio va s’y prendre avec tous les aigris que la cure d'opposition va fabriquer ?
N’ayant jamais appartenu au monde ouvrier, cet homme ne perd pas une occasion d’en parler comme s’il venait de quitter son bleu de travail. Ce sera donc la fabrique d’idée, avec la création d’ateliers spécialisés. On se croirait à Phoenix Works un jour de paie.
Le moulin à viande du militantisme ardent va cracher son hachis Parmentier assaisonné des valeurs socialistes, dans le respect de l’éthique par des cuistots qui n’ont jamais servi la soupe que dans des ouvroirs libéraux. On voit le genre, ça va être du joli.
Quant à l’ardent nouveau ministre-président, il devra attendre encore un peu, histoire de laisser le chef au sommet de la butte évaluer à la lunette les mouvements de l’armée ennemie afin de voir où la coalition adverse va former le nouveau gouvernement fédéral.
Une nouvelle affaire des coalisés contre l’empereur, en quelque sorte.
Aujourd’hui, il n’est question que de désigner le sénateur coopté qui prêtera serment jeudi après-midi.
Quand on vous dit que ça va changer !

12 juillet 2007

Qui va indemniser les infirmières bulgares ?

Qu’est-ce que la Libye nous hérisse le poil ces temps-ci, avec son auguste Kadhafi toujours en représentation et l’annonce faite au monde que la Cour suprême libyenne a confirmé mercredi les peines de mort pour les cinq infirmières bulgares et le médecin palestinien condamnés en Libye pour propagation du virus du sida !
Comme si des infirmières et un médecin allaient comploter pour faire mourir des enfants de ce fléau ! Quoique l’on dise, ce n’est pas en Europe qu’il faut chercher les vocations de kamikaze, mais chez les intégristes musulmans.
Cette contamination par le virus HIV est plutôt due à la vétusté des hôpitaux dans ce fichu pays, au manque de précautions des rustres illettrés des confins et au peu d’intérêt que consacre à cette épidémie le ministère de la santé de la Libye, s’il y en a un.
Et puis cette justice aux ordres du dictateur est d’un grotesque à faire pâlir d’envie le Père Ubu.
Le seul reproche que l’on peut faire au personnel hospitalier incarcéré : « mais qu’est-ce que des professionnels sérieux allaient faire chez ces clowns ?
C’est tout le drame des « missions humanitaires » et des professionnels de santé en quête d’un emploi. On arrive plein d’enthousiasme pour servir une noble cause et l’on se retrouve derrière les barreaux d’une prison, torturés puis condamnés par des pignoufs qui n’ont aucune idée de ce que peut être une prophylaxie efficace et qui trouvent toutes les meilleures raisons du monde à faire justice en lisant le coran et en s’inspirant des attentats manqués de Kadhafi, pour faire payer à des innocents les crimes de cette dictature.
Enfin cette mascarade qui aura duré huit ans touche à son terme.
Tout ce cirque n’était fait que pour rançonner l’Europe.
D’abord, comme les grandes douleurs sont muettes et non commerçables, les familles réclamaient seulement la mort des condamnés. Mais on sentait bien que c’était pour faire monter les enchères.
Les chiffres, venant après les grandes douleurs muettes et intransigeantes, ont saisi la Bulgarie prête à faire quelque chose pour sortir leurs ressortissantes de ce foutu pays.
Quand on connaît la valeur d’une vie en Libye, on pouvait trouver que dans un pays où le revenu par habitant est de moins de 600 $ par an, c’est quand même fort de café de réclamer
quelques 20 millions d’euros par décès dans cet hôpital champion d’Afrique de la maladie nosocomiale !

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Mais voilà qu’entre en piste la Fondation Kadhafi, une association caritative présidée par Seif Al-Islam Kadhafi, le fils du grand chef. Du coup on respire, les barbus rangent le coran, les ménages s’intéressent et les chiffres quoique singulièrement à la baisse seraient quand même de nature à faire des bénéficiaires de la rançon, des pachas nouveaux riches dans un océan de misère.
Alors, c’est à l’heure où l’on est presque d’accord, que Fathi Dahane, président de la cour, repousse l’appel présenté par les accusés au nom du peuple pour confirmer la sentence de mort.
La mort de 56 enfants et le virus à vie pour 438 autres est un drame affreux. On reste sans voix. Mais cette catastrophe compte peu pour les énergumènes au pouvoir, car au lieu de se défausser sur les infirmières bulgares, ils auraient mieux fait de chercher ce qui a flanché dans le dispositif préventif. Evidemment, devant le scandale énorme et probablement le limogeage de quelques hauts dignitaires, peut-être même touchant la famille du héros du désert, il valait mieux accuser ces « salauds » d’étrangers. Ce qui fut fait avec le retentissement international que l’on sait.
Une question s’impose à présent que sitôt le pactole reçu en Libye, ces malheureuses vont bénéficier d’une mesure de grâce du « héros » de Lockerbie. Elles retourneront dans leur pays d’origine. Toute l’Europe sera bien contente et applaudira.
Mais, qui va les indemniser des huit années de souffrance passées dans les geôles de ce fichu pays ?

11 juillet 2007

Eviter le pire ?

Il n’y a pas un seul citoyen un tant soit peu au courant de la politique qui ne serait pas arrivé aux conclusions du duo Reynders-Dehaene, à savoir qu’un programme commun entre Flamands et Wallons est – a priori - impossible vu les revendications constitutionnelles des premiers et le refus de changer le compromis actuel de la fédération des seconds.
Personne n’a vu que de n’importe quelle façon Leterme arrivera à ses fins, notamment sur la scission de Bruxelles-Hall-Vilvoorde et probablement sur d’autres revendications flamandes.
Dans le premier cas de figure, Jean-Luc Dehaene après avoir franchi les obstacles donne l’occasion à son poulain de mettre sur pied un gouvernement de coalition orange bleue.
Joëlle Milquet aurait négocié sec pour placer le maximum de ses créatures à la tête de quelques ministères, en même temps qu’elle aurait obtenu du formateur l’assurance que les grands dossiers ne seraient pas mis sur la table sans des contreparties pour les francophones et notamment dans la périphérie bruxelloise. Et enfin pour qu’elle ne perde pas la face vis-à-vis de ses électeurs et des Wallons en général, elle devrait ne pas avoir l’air de retourner sa veste et de vouloir la fin d’une Belgique qu’officiellement elle défend avec les socialistes partenaires à la Région.
C’est probablement ce qui va se passer.
Deuxième cas de figure, Joëlle Milquet respecte ses engagements vis-à-vis de la Wallonie et de Bruxelles, foudroie du regard les Libéraux qui ont depuis longtemps abdiqué toute défense pure et dure du statut actuel de la Belgique. C’est l’impasse totale. L’avenir est bouché. Di Rupo la rejoint pour défendre les institutions, le roi et les raisons de ne rien changer à l’Etat belge.
Leterme attend, un mois, deux mois, trois mois. La nation flamande s’impatiente et vote unilatéralement son indépendance. Le Fédéral n’existe plus. Bruxelles tombe dans le chaos et ne doit son salut qu’à l’Europe installée au Rond-Point Schumann et qui négocie un statut original de la ville.
On voit ainsi que Joëlle Milquet, qui n’a pas le cran de refuser jusqu’au bout pour faire valoir un principe, reniera comme les Libéraux son programme et rompra avec les Rosés.
On est en route pour l’orange-bleue.
Les rattachistes qui veulent depuis longtemps que la Wallonie rejoigne la république française devront se brosser encore une ou deux législatures pour affilier les citoyens en masse au cri de « vive la France ! »..
Déjà le démineur constate que le CDh en la personne de sa sémillante présidente ne refuse pas les conversations informelles, comme elle ne refuse pas les bisous de circonstance chaque fois qu’elle rencontre Didier Reynders ce qui infirme les propos de certains gazetiers qui ne voyaient pas bien les relations politiques de couple les embarquer dans la même galère.
Mieux que l’Orange bleue de Tintin nous voilà dans les bandes dessinées jusqu’au cou.
Les socialistes sont tétanisés, frileusement royalistes derrière leur Cher Elio. Que voulez-vous, ils sont bien embarrassés puisqu’ils vénèrent le même modèle anglo-saxon que les Libéraux en matière d’économie et qu’à part les réformes de l’Etat qu’ils refusent farouchement pour plus de fédéralisme, voire pour un confédéralisme, ils n’ont aucun programme crédible pour faire une réelle opposition à ce qui se prépare.

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Joëlle Milquet va donc foncer et on verra ce qu’il restera de la Belgique de Pèpère Elio à la fin de la législature. Et si on a besoin de lui pour changer la Constitution, il n’est pas dit, puisqu’on ne peut résister aux Flamands, qu’il refusera de faire l’apport des voix nécessaires, pour les mêmes raisons que son ex-partenaire : afin d’éviter le pire.
Ils ont cependant tort l’une et l’autre. On sait qu’en Belgique jamais les Francophones n’ont réussi à l’éviter.

10 juillet 2007

En liberté surveillée.

Ne nous rengorgeons pas en surestimant les valeurs dégagées par notre démocratie.
Et d’abord, est-ce un modèle ? Quel est le pays qui s’en est inspiré avec bonheur ?
Les efforts de Bush en Irak pour instaurer une démocratie à l’occidentale ont été inutiles.. L’Afghanistan est une démocratie sous perfusion, et sous surveillance.
Oui, la Russie s’est débarrassée du communisme toute seule et a adopté un pluralisme des partis. On y élit un président au suffrage universel. De l’assistanat des populations à un « help yourself » le plus conforme à la gestuelle économique, ce pays est passé d’une dictature à une démocratie, selon nos critères.
Au moment où paraît indiquée la bonne direction, les députés russes adoptent une loi sur l’« extrémisme » politique !
Aussitôt, nous nous récrions : si la Russie s’éloigne de la démocratie pour retomber dans ses travers de régime fort, c’est qu’elle n’était pas prête d’ouvrir le pays à la liberté !
Quand nous ne nous autocélébrons plus, nous nous apercevons que les réformes proposées à la Douma, si elles n’ont pas force de loi chez nous, sont fort proches de nos pratiques !
Par des moyens de pression, des rapports de force entre le pouvoir des riches et la faiblesse des pauvres, nos bons sentiments et nos convictions démocratiques cachent en réalité une perverse dictature.
L’extrémisme politique en Europe occidentale existe. Il est toléré, parce qu’il est neutralisé, donc rendu inoffensif. Les partis d’extrême droite ou d’extrême gauche sont exclus ou se sont exclus de l’organisation politique. Des lois écrites ou non existent - que les Russes n’avaient pas - qui les étranglent financièrement. Ils sont neutralisés par l’hostilité intéressée que leur accordent les médias et sont réduits à leur plus simple expression par l’absence chronique du sens critique des citoyens, sans qu’on sache vraiment si l’extrémisme consiste à vouloir un Etat plus juste ou si l’extrémisme ne se cache pas dans un centre politique hurlant au loup et criant à l’aventure dès que l’on remet en question le système capitaliste établit comme la clé de la démocratie.
La lutte contre l’extrémisme est d’application depuis longtemps chez nous, mais de manière feutrée. La pensée libertaire ou extrémiste en Europe est sous l’étroite surveillance des polices d’Etat, étouffée par le manque de moyens et d’éditeurs, boycottée dans sa diffusion par la grande presse et les télévisions qui ignorent les raisonnements philosophique et économique estimables, dès qu’ils émanent d’un milieu « non autorisé ».

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Les écoutes téléphoniques des autorités n’ont jamais cessé d’être l’obsession des démocraties, alors que toutes y sont implicitement engagées.
Enfin, s’il n’y a pas de prisonniers politiques dans nos démocraties, c’est qu’hypocritement nous n’avons jamais admis qu’un délit ait été perpétré pour raison politique, laissant à la législation du droit commun le soin de clôturer les dossiers et de punir les infractions.
En Belgique, les Cellules communistes combattante (CCC) (1983-1986) étaient constituées de militants issus des luttes sociales et politiques. Que l’on soit ou non d’accord avec ce genre d’activité politique, indépendamment de tout jugement moral, ces jeunes gens ont écopé du maximum et leur action n’a pas été considérée comme une action politique « violente » mais comme relevant du droit commun.
La loi est à ce niveau un instrument de régulation des peurs collectives. Quoique un crime reste un crime, il est plus facile de condamner un crime crapuleux qu’un crime politique.
Cela aurait-il changé l’opinion ? Non.
Les citoyens avisés savent que la violence d’où qu’elle vienne est détestable. Par contre, cela aurait créé un « mauvais » climat. L’Europe l’aurait trouvé détestable, comme ce fut le cas pour les Brigades rouges en Italie.
Bien entendu, les actions terroristes des Intégristes de l’islam ont changé la donne depuis l’attentat des Twin Towers à NY, tout en ne surprenant pas les polices « spéciales » des démocraties occidentales depuis longtemps appliquées à noyauter les milieux musulmans.
C’est en partie grâce à l’émotion et à la frayeur entretenue par les Autorités en collaboration avec les médias depuis cette tragédie que sont nés des réseaux de surveillance, des caméras, des polices privées, etc. de sorte que le citoyen européen n’est pas éloigné d’être à égalité du citoyen russe. Il est en liberté surveillée !

9 juillet 2007

Des carrioles sans mulet.

25 jours sans gouvernement. On n’en revient pas comme le temps passe vite sans eux. Quoique les anciens gaffeurs soient toujours aux manettes de la Belgique, ce n’est guère rassurant.
Enfin, ils n’osent plus prendre trop d’initiatives, nous polluer la vie avec de nouvelles lois qui restreignent ou suppriment à chaque fois les libertés d’une population qui s’appauvrit.
Revoilà le bonhomme Jean-Luc Dehaene en médiateur-négociateur. S’il s'est immédiatement remis au travail, c’est qu’il doit être payé pour. Ce type avec sa collection de mandats privés et publics, ne travaille pas pour rien.
Il a rencontré illico l'informateur Didier Reynders et a ensuite téléphoné du ministère – comme ça c’est gratos – à ses potes du CD & V.
Joëlle Milquet, vue après, le trouve forci, mais encore bel homme. Elle veut un check up avant de se prononcer, des fois que le démineur ne puisse plus déminer longtemps. Encore que les idées de Didier Reynders tiendraient sur le dos d’un timbre poste et que n’importe qui pourrait les ânonner au roi.
Leterme attend son heure. Il ne conservera rien des arguties du libéral liégeois. C’est son pote Dehaene qui le lui a dit, Reynders n’a jamais rien compris à l’âme flamande.
Mais chut !... Jean-Luc travaille dans la discrétion.
Il a prévenu la comptabilité, pour mieux semer les journalistes épandeurs de fausses nouvelles sur les champs de Bruges à Gand, il ne recevra pas nécessairement ses interlocuteurs dans des lieux officiels. Le fait qu’il verra plusieurs personnages en même temps ne signifie pas que ce sera dans un estaminet derrière la Grand’place de Bruxelles. On craint pour la facture. Il a la réputation d’être un gros mangeur, d’aimer les vins fins et les menus à 100 euros minimum.
Ce grand leveur d’obstacle s’était acoquiné avec Valéry Giscard d’Estaing pour concocter une Constitution européenne qui fit long feu, tant elle était ultra libérale. C’est dire l’orientation…
Enfin, en tenant compte de sa corpulence, Jean-Luc a prévenu : « « Ma mission se conçoit au sens large. »
Devant une telle soif de réussite, les partis se sont montré discrets.
Elio a offert un cerf blanc au roi, il aurait souhaité donner un coq au débroussailleur, mais il n’a pas encore été convoqué. Depuis qu’il a ouvert son bestiaire au siège du parti à Bruxelles, il conserve un crotale dans un vivarium pour l’offrir à Jean-Pierre De Clercq, qu’il confond sans doute avec le Flamand De Clerck.

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Le tout est de savoir quelle coalition est possible. C’est le casse-tête de Dehaene. C’est du côté des francophones que ça coince. Ça ne va pas être facile de faire mordre à l’hameçon ceux qu’il y a un mois à peine se voyaient premier ministre et juraient avec Milquet qu’ils n’étaient pas demandeurs pour modifier la Constitution pour plus d’autonomie à la Flandre.
Comme Leterme pense le contraire, on va savoir quelle est la formation qui va retourner sa veste en premier. Milquet a-t-elle hâte d’être du gouvernement ? Tiendra-t-elle bon ? Elle finira probablement par se mouiller avec les Libéraux, quoique sa liaison à la Région avec les Rouges pastels ne l’arrange pas. Di Rupo est déjà si malheureux d’avoir « perdu » les élections à cause de ses méchants carolos qu’elle a peur qu’il ne fasse une crise de jalousie.
Voilà ce qui arrive quand on noue des alliances avant les élections. Joëlle hyper courtisée est dubitative. Avec les clowns du Comité de direction du parti qu’elle traîne derrière elle, il va falloir qu’elle prenne seule la décision. Pour un peu, elle regretterait Gérard Deprez l’ancien mentor qui la cornaquait si bien, avant qu’il ne sombre dans le libéralisme pour une place à l’Europe.
Jean-Luc le marieur n’ignore pas qu’entre Joëlle Milquet et Didier Reynders ça n’a jamais été le bonheur. Heureusement, elle a le démineur à la bonne. La rondouillardise familière et néanmoins chrétienne du Flamand rappelle le bon vieux temps où les curés faisaient la pluie et le beau temps au PSC et au CDH.
La « laïcité » du CDh, même si elle n’est qu’une fiction, change bien des choses. Jean-Luc a des alliances bénies dans sa poche, qu’importe si l’union est libre. Une petite bénédiction discrète n’a jamais fait de tort aux couples.
Il est encore trop tôt pour descendre les volets communautaires et s’en aller coucher la main dans la main sur les carpettes du bel étage. La marge de manoeuvre est d’une étroitesse telle qu’il faut serrer les fesses et ne pas respirer à certains passages dangereux.
Déjà la fermeté ne serait plus la même. Ah ! l’amour du roi et de la Belgique unie est une bien chétive chose devant un portefeuille ministériel !...

8 juillet 2007

Les rites bougent

Voilà, c’est presque fait : la connerie militante va encore frapper !
Ce qui convenait à tous les Liégeois depuis plus d’un siècle à savoir la dénomination de la gare du nom du quartier : la gare des Guillemins, va peut-être changer de nom, embrouiller l’esprit de tout le monde et s’appeler Liège-Limbourg ou encore une autre connerie sortie de l’imagination d’un de nos potentats.
L’année dernière, des cinglés du genre cas de Binswanger (forme de démence présénile) bichaient pour Liège-Charlemagne ! Ils voulaient déplacer la statue de Charlemagne, exemple type du mauvais goût de la sculpture moyenâgeuse rewritée au XIXme siècle, pour la replanter devant la soucoupe imaginée par Calatrava !
Cette forme aiguë d’autorité qui consiste à débaptiser un monument, une gare, une rue, pour répondre à l’engouement du jour, sans s’inquiéter de ce que les habitants et les usagers du lieu en pensent, n’est pas nouvelle.
Le plus bel exemple à Liège est à … Bressoux.
Il y avait jadis un ru qui coulait parallèlement à la rue du Moulin, que dès le Moyen-âge on appelait le Vivier Houet. Tout naturellement à la place approximative de son ancien parcours, la rue qui s’y bâtit s’appela la rue « Vivihouet ».
Dans l’enthousiasme de la Libération, le conseil communal de Bressoux décida de changer le nom de la rue pour l’appeler rue Théodore Cuitte, un résistant local.
Il n’est pas ici question de minimiser la bravoure de ce Bressoutois et de sa fin héroïque pour – comme on dit dans les discours – assurer les Liégeois de recouvrer leur liberté et se débarrasser du joug de l’oppresseur ; mais une plaque commémorative sur sa maison, encore que ce citoyen admirable n’habitait pas la rue au moment de sa capture par les Allemands, et/ou un monument place de la Résistance ne suffisaient-ils pas au désir de reconnaissance des populations ?
Il en sera de même de la gare des Guillemins, construite sur le site d’un ancien couvent du même nom. On va perdre un lieu-dit, vendu comme on fait commerce pour s’attirer les bonnes grâces de gens dont la plupart s’en tamponnent.
On perd suffisamment de nous-mêmes en cours de route dans cette foutue démocratie qui n’en aura bientôt plus que le nom, pour s’alarmer de ce que nous abandonnons aux caprices de la susdite.
C’est assez paradoxal que c’est un aréopage de chefs de gare et de complices politiquement élargi à l’Europe de proximité qui va décider de ce qu’entre Liégeois on est convenu d’appeler la gare des Guillemins.
Il y a gros à parier que dans dix ans, tout le monde à Liège s’obstinera de désigner la gare de son nom d’origine et qu’il y aura certainement des confusions possibles entre les nouveaux venus, les étrangers et ceux qui habitent la ville.
Voilà ce qu’on lit dans la presse de ce matin : « Baptiser la nouvelle gare TGV de Liège, Liège-Limburg, représenterait un symbole", ont annoncé le gouverneur du Limbourg, Steve Stevaert, le ministre wallon de l'Économie, Jean-Claude Marcourt, et l'administrateur-délégué d'Euro Liège TGV, Vincent Bourlard. »

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Nous voilà beau, avec ces éminents qui passent leur temps à nous les casser en biffant un nom acquis depuis des lustres et qui de plus porte le nom du quartier, au lieu de s’inquiéter du formidable retard qu’ont pris les travaux et de l’impasse dans laquelle on se trouve sur la façon dont on va aménager les abords de la gare.
Que le bourgmestre Demeyer n’ait pas d’avis est assez surprenant. Je croyais qu’il était bourgmestre des Liégeois avant tout. Si c’est encore le cas, qu’il se renseigne vraiment parmi ceux-ci sur l’opportunité de baptiser notre nouvelle cloche à fromage géante d’un autre nom que celui que nous déclinons en parlant de la gare à Liège.

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7 juillet 2007

L’homme, ta dignité fout le camp !

Les candidats à la présidence de la République française, qui virent le triomphe de la rhétorique de Nicolas Sarkozy, ont tous abordé le problème du travail dans les sociétés modernes, induisant les rapports non seulement des travailleurs entre eux et avec le patronat, mais avec l’ensemble des citoyens par rapport à l’Etat.
Entre le président élu et son outsider Madame Ségolène Royal, des convergences apparurent dans le discours : le travail doit être rémunéré à son juste prix ; il importe de maintenir un code du travail ; il y a convergence sur la nécessité d’un dialogue entre les représentations syndicales ouvrières et patronales ; il faut respecter les règles touchant à la productivité et à l’économie.
On pourrait penser qu’il n’y aurait que des divergences de détail portant sur l’organisation du travail, et sa rémunération et qu’il suffirait de l’habileté d’un dirigeant écouté pour arriver à un consensus, clairement défini et accepté.
Surmonter les divergences portant sur la répartition des fruits du travail, sur le nombre d’heures hebdomadaires permises, sur l’âge de la retraite et sur les secours qu’un travailleur privé d’exercer un métier est en droit d’attendre de la collectivité, vu sous l’angle présidentiel serait un jeu d’enfant. Un projet bien ficelé pourrait trouver l’accord des parties contractantes.
Eh bien ! ce serait faire preuve d’une grand optimisme de croire cela, ne serait-ce qu’en abordant les contradictions relevées sur la notion même du travail.
Tout ce qui se rattache à l’ambivalence politico-sociale dépasse le cadre d’une association momentanée d’un contrat entre celui qui travaille et celui qui le procure, pour atteindre les fondements de la qualité de la vie, jusque dans les fibres les plus intimes de l’Etre.
Il est étonnant qu’il n’existe pas d’autres mots dans le vocabulaire pour désigner des activités multiples qui ne peuvent se résumer à ce mot tiroir : « le travail ».
Par le passé, entre l’exécutant et le décideur, il y avait toute la distance entre l’esclave et le maître. Aristote considérait le travail comme une activité par nature asservissante, n’étant pas une fin en elle-même mais un simple moyen de subsistance. Activité vile qui déforme l’âme et le corps, elle était réservée aux esclaves qui s’abîment dans ce qu’ils font. Pour les Anciens, le travail, en effet, impliquait une spécialisation déshumanisante, car l’homme n’est pas fait pour un métier comme un marteau est fait pour planter un clou. Si la main est le symbole de l’homme, c’est précisément qu’elle n’est pas un outil mais un organe polyvalent. Ainsi les activités nobles développent en l’homme simplement toutes les facultés, tandis que l’activité laborieuse détruit cette harmonie en instrumentalisant l’une d’elles.
Nous voilà aux antipodes des discours d’aujourd’hui.
Comment une telle différence, entre ce que pensaient les Anciens et ce que pensent les responsable de l’autorité, a-t-elle pu voir le jour ?
Nietzsche considérait la glorification du travail à la fin du XIXme siècle, comme l’instrument le plus efficace conçu par la morale chrétienne de domestication des instincts vitaux, l’éthique protestante allant encore plus loin en parlant de devoir ; tandis que des humoristes disaient absurde de « perdre sa vie à la gagner », et écrivaient parfois de façon intuitive ce qu’Aristote comprenait de la chose en définissant l’homme au travail comme un outil vivant !
Oui, comment est-il possible que la seule unanimité entre l’extrême gauche et l’extrême droite soit enfin la glorification du travail, celle des travailleurs étant accessoire pour certains et supérieure pour d’autres ?

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La morale occidentale aurait-elle à ce point changé que l’uniformité du discours sur la nécessité du travail soit compris de la même manière des exploités et des exploiteurs ?
Comment a-t-on pu passer d’un ressenti universel attentatoire à la liberté individuelle à la morale dorénavant liée à l’action de travailler ?
Malheur pour Aristote, bienfait pour l’homme moderne, comment ce dernier a-t-il dérivé jusqu’à l’impératif d’un rendement optimal par la rationalisation du travail ?
C’est-à-dire conduire l’homme conscient de sa technique à l’ouvrier spécialisé, sans réelle capacité d’intervention et de compréhension de ce qu’il contribue à créer ?
Serait-ce que l’homme moderne est en voie d’abêtissement ? Pour les besoins d’un travail en série et réduction des coûts, est-on en train d’organiser sciemment son ignorance ?
De la gauche à la droite n’apparaît jamais la notion de contrainte qui met à mal l’aspect moral du travail que le système économique y trouve.
Si bien que l’on peut se demander si par un retour pathétique de l’histoire, nous ne sommes pas en train de ressusciter l’esclave ancien dans la personne de l’homme-machine, à la différence que l’esclave avait conscience de la violence dont il était victime, que l’homme moderne n’a pas !
Comment concilier l’hédonisme d’aujourd’hui qui pense qu’on ne profitera de la vie qu’en dehors du travail et la volonté de Nicolas Sarkozy de valoriser les heures supplémentaires et de prolonger la durée du travail jusqu’à 65 ans et même davantage ?
C’est peut-être ce qui a manqué dans les discours de Ségolène Royal : une plus humaine approche de cette question essentielle de la Société, quelle soit de consommation, de loisir, ou à deux ou trois vitesses.
Que cherchons-nous exactement dans le travail ?
La jouissance des plaisirs à notre fantaisie la vie entière est impossible, qu’au moins nous trouvions un travail qui soit l’accomplissement de soi.
La candidate a raté l’occasion d’entraîner Sarkozy dans un débat qui aurait eu le mérite d’intéresser les Français. Comment Sarkozy va-t-il s’y prendre pour donner une valeur non pas au travail, mais aux travailleurs, quand ils ne sont que des travailleurs-objets ?
Sur ce terrain un adversaire avisé eût pu le déstabiliser et démontrer le mensonge d’une société qui croîtrait en richesse et harmonie, alors que grandissent les inégalités.
Les partis politiques devraient réfléchir sur la façon de concevoir le travail, afin de lui redonner un sens, une éthique et une justification.
La définition du travail est donc bien plus complexe que les candidats à la présidence ont bien voulu nous dire.

6 juillet 2007

J’ai rencontré des économistes fous !

J’ai rencontré des économistes fous !
Contrairement à la philosophie, l’économie est truffée de pataphysiciens. On les croirait sérieux, le discours paraît cohérent, c’est lorsqu’ils sont partis qu’on s’aperçoit que certains sont des fêlés de la cafetière. Mais les cas les plus graves ne se décèlent souvent que bien après leur mort, quand après avoir appliqué à la lettre des lois énoncées depuis une chaire de Berkeley ou de Cambridge, on s’aperçoit qu’elles étaient fausses !
C’est ainsi que nous vivons en Europe sous des lois économiques énoncées il y cent ou deux cents ans par des farceurs et qu’il faudra encore des décennies pour que l’on se rende compte que ce que nous imaginions était une erreur et que les exemples donnés de certains grands hommes, l’étaient dans un contexte qui n’existe plus, ou pire, qui n’a vraiment jamais existé.
La science économique est une des rares sciences où il vaut mieux avoir raison après qu’avant. Quand il est trop tard, on vérifie que la pratique a détruit de fond en comble la théorie.
Comme cette science ne prévoit jamais que du progrès et un bel avenir à condition de rester dans l’orthodoxie capitaliste, elle se trompe généralement neuf fois sur dix.
La loi de Say est une de ces âneries à laquelle, encore aujourd’hui, l’Europe croit dur comme fer.
Say était l’ami de Chamfort, ce qui ne le dédouane que du côté de la bonne littérature, quant à ses théories… « L’offre crée sa propre demande. » (à l’offre correspond la demande en harmonie), l’Europe en est encore entichée malgré les millions de chômeurs.
Redoutable de bon sens, cela voudrait dire, par exemple, je crée des voitures que la main-d’œuvre nécessaire à cette création achètera. Sans entrer dans le détail, Keynes (La Théorie générale de l’emploi) a rejeté comme absurde la logique apparente de la loi de Say. Au slogan « laissez faire, laissez passer, et tôt ou tard, vous verrez ce que vous verrez » Keynes répondit « Tôt ou tard, je serai mort ». Dans le long terme nous serons tous morts.
Eh bien ! c’est de cette Loi de Say dont le mouvement libéral et la Commission européenne se nourrissent encore.
Autre bêtise révérée :
Lipsey et Lancaster démontrent que les privatisations par l’effet d’un coup par ci et d’un coup par là, au lieu de créer une meilleure situation conduit au chômage et à la pagaille.
Des socialistes aux libéraux, tout le monde dénationalise par petits paquets, souvent pour faire l’appoint des quelques centaines de millions qui manquent au budget. On remet aux privés des gestions sensibles, sous prétexte que ce sera mieux géré et à meilleur coût..
C’est tirer à vue sur la politique économique de Bruxelles de prétendre le contraire. Le problème, c’est qu’on ne peut aller à l’efficacité par la concurrence ! Prenons la Poste, le résultat de la privatisation progressive est pitoyable. Plus de bureaux dans les petits villages. Retard généralisé du courrier. Pertes et vols de petits colis. Etc.
Dans les chemins de fer, outre qu’ils soient deux fois plus victimes d’erreurs d’aiguillage et d’accidents en raison du manque d’entretien, on supprime les trains de banlieues et on argumente pour que les TGV s’inscrivent en concurrence avec l’aviation régionale. Résultat, une moins bonne couverture géographique, désertification, augmentation de la délinquance, etc.
Le libéralisme est donc une source de gabegie.
Les services publics vendus au privé coûteront plus chers aux citoyens.
Son application étendue à la terre entière est impossible et avec la montée en puissance de la Chine et de l’Inde nous allons en sentir les effets immédiats.
Déjà, les ressources de la planète sont limitées : si tous ses habitants avaient notre niveau de vie, il faudrait les ressources de 5 Terres pour subvenir à leurs besoins.

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L'économie libérale est par nature gaspilleuse de ressources. La situation de rareté des ressources et la compétition conduisent à une impasse. On ne peut rationaliser et économiser les ressources dans un pareil système. La charte sur la diminution des gaz à effet de serre est incompatible avec l’économie libérale.
La dérégulation et la concurrence qui encouragent la concentration des entreprises dissipent de fait de nombreux investissements et ressources lors d"une fusion-absorption : combien de milliards d"euros disparus (qui auraient pu être investis ailleurs) lors de la faillite d"Enron ? Combien de millions de tonnes d"acier, d"heures de travail, de tonnes de pétrole, de capitaux dépensés en pure perte quand certains sites d’Arcelor fermeront après un regroupement avec Mittal ?
Combien d"argent dépensés en pure perte quand un Etat forme des ingénieurs ou des ouvriers qualifiés que l'économie envoie directement au chômage ?
L'aménagement progressif de la concurrence ne fait que déséquilibrer les facteurs constitutifs de la concurrence et génère des destructions de richesses irremplaçables. L'exemple de la Russie est significatif à cet égard : l'introduction progressive de la concurrence a tout détruit des infrastructures qui avaient été construites pendant 70 ans - plus rien ne fonctionne hors des zones très restreintes où le capitalisme le plus primitif se goinfre sur le dos des populations.
Si l'économie est homogène à l'échelle de la planète, on ne saurait oublier que les acteurs n'y sont pas en situation concurrentielle optimale. De fait la dissymétrie règne partout : dans l'information, dans l'accès aux ressources, dans les conditions de production. Les uns ont les idées, les autres le pétrole, certains rien du tout. Le libéralisme consiste à laisser des individus piller certaines ressources pour optimiser leurs gains. Combien de destructions pour des gains unilatéraux ?
Demain, les Américains continueront de saloper la planète au nom de l’économie libérale, d'en piller une partie, de louer le seigneur dans leurs églises de les avoir épargnés des contraintes qu’ils imposent aux autres.
Et tous les Européens seront cocus, les Libéraux en tête.

5 juillet 2007

L’informe mateur aurait tout vu !

-Monsieur Reynders, on dit que vous voulez établir un nouveau record. Est-ce exact ?
- J’ai dit que les négociations pour la formation du futur gouvernement devront commencer le plus rapidement possible, afin que le record de longueur soit battu et homologué, entre la fin de ma mission d’informateur et la mise sur pied d’une nouvelle équipe.
-Vous espérez gagner la coupe du roi ?
-Je crois que j’ai bien joué. Et que je la mérite.
-Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?
-J’ai suffisamment brouillé les cartes, pataugé dans les combinaisons de partis, indisposé suffisamment de monde pour que mon nouveau record soit établi.
-Oui. Sincèrement, vous avez fait fort. Dehaene détenteur du dernier record avançait la date du 21 juillet, pour la fin de votre essai.
-Alors, son record aurait tenu contre le mien ! Qu’il débroussaille ailleurs, par exemple son jardin, vous avez vu ses mauvaises herbes ? Je pense que mon record tiendra jusqu’au 15 août. Ainsi je pourrai fêter la coupe en Outremeuse.
-On vous prête l’intention de briguer la place de maïeur de la République Libre ?
-J’ai collé des affiches rue Puits-en-Sock. Mais, je garde la tête froide. Je me concentre sur le match suivant à gagner…
-C’est votre plus beau tennis ?
-Je ne suis pas mécontent. J’ai battu Milquet en deux sets.
-Vous avez fait tout pour…
-Une fille honnête ne permet à personne de fouiller dans sa mante.
-Puis vous avez aligné deux victoires, Patrick Dewael et Bart Somers.
-Yves Leterme aura difficile de conclure.
- Une bipartite se dégage clairement du résultat des élections.
-C’est pourquoi j’ai prêché le contraire afin de tenir jusqu’au 15.
-Vous avez fait une ouverture aux Ecolos ?
-Oui, j’avais un bon demi d’ouverture en la personne de Louis Michel, mais il est retourné à son club d’origine. Son fils ne le vaut pas. C’est pourquoi j’ai demandé la liste des transferts d’Ecolo…
- Vous avez découragé ceux qui ont gagné les élections d'aller au gouvernement. Cela fait toujours partie de votre projet de record ?
-Je dois dire que j’ai eu beaucoup de chance. Je n’avais aucun plan précis. Je travaille à l’inspiration. On est doué ou on ne l’est pas. Moi, je ne suis pas doué. Je suis seulement courageux.
-Qu’allez-vous faire après ?
-Je ne sais pas. J’hésite. Si je gagne la coupe du roi, cela me donnera confiance pour la suite de ma carrière.
-L'éventuelle scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde doit faire partie de la négociation ?
-C’est mon point fort. J’ai accueilli tous mes visiteurs par cette question. J’ai senti que je faisais mouche et qu’ils n’allaient pas en rester là. Je les faisais attendre exprès deux par deux. Leterme et Di Rupo, Milquet et Patrick Dewael. Comme je n’avais plus de paire opposable, j’avais mis Jean-Michel Javaux et Isabelle Durant face à face. Ce sont eux qui ont fait le plus de bruit. On a dû les séparer !
-Et le concept de développement durable ?
-On est d’accord sur un point : est-ce que le développement durable est durable ?
-C’est-à-dire ?
-Je les ai lancé sur un concours Lépine du genre mouvement perpétuel.
-Vous n’avez rien à ajouter ?
-Le souverain peut favoriser l’établissement de mon record en décidant des informations complémentaires. Dans ce cas, le 16 août date limite, passerait au 15 septembre.
-Et si nous n’avions plus de gouvernement fédéral ?
-J’y ai songé. Cela nous ferait des économies ; car, plus de gouvernement fédéral, plus de double emploi avec les parlements et les gouvernements régionaux.

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-Et le roi, dans tout cela ?
-Il n’y aurait rien de changé. Il règnerait sur les trois régions. Ses armoiries pourraient être le fameux aigle tricéphale.
-La région des Fourons, que deviendrait-elle ?
-Une zone neutre, avec un casino et des banques hors taxe.
-Monsieur Reynders, je vous remercie. Et comment va votre sœur ?
-Elle bat le beurre, mais elle ne compte pas en rester là.
-Où ?
-Là ! Si vous voyez ce que je veux dire ?
-Non.
-Tant pis. Je n’en dirai pas plus.

4 juillet 2007

L’Homo oeconomicus

En changeant de siècle, le citoyen n’a pas changé son opinion secrète et parfois inconsciente sur l’accélération malfaisante du tout libéral. C’est en dépensant plus facilement l’argent de son pécule de vacances que sa paie ordinaire, qu’il sent confusément que tout se réduit à la dimension marchande.
Sa morale s’est adaptée et l’accompagne comme une absolution de tout ce qu’il entreprend de trouble. Cela va de la déclaration d’impôt, au constat d’accident de roulage, en passant par le CV d’embauche et l’évacuation de sa responsabilité des fautes au travail et dans sa famille, l’Homo oeconomicus ment comme il respire.
Il croit dur comme fer que c’est le plus « malin » qui attrape l’autre.
Seul avec lui même, quand il n’est plus nécessaire de jouer la comédie du bonheur dans une société idéale, il ne s’interdit pas de penser que le siècle qui s’ouvre va vers des temps de grande scélératesse, où tout dépendra de lui qu’il soit pigeon ou épervier. Ce qui est une idée fausse, tant il est plus vraisemblable qu’il n’aura pas l’opportunité d’être épervier ; car le destin du plus grand nombre est d’être pigeon.
Quand sa barque est sur le point de chavirer, l’Homo oeconomicus pense que l’on devrait prévenir davantage les inégalités qui découlent du libéralisme sans frein ; mais, on lui dit si souvent que ce serait retomber dans le communisme stalinien, qu’il prend comme argent comptant la méthode Sarkozy dont tout le monde vante les qualités sans avoir encore vu aucun résultat. Quand, au contraire, la prospérité le porte, il considère la pauvreté comme un vice et l’assistanat comme une tare freinant le développement.
Cependant, il reste sceptique sur l’embellie qui finira par triompher de tout, au point qu’il redoute que les choses aillent en s’aggravant, et qu’elles risquent de durer et d’accabler de plus en plus de monde !
Les égoïsmes individuels sont plus faciles à gérer, que l’éthique et la rigueur.
L’Homo oeconomicus agit en fonction de ses intérêts immédiats et non pas de son malheur possible. Il n’est fondamentalement optimiste que pour le futur. Quand on sait que le futur se termine toujours dans l’aporie et la mort, il devrait être plus circonspect.
En fonction de ses intérêts, il entre dans le vif d’une foire d’empoigne. S’il a conservé un peu de sens critique, il a vite fait de comprendre que le premier voyou, enfin celui qui se conduit comme tel… c’est l’Etat lui-même et que vis-à-vis de lui, il aura toujours tort. Il déplore que l’Etat ne soit pas la référence consolante et utile de la vertu.
C’est dans sa logique consumériste de croire que la libre concurrence est la meilleure garantie pour manger du bon pain, plutôt que d’attendre du boulanger bienveillance et altruisme à son égard.
La concurrence semble être pour lui un argument de baisse des prix, même si cela s’est avéré faux souvent. Les prix se sont envolés à leur libération. Les notes de gaz et d’électricité augmentent depuis que la concurrence existe. Cela devrait le faire réfléchir..

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Il croit que le libéralisme actuel dénonce toute perturbation du mécanisme du marché comme devant nuire à l’efficacité du système et donc d’en amoindrir les bienfaits escomptés.
Comme les bienfaits n’arrivent pas, l’Homo oeconomicus hésite à entrer dans la contestation de la logique libérale selon laquelle le système n’est plus efficace, quand les quémandeurs et les assistés sont écoutés.
Pour faire le décompte des morts économiques et pour s’en laver les mains préventivement, les libéraux ne manquent pas de souligner que dans toute compétition il y a des vainqueurs et des vaincus et que cette inégalité dans les chances de réussite ou d’échec peut entraîner des désordres et autres facteurs de perturbation. L’Homo oeconomicus est d’accord sur ce constat d’échec quand il n’est pas menacé personnellement par la mort économique de son entreprise. Dans l’autre cas, il s’affilie au syndicat, réclame des compensations et irait presque à faire des piquets de grève si son asthme le lui permettait.

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Le système actuel lui recommande la plus grande passivité dans le malheur collectif, étant bien entendu que ceux qui ne sont pas désignés sur les listes de la mort économique rebondiront d’autant plus vite du côté de la prospérité…
Le malheureux ne sait pas que produire pour s’enrichir est un concept dépassé. Le deal est de créer de la valeur « à court terme si possible, et quels qu’en soient les moyens pour satisfaire les actionnaires dont l’enthousiasme sera décuplé par la perspective de licenciements » (Axel Kahn).
On voit bien que dans de telles conditions de cynisme – et nous y sommes - le libéralisme est une totale illusion.
L’efficacité de l’économie n’est possible qu’avec des objectifs sociaux établis palier par palier en négociation permanente avec ceux qui sont les victimes de la contrainte produite par la pression de cette efficacité, mais cela l’Homo oeconomicus ne le sait pas. Personne ne le lui dira. Il devra le découvrir par lui-même… quand il sera trop tard !....

3 juillet 2007

Leurs côtés honteux.

Gérard Labrunie, plus connu sous le nom de Gérard de Nerval fut plusieurs fois interné dans les dernières années de sa vie. Il finit misérablement, pendu à une grille d'un bouge, rue de la Vieille-Lanterne, le 26 janvier 1855, dans le « coin le plus sordide qu'il ait pu trouver », nota Baudelaire.
Son parcours d’être ultra sensible ressemble à celui du génial Antonin Artaud, lui aussi interné pendant neuf ans dans les asiles d'aliénés, à Sotteville-lès-Rouen d'abord, puis à l'Hôpital de Ville Evrard, près de Paris, .
Ces deux hommes ont un point commun. Artaud tourna dans le Napoléon d’Abel Gance et Gérard de Nerval, durant des moments de crise, se prit parfois pour Napoléon.
Notre temps manque absolument de fous de cette sorte, alors qu’il y a pléthore de fous autrement plus dangereux, moins visionnaires, qui courent les rues et, mieux encore, gravissant par orgueil et prétention les échelons du pouvoir, s’installent au première loge d’un spectacle dont nous sommes les bouffons.
Nerval, dans sa jeunesse, écrivit « Le Roi de Bicêtre : Raoul Spifame ».
Raconter la folie d’un personnage aussi singulier que Spifame – sosie de Henri II – qui se prit pour le roi de France, s’inscrivait dans l’intuition du devenir de l’auteur, à la différence que son héros s’était investit dans la peau d’un roi encore en vie, tandis que le pauvre Gérard avait subi la disparition de l’empereur et le retour des cendres de Sainte-Hélène, comme une double meurtrissure…
L’épisode au cours duquel Spifane se voit dans un miroir me fait curieusement songer à celui de notre télévision. En ces temps de vacuité saisonnière, nos hommes politiques s'y mirent et se mesurent à eux-mêmes en voyant leurs reflets s'agiter.
« …l’aspect de sa figure reproduite le fit s’arrêter tout à coup. Forcé dans cet instant de veille, de croire à son individualité réelle… il crut voir tout à coup le roi venir à lui… comme compatissant à son sort, sur quoi il se hâta de s’incliner profondément. Lorsqu’il se releva en jetant les yeux sur le prétendu prince, il vit distinctement l’image se relever aussi, signe certain que le roi l’avait salué, ce dont il conçut une grande joie et honneur infini… »
Nous ne verrons qu’Elio Di Rupo, une tête de cerf blanc à la main, pénétrer dans l’hôpital de la plus célèbre fracture du col du fémur qu’oncques jamais plus ne reverra le lieu (sauf si le deuxième flanche aussi). Seul Elio, pourra enregistrer l’image de l’auguste patient serrant le cerf blanc dans ses bras, après qu’il le lui eût tendu. Il pourrait en être pénétré et perturbé comme Gérard et Antonin le furent jadis, d’autant que cette image-là, nous ne la verrons pas. Elle sera entre lui et le roi, comme le reflet d’un miroir.

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Pareillement, Reynders transmettant sa masse de papiers au monarque, sera dans la même situation, sauf que sa farde n’a quand même pas l’allure qu’avait le cadeau du premier fou.
Car le mot est lâché. Nous n’avons plus de génies dérangés et sublimes d’esprit. Nous n’avons plus que des acteurs, cabotinant et jouant la modestie.
Mais, alors, nous en avons pour remplir dix théâtres, meubler mille festivals, brandissant leurs scénarios, disant dans une diction parfaite quelques mauvaises raisons (sauf les Happart qui sont inaudibles, heureusement cantonnés dans des rôles d’hallebardier et les Flamands spécialisés dans le cinéma des Frères Dardenne).
La critique est unanime, pour être de premier plan un acteur de génie doit être un peu fou.
C’est vrai partout, sauf en Belgique. Les acteurs de premier plan, y sont certes un peu fou ; hélas ! ils sont sans génie…
Il suffit de les voir répéter leur rôle depuis les élections pour être certain que le soir de la première, ce sera un four.
Pourquoi dans le tas de comédiens que nous avons, tirons-nous toujours la folie imbécile au lieu de la géniale folie ?
Comment se fait-il qu’elles soient incapables d’être des Nerval ou des Artaud se regardant dans un miroir, ces troupes aguerries depuis tant de saisons ?
Pourquoi nous font-elles voir en leurs sociétaires les « manières » des singes du zoo d’Anvers quand, stationnant devant leur cage, nous renvoyons leur nature simiesque dans un miroir ?
Peut-être, ces cabotins ne sont-ils que des parvenus dont Balzac disait « …qu’ils sont comme les singes desquels ils ont l’adresse : on les voit en hauteur, on admire leur agilité pendant l’escalade ; mais, arrivé à la cime, on n’aperçoit plus que leurs côtés honteux ».

2 juillet 2007

La berge et le vide.

On se bat contre les formulaires, les ordinateurs, les machines des technocrates, voulues par les représentants du peuple, mais qui leur échappent.
Le croc à phynance du père Ubu fonctionne sans les élus, du seul pouvoir délégué de la Haute Administration. C’est-à-dire sans rien d’humain, donc sans nuance, par la pire des justices qui soit, celle qui est égale pour tous (1) !
Le débat public est nul, si bien qu’on pourrait se dire être victime d’un hold-up. Laurette Onkelinx dans son inconscience totalitaire convainc Verhofstadt de passer au Parlement une Loi imbécile sur les armes. La caisse à lapins vote. Ce sont les fonctionnaires et les policiers qui sont chargés du reste. La charmante vient d’augmenter d’un million de personnes la potentialité délinquante du Royaume. Elle est merveilleuse. Si les Arabes ne méprisaient pas tant les femmes, elle aurait fait une bonne ministre de la justice au Yémen.
Depuis l’invention « géniale » de la TVA, codifiée et réglementée par toute l’Europe, les Etats ne se font plus de mouron. C’est la belle taxe pour raquer chez les plus pauvres, donc la meilleure manière de remplir les coffres. L’augmentation vertigineuse des prix des fruits, des légumes, du pain, bref tout ce qui concourt à la survie va profiter à deux catégories de gangsters, les voyous de l’industrie, de la libre concurrence, des carrousels TVA et les truands qui font de l’Etat moderne, européen et démocratique, la ruelle du crime capitaliste.
C’est l’histoire d’un mec… six mois qu’un abonné est mort. Belgacom lui envoie depuis sa facture ! On a beau leur écrire que ce type est mort, peine perdue. L’ordinateur comprend la panne de courant, le bug, le refus de paiement, menace d’huissier, etc. pas le décès d’un abonné.
L’Etat fonctionne comme ça : du privé en devenir, l’ergonomie et la rentabilité en moins. La différence n’est que dans le couloir. Ceux de l’Etat sont toujours plus longs, plus étroits, kafkaïens. Certains visiteurs imprudents doivent souvent patienter jusqu’au lundi l’ouverture des portes, pour en sortir.
Reynders s’affaire à recevoir l’Haut-lieu, histoire d’informer le roi de la manière dont on va river le boulet au pied de ceux qui ne comptent pas. C’est un rituel. Cela ne signifie rien, mais on se rassure à force d’usage. On prend le thé au Ministère des finances. On évalue. Milquet parle de ses époques et des phéromones que dégage Elio. Reynders insiste. Les Flamands regardent médusés le microcosme belgicain. Médor est à la niche. Adamo flatte la bête en la qualifiant d’humaine. Médor pense que la vie est brève et que lundi il va partir en vacances. Et il se rendort, sûr qu’il est de pure race, celle dont le pays à besoin. Il emporte avec lui un grand drapeau belge, des fois qu’au sommet du Tourmalet ce serait le fils Merckx en tête.

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Quand on insiste sur l'absence de consultation démocratique dans l'élaboration des décisions, on nous dit que c’est secret. Ça ne nous regarde pas. Quand ça nous regarde, c’est pour nous passer l’enveloppe sous forme contributive. Reynders fait penser à Jacques Crozemarie, fondateur et ancien président de l'ARC (association pour la recherche sur le cancer) qui récoltait des fonds servant à son usage personnel. Le Ministre des Finances, lui, entretient le train de vie de l’Etat et quelques fois, par crainte d’émeutes, une population au bord du gouffre.
Le pouvoir de prétendus experts – irresponsable toujours - laisse le champ libre aux amicales pressions des lobbies. Disparaît l'esprit civique à leur profit. Tous les coups étant permis, cela démoralise le citoyen. Le Privé fait le reste. L’argent coule à flots dans le fleuve Pactole.
Bien sûr que Leterme aura ses réformes de structure de l’Etat et que les accords de gouvernement iront vers un Etat confédéral.
Et alors ?
Les techniciens ont déjà les plans et les règlements prêts. Il suffit à nos rois du rire de les authentifier de leurs mains fines.
L’intérêt public se confond avec les notions d’efficacité et de rentabilité en termes d'équilibre budgétaire. La réduction des dépenses publiques ne passent pas par des élections, mais par un management.
Par exemple : ceux qui ont fait de Droixhe un ghetto, font une victoire personnelle des millions d’euros que coûtera la réhabilitation. Le comble, c’est qu’ils seront applaudis !... On verra quelques édiles sur le chantier le jour « J » une truelle d’argent à la main.
Reste à savoir si les habitants des lieux seront réhabilités aussi.
On va les encadrer, les soutenir ou les expulser ?
On ferait mieux plutôt que de s'attacher aux mécanismes de la démocratie, d'en rappeler les principes.
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1. Ernest Renan « Il n’y a pire injustice que celle qui consiste à traiter également des choses inégales. »

1 juillet 2007

Crizie.

Crizie m’accompagne à la gare, parce qu’elle à affaire dans le quartier.
Au moment du départ du train, un groupe de jeunes gens arrivent. Crizie les regarde et oublie de me faire signe, alors que j’avais déjà levé la main en guise d’au revoir. C’est un des jeunes gens que nous ne connaissons ni d’Eve, ni d’Adam qui répond à mon geste en levant son bonnet. Le groupe s’esclaffe et Crizie aussi, qui me tournant le dos engage la conversation.
C’est un fait. Elle est coquette.
Sa mère m’a dit un jour de solde alors que Crizie s’était perdue dans les rayons : « A vous voir tous les deux, on dirait que vous êtes cocu ; pourtant, je connais ma fille, c’est ce que vous êtes le moins ».
Je voudrais savoir ce qu’elle entend par être moins cocu ?
Comme j’écrivais, Crizie s’est mise à la peinture. Si j’avais été peintre, elle se fût mise à l’écriture. Des écrivains à qui plaire, il s’en trouve beaucoup moins que des peintres d’académie. On dirait que leur seule occupation, c’est de faire le paon dès qu’approche une consoeur. Comme je lui en faisais la remarque, Crizie eut ce mot « Entre les gens qui ont du talent, l’amitié amoureuse est naturelle. Comment peux-tu le savoir, toi qui n’en a pas ! ».
Nous étions au vernissage d’un barbouilleur de ses amis qui la mangeait du regard, au point que cela en devenait indécent. Cela lui était déjà arrivé dans la rue, avec un autre peintre et elle avait piqué un fard en me regardant du coin de l’œil. Cette fois, Crizie n’en éprouva aucune rougeur. Elle me désigna à l’artiste par « Tiens, regarde celui-là, en voilà un qui traîne. »
Comme je lui faisais remarquer plus tard que nous étions au lit que j’avais cru entendre « …en voilà un qui les traîne… », elle me dit que si elle l‘avait voulu, cela serait fait depuis longtemps. Et de me rappeler le petit serveur du Rozier qui attendait que je quitte la maison que nous avions louée pour se précipiter à ses pieds. Et de me reprocher que je ne l’avais jamais laissée seule une seconde durant les quinze jours du séjour, de sorte qu’elle ne saura jamais si elle aurait été capable de lui résister !
Crizie a pendant longtemps voulu que son atelier soit dans la même galerie que mon bureau. Elle en pleine loggia bien éclairée par deux fenêtres, moi dans le coin le plus obscur au point qu’il faut une lampe en plein midi.
Elle vient de changer d’avis brusquement et s’est approprié les deux plus vastes pièces du rez-de-chaussée. Elle envisage d’y installer aussi un lit depuis qu’elle a rencontré un chanteur basse profonde retraité d’une scène lyrique qui l’assure que l’inspiration est meilleure à l’issue de nuits de solitude.
Ce type est entré dans notre vie sans me demander mon avis.
Comme je lui en faisais la remarque, Crizie m’a toisé du regard « Tu devrais être heureux que Pierre m’ait redonné une seconde jeunesse ! » Pourquoi faire, répliqué-je, il est vingt ans plus vieux que toi !
Son regard noir me troua de part en part. « Au moins lui, il assume. »
Quoi ? Ce type boucle son mois en accompagnant les vieilles dans les autocars du troisième âge. Elle me prend tellement pour rien, en comparaison de lui si supérieur, qu’à la fin, je ne me sens plus rien, en effet !

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C’est ce jour là qu’elle a décidé d’accompagner sa peinture de notes explicatives en vers. « Avec ma sensibilité, il y a longtemps que j’aurais dû me lancer dans la poésie. » Depuis, elle repique dans le gros classeur que je lui ai donné, ce qui trouve grâce à ses yeux de ma poésie de jeunesse. Le comble, c’est qu’elle me les lit étant de son crû et comme je fais une drôle de tête, elle dit « Evidemment, c’est autre chose que ta poésie de jeunesse et je vois bien que cela te dérange. »
Mais ce n’est pas assez de cordes à sa lyre et elle s’est mise sur le tard à la musique.
Cela ne lui réussit pas trop mal et elle aurait dû commencer par là et ne pas se lancer dans ses autres activités artistiques.
C’est ce qu’un soir de grande tension je n’ai pu m’empêcher de lui dire dans un réflexe de défense.
Depuis, la hache de guerre est déterrée.
Mon insuffisance supposée est extrême dans tous les domaines. Elle en fait part à tout le monde. Je ne suis plus assez performant, surtout dans celui rédhibitoire à toute entente cordiale.
Venant de la part d’une épouse qui a toujours mangé le plaisir sur le dos sans esquisser la moindre initiative afin d’aborder d’autres figures que celle qu’elle apprécie, c’est gonflé.
Comme elle a épuisé aussi la basse profonde qu’on tente de requinquer en pleine obsolescence dans une maison de convalescence, elle reçoit les conseils d’un Italien tout ébouriffé qui a l’air d’un artiste sans en être un. Cela lui donne l’avantage de ne la concurrencer en rien. Avant de mettre mes deux valises sur le trottoir, elle a le temps de me lancer « enfin, j’ai rencontré un homme très intelligent ».
Comme il a l’air d’ouvrir ses placards afin qu’elle y range ses pinceaux sur le temps qu’il a repris dans son garage l’industrie des cadres que j’ai abandonnée, afin de pourvoir les œuvres de l’artiste, j’en doute.