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31 janvier 2008

Une morte saison.

La Belgique, avec 2.000 cas constatés l'année dernière, partage avec le Danemark et le Luxembourg le record parmi les pays où l’on observe le plus de suicides ! Vient ensuite la France qui n’est pas loin du peloton de tête.
Le suicide fait plus de victimes que les accidents de la route.
On dépense des millions d’euros par an pour la prévention des accidents de la route et presque rien pour la cause de mortalité "accidentelle" la plus importante !
Pourquoi ne le fait-on pas ?
Parce qu’il faudrait mettre en cause parmi les raisons principales, la société elle-même dans sa dérive productiviste et ses structures économiques.
On comprend la discrétion des pouvoirs publics. On ne voit pas bien Reynders glorifier la manière de vivre et de produire en Belgique, terre de démocratie et de liberté, pour avouer ensuite que la morosité vire parfois à la neurasthénie et que la façon d’y travailler, d’y être licencié et d’y chercher vainement du travail, entre pour une bonne part dans la décision de l’acte fatal.
Certes, les causes du dégoût de vivre ne se limitent pas aux conditions d’existence, quoiqu’on ne puisse raisonnablement pas conclure que dans les suicides par amour ou par soudaine déraison n’entre pas pour une part l’existence dégradée que connaissent aujourd’hui les Belges pour la plupart.
A 23 suicides pour 100.000 habitants, le double des Pays-Bas, la Belgique est au-dessus de la moyenne mondiale qui est de 14,5. Ce pays serait-il plus difficile à vivre que d’autres ?
Les familles n’en parlent guère. Souvent on maquille le suicide en accident. Cette société de faux jetons va jusqu’au bout dans le travestissement. Elle a besoin sans doute pour son propre équilibre de ne pas trop se poser de questions. Il est de bon ton de suivre le troupeau glorifiant le formidable niveau de vie, le merveilleux d’être Belge, la prodigieuse invention du suffrage universel, l’exceptionnelle qualité de nos hommes politiques, la superbe invention qu’est l’entreprise moderne et le plaisir d’y travailler parmi les plus excellents collaborateurs que la société de consommation vit jamais !
-La mort ? Vous n’y pensez pas ! Il y a des funérariums discrets pour ça…
Sans quoi, l’écran brisé : la crise, l’inflation, le chômage, le dégoût des villes immondices, le sentiment que la misère monte et touche de plus en plus de gens submergeraient l’entendement du Belge moyen qui risquerait de se retourner contre les donneurs de leçons, ces grands prêtres de l’économie de marché, pour leur dire les quatre vérités de l’honnête homme.
En foi de quoi, l’historien de l’économie, Jacques Marseille, professeur en Sorbonne, au lieu de dire amusé que dans un pays comme la France, il y a encore 10 % de gens d’extrême gauche – ceci glosé avec une ironie qui laisse croire que ces extrémistes lui paraissent complètement cinglés – il faudrait qu’il lâche du bout des lèvres un chiffre bien supérieur et qui lui ferait moins de plaisir.

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Le désespoir d’être dans une sorte de trou social, après la famille qui peut être aussi l’antichambre de l’enfer, le désespoir, dis-je, est probablement la cause de plus de suicides qu’il y paraît.
Comment comprendre autrement le suicide des jeunes, en forte augmentation ?
La courbe au-delà des années 80 est ascendante. Elle correspond à la fin des 30 glorieuses. Les jeunes pour la plupart dans les années de l’immédiate après guerre ressentaient le besoin de s’impliquer dans la vie citoyenne. Ils militaient dans les partis, aiguisaient leur jeune esprit dans la critique et la lecture des journaux, voulaient que la démocratie devienne enfin ce qu’elle aurait dû être depuis longtemps : la forme de vie souhaitée par le plus grand nombre avec comme objectif le mieux être par une égalité des chances.
Après l’explosion de 68, quelques grèves ratées plus loin, la population s’est tournée vers des plaisirs qui ont dissous sa capacité de réflexion, son enthousiasme, sa volonté de faire ensemble autre chose que courir après les corrections sociales d’une mondialisation de l’économie accélérée.
On ne peut pas faire autrement, dit Jacques Marseille. Il faut s’aligner ou périr.
Eh bien ! il a raison. Les gens périssent d’ennui, de dégoût, de déconvenue, du rejet enfin de ce simulacre de démocratie.
Pourquoi la prévention du suicide reste-t-il un machin peu porteur ?
A cause de toutes les considérations précédentes.
Les périodes les moins atteintes par les suicides sont celles de l’histoire où l’individu s’est senti en danger, telles les guerres et les révolutions. Si elles font par ailleurs des victimes, il n’en meurt guère par volonté personnelle. L’instinct de vie y est plus fort que tout.
La mélasse dans laquelle nous pataugeons est faite d’un dégoûtant empirisme, d’une lâcheté inouïe envers nos suborneurs à la tête de l’Europe et de nos richissimes magnats gavés de nos dépouilles..
Au niveau social, le flop est magistral. Pour beaucoup, le suicide est devenu la seule protestation possible.
Quand on aura touché le fond, il faudra bien d’un coup de talon remonter à la surface.
Peut-être en voyant le ciel toujours bleu qui brille pour tout le monde, que les gens se diront libérés de ceux qui les humilient.
Ils se reconnaîtront dans la définition de Sartre « Un homme parmi les hommes et que vaut n’importe qui. » ; alors, qu’ils fichent ce système en l’air, en se disant qu’il ne vaut rien et qu’ils en construisent d’autres, des tas d’autres, jusqu’à ce qu’ils en trouvent un meilleur.
Je gage que le nombre de suicides sera ce jour-là en nette diminution.

30 janvier 2008

Kerviel - Bouton : un duo d’enfer !

-Une brebis galleuse et voilà Daniel Bouton emmerdé !
-Jérôme Kerviel, le trader, responsable de l’emploi de 130.000 personnes, tu imagines
-Quel salaud !
-D’autant que Bouton n’en savait rien. Surpris qu’il a été qu’on puisse piquer 5 milliards à la Société générale, alors que lui n’a jamais su piquer que son salaire.
-C’est quand même pas mal.
-…à côté de 5 milliards !
-Imagine que Kerviel se soit pris pour Zoro. 5 milliards divisés par 130.000, cela fait quand même 38.461 euros par membre du personnel.
-Voilà qui aurait de la gueule et rétablirait l’image sociale de la banque.
-Tu crois que les actionnaires auraient apprécié que leurs spéculations servent au petit personnel ?
-Reste que c’est le seul Kerviel qui est en garde à vue.
-Pour quel motif ? Il paraît qu’il n’aurait rien piqué. C’était juste pour toucher des primes au résultat. C’est bien la première fois qu’on va en tôle parce qu’on a fait preuve de maladresse…
-D’une grande maladresse quand même.
-Et Bouton, passe au travers ? Pourtant, c’est le roi des cons, s’il ne savait pas qu’on dilapide 5 milliards à côté de son bureau ! !
-Christine Lagarde, la tôlière des Finances françaises, a dit qu'il incombait aux administrateurs de la banque de changer ou non de capitaine.
-Elle est belle la France, pourquoi elle s’est occupée de Kerviel et qu’elle attend que ce soit les administrateurs qui s’occupent de Bouton, le responsable en chef ?
-C’est ça les mystères de l’économie. Bouton est un économistes malheureux. Kerviel un employé malhonnête. D’ailleurs le patron a mis sa démission sur la table !
-Reste à savoir laquelle ? Si c’est la table de sa résidence secondaire, sa servante s’en sera servi pour y mettre les épluchures de pommes de terre.
-C’est pas que le chef suprême qui est embarqué dans une drôle de galère. La Société générale dément des rumeurs de délit d'initié, blanchissant Robert Day, un Américain plein aux as qui a liquidé pour 40,5 millions d'actions avant le coup foireux de Kerviel. Tu peux être sûr que l’épilogue s’est fait en deux temps. Le premier on sauve les meubles et objets personnels parce qu’on est devant la révélation du siècle : Kerviel est un pervers. Puis, les biftons à l’abri, on dénonce le trader, en deuxième partie.
-Il y a encore une autre hypothèse. Des malfrats aux plus hauts postes complotent le casse du siècle. Ils poussent le charlot à des achats foireux. L’autre ébloui tripote son ordinateur. Les ordres d’achat atterrissent dans quelques banques en Europe et aux States. Ils se rendorment en attendant que le lampiste déguste et soit découvert et qu’une fois le scandale oublié, ils puissent se remplir les mallettes à l’étranger en bons biftons de la banque de France.

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-C’est quand même du bel argent, non imposable…
-Bouton sait bien qu’il y a de l’oseille dans les coffres. La banque procède au plus mauvais moment à une augmentation de capital de 5,5 milliards d'euros pour restaurer ses fonds propres.
-Ne sont baisés que les petits personnels qui voient passer sous leur nez les primes de rendement. Les actionnaires, les infimes et éternels enculés de la chose bancaire, peuvent se brosser sur la valeur du titre. L’Etat français qui ne peut pas happer au passage sa part de chair fraîche… Quant aux managers, de deux choses l’une, ou ils ont vendu au bon moment, ou il y a 5 milliards qui attendent quelques-uns d’entre eux aux îles Caïmans.
-Les contrôles internes de la banque ont fonctionné. C’est Lagarde qui en témoigne.
-C’est pas rassurant qu’un Trader ait pu les blouser à ce point…
-Tout de suite le groupe UMP à l'Assemblée s'est prononcé contre la création d'une commission d'enquête parlementaire. Les financiers français n’ont pas pour rien sucré le parti et son président.
- Le fait que Jérôme Kerviel ait déclaré à la police que sa direction était au courant de ses pratiques d'engagement à risques sur les marchés financiers, en principe irréguliers, fait pencher pour l’hypothèse que la direction fermait les yeux, d’où la machination qu’on évoquait tout à l’heure.
-Si j’étais Kerviel, j’aimerais autant rester en tôle un moment. On a tué pour moins que 5 milliards. Reynders à beau dire que le capitalisme est formidable et moral, c’est quand même dans le milieu, pour des motifs bien plus futiles, qu’on recrute facile des tueurs.
-…à moins que la Société générale ayant beaucoup perdu sur les marchés des subprimes ne se soit résolue à faire un écran de fumée en faisant tomber Kerviel au plus mauvais moment.
-Aux dernières nouvelles Corleone n’était pas au courant. Les Napolitains, peut-être ?
-On a l’air de quoi, nous, en Région, avec le plan Marshall de 100 briques ?
-…de 3 millions 5 de couillons !

29 janvier 2008

"Le Monde" sur la corde raide.

On le sait, les gens ne lisent plus ou si mal que le NET leur suffit amplement. Ils ne s’intéressent plus au sort de leur collectivité. Ils n’ont plus l’esprit critique. A cause de tout cela, la presse écrite – l’ancienne, pas les papiers culs - se trouve en grand péril.
Ce n’est pas nouveau. Les journaux régionaux ont disparu, sauf quelques rescapés, depuis plus de vingt ans, soit rachetés, soit liquéfiés dans les remous financiers et les magouilles bancaires. Pourtant, les pauvres, il n’y avait pas plus serviles vis-à-vis des pouvoirs. Il faut croire que les forclos avaient encore trop d’esprit critique.
La polémique fout le camp. Les folliculaires qui restent ne débusquent plus des lièvres. Les cadavres dans les placards reposent désormais dans la paix éternelle. Les Rouletabille qui persistent sont dans le collimateur du pouvoir.
Subsistent quelques titres de référence, eux-mêmes bientôt piégés par la finance et les richissimes qui se paient un journal, comme d’autres élèvent des chevaux de course.
Il y a de-ci, de-là, parmi les brouillons et les paquets d’invendus, des titres qui gênent encore assez pour que des marioles de droite – ce sont eux qui ont l’oseille – se disent « Tiens, je vais me le farcir. Voilà longtemps que son esprit critique me fait chier. A l’ère du libéralisme avancé et avec les moyens dont nous disposons, ce serait bien que je puisse lui fermer la gueule. » (Oui, oui, c’est ainsi qu’on parle dans les salons !).
S’est-il lancé tout seul ou a-t-on téléguidé le furet ? Alain Minc est entré dans le terrier de garenne du journal Le Monde. L’esprit vif, l’œil en éveil tant il craint les pieds au cul, il s’est installé comme chez lui, avec le culot d’un tabellion de bons de caisse.
Alain Minc avec sa dégaine d’intello hasardeux annonce la couleur ; mais on s’y laisse prendre quand même. Comment expliquer que le charme dont il est dépourvu, parvient néanmoins à faire mouche ?
C’est que ce fantassin de la droite vient s’installer dans les conseil des grenades dans sa besace. Il ne les montre pas, mais on sait que d’un petit geste nerveux il pourrait en dégoupiller une.
Le Monde a une machinerie compliquée qui s’appelle la Société des rédacteurs. C’est ce qui lui a permis jusqu’à présent d’éviter les Lagardère, les Dassault et les Bolloré, magnats sans prétention littéraire mais que démange le démon de l’écriture en faveur de la politique de la France, entendez celle de l’ami Sarkozy.
Le furet a été installé par l’actionnaire externe au Conseil de surveillance. En gros, il a joué du violon et promis la rentabilité financière en diversifiant les publications du Monde par des rachats en province et des publications connexes.
Les journalistes n’ont pas été attentifs aux conditions d’achat. Si bien que les petites affaires font des bénéfices, tandis que Le Monde a un passif qui s’alourdit. Les Rédacteurs sont tout à fait incapables de procéder à une augmentation du capital.
Le furet a posé ses collets. Il a des amis prêts à investir, exit les rédacteurs. Un huissier pourrait faire l’inventaire des biens, un redressement judiciaire imposerait un administrateur nommé par le Tribunal de commerce, bref, Alain Minc est ravi, les lecteurs du Monde sont consternés et les rédacteurs associés se demandent quand ils vont être fichu à la porte.
Voilà en quelques mots, avec des erreurs sans doute dans les détails, mais c’est à peu près la situation actuelle.

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Cette situation conduit à l’opinion que si Lagardère augmentait sa participation dans le groupe Le Monde, celui-ci pourrait perdre son indépendance. Arnaud Lagardère est en effet un ami intime de Nicolas Sarkozy, comme il est écrit plus haut.
C'est en raison de cette tentative de prise de contrôle que le directeur du journal, Eric Fottorino, est revenu sur sa démission et s'est porté candidat à la présidence du groupe. L'indépendance du journal est en train de se jouer.
On s’est aperçu qu’Alain Minc est partout dans les milieux financiers et politiques, quand on ne le voit pas à la FNAC signer son dernier ouvrage du genre « comment se faire du blé sur le dos des imbéciles ». Le furet serait devenu le principal conseiller des grands patrons français. Il est multiformes, chasseur de têtes, évangéliste selon Wall Street, il a des relations, s’occupe même des parachutes dorés pour les amis en détresse.
Si bien que l’on peut parler du système Minc.
Bien entendu, du point de vue technique, le journal à des problèmes : les recettes de l’entreprise ne sont plus en rapport avec le nombre d’ouvriers et d’employés. Le syndicat du Livre est omniprésent et pourrait mettre par terre le journal s’il le voulait. Aussi, doit-on marcher sur du velours. Il est évident que si Lagardère devenait le patron, Alain Minc pourrait liquider la moitié du personnel et se ficherait de la réaction syndicale grâce au solide matelas du groupe qui pourrait tenir le coup, sans doute plus longtemps que le syndicat. Les salaires du secteur administratif sont parmi les plus élevés de la profession, le procédé de fabrication est coûteux et les imprimeries tournent à temps partiel faute de travail. Les rédacteurs étant eux-mêmes sous certaines conditions actionnaires du journal, il est très difficile de voter au sein du groupe une diminution du personnel !
La dette du Monde, aujourd’hui, est de 100 millions d’euros, avec 146 millions d’euros de perte en cinq ans, dont 14,3 millions en 2006.
Lagardère reprendrait le titre et remplacerait le personnel de l’écrit par ses écrivaillons de l’Etat libéral. Cela ne se ferait pas du jour au lendemain, mais la nouvelle équipe serait prête pour la réélection de Sarko.
Si ce journal est repris par la droite, c’est-à-dire les amis de Sarkozy, ce sera une voix critique qui disparaîtra. Ne restera plus que le souvenir d’un grand journal, fondé par un grand Monsieur, Hubert Beuve-Méry, dont les successeurs ont été parmi les meilleurs journalistes d’expression française.
Et moi je perdrai Raphaëlle Bacqué dont j’aime particulièrement l’écriture et le reste.

28 janvier 2008

Une société de délinquants.

Beaucoup de beaux prêcheurs, potentiellement responsables de l’augmentation de la délinquance, sur le plateau de la RTBf, ce dimanche 27 janvier !
Petit débat entre amis du Centre – Centre gauche, centre droit – au sujet des prisons et accessoirement des prisonniers.
Faut-il les maintenir jusqu’au bout de leur peine au pain du roi, les orner d’un bracelet judiciaire ou les libérer, faute de place, au tiers ou au quart de l’accomplissement de leur temps ?
Admirable débat dans lequel l’altruiste modéré Josy Dubié, et madame Borré, psychologue et nautonier des enfers carcéraux, se démarquaient de la dureté des politiques, De Decker en tête, suivi d’une courte tête par MM. Wathelet et Alain Courtois.
Restait à madame Drisket, chargée de l’application des peines place Saint-Lambert de dresser en quelques mots le portrait social type du délinquant.
Horreur et damnation ! Le délinquant type provient essentiellement d’un milieu défavorisé, son parcours scolaire s’arrête avant la fin des études primaires ; sa famille, à peine l’enfant au monde, s’en désintéresse et s’enfonce illico dans les stupres et dans l’alcoolisme.
La voilà bien la société belge d’en haut, implacable au constat, elle voit bien que les remèdes passent par l’acculturation des couches pauvres, cependant, elle est incapable de les appliquer en oubliant volontairement les conditions économiques qui les y aideraient !
Ces gamines et gamins du centre gauche/droit sont à fesser.
Ils razzient les pots de confiture, se gonflent d’importance, se gargarisent des belles réussites à la RTBf et du haut d’une condition sociale supérieure accablent ceux qui n’en peuvent !
Quittons les tapis plain ; les pièces surchauffées et les déjeuners à la carte. Retombons les pieds dans le purin.
La délinquance augmente, bracelet ou pas bracelet, l’ancien tôlard reste « dangereux ». Il ne faut pas chercher la responsabilité principale de ce désastre social ailleurs que chez ceux qui ont conduit le pays là où il est, c’est-à-dire eux, nos admirables, et non pas ceux qui n’ont jamais rien eu à dire et qu’on ne voit d’ailleurs jamais – sinon bien filtrés – sur les plateaux de la RTBF et de RTL.
Le réflexe de ce joli monde, c’est d’abord s’exonérer de tout reproche. La délinquance n’est pas de leur responsabilité. Eux, ils se contentent de se tirer peinards des basse couches populaires. Ils jurent qu’ils ne sont pour rien dans l’accroissement des pauvretés et parallèlement dans celui des richesses.
C’est entendu, nos hardis débatteurs ne sont responsables de rien : les bas salaires, les discriminations, les incitations perverses à la consommation. C’est du domaine économique et encore, celui-ci est bel et bien mondial. Que voulez-vous qu’ils fassent ?
Ils ont eu des parents prévoyants, médecins, banquiers ou maîtres chanteurs, ils ont fait des études vite amorties par le salaire du mérite et ils ont eu le temps de s’occuper de leurs enfants qui ne pourront que reproduire leurs éminentes qualités de citoyens honorables et respectés.
De petits génies, ces futurs dirigeants, nous n’en doutons pas.
Dès lors, les couches populaires n’ont que ce qu’elles méritent.
Il ne faut pas s’attendre à quelque chose d’extraordinaire des petites gens.
Voilà en filigrane les discours qu’ils prononcent à longueur d’année.
A quand la parfaite étiologie de la délinquance ?
Il manque au drame belge, outre la parole à donner à ceux qui ne l’ont jamais, un pouvoir extérieur au pot bouille centre droite/gauche, pour l’arbitrage.

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Tous les « amis » Centre gauche/droite sont d’accords pour exercer en amont de la première condamnation une pression éducative sur les familles, la fameuse recette du mentor qui sait, et que l’immature devrait recevoir comme l’illumination venue d’en haut. .
Un bon départ serait que l’élite se responsabilisent. L’autocritique est difficile, l’ego est considérable. Surtout qu’il disent la morale, sans savoir que c’est son contraire qu’ils ânonnent !
De bons salaires, une éducation permanente, du travail considéré, voilà les trois conditions de la lutte contre la délinquance.
Dénoncer la misère, source de la délinquance, ne suffit pas. C’est s’attaquer à la misère, terreau principal de la délinquance, par des mesures économiques concrètes, qu’il faut faire.
Les moyens ? Dans une société qui assiste au spectacle d’une banque qui perd près de 5 milliards avec le sourire, on pourrait quand même dégager des fonds pour des objectifs plus sérieux que celui de jouer en Bourse.
Comment s’attaquer à la misère quand les dirigeants que nous vîmes le midi sur le plateau de la RTBf en vivent, plus ou moins, de façon indirecte ?
Car la dénoncer, quand on y contribue, c’est un peu court.
Encore que, si vous avez bien suivi le débat, je me demande même si la pauvreté a vraiment été évoquée comme facteur principal de la délinquance ?
Maintenant que j’y pense, j’en doute !

27 janvier 2008

Gaza

Tandis que dans l’attente du 23 mars, on a l’œil braqué sur le nombril du CNV-N.VA, il s’en passe des choses partout dans le monde !
Les plus graves se déroulent cette semaine à Gaza.
Territoire martyr où grouillent 1.300.000 personnes, une des plus fortes densités au monde avec 3.226,3 habitants au km², cette bande de terre est actuellement victime d’un blocus d’Israël par mer et par terre et qui n’a que trop duré. La population vit une situation de plus en plus précaire.
Les âmes sensibles regardent médusées les actu sans comprendre comment il est possible de prendre en otage une population dont 50 % à moins de 20 ans, sous prétexte que des militaires du Hamas tirent de temps en temps des fusées bricolées maison sur Israël ?
Tsahal, l’armée de l’Etat israélien, est équipée de matériels très sophistiqués, notamment grâce à une aide financière et matérielle des États Unis et à des firmes israéliennes à la pointe de la technologie comme Elbit Systems, Rafael, IAI. Tsahal possède un corps blindé, un corps de marine, l'armée de l'air et les fantassins. Elle est incomparablement plus forte que ses opposants du Hamas qui bricolent des armes avec des tuyaux de poêle !
Sa réputation a toujours été d’être impitoyable avec « l’ennemi » palestinien et ses ripostes – alors que les colons juifs grignotent année après année des parcelles considérables des terres palestiniennes et qu’ils sont la première source d’agression de la région – sont disproportionnées des dommages subis. Ces ripostes constituent à chaque fois une véritable provocation qui engendre à son tour une réplique du Hamas. Si bien qu’on ne sait plus qui a commencé dans les conflits locaux.
Cette semaine, avec le blocus des Territoires, les Israéliens ont dépassé les bornes en plongeant les populations concernées dans de nouvelles souffrances injustifiées quand on considère le nombre d’innocents qui sont atteints par ces mesures.
Alors, il fallait bien s’y attendre, un peuple qui a faim ne raisonne plus. Les gens se sont rués sur les 10 km de frontières qui sépare Gaza de l’Egypte. Les frontières ont craqué et les gardes frontaliers égyptiens ont dû se replier. Le peuple de gaza s’est précipité sur l’Egypte comme quelqu’un qui a besoin de manger se précipite dans une boulangerie.
Vendredi 25, l'Egypte commençait à fermer les brèches dans le mur qui la sépare de la bande de Gaza. Des activistes du Hamas en ont détruit deux nouveaux pans à l'aide d'un bulldozer. Les Gazaouis se sont immédiatement engouffrés dans la brèche, à pied, en charrette et en voiture.
C’était à prévoir.

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On ne peut pas impunément jouer avec la vie des gens, en opposant à la nécessité, des barrières artificielles que sont les frontières.
Pour couronner le tout de ces effrayantes journées, Israël poursuit ses piqûres de moustiques par des raids d’aviation la nuit, cherchant à détruire les lieux de réunion du Hamas et tuant ses militants, avec au passage des civils voisins de ces bombardements ciblés.
Des civils meurent ainsi si souvent qu’Israël qui avait pris l’habitude de « s’excuser » quand mourait un innocent, ne le fait plus du tout, ce qui internationalement est mauvais pour son image de marque, hormis le camp américain qui adore tout ce que fait son allié, les autres Etats commentent plutôt sèchement cette nouvelle escalade et cette désinvolture pour les pertes innocentes.
Cette situation qui a débuté le 17 janvier est proprement inqualifiable.
Il faudra bien que tôt ou tard les Gazaouis soient protégés par des moyens mis à disposition de l’ONU si on veut empêcher un début de génocide de la faute d’une guerre qui ne veut pas dire son nom entre belligérants qui ne respectent rien, y compris les règles imposées aux Nations en temps de guerre.
En surprotégeant Israël, les USA ne jouent pas un rôle d’arbitre au Proche-Orient. Il n’est donc pas surprenant que Condoleezza Rice va d’échec en échec dans ses pourparlers avec les belligérants et ce n’est pas avec les mous du Fatah qu’elle pourra pacifier la région et y faire la paix.
On sait l’intention de Bush de finir son dernier mandat par un accord entre les Juifs et les Palestiniens. Bill Clinton avait eu le même espoir quelques années auparavant.
Que feront les démocrates quasiment assurés de placer un des leurs à la présidence américaine en 2009 ?
Il y a de la marge entre les intentions d’un candidat et celles d’un président.
Si c’est Hillary qui l’emporte, il ne faut pas oublier qu’elle est sénateur de l’Etat de New York avec l’apport de l’électorat juif très important dans le Nord des Etats Unis.
En attendant, des gens meurent à Gaza. Les Palestiniens en ont assez d’être les victimes désignées et n’attendent plus rien de la Communauté internationale, à part payer les factures d’eau et d’électricité.
C’est tout profit pour Al Qaida.
Si c’est cela qu’Israël veut, qu’il continue. Si ce pays attend de nous qu’on l’admire de subsister au milieu d’ennemis, qu’il ne compte pas trop sur ceux qui ne sont pas ses inconditionnels et qui voient bien que la politique secrète de ce pays est essentiellement expansionniste. Si on fait l’ablation de l’aphérèse de « expansionniste », reste l’apocope qui veut tout dire.

26 janvier 2008

L’imposture.

Qu’on ne se méprenne pas. Les systèmes que l’on propose en remplacement de celui qui fonctionne dans nos sociétés occidentales ne sont pas des enjeux impératifs. C’est plus dans la détestation de celui que nous subissons que par la conviction qu’ils remplaceront avantageusement dans le futur la société de consommation ; c’est aussi parce qu’ils paraissent faire plus de cas de la justice sociale et donc être plus moraux.
On ne peut mesurer efficacement la valeur d’un système qu’à partir d’une réflexion sur les réalisations de celui-ci. Or, les systèmes de remplacement proposés n’ayant jamais été expérimentés, il est difficile d’en juger fictivement l’efficacité.
Les propositions diverses n’admettent que très rarement de prendre en charge la société telle qu’elle est à partir de quoi s’établirait un autre scénario que capitaliste.
Nous passons un temps précieux à faire des projets qui n’ont aucune chance d’aboutir ; car, ils sont le plus souvent nés d’une révolte personnelle et partant, ignorent tout de la vie complexe des imbrications humaines et du jeu social, si ce n’est qu’en stigmatisant les ressorts les plus grinçants des appareils impuissants d’une démocratie chloroformée.
La société actuelle est compliquée jusqu’à l’incompréhensible. Elle ne peut se transformer ou se rénover sur de simples décisions, même obtenues de manière tout à fait démocratique à la majorité des voix.
C’est un échafaudage de relations interdépendantes qui ne peuvent être assimilées dans leur ensemble par personne, si bien qu’elles échappent à toute décision consciente de quelque individualité que ce soit.
Marx n’a pas établi les lois d’un Etat communiste. Il a seulement préparer les hommes à imaginer ces lois. Si bien que l’échec du communisme dans sa forme des Républiques Socialistes Soviétiques ne peut être de la responsabilité de Marx.
Le système capitaliste n’est pas immuable. Il change confronté aux faits et à l’action des hommes, même si l’égoïsme est le levier central, ce qui en fait sa carapace et sa durée. Mais, il ne change pas en faveur du plus grand nombre, quoiqu’en dise Didier Reynders, ce faux-monnayeur du social.
Cependant, on peut se demander si en appauvrissant aujourd’hui les populations qu’il touche, il ne va pas finir par s’autodétruire et donc nous débarrasser de nos infirmités collectives ? Si bien que nous serions régis par autre chose, en douceur et sans casse. Si nous n’en prévoyons pas les principes, peut-être bien que le remplaçant nous placerait dans une situation d’esclavage pire que celle que nous abandonnerions ?
On voit bien que les résultats du système sont différents des volonté de chacun ; puisque l’idéal d’une vie meilleure n’est même plus un objectif, tout au plus pourrait-on se souvenir qu’il était bel et bien un objectif jusque dans les années 80 et qu’il n’est plus qu’une réflexion historique.
Le comportement relationnel rend chacun dépendant d’autrui.
Ce sont des jeux d’un mécano politique, technique et social découlant de nos activités. Rassemblés, ils forment la société complète.
Mais ces structures imbriquées peuvent aboutir à des situations diamétralement opposées aux suppositions des foules.
C’est que nous vivons dans les pitoyables soubresauts des gouvernements qui se succèdent et qui ne parviennent plus à cacher leur préférence de classe dans les traitements des inégalités.
Cherchant à supprimer les profits abusifs, ils libèrent les prix et les font flamber.
Ils font la guerre à l’argent sale, celui-ci entre dans les entreprises et devient respectable par les mêmes lois qui étaient destinées à le faire disparaître.
Toute action, dans un système qui ne tourne pas bien, finit par avoir des effets pervers.
Ces effets pervers profitent bien à certaines catégories, mais on n’en perçoit pas toujours les mécanismes. Il ne sont attribuables qu’aux forces du mal. Oui, mais lesquelles ?
C’est ainsi que, dit-on, un trader « fou » de la société Générale aurait provoqué une perte de 4,9 milliards d’euros !!!
Cela choque tous ceux qui vivent encore dans l’illusion du contrat social. S’illusionner que les individus cogèrent les pays occidentaux en prenant des décisions rationnelles, devant une telle facilité de jeter des fonds qui sont avant d’être spéculatifs les résultats du travail collectif, c’est se préparer des lendemains pires encore.

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Puisque toute action collective produit des effets qui peuvent aller dans le sens inverse à celui que nous souhaitons, on serait tenté de croire qu’il serait sage d’en rester là et de ne plus présenter des systèmes concurrents qui feraient peut-être encore plus de dégâts que celui qui nous accable.
C’est la tentation du pessimisme et des nouveaux philosophes (déjà bien vieux depuis qu’on les présente à l’état neuf !)
S’il est déraisonnable d’abandonner l’équipage actuel à sa dérive sans réagir, plus néfaste encore serait d’abandonner la recherche d’autre chose.
Le mieux serait de donner la priorité au concret, et non à la pensée libérale d’objectifs tendancieux de classe. Nous ne pourrons dégager les priorités accordées au concret, tant que nous ne saurons pas discerner entre nos idéaux et notre finalité, les faiblesses et les insuffisances qui nous accablent.

25 janvier 2008

Entendez-vous le bruit de l’or.

(air connu)

Ha ! qu’on s’amuse en nos pays, bien tondus par les « lois » de la concurrence détournés en ententes illicites entre compères, maquillées « exemptions » afin d’éviter l’article 81 du Droit communautaire.
On peut dire que les voyous en col blanc se sont débarrassés de leurs dernières peurs du gendarme. Ils y vont à cœur joie.
Pourquoi se gêneraient-ils, puisqu’on est en pleine révolution droitière ?
L’Amérique tourne de l’œil, l’Europe la suit au pas cadencé, on n’a jamais tant voté pour que le libéralisme foufou nous en mette plein la vue !
Les industriels se font dorloter. Les eunuques rétablissent le droit de cuissage. C’est vent debout pour la croisière du 23 mars.
Sarkozy fait bling-bling et Didier L’Embrouille embraie… La faillite vire au vice et qu’on aura voté pour, nom de dieu !
Rien ne les dérange plus : leurs anciens ratages, leurs petites saloperies entre amis, c’est pas de leur faute. Eux travaillent… enfin, ils font travailler les autres pour le meilleur système qui soit au monde. La Liberté éclairant le monde, grâce à Luminus et passez à la caisse. Vous n’êtes pas d’accord ? Un petit 10 % en plus, c’est bien fait pour nos gueules.
Quelques petits hoquets, deux ou trois paroles en chanson, et hop, le populaire marche !
Les rombiers vont casser des mines de plomb dans l’isoloir aux prochaines élections en remplissant les petits ronds dans la hâte de l’étreinte : de quoi plomber la démocratie pour bien longtemps… le style, c’est de porter à droite…
Nous voilà beaux avec les prix qui grimpent et les salaires qui baissent rongés par la surenchère d’une concurrence organisée pour nous plumer.
Il faut dire que nous avons notre Bush national en la personne d’un Didier L’Embrouille, chef train des nouvelles mesures au MR, expert à la belle école du libéralisme avancé et qui ose traiter les pâlottes propositions de Di Rupo d’obsolètes et leur diffusion d’indécente !
Tout cela parce que le président du PS accusait le ministre des finances d’avoir vidé les caisses de l’Etat, pour faire des cadeaux aux entreprises, ce qui est vrai !
Evidemment, comme le MR donne l’exemple, les banquiers en profitent.
Ils se sont versé des bonus massifs l’année dernière à faire rêver Carla ! A l'issue d'une année où le système financier a connu une véritable crise cardiaque, et où Wall Street a dû être sauvée en urgence par une baisse des taux de la banque centrale, c’est gonflé et obscène.
Pas qu’en Belgique que ça rigole…
L’Amerloque est bonard, le sud de l'île de Manhattan aussi. Au Financial district, les cinq plus grands établissements ont payé à leurs employés 66 milliards de dollars en 2007, soit 9 % de plus qu'en 2006 ! En pleine crise économique, les quasiment faillis trouvent encore le moyen de se sucrer !...

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Laissons parler le spécialiste Hugo Dixon. Piqué du journal « Le Monde » :
« La légitimité des gains dans le système capitaliste vient de l'idée que ceux qui travaillent dur et prennent des risques bien calculés gagnent beaucoup d'argent, et que ceux qui sont fainéants et prennent des risques absurdes en payent le prix. Ce système de la carotte et du bâton est supposé créer une économie efficace. Mais ce dont nous sommes témoins aujourd'hui à New York et à Londres est un système de la carotte et de la carotte. Les banquiers gagnent beaucoup d'argent quand ils font bien et beaucoup d'argent quand ils font mal. »
« Ce système de rémunération des financiers a deux conséquences très graves. Premièrement, il attire de plus en plus de gens talentueux dans la finance. Comment des professions nobles et indispensables comme l'enseignement, la médecine ou, simplement, le management dans les entreprises classiques peuvent-elles lutter ? Accaparer le potentiel de talent par une seule activité n'est pas la base d'une société et d'une économie prospères. »
« Deuxième conséquence dangereuse de cette situation : le système de carotte et de carotte encourage Wall Street à prendre des risques toujours plus importants. Après tout, plus le pari est important, plus la carotte obtenue est importante, si les choses se passent bien. Et si cela se passe mal, vraiment mal, les banques centrales se porteront au secours des établissements et du système. »
« Le marxisme est une philosophie qui a fait faillite. Mais sa critique du capitalisme - les profits sont privatisés et les risques socialisés - a toujours contenu une part de vérité. Les derniers bonus extravagants à Wall Street en sont la démonstration. Si cela provoque des réactions brutales du reste de la société, les financiers ne pourront s'en prendre qu'à eux-mêmes. »
Ce papier est signé, encore une fois, Hugo Dixon. Bravo !
Je l’ai presque intégralement cité, tant on ne peut mieux écrire sur la chose.
Reste à entonner la chanson des cocus. Où les trouver ? C’est bien simple, plus on est mal payé, plus on est cocu. A ce compte, il y en a un paquet et pas qu’en Amérique. En « Régions », c’est pas Namur qui dira le contraire, on ne les compte plus !
Le chœur sera grandiose…

24 janvier 2008

Besson, Kouchner et Cie…

On ne peut pas dire que les socialistes français qui ont choisi de faire du sarkozysme étaient des gens à conviction profonde.
Peut-être n’étaient-ils pas convaincus de la différence entre la politique de François Hollande et celle de la droite libérale ? Alors, ils se sont dit autant participer à un gouvernement qui rassemble un peu tout le monde, que d’être dans un parti qui dit la même chose, mais qui n’en est pas moins dans l’opposition, donc sans moyen d’action.
Ce ne serait pas, parce que le PS vire à gauche, mais parce qu’il n’y a plus guère de différence entre UMP et PS.
La récente visite surprise au PS parisien de Dominique Strauss-Kahn, en préparation des municipales, est à ce titre assez équivoque. Nommé à la tête du FMI grâce à l’appui de Sarkozy, le revoilà qui pointe son nez rue de Solferino ! Evidemment, si c’est par le principe de la confusion des genres qu’il se fait voir chez les « camarades » pourquoi se gênerait-il ? Apparemment, cela n’a ému personne et « cher Dominique » a retrouvé son siège du premier rang, comme s’il ne l’avait jamais quitté.
A vrai dire, Hollande ne l’a pas exclu, comme il a exclu Kouchner, Besson et Cie, un peu en se foutant des statuts, mais avec raison sans doute ; car, il fallait faire vite. Quand la mérule s’attaque à un bâtiment, il faut employer les grands moyens. Du reste les apostats n’ont pas rouspété.
Comme on dit, ce n’est pas parce qu’une pute change de trottoir qu’elle n’est plus pute !
Depuis les nominations « notionnelles » comme dirait Didier L’Embrouille, les choses se sont tassées. Les traîtres absolus sont toujours là, mais c’est devenu moins urgent de les vilipender.
Kouchner a mesuré tout ce qu’il avait à gagner et à perdre en s’incorporant au sarkozysme.
C’est finalement l’aise d’être ministre – sentiment bien humain – qui l’a emporté sur la fidélité aux principes.
Quand Nicolas Sarkozy sollicite Kouchner pour le Quai d'Orsay, ce dernier réfléchit 15 secondes et il pense que le scandale serait moins grand s’il n’était pas le seul à quitter le PS. Sarkozy a frappé à la bonne porte. Kouchner va se faire son meilleur agent propagandiste. Il entreprend Jean-Pierre Jouyet, ancien directeur adjoint du cabinet de Lionel Jospin, le président d'Emmaüs, Martin Hirsch, qui fut son directeur de cabinet au ministère de la Santé.
Ensuite il s’arrange pour qu’on sache de Besson, appâté par Sarko entre les deux tours de la présidentielle, que l’ancien directeur de campagne de Royal est le premier à avoir viré de bord.
Kouchner savait que s’il avait été le seul de la seconde fournée, il aurait rejoint Besson au palmarès des traîtres absolus. A la demi-douzaine, les départs ont été jugés en groupe. Ainsi, les petites vilenies passeront inaperçues. Enfin, le lâchage de tout un groupe fait suspecter la capacité de François Hollande d’être un bon dirigeant.
Ils peuvent passer pour des pionniers, en faisant courir le bruit qu’ils préparent un PS modéré, et collaborer avec l’UMP au progrès des Français !
Les tentations d'Hubert Védrine, de Claude Allègre, de Jacques Attali et de Jack Lang, sont des réalités qui peuvent tourner à la confusion de Hollande. Et si ce dernier, après le Congrès du PS, en faisait autant ?
Dans ce parti en liquéfaction rien n’est à exclure.

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Certains critiquent la rigidité de l’appareil et la mise au rancard d’individus qui en ont gardé une certaine rancune. On connaît ça aussi en Belgique dans un PS mené à la baguette par un régional montois au détriment des autres Régions.
Quand on considère l’esprit dans lequel le PS devrait voir l’avenir, aux antipodes du libéralisme, des égoïsmes et des intérêts à court terme, on se demande comment il est possible que ceux qui l’ont quitté font désormais la politique du contraire.
Ces transfuges ne pensent pas comme nous. L’opposition momentanée, ils acceptent, mais celle qui risque d’être longue, ils ne la supportent pas ! Même si le PS gagne les Municipales, les postes de maires ou de conseillers généraux ne les intéressent pas.
Kouchner et Christine Ockrent connaissent depuis longtemps l’homme de l’Elysée. Dans ces milieux, ils se connaissent tous, se voient, déjeunent ensemble, alors les mots n’ont pas les mêmes significations selon qu’on les prononce dans les salons, ou à la sortie des usines.
Et comme les usines, ils n’y ont jamais mis les pieds…
Rien de plus attendrissant, mais aussi rien de plus trompeur de voir aux actus le « bon » docteur prendre un enfant noir dans les bras. Ce n’est que pour l’espace d’une photo, le fugace d’un reportage. On a même vu le « french doctor » en saharienne décharger un camion de sacs de riz ! Le tout, c’est de savoir combien de sacs on a jeté sur ses frêles épaules.
On devine la volonté de Sarkozy de déstabiliser la gauche avant les municipales.
Devant un bilan social plutôt mal amorcé, une chute de popularité conséquente, ce sera peut-être la seule victoire de ce quinquennat qui fait douter les Français : faire imploser le parti socialiste. La gauche, au contraire, y voit une chance, celle d’avoir débarrassé le socialisme de ses parasites. Le moyen aussi de faire croire à un idéal rafraîchi, aux militants désabusés.

23 janvier 2008

Didier L’Embrouille et le notionnel.

La définition du notionnel de Didier L’Embrouille n’est pas celle du dictionnaire.
Qu’est-ce que le notionnel à la sauce du ministère des Finances ?
C’est la « déduction pour capital à risque » (art. 205bis à 205 novies nouveaux du C.I.R., introduits par une loi du 22 juin 2005), appelés « intérêts notionnels ». Pourquoi « notionnels » ? Parce qu’ il s’agit d’intérêts plus virtuels que réels.
Tout virtuel que cela paraisse, les revenus exonérés des sociétés auront pour effet d’assécher les recettes de l’Etat, au point que cet exercice débute avec un manque de 3 ou 4 milliards d’euros qu’il faudra bien aller gratter dans d’autres poches que celles de messieurs des industries.
Pour les attirer, Didier L’Embrouille est bon à tout, sauf fouiller dans ses propres poches !
Une autre définition serait que le notionnel, c’est pour les riches et que l’émotionnel serait pour les pauvres, lors de l’ouverture du pli recommandé vous réclamant à la fin de l’année un petit supplément « patriotique ».
D’abord chef des chefs de gare, lorsqu’il a fallu le remercier par un petit quelque chose pour avoir tenu la serviette de Jean Gol avec tout le cérémonial adapté à l’action libérale, Didier Reynders ne pouvait devenir ensuite que Ministre des Finances. Ce beau parleur, s’il n’y connaissait rien dans les trains, n’en connaît pas davantage dans les finances.
C’est donc tout naturellement qu’il allait verser dans le fictif et le notionnel.
Evidemment, le notionnel fait un triomphe chez tous les gazetiers qui ont pour mission d’essuyer le cul des banquiers avec leurs invendus. La Bourse en redemande et le journal « Les Echos » n’en peut plus de bonheur.
Désormais dans la gamme des « mille et un moyens de mettre en lieu sûr les bénéfices des entreprises et l’art d’évacuer les déclarations d’impôts » le notionnel occupe une place de choix.
Avant le bébé de Didier L’Embrouille, l’entreprise qui empruntait déduisait de sa base imposable les intérêts supportés.
Si l’emprunt est fait auprès d’une personne physique, l’intérêt s’appelle précompte mobilier. Il est de 15 %. Comparativement, la société qui s’autofinance par des apports en capital ou par des mises en réserve, est moins bien lotie puisqu’elle ne peut rien déduire, pas même les dividendes qu’elle distribue.
D’où l’idée de permettre aux entreprises de déduire un pourcentage déterminé de leurs capitaux propres.
Ainsi les bénefs investis – mais comment le savoir ? – auront les mêmes droits que les capitaux d’emprunt !
Déjà les maffias s’en pourlèchent les babines. C’est sûr avec des déductions sur capitaux propres, la Cosa Nostra et bien d’autres entreprises familiales vont pouvoir se faire déduire en Belgique par l’introduction en douce dans les grandes entreprises dont elles sont en partie actionnaires, de la belle et sonnante monnaie qu’ils sont gagnée à la sueur des prostituées qu’ils occupent et des drogués impénitents qu’ils soignent.
Voilà Didier L’Embrouille devenu bienfaiteur-receleur !

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Le service des fraudes de la police fédérale fait des heures supplémentaires depuis l'entrée en vigueur, le 1er janvier 2006, du système de déductibilité des intérêts notionnels. Les enquêteurs ont dû, en effet, analyser près de deux fois plus d'augmentations de capital. Question : d’où vient ce beau pognon ? Des bas de laine ou du trafic des stupéfiants ? Sans doute des deux, mais dans des proportions plus importantes du côté des émules de feu Pablo Emilio Escobar.
Didier L’Embrouille attirerait-il avec son bidule notionnel, les grands voyous du monde entier ?
Cette mirobolante affaire entre gens du beau monde ne peut quand même pas cacher le trou des 3 ou 4 milliards ? Didier L’Embrouille a sa réponse toute faite : Il faudra développer l'activité et maîtriser un certain nombre de dépenses .
En clair, pour le développement des activités, le moment où se développe une crise grave et mondiale est plutôt mal choisi.
Reste à maîtriser un certain nombre de dépenses. Vous voyez où Reynders veut en venir ? En cela, il est exactement sur la même longueur d’onde que Leterme : pas question de soulager les petites gens de la fiscalité lourde qui écrase les ménages, pas question de faire un geste pour les pensions et les petits revenus, si ce n’est une pichenette…
Aussi, l’intervention dimanche dernier à la tribune du PS d’Elio Di Rupo est parfaitement fondée, et même est-elle mesurée quand on sait l’ampleur du désastre financier des ménages.

22 janvier 2008

La capacité d’adaptation.

On n’est encore nulle part dans la connaissance de la capacité d’adaptation d’une société.
Quelques indications du passé nous démontre qu’elle est grande, comme par exemple, la réelle placidité des foules lors de l’Occupation allemande de nos pays en 40 et 45. Si les faits de résistances avaient été généralisés, il est certain que la Wehrmacht aurait été incapable de maintenir l’ordre dans les pays occupés.
C’est donc avec une certaine sérénité que les organisations politiques en Europe voient venir le temps des vaches maigres et des promesses non tenues.
Car se joignant à la capacité d’adaptation, il y a la faculté d’oubli.
Si les délassements publics insignifiants et enfantins accentuent chez les adultes l’effet de placidité, on ne peut pas dire que la débilité des spectacles proposés dans les télévisions et dans les arts de la communication ludique soit la seule source de la résistance à une attitude de révolte. Les violences imposées par les Etats, en panne de progression et en butte à des contre-performances sociales, légitimeraient, à tout le moins, une réplique des victimes
La capacité d’adaptation est donc grande. Elle tient à l’incapacité des foules à imaginer autre chose que ce qu’on leur impose.
Imaginons que les négociations en Belgique n’aboutissent pas à un accord entre Wallons et Flamands. Cela signifierait que les classes dirigeantes admettraient la possibilité d’abandonner le pouvoir à d’autres qui auraient la capacité d’aboutir.
C’est demander beaucoup à des gens rompus à diriger. L’échec des négociations cumulé avec une régression sociale est donc une probabilité ultime et par conséquent fort improbable.
Il y aura accord.
Savoir lequel est relativement sans importance ; car, bon ou mauvais, le peuple n’est pas en capacité de le refuser.
Un échec serait contradictoire, puisque les dirigeants admettraient eux-mêmes qu’il faut changer le système qu’ils ont créé et dans lequel ils sont impliqués !
En l’occurrence, il n’y aura pas d’échec sur les négociations actuelles. La capacité d’adaptation des foules fera le reste.
Dans une telle situation, les classes dirigeantes pratiqueront une sorte de sur symbolisation qui aura pour fonction de faire croire à l’apparence de la rigueur et de la force, même si ce « jeu de théâtre » ne fera aucune illusion sur son historicité réelle.
On peut habilement retourner pour soi les destins contraires.
Qui ne voit, comme un nez au milieu de la figure, ce que le mouvement libéral réformateur est en train de perpétrer ?... un crime majeur en matière de consensus communautaire, avec ou sans l’assentiment d’Olivier Maingain.
Mais, ce qui sera davantage édifiant, puisque la perspective d’un renoncement libéral aux valeurs défendues est patent, ce sera par la suite, le ralliement des autres formations politiques, pour la même raison qu’annoncée précédemment.

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L’une des reproductions les plus élémentaires de la capacité d’adaptation est la reproduction politique. C’est un ensemble d’activités et de décisions ayant des rapports directs et impératifs sur la société totale, sans que le recours démocratique y soit pour rien, ou si peu. C’est une hiérarchie de systèmes sur le meta-système. Le principe qui en résulte est la domination.
Ici, la faculté d’adaptation de la classe politique se réplique sur le groupe social le plus élevé, donc dirigeant, afin qu’elle s’adapte à son tour sur ce qui est déjà en cours : l’adaptation des foules aux desideratas de la notion vague « d’intérêt supérieur ».
Ce n’est donc pas le suffrage universel qui détermine la politique, mais la politique qui détermine le suffrage universel.
La mémoire sociale, pur produit extérieur à l’homme, s’en trouvera confortée par les dirigeants, les parents, l’école, l’église, le travail, l’appartenance à une organisation politique et syndicale.
Il ne restera plus au citoyen lambda qu’à accepter le sort qu’il lui est conseillé d’avoir, s’il ne veut pas être rejeté, même de manière symbolique, de la Communauté.
A ce petit jeu, la condition sociale des francophones pourrait être adaptable à l’infini par la classe supérieure, elle-même adaptée à la Loi flamande, le tout dans de graves inconvénients, de restrictions et donc de pauvreté des classes inférieures.
Le cas belge est caractéristique de la double adaptation : à celle de la crise économique américano-occidentale qui approche et à celle de la domination d’une société plus nombreuse sur une autre en nombre inférieur.
Dès le 23 mars, les Wallons entreront dans un processus minoritaire dont ils paieront les conséquences bien plus tard, quand leur grande capacité d’adaptation sera épuisée.

21 janvier 2008

La brique dans le ventre de l'Amérique.

Une brique, c’est dur à digérer.
La société américaine vit un problème géométrique. Les populations ont vécu longtemps dans l’effet asymptote convergent, à savoir qu’un jour le pauvre par son travail et son art du commerce rejoindrait la bourgeoisie figurée par Hollywood : la belle maison avec du gazon que l’on tond en lançant par dessus la haie à ses sympathiques voisins des plaisanteries respectueuses de Dieu et un peu moins des femmes.
Dans son non-dit perceptible par quelques rares économistes, le pouvoir pensait que les lignes resteraient rigoureusement parallèles.
Or, ce n’est ni l’un ni l’autre. En réalité, la société américaine vit l’effet asymptote divergent. Les lignes ne se rejoindront jamais, elles se fuient ! D’abord imperceptible, c'est un phénomène qui existe depuis plus d’un quart de siècle et qui s’accélère. Il se traduit par le creusement des inégalités. 1 % des Américains les plus riches accapare aujourd'hui 20 % du revenu national, quand la population ayant les revenus les plus faibles n'en reçoit que 12,6 %.
L’eau régale révélant à la pierre de touche que tout ce qui reluit n’est pas or, c’est la crise immobilière qui enraie la croissance aux Etats-Unis.
Exemple : « …une maison de plain-pied, avec 4 chambres et 2 salles de bains, située à Elk Grove, une commune de 60 000 habitants dans la banlieue sud de Sacramento. Achetée 1 250 000 dollars au début de 2007, est aujourd'hui mise en vente à 799 000 dollars, soit une décote de 36,1 %. Il y a encore quelques mois, personne n'aurait imaginé qu'une telle chute soit possible. Et ce n'est pas fini : le marché ne montre aucun signe de stabilisation ».
Et le journal américain de poursuivre : « Les stocks de logements invendus représentent l'équivalent de ce qui se construit en une année, un niveau si élevé que les prix du mètre carré, au niveau national, pourraient encore baisser de 15 % dans les deux ans qui viennent ».
Que ce ne soit rien qu’une crise du logement, ne serait pas si catastrophique pour les autres secteurs. L’Europe aussi souffre d’une surenchère dont candidats propriétaires et locataires se plaignent, et il faudra bien un jour, que ce qui est surfait redescende, l’effet spéculatif passé..
Mais, aux Etats-Unis, chaque crise grave de l'immobilier est le signe avant-coureur d’une récession générale.
Les économistes qui le savent se partagent en deux courants, les minimalistes qui espèrent qu’avec quelques mesures de relance – ce à quoi Bush procède actuellement – la machine à produire et à vendre va redémarrer, et les autres, plus réservés, estiment que la récession ne fait que commencer. Ils tiennent ce raisonnement par rapport à la consommation des ménages en chute vertigineuse.
Qui a raison. Qui a tort ?
Dans les deux cas, il y a une unanimité : c’est l’état de récession de l’Amérique. Pour une fois, les experts sont d’accord !
Les faillites personnelles, aggravées par la crise des subprimes, ces prêts à risques accordés en masse à des ménages peu solvables, est ce qu’on appelle une crise domino, capable de faire basculer tout le jeu.

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Les prévisions sont terribles : 1 million de familles sont déjà sur le carreau. Elles pourraient être 2 millions d'ici fin 2008, incapables d'honorer leurs échéances. Parmi les ménages ayant souscrit des prêts immobiliers à risques dans la période 2004-2006, 6 sur 10 devront faire face à une hausse d'au moins 25 % de leurs mensualités cette année. C’est toute la middle class qui est touchée, celle que Hollywood a prise comme modèle pour peaufiner ses « movies ». La petite maison dans la prairie, c’est fini, pour longtemps.
Non seulement la classe moyenne, mais aussi la classe inférieure, dont le rêve s’est brisé confronté à la terrible réalité, ne sont pas prêtes à s’en relever.
Le système ne peut plus générer une augmentation du PNB à jets continus. Avec l’épuisement des ressources terrestres exploitables, cette récession a une autre dimension future qui échappe encore à l’entendement des masses : l’incapacité de renouvellement de certaines matières premières devenues trop chères. C’est à terme, la condamnation sans échappatoire du système de production à l’américaine et la fin du rêve américain.
La pompe à crédit s’est enrayée. Les banques sont au bord de la faillite. L’Amérique est groggy, avant qu’elle ne soit out.
Même les nombreuses créations d'emplois qui avaient permis jusque là d'atténuer l'essoufflement, n’existent plus. L'Amérique détruit ses emplois, et le taux de chômage ressemblera bientôt à celui de l’Europe. Cette dégradation du marché du travail avec le reste, achève de plomber le moral des ménages.
Reste que depuis l’an 2000 les profits des banques et des multinationales sont prodigieux. Certaines années il a été de 45 % pour certains !
Le temps des vaches maigres est arrivé. Les profiteurs de ces années de rêve n’entendent pas restituer aux travailleurs ce qu’ils leur ont pris, bien sûr. La récession, ils s’en fichent dans leurs bunkers dorés. Quoi qu’il arrive, ils ne mourront pas de faim.
Que ceux qu’ils ont plumé se débrouillent.
Les pauvres aussi ont adoré le clinquant et la grosse américaine. Alors, pensent les milliardaires : qu’ils crèvent.
C’est la loi du chacun pour soi.

20 janvier 2008

Mère Ubu a la chandelle verte.

Madonna Zinzin : Apportez la caisse à Résonance et le crochet à Militantes et qu’ensuite à mon douaire nous nous rendions en sa salle basse de la Brasserie.
Michel Zinzin : De grâce modère-toi, Madonna !
Madonna Zinzin : J’ai l’honneur de vous annoncer que pour enrichir le royaume je vais faire périr toutes les Militantes et prendre leurs biens. Et toi Zinzin, va coucher !
Michel Zinzin : Avec qui ?
Madonna Zinzin : Par ma petite chandelle verte, que je ne t’attrape plus à courir après la micheline de 8 h 12.
Michel Zinzin : C’était ça ou la terreur de rentrer chez moi, ma douce, en ton auguste compagnie.
Un conseiller palotin : Ma Sire voilà Miche Par-tous-les-saints, parce qu’elle vint au monde le jour de Saint-Austremoine.
Madonna Zinzin : Vent de Toussaint, terreur de marin. Approche ma miche. On me dit que tu as rapporté des mots orduriers que je prononçai à un moment d’égarement ?
Miche Par-tous-les-saints : J’en suis encore frappée, moi qui tint avec vous le crochet à Militantes, qui fut votre élève et votre seconde main.
Madonna Zinzin : Me crois-tu capable d’une pareille discourtoisie, moi qui te sais si inférieure que lorsque je te vois, je me rehausse ?
Miche Par-tous-les-saints : J’ai prié Saint-Remacle et…
Madonna Zinzin : Comment oses-tu ? Prier un saint quand tu fréquentes mon Temple ?
Miche Par-tous-les-saints : J’ai cru comprendre que vous m’aviez insultée.
Madonna Zinzin : Moi ? Quand donc ?
Miche Par-tous-les-saints : Pas plus tard que la semaine dernière, vous me traitiez de pute !
Madonna Zinzin : Ah ! ce n’est que cela… Mais j’étais en-dessous de la vérité…
Michel Zinzin : Voyons, calme-toi ma poule. Ne vois-tu pas qu’elle ne jouit pas…
Madonna Zinzin : Une pute qui ne jouit pas c’est complet ! Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre !
Michel Zinzin : Veux-tu ton Prozac ? As-tu pris au moins ton Renitec pour la tension ? Et ta pilule anxiolytique ?
Madonna Zinzin : Foutre de bougre ! Tu forniques avec cette pouffiasse, parole, pour me démancher devant elle !...
Miche Par-tous-les-saints : Vous vous faites du mal ma Sire et l’empereur de la Roupette sera averti de votre vulgarité…
Un conseiller Palotin : Voulez-vous que je vous en débarrasse ?
Madonna Zinzin : Oui, qu’on l’emporte à la Citadelle… bougresse, je te conchie. Moi, vulgaire, employant des termes outrageants ? Par la queue verte de l’Amaytois cornu, je convie les bourgeois rouges de la noble Cité de lui pisser à la raie, si je mens !
(le conseiller Palotin emporte Miche Par-tous-les-saints qui lève ses jupons et montre son derrière en tapant dessus)
Madonna Zinzin : Voilà bien la vulgarité vraie qui sera rapportée à l’empereur de la Roupette.
Michel Zinzin : Depuis qu’il a repris l’épicerie de ses parents à Mons, il est tout changé.
Madonna Zinzin : Ah oui ! il est redevenu normal ?
Michel Zinzin : Paroles imprudentes ! Tu veux nous faire pendre tous ? Qu’il envoie le bourreau Magnette, tu connais sa cruauté ?...

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Madonna Zinzin : Tiens, qu’est-ce qu’elle veut celle-là ?
(s’avance Frida Duquart)
Madonna Zinzin : was soll ich...
Frida Duquart : Cheu foutrais ein Explikazion…
Madonna Zinzin à Michel : C’est une Schleue !... Bon dieu… auf Reisen, j’en ai connu des Walkyrie… Celle-ci n’est pas mal… Si elle est de mon parti, je l’engage comme majorette… (haut) de quel parti êtes-vous Fraulein ?
Frida Duquart : Che zouis zeule ze souâr, avec mes rêves…
Madonna Zinzin : Mais encore liebling, avec qui ?
Frida Duquart : Mit der ékaulogue Michel Javaough !
Madonna Zinzin : Katastrauphe ! Grausse dézillouzion...
Michel Zinzin : Attention à ce que tu vas dire !
Madonna Zinzin : Je sais, mais je ne peux pas m’en empêcher, quitte à nier farouchement devant les médias…
Frida Duquart : …zé foutrais zavoir…
Madonna Zinzin : Foutre de bougre de madame Fritz, pétasse de punaise nazie, sacre à foutre de la verdasse, après les verts de gris, la Wehrmacht amaytoise… Ah ! je n’en peux plus… Michel, au secours, fait que tu m’emportes, au lit, merdre, oui, faut que tu me fourres… J’en ai marre et dis à de Roupette, l’empereur de mes deux, que je l’emmerdre… et qu’il aille se faire empapouater où il veut avec son Magnette.
(à ses gardes) : Holà, palotins, mes fidèles. Qu’on lève le pont-levis. Qu’on se porte aux créneaux. Et qui abattra le premier infidèle aura droit à ma rondelle d’amour…

RIDEAU


19 janvier 2008

Le match.

Être américanophile, c’est comme être Belge selon madame Houart, il faut croire à la grandeur du destin de la « civilisation » américaine et d’ajouter, si nous ne les avions pas eu dès 1942, aurions-nous été libérés trois ans plus tard ?
Ce n’est pas ainsi que s’écrit l’histoire.
Elle ne s’écrit pas non plus en parfait américanophobe : tous les maux dont nous sommes accablés, le capitalisme, la pollution, la guerre sont des produits américains exportés.
Les deux camps se regardent en chien de faïence et on n’a pas avancé d’un pouce.
Pour y voir clair, si nous abandonnions les jeux stériles qui analysent le passé en faisant l’impasse de ce qui fut et qui n’est plus, afin d’observer ce qui se passe ?
La situation actuelle de la middle class aux States est proprement dramatique. Les banques conduisent le pays à une catastrophe qu’en Europe même nous aurons difficile à éviter.
Bush va baisser les taxes sur les entreprises afin de relancer celles-ci. Ce petit cadeau fiscal ne rendra pas pour autant du punch à la consommation, le mal est trop profond.
La confiance des consommateurs s’amenuise. Ce qui avait fait la prospérité américaine : l’emprunt, se retourne contre le petit propriétaire qui n’arrive plus à se financer en mettant en gage son logement. Enfin, sans grande couverture sociale, les gens sont inquiets pour leurs emplois.
Le système américain est un « bon » système quand la machine bien huilée progresse. Dès qu’elle donne des signes d’essoufflement, l’économie sans garde-fou plonge dans la récession, presque sans transition.
C’est maintenant le cas.
Tant qu’on n’a pas chiffré l’ampleur du trou des créances impayées, il est très difficile de savoir si cette crise sera rapidement surmontée ou si elle va plonger l’Amérique et par-delà l’Europe dans un marasme comparable à celui de 1929 qui fait référence pour tout.
C’est ça aujourd’hui l’Amérique, un système un peu comme le fut la banque de Law sous le Régent en France. Non pas comme un papier monnaie qui n’a plus sa garantie or (il ne l’a plus depuis longtemps), mais de la façon inconsidérée avec laquelle on a poussé le consommateur américain, comme l’européen, à emprunter pour vivre au-dessus de ses moyens, étant entendu que la situation professionnelle irait s’améliorant pour facilement éponger les dettes.
Un autre aspect de la crise qui s’amorce a été l’erreur de privilégier les gros revenus, un peu comme le fait actuellement le président bling-bling Sarkozy, sous prétexte que les gros revenus génèrent de l’emploi et font marcher l’économie. Il aurait fallu faire le contraire par des abattements fiscaux des petits salaires, c’est-à-dire aider les revenus modestes qui dépensent le plus clair de ce qu’ils gagnent, pour avoir une chance de faire repartir l’économie.
On touche ici le plus gros défaut du système américain, sinon du capitaliste mondial. Celui qui peut appliquer une telle mesure fait partie intégrante du camp des riches à l’égoïsme absolu. Cela fait penser à certaine catégorie de singes africains que l’on capture en attachant au sol une calebasse à l’étroit goulot au fond de laquelle on dépose quelques graines. Le primate y plonge le bras, se saisit des graines, mais le poing fermé ne passe pas l’étroit goulot. Plutôt que lâcher sa proie et s’enfuir aisément, il se fait prendre la main dans le sac.

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C’est peut-être ainsi que se terminera un système, qui par ailleurs et par certains côtés, n’a pas manqué d’efficacité : tué par ses propres décideurs !
Actuellement, les banques croulent sous les « spécialistes » premiers de classe en économie. Ces gens n’ont pas fait leur boulot et dans l’euphorie générale avec un chômage à 6 % maximum ont mal informé les organismes centraux bancaires. Les salaires inconsidérés payés au rendement des décideurs ne pouvant être ralentis par des appétits plus modestes, la déraison a fait tache d’huile.
Cette euphorie injustifiée a été le briquet qui a allumé la mèche.
Le pays de la mondialisation de l’économie compte de moins en moins d’adeptes enthousiastes à la globalisation. Le citoyen américain se voit dépouiller - en contrepartie d’avantages de consommation, il est vrai - des moyens de contrôle qu’il avait ne serait-ce qu’en dialoguant avec les décideurs. C’est toute l’ambiguïté d’un système libéral qu’il contrôlait tant bien que mal dans l’ancien concept de démocratie, qu’il ne contrôle plus. Du coup, le voilà inquiet à tous les niveaux : celui de l’emploi, de la pension et surtout des moyens qu’il aura demain de se faire hospitaliser s’il est malade.
Bilan complètement négatif ? Pas tout à fait pour ne pas affoler les américanophiles et satisfaire les américanophobes.
L’Amérique en a vu d’autres et l’économie capitaliste aussi. Pour retrouver de la diversité au sommet de l’édifice mondial, il suffirait de durcir les lois internationales sur les sociétés tentaculaires et briser les associations de malfaiteurs que sont les grands prédateurs milliardaires.
Ce n’est possible que par un ras-le-bol de la base et on est loin du compte.
Plutôt que toucher au tabou de la société anonyme, chacun défend son pré carré et tombe ainsi le nez sur son gazon pour ne plus se relever.
Triste constat, le salaire moyen aux Etats-Unis adapté à l'inflation est presque le même que ce qu’il était en 1970. La mondialisation se solde par un fiasco des masses. Seuls les nantis y ont tiré avantage.
C’est donc un but à zéro en faveur des américanophobes. Mais le match n’est pas fini.

18 janvier 2008

L’Octopus à la foire du Midi.

Jadis on aurait réglé cela à coups de canons. Aujourd’hui, plus pacifiquement, le grand show constitutionnel qui s’est ouvert pour une nouvelle réforme de l’Etat se fait à coups de communiqués. Il n’y aura pas de mort, tant mieux. Il n’y aura que des déçus, tant pis.
Agitons nos drapeaux, madame Houart nous regarde !
Sauf que désormais, les accords sont impossibles !
A moins que d’être les bons bourgeois de Calais, masochistes et les hémorroïdes en fâcheuse posture (ce qui est fort possible) les Bruxello-Wallons peuvent déployer leurs mouchoirs, Tyl l’espiègle va les faire pleurer.
Les Flamands veulent leurs modifications des lois fédérales selon leurs quatre volontés. Un point, c’est tout.. Les Francophones n’ont qu’à dire « oui ». Le non est exclu, sinon… c’est la fin de la Belgique et surtout pas de « oui, mais… ». Des compensations à la scission BHV, comme Di Rupo le suggère, un recensement linguistique à la Région bruxelloise, c’est « nooit ». « Ik reken op je medewerking » dit Leterme avec son sourire glacé.
Si Sarko est bling-bling, Leterme est crazy. Notre nouveau banquet de Platon se fera sans Aristote, rien que de la fine diplomatie flandrienne. Pour négocier quoi ? Rien, puisque c’est à prendre ou à laisser.
Le « groupe des 18 », ou « groupe octopus », a un démarrage d’enfer. On a discuté calendrier. Les uns voulaient le calendrier julien, d’autres souhaitaient le grégorien.
Voilà déjà deux séances de fichues.
Yves Leterme et Didier Reynders ont décidé que beaucoup de réunions seront secrètes. Le Grand Orient veut bien prêter ses salles. Nos Grands maîtres n’ont pas encore convenu du mobilier. Les meubles Mailleux contre Altro Salons de Hasselt, IKEA n’a pas dit son dernier mot en suédois, ce qui ne fâcherait personne.
Le discours d'introduction du président Leterme fut fabuleux. En daarop, tot kijk vrienden…
Je sais, c’est dur. Mais dorénavant ce blog sera bilingue...
Les fermiers du Limbourg espèrent engranger un premier résultat pour le 23 mars…
On l’échappe belle d’emblée, il n'y a pas eu de « note Leterme » sur la table, rien que du champagne et des petits fours, en attendant le grand !

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Présentée mardi dernier, la note de Guy Verhofstadt a fait mal à l’âme naïve du CDNV. Monsieur 800.000 voix nous a dit « Ik heb wat moois over hem vernomen ». On attend de savoir lesquelles ?
En sursis d’être débarqué le 23 mars, c’est pas drôle pour Verhofstadt, le voilà chef pour rire !
Exclu des sages et invité silencieux, malgré sa note (avec madame Houart il est au courant de la situation de la Belgique), c’est difficile à encaisser. Enfin, tant qu’on le paie. Ça lui permettra d’acheter quelques arpents supplémentaires autour de sa maison en Toscane.
L'ambition de Leterme est de travailler thème par thème, dans ce vaste chantier institutionnel où il est le promoteur immobilier, sa volonté, c’est de faire du « Grand Bruxelles », le « Petit Bruxelles ». Tant qu’il ne touche pas au grand Mons, les socialistes s’en foutent.
Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé : MR, PS, CHD, Ecolo, CD&V/N-VA, OpenVLD, SP.A et Groen, tiraient un coche. Bart De Wever en mouche à merde a le rôle principal.
Après six mois de répétition, les pompiers de service sont prêts à éteindre les déclarations incendiaires au nom de la Belgique. Mathilde est enceinte ! Ils ne respectent rien, ces Flamands que la seule Hollande nous envie…
Du côté francophone, les partis sont minés, comme le sol wallon, des nombreuses galeries des charbonnages libéraux. Les porions ont l’ego au charbon. La hercheuse Milquet tente de les faire chanter « au loin, c’étaient les corons », mais les mineurs sur le fond n’ont pas les mêmes perspectives. Quand on se retourne, dirait Pierre Dac, on a l’avenir derrière soi.
Et il semble à tout le monde qu’il s’éloigne de plus en plus.
Les week-end de Di Rupo ne seront plus consacrés à la fête. Les tête-à-tête ne se feront désormais qu’à la table des matières.
Les présidents consacreront leurs dimanches à s’unir.
Au speed-dating francophone, la tournante fait cinq minutes. On a choisi le temps court, car ainsi personne n’a le temps de se déboutonner…
Ailleurs, au national, avec les Sages la question reste pendante. Comment avancer concrètement avec un groupe aussi large ? Il est vrai qu’au moins une participante a déjà quatre enfants.
Bref, complètement déconsidéré par l’opinion publique, le personnel politique haut de gamme n’a plus qu’à aller se rhabiller.
On attend carnaval, pour s’attaquer au Prince. Philippe est prévenu.

17 janvier 2008

Le socialisme, ça roule pour qui ?

On n’a pas tort de critiquer l’impuissance de la gauche à trouver un programme original, s’inscrivant dans une nouvelle dynamique sociale.
Le pouvoir du PS est instrumentalisé par ceux qui l’occupent. Ils usent impunément d’une légitimité qui n’est contrecarrée par aucune obligation de résultat.
Vous me direz qu’ils sont désignés par des congrès et des statuts. On connaît la valeur des Congrès quant au bouleversement et à l’influence qu’ils peuvent avoir.
On sait – et c’est également valable pour les réunions syndicales – la difficulté de rassembler des interlocuteurs ayant des convictions contradictoires, animant des débats, trouvant des ressources humaines en-dehors des dirigeants. Quoiqu’il soit difficile pour les bureaux de les entendre pour la simple raison que celui qui détient le pouvoir entend le façonner à sa propre métaphysique.
Les dirigeants de gauche qui s’appliquent à « corriger » quelques petites choses dans les programmes de droite, auraient du mal à supporter une critique qui remettrait en cause jusqu’au bien fondé de leurs corrections, pourtant fort modestes.
On dirait qu’ils s’effraient avant la droite d’une réflexion un peu vive qui mènerait à une position trop décalée par rapport à la marche forcée vers le néant d’un capitalisme mondialisé.
Ne serait-il pas temps de définir un autre mode de réflexion en partant d’autres références que celles tellement rabâchées de Hume, Smith, Locke et consort qui ont déboulonné Marx dans le panthéon des socialistes ?
Non pas qu’il faille remplacer les Ecossais par le Rhénan, ni la négociation par le poing sur la table, ni même levé ; mais, bon sang, est-ce que l’avenir ne pourrait pas venir d’une autre philosophie ? Sommes-nous devenus incapables de rêver d’un devenir de l’humanité différent de celui que nous inspire le profit et l’égoïsme ?
Le PS s’est résigné à la vision anglo-saxonne de l’économie. J’en ai bien peur !
Est-ce que produire plus et vendre mieux, peuvent être confondus avec un idéal ?
L’extinction des matières premières bon marché et de leur raréfaction progressive, mais néanmoins certaine, ne donnerait-elle pas l’occasion d’une révision de la politique de gauche ?
Les discours des pouvoirs en place ne sont-ils pas obsolètes qui se disputent aujourd’hui entre les valeurs morales des Lumières Ecossaises et le rationalisme radical mais abstrait des Lumières françaises, sur la valeur du travail et la manière de produire, alors que l’essentiel des satisfactions et des bénéfices même de ce que l’on produit va s’en trouver durablement perturbé ?
Le dernier discours de Sarkozy avec la référence d’un Edgar Morin qui n’en peut, n’est pas autre chose qu’une volonté absurde de persévérance sans prévoir que nous allons vers une impasse et que nous ne pourrons que refluer en désordre lorsque nous aurons atteint le mur final.
Si le capitalisme ne peut pas faire autrement que poursuivre une marche vers la crise et l’abyme, le socialisme peut au contraire choisir une autre voie, moins absurde, plus morale en laissant moins de place aux hasards de la fortune confronté aux égoïsmes.

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Le manque de sensibilité d’un socialisme mondain est gravissime.
N’est-ce pas A. Touraine qui a écrit (je cite de mémoire) « S’il y a changement, c’est parce qu’il y a lutte des contraires. ; s’il y a invariance, c’est parce que ces contraires s’organisent en unité provisoirement stable. » ?
MR et PS ne sont même plus « provisoirement » stables. Ils sont figés ou – seconde hypothèse – ce sont de faux contraires !
Certes, les déclarations sont là dénonçant la situation défavorable impartie aux populations les plus pauvres. Mais lorsque ces déclarations ne s’accompagnent pas d’une action, elles ne servent à rien.
Une action, me direz-vous, mais comment être actif ?
Le PS est au gouvernement, que je sache. Quel socialiste s’est opposé à la déclaration de Leterme selon laquelle, le gouvernement ne pourra pas changer le système d’imposition particulièrement injuste et qui touche les bas salaires avant et après le 23 mars ?
On n’a entendu personne.
En plus d’être au gouvernement, l’appui des Socialistes à l’octopus aurait pu être conditionné à une meilleure politique sociale.
Di Rupo est étrangement muet sur la question.
Il nous sert son couplet de la Belgique en danger, alors que se sont certains Belges qui le sont, et particulièrement les Wallons.
Le même aveuglement s’explique, mais de manière dramatique dans les partis socialistes européens.
C’est une crise interne : les dirigeants balancent entre centre gauche et hyper centre. Les gens s’en fichent. Ils ont perdu l’habitude d’entendre un vrai discours de gauche.
La question est simple : « Pour revenir au pouvoir avec de nouveaux objectifs, la gauche doit-elle suivre l’exemple des travaillistes anglais et trouver sa troisième voie entre gauche dirigiste et droite libérale ? », ou pour défier le pouvoir et faire du neuf avec une nouvelle assise, la gauche ne ferait-elle pas mieux de trouver une voie plus militante entre ses concepts actuels et la position de l’ultra-gauche ?

16 janvier 2008

L’Escapade (5me partie)

Souvenirs et récits militaires (suite et fin)

Au moment où La feuillée allait baisser son grand sabre pour faire fusiller Jandron, il eut la vision abominable que toute la sauce de l’infâme jeune homme entrait dans le con de sa fille !
Il s’éveilla en sueur, en murmurant « feu, nom de dieu, feu !... ils ne tirent pas, ces veaux… Je vais tous les faire fusiller !.. »
On s’engueulait à la poterne.
Les sentinelles ne voulaient pas que Debatz et des hommes dans la pénombre pénétrassent dans la cour, sans qu’ils aient décliné le mot de passe.
Le caporal s’en souvenait plus.
Bientôt, d’autres arrivèrent et il y eut un regroupement. Poisseroux en qualité du plus haut grade s’approcha des deux loustics qui armèrent leurs fusils.
-Alors quoi, les gars, toi Rigali et toi Crémasso, vous reconnaissez pas le vieux Poisseroux ?
Les sentinelles qui avaient le désir de se payer la tête de l’adjudant-chef, avaient mis la troupe en joue et, à tour de rôle, s’étouffant de garder le sérieux, gueulaient « halte, le mot ? ».
-Le mot, je vais vous le donner dit Poisseroux. Le mot, c’est… merde, je m’en souviens plus… Comme Debatz et Cornillon, les trois gradés à l’avoir entendu, personne s’en rappelait…
La troupe derrière commençait à la trouver mauvaise…
Poisseroux s’entêta et jura que c’était « caniveaux ». Debatz rigolait comme un dingue et Cornillon gueulait « je le savais qu’on allait l’oublier. Je l’avais écrit sur un bout de papier. Il a plu dessus… ».
-Alors quoi, les gars, c’est nous, vous voyez bien qu’on n’est pas des espions…
-C’est quelque chose qu’a fait Charlemagne. Une victoire… Non, on a joué ça rue Roture, avant guerre, quand j’étais gamin, y avait les Sarrasins… Allais, quoi qu’on passe, on a sommeil… merde. C’est le défilé de chose que Roland y jouait de la trompette…
Les deux sentinelles tenaient bon. Le pitaine était à leur cul. Ils connaissaient la peau de vache. Ils voulaient pas céder. La Feuillée mit fin au tapage. « Roncevaux, bande de cons… Roncevaux… la trompette c’était un oliphant, tas d’incapables ».
Les hommes rentrèrent la tête basse, épuisés.
Ils n’avaient pas vu les deux espions. Il pleuvait trop. C’était pas humain un temps pareil. A vrai dire, ils s’étaient planqués derrière les wagons de marchandise de la gare de triage, convaincu que la sortie de nuit, c’était une de ces imbéciles alertes d’exercice, juste pour faire chier le monde.

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Le jour pâlissait les façades. Une odeur de foin sortait des écuries. Les chevaux étaient rentrés d’eux mêmes, descellés par les bleus qui prenaient la relève. Un rat traversa prudemment la cour entre les flaques. Il ne pleuvait plus. Le clairon sonnerait bientôt. Papa Jules se pointerait tout frais sorti du lit de bobonne, l’air gaillard. Il prendrait le regard sévère de celui qu’a fait le plus d’études dans ce bocal de cornichons de putain de caserne, histoire de remuer la viande des chambrées, de l’inquiéter un max, de faire savoir que le chef, c’était lui, Dieu, rien de moins. Il dirait mi-figue, mi-raisin à La Feuillée debout et lui, assis, « Merde capitaine, j’attends depuis deux minutes ? Qu’est-ce qu’on a au rapport, hein, capitaine ? Il paraît que de votre initiative vous avez fait faire un exercice de nuit ? » ; tandis que le trois étoiles, capitaine La Feuillée, héros des stalags, champion des dix-huit jours de campagne à avoir mis un point d’honneur à n’avoir jamais tiré un seul coup de feu, était sans nouvelle du petit maquereau qui avait enlevé sa garce de fille.
La Feuillée en avait la nausée de rentrer à sa piaule avec ses deux hystériques sur les bras.
Il lui sortait des hoquets d’angoisse. S’il n’avait pas été devant ses hommes, l’exemple du militaire de carrière, il eut dégueulé dans son képi et pleuré comme un enfant.
La gamelle Chetter déboucha sur sa bicyclette au milieu de la troupe qui s’ébrouait avant de s’écrouler sur les paillasses du dortoir. Il vivait avec une pute d’un bar à soldats sur la chaussée de l’ancien fort de L. Copain avec le maréchal des logis Cornillon. Ils avaient le même grade et étaient du même pays de Salm.
Maigre comme un clou, il avait la démarche du voyou dont il imitait jusqu’à la manière de remonter le veston par roulement d’épaules, un peu comme le fait Sarko aujourd’hui. Pendant la campagne de 40, le deuxième jour il était à Bordeaux, champion toute catégorie, même devant les généraux. Un julot bonard sur la Maginot, lui avait refilé sa marmite. Une Algérienne qui se faisait double paie avec des passes deux hommes à la fois
Il dit entre ses dents à son pote alors qu’ils avaient dépassé La Feuillée trônant sur le seuil du corps de garde : « J’ai vu la fille du pitaine, tu sais la grosse qu’on s’était faite tous les deux aux écuries le jour de la fête du régiment, elle était avec ce sale con de Jandron, le fils du contremaître de la fabrique de fer, affalée sur une banquette de la gare. Ils attendaient le premier dur. Je croyais qu’il était pédé, l’enflure, bien non. Il avait la tronche entre les nichons de la pétasse, et il ronflait comme toute une chambrée ».
Cette nouvelle allait faire le tour de la caserne comme une traînée de poudre.
Des Mielleuses serait immanquablement averti par le lieutenant Barbazon qui ne supportait pas l’étoile de plus du capitaine La Feuillée.
La Feuillée n’avait plus qu’à demander sa mutation.
Elle ne lui serait pas accordée. Il faudrait qu’il supplie Des Mielleuses qui n’aimait rien tant que tenir en main ses ganaches par les histoires de cul qui se colportaient dans cet univers sans femme.
Fin.

15 janvier 2008

L’ESCAPADE (4me partie)

Souvenirs et récits militaires (suite 4)

Déferlant vacarme, les bêtes sorties des écuries, hors de leurs habitudes, se rebiffaient pire que les hommes.
Les chevaux ne voulaient pas, les carnes, que la pluie mouillât leur pelage. Leurs fers faisaient des étincelles. Freinant du sabot, ils hennissaient de rage impuissante contre ces cavaliers qui dérangeaient leur sommeil.
Dans la cagna surchauffée, le pitaine La Feuillée déploya sur la table une carte d’état-major qui comme une nappe débordait des deux côtés. Entre les pliures disjointes, on voyait le graillon mal essuyé du repas du soir des hommes de garde.
Il pointa de son stick la caserne et la gare, puis au jugé où devait se trouver sa maison.
Le stick tournoya entre ses trois points.
-C’est dans ce secteur que se situe l’exercice. Le mot de passe est Roncevaux. Retenez bien, bougres d’ânes : Roncevaux. Debatz sera l’agent de liaison, Poisseroux partira côté Nord et Cornillon, côté Sud. Mouvement en tenaille, vous resserrez l’étreinte, objectif les abords immédiat de la gare, sans y entrer, entendu que le chef de gare a déjà porté plainte pour tapage nocturne à cause des bourrins. Vous saccagerez pas comme l’autre fois les parterres du parc et défense d’y faire brouter les chevaux, à cause qu’on débute la saison des muguets… Deux plantons devant la poterne, je reste au corps de garde. Pour me joindre, l’agent de liaison, c’est Debatz. Il donnera le mot Roncevaux aux deux zigues qui sont prévenus. Interdiction de communiquer sans le mot.
-C’est quoi, mon capitaine qu’on cherche ?
-Un couple. Elle dans les 18, 19, lui dans les 20, 25. Rompez !
Les bourrins tapaient du sabot devant la porte. Ils sentaient l’heure du départ. Ça les enthousiasmait pas du tout, comme les hommes, cette promenade nocturne sous la pluie. Debatz dut hisser Poisseroux sur « Tempête » une bête asthmatique de 18 ans qui sous le poids devint concave. Les hommes peinaient à se tenir en selle, déséquilibrés par le poids des ferrailles réglementaires. La pluie redoubla au moment du départ.
Une lumière se vit quelque part aux étages de l’immense bâtiment à la Vauban qui abritait deux cents cavaliers pour cent montures (les chançards avaient des vélos).
Une voix lointaine parvint à la poterne, comme venant d’un navire au fond d’un wharf, « Vos gueules, on s’entend plus ronfler. Où c’est que vous allez, bande de bleus ? La guerre est finie, mes salauds… »
Les chevaux qui avaient quitté les box en freinant des quatre fers, avaient fini par accepter leur mauvais destin. On voyait les traces de coups sur les flancs maigres des animaux. On pouvait dire que la détestation des bêtes et des cavaliers étaient réciproques.

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La Feuillée assista au départ des hommes sous l’auvent du corps de garde. Il s’assura des deux sentinelles à l’abri des guérites, puis rentra se chauffer .
-Allô, Blanche, ici Léon. Ta salope de fille n’est pas rentrée ? Et l’autre ? Ferme la chambre à double tour, des fois qu’elle aurait le feu au cul comme sa sœur… Je te remercie pas du cadeau de tes deux pétasses… de l’éducation que tu leur as donnée… une famille de putes ? Vous allez me faire crever… Si j’ai des emmerdes à la caserne à cause de vous trois, vous allez le sentir passer !...
-Oh ! mon Léon, je t’en supplie…
La Feuillée raccrocha avant que sa femme eut fini de gémir, avec une telle violence que le téléphone se décrocha du mur.
Il s’endormit, les coudes sur la table, la visière de son képi sur les yeux. Il rêva qu’il surprenait Jandron, le suborneur de Pauline, sous ses ordres en sa qualité de deuxième classe du troisième lancier, à se masturber dans les latrines. Le pitaine criait à la garde. Les hommes de piquet s’en saisissaient pour le pousser au gnouf. Le malheureux s’agrippait à sa botte, d’une main tandis que de l’autre il tripotait ses boutons de braguette pour faire disparaître son poireau qui déversait son jus. Il pleurait en demandant pardon. Tandis que La Feuillée, faisait « nan, nan » de la même voix que Daudet imaginait celle de Tartarin, aux soirées de chant de la mère Bézuquet.

(suite et fin demain)

14 janvier 2008

Bas les masques

Ou la misère des Belges… et des Français. (Il paraît que l’on me lit aussi dans l’Hexagone.)

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A propos du pouvoir d’achat, il est temps non pas que les dirigeants se ressaisissent, mais que l’opinion prenne en compte la tragédie de la misère qui se déroule non pas à l’extérieur du pays, mais à l’intérieur.
Cela nous la baille belle d’entendre dire que nous sommes parmi les pays les plus riches du monde, quand nos gouvernements sont incapables d’endiguer la misère qui monte partout…
Les représentants des gouvernements divers, les porte-parole des partis, des syndicats, les membres de l’actuel et fugitif pouvoir de Verhofstadt, des interlocuteurs sur les plateaux de télévision, à l’exception des personnes invitées et accablées par la montée des prix, aucun n’est sensible dans le fond de lui-même à la misère des Belges… et des Français inscrits dans le même bateau, avec des caisses vides et des dirigeants avides.
Pourquoi, mais parce qu’ils ne vivent pas dans les mêmes conditions que celle ou celui qui doit se débrouiller avec 600, au pire, et 1100, au mieux, euros par mois.
A quand l’immersion de ces messieurs dames quelques mois en banlieue crade avec des clous en poche, afin qu’ils puissent l’ouvrir sans être indécents dans leurs propos à l’égard des pauvres, quand ils seront revenus, s’ils en reviennent ?
Les plus honteusement à côté de la plaque sont les économistes.
Ils ne connaissent pas la situation sur le terrain pour prétendre à proposer des remèdes.
Quand j’entends le discours d’un éminent qui nous dit que tout n’a pas augmenté et que les voyages d’agrément et les matériels Hi fi et d’ordinateurs ont diminué, même si cette affirmation n’est pas fausse, il n’est pas question ici de se ruer sur le voyage en Turquie ou le dernier cri de Sony, mais de comparer les prix du pain, de la pomme de terre et des moyens de chauffage avec ce qu’ils étaient ne serait-ce que l’année dernière ou il y a seulement deux ans !
On voit dans une économie déglinguée, qui ramasse toujours les premiers coups !
Cela concerne de plus en plus de gens… et c’est bien loin de la montre de 40.000 euros que Carla a offert à Sarko the spider.
C’est un désastre économique contre lequel la moitié des Belges et la moitié des Français sont en butte, regardé placidement par l’autre moitié qui a la chance de ne l’avoir senti passer que de loin.
Nous voilà beau avec les discours de Reynders, ce petit arriviste plus égoïste que lui tu meurs, incapable de voir plus bas que le revenu moyen pour ses réformes fiscales, ignorant jusqu’à l’insulte le million cinq cent mille de ses concitoyens (beaucoup plus en France) pour lesquels sa réformette n’est qu’un rideau de fumée qui cache sa clientèle.
A la lanterne les salauds qui pensent comme lui !
C’est bien beau de taxer ces propos de populistes, t’as quelque chose à proposer qui ne soit pas populiste et avec lequel on puisse bouffer, Didier ? Entre les dégueulasses et les populistes, j’ai choisi les derniers. Si ça te dérange pas !
Ce mois de janvier, l’infamie est encore montée d’un cran. Le fisc réclame, pour ce happe chair en chef, des impositions allant jusqu’à mille euros pour des travailleurs gagnant à peine 1100 euros par mois !

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C’est d’autant plus frappant que le ministre du budget, le sinistre Yves Leterme, déclarait la semaine dernière que les caisses sont vides et qu’il n’est pas question d’envisager des réformes en profondeur.
Je sais, les libéraux méprisent le reste de la population et de nous saigner comme des porcs n’atteint pas leur sensibilité…
Il est vrai pour tous ceux qui ont des réveils pénibles, mais qui ne se sont pas encore demandé où l’on va, que l’euro leur a joué un sale tour. C’est facile de débourser deux euros et des poussières pour un pain. Reconvertis en 85 FB, l’achat de 850 grammes de pâtes cuites, c’est autre chose !... Vu ainsi, verser les 2 euros, ça friserait l’émeute !...
Pourquoi dans les milieux autorisés ne dit-on pas franchement la vérité, à savoir que le progrès n’est plus pour la majorité des Belges parce que l’économie n’a plus la capacité d’offrir de bons salaires à tous et qu’au passage, les industriels et ceux qui le peuvent se sucrent abondamment ?
Quand j’entends dire par certains que la solution réside dans la formation et les études longues pour résoudre le problème de l’emploi, j’ai envie de leur envoyer des tomates à la gueule. Comme si le bon niveau de revenu n’était dû qu’à la capacité intellectuelle ! C’est justement d’emplois non qualifiés dont nous avons le plus criant besoin. Evidemment que le problème s’étendrait aux hyper qualifiés si leur nombre allait croissant. Pourquoi, la ministre régionale wallonne des Universités s’est-elle si longtemps accrochée aux quotas des médecins ?
Réponse : parce qu’il faut protéger les professions libérales à tout prix de la dégringolade générale du pouvoir d’achat. Au point même de mettre en danger la santé des Belges ? Ça, la Simonet s’en fout.
Ce dimanche sur RTL et RTB confondus, c’était consternant de cynisme.
Personne n’a évoqué la possibilité de sortir du système économique affligeant actuel et qui va continuer à faire de plus en plus de ravages.
Cela n’a jamais été aussi d’actualité que les propos inscrits dans le bandeau d’annonce de ce blog : à savoir que 10 % de salauds font la leçon à 90 % d’imbéciles.
Continuez, mes lecteurs, mes frères, à vous masturber sur les affaires amoureuses de Carla et de Sarko, et vous verrez comme vous vous retrouverez un jour à poil sur les quais du canal Saint-martin à vous demander ce qui vous arrive.

13 janvier 2008

L’escapade (3)

Souvenirs et récits militaires (3me partie)

L’idée en pleine gestation venait enfin d’éclore.
A l’école militaire, on avait appris à l’aspirant La Feuillée que l’inspiration et l’intuition font tout de l’homme de guerre. Le contre exemple de Grouchy attendant les ordres au lieu de marcher au son du canon lui était resté dans le crâne !
-Exercice de nuit !... Le Plan ! L’action, nom de dieu, Cornillon, l’action… l’intuition !
Chaque colonel avait eu son plan. Des Mielleuses n’avait pas encore le sien. Une promotion trop rapide, une certaine nonchalance, les inspections surprises et le café du Commerce où il jouait au billard « classé régional », avaient persuadé le Colonel de reprendre le plan de son prédécesseur, le colonel major Troussard qui avait fait valoir son droit à la retraite.
-Lequel ? mon capitaine, s’enquit Cornillon.
-Lequel… bougre d’âne ! Il me demande lequel ?
La Feuillée sortit sa montre, un énorme oignon qu’il remontait deux fois par jour, cadeau du père de Blanche le jour du mariage. Il n’osait s’en défaire et acheter quelque chose de plus moderne.
Il avait emprunté de l’argent au vieux qui le soupçonnait de trop dépenser.
-Le Plan, Cornillon… La marche au son du canon… sus à l’objectif… Le Plan du colonel major Troussard… un homme celui-là…de l’audace à revendre…
A deux heures du matin, les fugueurs devaient se rouler des pelles quelque part entre son logis et la gare.
-Attaque nocturne. Il est 2 H 4 du matin. Thème : surprise d’un ennemi supposé envoyer des espions en reconnaissance ! Savez pas le plan… maréchal des logis ?…
-Nom de dieu, c’est quoi ce boucan, dit un vieil homme en descendant péniblement l’escalier qui menait à l’étage du corps de garde.
Quand il vit les trois étoiles de La Feuillée, il se raidit retenant ses braies. Son bonnet de nuit et les bretelles flottant de part et d’autre de son énorme corps lui donnaient des allures de pilote de chasse.
-Adjudant-chef Poisseroux, à l’ordre, mon capitaine.
-Foutez là ? dit La Feuillée, surpris.

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L’adjudant-chef était à six mois de la quille. Il ne savait où aller n’ayant pas de famille et ne sortait pratiquement jamais de la caserne. Il avait établi ses quartiers au-dessus de la poterne dans la pièce où se rangeaient les drapeaux. Chauffés par le poêle du corps de garde, il avait son paquetage sous son lit, disposait de la rata des hommes de garde et par grand froid épaississait ses couvertures de l’immense drapeau belge que l’on ne déployait jamais, depuis que par grand vent, il avait cassé sa hampe et embarrassé la voiture d’un général en inspection.
Des Mielleuses aurait voulu lui confier quelque besogne administrative, mais Poisseroux avait perdu la main à force de panser les chevaux et boire des pintes. Les comptes de la Buanderie qu’il était censé tenir étaient parsemés de grosses taches d’encre, cela camouflait un peu les erreurs arithmétiques, mais tout de même un caleçon ne pouvait être comptabilisé comme une camisole.
Borné, mais bon soldat, il était le seul des gradés à avoir résisté sur la Lys à un ennemi « supérieur en nombre ». Des Mielleuses, alors commandant, se souvenait de cet irréductible mitrailleur qu’il avait fait maîtriser par deux lanciers à vélo à cause du danger qu’il représentait d’attirer l’attention de l’ennemi par ses tirs nourris.
Ce contentieux restait en travers de la gorge de Des Mielleuses qui à cause de cela avait préféré lui donner la garde des drapeaux, après lui avoir retiré la responsabilité de la buanderie.
L’état-major improvisé de La Feuillée s’étoffait. Cela lui donnait de l’importance.
Il s’adresserait dorénavant au plus haut gradé, ignorerait Cornillon qui n’avait pas la bravoure légendaire mais encombrante de l’adjudant chef.
-Poisseroux que vos hommes sellent les montures, je veillerai à l’appui stratégique depuis l’état-major que j’établis ici. Et pendant ce temps briefing des gradés et distribution des rôles.
-C’est ça, planque-toi, mouche à merde, dit Debatz entre les dents.
Poisseroux remercia le dieu Mars que l’on eût pensé à lui pour un dernier rôle dans une action militaire. Il donna des ordres d’une voix qui ne tremblait pas, quoique à jeun.
Aussitôt un remue ménage emplit le corps de garde, vrai charivari de kermesse, tandis qu’une fine poussière montait des planches disjointes du sol.
Tous ces hommes armés, vêtus de gros draps kakis, soufflant et jurant pour gagner la sortie se poussaient et ce faisant bouchaient la seule issue, arrachaient les chambranles et les insignes dans un claquement de crosses de fusil et de baïonnettes en travers.
-Ah ! elle est belle l’armée rugissait La Feuillée dominant le bruit d’une voix de tonnerre, tandis qu’il poussait les derniers à sortir, à petits coups de botte dans le train.
Le tapage ne finit pas avec la troupe dehors. Les hommes attrapaient les chevaux par la bride en les appelant par leur nom. « Ici Fakir ! Tu vas te calmer, hein, saloperie ! Ta gueule Friquette. »
Les monter n’était pas aisé, avec tout le fourbi que chaque homme emportait.

12 janvier 2008

L’escapade.

Souvenirs et récits militaires (2me partie)

-Léon. J’ai entendu du bruit dans la chambre des filles.
En chemise de nuit, La Feuillée s’était levé en faisant le plus de bruit possible, arrachant quasiment le tiroir de la commode pour saisir son Mauser, une arme trophée qu’il avait sortie du holster « d’un boche » après s’être assuré que les Américains libéraient le camp sans combat.
Ainsi, les éventuels cambrioleurs, au tintamarre, auraient eu le temps le temps de repartir par où ils étaient venus. Quand il ouvrit la porte de la chambre des filles, Esther pleurait sans bruit sur le lit à moitié nue, les genoux sous le menton.
L’autre lit était vide !
- Et Pauline, nom de dieu, où est Pauline, hein ! dit Léon, sachant déjà ce que l’autre allait dire.
-Elle s’est enfuie, papa, avec Jandron…
-Quoi ! le fils Jandron… ce jean-foutre !
Fou de rage, La Feuillée se précipita à la fenêtre large ouverte sur le noir du jardin, espérant voir une ombre fugitive, son gros Mauser défiant la nuit.
-Ne fais pas ça, papa, gémit Esther. Pauline était d’accord. C’est elle qui a tout préparé…
Consentante ! malgré l’éducation chrétienne… La Feuillée crut apercevoir une ombre glissant entre les cerisiers. Il tira sans viser, pour marquer le coup… Blanche, derrière, lui prit l’arme des mains. La lune perçait les nuages. On y vit un peu plus clair.
La Feuillée ne savait plus que faire. Il aurait pu tuer sa fille. Cette évidence l’anéantissait.
Il n’y avait que le bruit des feuilles et des arbres secoués par le vent sous la pluie battante.
-Pourquoi n’as-tu pas voulu que Pauline voie Jandron. C’est un honnête garçon, dit Esther à travers ses larmes, d’une voix de reproche.
Sa fille le sauvait de l’hébétude dans laquelle le plongeait son geste homicide. Et il lui retourna une paire de claques.
-Léon arrête, dit faiblement, Blanche qui aimait trop son mari, pour bien aimer ses filles.
-Tu n’as rien dit, hein… t’es complice, ma parole ! On en reparlera demain. Pour l’heure, il me faut rattraper ce propre à rien de Jandron… Mais l’autre, hein… quand je la tiendrai…une pute dans la famille, tu entends – et il se tourna vers Blanche – ça ne peut venir que de ton côté… me faire ça à moi.
Les deux femmes l’entendirent encore grommeler dans le couloir « …et mon avancement, elles ont pensé à mon avancement ? ».
Blanche le suivit, priant pour qu’elle reçût la volée suivante à la place d’Esther. Non pas qu’elle voulût que Léon épargnât sa fille, mais parce qu’en femme jalouse, elle ne supportait pas l’idée qu’il pût frapper une autre qu’elle !
Esther les entendit parler crier. Puis, plus rien... La porte d’entrée claqua quelques minutes plus tard.
La Feuillée avait endossé son uniforme et était sorti comme un automate, prenant sans réfléchir, le chemin de la caserne « Commandant Fauthrier ». Sa rage était tombée. Il était plus inquiet de la pluie qui lui mouillait la tête que de la décision à prendre. Comme un imbécile, il était parti sans son duffel-coat. Le couplet du « déshonneur » attendrait son retour avec la petite garce.
Esther, de la fenêtre, le vit qui s’enfonçait dans la nuit
La caserne était à moins d’un kilomètre.
C’est ainsi qu’il déboucha au corps de garde, sans plan précis.
La nuit, les trains ne circulent pas. Pauline et Jandron devaient se terrer entre la gare et la maison. Avec la caserne, cela faisait un triangle isocèle qui s’inscrivait dans un cercle de cinq kilomètres.
Il fallait organiser une patrouille, ou plusieurs patrouilles, tout dépendrait du nombre d’hommes disponibles pour épingler le petit salopard et sa pute de fille.
Le hic, c’était d’entreprendre la chose sans divulguer à Des Mielleuses la raison de l’exercice.

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II.

A la fenêtre, le caporal Debatz guettait le retour de Cornillon. Il avait de la manche de sa capote effacé l’opinion d’un troufion qui surfant sur la buée avait écrit « Des Mielleuses est un con ».
-Pitaine, voilà le maréalogis Cornillon, dit-il, en l’apercevant qui courait sous la pluie.
Quand Cornillon poussa la porte, la colère de La feuillée lui remonta à la gorge comme un rot.
-Maréchal des logis Cornillon, rugit le nouvel arrivant .
-Cornillon ! Où étais-tu bordel ? C’est l’anarchie parole, juste quand on a besoin d’un appui tactique. Où c’est-y qui sont mes militaires ? A gueuser dans les écuries ! Je connais la chanson, on s’amuse dans les foins des bêtes. Le mois dernier, le cheval Trompette a failli crever d’avoir avalé un préservatif !
Les petites dévergondées qui s’enfoncent dans les foins avec les gars du contingent et qui s’enfuient le cul à l’air, aux craquements de ses bottes, avaient toujours fait bander La Feuillée. Il patientait des heures aux bons endroits à retenir son souffle.
-Debout bleusaille, on part en mission. Il donna un coup de cravache sur la table, faisant sursauter la troupe qui se rendormait debout.
(à suivre)

11 janvier 2008

L’escapade.

Souvenirs et récits militaires (1re partie)

Le brigadier Debatz dormait tout habillé sur une banquette au fond d’un corps de garde grand comme un ergastule, loin de l’éventualité d’une guerre pour défendre le roi ou partir sur le champ faire campagne contre les poux dans les écoles. Selon les consignes il était prêt à bondir, sans y croire, comme on fait semblant quand on est un militaire d’un rang très inférieur.
Il ronflait la moustache tombante, son bonnet de service lui cachait les yeux. L’insigne du 3me de Ligne lui descendait sur le nez à chaque respiration. Son casque, pendu à un clou par la jugulaire, était anglais, récupéré dans les surplus de l’armée britannique avec le reste de l’équipement, battle-dress et ceinturon verdâtre. Seuls les brodequins étaient américains. Son masque à gaz lui servait d’oreiller. Il dormait comme quelqu’un qui sait que c’est la seule défense contre l’ennui.
Jamais, il ne se serait douté que le pitaine viendrait en personne le sortir de son rêve.
On était en 1948, en mai d’un vrai temps de décembre.
La pluie poussée par un vent en rafale battait l’unique fenêtre. Le bois vermoulu du châssis exprimait une mousse verdâtre qui stagnait sur la tablette de granit.
La voix du pitaine La Feuillée jeta Debatz debout dans un réflexe d’esclave.
-Dis donc, Debatz tu veux un oreiller ? Ma parole, t’as bu, canaille !... C’est comme ça que tu la sauverais, dis, la Belgique, une seconde fois ? On s’est pas fait crever la paillasse dans les stalags pour que l’ennemi te surprenne en plein sommeil…
Les hommes du brigadier vautrés sur les bas flancs de part et d’autres d’une grande table en bois blanc, d’instinct en dormant s’accrochaient à leur Mauser, des énormes flingots prises de guerre à la Wehrmacht, persuadés que si l’ennemi le leur dérobait par surprise, ils ne couperaient pas du Conseil de guerre. Ils gisaient affalés du sommeil de la brute, pris par le vertige du trou noir dans lequel sombrait leurs existences.
A la voix, Ils s’étaient dressés par réflexe de leur couche, dans un grand bruit de ferraille.
Surpris de l’arrivée de La Feuillée à près de deux heures du matin, ils cherchaient à la hâte l’ardillon du ceinturon et fouillaient le fond de leur casque pour en sortir la jugulaire, le tout en gestes de somnambule. Sans trop croire à la tenue réglementaire, ils étaient persuadés qu’ils ne couperaient pas du rapport.
Ça sentait la bière et le nidoreux des entrailles des rongeurs en décomposition sous le plancher. L’empyreume du tabac mal éteint prenait le visiteur à la gorge.
Le gros draps mouillé des capotes exhalait la pisse de chat, il fumait près du poêle rougi aux cokes d’un haut-fourneau.
D’un coup de botte, sans se retourner le pitaine La Feuillée ferma la porte.
-A l’ordre, hurla enfin un deuxième classe, vacillant sur les jambes en se rappelant in extremis le manuel. Il avait la poitrine en arc de cercle de celui qui tente un dernier geste pour couper à la corvée. Du baudrier en cuir grossier pendait un fourreau à baïonnette qui lui battait les couilles. Pour peu que La Feuillée ait descendu son regard de quelques degrés, il se serait aperçu que le deuxième classe était en pantoufles !
Mais le pitaine La Feuillée avait bien d’autres choses en tête
-Planton, hurla-t-il, où c’est qu’il cuve le maréchal des logis ? C’est pas vrai, abandon de poste ! Le rapport au colonel, …le conseil de guerre … J’y dirais mon mot, moi, au colonel Des Mielleuses… personnel, circonstancié…

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-Il est aux écuries, mon pitaine, rugit le brigadier Debatz, raide au garde-à-vous. Paraît que Baptiste s’est détaché.
Baptiste, c’était le hongre du colonel.
La Feuillée se radoucit.
Il avait besoin des hommes du piquet, en pleine nuit, pour une mission spéciale.
Comme il ne disait plus rien, hésitant à le prendre de haut ou adopter le ton cauteleux qu’il prenait pour parler à Des Mielleuses dont il suspectait la rapidité d’avancement, il restait figé. Le stick prolongeant la main donnait des petits coups sur sa botte de cavalier : flag… flag…
Les hommes du brigadier Debatz s’ébrouèrent. Ils étaient maintenant complètement réveillés et inquiets.
-Fixe, hurla Debatz, conscient d’avoir à remplacer le maréchal des logis Cornillon, en chasse après Baptiste.
La Feuillée était un vétéran de belle taille, fait pour l’uniforme. Le visage aux pommettes saillantes n’avait de particulier que des yeux dont on n’aurait su dire s’ils étaient beaux ou laids, tant ils étaient fixes et méchants. D’une chute de cheval qui avait failli le rendre à la vie civile, il avait une légère claudication qui ne se remarquait pas quand il était en service, quoique d’effacer sa claudication le faisait souffrir.
D’une famille pauvre, la tribu s’était sacrifiée pour qu’il entrât à l’école militaire, il en était sorti breveté sous-lieutenant tout d’une traite et sans échec, dans la peur de redoubler, ce qui l’aurait rendu à la culture de la betterave fourragère, comme l’avait menacé son père.
La campagne de 18 jours et les stalags avaient fait le reste de son avancement.
Dur avec ses hommes et souples avec ses supérieurs, il entendait monnayer les quatre années qu’il avait passées en Allemagne, prisonnier sur la Lys sans avoir tiré un coup de feu. Pris par surprise, disait-il en finissant sa phrase par « les lâches ».
Le capitaine La Feuillée aurait dû être chez lui, à dormir dans le lit conjugal de Blanche, une épouse aux petits soins et qui avait fait de lui son dieu. Ses deux filles, dans la chambre à côté, rêvaient à de beaux jeunes gens en train de passer des mains sous leurs robes.
Blanche l’avait réveillé au milieu de la nuit.
(à suivre)

10 janvier 2008

Un cadeau à la droite.

N’ayons pas peur des mots. La société qui se voulait performante dans le nivellement des classes à un plateau dont les légères aspérités excluaient la lutte, n’existe plus.
A-t-elle jamais existé ?
Sinon dans le fantasme d’un socialisme mondain qui se réjouissait sincèrement de ne plus avoir à se retrousser les manches pour plonger les bras dans le cambouis des inégalités.
L’exemple d’un Gordon Brown achevant le Labour à coups de blayrisme a fait les bonnes soirées d’un Elio Di Rupo, au temps où, il y a à peine un mois, il était dans l’opposition à se repaître de Hume et Smith, les philosophes écossais, parangons du travaillisme.
La Société européenne dans son ensemble est aujourd’hui confrontée aux conditions décrites par Marx. Elle devra en tenir compte afin d’établir la nosographie de ses turbulences sociales.
On voit bien ce dont souffre les gauches. En anticipant dans la ferveur d’un âge d’or qui tarde à venir, le socialisme européen s’est débarrassé trop vite d’un concept rémanent, celui des antagonismes de situation.
Qu’est-ce d’abord un groupe social ?
Ce sont des individus qui partagent une même culture, avec des caractéristiques communes provenant de l’hérédité sociale. C’est un groupe invisible, et c’est pourquoi il est si difficile de l’appeler par son vrai nom : une classe sociale.
Il est malaisé de savoir qui en fait partie. Un manipulateur peut se faire passer pour manipulé, un oisif riche pour un ouvrier pauvre, etc. le problème du sociologue est de démêler les imbrications dans le tissu social général de chacun en interprétant les bonnes statistiques, les lieux de fréquentation, les habitudes de consommation et les revenus attachés aux ressources intellectuelles et physiques.
La Stratification sociale est le découpage de la société en groupes présentant une homogénéité en leur sein, mais distincts les uns des autres et hiérarchisés. Elle résulte de l'ensemble des différences sociales associées aux inégalités de richesses, de pouvoir, de prestige, de savoir.
C'est un ensemble d'individus qui ont des points communs dans leurs attitudes, façon de se comporter, et qui sont largement déterminés par ce groupe, ce qui fait que ce groupe se singularise.

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Le premier qui est bien visible aux yeux de la collectivité c’est le groupe fort homogène des professions libérales ayant choisi de faire une carrière politique. C’est celui qui est le plus facile à déterminer et qui donne immédiatement une idée fort précise de ce qu’est une des nuisances dans le manque d’échantillonnage de la représentation des citoyens pour une démocratie effective.
Mais il y a bien d’autres critères pour définir des appartenances à des classes sociales dont la plupart sont des intermédiaires entre la plus élevée et la plus basse. Car la nouveauté en ce domaine tient dans la diversité. Ce qui a changé c’est la croyance d’une société qui n’aurait que deux classes : celle des nantis et celle des pauvres.
Par exemple la classe des avocats vivant de la politique est homogène, bien que les individus qui la composent vivent dans des partis aux objectifs différents, elle a donc des intérêts communs de classe, comme un niveau de vie comparable. Elle est aussi, il ne faut pas l’oublier, solidaire du grand groupe reprenant dans son sein tous les dominants, même si certains avocats ont l’obligations de défendre les dominés dans le contrat qui les lie à leur parti.
Le basculement rapide des classes moyennes du petit commerce dans la pauvreté montre les transfuges et les passages à des zones intermédiaires.
Il n’existe probablement pas de transmission biologique des normes sociales. On ne naît pas avec une mentalité de manœuvre léger, ni avec les qualités d’un cadre. Mais on le devient. Cela s’acquiert par la famille, l’éducation et l’éveil à des centres d’intérêts perceptibles dans l’environnement. C’est un processus connu de socialisation.
Un enfant qui baigne depuis son enfance dans un monde musical sera certainement plus attiré par la musique qu’un enfant qui naît dans une famille d’auxiliaires d’une chaîne de montage de voitures.
C’est le système d’éducation qui intervient ensuite, pour assurer la formation de qui dirigera ou qui obéira. Mais la famille aura toujours un rôle important dans le sens actif ou le sens passif, on pourrait dire répulsif… et la marque qu’elle imprime reste souvent déterminante.
Le principe d’intégration à une classe sociale le plus répandu sont les rapports d’époux à époux et de parents à enfants.
Reste que le fait d’avoir intégré la croyance que la lutte des classes n’existe plus, la gauche a fait un formidable cadeau à la droite qui n’en demandait pas tant !

9 janvier 2008

Henri Guaino, sarkolittérateur.

Après la conférence de presse de Nicolas Sarkozy et de la critique à chaud de ce qui a été dit, ce n’est pas la première fois que j’entends parler du nègre du Président de la République, Henri Guaino, qui lui aurait mis en forme son intervention devant la presse internationale.
Le lundi 7 janvier, c’étaient Raphaëlle Bacqué du Monde et Jean-François Kahn qui rappelaient la collaboration entre un homme public et un écrivain « à la carte ».
J’ai trop de respect pour ceux qui tentent de vivre de leur plume pour faire un procès d’intention à Monsieur Guaino. Le bougre ne s’en tire pas mal. Les succès de son patron sont un peu les siens.
Comme tous ceux qui rament afin de sortir un bon texte dans un délai relativement court, il arrive à Monsieur Guaino de faire des emprunts parmi des confrères plus illustres. Cela démontre chez-lui une culture générale et de bonnes lectures.
Par le passé, de grands écrivains ont plus ou moins omis de citer ceux à qui ils ont emprunté un argument voire une partie de leurs meilleurs textes. Il n’y a pas de mal à s’inspirer de bons auteurs.
Des journalistes, des revuistes, des dramaturges, des auteurs comiques de théâtre, des philosophes même, sont des buvards qui compilent, annotent et transposent, pas que les fables d’Esope ou les comédies d’Aristophane.
On ne le voit que trop au registre des bons mots : on s’en dispute la paternité quand ils sont pertinents ou spirituels. Dans le cas contraire, c’est faire preuve de mauvais goût et manquer de jugement que de se les approprier.
Est-ce à dire qu’une idée nouvelle ne jaillit jamais du fatras d’idées anciennes pillées et repillées ?
A part calquer de A à Z les écrits d’un tiers sans même se donner la peine d’en rien changer (cette paresse s’appelle un plagiat), des choses inédites jaillissent parfois des à-peu-près et des redites. Reprendre la pensée d’un auteur en la prolongeant de la sienne est plutôt flatteur pour celui-là, même si l’emprunteur oublie de citer ses sources.
Henri Guaino aime se lancer dans des amalgames historique et rhétorique. Si l’âme de Guaino n’était qu’adolescente, empruntant à Ronsard, où serait le mal ? Hélas ! son zèle est plus terre à terre. Ses sources, il les détourne de leur sens pour en faire les contrevérités de ce pourquoi elles avaient été créées. Ce nègre-là récupère les auteurs avec les citations. Il ne les plagie pas, puisqu’il les cite ; il fait pire, il leur attribue une carte de l’UMP.
Victor Hugo, Charles de Gaulle, Léon Blum, Jean Jaurès sont bel et bien morts, Edgar Morin, pas encore.... qu’il le veuille ou non, l’ardent Guaino le met aussi au service de son patron.
Nous voilà donc partis pour une « politique de civilisation » livre du touche-à-tout Edgar Morin.
On marcherait comme un seul homme, car si Edgar Morin est mondialement connu, qui l’a lu en France, hors certains milieux intellectuels que les Sarkozy boys ne connaissent pas ?

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J’avoue avoir parfois cédé à mes démons et m’être approprié un texte ou l’autre qui me semblait parfaitement convenir à ma pensée et qui avait l’avantage d’être incomparablement mieux rédigé que je ne l’eusse fait. Mais jamais, au grand jamais, il ne me viendrait l’idée d’appeler à mon secours un homme de talent – mettons un homme politique de gauche - pour l’habiller en Déroulède !
Car la politique de civilisation d’Edgar Morin va à l’encontre de celle du président de la république.
Reste l’hypothèse selon laquelle Henri Guaino comprendrait difficilement les philosophes et qu’il a pêché sur Wikipédia et sur les blogs de critique, des textes de Morin pour une commande urgente de son patron.
Notez, puisque je suis en vaine de sincérité, Edgar Morin, je ne l’ai pas lu et tout ce que j’en peux dire sort d’une interview que j’ai sous les yeux dans laquelle l’écrivain récuse absolument « le nouvel humanisme » élyséen qui serait calqué sur le sien.
Si lui-même ne s’y retrouve pas, qui donc le ferait, sauf les MM de le présidence, drôlement gonflés ?
Le sarkozysme est un nouvel humanisme qui aurait établi sa Sorbonne au Fouquet's, recevrait Kadhafi en nouveau Socrate et aurait Platon-Guaino, Vincent Bolloré, Dassault et Lagardère pour disciples. La déesse raison serait Carla Bruni qui aurait son temple à Eurodisney.
On voit d’ici comme les Français apprécieront cette civilisation-là !
Foin des vieux grecs, nous voilà quelques siècles plus tard au Quattrocento, toujours avec Carla en déesse du printemps. On pourrait souffler à Guaino que la belle du président ressemble à Simonetta Vespucci, le modèle de Botticelli. Un saut sur Wikipédia pour s’en assurer, et voilà une page de Guaino pour le futur discours du mariage.
Dans l’alternative où Guaino serait payé à la ligne comme Balzac le fut à ses débuts, je retire la dernière moitié de ce texte et m’en tenant à la première, salue l’homme par les temps difficiles que traversent la profession d’écrivain public, et le prie de croire à toute ma sympathie.
Les râleurs diront ce qu’ils voudront, ce mardi, c’était du bon travail. Il y avait comme de l’idée dans la compilation et si l’on y ajoute le métier de l’acteur, on applaudit la performance !

8 janvier 2008

Précis de décomposition.

En moins de trois mois, le gouvernement provisoire ne pourra mettre des rustines sur tous les trous. Et quand bien même, ce n’est pas enthousiasmant pour la population de savoir les gens à cause desquels la Belgique a perdu une fortune en six mois de crise, prendre le pouvoir pour une législature, après Verhofstadt.
Quatre ans à supporter ces fieffés gaffeurs ! Restera au pays à digérer cette honte !... Sans compter l’argent perdu destiné en principe aux Belges criant famine !...
Car, le compte est vite fait.
Le gouvernement des affaires courantes de Verhofstadt, comme convenu, n’en a pas fichu une secousse. Les Cabinets et les ministres n’ont pas eu un traitement de remplacement adapté à leur sinécure. Ils ont été payés à tarif plein. Six mois d’un salaire de ministre, combien cela fait-il d’années de la retraite d’une technicienne de surface ? Rien qu’à prendre la calculette, cela donne le vertige !
Je ne sais plus qui a dit « comme en Afrique : en Europe démocratique, la politique c’est l’accès aux richesses », c’est tellement juste !
Reste l’actuel équipe en fonction jusqu’à la mi-mars. Que va-t-elle pouvoir faire d’utile, sinon préparer le règne du Flamand incontournable ? Yves Leterme, tel qu’en lui-même…
Sans oublier que ce gouvernement des Rois Mages n’est pas à part entière. C’est le prolongement de l’ancien des affaires courantes, pour ne pas que ça fasse désordre plus longtemps. En réalité, nous sommes en plein cirage, en pleine interrogation.
La crise économique, l’inflation, le pouvoir d’achat des petites gens qui tombe en flèche, rien ne va plus. Notre rossignol flamingant bientôt nous travaillera au corps avec ses réformes de frontière et de compétence linguistique ! On croit rêver.
Donc, aux six mois de prime accordés aux ministres enfin démissionnaires, doivent s’ajouter les millions d’euros gracieusement offert aux quatorze rescapés de l’intérimaire. Certains de l’ancien bidule s’y retrouvent et notamment les socialistes et les libéraux, dans une admirable passation du relais pour des carriéristes hors pairs que sont Reynders et Onkelinx.
Six mois plus trois, ça fait neuf !
Tout cet argent dépensé, pourquoi faire ?
Quand on pense que la moitié des ministres actuels n’a jamais exercé de fonction de cet ordre, on imagine que le rodage prendra tout janvier, mois où il sera difficile de leur demander s’ils ont des projets et ce qu’ils comptent faire ?

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C’est ici que l’on s’aperçoit de l’extrême légèreté de MM Reynders et Di Rupo, surtout pour ce dernier qui s’est entiché d’un Paul Magnette et qui le joue comme à la roulette, façon martingale.
Voilà bien de l’insouciance affichée qui va à l’encontre des discours sur la vie chère, le prix du mazout de chauffage et l’urgence de relever les pensions et les indemnités de remplacement.
Déjà sur la défensive quand le pointu Leterme prendra les rênes du pouvoir, on pourrait aussi s’inquiéter de ce qu’il nous concocte en ce début de l’an au budget.
Messieurs les pauvres, serrez vos ceintures !
On préparera sans doute les choses dites sérieuses de l’après mars, dans l’aigreur et la peau de banane.
C’en est au point qu’il serait quand même temps de se poser la question de savoir ce que la Wallonie et Bruxelles peuvent faire ensemble si Tyl l’Espiègle pousse trop loin la chansonnette de la majorité simple.
On le sait, les Flamands savent que leur langue n’a aucun avenir hors de leur pré carré. Ils multiplient les défenses au point que cela en devient ridicule. La pauvreté de leur patrimoine culturel est à la hauteur de leur désarroi et de leur envie de montrer qu’économiquement et démographiquement, ils sont les plus forts et qu’ils peuvent nous en faire baver dans le cadre de la Belgique. Ils ne lâcheront ce délicieux royaume que le jour où ils nous auront complètement lessivés.
Ce n’est pas une consolation de savoir les Français dans le même pétrin, hormis la chose linguistique.
2008, année de la cata ?
Les gens qui plastronnent au pouvoir ne nous auront servi à rien. Ils nous auront coûté fort cher et auront aidé la gueuserie du commerce international, à nous pousser la tête dans le baquet.
Je l’ai écrit, il y a longtemps : les voyous ne sont pas dans la rue. Ils sont au pouvoir.
Je persiste et signe.

7 janvier 2008

L’erreur de Di Rupo.

Les Libéraux ont trouvé l'astuce pour déstabiliser le PS dans ses bastions.
En cela relayés par les médias toujours en mal de copie, ils repèrent un opposant aux rosés qui en veut. Il y a bien toujours dans la soupe socialiste des Communes où les rosés sont implantés depuis belle lurette, quelques légumes mal délayés, du graillon qui tache…
Ils ont éprouvé la recette à Charleroi. Il faut dire qu’il y avait matière.
Olivier Chastel n’avait qu’à l’ouvrir devant les médias, en général plus sensibles aux scandales de la gauche, qu’aux malversations des gens de droite. Forcément, ces derniers sont aussi propriétaires des journaux !
Vous avez vu comme Reynders a récompensé Chastel ? Histoire de provoquer d’autres vocations !
Ce fut un tel succès que le fils de Van Cauwenberghe qui n’avait commis aucune faute dans ses attributions communales, s’est fait sanctionner par Elio Di Rupo en personne, pour un accrochage lors d’une soirée électorale à cause duquel la partie adverse a déposer plainte. Vaut mieux prévenir que guérir s’est dit gros QI !
Il n’y a guère, un tel fait aurait été cité à l’ordre du jour du Bureau et le militant félicité.
Donc Reynders qui hait tout qui lui fait de l’ombre a compris la manoeuvre.
Olivier Chastel est devenu son chouchou. Avis aux jeunes loups de la libérale aventure…
A Huy, il y a une nouveauté dans la guerre des civismes confrontés. Le Président du MR a vu que le torchon brûlait dans les rangs des rosés hutois. Anne-Marie Lizin, la reine du Rondia est une vieille gamine impulsive. Elle suit son intuition. Cela conduit parfois à des clashs internes.
La gazette de la « gauche » n’a pas de meilleure animatrice que la pétulante féministe.
Il a suffi de souffler sur les braises. Une échevine socialiste s'est rebellée. Si le PS liquide un jour Micheline Toussaint, sur les conseils de la maïeure, l’échevine sait ce qu’il lui restera à faire. Olivier Chastel l’attend dans son nouveau bureau jouxtant celui de son bienfaiteur.
Pourtant l’Affaire de Huy est du genre mineur. Quel est le bourgmestre qui n’a pas eu un jour la tentation de dire à un de ses pistonnés travaillant à la Commune : « Mi fi, tu saurais pas mettre un paquet de photos « Votez pour moi » du côté où tu vas déboucher les égouts ? ».
Reynders est pur, certes, quand on n’est pas bourgmestre, c’est facile. Mais n’a-t-il jamais troqué un poste au ministère des finances contre un dévouement et paiement en prestation discrète ? Sinon, lui, tout au moins un de ses séides ?
Les réactions à la plainte de la dorénavant bien aimée Micheline dans les couloirs des œuvres libérales ne se sont pas faites attendre.
L'opposition hutoise s’est pendue à la veste de Philippe Courard, pour une demande d'intervention "urgente" au chevet d'une démocratie communale "malade".
Le Soir et la Libre s’emparent du « scoop » voilà qui succède à la romance Sarkozy Carla !
Didier exulte. Il ne voit que du positif pour les futures élections communales à Huy.
Au niveau de la presse les « scandales », c’est tout profit. Les scandales dans les mairies tenues par des Libéraux, quoique aussi fréquents que chez les rosés, n’ont pas le résonnement de grosse caisse. C’est que l’affaire de Charleroi, tout à fait gratinée incontestablement, a concentré l’attention des lecteurs sur les maffias socialistes. Une aubaine pour les patrons de presse ! Enfin, si le terme de maffia est un peu fort, il est dû à la mollesse incroyable de Di Rupo face au danger libéral.
L’erreur de Di Rupo crève les yeux. Il ne fallait pas envoyer un réviseur politique à Charleroi choisi en dehors du parti, avec un grand sabre et des allures de garde-champêtre.
Paul Magnette intellectuel neutre par excellence, ignoré des petites gens, alourdi de diplômes lui conférant une posture qu’on devine à l’avance d’arriviste à la langue de bois, a été récompensé pour sa mission carolorégienne. Du reste, les médias ne s’y sont pas trompés. Ce type bien sous tous les rapports est suivi « favorablement » par les intellectuels mondains du parti, au grand dam des vrais socialistes restés sur le carreau.
L’erreur de Di Rupo dans le dossier de Charleroi, c’est d’en avoir cédé la responsabilité à un tiers qui n’avait aucun titre à sanctionner de vieux militants, même fautifs. Il devait faire cela lui même.

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Alors, s’il reproduit à Huy, sa façon d’épurer Charleroi, oui, le parti socialiste est en danger.
Et madame Sans-gêne pourrait bien se faire vider par un autre tâcheron que Di Rupo recrute partout sauf dans son parti.
C’est à la sortie des usines que le PS doit se ressourcer et pas à Berkeley ou Standford. C’est en payant de sa personne que Di Rupo doit montrer qu’il est sévèrement burné. Ce dont on peut douter, quand voit le PS dégringoler dans les sondages.

6 janvier 2008

Les papiers-cul du Figaro.

Mais quel journal français faudra-t-il consulter pour avoir une information honnête de la situation de ce pays, cher à nos cœurs de francophones ?
C’est la question majeure qu’il faut se poser en ces premiers jours de janvier 2008.
La goutte qui fait déborder le vase, c’est le Figaro qui la verse par l’entremise de son propriétaire Serge Dassault sous la forme d’un éditorial du premier de l’an, rien de moins qu’en première page et avec la bénédiction d’Etienne Mougeotte, chien couchant et patron de la rédaction de l’entreprise.
Et encore, si Dassault s’était contenté de s’épancher d’une manière vague et générale, de sa plume hésitante et maladroite habituelle sur les sept plaies du monde, mais non, il parle aussi de Sarkozy « Nos encouragements et notre appui l'accompagnent pour réformer un pays dont les habitudes ont besoin d'être changées", écrit-il, soulignant que Nicolas Sarkozy "a déjà fait beaucoup en quelques mois ».
Apparemment, aucune protestation des journalistes du Figaro, si ce n’est une timide demande d’audience afin de préciser les nouveaux rapports du propriétaire avec la rédaction.
Là voilà bien, la France des libertés, qui dorénavant, il faut bien qu’on le sache, avec Dassault au Figaro, Alain Minc au Monde et le groupe Lagardère pour le reste ne doit plus compter sur la pertinence et l’impertinence de la presse pour donner à la critique et à l’opposition une voix régulatrice et tempérante du pouvoir.
Les habituelles pressions sur les dirigeants du service public audiovisuel complètent cet embargo sur la pensée. Il ne restera plus aux récalcitrants qu’à s’expatrier comme le fit jadis Voltaire, qui avec d’autres, se fit éditer en Hollande.
Les temps sont venus de la race moutonnante qui ne trouve rien à redire à ce scénario, puisque
cela ne suscite pas de révolte citoyenne. On dirait que les Français sont pour moitié les héritiers de la tradition politique libérale léguée par le bonapartisme, relayée par le pétainisme et qui empêche l’autre moitié d’avoir accès à l’expression, ce dont cette dernière se satisfait ! Il est vrai que l’argent, devenu le moteur de tout, est exclusivement dans les mains des nouveaux camisards aux ordres de Sarkozy et qu’il noie et corrompt la pensée des derniers opposants.
Perdu dans le trou noir où est tombé le PS, monsieur Lamdaoui, le porte-parole de Hollande, aura vainement déclaré : "Les amis milliardaires patrons de presse de Nicolas Sarkozy ont transformé leurs médias en nouvelle Pravda du pouvoir", mais qui s’en soucie encore ?
Pour se consoler, les nostalgiques de la pensée libre recommandent la lecture d’un livre paru il y a nonante ans (quatre-vingt dix pour les interdits de lecture du XVIme arrondissement) d’Antonin Périvier « Napoléon journaliste ».
On se console comme on peut.
L’Histoire nous l’a à maintes reprises démontré, quand on en est là, la rédemption ne proviendra pas d’un remue ménage des citoyens, puisque ceux-ci sont anesthésiés et désinformés, mais du pouvoir lui même qui ne se sentant plus contrôlé finira par tomber dans des excès qui précipiteront sa perte.

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C’est du pourtant très conservateur « Financial Times », c’est-à-dire de l’étranger, que vient cette critique pertinente : « Observer Nicolas Sarkozy gouverner la France, c'est un peu comme regarder un homme craquer des allumettes dans un entrepôt plein de feux d'artifice : il y a des étincelles, du bruit et de l'excitation, mais aussi une peur agaçante que tout peut exploser. »
Ce qui ne manquera pas de se faire.
Les Français sont ainsi fait. Ils sont indifférents souvent, accablés par les soucis du quotidien, ils ont, pensent-ils, autre chose à faire que s’occuper de politique. Assez midinettes, ils aiment que les dirigeants républicains soient en réalité leurs anciens rois de France qui paradent dans un Versailles encore debout, revenus spécialement pour eux. C’est quand le rêve devient cauchemar que les bastilles tombent. Ce qui complique les sautes d’humeur, c’est qu’aujourd’hui, le pouvoir financier local est relayé et imbriqué dans le pouvoir financier mondial. Faire tomber des têtes dans la sciure à Paris, ne résout pas le problème ; car le despote est invisible, tant il peut être ailleurs et intouchable. C’est ce que se disent les mondains de gauche dans des salons désertés.
Alors, voilà les Français spectateurs d'un soap-opéra présidentiel. Une fiction, et ce n'est pas un hasard, puisque les Français eux-mêmes vivent la fiction du « héros » président de la République.
Tout chez le nouveau maître ravi. Le délai de viduité non respecté après le divorce, l'avion privé de Bolloré après le yacht, le quart d'heure de retard à l'audience du pape au cours de laquelle il consultait sans se gêner son portable : ces façons cavalières ne montrent pas seulement la personnalité d'un homme quelconque, elles signifient aussi une manière de faire de la politique, qui se résume à l'aventure personnelle de qui se veut au-dessus des lois du commun.
Voilà déjà le hic : le président discoure de tout bien plus qu'il n'agit. Ses actions décrites restent dans son imaginaire. Ce sont des numéros d’acteur. Fabrice Luchini devrait apprécier.
La presse croupion va pouvoir se régaler.
Cet homme là chie de la copie pour elle. Mais voilà, ce n’est pas la presse qui s’abaisse, mais les journalistes pour la ramasser… C’est ainsi que déjà les gens du Figaro écrivent sur du papier-cul.

5 janvier 2008

Leterme chez les Kikuyus.

Verhofstadt III n’est pas à Nairobi, pourtant toute la politique belge y est à l’état d’ébauche dans ce conflit intérieur d’un pays d’Afrique. C’est encourageant pour les Flamands..
« Les troubles mêlent ethnies et politique, jusqu'à l'horreur, au Kenya » nous apprend un journaliste du Monde. Leterme devrait pousser jusque là. Il y apprendrait comment organiser la montée des haines. C’est très important la haine quand on veut manipuler des nationalistes. L’orgueil d’un homme né dans une petite culture est toujours blessé, c’est le cas de notre futur premier ministre.
On n’en est pas encore à brûler des Francophones à l’église de Pont-Brûlé près de Vilvoorde, pourtant, avec un nom pareil, c’est comme une invitation.
Justement chez nos grands ancêtres Noirs, l’église qui a servi de gril à 35 de ses paroissiens est située dans la région d'Eldoret, dans la vallée du Rift. Le Rift, ça ne vous dit rien ? N’est-ce pas là que l’on a trouvé les restes des premiers hominiens chers à Yves Coppens ?
Quelques millions d’années plus tard, on dirait qu’après avoir appris l’art du feu, nos contemporains n’ont de cesse de brûler leurs semblables !
Admirable application des techniques de la modernité, en utilisant des bidons d’essence, c’est toute la qualité du produit qui prend une actualité dont le commerce n’a vraiment pas besoin… à cent dollars le baril !

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C’est l’ethnie kikuyu qui a trinqué pour avoir soutenu le président réélu Mwai Kibaki. Chez nous, on ne sait pas encore qui verra brûler 35 de ses fidèles Kikuyus wallons pour sa conduite irrévérencieuse à l’égard des nationalistes flamands ?
On hésite : Jeanne d’Arc Milquet ou gros QI, Elio di Rupo ?
Reynders ayant renoncé à sa nationalité kikuyu sur la base du rapport que 39 % d'électeurs kenyan choisissaient leur candidat sur une base purement ethnique, il était évident que les 60 % de Flamands feraient mieux aux élections que 40 % de Sous-Belges.
Car les Kikuyus wallons sont victimes d’une ségrégation et peuvent revendiquer à l’Europe le statut de Sous…
Bart de Wever retour du Kenya a vécu de si près le conflit local, qu’il en a le pantalon roussi...
Il en est revenu charmé par la similitude des situations et convaincu que son combat est sacré.
Qu’on en juge : deux ethnies forment depuis un demi-siècle un curieux couple. Kikuyus et Luos sont alternativement alliés et antagonistes. Plus importants en nombre (près de 20 % de la population), les Kikuyus, "peuple guide" kényan durant la colonisation, sont les plus influents économiquement.
Il suffit d’inverser les nombres, de comparer les Flamands aux Luos et de leur attribuer le plus d’importance économique.
Pourquoi me direz-vous ne pas suivre le conflit kenyan à la lettre et décréter que les Flamands seraient les Kikuyus et les wallons les Luos ?
C’est là que l’âme flamande miséricordieuse intervient. Bart ne pouvait pas concevoir que baptisés Kikuyus, des Flamands brûlassent dans l’église de Pont Brûlé.
Pour les transpositions l’accord a été conclu entre le CDNV et le NV-A très rapidement.
La suite est éclairante : alors que les Luos constituent, numériquement, la troisième ethnie du pays, leur rôle politique national fait figure de drame depuis l'indépendance, lorsque Jamarogi Oginga Odinga, le propre père de l'opposant battu à la présidentielle de 2007, Raila Odinga, avait soutenu l'accès au pouvoir du "père de la nation", le Kikuyu Jomo Kenyatta.
L'idée s'était alors installée, durablement, parmi les Luos que leur communauté avait été privée d'un accès mérité aux richesses nationales. Le même "hold-up" semble s'être reproduit une génération plus tard, en 2002. Lors de la transition "modèle", le président Moi avait quitté le pouvoir après un quart de siècle de mise à sac des ressources du pays grâce à un pacte tactique scellé entre politiciens luos et kikuyus prévoyant que, une fois au pouvoir, Mwai Kibaki, un Kikuyu, fasse de Raila Odinga son premier ministre. Jamais tenu, cet engagement a eu pour conséquence de jeter l'ensemble des Luos dans l'opposition. Ravivant aussi des tensions entre différentes ethnies, qui s'étendent au-delà des rivalités entre Luos et Kikuyus.
Voilà, à quelques détails près, l’Histoire de Belgique !...
Des noms circulent chez nos mondains de la politique afin de remplacer des vocables africains par des consonances wallonnes et flamandes.
Mais qui se cache à Bruxelles sous le pseudonyme de Mwai Kibaki, sinon Verhofstadt ? Et Raila Odinga, est bel et bien son rival Leterme.
Quand au père de la Nation le Kikuyu Jomo Kenyata, c’est, vous l’avez deviné, le roi Albert, la ressemblance est frappante. N’ont-ils pas tous les deux une fille à Londres qui s’adonne à la peinture ?
Comme on voit, nous avons tout à apprendre de l’Afrique.
Seule madame Houart échappe à toute ethnie. Elle n’est pas Kikuyu, ni Luos, pour elle, ce ne sont que des prénoms. Certains l’ont comparée à Winnie Mandela, pour son intrépidité. Mais la comparaison s’arrête là. Elle pourrait être comme Salvatore Adamo, ni Kiku, ni Luos, tout bêtement Kuku.

4 janvier 2008

Religion et morale.

La laïcité n’est guère d’actualité. On ébauche même des projets d’église… pardon !... de mosquée aux frais du contribuable. Car la démocratie passe désormais par le « devoir » de l’Etat d’aménager des lieux de culte à ses citoyens croyants. On applaudit, comme on applaudit au nationalisme flamand, c’est-à-dire en espérant que la lâcheté sera appréciée en face comme un geste de bonne volonté et qu’ainsi seront évitées les rancoeurs et les bombes...
C’est une grave erreur.
La seule manière de conserver une neutralité positive vis-à-vis des croyances, c’est de les ignorer. Et comment les ignorer ? En prônant la laïcité, qui depuis toujours, est la seule arme contre tout intégrisme religieux.
Nous assistons dans nos pays à une véritable régression dans la manière de concevoir la laïcité. Sous prétexte de dépoussiérer un des piliers de ce qui a fait l’émancipation des peuples depuis la Déclaration des droits de l'homme, on offre des moyens d’expression aux croyances religieuses, dont le premier réflexe est de critiquer, puis de condamner la laïcité, comme une sorte d’impiété injuriant dieu !
Et à ce petit jeu, c’est la confession musulmane qui est en tête, bien loin devant une catholicité qui en rabat de beaucoup dans le Sud de l’Europe, quoique toujours virulente à l’Est, dans des pays comme la Pologne.
La faiblesse à l’égard des religions dans les Etats en principe laïcs est dans l’interprétation qui fait devoir à la démocratie de ne pas porter atteinte à la liberté de conscience et de culte et, par conséquent, de n'en reconnaître ou de n'en soutenir aucune en particulier.. en les soutenant toutes, à l’exception des sectes.
Encore qu’aucun critère sérieux n’existe pour distinguer un mouvement religieux pacifique, d’une secte considérée comme violente et dangereuse, si ce n’est par le nombre d’adhérents. Et après que la religion catholique ait jeté sa gourme, si la religion musulmane était, par le nombre de ses dirigeants violents, rien de moins qu’une secte, vue sous ce seul critère ?
Jusqu’à quand la laïcité de nos démocraties garantira-t-elle la liberté absolue d'être sans religion ?
Car, au vu des démissions, des compromissions et des reniements de la laïcité, devant l’appropriation qu’en font les musulmans dans les petites dictatures religieuses qu’ils instaurent là où ils prennent le pouvoir, c’est ce qu’il y a de plus à craindre.
N’oublions pas que la laïcité a pour fonction non de libérer les croyances, mais de nous en libérer.

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Appuyée sur la raison, sa mission est de former l'esprit critique et le libre jugement de chacun, de façon à ce qu'il puisse décider de la valeur des contenus de la pensée religieuse qu’éventuellement il a l’intention de suivre ou d’abandonner.
Les Eglises ont trop tendance à se soustraire au débat rationnel en fondant leur légitimité sur une transcendance qui échappe au profane, considéré comme sceptique et mal pensant quand il n’adhère pas aveuglément.
Ce n’est pas au moment où la laïcité est arrivée à garder sa lucidité et son sang-froid face aux dogmes de l’église catholique, qu’elle doit abdiquer ses vertus devant la montée en puissance de la religion musulmane.
Nous perdons de vue que l'identité des Nations laïques en Europe ne s'est pas construite sur l'héritage chrétien mais, pour l'essentiel, contre lui. Considérons que ce fut une salutaire libération, une liberté d’esprit qui ne s’était jamais produite sous son joug.
Ce n’est pas le moment de renoncer à cette liberté devant les ukases et les fatwas des ayatollahs et des mollahs.
Croire que l'homme ne saurait se passer de la religion est une falsification de l’histoire des peuples. Ne conviendrait-il pas de substituer au mot, le terme de Morale ?
Quand il n’y a pas corrélation entre religion et morale, il s’agit bien d’une perversion de la première qui dénature le sens de la seconde et conduit aux excès.
Benoît XVI ne prêche que pour sa paroisse quand il croit que l’humanité n’améliorerait pas sa condition sans le secours de la foi.
L'histoire de l'humanité démontre justement le contraire. Les temps les plus troublés furent ceux des grandes courants religieux, avec les vagues de répression et les persécutions dont furent victimes des peuples entiers.
Non. La morale n’est pas affaire de religion. Elle est universelle et elle est la seule valeur conséquente de l’humanité

3 janvier 2008

Déballonnons l’élite !

C’est Radcliffe Brown qui a raison. La mort sociale existe, mais elle est rare, pratiquement faite pour les cons qui ne savent pas rebondir.
Une panouille à laquelle on ne s’attendait pas : révolution, société en quenouille, changement de Régime et hop… l’élite change de casquette. Robespierriste jusqu’au 8 thermidor. Le neuf ? pas question… L’avant-veille de Waterloo, Talleyrand faisait ses valises, prêt pour la Conférence des Alliés, déjà une petite idée sur le sort de la Belgique.
En termes plus classiques, Richard III propédeutique pour les gros cursus de l’ULg. : la mort sociale apparaît comme une interruption de la reproduction sociale.
Tout ça momentané, dans le flou artistique des modifications apparentes. Mais que les âmes raffinées se rassurent, le fils du boulanger deviendra boulanger, et le rejeton du rentier retrouvera dans une banque suisse, tout ce que la famille avait planqué pour qu’il ne manque de rien.
Loi naturelle, évidence nécessaire pour que chacune des rames de la galère ait son titulaire, pour qu’on folâtre avec le capitaine sur le pont.
L’homme de science se demande si la mort sociale n’est pas plus apparente que réelle, si c’était vraiment Mussolini pendu à un croc de boucher, Adolphe cramant devant son bunker à une dizaine de mètres des tankistes de l’Armée Rouge.
C’est dire l’absolue mauvaise foi des milieux autorisés.
Il y a quelque chose d’éternel dans la structure sociale.
Une modification importante du système politique, même radicale, ne fait jamais l’autodafé de tout.
La Société bouge rarement.

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La Révolution d’Octobre, vous me direz. Certes, finir dans les caves de la villa Ipatiev à Iekaterinbour, c’est plus qu’une mort sociale pour Nicolas II. Encore que, c’est l’exception. Y a-t-il eu vacance des bienfaits dus à la disparition du dirigeant suprême ? Le Palais d’Été et celui d’Hiver, le Kremlin et les datchas tout de suite occupés, simple changement de personnel, c’est tout. Lénine et Staline en savent quelque chose.
Oui, mais alors, grave dilemme !
Ou bien on considère 1789 et les grandes dates qui suivent jusqu’à cet effroyable 1917 comme des révolutions comparables à des coups de torchon, ou ce n’est qu’un entracte de la reproduction sociale, des instants mis entre parenthèses, parce qu’à un certain moment les dirigeants étaient devenus par top cons, que ça excitait les Napoléon en devenir, qui prévoyants faisaient courir les bruits du genre « Il n’y a plus de pain ! Donnez donc de la brioche… ».
Péripéties, adaptations, c’est toute la rhétorique des historiens.
Il faut bien enseigner quelques rudiments qui ont à voir avec la morale afin de parfaire l’instruction de nos chères têtes blondes.
On ne peut pas leur dire que si parmi l’élite, il y a des chutes inéluctables, par contre le fils du ramoneur, surtout qu’il ne s’en fasse pas une seconde, son destin de ramoneur est tout tracé.
Il ne faut pas décourager l’être social en devenir, n’est-ce pas !
Mais, si l’on nie les phénomènes révolutionnaires, il faut bien croire à la duplication générationnelle.
Et alors qu’est-ce qu’on fout dans les Révolutions, puisqu’on chasse une certaine élite par la porte et qu’elle rapplique par la fenêtre déguisée en son contraire ! De même, qu’est-ce qu’on en a à foutre d’applaudir un système quel qu’il soit quand on est fils d’éboueur et presque à coup sûr futur éboueur ?
Pourquoi ne nous tenons-nous jamais ce type de raisonnement qui relève du bon sens ?
Parce que nous sommes depuis toujours dressés à utiliser, pour les problèmes économiques qui touchent l’ensemble de la population qui travaille, un étalon conventionnel qui nous assure que nous avons changé de régime, que l’ancien ne valait rien. Même le système capitaliste paraît changer et se modifier d’année en année, comme si l’ancien pliait bagage le 31 décembre pour faire place le 1er janvier à la merveille des merveilles. Alors que c’est le même !
On peut appliquer cette duplication à la situation de la Belgique. Le 23 mars, il ne se passera rien d’apparent. Les uns auront retourné leurs vestes, les autres auront bombé le torse. L’ensemble de la population trinquera pareil, peut-être pire quand on voit le baril monter à 100 dollars !...
Bien entendu les gazettes sont payées pour vous dire le contraire, pour vous faire croire que l’ascenseur social existe en dehors des héritages ou des passe-droits et qui consiste pour le fils du boulanger et le fils du ramoneur à faire des efforts afin de devenir un petit génie comme Di Rupo ou un parfait baratineur comme Reynders.
Depuis quand généralise-t-on la réussite pour faire croire qu’elle ouvre les portes des paliers supérieurs à tout qui la mérite ?
Les statistiques sont là. Tout le monde est bel et bien archi baisés et dans la merde, à l’exception de quelques-uns. Ceux qui disent le contraire sont des bluffeurs…

2 janvier 2008

Vœux pour 2008.

Puisqu’il est d’usage de faire des bilans, d’aboyer en chœur les conneries habituelles sur les lieux de prestige que l’on reconnaît entre mille : la Grand’place de Bruxelles, la Tour Eiffel ou Trafalgar square ; puisque c’est tout à fait entendu que les souhaits des personnalités aux présentateurs vedettes des téléradios sont des textes interchangeables d’une année à l’autre, si bien que les plumes des différentes rédactions n’ont qu’à déplacer quelques virgules avant de rendre leurs copies, je me range à la coutume sous la forme d’un petit condensé des probabilités d’événements pour 2008.
Le monde va poursuivre sur sa lancée un peu partout en 2008, comme en 2007, quand les gens s’étripaient déjà gaillardement. Il n’y a pas de raison que cela s’arrête. Il y aura quelques nouveautés. Par exemple au Kenya où les affrontements entre ethnies tournent au génocide.
Dans la foulée des conflits en Irak et en Afghanistan, voilà le Pakistan qui bat de l’aile, le tout à grands renforts de kalachnikovs et de factions musulmanes adverses, conflits allumés, subis ou orchestrés par le nouveau démiurge de la démocratie, Dobeliou Bush, l’homme de toutes « les vertus ».
Comme en 2007, aucun conflit ne sera sur la voie de la pacification. Aucun accord sur la détention du feu nucléaire ne pourra être trouvé avec l’Iran, il est bien possible que d’ici 2009, le président sortant ou le nouveau envoie une escadrille tactique réduire en cendres les points chauds ou se fabrique la bombe iranienne.
Inutile d’attendre une quelconque solution au conflit israélo-palestinien, responsable en partie de l’effervescence dans cette région du monde.
Question pollution, la Chine et l’Inde vont achever d’anéantir tout espoir d’un résultat positif entre les besoins de l’homme et la nature. Les mesures de plus en plus sévères pour endiguer la dégradation générale de l’environnement en Europe paraîtront tellement dérisoires et insuffisantes que les promoteurs de ces mesures finiront par être mal vus des populations.
L’économie mondiale aura de plus en plus de mal de palier à l’épuisement des richesses minéralogiques à commencer par le pétrole. Les voitures hybrides resteront chères et peu nombreuses. Tandis que le baril de brut passera allègrement les 100 dollars et que l’automobiliste aura à charge la double augmentation du produit, celle de l’huile minérale proprement dite et celle des taxes et accises qui suivent l’augmentation en proportion, les avions poursuivront le gaspillage des millions de litres de kérosène hors taxe.
Le commerce mondialisé accentuera les hausses spectaculaires des produits de première nécessité, sans que la libre concurrence les fasse baisser. Ce sont les pays émergents de plus en plus riches et de plus en plus demandeurs, qui feront flamber les prix.
2008 sera un pas de plus vers le fiasco d’un système capitaliste dont l’échec retentissant pourrait survenir à la suite d’une crise financière sans précédent. Elle pourrait succéder à la faillite des banques américaines d’hypothèques.

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Hausse des prix de la consommation de base, déroute du système bancaire, voilà les ingrédients réunis pour une inflation à deux chiffres. Les spéculateurs qui se sucraient en jouant l’euro contre le dollar, pourraient par un jeu de balancier, ramener la parité, voire la prépondérance du billet vert. On verrait alors tous les secteurs de l’économie européenne hausser les tarifs de manière générale et la panique s’emparer des places boursières et des gouvernements.
S’en tireraient mieux les pays qui ont des ressources naturelles en réserve dans leur sous-sol, ce n’est pas le cas de la Belgique.
A propos de la Belgique, les six mois de palabres pour accoucher d’une souris qui rendra l’âme le 23 mars, n’ont résolu aucun problème. Peut-on résoudre ceux-ci quand d’un côté de la table les négociateurs sont habités par une ferveur nationaliste qui s’appuie sur le droit du sol, dans le seul souci de sauver la langue flamande, si peu attractive que même les Flamands s’en désintéressent, et de l’autre les royalistes francophones au service d’une idée de la Belgique complètement obsolète, idée qui les conduit du bourgeoisisme au conformisme, dans l’abandon des postes clés du gouvernement fédéral aux flamands, avec l’espoir de sauver leurs mandats politiques et leurs intérêts inavoués.
Quant aux mesures de rattrapage des bas salaires, des pensions et des revenus de remplacement, que les pauvres ne se fassent aucune illusion. Au mieux, ils auront droit à une cinquantaine d’euros, au pire, une augmentation minime pourrait faire basculer certains bas revenus dans des tranches supérieures de taxation, ce qui pourrait faire qu’une vingtaine d’euros de plus en salaire brut, vaudraient au malheureux bénéficiaire, une dizaine d’euros en moins de salaire net.
L’impression qui ressort de l’ambiance générale tant en Belgique, que dans le monde, est assez pessimiste et n’augure rien de bon en 2008.
Pour ma part, je suis désolé d’en avoir fait le constat depuis longtemps, mais les pires voyous ne sont pas ceux qui courent les trottoirs. Ils ne peuvent faire qu’un mal relatif. Les pires ont une plus grande capacité de nuisance, ils siègent dans des conseils d’administration, se sont infiltrés dans les Parlements et ont en charge nos destinées.
Ce sont nos grands voyous !
Je me joins donc à eux pour vous souhaiter une bonne année, à la différence que moi, je suis sincère !

1 janvier 2008

2008, l’année Nicolas.

Les Français ont un Président fringant, qui aime s’exposer dans une constante recherche de la notoriété médiatique.
La fonction lui va comme un gant et il bouscule tous les usages, pour en faire une présidence qui porte sa griffe, ce qui serait en soi sympathique, s’il n’y avait en-dessous de tout cela un carriériste et une nébuleuse d’attaches particulières avec quelques hommes qui à eux seuls représentent les grands groupes industriels et financiers de France et d’Europe.
A-t-il besoin d’un jet privé ? Il l’obtient sur le champ. D’une suite dans un des plus chers palaces du monde, afin d’y célébrer ses nouvelles amours avec Carla Bruni ? La réservation va de soi sans qu’on sache où ira la facture…
Nicolas Sarkozy, n'a aucune préventions envers les chefs d'entreprise. Il ne cache pas ses amitiés friquées, comme Mitterrand, Lionel Jospin ou Jack Lang. Il n’a pas les scrupules de Bérégovoy qui s’est suicidé d’avoir eu honte de s’être compromis en « empruntant » à un ami complaisant.
L’ancien métier d'avocat d'affaires du président lui colle à la peau. Les hommes qu’il a rencontrés dans ses démêlés politiques, au Budget dans le gouvernement Balladur en 1993-1995 l’ont familiarisé avec les titulaires des portefeuilles du CAC-40. Il les pratique selon ses opportunités.
On résistait difficilement au ministre des Finances, on ne peut que rendre service au Président de la République.
Edouard de Rothschild entretient avec Sarkozy une amitié plus que protocolaire. Par le passé, il leur est arrivé de prendre des vacances ensemble.
Antoine Bernheim, président de Generali et figure historique de Lazard, est un ami du premier cercle. C’est un fan convaincu qui pense que Sarkozy est seul à pouvoir faire bouger les choses.
Sarkozy, c’est Neuilly dont il fut le maire. Neuilly est une sorte de Beverly Hills français, une sorte de condensé des grosses fortunes.
Quelques amis de Neuilly suivent Nicolas depuis 20 ans et assistent ravis à son ascension. Martin Bouygues lui téléphone régulièrement. Nicolas et Martin sont inséparables. C’est presque une affaire de famille. Martin est le parrain de Louis, le dernier fils de Nicolas.
Les Decaux sont aussi du coin. Le Président est proche de Jean-Charles Decaux, qui alterne avec son frère Jean-François à la présidence du directoire de JC Decaux. Avec le père, roi des Abribus et de l'affichage, il y a le vélo qui les unit, comme Audiard avait ses amis de la bécane du dimanche matin. Gilles Pélisson, le patron de Bouygues Telecom envisage de sponsoriser une équipe cycliste.

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Decaux et Sarko ont, au compteur, pas mal de kilomètres en commun du côté de La Baule ; même si les responsabilités ont tempéré la passion du vélo.
Dominique Desseigne, le PDG du groupe d'hôtellerie et de casinos Barrière, associé au groupe Accor, fait partie des intimes du Président. Lors des journées de l'UMP, en juillet, on l'a vu, au premier rang, flanqué de sa compagne Mona Ayoub, soutenir son ami. Les liens de Sarkozy avec Desseigne étonnent un peu le gotha. Nicolas était très ami de Diane Barrière, l'épouse décédée de Desseigne.
Thierry Breton est aussi l’ami du premier cercle, comme François Pinault, fondateur d'Artémis (PPR, Gucci, Fnac, Christie's, La Redoute...)
Serge Dassault est un fan de Sarko qui démêla en tant qu'avocat la succession de Marcel Dassault.
Que ce Président est précieux pour les grandes fortunes de France !
Aussi, se devait-il de leur faire une petite ristourne en début de règne, même si les coffres sont vides et qu’il y a d’autres priorités en souffrance.
La liste des amis de Sarko est longue et ressemble à une litanie de tous les saints de la banque, du commerce et des médias. Ces derniers surtout ont rendu de fiers services au candidat à la présidence par des petits coups de pouce. Ségolène Royal n’a pas eu cette chance.
Arnaud Lagardère est très reconnaissant au Président de l’avoir soutenu à la disparition de son père. Les deux hommes se voient souvent, pas seulement pour parler affaires.
Sarkozy est devenu la nouvelle mascotte des patrons, même si ceux-ci font parfois la fine bouche, mais c’est surtout pour la frime, pour que la bonne entente ne se voie pas trop !
Madame Parizot sait y faire aussi dans la communication…
A gauche, Sarkozy n'avait qu'un rival, Dominique Strauss-Kahn, aussi à l'aise dans un cénacle de PDG qu'avec un comité de chômeurs, on a vu comment il s’en est débarrassé, de telle manière que le socialiste lui est redevable de sa place au FMI.
Au temps où Sarkozy s’inquiétait encore de son avenir, il fréquentait assidûment l'université d'été du Medef. Cela lui avait valu de nouer des relations utiles : Franck Riboud, Jean-Martin Folz, sans négliger des intellectuels comme André Comte-Sponville et Etienne-Emile Baulie, des politiques avec Bernard Kouchner et Ségolène Royal, etc.
C’est curieux, mais il me semble que si Chirac n’a jamais été l’homme des promesse qu’il a faites aux Français, je crois qu’au contraire, Sarko tiendra celles qu’il a faites aux patrons, et comme aujourd’hui les patrons représentent le peuple, on peut dire que celui-ci en aura pour son argent.