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31 mars 2009

No Future !

« On doit leur rentrer dans le lard. »
Ce n’est ni moi, ni Di Rupo qui l’affirme, mais un citoyen rencontré par le président du PS sur la Grand’place de Mons.
Tant mieux, de voir le président du PS dans d’heureuses dispositions d’écoute de ses citoyens ; c’est un peu tard, la perspective des élections du 7 juin laisse place à la suspicion sur les intentions réelles du PS.
Ne faisons pas la fine bouche. Il y a du grain à moudre.
Pourquoi les médias mettent-ils sur le même pied la séquestration d’un patron par un personnel excédé et un enlèvement crapuleux par des voyous ?
Chaque conflit social tourne aux rapports musclés.
Les personnels en grève, dès qu’ils descendent dans la rue, sautent de la colonne « nouvelles des entreprises », aux faits divers,!
Inconnue est la violence silencieuse des ateliers, dans des usines sans fenêtre toutes en tôle qui poussent sur les zonings et dont on ignore ce qu’il y a à l‘intérieur. Même l’inspection du travail n’y met jamais les pieds.
De la violence interne de ces vastes cercueils de tôle, on ne parle jamais. On y voit parfois quelques fenêtres bien placées au Sud, avec des fleurs aux fenêtres, c’est le seul endroit non enterré, c’est celui du patron ou de son délégué.
Ce n’est pas le moment d’entendre les cliquetis des chaînes des esclaves modernes. C’est plutôt celui des soupirs des patrons. Le monde les entoure des plus grands égards. Ils sont régulièrement honorés par la Région wallonne pour leurs performances.
Parfois, la FGTB tend l’oreille et perçoit des plaintes lointaines comme des ondes radio galactiques. Un média qui, par hasard, traîne à proximité, donne la parole à un délégué syndical, qu’on coupera au montage. Quant au PS qui se lance dans sa grande campagne contre le capitalisme voyou, personne de sa direction n’improvise un meeting à la porte des usines en grève. C’est curieux comme ce parti a disparu des luttes ouvrières ! Evidemment, à force d’exclure le peuple des directions, on se coupe de la réalité.
La violence des chefs drillés par les directeurs est pourtant constante sur les chaînes de montage. Le behaviorisme y est arrivé à une sorte de perfection, faisant de l’ouvrier une mécanique à la hauteur des performances aveugles des bielles et des engrenages d’autres robots d’acier.
Le capitalisme y a réussi son plus bel exploit : mal payer des personnels qui s’accrochent à un travail dégradé et dégradant, par nécessité.
Est-ce cela le progrès d’une population laborieuse ? Est-ce cela qu’espère la jeunesse qui sort des écoles, avec ou sans diplôme ?
C’est une vision à la Orwell d’un « No Future » dont avec juste raison la jeunesse ne veut pas.
Comme c’est une violence silencieuse, insidieuse, elle passe inaperçue, sur le temps que la joyeuse commère, dame Sabine, s’émerveille sur les parcours magnifiques de ces petits entrepreneurs « qui tiennent le coup dans la tempête ».
Ces « nés bourgeois et morts pour tous » nous préparent une société imbuvable. On rendra responsable des échecs futurs, une jeunesse qui renâcle à l’effort, puisque cet effort ne la rend pas apte, mais inapte à la citoyenneté.

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Et on sort des catacombes René Mené, président honoraire de l'artisanat et de la petite entreprise, pour nous faire aimer quelque chose qu’on assimile encore au travail et qui n’a plus rien à voir avec l’artisanat réfléchi qui réparait les montres et ajustait au millimètre les tuyaux bons pour vingt ans !
Est paru l’année dernière « Les tribulations d’une caissière » chez Stock, d’Anna Sam.
Faire biper une caisse enregistreuse quand on est « hôtesse de caisse » n’est pas drôle du tout. Mais, c’est encore une position d’une travailleuse au vu et au su de la clientèle, qui a donc droit à des « égards » diplomatiques du gérant ou du chef du personnel. Quoique cela soit différent derrière le décor, tout au moins la face est sauve.
Que dire du sort de ces ouvrières dont on ne voit les cache-poussière et les salopettes qu’avant l’entrée dans la boîte ? La dernière image, c’est l’horloge pointeuse qui la fournit. Puis elles disparaissent et personne n’en entend plus parler qu’au soir, à la fin de la semaine, du mois… autant dire jamais.
France Inter a interviewé d’anciennes ouvrières de la famille Parisot, dont la fille du dernier patron est actuellement à la tête du patronat français, le MEDEF. C’était horrible de travailler pour ces gens-là, avares, hargneux, toujours à asticoter les personnels afin de produire plus, fichant les vieux travailleurs dehors, licenciant les syndiquées, établissant une fortune sur la sueur des autres.
Combien sont-ils aujourd’hui tant en France, qu’en Belgique à profiter de la dureté des temps pour serrer la vis et exploiter davantage ?
Voilà un beau terrain encore en friche pour un PS qui serait enfin sorti de ses illusions sur le « capitalisme social » et qui se mettrait sérieusement à défendre ses principaux électeurs.

30 mars 2009

Eau chaude à toute heure.

Afin de parer à une pseudo-légitimité, les partis ont donc choisi leurs candidats.
A part deux ou trois nouvelles têtes venues des médias people rejoindre les anciennes, ceux qui ont échoué partout dans la politique, puisque nous vivons les suites de leurs mandats comme une catastrophe logique, se représentent la tête haute et le geste triomphant.
Leur porte-drapeau est sans conteste Sabine Laruelle, la Bécassine libérale. Elle n’a rien retenu, rien compris, Aussi, défend-elle avec acharnement un capitalisme qui date des Trente glorieuses avec la hargne d’une madame Sans-gêne, dont le mari est un général d’Empire. Sa spécialité c’est de couper la parole à tout qui n’est pas de son avis, d’une voix de marchande d’anchois.
A l’émission de Vrebos elle n’arrête pas de faire des mines, d’agiter la tête pour faire « non-non », sautant sur toutes les occasions d’interrompre.
En-dehors du microcosme, sorte de Cité Interdite au peuple, c’est l’autre discours, celui que Sabine Laruelle est incapable de comprendre. C’est la cyberjacquerie, pour employer l’expression de Marianne. On a les diffuseurs qu’on peut.
Le pouvoir redoute par dessus tout les mouvements d’opinion.
« Il n’y aurait plus qu’à laisser faire et que ces faquins-là aient raison ! »
Oui, mais comment faire semblant ? Comment accorder le plus grand prix au suffrage universel alors qu’ils n’en tiendront pas compte, de toute façon ?
C’est tout le drame qui se joue sous nos yeux.
On voit pourquoi Sabine Laruelle est leur porte étendard. A elle seule, elle cristallise tout ce dont le peuple à horreur, mais que l’ensemble de la classe politique trouve nécessaire : tenir des propos sur la pérennité du capitalisme, nier la possibilité d’une crise de très longue durée, vouloir la croissance à n’importe quel prix et rembourser la dette qui grandit en serrant la ceinture du plus grand nombre, recette efficace et qui a toujours fait ses preuves en rendant les plus fiers services aux fortunes du pays.
Ce dimanche encore, Riposte sur France 5, duel entre Peillon (PS) et Copé (UMP), relevons des propos de celui-ci approuvés par son adversaire : « si nous avons établi le maximum du prélèvement sur les revenus à 50 %, c’est que nous craignions l’évasion des grosses fortunes en… Belgique. »
Comme c’est dommage pour le PS belge qui fait tout de même partie de la coalition de ce gouvernement de servir de caution au paradis fiscal des avoirs français.
Ce n’est même plus un divorce entre le système libéral et nous, c’est une cassure, une faille si large et si profonde qu’on ne peut sauter par-dessus.
La défiance générale est telle de ces Je-sais-tout qui nous mènent en bateau depuis si longtemps, qu’à chaque fois que l’un d’entre eux prend la parole, on se demande de quelle manière il va nous entuber !

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Les séances de direct sur RTL et RTBf sont l’occasion d’un pot-bouille entre coreligionnaires. Si par hasard un invité venu de l’autre côté se trouve parachuté au milieu de ces « responsables », ils ont choisi un ahuri qui bégaie et dit des sottises que reprennent les Laruelle et consort avec la commisération polie que l’on doit en public à l’électeur.
Il n’y aurait donc plus en Belgique, en-dehors des personnels politico-économiques archiconnus que des demeurés qu’il faut conduire par la main dans l’isoloir, à qui il faut mettre le crayon entre les doigts, de sorte qu’ils n’aient plus qu’à noircir le rond sous le nom que leur indique le mentor !
Les gens de la rue ne sont pas si sots que l’échantillon que l’on nous montre à la télé. Ils sont de plus en plus sensibles à la façon dont ils sont respectés. Et c’est se moquer de faire croire qu’il n’y a personne dans la foule qui puisse tenir sa partie et dire les choses autrement, plus justement que n’importe quel mirliflore des plateaux.
La tentative de manipulation commence par donner la parole aux gens sélectionnés à cet effet. Les mises en scène compassionnelles sans les intéressés reviennent à la même attitude que celle du patron qui fixe arbitrairement les rôles, les mérites et les rémunérations dans son entreprise.
Le PS est si bien intégré dans la mousse de caca capitaliste qu’il en devient son porte étendard et son soutien inconditionnel. Son chef aura beau tempêter sur les patrons voyous - en cela au diapason des autres partis – il n’en est pas moins condamné à suivre la meute.
Le PS est entré en campagne avec seulement l’intention de se démarquer sur les chipoteries du côté social ; mais, il n’aura pas un mot sur l’essentiel.
C’est une ambulance qui à l’ambition limitée de nous aider à supporter le joug d’une exploitation générale accélérée. L’autre urgentiste, Javeaux pour Ecolo, a le même objectif, alors que nous avons besoin d’un Che Guevara pour leur botter le cul.

29 mars 2009

Résistance à l’arbitraire..

Ça manque d’intérêt. Voilà ce qu’on dit d’une information qui est aussi importante que celle qui nous annonçait que des hommes venaient de marcher sur la lune.
Ça manque d’intérêt cette aide financière aux banques, alors qu’indépendamment de l’indécence de nous endetter pour des riches entrepreneurs en faillite, c’est toute la logique de la liberté du commerce, donc du système capitaliste, qui n’existe plus !
Pourquoi cela manque-t-il d’intérêt ? Parce que ce geste fou et considérable du gouvernement Leterme que poursuit van Rompuy, est vieux d’à peine 3 mois et que les événements aussitôt produits ne valent plus rien le lendemain.
Personne n’en mesure l’énorme conséquence.
Forcément, puisque le Pouvoir n’a pas intérêt à trop traîner sur cette prodigalité. On a bien mis sur pied une Commission, mais ce n’est pas sur la dilapidation de notre patrimoine, mais sur l’inopportunité d’influencer les juges.
Autrement dit, les partis et le gouvernement sont unanimes : nous ne pouvions pas faire autrement.
Aveu révélateur de la puissance des banques, même par terre et du consensus du monde d’en haut sur l’aide à apporter à ce qui n’est plus qu’une caricature du libéralisme économique. Non pas que je regrette la formule ancienne, mais parce que je trouve ahurissant qu’une pareille modification ait reçu un consensus général, sans que personne ne se soit posé la question de ce que sera demain l’industrie bancaire.
Si au moins, les bailleurs de fonds, c’est-à-dire la population tout entière était intéressée dans la gestion de ses fonds, que les entreprises sauvées l’étaient à condition d’un peu plus de respect pour ceux qui les sauvent ! Mais non, même pas. Le chômage est plus que jamais présent et les C4 volettent d’un guichet à l’autre, sans tenir compte de la population qui s’expose, quand ce sont les Conseils d’administration qui en profitent.
Nous vivons une nouvelle forme de totalitarisme. La société se radicalise mais dans le cadre d’une formule oligarchique d’où est déjà exclu ce qui ne procède pas du Centre.
Et pendant que s’élargit à la théorie le fait de porter des valises d’argent à des sociétés commerciales et industrielles, voilà que cette hérésie impensable dans une société capitaliste de type classique, s’accomplit dans l’assoupissement général, voilà que les travailleurs paraissent satisfaits de vaquer à leurs occupations aux salaires médiocres, voilà que le gouvernement passe à autre chose, tandis que l’opinion s’amuse des sommes dérisoires eu égard à celles déversées dans les coffres-forts des banques, qu’Anne-Marie Lizin aurait dépensées illégalement !
Et on traîne, pour une fois, sur l’histoire de cette vieille poupée, jadis écoutée du PS et on s’étonne que ses voyages, ses brushing, ses crises d’autoritarisme avaient été tellement respectés, par ceux qui s’indignent aujourd’hui !

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Ainsi dans la confusion volontaire des genres, dans le massacre subtil des chiffres et le mélange des zéros d’une situation à l’autre, la démocratie rétrécit, au point de devenir minuscule dans un océan de concupiscence des gros consommateurs.
Le trou noir du Centre avale tout et ne restitue rien.
A considérer que ce parlement dont est issu le gouvernement est né avant la crise financière et la récession, il a donc été élu d’après une situation qui est totalement différente de celle que nous vivons. Et il n’y a pas eu de retour au peuple, rien qui déterminerait un nouvel engagement vis-à-vis des électeurs, quand la crise a tout changé de fond en comble ! Autrement dit, l’Etat travaille sur d’autres bases et pour un autre programme sans nous avoir consultés ! La majorité des Belges n’a donc pas voté pour la politique actuelle.
L’argent versé aux banques, nous n’en verrons plus la couleur.
Tout fonctionnerait avec un semblant de légitimité, alors que tout est devenu illégitime. Nous sommes les victimes d’une Société qui n’a plus aucun des caractères qui nous la faisait respecter quand elle promettait un avenir meilleur et plus juste.
Sa caricature est devant nous. Personne n’élève la voix pour démasquer son imposture.
Où sont passés nos juristes, nos constitutionnalistes, nos hommes intègres ?
Ils sont au Centre en train de replâtrer le système.
La situation est sans précédent, si l’on excepte les années de guerre où nous étions sous un régime militaire de l’Occupant.
Ainsi se dessine une nouvelle forme d’Etat. D’un côté il reste le vote, de l’autre, il y a le pouvoir. Désormais, ce sont deux choses différentes qui vivent côte à côte, mais qui ne se fréquentent plus.
Curieuse démocratie !

28 mars 2009

Langue de comptoir.

C’est entendu, va pour l’isoloir le 7 juin.
Pensée profonde dans les waters : « Qu’est-ce qu’on va foutre le 7 ? ».
Là-dessus on vaque à ses petits soins et on tire la chasse d’eau. Puis on passe à autre chose.
Cette ploutocratie, c’est comme un salon de dégustation des libertés.
-Qu’est-ce que tu prends ?
-T’as vu la carte ?
-Le Reynders, c’est quoi ?
-C’est une tarte à la crème chantilly.
-Ah ! et le Di Rupo ?
-C’est la même, sauf qu’à la place de la crème chantilly, c’est une brésilienne.
-C’est bon ?
-Bah ! C’est de la boulange industrielle. Ils ont enlevé la composition…
-Parce que c’est plein de produit chimique !
-Tu parles.
-T’as vu le prix ?
-Viens, on se casse.
-Pour aller où ? Jacques Marseille nous dit qu’on a des truc à défendre. A défendre contre qui ? Les Chinois ou Jacques Marseille ?
-Tu comprends rien, Minou. Pourquoi les ayants-rien traversent le Détroit à la nage ou en baignoire à rames, pour s’échouer chez les ayants-tout ? Pourquoi ils risquent gros pour devenir des ayants-droit ? Alors, hein ! ta morosité… C’est pas parce que tu déprimes qu’il faut emmerder le monde.
-Ecoute Lucienne, je ne t’ai pas épousée pour que tu viennes m’empoisonner avec tes raisonnements à la con, comme si on leur racontait pas des histoires, comme s’ils avaient pas la tête à l’envers aux nouvelles de nos stars, comme si le numéro 5 traversait pas la Méditerranée en effluves et pâmoisons ? Comme s’ils étaient informés du terrible parcours ! Comment ça s’appelle le mec de « cheu » nous qui fout le camp en savates, pour le Canada ou pire le Brésil ?
-T’en connais beaucoup ?
-C’est pas parce qu’on coule moins vite que les autres, que ceux qui viennent d’ailleurs vont pas finir fond la cale à nous plomber la quille, que j’y dis à Lucienne.

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Où sont les esprits libres ? Déjà qu’aux hautes directions le langage est convenu, histoire de ne pas exciter les banlieues et pousser la piétaille au désespoir.
Après, c’est tout en feutré et peur de se faire lourder pour propos subversifs.
On converge vers le centre, aspiré vers la sortie par le petit bout d’entonnoir. On mincit en passant par la filière
On est fasciné par la lumière qu’on voit au fond du vase.
Y aurait à dire à suivre le voyage de l’étron. On rencontrerait des homologues : un fluet coulé par Sabine, un beau gros massif de Kubla ou un effilé de Bacquelaine.
Rudy Demotte au cake, lui qui peut pas dire « caca » sans faire des contorsions de bouche comme s’il était du XVIme, il souffrirait beaucoup… C’est la « porte étroite » de Gide, positivement.
Dès qu’on parle crise de régime, l’Haut-lieu pense à un conflit social dans l’import de la banane. Ils nous voient seulement vêtus de notre étui pénien, très en forme à monter à la canopée des broussailles du bois Joli, des fois qu’au régime on pourrait adjoindre des noisettes. Performance, challenge, travail, parole on est devenus militants anglo-saxons protestants… progrès !
La démocratie rétrécit au lavage. Depuis trente ans, on la reconnaît plus, jusqu’à devenir ce petit point avant le Bing Bang, hyper concentrée qu’elle vaut plus un poil dans la main de Di Rupo.
Le programme ? Quel programme ?
Des mariolles nous récitent les textes : nous sommes un petit pays de consensus. C’est dire les tractations, les marchandages, les coalitions ! C’est vraiment pour jaser, puisque les programmes ont été remplacés par Le Programme. Même Javaux, pourtant dans l’opposition, est d’accord. Le Roi, la Loi et la Croissance économique.
L’évidente osmose des partis gâte pas le choix du Sept ! Tous pensent la même chose, certes, mais c’est quand même des hommes différents. Ça se saurait, s’ils étaient clonés.
Leurs gueules, si on boudait les urnes !
Incivisme général ! mauvais vouloir collectif… Reynders à deux voix de Milquet, Laurette et Durand au coude à coude. 165 votants à Liège, dont 12 annulés… Qu’est-ce qu’on fait ? On recommence ?
C’est méprisable en France, un absentéiste. En Belgique, c’est un délit. Le bas peuple en cabane…
- Ils veulent la dictature, les fientes !...
-87 % d’absentéistes en Wallonie, 1 % seulement en Flandre…
-Vous voyez qu’ils ne sont pas pareils !
Et madame Houart, mais qu’est-ce qu’elle fout ? Elle campe devant Laeken ?
-La démocratie, merde, ils en veulent plus !
-Tant pis on continue quand même. On la fera sans eux, rien qu’avec les Flamands…
-Qu’est-ce que tu prends ?
-La même chose que toi.

27 mars 2009

La rationalité de l’incohérence.

- Nekrassov, c’est un pseudonyme qui rappelle la pièce de Sartre !
- Vous vous faites bien appeler, je crois, Bondrissard des Ecrins et comme Poivre, vous n’êtes pas plus d’Arvor, que Giscard n’est d’Estaing..
- Donc, monsieur Nekrassov, vous n’êtes pas un ex ministre de l’URSS qui cherchez à dénigrer la presse française, mais quelqu’un qui la critique ?
- Puisque l’on joue à « vous n’êtes pas », par esprit de contradiction, je suis un citoyen qui en a marre d’être pris pour un con.
- Expliquez nous ça ?
- Comme si vous ne le saviez pas vous-même !
- Que savez-vous de ce que je sais ?
- Et vous, qu’est-ce qui vous permet de dire que je dénigre la presse française ?
- Mais, je fais votre interview et c’est moi qui pose des questions.
- Alors, posez-les de façon objective. Par exemple demandez-moi quel est le prix à payer pour la liberté de penser ?
- Je poserai des questions selon un schéma établi et je n’en démordrai pas.
- Alors, étonnez-vous que je n’y puisse répondre.
- Pourquoi ?
- Dans la mesure où elles ne rencontrent pas mes préoccupations, c’est mal engagé.
- Je lis sur ma fiche que vous n’aimez pas Adamo, qu’il vous semble que la démocratie libérale est une escroquerie et que vous constatez la faillite de la pensée rationnelle qui croit améliorer l’ordre des choses par l’application stricte du système capitaliste.
- C’est quoi la question ?
- Qu’appelez-vous, par exemple, le trop-plein de réalité de la société libérale ?

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- Il y a trop de tout, mais bornons-nous au trop-plein de l’information. Comme il y a commerce de tout, il y a pléthore là aussi. L’excès d’information, surtout celles qui sont autoproduites par le pouvoir, empêche d’en faire le tri. Depuis que tout fait nombre, l’insignifiant a tout recouvert d’un vernis de savoir uniforme et conventionnel.
- Il vous semble aussi impossible un renouveau dans l’information, que partout ailleurs ?
- Le danger, le capitalisme l’a senti avec la crise. Si c’est un corps inerte et empirique pour ce qui concerne la réalité des jours, il n’en est pas moins redoutable quand on touche à l’essentiel, c’est-à-dire sa survie dans un monde en crise.
- Vous pensez à quel économiste ?
- Le plus médiatique : Jacques Attali. Voyez comme son discours est dangereux. Il est en train de revenir aux vieilles lunes dialectiques concernant le système qui a fait sa fortune, à savoir que le capitalisme reste le moins mauvais des systèmes et il ajoute à l’attention de tous les déçus et des frustrés, que les marchés doivent être régulés et que l’Etat de droit doit y jouer un rôle plus déterminant.
- Cela me semble positif.
- En réalité rien ne change. Si ce n’est que les pertes sont socialisées et les gains plus que jamais privatisés. Selon Attali le marché est fondé sur l’apologie de la liberté individuelle. Qui peut se croire libre quand le travail est une obligation et que l’oisiveté – quand on n’est pas rentier – est considérée comme une infamie sociale, même pour ceux qui n’en peuvent et qui souhaiteraient s’aliéner davantage au travail, pour une liberté illusoire et impossible.
- Il faut bien produire le bien de tous, pour le bien de soi.
- Entre ce constat et la production nécessaire, il y a toute la folie des hommes, le consumérisme, l’argent achetant le bonheur, etc.
- Comment imaginez-vous l’avenir ? Un gouvernement mondial ?
- Je n’en ai pas la moindre idée, par contre Attali, lui, en a beaucoup. Il croit fermement que la gouvernance mondiale sera oligarchique ; mais, ce n’est pas grave. Et il en veut pour preuve la Chine qui progresse dans le sens démocratique.
- Et la crise actuelle ?
- Elle est le résultat de l’appauvrissement de l’éthique. Le capitalisme n’en avait déjà pas beaucoup. Avec la mondialisation, c’est pire. Les entrepreneurs ne connaissent plus les personnels. Le travail s’est déshumanisé en se mécanisant à outrance. Les techniques de l’électronique ont encore aggravé la crise. Il existe à présent un marché autonome de l’industrie, c’est celui de l’argent. On prête et on spécule sur du figuratif. C’est la fin d’une utopie, celle d’une civilisation que la liberté des échanges allait rendre meilleure.
- La solution ?
- Orwell parle de choses que l’on ne doit pas faire et qu’il faut sentir sans qu’on nous le dise. Il faut augmenter le pouvoir de l’altruisme et de l’amour de l’humanité et diminuer d’autant la conception anglo-saxonne du libéralisme. Il conviendrait, si on veut que l’humanité dure encore un peu sur cette planète, remettre les choses au point sur l’exaltation du travail et du profit, et les remplacer par l’amour qui va aux autres, avant d’aller à soi, et qui fait parties des vraies valeurs.
- Ce sera difficile !
- Oui. On a tout lieu d’être pessimiste.

26 mars 2009

Une affaire d’honneur.

On ne sait pas à quoi jouent les milieux financiers relayés par la presse bien militante pour sortir au plus vite de la crise dans les mêmes conditions qu’avant.
En effet, le seul problème qui vaille dans ce qu’on dépeint comme malheur, ce sont les parachutes dorés. Cela permet à Sarkozy de faire à nouveau des discours comme s’il était en campagne électorale et au bon peuple de croire que ce sont les méchants Présidents des Sociétés qui ont conduit les pays à la récession par une mauvaise gestion de leurs entreprises.
Nul ne prétend dédouaner la pratique du patron qui après avoir conduit sa Société à la quasi faillite, la quitte en emportant des indemnités dignes d’un LOTO de rêve, sur le temps que les ouvriers sont licenciés et que le successeur du patron réclame l’aide de l’Etat.
Mais, c’est un des grands classiques de la société capitaliste de pointer du doigt un type malhonnête – encore que les actionnaires n’avaient pas à prévoir des indemnités colossales en cas de départ forcé – afin qu’on relâche l’attention sur tout le système qui est en train de foirer.
Ainsi on évite d’attaquer le mal à la racine si l’opinion publique avait été mise au courant de l’entièreté de la crise et des causes du désastre.
Les parachutes dorés, ce n’est que l’histoire d’un mouton noir au milieu d’un troupeau de la même noirceur. Mais un mouton chargé de symbole et qui agit en trompe l’œil. Ainsi le public se noie dans des fausses perspectives et le troupeau passe indemne pour perpétuer la race.
Le galop d’essai de ce qui est devenu une tromperie de l’opinion publique fut offert au monde par la France en la personne de Jean-Marie Messier.
Avant de tomber, ce PDG médiatique avait recruté l'ancien juge Alain Marsaud, comme « directeur de la prospective », a raison de 236 461 €. Le juge, devenu depuis député UMP de Haute-Vienne, a été remercié l'année suivante par Jean-René Fourtou, nouveau patron de Vivendi, qui s'était interrogé sur l'utilité du poste. Une ex-substitute était aussi rémunérée 142 783 € pour réfléchir à des « questions éthiques ». Quant au député PS de la Drôme, Eric Besson, délégué général de la Fondation Générale des eaux puis Vivendi, il touchait 140 418 € pour réinsérer des chômeurs de longue durée.
Il était donc urgent de braquer les feux de l’actualité sur Messier empêtré dans un procès aux USA, au cours duquel on apprit que son compte personnel à la Société générale indiquait qu'il avait acheté, le 26 décembre 2001, 182 859 titres Vivendi à 30,91 € l'action et revendu le lendemain au prix unitaire de 59,87 €. Bénéfice de cet aller-retour pour le brillant PDG pendant les fêtes de Noël : 4 millions d'euros.
Viennent ensuite les derniers avatars de son parachute doré qu’il finira par abandonner à condition que son ancienne Société paie ses amendes et son procès aux USA.
Dans cette affaire vieille de sept ans se trouvent déjà tous les éléments qui expliquent aujourd’hui le discours de Sarkozy à Saint-Quentin et notamment le passage où il condamne la malhonnêteté de certains, dénonçant le danger dans la mesure où le public pourrait faire l’amalgame avec le système capitaliste qu’évidemment le président des Français trouve « éthique », c’est son expression.

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Voilà tout est dit, l’intention secrète éventée, le pot aux roses découvert !
Tout doit être fait pour que jamais le système soit mis en cause.
Avec les parachutes dorés, version 2009, la presse a un os à ronger qui correspond au désir de vengeance des foules misérables, la gauche collaboratrice se sauve aussi par ce subterfuge des menaces internes de ses militants qui s’impatientent.
S’il le fallait, le pouvoir politique de mèche avec le pouvoir économique irait jusqu’à traduire en justice les quelques responsables « malhonnêtes », contre l’avis de Laurence Parisot, à la tête du patronat français et mouillée jusqu’au cou de par sa famille (une bande de rapaces inflexibles selon les anciennes ouvrières de l’usine de papa) dans le concept d’un patronat libre de toute entrave et qui se vote les indemnités qu’il veut.
La pièce est jouée. La presse à moitié complice entre dans le jeu, les partis compères et lorgnant le pouvoir ne pipent mot.
C’est une affaire d’honneur, disent-ils, de Sarko à Reynders, ils feront semblant de nettoyer les écuries d’Augias !.. Peut-être iront-ils jusqu’à limiter les prétentions patronales en matière d’indemnités de rupture de contrat.
Le capitalisme repartira de plus belle et l’occasion de le flanquer en l’air, nous filera sous le nez.
Ainsi se dessinera une nouvelle « éthique » qui aura tout l’air d’une belle escroquerie.
Qu’est-ce que vous voulez, quand il y a connivence dans les sphères du pouvoir politique et économique, que pouvons-nous faire ?

25 mars 2009

Anastasie habite Saint-Josse

Le Conseil communal à majorité socialiste de la commune de Saint-Josse a décidé d’interdire le spectacle de Dieudonné M’Bala M’Bala prévu pour ce mercredi 25.
Le Conseil d’Etat a suspendu l’arrêté de la commune de Saint-Josse. La Haute juridiction administrative estime qu’il ne revient pas au collège des bourgmestre et échevins de veiller à la correction politique des spectacles et des artistes.
Voilà qui, pour une fois, est bien envoyé.
Jean Demannez, le bourgmestre socialiste, président du conseil d'administration du Centre culturel Le Botanique, devrait avoir plutôt une certaine largesse d’esprit et d’ouverture à qui ne pense pas comme lui. D’autant que, plus modeste, le comique donnera son spectacle dans la salle Marignan et non pas dans le grand bidule cher à Demannez.
Alors qu’initialement (c’était, hélas ! il y a fort longtemps) le PS revendiquait l’esprit de Beaumarchais, le voilà au service de la censure et du boycott, enfant de Javert et de McCarthy !
Le PS, depuis qu’il joue au Centre, a une répulsion maladive pour ceux qu’il estime faire partie des extrêmes, qui pour la plupart ont le défaut de ne pas penser comme lui.
Aussi pour avoir raison, s’était-il emberlificoté dans de petits mensonges et de contrevérités à Saint-Josse.
Heureusement, des gens intelligents ont vu le danger d’un fascisme rampant au sein d’un PS usant d’un pouvoir politique pour interdire une forme de pensée contradictoire.
Nous saurons désormais que le Botanique est dirigé par un président aux vues étroites et au goût limité au spectacle bourgeois, un peu à l’image de ce qu’est devenu le PS.
Cela ne veut pas dire que le spectacle de Dieudonné est enthousiasmant et que j’invite les fans à s’y précipiter, cela veut dire qu’il faut respecter tout créateur de spectacle.
Y va qui veut, bien entendu.
L’arrêté de Demannez vaut son pesant de tartuferies :
« Après avoir consulté les différents milieux sensibles ainsi que les services de police, j’ai décidé de ne pas autoriser cette manifestation pour des raisons essentiellement liées au maintien de l’ordre public. Les idées antisémites et les positions liées notamment au discours de l’extrême droite française apparaissent comme difficilement tolérables à Saint-Josse et risquent d’engendrer des débordements d’une teneur difficile à appréhender ».
Pour le bourgmestre, les habitants de la Commune sont trop sensibles. Les nerfs auraient craqué à savoir Dieudonné en leurs murs ! Prompte à l’émeute la Communauté turque musulmane assez importante à Saint-Josse se serait dressée comme un seul homme aux insidieuses menées antisémites de M’Bala M’Bala !
Terre d’œcuménisme la commune de Saint-Josse allait s’embraser. Les flics en étaient conscients. Demannez et les socialistes n’auraient pu leur prêter main forte sans engendrer eux-mêmes des troubles !
C’est d’un ridicule !...
Evidemment, avec la publicité contradictoire que Demannez a faite, il pourrait effectivement rameuter les ligues et les machins et à cause de son initiative malheureuse être lui même à la base de troubles !

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Y a-t-il seulement cent personnes dans cette Commune aux 150 nationalités différentes qui pourraient parler en connaissance de cause de l’extrême droite française ? Et quand bien même, faire l’amalgame de Dieudonné et l’extrême droite, malgré les imprudences de l’humoriste, relève d’une casuistique assez élaborée pour qu’on puisse douter que cela déclenche l’émeute.
Bref, le PS, une fois de plus, prend les habitants d’une commune pour des débiles incapables de juger de la qualité morale d’un spectacle.
Le Conseil d’Etat a remis les pendules à l’heure dans son arrêt, ce qu’il ne fait pas souvent. Son argumentation est à citer : « Le collège des bourgmestre et échevins n’a pas reçu pour mission de veiller préventivement à la correction politique ou morale, voire pénale, des spectacles et moins encore à celle, supposée, des artistes qui en donnent la représentation ».
L’arrêt fustige les pisse-vinaigre qui ignoreraient que la liberté d’expression est l’un des fondements essentiels d’une société démocratique.
J’en ai un peu marre de ces socialistes dénonçant seulement le racisme dans une seule de ses composantes et qui ne s’insurgent pas contre le système capitaliste bien plus ségrégationniste, raciste et immoral, que le spectacle de M’Bala M’Bala.
Les mots blesseraient-ils les socialistes davantage que les crimes commis sur les gens, l’habitat et la planète, selon une définition géographique arbitraire et criminelle en Afrique, en Amérique du Sud, en Asie et partout où le profit appâte les aventuriers en quête d’argent ?
Quand ces donneurs de leçon auront enfin une conduite appropriée au temps et à la crise, quand ils auront une attitude plus digne vis-à-vis du peuple, alors, oui, ils pourront un peu chipoter sur la moralité des artistes et donner leur avis sur la question… du moment qu’ils n’interrompent pas le spectacle !

24 mars 2009

Propos de galerie.

-Il me semble vous avoir rencontrée à Cória.
-C’est où ?
-En Espagne, Estrémadure…
-Je n’y ai jamais mis les pieds.
-Vous n’y seriez pas allée sur les mains.
-Je suis plutôt portée sur le voyage en Italie.
-Vous êtes Italienne ?
-Non, mais on m’y fait des prix.
-Comment faites-vous ?
-Le type qui vient de sortir est Italien.
-C’est parce qu’il vient de sortir qu’on vous fait des prix ?
-Enfin, je me comprends.
-Ni à Caceres ?
-Non.
-Ça tombe bien, moi non plus.
-Alors, il doit s’agir de deux autres personnes. Mais enfin, que me voulez-vous ?
-Si je vous le disais, vous me traiteriez de saligaud. Tandis que si j’attends un peu, peut-être trouveriez-vous intéressant ce que j’ai à vous dire.
-Visitez l’exposition « Le tournant de ma vie » à l’aise. Comme vous restez planté là, parlons de mes tableaux en terre cuite, si vous voulez.
-Oui. C’est original, mais un peu lourd. Difficile à mettre au mur. Vos femmes dévêtues, par exemple, on dirait qu’elles sortent de relations sexuelles. Pourtant, elles sont seules.
-Elles sont seules. Il est vrai, mais pas toujours.

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-C’est comme vous ? Vous êtes seule mais pas toujours ?
-Sur les tableaux 7 et 9, c’est un couple qui s’enlace. Donc, il y a un homme qui apparaît de temps en temps dans mon œuvre.
-Oui. Il a un relief éloquent. Vous intitulez le tableau « après l’amour », alors que le modèle est en érection. Par contre le suivant « avant l’amour », c’est la débandade.
-Il y a confusion des étiquettes. C’est la dame de la galerie.
-Il vous enlace sur les deux de la même manière. Pourtant avant, ce n’est pas la même chose qu’après. On croirait voir le type qui est sorti de la galerie comme j’y entrais. C’est lui ? Et c’est vous ?
-Jugez par vous même.
-Comment le pourrais-je ? Ici, vous avez un pull et en-dessous un soutien à armature, sur la toile vous avez des seins superbes, lui porte un jeans, allez savoir, si cela est vrai ?… Par pudeur, vous n’avez pas fait ressemblant exprès ou c’est parce que vous n’avez pu faire mieux ?
-Il bougeait trop.
-Certes quand on fait l’amour. Mais quand on ne le fait pas ?
-Dois-je accepter cela comme un compliment ou comme une critique ?
-Les cheveux du type qui vient de sortir correspondent plus ou moins à celui qui vous enlace. Il a les cheveux d’un blond sale très bien rendus. Vous faites bien les cheveux. Vous êtes coiffeuse ?
-Ce n’est pas gentil.
-Pourquoi avez-vous intitulé l’oeuvre 17, « Pierre de La Ville-Marre, joutait bien. » C’est énigmatique. Vous êtes sûre qu’il n’y a pas un « o » de trop ?
-Parce que Pierre de La Ville-Marre, c’est son nom.
-Il ne va pas être heureux de la façon dont vous l’avez arrangé !
-Il est mort.
-Vous avez dû en connaître, vous des hommes !
-Monsieur, ça ne vous regarde pas !
-On dit ça, puis quelques jours plus tard, on murmure « tu sais, j’en ai connu des tas, mais, toi tu es le seul qui compte ». On fait semblant d’y croire… Vous vendez Pierre de La Ville-Marre, 2.000 euros. Ce n’est pas donné !
-Si vous saviez ce qu’il m’a coûté !
-Que diable aussi d’avoir des relations qui coûtent !
-C’est pourquoi, je les vends. Il faut bien qu’ils finissent par me rapporter. C’est ça, l’art !
-Ce devait être un grand bavard !
-A quoi voyez-vous cela ?
-Dans l’état où il est, tête bêche et la bouche pleine, on dirait qu’il parle encore. Que disait-il ?
-Il connaissait tout avant tout le monde. Au fait, il interrompait beaucoup. Je crois me souvenir qu’il disait « A quand le car pour Caen ? ». Il imitait Raymond Devos.
-S’il est mort, il n’imitera plus personne.
-L’autre est mort aussi, vous savez.
-Si vous vous en souvenez encore, les nuits ne devaient pas être torrides !
-Les après-midi plutôt… Nous étions pressés. Le mari de l’époque nous harcelait. Ville-Marre faisait l’amour et la conversation en même temps !
-Le nez dans la barbe à papa, il devait être grotesque.
-Jaloux ?
-Tandis que le blond aux cheveux sales ?
-Vous voulez me faire une offre ?

23 mars 2009

Trompettes, paillettes et baisers

C’est parti. La campagne a commencé. Les listes sont presque terminées. C’est fou comme les bases sont en osmose avec les Comités de direction ! Il n’y a rien à reprendre que ce soit du côté du MR, du PS et du CDh. Tout est parfait. Les candidats sont exactement ceux que le bon peuple attendait.
Les stars s’apprêtent à descendre le grand escalier avec leur truc en plumes. Dans les coulisses on met la dernière main sur les discours. Les prompteurs sont réglés et Kubla cherche Chastel qui est parti avec la cassette de la marche des gladiateurs.
C’est chic, c’est du belge, c’est très Folies bergères ! On croirait que la chorégraphie est de Ségolène Royal ! Au lieu de « so-li-da-ri-té » on entendra « u-na-ni-mi-té », puisqu’ils sont unanimes : il faut voter pour sauver l’emploi, le leur dans un premier temps et éventuellement le vôtre, si vous avez bien voté !
Elio Di Rupo, nœud mauve, bas de soie et jaquette cintrée, emmènera la liste PS du 7 juin prochain à Mons-Borinage. Le scoop : on a voté dans la foulée du message reçu du bureau pour que Di Rupo n’ait pas à disputer le leadership à un téméraire (Laurent Grad) qui osait poser sa candidature à côté de l’icône ! Picqué à Bruxelles, Daerden et Marcourt à Liège, du jamais vu, de l’inédit… Magnette et Van Cauwenberghe à Charleroi… Cette innovation doit saisir les cœurs socialistes de l’émotion des grands jours. Tounet doit être émerveillé !
Et pas que le PS qui remonte les Champs-Élysées en fanfare.
Les gens sont aux fenêtres, agitent des mouchoirs. Madame Houart crie « Bravo » !
Bientôt une autre meneuse de revue apparaît au bout de la voie royale à la tête d’une clique étincelante de bleus costumes.
C’est Reynders en Monsieur Loyal. Le blanchi de la Commission ne pouvait être qu’en frac blanc et haut-de-forme de même. Mesdemoiselles Reuter et Laruelle, amazones et acrobates, ont la fesse généreuse dans leurs habits de scène, suivies de Chastel en montreur d’ours, avec les ineffables Michel qui ferment la marche libérale sur des vélos aux roues ovales.
Monfils et Kubla jettent des bonbons. Rien que du neuf, rien que du sensationnel…
Enfin Milquet suit le bleu ruissellement en reine du carnaval au-dessus de son char de combat orangé, elle lance des oranges et des baisers à la foule massée sur les trottoirs en criant « in fine ». C’est son expression favorite.
Delpérée et Simonet sur des échasses jettent des faux bulletins de vote et crient « Du jamais vu, c’est du 90 % partout ». La foule saute de joie. C’est dire l’unanimité, la ferveur…
On est sauvé. Le regain d’intérêt, le sursaut parti de la base est celui que le pays attendait.
Dans les discours la crise est derrière. Les banlieues ne sentent pas encore le frémissement, ce sera pour plus tard, après le 7 juin. La misère est vaincue. La poisse recule. BHV ne sont plus les initiales qui font peur. Les Flamands sont nos amis. Le chômage est vaincu. Pépé à sa fenêtre qui ne bandait plus depuis le 11 septembre 2001, à la vue de ces belles dames sent lui aussi comme un frémissement.
On est reparti pour la croissance. On ne peut pas faire autrement. Ce ne serait pas juste après la Nation retrouvée. Le triumvirat entonne la Brabançonne. C’est le recueillement devant une agence FORTIS.

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Tous pleurent d’émotion.
Comme il faut un show, alors qu’on sait bien que les promoteurs du défilé sont copains comme cochons, ils se lancent des vannes, pas bien méchantes dans le fond, juste pour faire rire. Ils sont là pour ça… Mon dieu comme ils sont drôles. Ils se rejoignent dans une seule haine, mais alors totale, contre Ecolo. Cependant ce n’est qu’une façade. Ce n’est qu’apparence. Les politiciens ne se haïssent pas. Ils se jalousent tout simplement. Ils font semblant pour qu’on voie que ce n’est pas de la rigolade, que c’est du sérieux, que leur avenir est en jeu…
Ils se demandent tous les trois comment accueillir les Ecolos dans la grande famille sans perdre un seul emploi. On ne peut pas créer un sixième gouvernement tout de suite !
Enfin, ils sont à moins de trois mois du 7 juin. Toute la politique depuis la démission de Leterme dépendait de la paix des urnes, après on verra s’il y a des bouleversements…
D’ici là, c’est champagne pour tout le monde. Et pas un mot sur le capitalisme, s’il vous plaît !
Le public, sur le moment emballé, risque de se demander, une fois les trombones de l’orphéon remis en caisse, pourquoi on va voter quant à peu de choses près, ce sont les mêmes qui remontent sur le kiosque pour le bouquet final, comme ils étaient la fois avant ?

22 mars 2009

Le renouvellement.

Tounet à raison.
Le renouvellement convient à la personne humaine. La même musique aussi mélodieuse soit-elle, à la longue, c’est comme le Boléro de Ravel, on se demande quand elle va finir. Le monde change, pourquoi pas nous ?
Cependant, il ne faut pas se renouveler en se reniant. Et, confondant le renouvellement avec le retournement de veste, passer du socialisme de la lutte des classes au socialisme de collaboration capitaliste.
J’ai fait des efforts et j’en fais encore pour me renouveler. Mais ce socialisme-là ne passe pas et me reste au travers de la gorge. Dois-je en vertu du renouvellement renier ce que je tiens pour essentiel ?
Comment me renouveler sans lasser l’opinion et sans me déjuger ?
Je ne vais pourtant pas courir à la première loge ***, porter la serviette d’un éminent parvenu et, me faisant accepter par ma platitude et mon empressement, me ranger à ses principes pour échouer sur le dernier banc d’un Conseil communal comme premier suppléant socialiste ?
Ou, comme Paul-Henri Spaak et Jean Gol débuter à gauche et finir ma carrière à droite ?
Mon esprit n’est pas assez tortueux, ni agile pour cette gymnastique qui touche plus au calcul et au fric, qu’à la raison et la constance.
Le discours risque d’être uniformément plat à la longue, à force de dire la même chose sur des modes et des tons différents, un peu comme le Boléro ; j’en conviens.
Les premiers responsables ne sont-ils pas les gens d’en face qui eux ne varient pas d’un iota quand ils expliquent la démocratie ? Et comment leur faire comprendre que cette démocratie ne me convient pas ?
Et tandis qu’ils nous assènent les vérités d’Alain Minc et de Déroulède, nous voyons la part du capital croître et la part du travail diminuer dans les comptes d’épicier qu’ils nous certifient exacts. Si c’est ça que Tounet appelle se renouveler, cela s’apparente fort à l’escroc qui se colle une moustache pour changer d’aspect et s’adapter à l’arnaque suivante.
N’est-il pas évident qu’il faut bien dénoncer la manière dont d’autres tapent sur le même clou sans être taxés par Tounet de non renouvellement ?
Par commodité, il est plus facile d’être avec le pouvoir que contre.
Bien placé, on peut y obtenir quelques bienfaits, quelques avantages par rapport aux mérites que l’on a. Par calcul, on peut se renouveler en calquant ses propos sur ceux proférés par les personnes que l’on veut séduire.
Tounet ferait-il le complexe de Stockholm ?
On voit toutes les objections de l’honnête homme dans la difficulté de se renouveler heureusement.
Par contre, il est plus facile de se renouveler du point de vue sentimental et amoureux.
Dira-t-on jamais assez de ce point de vue, que le renouvellement est des plus ambigus ?
Sous le couvert de bonnes raisons, on se renouvelle en couchant avec quelqu’un d’autre. On y goûte dans l’illégitimité de l’acte, la révolte de l’être libre débarrassé des conventions. C’est plus facile de louer une chambre dans un hôtel, que manifester son indignation dans la rue d’un fascisme ordinaire qui saisit sporadiquement tout pouvoir.

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Au moins, au trousse-chemise, on n’y est pas fiché, du moins pas encore…
Mes renouvellements de ce point de vue reflètent une certaine nostalgie, une sorte de revenez-y qui me procure toujours une certaine émotion.
Je ne peux pas écouter « Que reste-t-il de nos amours » de Charles Trenet sans sentir venir une petite larme à l’œil.
On ne quitte pas impunément la femme que l’on a aimée. Encore qu’il est préférable de le faire lorsqu’on n’a plus rien à se dire. Il n’y a rien de plus affligeant la vue de ces couples liés par l’habitude et l’intérêt et qui s’irritent de la moindre parole de l’autre.
Il y a certains renouvellements qui sont salutaires et nécessaires, que l’on fait confusément et dont on ne saura vraiment jamais s’ils ont été les éléments indispensables d’un bonheur réadapté ou la fuite honteuse devant des responsabilités insurmontables.
Il convient donc d’être constant.
S’il est difficile d’obéir à cette vertu en amour, ce l’est davantage aux convictions en tous genres et plus particulièrement aux convictions politiques.
Ceux qui changent de crèmerie ne se renouvellent pas précisément.
Mais il est des renouvellements qui ne font de tort à personne et qui, au contraire, mettent en valeur les individus.
Ils sont d’ordre artistique et littéraire.
On peut changer de style dans la création et dans la passion de l’écriture. On peut aimer Proudhon et le délaisser pour Marcuse sans se dédire vraiment de sa démarche philosophique. Comme on peut aussi modifier son personnage dans la tentative louable d’aimer l’autre différemment.
Tout est affaire d’imagination.
Mais on ne peut pas impunément changer de parti ou adhérer à un parti quand le calcul remplace l’idéal.
Et franchement comment trouver dans le PS actuel, l’idéal dont a rêvé celui qui est à gauche depuis toujours ?

21 mars 2009

Milquet adroite, Di Rupo à droite…

...ou, quand la bourgeoise est socialiste et le socialiste bourgeois gentilhomme !

Après quelques tribulations de couloir, effets de manche d’Ecolo, la Chambre a approuvé vendredi, le rapport de la Commission d'enquête parlementaire dans l'affaire Fortis.
Si des contacts pris par des cabinets ministériels auprès du Parquet ont mis en péril le principe de séparation des pouvoirs dans l'affaire Fortis, la Chambre n’a, par contre, désigné personne à la sanction publique. Ceux qui par honnêteté se sont démis de leur fonction ont eu tort de le faire.
Reynders a donc raison de mobiliser le MR autour de sa personne en menaçant de faire sauter le gouvernement, s’il avait dû rejoindre le Premier ministre et le Ministre de la justice en démissionnant à son tour.
Di Rupo n’a pas compris le chantage de l’autre. Il a cru jouer « malin » en restant solidaire du gouvernement en péril, donc en avalisant la position du MR et de Reynders. Il n’espère tout de même pas que cette lâcheté supplémentaire va pouvoir être monnayée aux élections de juin en affirmant le contraire de ce que le public comprend aujourd’hui ? Il ne va tout de même pas oser relancer une campagne de soupçons à l’encontre du président du MR après l’avoir tacitement soutenu !
Tombés au plus bas dans les sondages, les hommes politiques ont-ils conscience du désintérêt qu’ils suscitent dans la population, que cette dernière histoire belge aggrave encore ?
On a vu Ecolo avec son homologue flamand et le SP jouer le rôle d’opposant de gauche au MR, tandis que le PS restait sagement au côté de Reynders et que Milquet, plus adroite, se démarquait légèrement, laissant à Onkelinx le soin d’offrir au ministre des Finances une garantie de durée jusqu’aux élections.
Et tout ça à cause de la cuisine électorale où les places « utiles » se conquièrent au couteau et que la proximité des élections rend les éligibles nerveux ; enfin, en raison des sondages qui montrent aujourd’hui un tassement des partis au pouvoir au profit de la seule opposition d’Ecolo en Wallonie. Comme si cette survie de ce gouvernement allait permettre une remontée du PS dans l’opinion, alors que ce parti a été dans tous les mauvais coups, faisant couler à flots l’argent des contribuables dans les coffres privés des banques, avalisant les sanctions contre les chômeurs, réduisant les revenus des petites gens et des pensionnés à quelques euros de bonus !
Et c’est devant ce résultat nul, conséquence d’une vue trop libérale de la crise, que le PS va se refaire dans les trois mois qui restent pour affronter de façon sereine les électeurs !
Cette politique est bête à pleurer. Et si elle a une chance de relativiser les dégâts, c’est uniquement parce que l’électeur est déboussolé au point de ne plus distinguer ce qui sépare le MR du PS et qu’il vote indifféremment pour l’un comme pour l’autre.
On se demande si Di Rupo est encore maître de la barque et s’il ne dérive pas dans le sillage libéral du MR parce qu’il ne sait plus faire autrement, comme saisi par le tourbillon du système capitaliste qu’il a eu la naïveté de croire amendable de l’intérieur.
C’est avec curiosité qu’on attend les arguments de sa campagne.
Si c’est pour aller à la pêche des vedettes de l’actualité belge, comme Defossé, qui après quelques stars de la télé et des faits-divers partagées entre le MR et le CDh, se lance dans l’aventure écologiste, on se demande bien quel joueur de football, quel chanteur ou quel professeur émérite contrebalancera cette mainmise des médias dans la politique ?

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Cela ne risque pas de se produire à Charleroi où les comités décimés par les affaires judiciaires se reforment autour de Van Cauwenberghe et son ex bourreau Paul Magnette, héros déjà fort usé, de l’ancien Comité des sages.
Je me demande comment ces gens ne s’aperçoivent pas que cela ne marche plus et que pour étonner et réconforter, il faut autre chose !
Il est vrai que lorsqu’on vit de la politique et qu’on est soi-même archi défraîchi en étant fortement imbibé de la culture « libérale », il est très difficile de céder son gagne-pain.
Comment faire comprendre à ces gens-là qu’ils doivent passer la main ?
Que feraient-ils ?
Vous voyez Di Rupo en cache-poussière gris enseigner la chimie dans un établissement secondaire de Mons ? Laurette Onkelinx reprendre une inscription au barreau de Liège et plaider au Pro Deo pour un récidiviste du vol à la tire ?
Enfin, d’autres encore à rentrer dans des administrations attendre le poste de sous-chef de bureau ?
Quand ils nous disent, comme certains, que le travail parlementaire qu’ils font les épuise et qu’ils regrettent le boulot du privé, ils mentent.
Encore que les caïds du système, même débarqués par un scrutin contraire, ne retourneraient pas au charbon, ni à la soupe populaire. Leurs parachutes dorés, tout en n’étant pas aussi spectaculaires que ceux des aigrefins de la finance, n’en sont pas moins cousus de fine soie et garantis en cordelettes de haute sécurité.
Ces parlementaires à gentilhommières n’auront des vocations campagnardes à temps plein que lorsqu’ils seront chenus et à moitié gagas. En attendant, nous devrons nous les farcir.


20 mars 2009

Le canonnier de Dieu.

On dirait que le pape actuel en invente une tous les mois pour embêter les catholiques et déforcer l’église.
Ce qui fait se marrer les ayatollahs qui, aussi furieusement conservateurs que Benoît XVI mais sur une autre gamme, n’en profitent pas moins du désastre commercial de l’entreprise d’en face !
Il y en a ainsi, qui n’en peuvent, mais c’est dans leur nature.
On peut dire que les cardinaux qui l’ont choisi ont mis dans le mille !
Le cardinal Radzinger, Allemand, après le Polonais, c’est un mélange assez surprenant, avec l’autre, de conservatisme obtus, sauf que chez Jean-Paul, ça se voyait moins.
Déjà choisir comme pape un ancien membre des Jeunesses hitlériennes, il fallait oser.
Joseph sur la fin de la guerre est militaire à la Luftwaffe et joue du canon antiaérien sous les ordres de Göring, certes, mais qui sait ? Il est peut-être directement impliqué dans un tir réussi contre une forteresse volante et responsable de la mort de quelques aviateurs ?
Qu’il ait été le jouet des événements et la victime consentante d’un Adolphe déchaîné, c’est possible ; mais où est la force tranquille des premiers chrétiens qui, plutôt que renier leur foi, affrontaient les lions sous l’œil amusé des Romains?
Bref après de solides études, le voilà cardinal en 1977, puis Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (dont l’ancêtre était la Congrégation de l’Inquisition romaine et universelle).
Il succède à son patron le 19 avril 2005.
L’affaire ne marche pas trop mal. Que va-t-il en faire ?
D’emblée il déçoit. Cet homme est né pour décevoir. Ainsi, son élection suscite une grande déception parmi les catholiques progressistes. Il ne va pas en rester là ; question d’être déçus, certains vont l’être tant et plus.
L’ancien membre de la Volksturm, formé à la D.C.A et au "Panzerfaust" n’aime pas le relativisme, le "sécularisme fermé à la transcendance" (la laïcité), l’homosexualité, l’avortement, la contraception, les femmes prêtres, l’œcuménisme des franciscains d'Assise. Pour coller à son image décidément moyenâgeuse, il aime par contre le célibat des prêtres, le mariage et la famille, l’eucharistie, les indulgences et l’Opus Dei. Seule bouffée d’air, il est moins agaçant que son prédécesseur dans ses poses médiatiques.

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On ne va pas remonter trop loin dans le palmarès élogieux de ce vicaire du Christ qui semble symboliser plus les épines de la couronne, que ce qu’il y a en-dessous.
Le mois dernier, il remet en selle l’évêque intégriste Richard Williamson, juste assez tôt pour entendre à une télévision suédoise le gracié déclarer : "Je crois qu'il n'y a pas eu de chambres à gaz [...]. Je pense que 200 000 à 300 000 juifs ont péri dans les camps de concentration mais pas un seul dans les chambres à gaz".
L’ancien adolphin sur le trône de Saint-Pierre a dû éprouver le plaisir qu’un de ces prédécesseurs Alexandre VI devait avoir aux dés avec Pic de La Mirandole, en jetant le double six sur la gestatoria.
La promotion de Richard Williamson en cardinal devra être pour bientôt sans doute, et qui sait un futur pape, par exemple Adolphe 1er ?
L’affaire à peine digérée, voilà le pape en Afrique.
Et que fait-il, ce doux apôtre à son premier discours ?
Il déclare soutenir la tradition catholique en s’élevant contre l’usage des préservatifs.
C’est dire sa performance !
Heureusement que les catholiques encore nombreux en Afrique se disent « c’est un vieux type, voilà longtemps qu’il ne bande plus, il doit plus savoir grand chose à la musique ». Autrement, pris au pied de la lettre, Benoît aurait été en passe de rejoindre Adolphe au nombre de morts supplémentaires, et tant pis pour Williamson, les fours crématoires auraient affiché « complet » pour un certain temps et dépasser les statistiques optimistes de l’autre sur l’holocauste.
Avec la rigueur dans la foi, l’Eglise de Benoît-le-canonnier-de-Dieu renforce ses positions sur la contraception. En janvier dernier sa sainteté avait déclaré que la pilule pouvait rendre les hommes stériles.
On savait Benoit XVI conservateur et peu ouvert à la bistouquette, mais plus le temps passe, plus ses positions surprennent. C’est le genre de gars qui a du faire recoudre les braguettes des pantalons de ses gardes suisses.
Si ça continue, il ne servira plus la soupe qu’aux vicieux, aux gens d’un certain âge et à la famille royale de Belgique.
On se demande, et dieu dans tout ça ? Il aurait de quoi exprimer sa mauvaise humeur, enfin, pour ceux qui croient encore que le monde est plat et au centre de l’univers. Quant aux autres, voilà belle lurette qu’ils ont d’autres morales à fouetter.

19 mars 2009

Croissance.

On se rattache aux figures les plus emblématiques que l’on peut quand le bateau prend eau et qu’on est à deux doigts de boire la tasse.
Il en est en économie comme du reste.
Du grand au petit actionnaire, c’est « mélodie en sous-sol » en version du cinoche muet. Le coupon ne se coupe plus. Les ciseaux valent plus que l’action. Quelques banques plus loin, c’est toujours un Madoff qui met les voiles et un Reynders qui paie pour voir.
La quinte floche à Lippens et la paire aux sept pour nos gueules.
En tuant le bourgeois au portefeuille, ce sont les 262 mineurs du Bois-du-Cazier qui meurent une seconde fois.
La recette est simple et devrait servir aux économistes qui n’ont plus rien à dire et qui puisent dans le passé toutes les bonnes raisons du monde à espérer en un futur meilleur ; ainsi qu’aux hommes d’Etat fragilisés pour avoir cru au système libéral et qui y croient encore, non plus par le bon sens qui les habitait, mais parce qu’ils ont fait toute leur carrière dessus.
Un parmi des plus lucides économistes du passé est sans contredit Keynes (1883-1946).
Que voilà l’encyclopédie qui convient ! On en picore ce que l’on veut, on le triture, on le suçote et sur des idées générales, on peut même signer l’article, sans jamais le citer !
Est-ce qu’on connaît vraiment le bonhomme ? Ce qu’il a vraiment dit et le fond de sa pensée ?
C’est sans importance pour ceux qui font profession de savoir. Ils ne cherchent pas de toute manière des solutions à la crise, en se référant à Keynes, ils cherchent surtout les moyens de rester des économistes consultés, dont l’enseignement est révéré et fait autorité.
Keynes était un épicurien singulièrement attaché à la liberté individuelle, la sienne, évidemment. Il aimait l’amour, les femmes, le bon vin et l’argent, mais pour le dépenser
Réguler le capitalisme sans porter atteinte à l'autonomie de l'entreprise privée et refuser l'idée que les marchés s'autorégulent, tel est le credo de Keynes, l'un des penseurs les plus influents du XXe siècle, auteur de la Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie.
«Keynes a bâti sa théorie en partant de l'hypothèse que les marchés dysfonctionnaient et que le dysfonctionnement des marchés impliquait, pour que l'économie capitaliste puisse tenir debout, une intervention publique», selon Jean-Paul Fitoussi, président de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). « Or, ce qui se passe aujourd'hui, c'est qu'on a un dysfonctionnement majeur des marchés » et que cela « a amené naturellement à une intervention publique qui a été massive », constate l'économiste.
Pour Keynes, dans un contexte de crise, l'État doit adopter une politique monétaire avec injection de liquidités et baisse des taux d'intérêt. Il doit aussi relancer la demande grâce en particulier à un accroissement des investissements publics et la redistribution des revenus au profit des classes aux ressources les moins élevées.

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Des recettes qui reviennent à la mode dans les cabinets ministériels : le ministre des Finances britannique Alistair Darling a indiqué que la Grande-Bretagne allait augmenter ses dépenses publiques, suggérant le choix d'une approche keynésienne, en engageant des projets de grande envergure notamment dans le logement, l'énergie et les petites et moyennes entreprises.
Toutefois, pour Edwin Le Héron, président de l'Association pour le développement des études keynésiennes, toute relance conjoncturelle « part dans le vide ».
« Il faut séparer deux choses, souligne-t-il. Il y a d'une part un certain nombre de personnes qui disent qu'il faut re-réguler le capitalisme, qu'il faut changer la structure du capitalisme. Il y en a d'autres qui disent qu'il y a une politique de relance de l'économie réelle, avec des plans de relance conjoncturelle. Les deux peuvent apparaître comme des idées keynésiennes », mais « j'ai tendance à penser que ce qui me semble keynésien, c'est une refonte structurelle du capitalisme ».
L'annonce de la réunion d'une série de sommets pour élaborer et appliquer les réformes du système financier international va dans ce sens. Mais « la fenêtre est très étroite » selon M. Le Héron, qui souligne les réticences des Américains à réformer un système issu des accords de Brettons Wood de 1944 et qui était centré sur le modèle américain.
Plus optimiste, M. Fitoussi juge que «tous les pays actuellement sont à la recherche de bonne régulation, parce que la crise n'a épargné» personne. Si tout le monde a ressenti l'urgence de la régulation, tous ne sont pas d'accord sur ses modalités, note-t-il, faisant notamment allusion aux pays européens.
« In fine l'Europe a été capable de s'accorder sur un plan, la zone euro, et l'UE ensuite a été capable de s'accorder sur un plan global de sauvetage du système financier », rappelle M. Fitoussi. « Cela implique que peut-être les pays européens pourraient s'accorder sur un plan global de régulation des marchés ».
Il semble que les jeux soient faits et que tous les économistes attendent une reprise, sans avoir aidé les plus fragiles, rien qu’en faisant redémarrer l’industrie et les banques et sans tenir compte des observations de Keynes.
Ainsi, la croissance aveugle, la croissance imbécile, la croissance destructrice est à nouveau à la pointe des espérances pour la sortie de la crise.
Le monde capitaliste est devenu fou !

18 mars 2009

La tension monte.

A part quelques bourgeois rancis, des patrons heureux et quelques gros fraudeurs, clientèle assidue des banques, le gros du public des Agences bancaires s’est gonflé des refaits de Lehmann and C°, des escroqués du système Madoff relayé par le gérant de la banque du coin, des actionnaires floués de FORTIS et de la masse d’inquiets qui se demandent s’ils ne vont pas récupérer leurs avoirs pour les placer dans des bas de laine.
Cela crée une ambiance délétère et ce sont les derniers survivants de la race des employés de guichet en voie de disparition qui ramassent tout dans les gencives, comme s’ils en pouvaient.
Victimes eux-mêmes des escrocs qui les chapeautent, assis sur des sièges éjectables, mal rétribués, conscients de la déliquescence du système libéral, les voilà accusés du pire en qualité de complices des dévoyés des directions générales, presque responsables des tromperies sur la marchandise. Pour peu, on les accuserait de plier les parachutes dorés des aigrefins dans la salle des coffres avant le décollage du sauve-qui-peut.
Les injures et les insultes vont leur train, quand sont épuisées les réserves de sarcasmes et de borborygmes du client à bout de nerfs.
La banque, personne ne s’en était avisé avant, est un commerce qui dégage un bénéfice en spéculant sur et avec votre argent, qui prête souvent aux pauvres à des taux usuraires et donne aux riches l’occasion de placements jadis avantageux.
Cela a été de tous temps.
Comment les gens ne s’en sont-ils aperçus que maintenant ?
Pourquoi ont-ils mordu dans tous les dépliants luxueux, les offres mirobolantes, sans se méfier qu’on n’en voulait qu’à leur pognon, toute l’astuce étant de leur en piquer le plus possible sans scandale !
L’épargnant n’a pas de mémoire, le familier des guichets encore moins.
Souvenez-vous, avant que l’Etat ne prête la main comme il l’a fait ces temps-ci à récompenser des malfaiteurs, il a poussé le citoyen dès les années 60 à la prise d’un compte bancaire, jusqu’à le rendre obligatoire. Au départ, la gestion était entièrement gratuite. L’argument massue après celui du progrès, il fallait se garantir des agressions de la truanderie. Ce qu’on ne savait pas, c’est que les truands étaient aussi à l’intérieur.
Aujourd’hui non seulement chaque opération bancaire est facturée et parfois dans les grandes largeurs, mais en plus la pratique est devenue incontournable. Dans la plupart des professions, les administrations, que ce soit en matière de factures d’énergie, de mutuelle et d’assurance, il est impossible de résister et de n’avoir aucune carte de banque, aucun compte, sans bancontact et toutes les « facilités » capitalistes.
De glissement en glissement, on arrive au crédit revolving, aux cartes « client » des grandes surfaces «achetez aujourd’hui, payez à la fin du mois » véritable prise à la gorge des usagers, avec, malgré les dénégations, des intérêts d’usure, et en sous-main, les conseils des banques, finançant elles-mêmes les rouages fins de l’exploitation ordinaire.
Et personne ne se serait aperçu, à force d’en vouloir toujours plus, que le système allait lâcher ?
Si les employés de guichet n’apportent plus leur sourire avec leur compétence aux visiteurs, c’est que la situation ne prête plus à la diffusion du slogan « au service de la clientèle ».
Un autre staff de malheureux au casse-pipe regroupent les employés de base du FOREm et de l’ONEm.
L’arrivée de 90.000 chômeurs supplémentaires en début d'année a fait monter la fièvre guichetière et réduit à néant les placements et les dialogues avec les entreprises de moins en moins embaucheuses. Si bien que la machine tourne à vide, ne résout plus rien, sauf faire pleuvoir les sanctions sur les « professionnels » de la carte de pointage et multiplier les stages qui ne débouchent sur aucun emploi.
Par contre les rapports entre les sans emploi et les employés se sont tendus au point que les faits-divers auront un jour à dénombrer des morts dans cette morgue du désespoir.
Pourtant, les employés n’y sont pour rien.
Ils ne pondent pas les circulaires. Ils doivent seulement les respecter, s’ils ne veulent pas grossir les files d’attente eux-mêmes.
L’insensibilité et l’animosité dans lesquelles certains employés vicieux ou sadiques sont tombés, irritent les convoqués. Les pires parmi ces employés sont ceux qui croient encore aux salades qu’ils débitent. La grande majorité, heureusement, n’est pas ainsi. Si les personnels subissent la crise à l’aise le cul à côté du chauffage central et le thermos dans le tiroir, ils n’en sont pas moins les victimes aussi de cette colère montante d’une population qui ne sait plus où aller gagner sa vie, qu’on promène d’un guichet à l’autre et qui risque à chaque fois une pénalisation proposée par un préposé dans son exercice quotidien de l’application des lois.

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C’est tout un ensemble des petits métiers et des petits usagers qui s’effondre. L’ambiance délétère provoque la détérioration de la santé mentale dans les services. Fragilisés, certains employés trop exposés craquent, d’autres ont recours aux psychotropes, ou tombent en dépression.
Ce sont les prémices d’une désobéissance civile et d’une désorganisation redoutable des systèmes de paiement et de gouvernance qui, une fois dépassés, peuvent aboutir à des mouvements de foule incontrôlable à caractère insurrectionnel.
Une observation inquiétante en Belgique, il n’y a pas de grands mouvements de grève, des marches des mécontents, comme en France. L’observateur conclurait qu’en Belgique le bon sens et la passivité triomphent de tout. Il se tromperait lourdement. Plus les rapports tendus entre les citoyens conduisent à des impasses de non-dit, plus la tension intérieure monte. La grève a rarement débouché sur une révolution, le ras le bol général si !

17 mars 2009

FORTISGATE

On saura en milieu de semaine si la Commission d'enquête parlementaire sur la séparation des pouvoirs va tailler ou non un costard au ministre des Finances Didier Reynders qui est le seul à n’avoir pas démissionné des trois ministres qui sont impliqués dans cette immixtion de l’exécutif au pouvoir judiciaire.
En effet les Trois cabinets ont travaillé de concert sur le dossier FORTIS. L'ancien Premier ministre Yves Leterme et l’ex ministre de la Justice, Jo Vandeurzen, ont jeté l’éponge et ont convenu qu’ils n’auraient pas dû agir de la sorte. Didier Reynders, lui, tient bon, non pas en employant des arguments contraires afin de ne pas présenter sa démission, mais en niant toute implication dans le mic-mac qui a suivi la plainte d’une partie des actionnaires de FORTIS à la suite de la volonté du gouvernement de se débarrasser de la banque en la bradant à la BNP.
Evidemment, personne n’est dupe et les témoignages se recoupent de telle sorte que Reynders se trouve en porte-à-faux, seul contre tous.
Des situations analogues se sont déjà produites où l’on est presque certain que celui qui nie ment, mais où il est impossible de le prouver. Un extraordinaire face à face à la Commission Dutroux mit en présence l’adjudant Lesage et la juge Doutrèwe. En restant sur leur position respective, un des deux mentait délibérément. Faute de les départager, chacune des deux parties poursuivit sans autre dommage sa carrière.
Est-ce éthique de soutenir qu’en politique il vaut mieux mentir, même sous serment, que d’avouer une faute commise ? Apparemment non, mais on peut très bien bénéficier du bénéfice du doute, même en niant l’évidence et se mitonner de belles suites ministrables, attendu que l’électeur est un être superficiel et vain et qu’il a une idée préconçue pour qui il va voter. Il n’en démordra pas.
Par contre, quelqu’un qui convient des faits par scrupule et honnêteté sera pénalisé par son électorat pour avoir dit la vérité.
Il y a gros à parier que Monsieur Leterme va payer cher sa démission qui est pourtant celle de l’honnête homme.
D’autres exemples fameux prouvent bien que la politique n’a que faire de serment, ni de la vérité, attendu qu’en mettant la main sur le cœur pour affirmer sa bonne foi, certains y tâtent aussi sous l’épaisseur du vêtement leur portefeuille dodu.
Reynders a donc agi selon les critères de la fine politique en se désolidarisant de la démission des deux autres.
Reste à savoir si la Commission, sans preuve établie et avec les dénégations farouches de l’intéressé, tiendra compte de la coïncidence des témoignages sur les coups de téléphone, le ministre Reynders persistant à dire tout seul qu’il n’était au courant de rien.
On passe sur l’efficacité réelle d’un ministre qui dit à tout le monde que des choses importantes se passent dans son Cabinet et qu’il n’est au courant de rien.
Enfin, comment appeler les contacts prouvés par des coups de téléphone notés ? Des contacts informatifs ou des pressions ?

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Le Fortisgate accouchera-t-il d’une souris ?
Il y a fort à parier que les conclusions de la Commission seront tellement travaillées, surtout par les MR, que le parlement aura bien du mal à y trouver la paille dans l’acier de la défense de Reynders.
C’est quand même symptomatique de retrouver de-ci, de-là dans la politique belge les mêmes déductions que celles du boucher Avinain, assassin retrouvé par déduction policière, boucher de son état et dépeceur en particulier et qui, dans un élan à ses pairs de la truanderie, dit sur l’échafaud il y a près de 150 ans, cette phrase restée célèbre « N’avouez jamais ! ».
Tout en n’étant pas d’accord avec les thèses libérales et en complet désaccord avec la politique de Monsieur Reynders, je veux croire, quand même, que le président du MR n’en est pas là et que sa bonne foi finira par être reconnue. Et tant pis si cela fait de lui un honnête homme, mais un piètre ministre.

16 mars 2009

Un méchant.

Lorsque Pierre Débouline quitta la rédaction de « L’Universale », il y avait tout fait ; mais le public n’avait commencé à le connaître que lorsqu’il devint chroniqueur judiciaire. Il avait atteint la cinquantaine.
En sentant sa réputation croître, il se mit à réfléchir sur quoi elle était fondée. Il mettait toujours deux « r » à carotte et ne savait pas un mot d’anglais.
Débouline en fréquentant les palais de justice, les magistrats et les avocats était devenu méchant.
Pas de cette méchanceté un peu bête qui fusille tout le monde et dispersée ne laisse que des blessures superficielles ; mais de cette méchanceté qui s’acharne sur quelques uns qui ne sont pas en état de répliquer et qu’elle ne lâche que lorsqu’ils sont en pièces.
Son succès sortit des salles de rédaction. Sa fermeté s’acquit un public. Et le lecteur par son assiduité à lire le chroniqueur commença de produire un effet bénéfique sur les tirages.
Son patron, non sans ironie, lui fit remarquer qu’il était mûr pour la critique littéraire ; car on y condamnait toujours à mort, ce que Débouline regrettait dans ses papiers pour la Justice.
Par conscience professionnelle, Débouline refusa dans un premier temps.
Par le passé, il avait soumis un roman à quelques éditeurs qui l’avaient poliment refusé, sur le temps qu’était publié « L’hygiène de l’assassin » qui ne valait guère mieux.
Il en avait conçu du dépit et s’était bien juré de ne faire la leçon aux autres que s’il pouvait être édité. Il s’en ouvrit à Alain Mix qui briguait la rubrique des livres. Celui-ci vit en cette circonstance une habile façon d’éliminer un concurrent et l’encouragea à réessayer une tentative auprès des éditeurs, persuadé que Débouline courrait à un nouvel échec.
Quelques semaines plus tard, le livre au goût du jour, toiletté, se voyait renforcé de quelques détails graveleux des mœurs de l’héroïne, et d’un nouveau personnage homosexuel qui, du coup, apparut comme tellement plus à la mode, qu’il fut à deux doigts de réécrire le tout.
Il revint à la charge, sa notoriété de par le saignant de ses chroniques judiciaires l’avait établi dans le cercle fermé des gloires journalistiques et littéraires.
Les Editions Babillard & Taupin, ne se souvenant plus d’avoir refusé le roman, ne tarirent pas d’éloges lorsqu’ils surent que l’auteur de la nouvelle « Les Consumantes » n’était autre que Débouline, l’imprécateur adoré de « L’Universale ».
Sur la promesse qu’il serait tiré tout de suite à cinq mile exemplaires, Débouline, rassuré, accepta la critique littéraire de son journal.
Quelques années plus tard, il était au faîte de la gloire. Il était une sorte de juge de la mode des mots, à la fois redouté et courtisé. Cependant, son style n’avait pas évolué. Ses phrases étaient toujours aussi longues et l’atticisme qu’il reprochait aux autres aurait plombé ses critiques, si elles n’avaient été émaillées des traits d’une grande méchanceté. Son succès, il le devait de la même plume qui avait applaudi à quelques verdicts célèbres. Il exécutait les auteurs comme il rendait compte de l’exécution des arrêts de Justice.
Son livre fut un succès en librairie dans l’immédiateté de son vedettariat (Vingt-cinq années plus tard, on mettrait au pilon la moitié de sa réédition).
Comme il était édité, il poursuivit son travail de critique, sans répondre à son éditeur qui le pressait de commettre un second volume, dont on augurait qu’il serait un best-seller.

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Il quittait le journal et l’édition sans regret. Parlant vaguement d’une œuvre à venir, il avait à l’époque 62 ans.
En réalité, il s’agissait de bien autre chose.
Débouline réalisait que l’aspiration au silence de son appartement procédait plutôt d’une remise en question de lui-même, qu’à une soif de travail en solitaire. Son imagination était à sec. En avait-il jamais eue ?
Sa méchanceté jusque là avait pu passer comme la juste censure de l’honnête homme à la dissipation et au crime. S’il pouvait convenir qu’un assassin n’a que ce qu’il mérite, un pauvre type qui remplit page sur page de son écriture dans l’intention d’en tirer de l’argent avait quand même plus de mérite qu’un gangster ou un violeur.
Sur la fin, dans ses critiques littéraires, lorsqu’il ne se surveillait pas, il était moins méchant. Parfois, il ne l’était pas du tout. Au journal, alors, on n’était pas heureux des conversations des salons littéraires qu’on lui rapportait. Débouline qui d’habitude brillait, semblait s’être brûlé aux feux des bûchers qu’il allumait.
Sans méchanceté, il était aussi anodin que son presque homonyme Assouline.
Il fallut à Débouline au moins trois mois après sa retraite pour s’oser regarder dans une glace.
Comme il n’avait plus besoin d’être méchant pour assurer sa pitance, envahi par une étrange bienveillance, il refit les procès auxquels il avait assisté dans sa tête et arriva à la conclusion que tous les hommes sont des monstres, sinon personne ne l’est.
Or, si tous les hommes sont des monstres, la normalité serait de l’être.
Comme ce n’était manifestement pas le cas, il en conclut que l’humanité ne l’était pas.
Il s’était trompé sur toute la ligne.
Une seule idée le hanta cependant. Il ne pouvait comprendre la raison du succès qui fut le sien dans la presse à partir du moment où il devint méchant.
Il avait tant de fois orchestré des jeux de massacre en librairie, qu’il avait longtemps pensé que la notoriété était à ce prix.
Quand il découvrit que ce qu’il avait pris pour une méchanceté naturelle des lecteurs n’était que le produit d’un ennui profond, il fut saisi de l’horreur d’avoir été le méchant par besoin qu’a le public d’en avoir un.
Il voulut refaire une carrière. Il se présenta à l’Universale. On le réembaucha car on ne l’avait pas oublié. Il refit des chroniques judiciaires en parlant avec humanité des condamnés. Ses chroniques littéraires furent des litanies d’excuses en faveur de ceux qui n’ont pas le talent adapté au goût du jour, et même ceux qui sont sans talent. Il les défendit comme s’ils étaient ses enfants.
Un mois plus tard, on le congédia sans indemnité, avec menace d’un procès pour faute grave.
Il ne s’en est pas encore remis.

15 mars 2009

Chômeurs, au trou…

On n’arrête pas le progrès. En Belgique, le progrès est synonyme de record.
…Pas que la blette de la Basse-Meuse pour susciter la vocation du progrès de la confrérie des poires.
Le plan d’activation des chômeurs est donc un progrès dans la traque aux chômeurs. De 2004 à 2006, l’ONEm avait ordonné 4.015 suspensions de l’allocation de chômage pour une durée de 4 mois et 1.047 exclusions définitives. En seulement 12 mois en 2007, ces chiffres avaient plus que doublé. L’année dernière, il y eut 6.425 suspensions de 4 mois et 4.523 exclusions définitives - soit davantage qu’entre 2004 et 2007. On prévoit un emballement pour les prochaines années, attendu que le système est adaptable, entendez par là qu’on n’a pas encore connu le pire, vu qu’en montant dans les tranches d’âge supérieures, on touchera de plus en plus de monde.
Dans l’état de récession et de chômage accru, c’est là qu’on voit le déterminisme social de l’Etat. La règle est simple, moins on trouve du travail, plus il faut exclure les anciens chômeurs pour faire place aux nouveaux, ainsi les demandeurs d’emploi resteront dans une fourchette raisonnable.
C’est simple, mais il fallait y penser. Milquet, c’est la cheftaine que la droite attendait.
Mais, il y a d’autres records dont l’Etat peut se prévaloir.
Seulement ceux-là sont plus discrets, surtout en veillée électorale.
Il y a une trentaine d’années, le pouvoir exécutif se montait à une poignée d’hommes. Il est vrai qu’il n’y avait qu’un seul gouvernement national. Aujourd’hui – on arrive à un record historique – les divers gouvernements belges sont imbriqués dans un système unique au monde qui compte 59 ministres et secrétaires d’Etat, chacun flanqué d’un cabinet ministériel, en tout quelques 4.000 personnes bidouillant la politique des ministères et la collection impressionnante des organismes sous tutelle, dont notre inénarrable FOREm. Cette vaste superstructure exceptionnelle dans le monde civilisé a des perspectives d’avenir dans son développement qui n’a pas fini de nous étonner.
Pourquoi ces deux records sont-ils juxtaposés ?
Pour la raison bien simple que le deuxième a besoin de siphonner les salaires et revenus des habitants de ce foutu pays pour proliférer et embellir. Quand on sait que la moitié des revenus du travail de la Nation passe dans les frais de celle-ci (on est loin de la permanente d’Anne-Marie Lizin classée dans les frais d’hôpitaux), les 4.000 budgétivores ont un affreux besoin que nous travaillions pour eux. Le chômeur de longue durée est donc le plus grand ennemi que l’élite puisse imaginer.
Force est de constater que si un chômeur de longue durée ne fait de tort à personne, attendu que l’Etat est fort parcimonieux de ce côté là, la performance des gouvernements belges laissent à désirer, pour un coût exorbitant. Parfois ne rien faire est plus « utile » qu’œuvrer à faire des catastrophes.

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Donc, la crème de notre court-bouillon national coûte très cher pour un résultat quasiment nul. L’intérêt de masquer cette impéritie en désignant à la vindicte populaire « ces fainéants de chômeurs qui sont responsables de la crise » on en oublie les foutriquets qui nous dirigent et qui s’en jettent de sérieuses rasades derrière la cravate en tout bien tout honneur.
Moralité : « ces voyous en col blanc » ont intérêt à taper sur le lampiste, avant de taper dans la caisse, pour que ça passe inaperçu.
Reste que les conflits d’intérêts de nos régimes de coalition, s’ils ne font pas avancer le schmilblick, passent pour être notre « grand souci de démocratie » ! Le citoyen a toujours eu le chic pour se tromper de cible. C’est plus facile de dénoncer son voisin et moins dangereux que de pointer du doigt nos puissants inutiles.
Passées les scènes d’horreur de ces « dégoûtants chômeurs qui sont la honte de notre démocratie », sous cape, parmi les 4.000 héros, glorieux des glorieux, beaucoup sont conscients du mal qu’ils font au pays, même si, en public, peu en conviennent, pour des raisons électorales et l’inconvénient de cracher dans la soupe.
Le gaspillage des ressources, la lenteur des décisions, la désorganisation du travail ministériel, l’obligation de mentir pour garder son fauteuil (la Commission FORTIS en a débusqué quelques gros), l’amateurisme, la guérilla pour les places en or, la médiocrité des Lois (Onkelinx en a le record) nous coûtent cent fois plus, mille fois peut-être, que les quinze à vingt mille exclus du chômage que Milquet inscrit à son tableau de chasse, depuis qu’on s’est rendu compte que passer d’une allocation de chômage à une aumône du CPAS les communes ne faisaient pas économiser grand chose à l’alpha de notre Régime.
En énonçant quelques vérités qui permettraient enfin une réflexion profonde pour une gestion honnête, les responsables de notre faillite collective s’en trouveraient grandis.
Hélas ! comme les gendarmes dont les commères de Brive-la-gaillarde voulaient leur couper les « choses » et que, malheureusement, ils n’en avaient pas… nos Hommes d’Etat non plus.

14 mars 2009

MY A$$…

-Le premier principe de la démocratie, c’est la vertu !
-Alors, c’est foutu !
-Non. Je parle de la vertu du peuple.
-Et les élus ?
-Ils n’ont pas besoin d’être vertueux.
-Pourquoi ?
-S’ils étaient vertueux, ils ne seraient pas élus, selon le principe que ce ne sont pas les meilleurs qui réussissent, mais les pires.
-Qu’est-ce qui te fait dire ça ?
-Il faut avoir fréquenté les sections d’un parti politique pour comprendre. C’est la plus belle peau de banane qui fait trébucher l’autre.
-Après ?
-Ça vient tout seul. Le pouvoir est redoutable. Il peut élever ou abaisser.
-Et qui te dit que le peuple est vertueux ?
-Peut-être pas trop. Comment la vertu serait-elle possible si l’on a le sentiment d’être exclu. Mais il a une qualité qui compense.
-Laquelle ?
-Il est naïf.
-C’est une qualité d’être naïf ? N’est-ce pas plutôt idiot qu’il faudrait dire ?
-Non. Il travaille. Il paie des impôts. On lui dit de croire au capitalisme, il croit au capitalisme. On lui dit qu’il est en démocratie, il croit qu’il y est à coup sûr !
-S’il n’était pas que naïf qu’arriverait-il ? Il se révolterait ?
-Non. Car il est aussi peureux. Il a peur des coups. Et puis dans sa grande largesse, il entretient de ses sous une armée de policiers qui n’hésiterait pas une seconde à le matraquer avec ardeur, en cas de rébellion.
-Ce n’est pas intelligent, tout ça ! Il est vrai qu’une Société qui fabrique des exclus ne peut en faire des démocrates. Prends exemple sur nous…
-Au moins, c’est cohérent.
-Qui est vertueux, alors ?
-Personne, sauf peut-être quelques sages, mais qui perdraient leur sagesse s’ils acceptaient le pouvoir.
-Etienne, Etienne ! tiens le bien… L’élite bourgeoise peut donc être rassurée, de la gauche à la droite, ça baigne !
-Sauf, qu’on fait semblant d’y croire encore. Mais, c’est plus fort que tout, même les bourgeois n’y croient plus.
-Donc, c’est foutu pour une démocratie qui donnerait toutes les garanties d’égalité financière entre les citoyens ! Je comprends le mot de Hayek « le système entraîne la juste irritation contre ceux qui se servent de la phraséologie libérale pour défendre des privilèges antisociaux ».
-Montesquieu ne dit rien d’autre. Il s’inquiétait déjà à l’époque, alors qu’on n’était encore qu’à la théorie, des rapports de la démocratie avec l’argent. Il faut dire que c’est Platon qui lui avait instillé un doute…
-Platon sceptique, ça m’étonnerait !
-…toujours est-il que Platon disait déjà que pour subsister une démocratie devait avoir des citoyens qui vivent frugalement.
-On y est presque avec la crise !
-Sauf que dans son idée la frugalité devait être pour tous.
-Il ne savait pas que d’agraire, la société allait devenir industrielle.
-Ni non plus que les riches n’auraient même plus besoin de travailler…
-Note que Platon m’irrite, il parlait de démocratie avec des dizaines de milliers d’esclaves, que les citoyens ne payaient pas. Si j’avais été dans le cas, nous n’en serions pas là.

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-On va y arriver aussi. Nos sociétés industrielles ont des esclaves qui sont de moins en moins rémunérés.
-C’est la différence. Ils ont encore des sous… Et puis, ils peuvent se dégager d’un boulot merdique…
-Pour retomber sur un autre encore plus merdique ?
-C’est presque vrai pour les victimes de la crise.
-Cela ne l’est pas pour ceux qui devraient donner l’exemple puisque nous les avons élus pour nous montrer leur frugalité et leur vertu.
-Tu les vois pratiquer la vertu et la frugalité dans leur maison de campagne gagnée à la sueur de nos fronts !
-Alors, cher Lippens, que pouvons nous faire ?
-Rien, cher Davignon, il n’y a plus qu’à s’en foutre. Mais chut…
-Quoi chut ?
-Surtout que cela ne se sache pas.
-Pourquoi ?
-S’ils venaient à ne plus travailler à cause des propos que nous tenons, nous n’aurions plus aucune chance de nous refaire !

13 mars 2009

Une affaire de gros sous.

-Conjointement au groupe de travail du Sénat chargé de réfléchir au devenir des dotations royales, vous venez de créer le C.C.P. chargé de repenser les dotations parlementaires régionales et fédérales. Pouvez-vous nous en dire plus ?
-Le Comité Contre les Prébendes est un groupe chargé de réfléchir sur la masse salariale octroyée, dans le cadre de l’accumulation des mandats, la pérennité et les transmissions dynastiques de ceux-ci et la surestimation des services rendus à l’Etat de tout le personnel placé par le système électoral.
-Vous voulez diminuer le budget alloué au paiement des indemnités parlementaires et autres ?
-Non seulement, nous voulons aussi casser les dynasties qui se fondent sur la popularité des pères pour asseoir les fils aux emplois, nous voulons régulariser le système pour la parentèle adjacente, les frères, les sœurs, les cousins, etc.
-Vous allez démanteler le pouvoir !
-L’assainir tout au moins.
-Les parlementaires ne seront jamais d’accord !
-C’est pourquoi le C.C.P. sera composé d’extraparlementaires.
-Où irez-vous les chercher ?
-Nous ferons appel à candidature par tranche d’imposition. Quatre catégories seront sollicitées : ceux qui gagnent moins de 1.000 euros par mois, 1.500 et enfin 2.000.
-Vous avez dit quatre, or vous n’en citez que trois.
-Oui. La quatrième sera réservée à ceux qui ne gagnent rien et qui doivent vivre quand même.
-Vous ne risquez pas de faire du populisme ?
-Pourquoi pas. Le mot ne nous gêne pas. Ne sommes-nous pas dirigés aujourd’hui par une ploutocratie démagogique qui fait aussi du populisme à sa manière ?
-Vous en voulez donc tant que ça aux élites ? Sans doute parce que vous n’en êtes pas !
- Vous employez exactement « Les élites » au pluriel. la sociologie contemporaine explique les transformations des sociétés développées, victimes « des » élites.
-Il faut bien qu’il existe des dirigeants !
- Les "élites" et non plus l’élite embrassent les divers types de dirigeants ou dominants qui se succèdent à la faveur d’un régime conservé sous son appellation de démocratie, mais qui s’est transformé comme j’ai dit en une ploutocratie démagogique.
-Le pouvoir n’appartient-il pas au peuple ? N’avons-nous pas le droit de révoquer par l’élection qui bon nous semble ?
-C’est de l’humour, sans doute, ce que vous dites ? Avez-vous vécu des changements dans la hiérarchie des personnes qui nous dirigent et qui vont du pouvoir à l’opposition sans que réellement les politiques se modifient. Vous confondez gestion des affaires et politique.
-Mais, si nos politiques ne varient guère, c’est parce que nous sommes victimes de la crise et…
-Avant la crise, elles ne se modifiaient pas plus qu’aujourd’hui.
-Mais quand même, nos élites sont honnêtes pour la plupart. Elles travaillent à améliorer notre démocratie…
-Déjà avant la crise, plus encore maintenant que nous la subissons de plein fouet, l’analyse économique sérieuse atténue le pouvoir des politiques, mais pas leur intérêt à se maintenir au pouvoir.
-Pourquoi resteraient-ils au pouvoir, s’ils sont incapables de l’accommoder selon notre volonté ?
-Parce qu’ils y gagnent largement leur vie et qu’ils aiment paraître, donner leurs avis, passer pour compétents, bref, ils aiment le pouvoir pour s’y faire valoir.
-Et les décisions qu’ils prennent ?
- L'État n’est pas un arbitre, il n’est rien d’autre qu’un moyen de domination politique entre les mains des détenteurs du pouvoir économique. C’est l’histoire des « Grandes familles » ainsi désignées dès la fin de la guerre 14-18 qui se sont acoquinées avec les « petites » familles politiques afin de former un tout cohérent pour diriger le pays.
-C’est du marxisme !
-On se fout des étiquettes. Il faut distinguer ce qui est juste de ce qui ne l’est pas.
-Le pouvoir n'appartiendrait qu'en apparence aux élus ?
- En réalité, il y a amalgame d’intérêts au niveau de l’Etat avec les milieux d'affaires. L'ensemble économico-politique se confond en une seule classe qui contrôle l’État, exploite le reste de la nation et retire de l’exploitation citoyenne un bénéfice matériel, des honneurs et des privilèges.
-Jamais on ne vous laissera les moyens de créer ce C.C.P. révolutionnaire !
-C’est évident. Mais personne ne peut nous empêcher d’être de plus en plus nombreux à y penser.
-Alors, ça vous avance à quoi ?

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-C’est nouveau, des chômeurs et des syndicalistes se réunissent à Namur, à Bruxelles, sans la présence des partis récupérateurs habituels comme le PS. Ce n’est qu’un début. Quand nous serons 300.000 dans les rues, le C.C.P. sera créé de fait. Puisque la démocratie est devenue un vain mot, nous n’avons plus qu’un moyen de défense. Il faut toucher le pouvoir politique au portefeuille !... A 1.000 euros d’indemnité vous les verriez devenir des lions.
-…sauf qu’ils pourraient se corrompre davantage !

12 mars 2009

Les Cabinets FORTISsimo !

C’est un bide de plus.
La Commission Fortis ne donnera aucun résultat.
Le gouvernement ne tombera pas ; mais la facture est pour nous.
Les partis aiguisent leurs couteaux en prévision des élections de juin. Le PS retient ses accusations contre Reynders. Ah ! tenir jusqu’en juin, pense Di Rupo…
Pourtant, et pas qu’au PS, le pays est convaincu que Reynders était de mèche avec Henin, son chef de cabinet. Le sire de notre « phynance » était au courant de la décision des juges dans l’affaire Fortis. Qui a cafardé ? Par quels moyens les rois de la combine ont-ils été au parfum ? Mystère et bouche cousue.
Ce n’est donc pas de cette bataille de cloportes que sort le jus de la treille de ce soir ; mais comme sous les pierres, dans la fraîcheur du pourrissement des mousses et des feuilles, vivent des insectes rampant, explorons les cabinets ministériels, d’où le scandale FORTIS est issu.
Le gros du public n’en sait rien. Mais cette administration dans l’administration n’est pas sortie des concours, des promotions d’Etat, elle n’est le résultat que de la volonté et des caprices des ministres.
Elle existe de son seul fait et, sauf certains cas dont celui du chef de cabinet de Van Rompuy qui l’était avant de Leterme, tous partiront avec le départ de leur prince.
Alors, vous pensez dans une partitocratie comme la nôtre on y trouve de tout, comme sur les marchés aux puces. Ancien amant, routier sympa, copain de lycée, champion cycliste, joueur de guitare comme dans le cabinet d’Alain Van der Biest, ancien débiteur, nouveau créancier, danseur mondain, maquereau repenti, peuvent y côtoyer le premier de classe, le membre incontournable d’une section importante du parti, le professeur de gym de fifille, une parente, jusqu’à l’honnête homme et le self made man qu’il fallait. La compétence y est variée. Il pourrait se rencontrer un universitaire incompétent mais incontournable avec un chef syndicaliste vertueux, en âge de chausser les pantoufles de la retraite bien méritée, mais efficace.

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C’est une spécialité belge.
Ces personnels sont hors cotation, rémunérés pour certains comme des PDG avec comme seule servitude : l’effacement dans l’efficacité discrète.
Ces cabinets, il faut qu’on le sache, ne sont pas inscrits dans la Constitution, ni même dans le Droit belge. Leurs membres sont comme des champignons disséminés rares ou en colonie. A quoi servent-ils ? Leurs rhizomes s’étendent en ramifications ténues, nul ne sait jusqu’où. L’Affaire Fortis ne nous en montre pas grand chose.
A part frotter le dos de nos élites et trouver des idées pour leurs discours, ils bénéficient sans doute des renseignements que nous n’avons pas, des rapports des RG peut-être, des contacts gardés par le secret d’Etat…
C’est d’abord une question d’intimité entre Dieu et les autres. Ils sont tour à tour secrétaires, hommes de main, de plaisir et agenda vivant. Ils assurent, sans qu’il y ait de règles précises, le rapport aux médias. Ils peuvent être agent de liaison du ministre avec le parti, sauf quand le ministre est aussi président dudit parti, comme Milquet ou Reynders. Ils sont conseillers politiques et mâchent en partie les dossiers qu’ils recoupent avec les précédents dans les archives.
C’est une mission qui lorsqu’elle est bien faite donne un air de compétence au ministre qui se fait passer pour plus intelligent qu’il n’est. Ils sont derrière les paravents et notent ce qu’ils entendent pour en faire rapport au ministre. Enfin, mission des missions, fusibles, ils sautent en cas de coup dur. Ce sera éventuellement le cas d’un certain Henin, chef de cabinet actuel de Reynders, au cas où l’affaire FORTIS sentirait trop mauvais pour son patron.
On le voit, tout cela est très important pour les personnages en place, mais coûteux et fort peu démocratique pour les citoyens payeurs, d’autant que les Cabinets font souvent doublon avec l’Administration qu’ils court-circuitent la plupart du temps, en prétextant sa lenteur et son inefficacité.
Les cabinets ne jouent pas nécessairement les plombiers zingueurs pour ministres pressés, ce sont des structures politiques occultes qui peuvent doubler les cellules de réélection d’un parti en jouant « perso » la carte du ministre dont ils dépendent.
Ça fait doucement rigoler quand on poursuit le bourgmestre Avril de Saint-Nicolas pour avoir utilisé les moyens communaux à sa propre propagande électorale ; comme Anne-Marie Lizin, l’ex-bourgmestre de Huy ; ici, ce sont des millions d’euros de la Communauté qui peuvent servir à ça en toute légalité !
Un ancien exemple souvent cité, c’est celui du ministre Daems qui détaille les effectifs de son cabinet : 32 personnes pour le technique, 30 pour le politique, 18 pour les classes moyennes, soit 80 collaborateurs desquels nous ne savions rien, ni quelles ont été leurs missions exactes !
Etonnons-nous des coûts élevés de la gestion Belgique avec pas moins de cinq gouvernements, des ministres doublés ou triplés et derrière chacun d’eux des dizaines d’employés fantômes, et ça en pleine crise économique, en pleine déroute du travail et dans l’accablement du chômage qui s’accroît !

11 mars 2009

Fous d’argent contre fous de Dieu !

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, les oligarchies au pouvoir ont réussi à nous faire péter de trouille.
Huit années plus tard, les effets sont toujours garantis.
Certes, des attentats, il y en eut et il y en aura encore.
Voilà mille ans qu’on en recense.
Mais, nos « maîtres » sont parvenus à nous enfoncer dans le crâne que le monde est devenu terriblement dangereux, beaucoup plus qu’en 1900. Si l’on considère les progrès effectués par les chimistes et les fabricants d’armes, l’exponentiation des naissances, oui, la paix civile est statistiquement plus difficile, pas au point de restreindre les libertés, de multiplier les vexations et les surveillances aux points sensibles, bref d’emmerder le monde occidental pour quelques dizaines de voyous, sans commune mesure avec les millions de terroristes que Bush a estimé nous vouloir le plus de mal possible, et dont le nombre n’a cessé de grossir dans ses discours au long de ses deux mandats. A croire que sa politique, au lieu de les éliminer, encourageait leur reproduction.
Les premiers terroristes ne sont-ils pas aujourd’hui détenteurs du pouvoir bancaire et économique ? Ne font-ils pas plus de dégâts que les fous de Dieu ? Ne sont-ils pas beaucoup plus nombreux ? Et qu’encourent-ils comme sanction ? L’impunité pour la plupart, quelques années de prison pour les plus exposés à l’opinion publique.
Cet état de tension permanent auquel nous ne savons plus échapper par la diffusion du moindre attentat dans les contrées les plus éloignées de la nôtre, influence de la manière la plus visible nos comportements. La méfiance s’installe. Le replis sur soi donne un blanc-seing à nos élites. Nous les chargeons d’établir entre le danger et nous des redoutes et des chausse-trappes, comme au Moyen-âge. Enfin, nous donnons quitus à la police et la justice de faire entendre les bruits de bottes de la « rassurante » répression !
Cela s’appelle « faire la guerre au terrorisme » !
C’est devenu à la mode. On fait la guerre à la drogue, la guerre contre la pauvreté, la guerre des ondes, et pour un peu qu’on ait laissé faire Reynders, son copain Aernoudt était prêt à faire la guerre contre les chômeurs avec les « troupes » du MR !
Bref, notre guerre contre le terrorisme, surtout quand Onkelinx était ministre de la Justice, c’était d’abord faire la guerre à la liberté citoyenne, avec comme objectif, le retrait de toute arme à feu des particuliers, comme si les terroristes avaient besoin du fusil Lebel pour gagner leur guerre !
On sait bien que le risque de mourir de pneumonie ou d’une méchante grippe est cinq mille fois plus important que de tomber sous les balles d’un terroriste, comme celui de se suicider est sensiblement pareil. Prendre sa voiture pour se rendre au supermarché est des milliers de fois plus dangereux aussi.

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Alors, pourquoi partons-nous nous approvisionner sans penser à rien, alors que nous courons plus de risques d’accident que de prendre une balle perdue dans une fusillade ?
Notre peur est irrationnelle. Elle est attisée par les médias, au contraire du désastre économique qui est plutôt minimisé et qui lui, est pourtant réel !
Cette psychose des masses est-elle voulue ? Ne nous fait-elle pas oublier les réels danger que nous courons en nous engageant sans réfléchir dans les impasses économiques du système capitaliste ?
Et si c’était le cas, qui aurait intérêt à nous faire oublier vers quoi nous nous précipitons ?
Répondre à cette question, nous conduit à une autre.
Le pouvoir en Europe n’a-t-il pas plutôt intérêt à ce qu’une action terroriste de grande envergure nous replonge dans la terreur irrépressible des grands soirs d’attentat ?
Irait-il jusqu’à comploter pour que survienne une pareille alternative ?
Je n’en sais rien. Je me pose seulement la question.
Je me suis toujours méfié de ceux qui stigmatisent le crime du haut de leur parfaite honorabilité.
Ainsi, bien à l’abri de toute suspicion, ils peuvent à l’aise tonner en leur chaire de vérité contre les Etats voyous.
Et s’ils étaient eux-mêmes des voyous à la tête d’Etats composés de citoyens complètement déboussolés, ce qui leur permettrait de vivre à l’abri des brouillards artificiels qu’ils pulvérisent entre eux, la réalité et nous ?
On ne sait pas. Ce que nul n’ignore c’est qu’ils nous inoculent à chaque attentat une peur irrationnelle dont on sait qu’elle est mauvaise conseillère.
Onkelinx complice avec les autres de cette instrumentalisation de la peur, aurait-elle eu peur elle-même des conséquences ? Quand, pour un bruit dans le jardin ou des jeunes qui s’approchent trop près d’une voiture la nuit, les « traumatisés » des villes et des campagnes se saisissent de leur arme et tirant au jugé dans le noir, tuent un enfant qui jouait ou une vieille femme à sa fenêtre !

10 mars 2009

Scoop toujours prêt.

Il y a les indicibles précurseurs des savantes prévisions qui savent tout avant tout le monde. Ils ouvrent leur cœur et leur raison à des millions de téléspectateurs et de lecteurs.
Tel est Alain Minc dont la spécialité est d’expliquer la crise comme si à la place de nous, c’était lui qui y était ! Généreusement, il reste en deçà de la réalité, afin que nous retirions de son « tout faux » l’optimisme délirant qui fait vivre.
Le rejoignent les augures des télévisions.
Ça va mal, mais cela irait encore plus mal s’ils nous le chantaient sur tous les toits, en se fiant aux statistiques du chômage et aux fermetures d’entreprises. Eux à leur flair, ce qu’ils sentent est plutôt réconfortant. Ils ont la truffe !
Des sournois de gauche disent qu’ils sont payés pour retaper le moral des foules. Si c’est le cas, tout devient clair. Leur intelligence serait retorse, mais intacte. Sinon, une telle somme d’erreurs en dirait long sur le niveau des écoles d’où ils sortent..
Il faut dire qu’ils ont des excuses : Minc vend ses opus et euphorise de ses conseils le président Sarkozy ; nos célébrités locales forment nos économistes optimistes de demain.
Transposée au Rond-point Schumann, la panacée du bonheur permet à la droite la plus virulente et la plus imbécile de garder en main l’exécutif européen. A la tête il fallait une tête vide, le Portugais José Manuel Barroso, y est admirable. Le cap est maintenu sur les directives réformant de fond en comble le commerce, les services et l’industrie de nos pays. Tout tend à la liberté d’entreprendre et à la concurrence entre le domaine privé et le domaine public, jusqu’à l’extinction complète de celui-ci. La destruction des conquêtes sociales, au nom d’une théorie dangereuse dans la situation actuelle, a commencé !

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Le résultat partiel est désastreux.
La libéralisation que ce soit de la poste, des chemins de fer ou des distributeurs d’énergie va générer plusieurs centaines de milliers de chômeurs supplémentaires, plomber les prix à la consommation et ajouter les appétits nouveaux des chacals aux anciens.
On aurait dû se méfier à la libération du prix du pain, des hausses qui allaient suivre a contrario de ce qui avait été dit.
Le plus alarmant dans l’évolution de la catastrophe économique que nous vivons, c’est qu’à Bruxelles les fonctionnaires européens ne s’en rendent pas compte.
Plus la crise prend une sale tournure, plus les tenants du néolibéralisme emplissent les agendas de déréglementations.
On se demande d’où ces rigolos tirent leur conviction et surtout comment le Parlement européen qui n’est pas composé que de gens de droite assiste sans broncher au fiasco magistral ?
On en serait arrivé à un tel aveuglement, qu’il n’y aurait plus que des Alain Minc aux commandes ! Ces gens ne collent plus à la réalité. Savent-ils encore d’où ils viennent et pour qui ils travaillent ?
La xième directive prête à ricanements : la libéralisation des jeux d’argent en ligne, imposée par Bruxelles.
Les jeux d’argent ne sont pas une activité comme une autre. C’est une activité où les joueurs sont sûrs de perdre dans leur ensemble. La marge bénéficiaire sécurisée à leurs promoteurs est assurée et importante. Cet « opium du peuple » est réglementé dans beaucoup de pays, quand ce ne sont pas des entreprises publiques chargées de dépouiller les gogos. L’aspect virtuel d’Internet risque de démultiplier les paris des joueurs, et ainsi d’accroître leurs pertes.
La libéralisation des jeux révèle des lignes de partage entre les néolibéraux et les partisans de l’encadrement de la société. Les uns auront toujours un argument pour ridiculiser tout entrave à la liberté individuelle. D’autres soulignent que les règles sont nécessaires à la société, comme le code de la route est nécessaire à la sécurité de la circulation.
Le jeu est une addiction, on ne voit pas pourquoi le jeu ne serait pas aussi fortement encadré que la consommation du tabac ?
Grâce aux économistes du type d’Alain Minc, l’Europe fonce « à droite toute » en poussant à la libéralisation, et la suppressions des règles d’encadrement. Elle croit être dans son rôle par conviction intellectuelle, sans se soucier de l’intérêt collectif. De ce point de vue l’Europe est devenue un monstre issu de la perversion capitaliste en train de dépasser le libéralisme américain.
C’est une machine insensible qui avance aveuglément sur des vieux schémas sans douter jamais.
La faucheuse batteuse, après avoir rasé le champ de blé, poursuit son chemin dans la luzerne et ne s’arrêtera pas avant d’avoir tout saccagé.
Pour l’arrêter, il n’y a pas d’autre solution que de la casser.

9 mars 2009

Effets de manches.

Depuis le temps que le MR et Reynders nous travaillent sur l’idée que le libéralisme ce n’est pas le capitalisme, alors que ce dernier les chaussent parfaitement, le moment ne serait-il pas venu de vider la question ?
Qui croit encore que la démocratie n’a rien à voir avec le capitalisme, mais que, par contre, elle est intimement liée au libéralisme ? C’est de la dialectique de nos « élites » bavardant devant un bon feu de bois de leur maison de campagne, Onkelinx tondant sa pelouse à Lasne ou Reynders, gentleman-farmer à Vissoule, élaguant ses haies. Pour eux, la question est tranchée.
Eh bien ! soit. Abandonnons à la corbeille des magouilles bancaires, le capitalisme le plus honteux et ne parlons que du libéralisme.
La démocratie, dans la bouche de ceux qui louchent de bonheur rien qu’au prononcé du mot, serait la petite sœur chérie du libéralisme, son enfant adorée.
Le libéralisme sans la démocratie aurait-il une chance de survivre et vice-versa ?
La gauche et la droite libérale au pouvoir ont répondu à la question, au détriment des citoyens qu’elles étaient censées protéger : le libéralisme est bien en association « définitive » avec la démocratie.
Depuis Tocqueville, le libéralisme et la démocratie jouent les siamois, en même temps, liés par la tête et non pas par le cœur, ils se haïssent sans se l’oser pouvoir dire .
Jumeaux, ils cohabitent, l’un épiant l’autre, essayant de se plumer mutuellement, tout en se roulant des pelles. Ils sont les deux volets d'un même programme d'émancipation, seulement, quand on entre dans le détail de leur amour du prochain, ce ne sont pas les mêmes qu’ils souhaitent émanciper.
La démocratie aime tout le monde, le libéralisme aime ceux qui réussissent, voire qui trichent pour réussir.
Voilà la difficulté pour Reynders : apparaître le sauveur du monde, tout en favorisant l'autonomie individuelle au détriment de la communauté, véritable tour de force de tous les partis libéraux. C’est pourquoi on les voit flatter tant et plus la relation sociale pour se désintéresser du sort des pauvres, en prétextant la dureté des temps.
Par contagion, c’est devenu le dilemme aussi de la social-démocratie, puisque cette gauche-là a lié son sort au libéralisme.

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De l’Ancien Régime à la fin du XIXme siècle, les rapports entre le libéralisme et la démocratie ont été au centre des passions sociales et des affrontements politiques ; tandis que les couches intellectuelles, à quelques exceptions près, rêvaient d’un autre avenir.
Aujourd’hui, les masques tombent. Trois camps apparaissent : la démocratie, le libéralisme et le capitalisme, trois formes distinctes de l’organisation sociale et des buts de l’Etat.
Toutes les interrogations sur le sens et les formes de la démocratie moderne sont passées par les combinaisons possibles, pour ne retenir que ce qui arrange bien le pouvoir, une association binaire, mais qui en réalité, fait la part belle au capitalisme, au point de voler à son secours en y jetant les forces collectives dont l’Etat libéral dispose sans trop donner des comptes.
Quoique issus de la même racine« libertatem », la liberté et le libéralisme ne s’accordent pas si parfaitement que cela, comme d’aucuns le croient, et ce depuis les débuts.
Comment fonder un régime qui associe l'ordre et la liberté ? Et cette liberté, comment la mettre en rapports harmonieux avec une autorité stable? Comment représenter la société sans un pouvoir capable d’imposer la Loi du nombre ? Comment penser la citoyenneté au milieu des contraintes surtout économiques ? Et comment justement élaborer une politique qui ne sacrifie pas l'individu aux impératifs des lois économiques, comme le libéralisme s’y est engagé depuis longtemps ?
Si cela pouvait être à la faveur de cette crise que ces questions fondamentales départageraient les partis, les souffrances du peuple ne l’auraient pas été pour rien.

8 mars 2009

Projets de voyage…

- Ta gueule !
- Quoi, je n’ai rien dit !
- Je sais ce que tu vas dire…
- Ah ! bon… Je peux savoir pourquoi je dois la fermer ?
- Comme si tu ne le savais pas !
- Nous y voilà. C’est à propos des vacances.
- Oui, c’est à propos des vacances. Je te signale qu’au mois de janvier, on s’était décidé pour Ephèse.
- Combien de fois faudra-t-il te dire que depuis je suis chômeur !
- Et alors, qu’est-ce que ça change ? Au contraire on peut partir hors saison. C’est moins cher.
- Mais bon sang, ce n’est plus pareil. Tu sais ce qu’on me paie au chômage ?
- Tu peux demander une avance.
- Je rêve, là… Ces gens s’en foutent. Faut voir comme on est reçu…
- Pourtant, ils en font, eux, des voyages, et sur notre compte…
- C’est inutile de discuter. Tu n’en veux pas démordre. On ne part plus, c’est tout.
- Non. Ce n’est pas tout. Qui est venu me mettre sous le nez des prospectus de l’agence sur Ephèse ? Hein !... Qui m’a mis l’eau à la bouche ?
- Tu veux ma peau, dis ?
- Quoi, ta peau ?
- …la peau de m’Ephèse.
- Pauvre con. A ton âge, s’amuser à des bêtises pareilles.
- Ne la prends pas mauvaise…
- Je la prends comme ça me plaît. D’ailleurs, si tu ne pars pas, moi je pars.
- Avec qui ?
- Ça ne te regarde pas.
- Comment, ça ne me regarde pas ! Et puis avec quel argent ? T’es à ma charge.
- Je ne le serai plus bientôt.
- Tu vas travailler ?
- Absolument.
- Mais tu ne sais rien faire.
- C’est toi qui le dis.
- Evidemment, si t’as du boulot, ça change tout. On pourrait quand même partir à Ephèse.
- Moi je pars. Toi, pas. Puisque tu es chômeur.
- Je comprends pas. T’irais à Ephèse sans moi ?
- Je dois donner la réponse ce soir.
- A qui ! Comment ça se fait ?
- C’est le type de l’agence qui a besoin d’une personne d’accompagnement.
- Quand j’ai dit que tu savais rien faire, j’avais oublié que question de le bouger, t’es championne.
- Bouger quoi ?
- Ton cul !
- L’enfoiré, ce que t’es vulgaire…
- Non ! Tu te fous de ma gueule, dis ? Ephèse, c’est en Turquie. Tu parles le turc, maintenant ?
- C’est pour aider les vieilles touristes à l’hôtel.
- Tu vas pas me dire que tu pars avec ce saligaud qui nous avait reçu quand nous étions allé nous renseigner ?

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- Walter est très gentil.
- En plus, tu l’appelles Walter !
- Il n’est pas chômeur, lui ! Il est même très cultivé. Il sait tout sur 14-18 !
- Ah ! nom de dieu de nom de dieu, on te quitte des yeux cinq minutes et voilà, houp, le premier maquereau qui passe… Je me disais l’eau à la bouche, c’était pas plutôt au cul ? Note, que c’est la première fois que j’entends qu’on lève une inculte avec 14-18.
- Qu’est-ce que tu veux, si t’avais pas cherché à être chômeur…
- Qu’est-ce que le chômage vient foutre avec Walter ?
- Walter n’est pas grossier, lui. Il devine le besoin des femmes.
- Tu parles d’un besoin. Tout le monde le connaît ton besoin ! Et parce que je suis chômeur ! C’est un comble. T’as toujours eu l’instinct à tourner pute… Une tradition de famille, une spécialité maison, tes sœurs, ta mère, tiens, oui…
- Pourquoi, ça t’obsède, ma mère, et mes sœurs, salopard, elles m’ont raconté…
- Si je te comprends, on serait parti à Ephèse avec Walter et j’aurais rien su !
- Rien su quoi ?
- Que t’avais une liaison XX because la culture, surtout quand c’est que la première syllabe qui fait bander le Walter !
- Mais, j’ai pas de liaison. Je dois donner ma réponse ce soir…
- On est en plein chantage, quoi !... parce que je suis chômeur… Walter est pas encore sorti des tranchées ! T’as pas eu droit aux shrapnells de bienvenue ?
- Non. Tout ça parce que tout le monde part et pas nous, même quand c’est pas cher. Alors j’ai une opportunité, j’en profite. Et malgré ta grossièreté, je te préviens Raoul… Je te préviens…
- Va te faire foutre !...
- C’est justement ce que je cours faire…

7 mars 2009

Les apories d’Aristote

On doit plus à Aristote qu’à Platon.
Affirmer cela n’est rien si on ne peut pas argumenter.
Qu’Aristote paraisse de prime abord un philosophe moins « souverain » que son maître Platon, c’est avant tout à cause de la religion, puisque les grands penseurs du christianisme à commencer par Saint Augustin ont récupéré la sagesse antique dans les textes écrits au nom de Socrate par Platon, après quelques tours de passe-passe, avec réécriture et même falsification, dont les pères de l’Eglise ont toujours été friands, vu la nécessité quand il s’agit de la foi.
Mais quand même, quelle succession de talents, Aristote élève de Platon, lui-même élève de Socrate !
C’est dans l’héritage spirituel – enfin ce qu’il en reste - des trois philosophes que s’est déterminé mon choix.
Quoique Aristote ait été avec ses maîtres, complètement dépassé dès le XVIme siècle avec les découvertes de Copernic dans sa théorie de l’héliocentrisme, Bruno et Galilée un demi-siècle plus tard, la vision du philosophe d’une terre fixe au centre de l’univers, vision partagée par l’ensemble du monde philosophique et scientifique jusque là, comportait quand même dans sa simplicité l’une ou l’autre approche moderne du cosmos.
De sorte que sa division en deux parties de l’Univers reste plus qu’une curiosité. Selon Aristote, il y aurait les corps célestes, décrits comme substance parfaite désignée par « l’Ether » et le reste sublunaire, c’est-à-dire, nous.
On pourrait croire qu’il conviendrait d’en rester là, si Aristote n’en avait induit quelques interrogations qui restent encore des énigmes en 2009.
L’Ether d’Aristote pourrait être une entité qui imbiberait tout à fait l’espace dans l’expansion de l’univers. Découverte seulement en 1998, c’est la théorie du champ « sombre ». Il s’agirait d’une énergie dont on ne connaît rien, sinon qu’elle est considérable et essentielle à l’univers, une énergie auprès de laquelle la fission de l’atome serait comme le craquement d’une allumette.
Le devenir de l’Univers en dépendrait.

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Le problème scientifico-métaphysique lié au commencement des choses que certains pensent avoir résolu par le big-bang est battu en brèche par Aristote et avant lui par les sceptiques. Comme Pyrrhon, ils pensaient que « rien ne peut surgir de rien ». Car, que nous dit-on pour réfuter cela ? Qu’il faut chercher le pourquoi en partant d’un point zéro et qu’en deçà, cela n’entre pas dans notre entendement. Donc, la théorie du Big-bang n’explique l’expansion de l’univers qu’à partir d’un temps qu’on tente d’affiner à chaque découverte.
Evidemment, les théologiens qui avaient déjà eu toutes les peines du monde d’accrocher les Saintes Ecritures aux théories irréfutables, s’étaient finalement ralliés au big-bang, comme compatible avec la création par Dieu de l’espace et le temps.
Mais, s’il n’y a pas d’avant au moment de l’éclatement initial, puisque Dieu en serait l’instigateur, que faisait-il donc avant ?
La relativité générale bute sur le même aléa.
Aujourd’hui la mécanique quantique, c’est-à-dire la connaissance de l’infiniment petit, est en passe de faire disparaître un « début » du temps, donc en donnant raison à Aristote.
Enfin, une énigme non résolue de la physique déjà posée par Aristote concerne la notion d’infini.
Qu’est-ce que l’infini ? Peut-on se représenter l’infini dans la nature ? L’infini n’est-il pas une abstraction nécessaire afin d’imaginer des solutions, là où il serait impossible d’en trouver sans cette fiction, un peu comme en algèbre nous usons d’inconnues, à la différence que l’infini reste de l’alpha à l’oméga l’inconnue parfaite ?
Au contraire, Aristote estime les entités et les processus finis. L’infini n’est qu’une nécessité mathématique. Même une ligne de fuite de la plus lointaine distance qui soit vise un point. Si l'on excepte Renan avec son mot : " La bêtise humaine est la seule chose qui donne une idée de l'infini." Mais, lui, c'était pour nous faire rire !
L’infini serait potentiel et non pas actuel.
Enfin, on doit à Aristote d’avoir tenté une synthèse entre les sciences et la philosophie, dans une sorte de culture générale commune ; mais, avec la lucidité de celui qui pense que la recherche de la vérité ne sera jamais qu’une approche plus ou moins « heureuse » de la vérité et que les grandes questions métaphysiques resteront ouvertes longtemps et jamais closes.
Aristote me plaît beaucoup, avec cela peu avide de pouvoir et qui osa tenir tête à Platon, au point qu’il s’en sépara.
Dans son Ethique à Nicomaque, il pose des questions sur le bonheur et l’amitié que nous nous posons toujours. Mais, pour ce qui est de son amitié vis-à-vis de nous, il faut nous contenter des textes qui nous sont parvenus.

6 mars 2009

Le bourre pif de la BNP à Reynders

Ça gamberge ferme à propos de l’éventuelle reprise de Fortis par la BNP.
La bonne affaire qu’allait faire la banque française au tout début grâce au bradage de Reynders de tout ce qu’on voulait à la seule condition de ne plus avoir le dossier Fortis sous le coude, s’est transformée en un marchandage d’habitués de souk.
Au fur et à mesure qu’on déballe les dossiers qu’on dirait tombés dans un cloaque tant la merde bancaire a collé les pages, on s’aperçoit finalement que le public qui devrait avoir son dernier mot dans tout puisque c’est en son nom que ces gens administrent la démocratie, n’était à vrai dire au courant de pas grand chose avec quoi il était impossible de se forger une opinion.
Mais les plus gros naïfs, alors qu’ils étaient les plus concernés, ce sont les membres du personnel.
Je n’en dirais pas autant des syndicats qui ont suivi leurs membres, mais qui devaient avoir de bonnes raisons de la fermer sur l’autre hypothèse, celle de conserver la patate chaude en attendant qu’elle refroidisse afin de savoir si le personnel avait des inquiétudes à se faire en cas de non accord.
Dans l’alternative d’un échec des négociateurs, on sera vite au courant des intentions de nos caïds de la finance.
En tous les cas, ce qu’on sait aujourd’hui, c’est que les employés l’auront échappé belle, si l’affaire avec les Français ne se fait pas. Mais, comme tout n’est pas encore rompu, il n’est pas trop tard pour s’apercevoir qu’à eux aussi, on leur avait raconté des bobards et qu’ils sont loin d’avoir touché le fond.
Un scoop sous la plume des journalistes eux-mêmes, qui ne se sont pas rendu compte que c’en était un, c’est le Soir en toute innocence qui nous le livre !
Dans les marchandages de nos savetiers du Caire une phrase n’a retenu l’attention de personne et pourtant… au milieu de l’article du Soir le pavé dans la marre : « Contrairement à ce que la rumeur a laissé entendre ce mercredi, les conditions de BNP Paribas n’ont par contre pas trait à l’emploi. Et pour cause : l’Etat belge n’a jamais exigé de garantie formelle en la matière. » (journal Le Soir de ce jeudi 5 mars 2009)
Ainsi Reynders, dès le début, dans son plaidoyer pour la liquidation de l’affaire du baron du Zwin à BNP a menti au personnel et à l’ensemble des Belges qui se sont intéressés à la disparition de la première banque du pays : il n’a jamais été question de l’avenir du personnel dans les négociations ! Au point qu’encore cette semaine dans les ultimes rebondissement, le sort du personnel est chose tellement négligeable qu’on n’en parle pas !
Mensonges les discours pour le refinancement des banques où il n’était question que de l’avenir des personnels des établissements sur la bascule à Charlot, mensonges que ces sauvetages miraculeux pour notre avenir à tous.
Ce n’était que des discussions sordides entre larrons qui en vrais receleurs se partageaient l’argent des autres.

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Aujourd’hui le taiseux Van Rompuy va chez Sarko, le verbeux, pour une visite prévue longtemps à l’avance. Ça tombe bien. Nos ouvreurs de voie prendront le temps de dire un mot du marché en pourparler. L’avis du côté belge est franchement pessimiste. BNP a chargé la barque, probablement que la banque ne veut plus de notre ours malade.
Peut-être que les syndicats la ramèneront un peu moins sur l’échec probable des négociations et que les personnels ne feront pas la gueule ; car enfin, vendu avec les meubles sans garantie, qu’est-ce que ces esclaves modernes espéraient avec BNP ? Des salaires meilleurs ? Des promotions ?
Ils auraient été licencié aussi sec qu’il est possible par le simple fait qu’une banque étrangère qui reprend des actifs a intérêt de licencier très vite le personnel en doublon avec le sien, dans le cadre de la Loi belge, plutôt que de partager les merdes et de licencier une partie du sien avec les Lois françaises.
C’est de la simple logique.
Argument qui, jusqu’à présent, n’a encore rencontré aucune objection.

5 mars 2009

Aux racistes fumeurs, voyous et pédophiles armés.

Il y a longtemps que ce pays a basculé dans la folie en légiférant sur tout et n’importe quoi.
On fait des Lois d’après des sujets people d’actualité lancés dans les médias.
Dutroux s’enflamme sur les patinoires d’adolescentes et devient le monstre que l’on sait, et voilà l’attirail de la répression qui tourne la vis dans la pédophilie. On voit des pédophiles partout et on interview des grand-mères qui se souviennent avoir été violées par un chef scout quand elles avaient quinze ans et lui dix-sept.
Un gangster dessoude un flic et voilà tous les citoyens sommés de rentrer leurs armes. Là, ça foire complètement. On n’a pas pu faire croire qu’un citoyen désarmé chez lui est mieux protégé des incursions des monte-en-l’air, grâce à une police de proximité qu’on ne voit jamais.
Habran vient d’être reconnu coupable d’une attaque d’un fourgon de sécurité et condamné à quinze ans de prison, après un procès fleuve. Comme il a toujours nié, ce n’est pas sur un faisceau de preuves qu’il a été condamné, mais sur l’intime conviction des jurés. Qui oserait prétendre que les jurés n’ont pas été influencés par l’air du temps, le législateur fou et le besoin qu’ont les peureux de se venger, en toute impunité, de ce qu’ils redoutent de subir ?
Alors que c’était suffisant d’interdire de fumer dans les lieux publics, voilà qu’on étudie les moyens de ne plus vendre des clopes aux jeunes. Mais, s’il est avéré que le tabac est le fléau sans pitié que l’on dit, comme l’alcool aussi du reste, pourquoi n’entre-t-il pas dans les substances nuisibles et interdit ?
Quelques loustics, nostalgiques d’Adolphe, nient la shoah et voilà qu’une Loi prive de paroles une grande partie des citoyens, comme si nous eussions basculé dans cette imbécillité sans son frein ! Cette Loi Moureaux n’est faite que pour cocooner une Communauté, qui dit mieux ?
Ou alors, je n’ose comprendre, Moureaux, l’homme de gauche, n’aurait pas confiance dans le bon sens populaire ! Décidément, les socialistes…
Tout le monde sait comment on parle des Noirs dans ce pays et les Autorités s’en fichent complètement. On a laissé faire une belle carrière à Michel Leeb qui s’est moqué des Chinois, des Suisses et surtout des Noirs de façon vraiment injurieuse, alors qu’on fait tout pour empêcher le comique Dieudonné d’en faire autant de la Communauté juive ! Curieux, non ?
Rien que de prononcer le nom de cet humoriste, je sens que déjà certains lecteurs vont se dire que je suis un affreux raciste !
En ce cas d’espèce, les artistes indépendants, les écrivains qui sont autant que les autres révoltés du nazisme, seront suspectés, s’ils tempèrent leurs propos…
Les lois de ce type créent la panique dans la sémantique. Il faut y adhérer sans nuance. Le doute n’est pas permis. Il est impossible d’ouvrir toute discussion, comme si la vérité était absolue d’un côté et pervertie dans tous les autres. Ces lois nient les subtilités de la langue française !
S’il n’y avait pas une presse à la botte, un public gobe-mouches, le législateur serait moins faraud dans sa volonté de restreindre une liberté contestable à cause des agissements d’une minorité.
Pourquoi cette société a-t-elle déraillé au point de passer du permissif au répressif en l’espace de 30 ans ?

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Une des réponses, mais ce n’est pas la seule, est électoraliste. Quand le public comme le nôtre est travaillé par une information galopante du fait-divers, il est rentable pour un parti politique d’exploiter l’émotion qui en résulte. Cela offre l’avantage de présenter le législateur comme le champion de la défense du plus grand nombre et d’occulter le mauvais côté de l’information qui serait plutôt économique et qui heureusement n’intéresse pas grand monde, puisqu’on fait tout pour bloquer l’information aux faits divers.
C’est tellement vrai qu’on attend toujours l’application de la Loi au sujet des administrateurs des banques dans leur gestion à caractère frauduleux du patrimoine de leur clientèle.
Enfin, cette unilatéralité du Législateur est volontaire, puisque aussi bien celui-ci n’a pratiquement plus aucune prise sur l’économie et qu’il est très mal vu qu’il applique des règlements éthiques. Il ne va quand même pas se tirer une balle dans le pied en avouant que le secteur le plus considérable des activités en Belgique lui échappe complètement.
Cependant, le Législateur joue sur du velours en matraquant le citoyen des lois de toute espèce.
En effet, ce n’est pas sans risque d’être assimilé aux délinquants visés de dénoncer les Lois, qui par nature restreignent la liberté individuelle.
Qui est pour la pédophilie, un arsenal dans sa cave, souffler la fumée de sa cigarette sous le nez d’un voyageur dans une gare, un nazi niant l’holocauste, de l’alcool vendu à la jeunesse, un sketch de mauvais goût ? Mais personne, enfin toute personne raisonnable et de bonne éducation.
Alors, ceux qui sentent que les Lois font des dégâts collatéraux, mais qui redoutent de passer pour des délinquants en puissance, se taisent et assistent passivement à la disparition progressive de leurs libertés.
Si on ajoute à cela le plaidoyer de bonne foi pour une sécurité accrue dans les rues et les centres commerciaux, on ne pourra qu’applaudir aux caméras de surveillance, aux recrutements de vigiles et à une suspicion renforcée autour des activités humaines, si bien que l’innocent interrogé au milieu de son village et se croyant entouré de criminels dira « Allez-y ! Tant mieux, je n’ai rien à me reprocher ! ».
On rétorquera que le PS Moureaux en faisant voter la loi du 30 juillet 81 afin de réprimer certains actes inspirés par le racisme et la xénophobie, n’avait sans doute pas l’intention d’interdire à tout le monde le droit de s’exprimer. Mais avec le temps, c’est ce qui est arrivé, tant les Ligues de défense ont su amalgamer un ensemble de critiques sous le seul critère du racisme.
Quant à la xénophobie, c’est un paradoxe, les plus xénophobes sont les membres mêmes de l’Administration qui ont un contact directement ou non, avec des étrangers, à commencer par les fonctionnaires chargés d’établir des zones de non-droit ou de transit, en attendant de réexpédier l’étranger là d’où il vient.
C’est bien une des énormités de ces Lois bouffeuses de liberté. On se demande si elles sont faites contre le citoyen ou contre l’Administration ?

4 mars 2009

Di Rupo show.

On peut se demander si les Autorités communales liégeoises, en refusant de postuler pour 2015 la vitrine de la culture européenne, ne nous ont pas enlevé une épine du pied.
Les raisons connues, l’arrangement socialiste pour que Mons n’eût pas de rivale, cachaient l’empreinte profonde d’une acculturation accélérée de Liège.
On a bien vu, à la présentation du dossier de Mons à la Commission européenne par le bourgmestre Di Rupo, à quelle mascarade nous avons échappé. Notre dossier à l’avenant, laissons aller les Montois à la glorification qu’ils se font de la culture et soyons soulagés de n’avoir pas à exposer la nôtre, sans quoi nous eussions eu droit au folklore vaticinant et aux gloires locales que l’échevinat de la culture est le seul à tirer du néant.
Le problème culturel, le plus important qui soit, est le plus maltraité aujourd’hui. C’est d’abord l’enseignement, base de toute aventure créatrice. Le monde officiel espère masquer l’insuffisance des crédits pour une politique culturelle féconde par la montre de quelques « monstres » sacrés qui se révèlent presque toujours des baudruches vite dégonflées à l’heure de leur mort et parfois même avant, et qui au lieu de répandre le goût des Arts et du sensible se sont confinés dans l’absolu amour d’eux-mêmes et d’un convenu bâti sur des lieux communs.
Enfin pour que soit relevé l’envie créatrice de Liège pour l’art, les Autorités accompagnent leur « originalité » d’une représentation classique et la moins controversée du théâtre, de la musique et des arts picturaux. Lorsque la pontifiante « élite » s’en écarte, c’est pour nous faire la démonstration de son instinct du kitch et du pire.
Le problème est posé depuis fort longtemps. A partir d’un certain seuil de développement économique, lorsque les privilèges de l’argent recouvrent le goût général en ne tenant pas compte du phénomène de masse, une perversion recouvre d’un vernis le monde de l’art, sous lequel n’existent que lézardes et délabrements.
L’Art a des rapports manifestes et parfois inavoués avec le travail et la pauvreté. La volonté collective d’une transformation de la culture en un champ de réflexions et d’audace dans la réalité n’existe pas dans la représentation que s’en fait l’échevin Jean-Pierre Hupkens.
A partir d’un certain développement économique les relations entre les strates culturels mettent en cause une éthique, une politique et pourquoi pas une philosophie.

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Les efforts depuis 1936 jusque dans les années 60 d’une culture prolétarienne amalgamée plus ou moins avec bonheur dans le terreau existant avaient produits des artistes et des œuvres tout à fait remarquables que la société de consommation a proprement fait disparaître par la destruction des structures de création, remplacées par des Maisons de jeune qui tiennent plus à l’éducation par le sport que véritables centres culturels, comme jouer aux scrabbles dans les locaux attribués aux pensionnés a éteint toute velléité créatrice par l’autre bout.
L’art des villes comme Liège ne pourra se révéler dans sa propre essence que dans le réveil d’une certaine redynamisation de la sociologie urbaine au service de l’Art.
Lloyd Warner, bien avant Pierre Bourdieu, avait établi l’existence de pas moins de six classes sociales différentes dans une petite cité américaine de 17.000 habitants.
Cinquante ans plus tard, les six classes sociales se retrouvent en l’état de décalque de la société liégeoise, l’agent fédérateur n’étant pas encore trouvé.
Les déterminismes sociaux et culturels qui pèsent sur la population ont gardé un poids beaucoup plus lourd que le nivellement apparent des loisirs télévisuels le laissent supposer. La toute puissance des médias n’a pas encore eu tout à fait raison des particularismes. On voit même des citoyens qui s’en émancipent dans d’autres villes et redécouvrent une qualité de vie qui pourrait valoir des espérances culturelles évidentes, redonnant une deuxième chance aux arts du cinéma et du théâtre.
Les intérêts culturels s’associent dorénavant à des activités physiques, artisanales, artistiques, intellectuelles et sociales. Les universités du Troisième Age affichent une nouvelle prospérité et démontrent la part de frustration qu’ont subie les plus de soixante ans qui ont connu l’apogée de la société de consommation destructrice de toute forme d’art.
Liège n’étant nulle part dans ces domaines, c’est donc avec un ouf de soulagement que nous n’avons pas eu à « flatter » l’opinion européenne pour obtenir d’elle que nous en devenions sa capitale culturelle, pour la bonne raison que nous n’aurions pu rien afficher de transcendant.
Bachelard dans son « Nouvel esprit scientifique » publié en 1963 nous en dit la raison principale « Le jugement de réalité doit être posé en fonction d’une organisation de pensée qui a déjà donné les preuves de sa valeur logique ».
Or, je n’ai jamais entendu nulle part dans les sphères officielles de la culture qu’on se préoccupât le moins du monde de ce qui fait l’essentiel d’une vraie et profonde culture.
Cela aurait supposé de l’Echevinat de la culture de Jean-Pierre Hupkens, en collaboration avec d’autres formes de pouvoir, un préalable de ce que nous aurions été amenés à proposer pour 2015, et notamment sur l’évolution probable de la culture par rapport à la crise et aux modifications de la société, dont nous sommes les acteurs plus passifs que réactifs.

3 mars 2009

Mourir dans la dignité.

C’est quand même paradoxal que la Communauté internationale répare ce que l’armée israélienne s’ingénie à démolir dans les guerres qui reviennent régulièrement à Gaza et en Cisjordanie, tout en oubliant d’envoyer la facture aux casseurs !
Personne ne trouve ça immoral ! En cherchant un peu, les reconstructions se feront par des entreprises avec des matériaux que la Communauté négociera… à Tel-Aviv !
Forcément puisque Israël contrôle tout ce qui entre et sort de Gaza, par terre ou par mer. On ne peut quand même pas faire passer les bulldozers de la reconstruction par les boyaux souterrains qui vont de Gaza à l’Egypte !
C’est ce lundi à Charm el-Cheikh en Egypte que la Communauté sort ses milliards de dollars venus des réserves – mais y en a-t-il encore ? – des banques nationales pour rebâtir l’enclave et aider l’économie palestinienne. Washington devrait annoncer une aide totale de 900 millions de dollars. Si je comprends bien la politique d’Obama, il finance l’armement israélien qui démolit chez les Palestiniens. Puis il finance les Palestiniens pour remettre en état ce qu’il a contribué à démolir !
Certes, les affaires pourraient reprendre de cette bizarre manière de les créer ; mais quand même, le comble serait que les banques sorties des faillites certaines par les gogos du monde entier soient encore en plus aux mains des banquiers juifs.
Quelque part, on se fiche du monde…
Qu’est-ce qu’on se fout que l’affaire soit parrainée par l’ONU, l’UE, la France, l’Italie et la Ligue arabe, et que les délégués de 75 pays iront s’ondoyer dans la cité balnéaire du sud du Sinaï !
Evidemment, ces pauvres gens doivent être secourus, mais sous le regard des combattants juifs, il y a là quelque chose d’indécent.
C’est le moins que les délégués plagistes des 75 s’inquiètent d’une relance du processus de paix, si c’est pour démolir dans six mois, autant reconstruire « léger », tant pis pour les reconstructeurs qui flairent autour de l’assiette au beurre quel morceau sera le leur.
Quant au Hamas, on se demande s’il n’envoie pas des roquettes quand il se trouve à l’étroit dans ses meubles et que plutôt louer ailleurs, il préfère faire venir Tsahal qui démolit pour que l’ONU puisse rebâtir en plus grand.
Si les jobards que nous sommes ne mettent pas le holà à ce jeu de massacre, ce seront finalement nos maisons qui tomberont en ruine et on pourra toujours attendre miss Clinton pour avoir des sous !
Il en est d’une relance urgente du processus de paix israélo-palestinien, comme du poker, voilà longtemps que Tel-Aviv triche dans le jeu avec son compère américain. Plus personne ne croit à la paix. Le gouvernement que les Juifs préparent à mettre sur pied va faire reculer le processus de dix ans, car c’est de la fine fleur d’extrême droite qui va revenir au pouvoir.
Tant que l’ONU se fera marcher dessus comme un paillasson par l’Etat juif qui compte sur son grand frère américain pour l’usage du veto au Conseil de sécurité, l’Europe à elle seule ne pourra pas avoir une politique de fermeté. Qu’on applique seulement les Résolutions du Conseil de Sécurité et tout ira bien.

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Pendant que nos babillards sortent leurs biftons, de nouvelles salves de roquettes pourraient attirer une réplique sévère d’Ehud Olmert, Premier ministre sortant, pas tout à fait sorti !
Le dictateur sur le déclin Hosni Moubarak a du souci à se faire aussi. Cela bouillonne au Caire. L’homme est sur la fin et n’est plus crédible. Comme aucun des belligérants ne sera avec les 75 à se dorer sur la plage de Charm el-Cheikh, parce que le Hamas ne reconnaît pas l’Etat juif et que ledit Etat reste l’arme pointée, cela promet une de ces ambiances !
On va à nouveau parler milliards.
De quoi voulez-vous qu’on parle d’autre ?
D’un gouvernement d’unité nationale des palestiniens ? Ils sont un peu comme en Belgique, de quelle Nation s’agit-il ? D’autant que le ministère de l’Habitat israélien sort des plans de colonisation intensive. Il veut doubler le nombre de colons en Cisjordanie occupée. Alors, pour fixer le tracé de la frontière entre Juifs et Palestiniens, il s’agira d’aller vite, si on veut qu’il reste encore un pays aux Palestiniens d’ici vingt ans !
En réalité, nous assistons les bras croisés au massacre froid et calculé de tout un peuple, une sorte de génocide différé par un Etat qui agit en toute impunité avec la complicité agissante des Etats-Unis d’Amérique. Voulons-nous bien dépenser notre argent pour sauver les Palestiniens ?
Alors achetons-leur des kalachnikovs et apprenons-leur à ne pas se faire déloger de chez eux par des envahisseurs sans un baroud d’honneur.
Mourir dans la dignité, tout est là !

2 mars 2009

Psychologie des fols.

C’était à qui était le plus fol, ce dimanche midi à la RTBf, dans l’émission « Mise au point ». Etait-ce le service et les animateurs ou le personnel politique qui avait répondu présent ? Il y avait comme un entraînement à la bêtise qui allait des questions aux réponses. Jean-Marie Dedecker parut le plus apte à sortir du lot en affirmant que moins on aurait des émissions du genre, mieux cela vaudrait. Ce fut la seule parole sage qui s’entendit, sur une heure d’émission.
Bien entendu, les gens de pouvoir vivent une situation ou l’ordre des rues, des stades et des spectacles doit cacher à tout prix le désordre du système et de ses exécutants. Mais était-ce une raison pour méconnaître à ce point la psychologie des foules ?
Il s’agissait, évidemment, de juger la conduite des supporters en général, et celle des Flamands en particulier qui hurlèrent sur un stade « Les Wallons, c’est des cacas », suivant la relation qu’en fit le Ministre président de wallonie.
On sentait que la bonne éducation de Rudy Demotte, avait déjà beaucoup souffert des milieux socialisants avant ce dimanche. Il avait une peine extrême à dire « caca ». Il détacha les syllabes « ka » « ka », bref ce fut affreux. Le coup suivant, il se sentit plus à l’aise en troquant le mot honni contre le mot « merde » qu’il prononça très franchement, comme dans un meeting ! Non, mais, où donc les socialistes vont-ils les chercher ?
Enfin, ces hallucinés du contrepet ont-ils jamais ouvert l’étude de Gustave Le Bon sur le sujet ?
« Dans certaines circonstances données, et seulement dans ces circonstances, une agglomération d’hommes possède des caractères nouveaux fort différents de ceux de chaque individu qui la compose. La personnalité consciente s’évanouit, les sentiments et les idées de toutes les unités sont orientés dans une même direction. Il se forme une âme collective, transitoire sans doute,mais présentant des caractères très nets. La collectivité devient alors ce que faute d’une expression meilleure, j’appellerai une foule organisée, ou, si l’on préfère, une foule psychologique. Elle forme un seul être et se trouve soumise à la loi de l’unité mentale des foules. » (1)
Apparemment la loi de l’unité mentale des foules n’était connue de personne sur le plateau, si bien qu’on a glosé tant et plus. Si l’on veut considérer que le facteur déterminant dans cette opposition entre Flamands et Wallons est avant tout le drame d’une frontière imaginaire et qu’à défaut de frontière réelle, elle a pris le nom de frontière linguistique.
C’est quand même fort que personne n’ait reconnu cette faute initiale, qui n’émane pas des foules, mais d’un personnel politique dont nous avions les successeurs sur le plateau.
Quant aux querelles entre supporters d’une façon plus générale, elles sont à la hauteur du niveau des foules, souvent insupportables et incompatibles avec le moindre bon sens.
Les débatteurs découvraient jusqu’où la complaisance pouvait les unir dans un consensus à la manière des foules, comme dans un match de foot, sauf qu’ils étaient tous pour l’arbitre.
C’est ainsi qu’on a eu droit à l’apologie du football, première religion mondiale !

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Dans le fond, cela arrangeait tout le monde que des énergumènes se défoulent autour d’un terrain de foot. Ah ! s’ils n’avaient pas crié « Les Wallons, c’est des cacas » risquant ainsi de déborder sur un sujet sensible, les quolibets sur les nationalités des joueurs et leur couleur seraient passés inaperçus. On se souvient, il y a plus d’un quart de siècle, qu’un des attaquants noirs du Standard, Bonga Bonga, était familièrement appelé blanchette par ses ardents supporters, sans que personne y trouvât à redire.
Il faut dire que le tout répressif à beaucoup progressé depuis la loi Moureaux. Si bien qu’aujourd’hui il n’y a plus que les Juifs qui se risquent à plaisanter sur les Juifs !
Sur le plateau, les plus formatés étaient encore le président d’un club et celui de l’Union belge.
Un des deux résuma l’émission, « Tout ce qui est excessif devient insignifiant ». On pouvait ne pas l’entendre dans le sens généralement convenu des gens accusés de populisme, plutôt dans le sens que toute bêtise même dite de façon modérée reste une bêtise.
Vouloir intégré Aernoudt dans un programme de parti avec Maingain était excessif et donc devint insignifiant. User excessivement de la carte de crédit d’un hôpital devient insignifiant, etc.
Les meneurs de foule de ce dimanche midi correspondaient à l’idée que s’en faisait notre philosophe au siècle dernier « Les meneurs sont peu clairvoyants, et ne pourraient l’être, la clairvoyance conduisant généralement au doute et à l’inaction. Ils se recrutent surtout parmi ces névrosés, ces excités, ces demi-aliénés qui côtoient le bord de la folie. Si absurde que soit l’idée qu’ils défendent ou le but qu’ils poursuivent, tout raisonnement s’émousse contre leur conviction. »
Sacré Lebon, c’est comme s’il sortait d’une réunion d’un parti politique.
Je me suis arrêté là. Le chapitre suivant concernait les foules électorales. J’ai pris peur.
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1. Gustave Le Bon « Psychologie des foules », in PUF, 1963.

1 mars 2009

Quelle crise ?

Les grands trusts mondiaux, avec leurs marques et logos, leurs alliances et leurs O.P.A, ne se portent pas trop mal, malgré la crise, si l’on excepte le secteur automobile.
L’argent, il y en a trop. La vente Saint-Laurent-Berger a remis dans l’actualité les riches anonymes qui peuvent acheter un fauteuil au prix d’un building de dix étages. L’industrie de luxe est florissante. Les croisières affichent complet.
Les gens de la rue ont le sentiment que la crise ce n’est que pour eux.
Détail qui permet de situer le drame à un niveau jamais atteint, la bourgeoisie moyenne n’existe plus, phagocytée par le système, c’est le seul fusible qui ait sauté, entre les vraiment riches et les vraiment pauvres. Bien sûr, cette classe tampon fait encore illusion, le personnel politique qui a son salaire garanti par l’Etat y prend la place des partants. Il le fait parfois de façon maladroite par les journaux people, des poursuites judiciaires, et des signes visibles de prospérité en Toscane. Certains vont même jusqu’à l’ostentation, un peu comme ces familles de collabos qui s’installèrent dans des appartements dont les occupants étaient poussés dans des wagons pour s’aller faire gazer à Auschwitz.
Parce que des ventes comme celles de Saint-Laurent-Berger, si elles sont rares et s’adressent à l’élite financière, d’autres ventes moins glorieuses d’immeubles, de mobiliers et d’œuvres d’art passent des mains de ceux qui quittent malgré eux la classe moyenne au profit de ceux qui y entrent.
A cet égard, l’Office des hypothèques et le cadastre sont des sources intéressantes d’évaluation des patrimoines. Il est dommage que les banques ne peuvent pas nous dire aussi ce que deviennent les comptes. On y verrait sans doute au premier plan surgir les grands commis de l’Etat et les personnels politiques de « qualité ».

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Autrement dit, à l’heure où tout le monde se serre la ceinture, où les boutiquiers affiliés chez Mené des Classes moyennes jettent l’éponge et changent leur 200 m² contre un 95, le libéralisme moyen hante les travées de la Chambre et du Sénat. Tous partis confondus, la vie privée de nos ténors ne correspond pas aux discours de solidarité qu’ils nous prodiguent de plus en plus, au fur et à mesure que nous nous enfonçons dans le trente sixième dessous.
Parallèlement, les magasins de luxes dispensateurs des marques n’ont jamais tant vendu de leur camelote labellisée.
Les marques tendent à se soustraire de l’indicible envie des pauvres par des réseaux de sous-traitants, qui "font le sale boulot" en délocalisant dans des pays pauvres une bonne partie de la production ce qui permet de réduire encore les coûts augmentant d’autant les bénéfices.
Les marques ainsi délestées de « l’ennui de faire » peaufinent la dorure de leur blason dans des centres de vente rutilants, entretiennent sur un grand pied un staff adéquat et réconfortent les actionnaires par des rendements à deux chiffres, sur le temps que nous entretenons nos danseuses qui font des pointes, des chassés et des petits pas au moindre événement sur le trottoir de la rue de la Loi sous l’œil coadjuteurs de nos caméras.
C’est tellement beau la crise vue sous cet angle que son esthétisme devrait nous sauter aux yeux.
Toute cette bonne santé économique ne suffit pas hélas !
C’est pourtant un des rêves secrets de notre « gentry » : sortir de la crise par le haut ! Ainsi eux, déjà servis, gavés, laisseraient quelques restes aux gens du dessous. Ce que fit le roi Henri, si l’on en croit ce médisant Tallemant des Réaux, quand le galant sire en passant une cuisse de poulet sous le lit qu’il occupait avec sa maîtresse, dit au pauvre amant de cœur qui s’y était réfugié. « Il faut bien que tout le monde mange ».
Ainsi, nous bénéficierions des beaux restes et, faut-il l’espérer, de pauvre en pauvre, il en resterait toujours bien assez pour les SDF.
C’est à peu près ce qu’en pense Didier Reynders et Sabine Laruelle dans leur compassionnelle aventure avec nous jusqu’au 7 juin inclus. (Après, c’est selon les résultats)
Leur rêve serait d’étendre leur paradis à notre purgatoire et pour cela quoi d’autre de mieux qu’une mégamachine reliant entre elles des milliers d'autres petites machines, qui font corps avec leurs servants technoformés. Configuration de poupées gigognes en "rhizome".
Ce rhizome est un rêve pour celui qui voudrait jouer au "Big Brother" et s'insinuer au plus profond des esprits connectés, non pour satisfaire leurs désirs mais pour les orienter selon la bonne tendance et les inféoder à travers les images virtuelles, DVD ou télévisuelles, au grand consensus du progrès inéluctable et obligatoirement bon pour tous.
Ainsi à défaut d’une Rolex au poignet, nous aurions sa représentation virtuelle qui nous donnerait néanmoins l’heure, ce pourquoi toute montre est façonnée. Nous écririons avec un mont-blanc dont le prix nous dissuaderait de le faire, si notre écriture ne s’en alignait pas moins sur l’écran de notre ordinateur avec en exergue le logo célébré. Et tout à l’avenant le sac Hermès serait en plastique mais reproduit en image, la voiture serait au choix, mais à l’échelle 1/10. Ainsi nous collerions toujours au progrès et à l’expansionnisme toujours présent d’un capitalisme dont tous espèrent le second souffle, sans alourdir son passif et sans désespérer de lui.
Ceci n’est pas une fiction. C’est tout simplement le résultat d’une éducation par l’image et l’acceptation qu’elle entre dans notre vie comme si ce qu’elle évoque existait réellement.
C’est pourquoi nous voterons bientôt pour Reynders et Sabine Laruelle, comme s’ils étaient vraiment humains, alors qu’on sait bien que si par aventure cela s’avérait exact, ils répugneraient à toucher nos écrouelles, par le dégoût naturel qu’ont les gens sains à fréquenter les malades.