« juin 2009 | Accueil | août 2009 »

31 juillet 2009

Paillettes

En article fin de saison, après les soldes et avant le retour des supporters au stade de football, j’hésite entre Kate Moss son sac Sofia Coppola pour Louis Vuitton, un total look noir et le must des mocassins vernis Repetto et l’inoxydable et inusable Johnny Hallyday, citoyen suisse côté pognon et ami français indéfectible côté Sarko.
A dire vrai, je me fous complètement de la piste aux étoiles du star system, de la Rolex de Séguéla et de la chemise du plus haut ridicule de Lagerfeld. Je me tamponne des perquisitions chez le médecin du défunt Jackson et du fait que Kate Moss porte son Louis Vuitton à bout de bras, surtout pour prendre l'avion. Idem du samedi 4 juillet, quand Johnny le rockeur sexagénaire livrait une performance sur la scène genevoise devant des milliers de fans dont de nombreux amis people dans le cadre de son Tour 66 et que le soir même, les amis encore sous l'émotion de son concert prirent la direction de Gstaad, petit village suisse, pour une manifestation plus intime mais aussi émouvante : le baptême de Joy, la dernière fille de la star et de sa femme « Alice au pays de la petite merveille ».
Les vacances, chaque année, perpétuent une tradition, celle du non-événement hissé à la première place de tout ce qui tient lieu d’info dans les gazettes.
Ce n’est pas que l’actu manque de saignant. On s’étripe encore aux frontières un peu partout en Afrique. Il est vrai que Kate adore l'imprimé léopard, sur une veste ou par petites touches sur des sandales compensées Christian Louboutin, portée avec un collant noir opaque. Heureusement du reste qu’il est opaque, sans quoi on aurait pu s’apercevoir que Kate Moss a un trou du cul comme tout le monde et cela n’est pas vendeur…
Les Palestiniens vivront encore tout cet été sous la botte de l’occupant qui n’a pas l’intention de démanteler ses colonies. Est-ce utile de le préciser, mais après un déjeuner convivial dans le restaurant de Sonnehof, le programme de la journée pour l'assemblée Hallyday était loin d'être terminé ! Jean-Claude Darmon, le parrain de Joy, toujours avec sa belle Hoda Roche était là évidemment, en compagnie de la marraine Hélène Darroze et ils ont été discrets : personne n’a évoqué le malheur des palestiniens ! Ce qui prouve que les gens connus peuvent avoir beaucoup de tact et de retenue sur les souffrances des peuples.
La mini jupe de Kate quand elle met son blazer ou sa veste de smoking Balmain, revue et corrigée par Christophe Decarnin qui descend bien au-delà de la mini jupe, pas Decarnin, mais son blazer, donne l’impression charmante qu’elle est à poil, rayon du dessous. Ce n’est qu’une illusion car sous la mini jupe, Kate, la mutine, pour les nombreuses sorties nocturnes du top, en toute discrétion, porte des bottes en cuir noir dont les parements se terminent en petite culotte sous la mini jupe. Autrement, ses intimes auraient pu confondre Kate avec les invitées qui dorénavant sortent sans voile par ce temps de forte chaleur.
Après le déjeuner qui s'est prolongé jusqu'en fin d'après-midi, chez les Hallyday, les invités ont changé de tenues pour être plus à l'aise et se sont retrouvés dans le chalet de Johnny et Laeticia. à Gstaad. Aucun des participants de cette belle soirée n’était sioniste ou n’a pas donné l’impression de l’être, ce qui pour le show-biz est un progrès considérable.
L'ambiance festive et chaleureuse n’a pas permis que Johnny ouvre son grand cœur afin d’évoquer la condition ouvrière en ces temps de crise. La décoration était à l'image de la soirée, il ne s'agissait pas d'en mettre plein les yeux mais de rester sobre, tout en considérant qu’à Gstaad, grâce aux efforts des donateurs, il n’y a aucun sans abri. Le festin qui comprenait entre autres foie gras et truffes en croûtes était réalisé par Hélène Darroze.
« Ah que… mignonne allons voir si Darroze » a voulu chanter le rocker. Mais sans les amplis, sa voix a été couverte par le bruit de la cuiller de Joy tombant dans la semoule.
Kate Moss apprenant l’affaire de Gstaad a répliqué par des lunettes papillon Prada et bottines de biker Marc by Marc Jacobs . Kate s'offrait un look grunge ultra sophistiqué avec un mini short en jean délavé, rien que pour reprendre la main et attirer l’attention des chroniqueurs. Ce qui permit à l’info emmerdante des étudiants arrêtés en Iran après les élections truquées de Mahmoud Ahmadinejad dont le guide suprême ne sait que faire, d’être reportée à une date ultérieure, comme cela avait été déjà le cas lorsque le tour de France occultait Kate Moss, bien que pendant le passage au Ventoux des forçats de la route, la supertop était filmée sur la côte avec des bottines Marc by Marc Jacobs et toujours ses lunettes Prada, taxées en double pub.
C’est dire ce qu’on a raté !

kat4.jpg

On a encore tout le mois d’aoüt pour se rattraper.
On songe à Nikos Aliagas, Estelle Lefébure, ainsi que la femme du fils Hallyday : David, Alexandra Pastor, les acteurs Bruno Putzulu et Laurent Olmedo tout comme Luana Belmondo, ex-femme de Paul et marraine de Jade qui ont à faire part de leur actualité et aussi à Eliette, la grand-mère de Laeticia, qui s’est remise au vélo.
Tout cela pour le mois d’août !
Les métallurgistes liégeois qui craignent que Mittal ne rouvre pas le haut-fourneau, pire qu’il éteigne ce qui reste, seront gâtés par l’actu chargée de les distraire.
Avec la reprise des matchs du Standard, ils seront au comble de la joie.
On est ravi pour eux.

30 juillet 2009

Vols groupés.

L’affaire est délicate. En n’employant pas les mots justes, je crains d’être mal compris.
En gros voilà l’idée : « Les diplômes servent d’instruments de sélection sociale. Le plus clair de la population reste sur le carreau, s’en culpabilise et trouve juste la sélection qui s’opère sous les auspices des grandes écoles. Des familles se saignent et s’endettent pour que leurs enfants « réussissent ». Le résultat n’est pas à la mesure de ce que l’on espérait. »
Ouf ! voilà le paquet-cadeau.
Pour me dédouaner du soupçon qui pourrait peser sur une répulsion éventuelle que j’aurais pour les études, j’ai plutôt bénéficié de cette sélection sociale pour avoir le droit de démonter cette machine d’aspect plutôt sympathique, mais qui se révèle être un formidable étau écrasant les petites gens.
Ce qui me fait crier au loup, c’est l’héritage de la culture ouvrière que les universitaires d’aujourd’hui ont perdu. Heureusement, il survit toujours quoique en péril parmi une élite ouvrière soutenue et c’est le paradoxe, par quelques beaux esprits issus des plus grandes écoles, et notamment celles de philosophie.
Il faut arracher le masque de l’université passe-partout. Les spécialisations les plus pointues ne peuvent plus conduire ceux qui les pratiquent à être aussi autre chose. Je suis surpris de voir le peu de connaissances qu’ont certains grands professionnels sur la société comme elle va, et des hommes comme ils sont. Leur manque de temps ne justifie pas tout, la nature des programmes y est pour beaucoup. L’humain n’y est lui-même décrit que comme une machine avec des organes qui fonctionnent selon un processus archiconnu, même le cerveau est perçu comme une sorte d’ordinateur dont on sait à peu près correctement à quoi correspondent les scissures des circonvolutions comme un vulgaire disque dur chez Microsoft.
Il y a dans certaines disciplines exigeantes un tel accaparement du candidat à sa réussite, qu’en fin de compte le système duplicate à l’infini un bel et bon robot, qu’on aura le tort d’écouter ailleurs que dans le métier où il excelle. Hélas ! fort du respect qu’entraîne sa profession, il ne verra pas qu’en dehors d’elle, il a tout à apprendre avant de pérorer et qu’à l’université, on ne l’aura pas formé sur les autres matières que celle qu’il perçoit si bien. D’étudiant « formidable » il passera à « praticien performant », mais ce sera un bélître, un con pour dire comme tout le monde, si, en partant de ce qu’il sait, il ne s’attache pas, sa vie durant, à percer les secrets de ce qu’il ne sait pas. La connerie contamine mieux que H1N1, parce qu’elle est militante.
L’Etat est grand gaspilleur du génie du peuple. Les universitaires l’y ont aidé en attirant sur eux tous les pouvoirs et tous les droits, sur le temps qu’on remplaçait le savoir faire de l’artisanat par l’ingénierie et les machines, et qu’on réduisait les anciens de la belle ouvrage à l’état d’esclaves productivistes, espérant ainsi faire croire que la masse est imbécile, même si parfois « une intelligence » perce la croûte de bêtise crasse, « le reste n’a que ce qu’il mérite ».

lombroso1.JPG

Ce qui est étonnant, c’est qu’à presque un siècle de système Taylor, le pouvoir universitaire ne soit pas parvenu à faire croire tout à fait que le génie est de son ressort exclusif !
Attachés à l’ignominie d’un parcours industriel souvent indigne d’une civilisation soi-disant humaniste, les travailleurs d’aujourd’hui ne sont pas tous atteints de la folie productiviste, du besoin animal de paraître, comme le coq dans la cour de ferme. Ainsi le revenu minuscule et le travail abrutissant au service de la dialectique libérale n’a pas tout saccagé ! Le début du retour des masses à l’animalité, les démocraties s’en félicitent puisqu’elles voient disparaître les mouvements populaires qui traitent de l’égalité, au profit des revendications salariales, comme par exemple les producteurs de lait en ont fait la démonstration récemment.
Aucun d’entre eux n’a perçu l’intérêt qu’il y aurait à pasticher Jean-jacques Rousseau en s’écriant « la terre n’est à personne et le lait est à tout le monde ». Ouvrant ainsi la contestation sur un autre terrain que les cotas européens.
Reste que la situation est préoccupante. Le travail à la chaîne, à l’usine comme à la ferme, a réduit l’opposition à la douleur de « l’exploit » physique d’une journée de travail. On ne parle plus de Proudhon dans les cours d’usine et on ne rêve plus au grand soir dans les cafés du Commerce…
Le relais dans les sphères syndicales et politiques ne se fait plus. L’université est passée par là.
Jadis émancipatrice, elle se réveille de loin en loin secouée par des étudiants qui dès qu’ils sont inscrits dans un programme, puis dans un métier, oublient vite ce pourquoi ils bouillaient dans les auditoriums.
Quelques âmes bien trempées résistent cependant et perpétuent la tradition ouvrière avec le précieux concours d’universitaires sans prétention. L’extrême gauche est le dernier refuge de cette élite pensante.
Subsiste ainsi un état de profondes réflexions sur la condition humaine et son mal être dans une société qui se bâtit sur les égoïsmes, comme on le voit dans les partis de pouvoir.
Etonnant, certes, mais quand on va au fond des choses, le génie n’a jamais été une question de CV et de grandes écoles, mais d’esprits libres et hardis..

29 juillet 2009

Vraiment…

- Partons sur de nouvelles bases. Soyons amis et tout ira bien.
- Si c’est comme tu veux.
- Tu te décides bien vite !
- Je me résigne. Cependant, il faudra régler certaines choses.
- Lesquelles ?
- Par exemple, quand nous serons au lit, l’amitié, c’est bon la journée… mais la nuit ?
- Ah ! pas de ça par exemple. L’amitié que je te propose, c’est de jour comme de nuit.
- Plus question de…
- Plus question.
- Si nous sommes amis, nous pouvons aussi en avoir d’autres…
- A qui penses-tu ?
- Les Enfré-Montanlère.
- Pour te retrouver avec madame Montanlère, comme son nom l’indique…la grande prêtresse des pieds : science, mer, fraîcheur isotonique ! Tu sais qui fréquente son cabinet ?
- Non. Elle est réputée bonne rhumatologue…
- Tous les frustrés qui depuis Marthe Richard se plaignent de la fermeture des maisons closes…
- C’est une amitié exclusive en quelque sorte que tu proposes
- C’est ça.
- Autrement ?
- Autrement, je te demanderais des explications pour ce que tu as écrit le 27 juin sur ton agenda.
- Tu fouilles dans mes affaires à présent !. L’agenda, c’est comme la correspondance. C’est personnel.
- Pas pour moi.
- Tu lis mes lettres aussi ?
- Ne tourne pas autour du pot. Je répète, ça signifie quoi le 27 juin, Béa, 3 heures ?
- Je ne sais pas ce que tu veux dire.
- Ce que tu peux être menteur ! « Béa 3 heures. », c’est bien ton écriture ?…
- Tu inaugures mal notre nouvelle amitié. Il est vrai qu’elle est récente…
- Béa 3 heures. Je t’écoute ,
- Ecoute… là, vraiment… Est-ce que je sais, moi ? Béa, d’abord qui c’est Béa ? Et à trois heures en plus !
- Oui, je ne te le fais pas dire.
- Et bien sincèrement, je n’en ai aucune idée.
- C’est tout ce que tu as à me dire ?... Je t’ai connu avec plus d’imagination ! Veux-tu que ce soit moi qui te rafraîchisse la mémoire ? Béatrice Pantum, ça ne te dit rien ?…
- Rien.
- Mon ancienne coiffeuse !

2k.jpg

- Alors là… je tombe des nues… Ce trou à bitte ! Non, tu l’as déjà vue ?
- Oui, elle est pas mal du tout, avec de gros nichons comme les vieux cochons les aiment… Et quinze ans plus jeune que toi, mon pauvre ami… Et qu’est-ce que tu as fichu avec Béatrice le 27 à trois heures ?
- Tu es d’un soupçon !... Tu es… alors là vraiment… avec ta coiffeuse… vraiment… vraiment… cette mégère ! Avec son cul, ses gros doigts qu’on dirait des bigoudis… vraiment… les bonnes femmes ! Ah !... Ce que tu peux être… Vraiment !
- Voilà les épiphores, les « vraiment » en paquet que rien ne suit… Son cul expliquerait plutôt beaucoup plus que tes « vraiment »…
- D’abord, je ne la connais pas…
- Mensonge.
- Ce n’est pas mon type.
- C’est faux !
- On n’est pas chez le juge d’instruction pour que je te serve mon alibi.
- D’autant que le 27 juin, c’était un samedi et j’étais chez ma mère.
- Et moi, je ne sais pas où j’étais à 3 heures ce samedi-là et je trouve insupportable qu’une femme qui était ma femme et qui est devenue mon amie parce qu’elle ne veut plus faire l’amour avec moi, ose me faire une scène de jalousie.
- Je ne fais pas l‘amour avec quelqu’un qui me trompe.
- C’est donc ça. Tu fouilles dans mes affaires pour trouver quelque chose à me reprocher, ma pauvre amie ! Comme si je te trompais, comme si je t’avais toujours trompée… Moi.. mais c’est… mais c’est… enfin c’est… vraiment…
- Monstrueux !
- J’allais le dire.
- Alors, le 27, ça ne te revient toujours pas ? Le trou de mémoire…
- C’est chaque fois pareil. Tu montes sur tes grands chevaux… tu vas… tu vas… tu m’accuses, et quand enfin, je reprends mes esprits et que je me souviens, alors tu ne sais plus où te mettre, tu comprends trop tard comme tes soupçons étaient injustifiés et comme tu as eu tort… et que le mal est fait… car tu me fais mal…
- En attendant, tu es coincé… Je vois bien que tu réfléchis. Ton petit front se plisse…
- Moi, coincé ! mais je vais m’en souvenir de ce que je fichais le jour où t’étais chez ta mère, nom de dieu !... Si tu n’étais pas si méfiante, fouilleuse et interprète de notes qui ne te regardent pas, j’aurais déjà trouvé… Ah ! j’y suis… ça va te clouer le bec… Le 27 juin quand tu vas le savoir, tu vas regretter, me supplier de te pardonner…
- J’attends !...
- …J’étais à la messe ! Béa veut dire béatitude à 3 heures…
- A quelle messe ? Quelle paroisse ? T’es devenu chrétien, toi ?
- La religion, c’est perso... C’est ainsi. Je ne cherchais rien… pour moi, la foi, c’était des blagues, en arpentant je ne sais plus quel boulevard, j’ai voulu en avoir le cœur net. Je suis entré dans une église, sur la porte était écrit « messe de béatitude à 15 heures ». Je suis entré.
- L’illumination… t’as entendu des voix !... Pascal sur le pont-Neuf !
- J’ai écouté. Puis non, ça n’a pas marché. En sortant, je n’y croyais toujours pas.
- C’est curieux de noter dans ton agenda des rendez-vous après coup ! C’était bien le hasard, n’est-ce pas ? Tu ne savais pas que c’était à cette heure-là que tu avais rendez-vous avec la foi ! Je t’ai connu plus inventif…
- J’ai noté après. Pour me souvenir. C’est pas tous les jours que je vais à messe… Voilà tu me fais avouer des choses… tellement intimes… mais quelle femme es-tu ? C’est bien un discours de bonne femme, cette suspicion, cette mauvaise foi… ah ! c’est vraiment… vraiment…
- C’est dommage que tu n’as pas trouvé la foi le 27, il te faudra autre chose le mois prochain, quand j’irai chez ma mère…

28 juillet 2009

Dialectique autocritique.

Est-ce inquiétant ? Des extrêmes opposés droite/gauche m’ont proposé des collaborations – gratuites évidemment. Les solliciteurs se sentent des affinités avec le blog Richard III !...
Mon ménechméisme (ressemblance) est-il flagrant ? Je ne me suis jamais posé la question.
Les nationalistes me font fuir. En même temps, je ne fais pas confiance à la « petite musique » de celui qui vient d’ailleurs. Ai-je écrit des textes propitiatoires à mes engouements du « ça » pour la grand messe de 36 à Nuremberg ? Serais-je lycanthrope ? Heureusement, pour me rassurer, je ne suis pas endogame.
Le cœur à gauche, les socialistes me désespèrent. Sans doute ne sont-ils plus vraiment socialistes ? Cependant certaines sottises de l’extrême gauche dans les remèdes qu’elle propose sont souvent pires que les fonds de marmite du capitalisme.
Dois-je sous prétexte de propagande, alors que l’extrême gauche n’y a pas droit, occulter un avis qui pourrait lui nuire ?
Ou, faisant commerce à la manière de Sabine Laruelle, dois-je avoir un œil sur le compteur de lecteurs afin d’offrir des loukoums qui plairaient à tout le monde ?
Sans être apolitique, les faiseurs de rêves je ne les trouve plus que dans mes cauchemars. La plus belle des qualités en politique : l’altruisme, s’en est allée. Je ne saurais avoir de respect pour les gens que je méprise. L’engouement des foules pour certains leaders dépasse mon entendement.
Jadis il y avait des syndicats. Aujourd’hui, il n’y a plus que des organismes de défense du travailleur qui ne font pas bien leur travail, un peu comme une compagnie d’assurance qui rembourse les sinistres du bout des doigts et en rognant sur tout afin de ne pas honorer intégralement le contrat.
Le consumérisme détruit l’affect…
Les dirigeants ne sortent plus des classes qu’ils sont censés représenter, soit parce que les études qu’ils ont faites les en séparent, soit parce qu’ils sont nés dans un environnement qui les a sortis du réel dès leur petite enfance.
J’ai souvenance d’un syndicat du livre aujourd’hui disparu, aspiré par la nébuleuse du SETCA, qui avait à propos du salaire de ses dirigeants une juste politique, les permanents étaient payés par référence au barème le plus élevé dans les professions ouvrières du papier – ce qui n’était pas si mal – plus 10 % pour tous les frais de représentation et de déplacement que suppose une activité de cet ordre.
Il devrait en être ainsi de tout qui représente le peuple, le principe est simple, être relié à une profession moyenne à définir.
Ainsi, conduit par la nécessité de s’intéresser à la vie des gens par un des moyens les plus efficaces de rester les pieds sur terre, il n’y aurait plus lieu de trouver les comportements scandaleux.
On objectera, ils sont grassement payés pour qu’ils ne volent pas dans les caisses de l’Etat, ainsi, ils n’ont pas la tentation de le faire. Si c’est la raison principale, voilà qui en dit long sur ceux qui ont les premiers ouvert le débat. Mais représenter le peuple devrait être d’abord un honneur, ensuite un sacerdoce, où est l’argent dans ces motivations-là ? Des dizaines d’affaires judiciaires ont secoué le monde politique ces derniers temps. Les notes de frais en double, les cumuls extravagants, etc. démontrent l’inefficacité du gros salaire. Rien n’arrête l’homme cupide.
Par contre le juste revenu conduit à se poser des questions et à défendre ceux qui doivent se satisfaire de beaucoup moins pour survivre. La moitié des travailleurs en Belgique gagnent moins de 1500 euros par mois !
Vis-à-vis des audacieux qui savent mieux que personne comment conduire un Etat, je réagis comme tout le monde, j’attends des réformes qui ne viennent pas, un soulagement du fardeau quotidien qui se fait attendre. Que faire, face à la vie comme elle va, aux informations qui passent à portée ? Si ce n’est s’informer, s’essayer à comprendre, réfléchir, puis dire…
D’accord, parfois je dis avant de réfléchir… mais pas toujours.
En réalité, je suis un modéré qui n’aime pas le centre, vivier des modérés.
Enfin, tel que je voudrais être, ne voulant la mort de personne ; mais aussi, que personne n’attente à la vie de ceux qui n’ont qu’elle pour tout bien.
Plaider les causes perdues, même extrêmes n’est pas vouloir d’un système qui consisterait d’abord à tout casser pour reconstruire ensuite.
Je n’ai jamais brisé des objets que par maladresse.

uytr.jpg

Mon cas n’intéresserait personne, s’il n’était représentatif d’une frange de la population suffisamment idéaliste pour décoller de la réalité, mais franchement réaliste par les faits.
Les gens en ont marre des étiquettes. Ce pays regorge d’étiquettes qui ne correspondent qu’à un type d’homme moyen qui n’existe nulle part.
J’abhorre le mépris masqué et imbécile des esprits « supérieurs ». Les plus retentissantes conneries ont été dites justement par ces gens-là.
Comment « honorer » l’individualité dans une collectivisation nécessaire ? Comment respecter l’homme misérable et le mettre sur le même plan que l’homme riche ?
Là est ma question.

27 juillet 2009

La bite à deux encablures.

On n’est pas sûr, mais presque, jusqu’en septembre il y aura du relâchement dans la targette.
Même à Lantin, les dealers sont plus certains de pouvoir fournir. Les détentes ne sont pas que des morceaux de fer sur lesquels les maffiosi aiment appuyer.
Ceux qui partent croisent ceux qui reviennent et les demeurés sur place encombrent comme des cageots tombés d’un camion au milieu d’une rue. On slalome pour les éviter dans la joie des départs ou les retours de Golconde.
Ceux qui, sans le dire a priori, mais ça leur échappe, se vantent de leur dévouement au malheur, ne vont pas crier sur tous les toits que pendant deux mois ils se les roulent dans la bruyère. A l’apogée de la satisfaction d’eux-mêmes, certains craquent dans les magazines à nous montrer leur maison de campagne, comment il l’ont gagnée leur deuxième résidence, jouant les modestes jusqu’au bout, simulant une simplicité de vie qui ne s’accorde pas avec le décor et leur air satisfait.
Quitte à la rentrée reprendre la cause du peuple et s’offrir sans cravate à nos regards, l’œil inquiet sur la situation catastrophique, mais toujours le teint halé et l’air en bonne santé des gens qui foutent rien.
La vanité finit par les avoir au tournant. C’est la bulle qui remonte à la surface et qui éclate.
Les trémolos de Herman De Croo sur son cancer, certes on est bien triste pour lui, mais quand on voit son bureau grand comme un logement social de famille nombreuse, son parc, ses animaux en semi liberté, ses pièces d’eau, alors qu’il s’enorgueillit de quarante années de vie politique, c’est-à-dire n’ayant jamais rien fait d’autre pour arrondir sa pelote, on se demande, à part banquier ou gangster, quel est le métier qui rapporterait autant dans le travail, que celui de représentant du peuple ?
Les magazines en cette période creuse sont pleins de rêves. Ils nous montrent la « vraie vie » celle qui se dispense de la ferveur anglo-saxonne pour le travail, qui se fiche de travailler plus pour gagner plus, puisque ça tombe comme le glaçon dans le drink. Dans ce monde du dessus, il n’y a pas que des négriers vautrés au bord des piscines privées, depuis que nos boutiquiers ont fait faillite, nos grandes administrations ont pris le relais, nos phénomènes de la communication et nos hardis pionniers de l’aventure libéralo-socialiste aussi.
D’abord timidement, puis de plus en plus rolexés, et les dames laguerfellisées, ils ne s’affichent pas trop. Il suffit qu’au détour d’un people on en croise un qui feint de ne pas nous reconnaître, pour se dire, « mais ce type voyage sur mon compte ! ».
L’infatuation discrète est comme une parallèle asymptote. On croit qu’elle va rejoindre l’autre, mais c’est pour dans dix mille ans.

st56.jpg

Notre nouvelle middle class pense qu’à côté des fastes d’un Jackson malgré l’huissier chez Bambi, elle peut à l’exemple de Sarko-le-magnifique, exhiber ses Carlita sur les spires des matelas à bronzer du cap Nègre, sans pour autant perdre trop de voix de préférence à la prochaine galéjade de la démocratie rampante.
Moi, par exemple, bien bavant sur l’art de ne rien foutre à condition que les autres bossent comme des malades, si un quelconque éditeur ivre des basses besognes d’un Gallimard venait à me décerner l’honneur d’une édition, oh ! modeste, je dirais d’abord « non » d’un air hautain, puis poussé par on ne sait quelle gloriole attachée à la reconnaissance par les autres de mon talent inouï, hanté par la vue famélique d’une multitude d’anorexiques qui s’accrochent à mes bas de pantalon l’air suppliant, j’ignore encore si je n’aurais pas la réaction du naufragé de la Méduse repoussant à coups de rame ceux qui voudraient monter à bord et me tournant vers le marchand de papier qui croit faire une bonne affaire, exhiber sans pudeur les parties honteuses de mon « génie » !
L’homme, c’est ça. Un goût de la justice, une envie irrésistible pour que tout se mérite et se gagne honnêtement, en même temps un véritable engouement pour les passe-droits du moment, pourvu qu’il en soit bénéficiaire, les ronds qui rentrent sans vraiment bosser et la haute estime qui découle d’avoir pignon sur rue. Un souverain mépris pour le fric et une envie d’en avoir plein les poches. Un dégoût profond pour les yachtmen qui montrent les minettes de vingt ans à leurs homologues de soixante ans sur le bateau amarré à tribord, tandis que ceux de bâbord voient la main tripoteuse du milliardaire à quinze jours d’être grabataire, fourrager dans le string de la partenaire, enfin couple disparate entrant par la dunette arrière dans la coursive pour des contacts qu’on n’ose qualifier d’innocents et que l’extrême gauche trouve antisociaux. Alors, qu’on se voit bien en amiral se faire déculotter par une pute à l’expérience berlusconienne, en jurant qu’on n’a pas perdu de vue le combat pour la veuve et l’orphelin !
Merde que tout cela est compliqué et nous implique dans une réflexion que certains philosophes trouvent rigoureusement exacte « Le peuple envie les classes parasite et semi-parasite (celle qui travaille un peu pour gagner beaucoup). Quoique ayant tous les défauts, elles n’auront jamais cette envie-là. »
Aussi, quand vous entendrez des discours du genre « je vous ai compris » venant d’en haut, un seul conseil : NE LES CROYEZ JAMAIS !

26 juillet 2009

La gniaque.

J’ai la gniaque. Ça m’a pris à l’improviste, vers les onze heures, dans mon lit. Je m’apprêtais à me rendormir ; une force mystérieuse m’a enjoint de sortir un pied de sous la couverture, afin de chercher sa pantoufle. Je me suis tourné sur le dos avec la gniaque qui me faisait un poids sur l’estomac, j’ai cessé de résister. Je me suis levé !
C’est ça la gniaque, obligé de sortir du lit, de la chambre, de mes habitudes, de la chaleur de Poupousse, de tout ce qui fait que d’habitude on traîne, l’esprit dans le vague, une main sur la croupe aimée et l’autre à se gratter la couenne.
D’un bond, poursuivi par la gniaque, j’entrai dans la salle de bain.
C’est sous la douche (quand on a la gniaque, on ne prend pas de bain) que j’eus la première pensée perverse. « Heureusement, me suis-je entendu dire, je n’ai pas un appareil de musculation dans le couloir comme tous ceux qui ont la gniaque. »
Cette pensée traîtresse à la gniaque ne fut pas sans effet, car je me rendormis debout sous la douche. Seule la variation du chaud au froid me réveilla plein de honte.
Je dédaignai le peignoir et les charentaises du docteur Géva pour enfiler un training. C’est alors que je me rendis compte que je n’avais pas des chaussures de footing !
Je descendis à la cuisine, mes pieds laissant sur le carrelage de belles empreintes comme celles que l’on voit au club-med, quand les aoûtiens passent directement de la piscine au baby-foot.
A peine installé, Poupousse apparut tout endormie encore, le peignoir béant sur des formes sculpturales, pour me dire d’une voix pâteuse « T’es fou ? t’as vu l’heure ? ». Elle est en congé. La conscience nette, elle peut faire la grasse matinée sans aucun remord.
-T’inquiète, j’ai la gniaque, chérie.
-Ah ! bon. J’espère que ça ne sera pas ainsi tous les jours !
Ma gniaque déjà blessée par ma mauvaise pensée de tout à l’heure, reconnut en Poupousse une véritable ennemie.

gniaque.jpg

-Et les débris de l’assiette dans la poubelle, c’est aussi ta gniaque ?
-Parfois, la gniaque rend nerveux…
-J’espère qu’elle va te servir pour trouver du boulot !
-T’inquiète, c’est parti…
Là-dessus, je m’habille costard-cravate pour mon audition chez Lepetit, fabricant du bar pliable pour campeurs « Lepetit comme chez soi ».
Je me vois avec ma gniaque, stressés tous les deux. « Que savez-vous faire ? ». Personnellement, j’aurais répondu « rien » mais ma gniaque, elle, est une fonceuse, elle en veut. Je la vois bien répondre « Je sais tout faire. » On voit qu’elle a la volonté d’arriver. Moi, avec ¨Poupousse dans l’enseignement et mon chômage, je peux régler mon pas sur celui de ma pensée, c’est-à-dire aller un train assez lent.
De la maison à chez Lepetit, il y a dix minutes en voiture, à pied une bonne heure.
Ma gniaque fonce vers le garage. Pour montrer à quel point je suis pervers, je m’attendais à son comportement, aussi avais-je laissé la clé de contact dans le panier de dentifrice de la salle de bain. Le temps de remonter, de faire semblant de chercher avant de me souvenir où je l’avais déposée, ma gniaque se serait cabrée.
Aussi on part à pied, elle et moi.
« J’espère que tu ne vas pas te dégonfler comme l’autre fois ! Ce type est un patron fonceur. Il se fie à son premier coup d’œil. Il prend des décisions comme à l’armée. C’est comme ça, ou la porte. Tu dois te montrer résolu et entreprenant comme lui, mais pas sur ton initiative, sur la sienne. Tu joues le champion impatient dans les starting-block, comme pour un cent mètres. T’attends le coup de feu. Surtout pas de faux départ ! A l’usage, tu verras, il décide souvent à tort et à travers et c’est là que t’auras besoin de moi. Tu reprends le coup. Tu répares la gaffe en lui faisant croire qu’il a pris la bonne direction et que c’est toi qui as failli commettre la faute ! »
Déjà Lepetit commence à me gonfler. Ma gniaque m’a complètement dégoûté du loustic. Je l’imagine fort en gueule, la main aux fesses du personnel féminin, la tape dans le dos aux collaborateurs. « M’sieu Lepetit ? Non ! Appelle-moi Georges. »
J’essaie de la tromper. Je feins de ne plus connaître le chemin. Ma gniaque me tire par la cravate, rue Célestin Damblon, à l’usine de Lepetit.
Toute les patrons merdiques habitent rue Célestin Damblon, rue Destrée, rue Jaurès, à croire que c’est pas d’hier que la gauche est de mèche… Nous y voilà. Il y a des flics devant la grille, une de ces fontes à arrêter un panzer, une grille à ne jamais ouvrir…
Je pénètre dans la cour. Mon cœur bondit de joie. L’usine est en grève. J’aborde un ouvrier pour savoir ce qui se passe. « Ce dégueulasse (il parle de Lepetit) vient de foutre un gars à la porte parce qu’en refermant la porte du bureau, un courant d’air a bouleversé les papiers de sa table de travail. C’est pas la première fois que cette crapule vide un copain sur un coup de tête.»
Cette opinion conforte la mienne. Je rebrousse déjà chemin. Ma gniaque n’est pas d’accord. « C’est le moment ou jamais, qu’elle me chuchote. Tu braves les piquets, tu vas direct chez Lepetit et tu dis le compliment que tu sais par cœur. »
« C’est dégueulasse que je lui réponds. Ce type est un fumier. ». « Et alors, qu’est-ce que ça change ? Lepetit t’as vu braver les émeutiers. C’est un ajout capital à ton curriculum. »
C’est ainsi que grâce à ma gniaque, j’ai été engagé chez Lepetit, directeur des basses besognes et des préavis, chef du personnel, si vous voulez.
Six mois plus tard, je souffre de dépression mais je travaille sur l’avis du médecin de la firme. Je suis traité de salaud pratiquement tous les jours, par le personnel. Les délégués syndicaux me méprisent et Lepetit ne leur donne pas tort. Ses décisions que j’exécute, il fait confidence au délégué du personnel que c’est moi qui lui met le couteau sur la gorge.
Ma femme m’a plaqué pour un collègue. J’ai perdu ma gniaque. Lepetit va délocaliser tout son bidule. Personne n’est au courant, sauf moi. Il va falloir que j’explique ça au personnel…

25 juillet 2009

Au feu !

On en a fait des tonnes, l’OMS a répandu la terreur, les médias on fait le reste. Tout le monde redoute les premiers frimas et le passage en force de la grippe A (H1N1).
Se met en place un remake de la grande peur de la peste noire du XIVme siècle qui fit 115 millions de morts. Comme on a beaucoup perdu ces temps derniers en connaissance historique, on s’est rabattu sur la grippe espagnole qui sévit au sortir de la guerre, en 18, histoire de compléter une catastrophe due à la bêtise des hommes, par une autre due à la bêtise des virus qui ne se contentent pas de coloniser notre corps comme certaines « bonnes » bactéries, mais veulent le boulotter au point de se détruire eux-mêmes par la perte de leur garde-manger.
Les fabricants de médicaments se frottent les mains, l’affaire est juteuse. La vente de millions de doses est certaine. De sa cellule Madoff rachète des entreprises de pompes funèbres.
Seulement voilà, on aimerait bien commencer la vaccination des plus fragiles, or la fabrication va son train, mais est en retard.
Si bien que si ce qu’on nous a dit nous tombe sur le paletot en octobre, novembre, peut-être que les médecins seront au lit en premières victimes.
La propagation plus rapide de la grippe porcine cet été sur le continent européen est le fait des vacanciers aviateurs. Une rançon du progrès dont on n’a pas encore mesuré l’importance. Les virus, les bacilles et les bactéries voyagent aussi, avec d’autres espèces comme le moustique. D’ici à ce que l’Institut des maladies tropicales d’Anvers nous annonce pour demain le paludisme, le béribéri et l’Ébola, nous le devrons au progrès, à l’augmentation des températures et à notre humeur voyageuse.
Déjà en 1347 débarquait d’une galère génoise venant de Crimée le bacille Yersinia pestis, découvert par Alexandre Yersin de l'Institut Pasteur en 1894, qui est aussi responsable de pathologies pulmonaires de moindre gravité chez certains petits mammifères et animaux de compagnie (on parle dans ce cas de peste sauvage).
Depuis, les transports en commun ont fait beaucoup de progrès, les virus et les bacilles aussi.
S’il faut en croire les chroniqueurs, cette pandémie réveilla l’exaltation mystique qui s’était assoupie après les fétichistes du chiffre rond de l’an mil.
Nul doute que notre époque secouée par la foi intempestive de centaines de millions d’hallucinés, se fera un point d’honneur de dépasser celle de 1347. Les maniaques que dérangent d’autres religions auront beau jeu d’imputer l’hécatombe aux siphonnés d’en face.
Espérons qu’on n’en viendra pas là et que l’OMS et les médias auront battu l’eau avec des manches de brosse pour n’effrayer que les grenouilles.
C’est que des catastrophes naturelles aux pandémies, c’est toujours l’heure des règlements de compte. Des propos badins comme le sont parfois les miens, en somme le produit d’un épicurisme inoffensif, sont à certaines périodes, comme les guerres ou les épidémies, soupçonnés d’aider aux massacres. Certains olibrius dérangeants se retrouvent alors avec les autres victimes expiatoires, les Juifs, les Arabes, les étrangers en général, les marginaux, dans le collimateur des « honnêtes » gens. Les pogroms ne sont pas loin. Et je ne pense pas qu’il y ait une grande différence entre le bourgeois du Moyen-Âge et les gens du MR.
On pourrait penser que ce siècle est civilisé. On se trompe. Rien n’arrête une idée obsessionnelle des masses, surtout si elle est archi fausse. Les lois partent en fumée. La police appuie les « émeutiers du bien public ». Les politiques voudraient calmer les esprits. Ils se voient emportés par la tourmente. Sous peine de disparaître, ils font corps avec la foule.

antigrippe.JPG

Le massacre des Tutsis au Ruanda était l’affaire de Hutus mal informés, d’un niveau intellectuel peu structuré par défaut d’enseignement, certes, conduits par des massacreurs en chef. Cette horreur nous pend sous le nez, nous qui semblons être autrement instruits et incapables de sombrer dans la folie meurtrière.
Imaginons une perte de 30 à 40 % de la population belge et demandons-nous ce qui arriverait ?
Je vais arrêter là le déroulement d’un mauvais film. On ne sait jamais, s’il y avait déjà des listes de noms en circulation en cas d’une épuration préventive.
Et dans un pareil lessivage, quand serait-il du système capitaliste, des moralistes sacrifiant la vertu au nom du profit, du bordel général qui s’en suivrait dans lequel nos élites retrouveraient ça ne fait aucun doute - l’inspiration pour des pèlerinages à des Compostelle free taxes ?
Aussi n’y pensons pas.
Mettez sur le compte d’un pensum de vacances des textes de mauvaise augure.
Et espérons que l’OMS et les médias nous auront alarmés pour rien.
Contentons-nous de bosser pour nos divinités insatiables, nos marchés mondiaux et cette chose qu’on appelle démocratie, notre papier cul idéologique, qui nous sert de chapelle votive et dans laquelle nos béquilles et nos ex-voto « Remerciement d’un jobard », couvrent les murs.
Ecoutons notre maître à penser. Pour une fois ce n’est pas Louis Michel, mais le premier ministre Van Rompuy « La crise est dans sa phase finale. Nous n’aurons plus à subir que des suppressions d’emplois qui se poursuivront tout au long de 2010 ».
Comme quoi on peut dire les choses posément et calmement au contraire de l’exalté Michel, mais dire d’aussi belles conneries que l’ex-commissaire.
Charmant personnage ce Van Rompuy, le chômage prend des proportions inconnues jusqu’alors et lui voit le bout du tunnel !
Quel homme ! Reynders doit beaucoup l’admirer.

24 juillet 2009

Osez Joséphine !

pl5.jpg

-Solal et Ariane ! Je t’en ficherais de la Belle du Seigneur et ouvrage couronné par l’Académie, en plus !
Non, je ne trouve pas à la question « qu’est-ce que l’amour ? », répondre : Albert Cohen !
D’abord les onze cents pages sont imbuvables, illisibles, grotesques et ensuite, c’est l’histoire d’un marlou qui a usé de son pouvoir de chef pour exiler le mari afin d’approcher la femme plus à l’aise, une sombre affaire d’abus de pouvoir dont on a, un jour ou l’autre, été victime, car on est toujours victime dans ces cas-là.
La chair est faible. C’était superflu d’envoyer le gêneur au diable vauvert. La victime ne l’était pas tant que cela, pour tout dire elle était consentante. Solal et Ariane enfin seuls, ne le furent que l’espace de leur passion (quand même quelques années), le temps d’une crise de jalousie de Solal découvrant qu’avant lui, outre le mari, Ariane avait eu une aventure. Comme quoi voilà un mec assez gonflé pour reprocher à sa maîtresse d’avoir succombé à des charmes antérieurs aux siens ! Enfin, petite touche romantique, le suicide à l’éther, la seule scène qui vaille puisqu’on est sûr que sans les deux amants, il n’y a plus d’histoire !
Je donne sans hésiter tout Cohen pour les six pages du chapitre VI de l’Education sentimentale de Flaubert, la scène d’adieu entre Frédéric et Madame Arnoux.
Que de blabla à propos de l’amour, notre époque en est toute botoxée ! Les baisers d’une femme qui s’est fait des lèvres de canard sous prétexte que la mode a des impératifs à un homme qui pour les mêmes raisons porte un soutien gorge comme cela fait fureur à Tokyo, est proprement hallucinant.
Le besoin d’être aimé dans le couple est un état de faiblesse. L’état amoureux le prolonge. Surtout au début, quand l’état amoureux est fait de désir. Là-dessus, des sexologues nous expliquent ce que nous sommes et ce que nous ferons, au vu de ce que nous avons fait.
Helen Fisher distingue le désir sexuel, l’attachement et l’amour proprement dit. Il ne lui est pas venu à l’esprit qu’on pouvait cumuler les trois en une seul !
A la question « sommes-nous égaux en amour ? », comme dans le domaine du social, il y en a qui s’en tire toujours mieux que les autres. Dans le cas de certains martyrs, comme la Belle et la Bête (Leprince de Beaumont), la Belle avait fini par être convaincue qu’on ne pouvait être un monstre avec une tête de Lion, quand on parlait aussi galamment aux dames, sans être victime d’un sortilège. Cocteau avait traduit au cinéma la pensée de l’auteur en exhibant les fesses serrées dans un haut-de-chausse, d’un Jean Marais dont il était épris.
Rostand n’a pas donné pareille chance à Cyrano qui paya son amour d’une tuile sur la tête au dernier acte.

pp45.JPG

Le croirait-on ? La plupart des liaisons vues par Léautaud sont faites de « laissés pour compte » qui se rencontrent et trompent ensemble leurs regrets.
Il y a de la vérité dans la réflexion du solitaire de Fontenay-aux-roses. On choisit souvent un partenaire par défaut. Encore que le terme choisir ne soit pas des plus appropriés.
Qui se ressemble s’assemble, n’est plus tout à fait vrai, depuis qu’on divorce comme de boire un verre d’eau.
Notre époque nous établit dans le précaire, travail, sentiment, affinités…
Quant à savoir si en dehors des chansons à dix balles, l’amour rime avec toujours, celui de Baucis et Philémon, fut éternel. C’était du temps de Jupiter ! C’est dire comme l’eau du Styx à couler depuis.
Il paraît que les statistiques font foi : le cycle amoureux est implacable. Il est de 3 à 4 ans.
L’amour ne suffit plus à remplir une vie de joies merveilleuses ; par contre, je suis certain qu’il pourrait suffire à la remplir d’une foule d’emmerdements.
L’homme est inconstant et infidèle. La femme qui revendique encore l’égalité dans certains domaines, n’a pas à revendiquer la parité sous ce rapport là. Elle l’a depuis longtemps.
La contrariété dans l’état amoureux laisse des séquelles. Arthur Schnitzler est formel « J’ai entretenu des relations fort différentes avec mes maîtresses, la plupart e’entre elles m’étaient indifférentes, quoique certaines me furent antipathiques. Je n’en ai haï qu’une seule, ce fut la grande passion de ma vie. »

23 juillet 2009

Patrizia et le lit de Poutine

Bienheureux Italiens ! Grâce à leur premier ministre Berlusconi, ils ont au moins dix ans d’étude d’avance sur nous de la démocratie façon capitaliste.
Certes, nous n’avons pas des artistes de la trempe du Commandatore et notre schmilblick avance à pas feutrés. Il y a parfois un flash : une vidéo de papa Daerden, une note de la coiffeuse d’Anne-marie, une diatribe de l’ex-commissaire Michel d’une rare sottise, des bruits de couloir carolo ; c’est surtout du côté des pointus flamands, leur nationalisme, le mépris des minorités que des trous béants se voient depuis la terre des objets volants de la démocratie made in Belgium.
Mais rien de comparable à la réincarnation d’un Laurent le Magnifique, n’est, de près ou de loin, visible de la Tour japonaise ou de la Grand place de Bruxelles.
Qui mieux que Sylvio nous mettrait au fait d’un système arrivé au bout du rouleau, quasiment déshabillé de toute morale par le profit ? Quel autre exemple plus didactique que celui-là pour nous ouvrir les yeux ?
N’est-ce pas assez téméraire et pour lors assez injuste, me direz-vous, de prétendre assimiler une caricature de démocrate avec le sérieux des nôtres, d’autant que les petites faiblesses que vous dénoncez chez nous, sont également dénoncées avec plus de vigueur encore, par les pairs de nos indélicats ?
J’ai eu tort d’employer un raccourci de cette hardiesse.
C’est presque aussi insolent que le commercial qui paierait les ouvriers qui ont menacé de faire sauter leur usine à l’aide de bonbonnes de butane, d’utiliser la marque « Beau-gaz » !
Certains ne comprendraient pas, d’autant que s’il n’était pas en charge d’une grande Nation européenne, la plus ancienne de toutes avec la grecque, le cavaliere serait dans son droit de fréquenter qui bon lui semble, même « La prostituta de lujo Patrizia D’Addario » comme disent les journaux qui n’ont pas encore été vendus à l’homme d’affaire président du conseil italien.
Sylvio aux putes relève même d’un cran cette profession difficile dans laquelle on est le plus souvent mal payée pour prendre des risques.
De ce point de vue la transgression serait sympathique et plutôt libératoire d’une conduite de faux derches qui est souvent la nôtre.
Mais voilà, l’homme a des responsabilités, les plus hautes qui soient, pour une collectivité de millions de personnes.
Ce n’est pas en Belgique que nous aurions mis en selle un « cavaliere » de cette sorte.
On ne voit pas Van Rompuy danser au bord d’une piscine fluorescente à deux heures du matin, une coupe de don Pérignon dans une main et de l’autre étreignant le sein généreux d’une partenaire occasionnelle à mille euros la nuit, la dame s’apprêtant à rejoindre le lit à baldaquin offert par Poutine à son client, en travailleuse probe, afin de simuler quelques orgasmes assortis de quelques cris.

500demoins.jpg

Il y a chez nous la retenue des petites gens habitant un petit pays. La peur de se faire prendre et la honte d’être condamné par l’opinion publique, ne pousse pas l’homme politique à des performances, quoique l’opinion publique italienne serait plutôt admirative.
Et puis, vous auriez mille fois raison, tout n’est pas pourri dans le royaume, même si l’édifice menace ruine, même si parmi les grands malades qui nous gouvernent, certains discours démontrent que d’aucuns n’ont plus toutes leurs facultés, même si le pouvoir ne montait pas à la tête et que l’argent n’a pas d’odeur..
Un texte ancien pêché dans un livre (Epilogues) du formidable écrivain que fut Rémy de Gourmont, me pousse à m’interroger sur le bien fondé de ce que j’avance, à savoir qu’il est hasardeux de comparer Sylvio Berlusconi à l’un quelconque de nos hommes politiques.
Et si je me trompais ? Et s’ils étaient tous plus ou moins de mèche ?
« De même que le premier souci de l’assassin est de s’aller distraire dans une maison close, le premier souci du concussionnaire est de crier : Devoir et Patrie ! L’un et l’autre semblent affirmer ainsi des préoccupations très différentes de celles qui les étreignent : - Voyez, je ne pense qu’au plaisir ; - Voyez, je ne pense qu’à la vertu. Et c’est vrai sans doute, car seuls les coquins pensent à la vertu ; les honnêtes gens la pratiquent sans y penser, et surtout sans en parler. Il n’est pas naturel qu’un homme considérable comme Monsieur …. Se réveille avec l’idée de rédiger un petit manuel de la probité, et dans ce manuel tout un chapitre dévolu à morigéner les petits garçons qui, en revenant de l’école, maraudent sous les pommiers ou dans les vignes. Non, ce n’est pas naturel, surtout lorsqu’on a sur ces sujets « devoir et patrie », rien à dire qui ne soit banal ».

22 juillet 2009

Si tous les gars du monde…

L’immigration est un sujet qui fâche. Les Opinions se sont retranchées. Deux camps s’affrontent. L’économie, comme elle va, n’y est traitée que très accessoirement. En gros la droite est pour le retour des étrangers en séjours illégaux dans leur pays d’origine, et même, moyennant un petit viatique, ceux qui ont des papiers sans être naturalisés. La gauche, qui n’a pas son pareil pour être en pointe dans des catégories sans rapport avec l’argent et le pouvoir, est pour l’accueil sans condition et la naturalisation moyennant quelques délais.
L’occasion est belle de juger d’un mot celui qui ergote pour ou contre l’immigration. Selon le camp auquel le pinailleur appartient, le malheureux sera catalogué xénophobe ou humaniste.
Richard est-il raciste ? Bien sûr que non, réagirai-je. Cependant, c’est une question à laquelle il convient que chacun y réfléchisse avant de donner une réponse et des explications.
Je vois d’ici la meute qui attend le faux pas du malheureux qui ose se jeter dans l’aventure.
Le gouvernement vient de s’en sortir par une pirouette, sans circulaire, avec des instructions qui donnent des critères précis sur le bon profil du candidat à la carte d’identité provisoire.
Il paraît qu’ils sont 25.000.
L’Office des Etrangers continuera à faire la pluie et le beau temps. Les 25.000 sont un moyen de faire taire les autres qui seraient plus de 100.000.
Voilà pour les clandestins.
Van Rompuy serait-il un raciste honteux ?
Le reste de la population venue d’ailleurs est soit devenue belge, soit en instance de l’être suivant une procédure qui s’étale sur 3 ou 6-7 ans suivant le statut de réfugié politique ou de réfugié économique. Les autres aspects de l’accueil, comme le regroupement familial, les étudiants, le protocole entre Fedasil et l'Office des Etrangers, la législation sur la nationalité et la lutte contre les mariages de complaisance, seront abordés en septembre.
Les plus gros importateurs de mains d’œuvres étrangères ont été les industriels. Il paraît qu’après la saignée de 14-18 nous manquions de bras. En réalité le but recherché était de faire pression sur les salaires. De cette époque à aujourd’hui, le patronat a toujours été à la pointe de l’immigration. L’ouvrier étranger est un kleenex que l’on jette plus facilement. Les saisonniers l’attestent. Il faut attendre la crise de ces dernières années pour réfréner l’ardeur patronale. Paradoxalement, aujourd’hui les bénéficiaires de l’immigration de masse sont les plus virulents nationalistes de droite, depuis la montée du chômage et du désert économique.
C’est à partir des années 80 que l’immigration interne à l’Europe est devenue externe et c’est à partir de ces années-là que l’intégration des résidents étrangers pose un problème de quantité, et de société avec la différence des mœurs et coutume, c’est-à-dire de culture par rapport aux autochtones perturbés.
Van Rompuy gère la situation sans trop s’avancer sur un terrain électoralement miné.

extranjeros.jpg

Comme les rapports entre les deux communautés nationales, moins on parle de l’immigration et mieux on se porte. Il s’agit surtout de ne pas trop réfléchir sur les transformations de la nation qu’entraîne l’arrivée massive d’immigrés économiques. La thématique s’est réduite à opposer au discours du Front National, un discours de la gauche tout aussi simpliste.
Le patronat ne pouvait ignorer que ses travailleurs érangers allaient faire souche et appeler d’autres immigrés afin de constituer des diasporas dont certaines vivent désormais en autarcie.
Cette conséquence naturelle n’a pas été mesurée à sa juste importance, pourtant on ne pouvait en ignorer son caractère inéluctable.
C’est encore une idée fausse de la gauche de croire que le mélange des cultures est un plus. A part quelques intégrations réussies, le constat d’un grand déclin culturel du français est palpable dans les écoles.
Le public populaire qui goûtait aux spectacles « classiques » a disparu au profit d’un cosmopolitisme qui, à défaut de se rassembler sur une des langues nationales, en est réduit à des borborygmes rythmés.
Il correspond à une paupérisation des populations allochtones et autochtones regroupées par le manque de travail, sinon par l’offre d’un travail discriminant. Le manque d’intérêt que leur portent « les imbéciles heureux qui sont nés quelque part » qu’ils soient de Rabat ou de Liège fait le reste.
La société multiculturelle est une farce qui n’aura pas de sitôt son Molière. C’est une construction artificielle de rêveurs d’une gauche romantique qui ne vit pas au contact permanent avec les gens du dessous. Elle participe à quelques événements collectifs où son intérêt est de s’y faire voir.
Aujourd’hui ceux qui s’enthousiasment d’un devenir métissé de la Belgique affrontent ceux qui sont envahis par le « fantasme sécuritaire ». Ces derniers tiennent les étrangers responsables de la détérioration du climat social, alors que ce climat dégradé est essentiellement le produit d’un système économique dévolu à l’appétit de quelques grosses fortunes..
Là où il y a urgence, on ne voit personne, à savoir la lutte contre l’abaissement général du niveau économique et culturel dont les étrangers seraient rendus responsables, alors que c’est l’économie qui détruit la culture, pour en promotionner des ersatz rentables.
Réduit à la valeur d’une boîte de poudre à lessiver, l’art est devenu une machine à décerveler.
Le dialogue impossible entre les droites et les socialistes est remplacé par l’injure.
Le fascisme, comme le gauchisme, ne seraient-ils pas les étiquettes de tout ce qu’on n’aime pas ?
Afin de dire clairement ce que les citoyens pensent de l’afflux et le rôle des immigrés en Belgique, sans haine ni parti pris, il conviendrait d’abord que la démocratie ne sanctionne que les actes contraire au Droit et non pas les idées et les Associations. Réprimer les pensées et les intentions annoncent des affrontements.
Arrêtons les discours pour ne rien dire. Ce n’est pas ainsi qu’on résoudra le problème de l’immigration..
Van Rompuy, quant à lui, a choisi une autre manière de ne rien régler. Le Premier ministre fait commerce. Un commerçant est d’accord avec tout le monde.

21 juillet 2009

BHL au JDD : le PS est nase !

On peut faire la moue à entendre BHL parler de lui-même sous le couvert d’un portrait des autres, ne pas lire ce qu’il écrit depuis qu’on n’est jamais arrivé au bout de son premier ouvrage de philosophie et enfin trouver insupportable ses concepts de la vertu ou du vice des Etats à travers sa vision du libéralisme ; cependant, il peut arriver en politique intérieure, qu’il ait raison. C’est notamment le cas de son interview à JDD (Journal du Dimanche) sur le PS français.
Son point de vue, on peut l’étendre au Parti Socialiste belge, non pas qu’il accuse un coup de fatigue comme celui de Martine Aubry ; mais parce qu’il se trouve lui aussi à la croisée d’un chemin idéologique alors que s’effondrent les raisons qui ont conduit le socialisme à la social-démocratie.
Pour BHL, Martine Aubry serait la gardienne d'une "maison morte", vouée à la démolition. Ce que confirment quelques pointures du PS, sans qu’il faille beaucoup tourner autour du pot pour le dire.
L’autodestruction est visible, même de Belgique.
« On est à la fin d'un cycle. Le PS est dans la situation du PC de la fin des années 1970, quand la désintégration s'amorçait et qu'on tentait de la conjurer par des formules incantatoires sur - déjà - la "refondation", la "rénovation".
En Belgique, la gauche de rechange n’existe pas. C’est la chance de Di Rupo. Jusqu’à présent, les voix qui se perdent, par désillusion, vont au Centre et à Droite, Ecolo recueille un socialisme critique qui trouve un exutoire dans la protection de l’environnement.
Jusqu’à quand ?
La crise à laquelle le PS belge ne répond pas, jette à la rue de plus en plus de travailleurs. Quel est l’oligarque du PS suffisamment connu et suffisamment indépendant qui fédérerait le mécontentement ? Di Rupo a toujours coupé toute possibilité d’expression à un courant opposé à sa politique collaborationniste. En faisant et défaisant les ministres, il tient la face émergente du PS sous sa coupe. C’est là toute son habileté. Tandis que Martine Aubry a raflé la mise en France non pas par un plan de redressement, mais par la haine des coalisés à Ségolène Royal.
BHL : « Aubry est sûrement quelqu'un de très bien. Mais il ne s'agit plus, à ce stade, des qualités de tel ou tel. Elle est dans le rôle de gardien de la maison morte et elle n'y peut rien. Les mots, d'ailleurs, disent tout. On parle du "rappel à l'ordre" de Manuel Valls. Rappel à l'ordre... Le socialisme termine en caporalisation... »
Donc, le PS va mourir ?
BHL : « Non. Il est mort. Personne, ou presque, n'ose le dire. Mais tout le monde, ou presque, le sait. Il est comme le cycliste d'Alfred Jarry qui pédalait alors qu'il était déjà mort. Ou comme le chevalier d'Italo Calvino dont l'armure était vide. Il est mort. »
L’interviewé a beaucoup lu, on ne lui fera pas le reproche de citer Maurice Clavel, dont on se souvient du tonitruant « Messieurs les censeurs, bonsoir ! ». Pour vaincre la droite, il faut d'abord briser la gauche. », réflexion d’un maoïste, certes, mais qui n’exprime pas tant le désir de remplacer la gauche par l’extrême-gauche que de remplacer une gauche molle par une gauche dure.

2bhlps.JPG

Les points de convergences entre le PS français exsangue et le PS belge essoufflé sont nombreux. Le plus évident, c’est le manque d’idées qui donnent l’espoir qu’on peut changer le monde. Cette volonté BHL ne la découvre pas chez Aubry, comme je ne suis pas le seul à ne pas la découvrir chez Di Rupo. Est-ce la fonction de président du PS qui le façonne, mais tous les présidents à commencer par Léo Collard ont fini par ressembler à un vieux prof de chimie du secondaire que j’ai connu dans le temps et que je n’ai jamais vu qu’en cache-poussière blanc avec un éternel nœud papillon. Bien longtemps plus tard, en lisant Guignol’s Band de Céline, j’ai trouvé que son personnage, Borokrom, un chimiste proche de la pègre et connu par la police, pourrait préjuger le futur de l’actuel président.
Il est clair pour la plupart des socialistes français et belges que « le PS est quand même le parti qui les protège, qui administre les régions. », quoique, en Wallonie, les affaires judiciaires en cascade des mandataires du PS sont en train de détruire ce sentiment de protection. Mais il faudra faire avec tous ceux qui ont bénéficié d’une « largesse », d’un passe-droit plutôt et qui constitue une clientèle suffisamment attachée au PS belge pour que celui-ci perdure encore un certain temps sans projet et sans volonté de changement. D’autant que cette clientèle n’a pas vraiment de convictions de gauche. Il suffit de faire un tour dans la commune d’Ans pour voir que l’on peut voter pour un socialiste sans avoir des convictions socialistes.
Une ultime réflexion de BHL : « Ce n'est pas parce que Sarkozy débauche des socialistes que le socialisme se meurt. C'est parce que le socialisme se meurt que Sarkozy peut débaucher. »
Il y a un peu de ça en Belgique, dans la collaboration entre les partis, quand le PRL, le parti libéral, était dans les majorités - il n’est plus qu’au Fédéral, à présent - on sentait bien et on sent encore l’emprise que le monde libéral exerce sur le PS belge. Et si cela ne s’appelle pas de la collaboration active, on se demande ce que c’est.
Bien sûr un obsédé de la liberté de comptoir comme Louis Michel, ou un faiseur de mots comme Reynders n’ont jamais débauché un socialiste, tout juste ont-ils séduit un Maingain (FDF) ou un Deprez (ex PSC) ; mais, les ministres PS au Fédéral pensent tout à fait comme eux et, restant au PS, corrompent celui-ci de la pensée libérale mondialiste. C’est pire !
Enfin une dernière réflexion de BHL valable pour les deux partis « Mais, quand son surmoi marxiste s'est écaillé, le PS (français) s'est laissé infiltrer par une idéologie réactionnaire, littéralement réactionnaire, dont il ne guérit pas. »
Entièrement d’accord, en Belgique aussi !

20 juillet 2009

Crever tranquille.

On n’a jamais vu, dans une société aussi criminelle, l’aplomb avec lequel elle entend juger les exactions, anormalités, petits génocides, passés, futurs et d’ailleurs, qui passent par ces grandes oreilles.
C’est gonflé quand on voit le dégât des inégalités sociales. On dirait que le monde du dessus va bouffer le monde du dessous dans un cannibalisme social, rentabilité contre bas salaires et chômage généralisé, qu’à côté les Arméniens boulottés par les Turcs en 17, auraient été un amuse-gueule.
Des vertueux ont voulu sans rire instruire le procès de Christophe Colomb coupable d’extermination des Indiens ! Pourquoi pas Nabuchodonosor et quelques autres, Jules César, Alexandre, etc, les prétoires vont faire des heures sup.
Ce n’est pas assez, nous ne nous contentons plus de juger les crimes passés, il convient que les nouvelles générations entrent en repentance, comme si elles en pouvaient que leurs grands parents étaient nazis et leurs aïeux, des colonialistes.
Les camps, les fours, la haine, c’est épouvantable, mais pas plus que Gengis Kan et Drakul l’empaleur quand ils exerçaient leur métier de dépeceur. Toutes ces horreurs ne sont pas des exceptions. C’est la nature humaine. On s’étonne qu’avec ces mœurs, on compte sept milliards d’hommes, depuis le temps qu’on s’étripe !
Mais en quoi dois-je me repentir ? Mon arrière grand’père a été privé d’école par la société bourgeoise de la Belle époque. Le pauvre, il est descendu dans la mine à l’âge de 9 ans ! En quoi cet homme est responsable des « missionnaires » de Léopold II qui au Congo, dit-on, faisaient couper les mains des voleurs ?
Nous en sommes à cette évidence que la liberté de pensée est réservée à ceux qui pensent comme tout le monde. Si, par effronterie, vous vous insurgez contre cette repentance à la mode, si vous en avez marre qu’on vous culpabilise d’oublier l’holocauste, si vous vous demandez dans quel merdier inégalitaire cette démocratie vous fourre, et combien de morts cela va faire, alors votre compte est bon. Faites gaffe au mot de trop. C’est l’infamie garantie, les ligues contre vous, même les syndicats vous mordront les mollets…

place.jpg

Le tribunal nouveau tranche de tout, enfin… pas des murs mitoyens, les petits méfaits au quotidien, non. Plus le temps ! L’heure de la vérité historique a sonné. Les hécatombes sont seules dignes des juges et accessoirement, les imprécateurs qui les nient. Exemple, une injure raciste. C’est moche, il est vrai. Mais enfin doit-on juger tous ceux qui ne sont pas dignes ?
Un salaud qui fauche l’épargne de cent mille gagne-petit, c’est quoi ? Un banquier honorable.
On avance comme dans un film. On vous dit de lever la tête, de regarder tout ce qu’il y a de bien, mais défense de regarder ce qui colle aux chaussures. La merde, oui, elle a existé. Elle existe ailleurs, mais pas chez nous, les citoyens bien repentis, bien marris de la duplicité des ancêtres, de la méchanceté en Iran, de la sournoise Chine, de l’inavouable Ben Laden.
On nous dit la morale pour notre bien, évidemment, sans savoir qui nous la vend. Où se retrouvent les habitués du casino capitaliste, des subprimes, du clash des banquiers, de la friponnerie des cumulards de la politique, des patrons abusifs et de la mondialisation qui vide les usines d’Europe ?
On va bosser de plus en plus durement pour des redressements toujours nécessaires.
Et ça marche !
Qu’est-ce qu’on lit en pleine crise, dans un marasme tellement noir que même les économistes les plus branchés le qualifient de jamais vu, sur une planète qui crève sous les emballages plastiques, les couches d’ozone et les merdes radioactives qu’on va laisser aux suivants :
« Cinquante-cinq professions ont été identifiées par le Forem comme étant "critiques" en Wallonie en 2008. Certains métiers sont "en pénurie" depuis plusieurs années mais 16 nouveaux métiers ont fait leur apparition sur la liste. Les métiers d'infirmier, de couvreur, de tuyauteur industriel ou encore de "maintenicien" des systèmes thermiques, climatiques et frigorifiques, etc sont qualifiés de critiques depuis plusieurs années. »
Voilà qu’on a besoin « d’ergothérapeutes, de polymainteniciens, des agents d'encadrement de la construction mécanique, des techniciens d'installation d'équipements industriels et professionnels ou encore des « mainteniciens » en électronique. »
Pourquoi pas des « coupagistes » de cheveux en quatre, des « dévergondagistes » pour maison de plaisir, des « tamponistes » pour débrider les abcès des milliardaires ?
Merde, est-ce qu’on va enfin nous foutre la paix ? Est-ce que c’est trop demander de pouvoir crever tranquille ?

19 juillet 2009

Un clown au Fédéral !

On ne savait plus où le fourrer. Di Rupo en était obsédé. On lui a fait une petite place au Fédéral, le revoilà ministre des pensions et des grandes villes ( ?), mais qui donc ? Michel Daerden, pardi !
Drôle d’idée, les grandes villes ! Les petites n’intéresseraient personne ? Il faut être en Belgique pour créer des ministères comme ça !...
C’est tout de même paradoxal ! Voilà un gars qui se fait élire avec le plus grand nombre de voix de préférence, qui est on ne peut plus populaire, donc le parangon du suffrage universel et que les coincés, censés représenter le peuple, dédaignent !
Pour un peu, on taxerait Daerden de populisme, alors que du côté des coincés on compte des présentatrices de télévision, des fils de, des pêchés à la sauvette des grandes institutions et de l’industrie et quelques hommes de radios, comme s’il n’y avait pas dans leur façon de se faire connaître un peu du Michel Daerden ! A certains de leurs titres, ils sont tous populistes ! Quant à être populaires, c’est une autre paire de manches.
De l’ensemble de la classe politique belge, Daeerden est le seul à s’être fait connaître grâce à ses défauts, plutôt que ses qualités. Mais il s’est fait tout seul, comme sur la foire d’octobre « sans aucun appareil, sans aucun accessoire ».
Voilà encore une pierre dans le jardin de la démocratie bidon : comment un citoyen peut-il se faire valoir « par des choses qui ne dépendent point des autres, mais de soi seul » (La Bruyère) dans une société d’esbroufes, de paillettes, de friqués et de maffieux ?
La grosse blague que tous les citoyens partent à l’égalité des chances dans la course au pouvoir !
Daerden a trouvé la solution, ou plutôt son tempérament y a pourvu.
C’est un poivrot abonné au Standard football club de Liège. A force de bafouiller de bonheur quand son club marque un but, il fait rire le supporter, électeur à l’occasion.
Enfin quelqu’un qui fait rire par sa manie, son tempérament comique, son attachement au football, bref il a pigé la façon d’être populaire.
Ce n’est pas Rudy Demotte, président de la Région wallonne qui pourrait en dire autant avec son air de cocker malheureux et sa façon de dire « caca » à la télévision, prenant un air pincé et du bout des lèvres, implorant l’indulgence « kââkââ » !...
L’entrée du clown de Herstal au fédéral, chez Van Rompuy, ne fait pas que des heureux en Flandre. Les éditorialistes flamands voient le nouveau ministre d'un mauvais œil. La N-VA est particulièrement remontée. Ils ont un clown concurrent : Bart De Wever. C’est l’éternel différend entre le clown blanc à paillettes, jouant du saxophone (Bart) et l’auguste, le nez rouge et jouant du bombardon (papa Daerden).
Le parlement fait penser à un cirque d’hiver avec sa piste au centre et les gradins autour.
C’est même une reconversion possible, si on continue dans la connerie.
Déjà que le chef du groupe N-VA à la Chambre s’appelle Jan Jambon ! C’est fou comme les flamingants ont des noms wallons, on a déjà un pied dans un spectacle à la Pierre Dac, du genre : le Jambon Daerden à la fuite au cul.

ansplat.JPG

Je sais, ce n’est pas drôle. Un spectacle, ça se peaufine. On a les artistes, manque plus qu’un Michel Audiard.
Rudy Demotte est tellement heureux de s’être débarrassé du clown qu’il en a dressé un portrait des plus flatteurs. Pendant ce temps le Soir écrivait : « Le clown a pris le dessus sur le ministre.», suivent quelques estimations du travail de « papa » au gouvernement wallon : Vision : 16,5/40. Action : 20/40. Communication : 10/40.
Il n’en reste pas moins que Michel Daerden est l'homme politique wallon le plus populaire. 63.580 personnes ont voté pour lui aux dernières élections. Cela compte encore, malgré les chefs de parti qui font et défont les ministres, sans solliciter l’entourage. Le populo l’admire.
« Papa » Daerden se soucie des gens. Il a l’allant de Guy Mathot, champion des bals du troisième âge. Il étreint les matrones comme personne. Cela fonctionne dans la Région liégeoise. Autre ville, autre mœurs, Guy Coeme à Waremme n’éblouit pas la rombière. Il plaît par son côté golfeur, son œil de velours et ses manières chics de socialiste mondain.
A Liège, c’est le côté guinguette, bastringue diraient les libéraux jaloux. Liège, c’est « la petite France ». Cela ne veut rien dire pour l’étranger. Pour les gens d’ici, le Français est cavaleur, grande gueule et sympa. Il boit sa bière en flattant le cul des femmes. Fausse image, bien entendu, mais elle correspond à Papa, au match à Sclessin, au 15 août en Outremeuse, la Jupiler à la main.
Les petits films de Youtube dans lesquels on voit un Daerden bourré, ont été regardés partout dans le monde. Ils sont devenus des films cultes pour ses électeurs.
Les autres enragent. Depuis qu’ils font de la politique un métier lucratif, ils n’ont jamais vu ça. Papa paraît s’en foutre.
Il va égaler André Cools, autre ardente figure. Qu’il se méfie, André a été descendu froidement devant son domicile. On ne sait pas encore pourquoi.
Le clown a quelque chose qui agace. Heureusement que les clowns enfilent une dizaine de gilets avant d’entrer en scène. Alors, s’il y en avait au moins un parmi eux qui serait pare-balles ?

18 juillet 2009

Souffrir utile !

-Alors, tu les prends ?
-Je ne sais pas.
-Quoi, tu ne les prends pas ?
-C’est pas lourd.
-Comment, c’est pas lourd, trois semaines !
-Attends, tu parles de quoi ?
-Comment, je parle de quoi ! Et toi du parles de quoi ?
-Des indemnités de Fourien. Je suis viré avec les autres. Une fournée de 160 gus !
-Moi, je parlais des vacances. Tu vas pouvoir y aller toute l’année veinard !
-Pourquoi je partirais en vacances, alors, puisque c’est toute l’année ?
-Tu pourras choisir tes dates. Partir quand c’est moins cher…
-Tu te fous de ma gueule ? Avec mes alloc de chômage ?
-Tu sens pas le besoin de changer d’air ?
-Et toi, tu pars ?
-Comme les trois quarts de Charleroi, je glande chez moi.
-Alors, pourquoi tu me fais l’article ?
-Parce que t’es toujours parti.
-Eh bien ! tel que tu me vois, je pars plus. T’as du culot. T’as jamais pris les tiennes !
-Je pointe depuis plus longtemps que toi.
-Moi, je commence.
-Tu verras on s’y fait. On respire l’air des terrils… On jette des pierres dans la Sambre pour faire des ricochets…
-A la Napoule je respirais à côté de l’égout au camping « Les flots bleus ». Les tentes étaient piquet contre piquet.
-T’étais libre. T’avais la mer.
-Fallait d’abord sortir du camp, enjamber des corps, longer les remises à bateaux, faire la route…
-T’étais au soleil…
-Tu sais combien ça coûte un coca en terrasse à Cannes ?
-Cinq euros ?
-Non, dix. Les Flots bleus derrière les Saints fainéants est à une demie heure à pied du bord de mer.
-Pourquoi t’y allais ?
-Marguerite a la bougeotte. Une sorte de maladie qui l’a prend au printemps. Faut qu’elle parte.
-Avec Fourien qui fiche son monde dehors, t’es sauvé des Flots bleus !
-D’autant que Marguerite à force d’enjamber des corps avait fini par se faire enjamber aussi…
-Ma femme le disait hier, pourquoi la famille Caquet va toujours au même endroit ?
-T’as compris que si on avait été ailleurs, j’aurais revu nécessairement un enjambeur que je côtoie aux Flots bleus et que ça m’aurait mis la puce à l’oreille…
- Comment ça se fait ?
-Je suis au courant sans l’être. C’est que des soupçons.

s456.JPG

-Te voilà rassuré, puisque tu pars plus.
-Qu’est-ce qu’on fout à Charleroi en été ?
-Rien. On s’emmerde. On attend.
-On attend quoi ?
-Un boulot pour partir en vacances. Un scandale à la Commune, ça divertit en attendant…
-Tu me dis que tu es tout le temps en vacances !
-Des vraies.. on attend de vraies vacances, avec des départs la voiture bourrée, les enfants qui se chamaillent et Mathilde qui rentre à la maison alors qu’on va partir parce qu’elle a oublié son nouveau string dans un étui à lunettes.
-Et rien foutre du matin au soir, ça te branche pas ? Tu t’organises comme tu le sens. T’as plus un con derrière toi qui te fait remarquer que t’es en retard de production…
-Je chôme depuis plus longtemps que toi, je vois même plus la gueule de mon chef dans mes rêves. C’est comme s’il avait jamais existé… t’es nouveau, tu peux pas comprendre. N’empêche je voudrais bien enjamber aux Flots bleus…
-Je me demande ce que je foutais chez Fourien. J’ai jamais rouspété, fait tout ce qu’on m’a demandé, pour quel résultat ? André Antoine me fait chier avec ses emplois à la con, juste pour abrutir le monde, sans promo, sans avenir… pour gagner trois ronds.
-Tu rejoins nos rangs, mon pauvre vieux.
-Ce qu’ils m’en ont fait baver, les salauds, et pour quelle perspective ? Celle d’aller trois semaines par an m’emmerder ailleurs. Tu parles d’un bonheur…
-Parole, on dirait qu’être foutu à la porte, ça te fait plaisir !
-Dans un sens, oui. J’osais pas dire à Marguerite que j’en avais soupé des Flots bleus, au patron que ça gueule ne m’a jamais plu et que l’Antoine, ses discours, il peut se les mettre où je pense. Après avoir entretenu jusqu’à mes 45 ans l’élite de ce foutu pays, le patron, ma famille et jusqu’aux rigolos de la Commune, voilà que je leur coûte, dis donc !... même si c’est pas lourd, c’est eux qui doivent les allonger. J’en jouis de bonheur !
-C’est pas moral de dire ça…
-T’es au chômage depuis dix ans. C’est pas à toi de faire la leçon.
-C’est pas la même chose. J’ai jamais tenu les propos que tu tiens. Je recherche un emploi, moi.
-Que tu ne trouves pas. C’est pas la même chose que moi ?
-Non. C’est tout différent.
-Ah ! et c’est quoi cette différence ?
-Moi, Monsieur, je souffre !....

17 juillet 2009

Ah ! l’insoutenable suspense !

Tous ces personnages soudains illustres en charge de nous driller pour faire de nous une armée de citoyens ardents à la tâche, le choc y est, mais il est petit.
Ah ! ce nouveau gouvernement régional… il est… il est… enfin il est.
Rien que des visages connus, anciennes stars relookées, des fidèles des trois Grands récompensés, et quelques nouveautés qui ne le sont que par hasard. Avec plus de curiosité, on les extrayait des entourages, on les retrouvait sur des photos de parti, sur les feuilles stencils de la propagande locale, d’anciennes affiches des environs de Mons, placardées devant la Collégiale d’Amay ou papiers chiffonnés sur les trottoirs de la rue des Deux Eglises.
Méfiance du suffrage universel, les nominations se sont faites loin de l’engouement ou de la détestation du grand public. Le vote n’est qu’un courant qui ne désigne personne.
Papa Daerden ira cuver son vin au fédéral en compagnie de Didier Reynders. Nollet ne pouvait pas le sentir, sa popularité était de mauvais aloi.
Le monde entier a désappris la politique, puisque les partis en place nous serinent qu’il n’y a pas d’alternative possible au capitalisme, alors pourquoi serions-nous faits autrement ?
Madame Houard pourra hisser autant qu’elle le souhaite les trois couleurs, le petit peuple à l’aune des grandes décisions ne vaut pas grand chose. Mieux, le peuple est un obstacle à la nécessaire adaptation des ministres à leur ministère. C’est la souveraineté du peuple en son absence, en quelque sorte. Sans lui, les élites envisagent avec confiance des possibilités insoupçonnées, des alliances « freak » dont l’esprit échappe nécessairement aux êtres inférieurs. Avec lui, c’est comme faire des choses avec la voisine devant la belle-mère en espérant que celle-ci ne rapportera pas à sa fille, les gestes obscènes du gendre.
Marie-Dominique Simonet s’en va corriger les copies de nos chères têtes blondes. Depuis qu’elle a été appelée en politique par Milquet, le mimétisme de la fonction la fige en sœur supérieure du collège des Oiseaux.

x94.jpg

Quant aux anciens de la brigade, Jeunophile par le bec, jeunophobe par ses actes, cette génération de ministres n’en finit plus de trinquer à l’éternelle jeunesse, la leur, évidemment. La preuve, elle refuse obstinément depuis plus vingt ans de lâcher les commandes au profit de la génération d’en-dessous.
Ces hommes et ses femmes sans qualité particulière, sans engagement conséquent, représentent le capitalisme idéal, lisse et capable encore de magnificence en leur particulier.
Qu’on se le dise dans le monde de la statistique, le partage de la richesse entre les générations s’est fortement déséquilibré au détriment des jeunes, sans oublier le plongeon général des salaires et des emplois. A vrai dire, ce détail de l’histoire n’est pas du tout interprété par nos nouvelles célébrités comme une obligation d’arrêter les rêves d’Amérique, les salles de bain à bulles et les bureaux design.
Les droits de l’homme en ses principes, voilà le bastion. Les droits des travailleurs, c’est une autre histoire. Plutôt de Casamance que d’Outremeuse, nous n’entendrons les grandes phrases que pour l’Outremer.
Le vieil homo economicus, bien classique, bien rationnel que n’anime nulle passion que son propre intérêt est bien le fils de l’union Milquet Di Rupo, et Javaux, l’éternel amant, dont on ne sait qui l’attire, lui ou elle.
On voit les cinq cents pages qui se déploient en grande surface des cinq chapitres, le discours sur l’égalité des droits bâchant les vertus de la compétition, nécessaire au redressement wallon !
Dans la gazette de Liège de 1850, on en parlait déjà du nécessaire redressement. Voilà près de deux siècles qu’on se redresse au point que cette manie de redressement serait une sorte de priapisme patriotique dont seule madame Houart aurait l’art d’en extraire la semence !
Reste à faire sourdre de la crise les frémissements de cet inouï redressement.
Comme jadis Yves Montand, ce petit monde de la gauche est à tendance Reagan.
On en palpite d’émotion.
Tout l’art sera de nous vendre l’ultralibéralisme sous papier recyclé de la gauche écolo.
Ce ne sera pas si ardu qu’il y paraît.
Le peuple a été bien travaillé dans le pétrin de la crise. Brassé par Di Rupo en mitron national, vendu au commerce de détail par Milquet « in fine », c’est l’ancien patro Javaux qui colle l’étiquette du label. Notre redressement est à portée à condition de plonger dans le mercantilisme le plus plat. Les amours entre le royaume de l’argent et notre nouveau gouvernement marshallisé sont rassurées de notre bon redressement. Rudy voit bien à notre déculottée que les vits sont encore vaillants.
L’intellectuel naguère prétendait défendre la bonne et sainte cause du peule. Rien n’a changé sauf la tactique. Il convient à présent de plaider la cause des patrons qui passent, bien entendu, juste avant le défense de la cause du peuple, pour des raisons supérieures que le suffrage universel, une fois exprimé, n’a pas à connaître.
C’est donc un gouvernement d’entrepreneurs chargé de séduire d’autres entrepreneurs. Ceux qui ne peuvent pas comprendre seront investis de la mission de bosser sous les ordres des deux autres.
Voilà enfin l’incontournable modernisation que la Wallonie attendait.
Ce n’est pas rien, quand on pense avoir échappé à l’autre modernisation, celle de Reynders, on peut croire à notre bonne étoile de petits veinards, pas très malins, pas très patriotes, pas très travailleurs, pas très engagés. On va pouvoir revoir en boucle l’enterrement de Michaël Jackson et finir le feuilleton people qu’on avait commencé avant toutes ces histoire auxquelles nous ne comprenons goutte.

16 juillet 2009

Revenir à Quaregnon.

Le progrès est un fourre-tout dans lequel s’entassent mille raisons et leurs contraires.
Bien tendu le socialisme-libéral est pour le progrès. Qui serait contre ? Oui, mais lequel ?
Si nous suivions le philosophe très controversé Pierre-André Taguieff, il se pourrait que l’expropriation du socialisme ouvrier, qui désire la justice, par le socialisme intellectuel (social-démocrate) qui désire le pouvoir, convainque d’accorder un sursis au libéralisme.
Cette idée, Taguieff la résume de la façon suivante : « La démocratie libérale n'est certes pas parfaite, mais elle est perfectible, elle est même le seul système politique à l'être. Elle doit être défendue parce qu'elle est le seul type d'organisation politique garantissant aux individus leur liberté d'agir et de penser. »
Cette idée de « méliorisme » suppose qu’on travaille à la perfectibilité du système. Sans quoi, laisser en l’état une chose qui nous apporte de tels malheurs serait de nature à nous faire croire que la démocratie se résume à un conservatisme malheureux.
Et c’est là qu’éclate la supercherie.
Toutes les crises du système libéral ne se sont pas soldées par une perfectibilité « naturelle » ou « suggérée » par les protagonistes de la crise.

perfect3.jpg

Bien au contraire.
Les journaux relatent quotidiennement les méfaits de la crise, sans qu’apparaissent les moyens de perfectibilité du système qui l’a créée, sinon de relativiser les dégâts par les partis de gauche au pouvoir ou, lorsqu’ils sont dans l’opposition, de proposer des programmes alternatifs de changement.
Qui ne voit dans le parti socialiste français le plus bel exemple de ce qui précède !
Le socialisme-libéral ne propose pas d’alternative. Il ne suggère que des moyens de protection des pertes subies par les plus démunis. Cette protection sociale n’est efficace qu’en fonction inverse de l’ampleur de la crise. Quand cette dernière augmente, la protection sociale diminue par l’effet du manque de moyens.
A la limite, le système libéral serait mieux à même de limiter ses archaïsmes économiques que le socialisme de collaboration et d’arriver à améliorer l’usine à gaz de cent cinquante années de libéralisme.
C’est sans doute la raison de fond du dépérissement dans l’opinion publique de la social-démocratie.
Les transferts des membres du PS à l’UMP de Sarkozy témoignent de la fragilité des différences entre cette gauche-là et la droite. L’expert qu’est Nicolas Sarkozy en matière de désagrégation des forces de gauche par des ouvertures à des personnalités socialistes, montre le président très au courant de la situation mauvaise de la gauche libérale.
En Belgique, la différence droite-gauche n’est qu’apparente. Le problème est le même, sauf que c’est la social-démocratie de Di Rupo qui est en place avec deux autres formations aux idéaux proches, pour une gestion pratiquement à l’identique de la crise que celle de la France de l’UMP.
Pour se sauver des honteuses collaborations, le seul recours est le renoncement au socialisme de culture libérale. Ce qui suppose un retour à ce socialisme des débuts ayant davantage le besoin de justice, plutôt que de pouvoir.
L’intellectualisation des niveaux de pouvoir pouvait être une bonne chose, à condition que le bourgeoisisme et l’élitisme universitaire ne formatent pas les socialistes de direction dans les stéréotypes bourgeois.
Cette condition n’ayant pas été remplie, c’est l’effondrement d’une doctrine et le ridicule de l’intelligentsia de gauche. Il suffit de penser à une connerie et de dire l’inverse, disait Coluche, pour obtenir l’accord des foules.
Encore un petit effort et le socialisme sera mûr pour la mondialisation « heureuse » version d’Alain Minc !
Comment revenir en arrière pour se ressaisir en plongeant dans ses racines ?
Lire le premier paragraphe de la Charte de Quaregnon me paraît un bon exercice. « Les richesses, en général, et spécifiquement les moyens de production, sont ou des agents naturels ou le fruit du travail - manuel et cérébral - des générations antérieures, aussi bien que de la génération actuelle ; elles doivent, par conséquent, être considérées comme le patrimoine commun de l’humanité ».
Ce texte cite à la fois les agents naturels et le fruit du travail, reconnaît l’héritage des générations antérieures, et admet comme acquis l’existence d’un « patrimoine commun de l’humanité ». Reste à gérer pour les générations futures dans les limites des agents naturels, le travail de l’homme.
Comme rien n’existe des nouvelles techniques de gestion que suppose cette profession de foi, les socialistes ont du boulot.
Ce n’est pas pour les siècles prochains que nous travaillons mais pour les années prochaines. Les générations futures sont déjà nées.
Si très vite la social-démocratie ne prend pas conscience des événements qui se précipitent, elle sera balayée par une nouvelle gauche.

15 juillet 2009

Le plan du plant…

L’Olivier est planté en Wallonie et en Communauté française. Sur cette perspective, que pouvons-nous savoir ? Rien, sinon ce que la presse en voudra bien dire. Il paraît que l’accord fait 500 pages, il n’égale pas sans doute en qualité d’écriture le roman de Flaubert, Madame Bovary, mais il n’en est pas moins le support sur lequel vont s’ordonnancer cinq années de notre vie. Même si la lecture en est fastidieuse, cet accord devrait être à la disposition du citoyen qui le demande, c’est une question de démocratie. Or, à ma connaissance, il ne l’est pas !
Aucun site officiel n’en mentionne la moindre trace !
Voilà donc des citoyens de tous les partis qui se félicitent de quelque chose qu’ils ne connaissent pas !

olivier4.JPG

Toujours cette fameuse démocratie par procuration, le maître mot est faire « confiance ».
On ne fait que parler des accords de bonne gouvernance ! Avant l’accord, il y en aurait eu de mauvaises ? Et on voudrait que l’on ait confiance !…
Hier, RTL recevait Didier Reynders sur les 500 pages. Apparemment, il en avait commencé la lecture, puisqu’il en parlait comme quelqu’un qui a étudié assez le document pour en deviser posément. Mais ni le téléspectateur, ni même la bonimenteuse de service ne pouvaient pas débattre d’une chose qui ne leur était connue que par ouï-dire !
Il y a bien quelque part des privilégiés, ne serait-ce que ceux qui ont rédigé la brique de 500 pages, qui ont une bonne connaissance de l’accord ? A moins… comme chaque poste est affaire de spécialistes, il est vraisemblable qu’aucun des auteurs de l’accord n’en connaît l’entièreté…
Au moins Elio Di Rupo, Joëlle Milquet et Jean-Michel Javaux, puisqu’ils ont présenté ce dimanche à Namur l’accord de majorité entre PS, CDH et Ecolo, l’auraient négocié chapitre par chapitre, à moins qu’ils aient eu des moments de lassitude au cours desquels des chefs de cabinet, des secrétaires particuliers se soient substitués à nos trois grands penseurs régionaux.
Si cela s’avérait exact, voilà un accord qui nous engagerait pour l’avenir, sans que personne n’ait pu le décortiquer dans sa globalité !
D’après les commentaires de ceux qui affirment avoir lu quelques bribes, l'Olivier n'apporte pas "le changement attendu". On respire ! Si l’olivier avait apporté des changements depuis un tas de mesures que personne n’a lues, cela aurait pu être pire.
Les journaux nous rapportent que le programme a été bouclé le jour de la saint Olivier. Ce qui serait un signe encourageant ! La dernière discussion s’est faite au pas de course les yeux fixés sur le calendrier.
« Que l’on croie ou non aux saints, c’est vrai que cela a dynamisé la fin de nos discussions. Comme quoi, il faut toujours y croire un peu », a ironisé M. Di Rupo.
Il y a deux saints Olivier que l’on fête en juillet. L’Irlandais Olivier Plunket aurait introduit 20.000 soldats français en son pays. Il fut dépecé et vidé puis pendu à Londres. Si c’est celui-là que le trio choisit, cela fera plaisir à Monsieur Gendebien et aux rattachistes ; l’autre conviendrait mieux, c’est un moine bénédictin d'Ancône, mort en 1050 et détail qui plaira au chef du PS, son histoire est très obscure, contrairement à son culte, puisqu'il s'agit d'un des patrons protecteur d'Ancône en Italie. Il est dit de lui : « Un moine bénédictin d'Ancône qui se sanctifia en suivant fidèlement la Règle de son Père. ». C’est l’olivier idéal : Italien, fidèle et ayant un rapport au Père ! Ce saint homme ne pouvait être que PS dirupolien..
Tout ce qu’on sait de l’Accord, c’est qu’il prône un retour à l’équilibre budgétaire en 2015. Vous avez bien lu, dans six ans ! Autrement dit, on fait des accords pour refiler la patate chaude aux suivants !
Evidemment, le plus important sera de déterminer les postes et à les répartir entre les trois partis.
On peut déjà prévoir que les ministres vont s’engager, eux aussi, sur des accords qu’ils n’auront pas lus !
Dans les quelques citations publiées par les journalistes apparaissent de-ci, de-là, des expressions reprises du répertoire de Joëlle Milquet, spécialiste des lieux communs réaménagés en expressions modernes, comme « bassins de vie », « métiers de cœur » pour les crèches, les provinces seront « recentrées sur leur compétence ».
Pour les « cinq axes », c’est bien parti dans le style maison, celui qui défie la crise et les temps de plus en plus durs par des mots en sucre fondant, pâte molle et guimauve.
Les cumulards seront peinards jusqu’en 2014
Le « plan global », nous l’avons pour 5 ans au moins, sera dépendant, évidemment, de la conjoncture économique. Par exemple, les Wallons paieront toujours la redevance télé quoique papa Daerden ait juré le contraire. La politique flamande de spécificité territoriale jouera un rôle indirect dans la poursuite des objectifs wallons. Citons la volonté d’améliorer les pensions et les allocations familiales en Flandre, une Région qui perturberait par ses performances, une Wallonie moins ambitieuse.
Bref, cet accord, les citoyens et les hommes politiques sont incapables de l’explorer en son entier. C’est une aventure qui risque de finir en tribulations gesticulatoires.

14 juillet 2009

Croyance et laïcité.

On ne sait si ce siècle sera religieux ou ne sera pas. Ce qu’on sait déjà, c’est que ce siècle sera celui des habiles qui feront croire des choses aux naïfs qui ne vérifient pas par eux-mêmes la valeur de ce qu’on leur donne à croire.
La plupart de ces derniers n’ont que ce verbe aux lèvres conjugué à la première personne : « Je crois ! ». Si ce n’était dommageable que pour la personne qui croit, mais elle n’aura de cesse que vous croyiez vous-même par la foi qu’elle exprime. Quand elle réussit, vous l’intéressez ; sceptique, elle vous couvrira d’anathèmes.
Dans certaines régions du globe, il est assez malsain de ne pas se convertir.
Les habiles ne procèdent pas de la même manière. Ils spéculent sur leur talent de faire accroire aux autres ce qu’ils ont imaginé de mieux pour leur piquer des sous et accroître leur pouvoir. Les plus forts finissent par croire eux-mêmes en leurs inventions. L’esprit de la représentation les a complètement submergés dans sa théâtralité première. Ils incarnent par substitution au divin !
La croyance est une attitude de l' esprit qui affirme, selon des degrés plus ou moins grands de probabilité, la réalité ou la vérité d' une chose, sans pouvoir en administrer la preuve.
Je ne peux croire en l’écran de mon ordinateur, puisqu’il existe et que je l’ai devant moi. Ce n’est pas un objet de croyance. C’est une réalité. Par contre je ne peux percevoir ce qui n'existe pas.
L' objet de la croyance est une représentation fantasmée.

vcvc4.jpg

Devant une collection de barbus à l’air inspiré qui proclament qu’ils perçoivent ce que vous ne percevez pas, par suggestion vous pourriez être persuadé qu’à votre tour vous percevez ce qu’auparavant vous considériez comme une chimère. Mais, pour autant avez-vous perçu autre chose que le rêve de percevoir ?
La force de la croyance en la réalité d' un objet inexistant, résulte de mon désir de le voir exister.
Le bon ou le mauvais prêtre est celui qui a ou qui n’a pas la capacité de vous donner ce désir.
L' objet de la croyance est invérifiable empiriquement... il se soustrait à la preuve.
Sa force tient bon par l’absurde, comme il n' existe pas il est... indiscutable !
La dispute entre les croyants et les incroyants est indéfinie donc inépuisable.
Toute l’erreur de Descartes est là, dans son premier postulat « L’existence de Dieu » puisqu’il part de la seule chose dont il est sûr pour vérifier le reste, dont il doute, alors que la chose dont il est sûr, est invérifiable !
Si le croyant touche au bonheur par le seul effet de croire, il peut communiquer cette recherche du bonheur à ceux qui ne croient pas et qui se mettront à « vouloir » croire dans le seul but d’être heureux.
Les certitudes sont denrées rares.
La seule chose que je sais, c’est que je ne sais rien, a prétendument dit Socrate. C’est un paradoxe et un mensonge. Socrate n’était pas ignorant au point de ne rien savoir. Il se bornait à se mettre en situation d’humilité par rapport à la somme des savoirs. Or le croyant n’a cette humilité qu’après avoir déclaré qu’il était par sa foi absolument certain de l’existence de dieu. C’est donc une fausse humilité que de croire et se mettre dans les mains de dieu qui décide du reste.
L’interprétation de la volonté de Dieu s’est soldée de tous temps par d’effroyables boucheries. Evidemment, il y a eu beaucoup d’interprétations faussées par le pur intérêt des prosélytes meurtriers.
Le véritable ignorant, c'est celui qui croit qu'il sait.
Le croyant est par conséquent avant tout un ignorant. La preuve, c’est qu’il refusera tout ce qui est susceptible de remettre en cause ses visions et la tranquillité d' esprit qu' elles procurent...... Que faire face à un croyant animé d' une fureur criminelle – supposée être la décision divine - ce qui est souvent le cas des intégristes ?
La seule règle possible est de considérer la croyance comme la poursuite d’un mythe personnel et inaccessible aux autres ; ainsi toute interférence entre la croyance et la politique est impossible.
Le seul gouvernement possible est donc un gouvernement laïc, farouchement laïc et toujours sur le qui-vive. Toutes les concessions faites en matière de religion ayant un caractère public ou de masse est attentatoire à la liberté de tous.

13 juillet 2009

Tous récidivistes.

On ignore la manière dont les Autorités vont mettre les banques au pas.
Après les déclarations enflammées de la majeure partie des pays de l’Europe des 27, si l’on excepte les pays anglo-saxons toujours aussi follement amoureux du laisser faire, les autres n’ont cessé d’employer des mots très durs pour stigmatiser les dérives.
La réalité est pourtant devant nous. Il avait été convenu qu’on allait prendre des mesures afin d’empêcher les excès de salaires des dirigeants de la banque. Le critère était le ratio de trésorerie, c’est-à-dire le rapport entre les actifs liquides à court terme et les dettes.
Les PDG de la plupart des banques fragilisées – c’est-à-dire celles qui ont été sauvées en partie par les avoirs publics – et dont le ratio est en déséquilibre, se sont augmentés de 30 % en moyenne par rapport aux exercices précédents, sur le temps que des agences se fermaient et que des employés quittaient les entreprises avant l’âge de la retraite ou étaient purement et simplement licenciés. Dans ses dernières déclarations, Jean-luc Dehaene président du conseil d’administration du groupe Dexia, alors qu’on le lui demandait expressément, n’a pas voulu donner des éclaircissements sur son salaire ! On aurait pu attendre de la part d’un homme politique parachuté dans une banque en souffrance, plus d’adhésion à la nouvelle politique au projet de laquelle il a contribué !
Ceci au moment où les partenaires de l’Olivier débattent du sexe des anges sur la manière de boucler leur budget. On peut être certain qu’il n’y aura même pas un chapitre « éthique » sur le cas précis des banques si généreusement abreuvées par Didier Reynders avec notre argent.
Bien entendu, nos oliviéristes – des fois qu’on leur poserait la question – ont une réponse toute faite. C’est une question qui concerne le fédéral. C’est propre, pratique et ça ne veut rien dire, au contraire, c’est le signe que les Régions s’en désintéressent.
Alors que les Régions – exemple la Flandre – ne se privent pas de prendre des initiatives de toute nature, l’Olivier n’a même pas essayé de « moraliser » par des contraintes, voire des amendes, le secteur bancaire implanté chez nous.
Dans les autres secteurs, rien n’a changé non plus.
Prenons le secteur de la grande distribution.
Une lecture des journaux nous amène au vif du sujet :
Du Soir la nouvelle du jour « Le montant de quatorze cents du litre de lait vendu par les magasins de distribution, concédé la semaine dernière par la FEDIS aux producteurs de lait et qui devait alimenter un fonds de solidarité pour les producteurs laitiers, va finalement être assumé par les consommateurs, révèlent samedi plusieurs quotidiens. »
Ce montant de solidarité de 14 cents le litre est trop lourd à supporter par la grande distribution ! On croit rêver devant les bilans des grandes surfaces comme Carrefour ou Delhaize. L’argument de ce dernier n’est pas pour une lecture des âmes sensibles. L'enseigne se défend pour sa part en expliquant qu'il est interdit de vendre à perte en Belgique et que la marge bénéficiaire du lait, 1er prix, est inférieure à 0,14 euro !
Par ces petits détails, on voit bien que la crise n’a pas moralisé les entrepreneurs et les banques. Que la loi de l’offre et de la demande ne joue jamais que pour assurer les grandes entreprises d’une volonté d’imposer les prix et d’augmenter leurs marges.
Il y a vraiment quelque chose de vicié dans les rapports entre les gens qui travaillent et les gens qui exploitent.

madoff5.jpg

On se demande même comment nos politiques n’y ont jamais pensé. Ceux qui sont à la base de cette crise financière mondiale se conduisent comme des récidivistes spécialisés dans les détournements et les escroqueries. D’après les statistiques ils sont à égalité avec les psychopathes pour les chances de récidives.
Autrement dit, les visiteuses des prisons le savent bien, ils sont inamendables, avec ceci de particulièrement versatile, c’est qu’on les croit guéris, alors qu’ils nous jouent la comédie pour recouvrer au plus vite le champ de leurs exploits.
Au dernière nouvelle, Carrefour a également augmenté ses prix samedi matin.

12 juillet 2009

Avec ou sans voile ?

Faut-il ou ne faut-il pas autoriser le port de la burqa ?
Aussi convaincu que l’on puisse être de supprimer cette gangue hostile à l’émancipation des femmes, il y a aussi la liberté de pratiquer un culte et d’en porter les signes distinctifs. Même si pour moi, tous les cultes sont des conneries, il reste la liberté du choix, qui doit être respectée.
Par scrupule métaphysique, je reviens sur une chronique que j’avais déjà faite à ce sujet.
Aujourd’hui, je ne suis plus certain de rien.
C’est la première fois que je vois une femme voilée de la tête aux pieds en plein centre dans les galeries Saint-Lambert. C’est assez impressionnant ! Qu’est-ce qui pousse ces femmes à s’emprisonner sous des voiles, alors que leur religion et le coran ne mentionnent cette obligation nulle part ?
Excès de passion religieuse, obéissance à un mari, honte irrépressible à montrer son visage - la vraie pudeur n’est-elle pas de cacher ce qui n’est pas beau à faire voir ? - mode singulière, de toute manière, quelle que soit la motivation, la burqa ne fait pas avancer la cause des femmes ; de même que la députée CDh « foulardisée » de Joëlle Milquet ne prouve pas que la présidente de ce parti fait preuve d’ouverture dans sa lutte pour l’égalité des sexes, mais qu’elle met plutôt un doigt dans un engrenage dont on ne sait pas jusqu’où il nous conduira, tout en étant certain qu’elle ne défend pas les principes d’un Etat laïc.
Le ou la burqa ( برقع) désigne deux vêtements traditionnels des femmes musulmanes d’Asie centrale. L'un est un voile fixé sur la tête, par-dessus un hijab, avec une fente permettant de voir.
L'autre forme, le chadri, « burqa complète » ou « burqa afghane », est un vêtement aux mille plis qui rayonnent autour d'une calotte brodée, qui couvre entièrement la tête et le corps, ne laissant aux yeux qu'une meurtrière grillagée permettant de voir (mal) sans qu’aucun trait du visage ne soit discernable. Il est couramment appelé « voile intégral » en Occident.
Voilà pour la description.
On ne sait pas si cette mascarade est interdite à Liège, comme elle l’est d'au moins deux zones de police locale, Bruxelles-Ouest et Maaseik.
En principe, comme en Mai 68, le discours où il est interdit d’interdire a ce côté libertaire qui m’a toujours plu. Mais, si le bourgmestre Demeyer permet le port de la burqa au nom de ce principe, il doit savoir qu’il n’a jamais été appliqué en Belgique et que, s’il a le sens de l’équité, il devrait accepter que des Liégeois déambulassent vêtus de leurs seules chaussettes ! Attentat aux bonnes mœurs diront les chaisières ! Admettons. Promenez-vous avec un masque représentant le roi ou la reine, ou même un simple loup de carnaval hors de la période entourant le mardi-gras, vous ne ferez pas cent mètres en ville sans que la maréchaussée vous intime l’ordre de l’enlever. Jeune et décidé à vous marrer, vêtez-vous d’un uniforme de général ou de la soutane d’un évêque, vous finirez la soirée dans la fourgonnette des services de police pour vérification d’identité.
L’Etat a toujours légiféré sur la tenue vestimentaire et on se demande pourquoi il serait plus laxiste pour la burqa ?

auvent.JPG

Le bourgmestre Demeyer se serait-il converti à l’Islam et, dès lors, favorable à la burqa par soucis de fidélité à la tradition afghane adoptée par les ayatollahs intégristes d’Iran !
On sait comme les socialistes sont partisans de la purdah qui désigne une pratique empêchant les hommes de voir les femmes depuis les avatars d’Anne-Marie Lizin et les récents soucis de la « belle doche » d’Elio à l’aéroport de Charleroi.
C’est la loi du rideau, dixit Coluche, « circulez, il n’y a rien à voir ! ».
Plus sérieusement, si le port de ces accoutrements à masquer les femmes est un signe d’asservissement, alors, même Milquet devrait voter l’interdiction.
Il n’y a guère, les religieuses catholiques cachaient leur féminité sous de pareils accoutrements, sauf pour le visage. Que je sache, personne ne le leur interdit. Il est également vrai que, soit par suggestion, soit par volonté délibérée, les encapuchonnées d’hier et d’aujourd’hui le font par choix.
Les contraintes religieuses inventées par les prêtres ou remises à la mode par excès de zèle des ouailles, sont les pièges à cons des croyances. Il y a chez l’être humain un goût de l’uniforme par désir ostentatoire du paraître. La tenue « pour plaire à dieu » est surtout celle qui le fait connaître. La publicité est dans tout.
Du côté de Seraing, on a vu dans l’entre-deux guerres des Antoinistes habillés de redingotes et portant une sorte de chapeau claque, genre buse de poêle.
Est-ce que le législateur n’a pas autre chose à faire que lutter contre les lubies, les sottises, les excentricités, le goût du déguisement, qui ne sont après tout que des effets de mode, plus qu’une vocation sérieuse et intangible ?
Mais cette folie peut gagner les foules ou lui être imposée.
Pour s’assurer que le prosélytisme imbécile ne nous asservît pas, il serait plus avisé de pousser plus avant une éducation laïque et refaire une place à la rationalité et à la philosophie dans les enseignements moyens.

11 juillet 2009

Et toujours Israël !

L’information de nos jours est aléatoire. Elle se fait grâce à des centres d’intérêt qui se démodent rapidement. Par exemple, les ayatollahs d’Iran doivent une fière chandelle à Michael Jackson. Grâce à lui, les affrontements entre la foule et les « tontons macoutes » du régime de Téhéran n’ont plus été perceptibles et encore moins commentés. L’ennui, c’est que même le lecteur ou l’auditeur attentif dans le grand public ignore où l’on en est. La situation n’attend pas que l’on revienne de l’enterrement du siècle pour évoluer.
Il devrait y avoir en permanence dans les journaux papiers et dans les journaux blabla au moins un petit suivi de ce que l’on a présenté comme crise grave à grands renforts de trompettes.
S’il y a bien une info persistante, lancinante et que l’on escamote même quand elle fait son coup de sang, c’est bien la situation en Palestine.
Certes, on a vu Obama enjoindre à Netanyahu de trouver une solution au conflit permanent avec les Arabes de Palestine, quelques déclarations des autorités ont été publiées lors de deux ou trois éditions se rapportant au drame. Le gouvernement détestable de « Bibi » constitué de la pire extrême droite, avec un ministre des affaires étrangères Kadima qui fait le pompon, a fait sursauter dans les chaumières, puis tout le monde s’est rendormi ; alors que c’est tous les jours que les Palestiniens souffrent sans que l’opinion publique chloroformée par une diaspora juive qui sait y faire, se réveille.
Vaste complot, hypocrisie mondiale, peu importe, mais il y a une situation vieille de plus de trente ans soutenue par les Occidentaux, qui n’aura de fin que lorsque les anciens habitants de la Palestine seront boutés dehors ou exterminés. Ce n’est pas un génocide, pas encore, mais c’est une extermination lente, méthodique, effroyable dans le but connu de créer un grand Etat juif sur les terres volées à leurs légitimes propriétaires.
L’ONU condamne, les Etats désapprouvent l’attitude belliqueuse de Tel-Aviv, tout en assurant Israël d’une amitié indéfectible et pendant le temps de la gesticulation, les colonies sur les terres volées se poursuivent, le mur est pratiquement terminé et des millions de Palestiniens ne peuvent ni sortir ni rentrer chez eux sans passer par les postes frontières gardés par une soldatesque juive dont le principe est clair « tu m’écrases un œuf, je t’écrase un bœuf ». Les raids de représailles succèdent aux raids de répression, c’est un massacre permanent, une spoliation constante, un déni de justice continuel avec le silence gêné parfois des Occidentaux et l’approbation de certains pays, comme les Etats-Unis qu’ils soient dirigés par Bush ou par Obama.
Quand on compare les exactions d’Israël avec celles que Saddam Hussein a pu faire dans son propre pays et sur ses compatriotes – même si Saddam était un despote et que sa mort ne fait pleurer personne – c’est cent fois que l’ONU et une police internationale auraient dû intervenir et mettre le holà dans les crimes perpétrés par Tsahal, plutôt que réagir mollement à l’intervention de l’Amérique en Irak, après que les dirigeants US aient trompé tout le monde avec la soi-disant bombe nucléaire que Hussein préparait dans ses arsenaux.
Il y a ainsi des peuples malheureux et qui ne sont secourus par personne parce que leur agresseur est grandement influent dans le monde.
Les pires crimes sont baptisés génocides ou répliques défensives selon que l’on soit une nation criminelle misérable ou puissante.

lemur5.JPG

La puissance d’Israël est faite des dons de ses ressortissants à l’étranger, de ses liens avec les Etats-Unis qui leur ont apporté les armements, y compris l’arme atomique, et les techniques pour s’en servir. Comment cela est-il possible ? Par l’influence occulte de ses partisans dans la politique, dans les médias, les spectacles, les sciences, par l’adroite confusion des genres faisant à jamais du peuple juif, un peuple martyr. Usant adroitement de cette boucherie sans nom que furent les camps de concentration de 40-45, Israël se sert de l’holocauste 65 années plus tard, comme d’un permis de tuer, comme si l’effroyable datait d’hier, et qu’il faille encore donner des gages à la troisième génération, au nom d’un repentir leitmotiv sans fin.
En fonction de ce qui précède, Israël peut tout se permettre. C’est le peuple martyr pour l’éternité.
Voilà son principal fonds de commerce. Jusqu’au jour où ce pays ira trop loin.
Cependant on se demande après tous les crimes commis, devant le dessein d’annexer toute la Région, son hypocrisie diplomatique et sa mauvaise foi, on se pose la question de savoir ce que signifie « aller trop loin » pour ce pays qui ose tout et trouve à sa botte des oreilles complaisantes, comme il trouve toujours à des carrefours de l’art, de la science et des médias l’un ou l’autre sympathisant volant à son secours, anéantissant tout effronté qui oserait dire autre chose.
Dans le spectacle, par exemple, on a bien vu comme le pauvre Dieudonné avec ses bouffonneries qui valent bien celles des sympathisants du Grand Israël, s’est fait déboulonner de partout et comme la presse et les milieux du show-biz l’ont proprement débarqué de la scène. Etonnons-nous que larguer par « les amis d’Israël » c’est-à-dire à peu près tout le monde du spectacle, il se soit jeté dans les bras de l’extrême droite…
On se doute qu’en dehors d’un cas aussi superficiel, dans les profondeurs des Etats, des affaires et des banques, la diaspora traite autrement les affaires beaucoup plus sérieuses.
On comprend pourquoi les Palestiniens se méfient de nous. On ne peut pas leur donner tort.

10 juillet 2009

Sylvio et les « veline »

A juste titre, on peut écrire et dire pis que pendre de Sylvio Berlusconi.
Ce blog ne s’en est pas privé.
Le cavaliere bat tous les records en matière de transgression. Tout y est passé : corruption, prise de participations douteuses d’initié, 50 % des moyens de diffusion de l’information sur toute la péninsule, un show plus qu’une gouvernance avec une ancienne prostituée strip-teaseuse dans le gouvernement, débauche de mineure, vulgarité, populisme, etc.
Et, d’un autre côté, on peut savoir gré à cet homme d’affaire sensuel et richissime d’éclairer les tares d’un système dit démocratique jusqu’à des dérives qui progressent encore, faisant de la démocratie italienne une caricature, en même temps qu’elle montre le chemin que peuvent prendre les autres.
Grossies par les médias dont il a la clé, les débauches du Président du Conseil loin de lui valoir la réprobation de son électorat, lui donnent au contraire une réputation de mâle italien qui flatte l’ego d’une couche d’électeurs non négligeable.
Les couloirs du Parlement italien ressemblent aux galeries couvertes du Palais Royal de Paris sous la Régence de Philippe d’Orléans. On n’y parle que des relations de l’Etat avec les péripatéticiennes.
A l’heure où l’Italie s’enfonce dans le marasme économique, alors que le chômage atteint des sommets, les parlementaires de l’ancienne école ressassent la promesse que le Cavaliere aurait faite à la belle et peu farouche Patrizia D’Addario de lui donner un siège au Parlement européen.
C’est bien par l’effet d’une démocratie déboussolée que Sylvio au lieu de coucher dans une cellule d’un centre d’incarcération se roule dans les draps de satin du palazzio du premier ministre, avec des créatures divines à sa dévotion.
Et c’est là qu’il m’épate. A lui tout seul, il fait plus de dégâts que tous les brigadistes, les gauchistes et même les partisans de Ben Laden réunis dans les consciences bourgeoises, au point que cet homme est une vraie bombe.
Mais qu’est-ce qui fait que tout le monde lui pardonne dans les classes du bas de l’échelle ? L’un de ses trucs est la vulgarité. C’est un homme de spectacle des télévisions à paillettes dont on raffole dans les campagnes de la Lombardie aux Pouilles. Sa démarche est dans le fond anarchiste. Il détruit l’idée noble que l’on se fait du pouvoir.

On rit de ses saillies, de ses grossièretés. Ici, nous les inscrivons dans les gaffes diplomatiques. En Italie, on en suffoque de plaisir à s’en taper les cuisses !
Quand il accueille la chancelière allemande d’un « Coucou Angela », c’est tout juste s’il ne lui met pas la main aux fesses. La télé berlusconienne s’empare de la « facétie ». L’Italie de la Commedia dell’arte se déboutonne, se débraguette et pète de bonheur à la lune sur les quais du Tibre devant le mausolée Saint-Ange qui fait la gueule.
D’une certaine manière le pouvoir se désacralise, en même temps qu’il nous montre dans le rôle du Pantalone romain les limites réelles du pouvoir politique, tant lui, Berlusconi, milliardaire, se sent à l’aise par la supériorité de l’argent, partout où il va.
Il peut dire « je n’en ai rien à foutre » ou « va te faire enculer » à n’importe qui. On l’a même vu faire deux doigts derrière un de ses ministres sur une photo officielle, tout en riant comme un potache qui en fait une bien bonne.
Et puis, il fascine pour son argent, sa flotte d’avions, ses villas, et son bagout de nouveau riche, signe qu’il n’est pas encore rassasié de sa gloire financière vieille d’au moins trente ans.
Est-il poursuivi par la Justice italienne pour une sombre affaire de gros sous, il monte un parti à la diable, se présente aux élections, ses millions font le reste. Il est élu. Aussitôt, il fait voter une loi qui l’immunise de toute poursuite.
On aurait tort d’aller plus loin dans la moquerie sans prendre la mesure des retombées du berlusconisme partout en Europe. Tous les Etats en sont éclaboussés.
La démocratie à l’italienne est devenue la bête noire des autres Etats qui craignent que sous la caricature on ne découvre chez eux d’autres « personnages », plus cérémonieux, certes, plus respectueux aussi, mais qui, dans le fond, cachent sous les traits de l’honnête homme un fond aussi nauséabond que le sien.
Le Berlusconisme est une aventure comparable au fascisme. Sauf que tout se passe en douceur. Il n’y a pas de crimes, seulement de petites saloperies qui font rire entre amis ; mais, par son pouvoir financier et médiatique ayant touché par ce levier au pouvoir politique, il a vidé ce qui restait de propre dans le système démocratique et montré par là que celui-ci n’était plus qu’une enveloppe vide qu’avec de l’audace, de l’argent et du bagout, n’importe quel voyou peut s’approprier.
Pour cette démonstration, merci Monsieur Berlusconi. Ce que j’écris depuis toujours espérant éveiller les consciences, est drôlement plus efficace quand c’est vous qui faites passer le message !

9 juillet 2009

Les soldes.

Nos élites ont finalement admis que nous subissons une crise et une récession, mais encore, que la banque n’était qu’un panier percé par les subprime. Tous partis confondus, ils se sont empressés d’y mettre des rustines à coup de milliards prétextant que nos pauvres employés de banque allaient finir à la rue.
Devant le traumatisme général, après ce sauvetage dont le caractère douteux et les faux prétextes apparaissent au grand jour, nos élites et notamment notre ministre des finances nous ont promis des réformes. Mais les chefs, au stade suivant, dès qu’on parle de viser des détenteurs de magots colossaux pour des réformes pratiques et qu’ils jugeaient cependant nécessaires, ont tendance à noyer le poisson dans de nouveaux discours.
Même Di Rupo, malgré ses penchants libéraux, ses marchands du temple socialistes et son royalisme intransigeant l’acculant au bourgeoisisme servile, a néanmoins exigé « qu’une plus grande clarté soit faite et que des sanctions soient prises. »
Milquet et Javaux n’auraient pu mieux dire, l’une parce qu’elle adore se bercer et bercer les autres de ses « in fine » qui n’aboutissent jamais, l’autre parce que son air franc et sincère conservé du Patro, inspire confiance pour le renouveau attendu.
Du reste, de Reynders aux trois compères, il était aisé de voir, avec eux, que l’Europe ne disait pas autre chose et qu’on allait suivre Sarkozy le plus farouche défenseur des réformes dans son ascèse contre la bête capitaliste.
C’était il y a six mois, en quittant la douche froide, les yeux pleins de savon tandis que le monde cherchait en tâtonnant le moyen de s’en sortir.
Aujourd’hui, à part redonner du punch aux banques avec de l’argent qu’il faudra rembourser aux mêmes, rien, absolument rien ne s’est passé !!!
Les salaires des Notables du CAC 40 grimpent en flèche, les parachutes en platine descendent chaque jour du ciel à la grande joie des enfants et des libéraux, des bonus monstrueux rameutent les escortes de call-girls vers les grands hôtels de Monte-Carlo pour le redémarrage du luxe.
Aucun des privilèges de la classe du dessus, celle qui se fout de la crise alors qu’elle l’a provoquée, n’a été dérangé. On n’a touché à rien.
On a fait payer Madoff. L’exorcisme a réussi. Ce New-yorkais n’était pas du même monde. C’était un boyard vaguement russe, un petit juif à peine dégrossi qui confondit synagogue et Wall Street.
L’abolition de l’exploitation de l’homme par l’homme, ce sera pour une autre fois, pour une crise plus profonde. Et encore, certains ont des solutions radicales. Pour en finir avec l’exploitation de l’homme par l’homme, il suffit de tuer l’homme. Lequel ? Mais celui des deux qui empêche l’autre de goûter aux joies de l’existence. Tuer est évidemment ici une image. Abrutir serait un terme plus adéquat.
Alors, les ventes à découvert si attentatoires aux benêts de l’épargne, la titrisation : cette manière de balayer ses merdes sous le tapis des autres, le flot de « produits dérivés » la mort-aux-rats des alcôves de la Bourse, toute cette boue enfin qui submerge l’homme au travail, personne parmi nos élites politiques n’y a touché et n’y touchera jamais.

titrinfl2.JPG

On préfère, hein ! Di Rupo, enfoncer le pays dans un déficit public monstrueux, raboter sur le social, exclure les mal aimés du système et sur ce petit argent si nécessaire à la survie du plus grand nombre, on va construire des prisons, gonfler les rangs de la police et pousser partout la surveillance électronique. Forcément, cela va grogner de plus en plus dans les chaumières !
Alors qu’on sait bien où est l’argent, le bel argent qui déplace les montagnes.
De toute manière, quand nos élites seront certaines d’avoir trouvé la valeur qui ne se dégrade pas, l’or, le diamant, les bons garantis d’Etat, quand ils en auront bourré leurs coffres, le flot de l’inflation viendra laver toutes les souillures, emportant du même coup les économies des petites gens et réduisant à néant les espoirs du plus grand nombre.

8 juillet 2009

Ça avance !...

Eh bien voilà ! L’Olivier a progressé. Nos pépiniéristes ne l’ont pas encore planté, mais c’est tout comme.
Ils se réunissent afin de discuter de la composition du terreau le plus approprié pour que l’arbre fasse de belles et longues racines plongeant jusqu’à nos cœurs offerts.
Ce qui n’empêche nullement quelques conneries au passage.
Nos artistes du marché sur place (mieux que Jackson) « se sont ainsi accordés sur la création d’une autorité de contrôle indépendante, dépendant du parlement wallon. ». Quand on vous disait qu’il est tout à fait impossible d’être vraiment indépendant en Belgique. La preuve, voilà une autorité indépendante dépendante !
C’est tout à fait comme la Justice, indépendante dépendante depuis 1830.
Une procédure afin de régler les conflits d’intérêt est prioritaire. Avant un programme pour sortir la Wallonie des tréfonds, il faut pouvoir régler un conflit d’intérêt. Qu’est-ce qu’un conflit d’intérêts ? C’est l’histoire d’un mec qui porte des valises pour un autre à Genève et le jour du conflit d’intérêt, il s’achète une Rollex pour voir tourner les aiguilles de sa montre aux îles Caïmans, dans une premier temps. Dans le second, il revient, l’effronté, affronter la justice indépendante dépendante.
Quand le conflit d’intérêt est indiscutable et prouvé, l’homme à la valise est inéligible juste le temps de se reconstruire et redevenir bourgmestre. Il entre dans la catégorie des dépendants indépendants, une sorte de purgatoire, avant de reprendre la qualité d’indépendant dépendant. Si vous saisissez la nuance ?
A moins que le conflit d’intérêt soit autre chose, par exemple en éthologie, un chien qui aurait deux maîtres, mais aussi deux écuelles ?
Le règlement à l’amiable des conflits d’intérêt serait donc l’expression la plus élaborée de notre démocratie.
Madame Milquet, les yeux de plus en plus cernés, ne cesse de parler de règles. C’est étonnant pour une femme relativement discrète de nous faire savoir qu’elle aura changé d’époque, quand elle aura fini les siennes.
Il paraît que c’est une obligation au CDh. Tout le monde doit être réglé. Même Delpérée a droit à un cycle de 28 jours, nécessaire à son cerveau pour pondre une petite chose que madame Milquet féconde à la présidence du bureau suivant.
« On a adopté des règles que l’on prône depuis longtemps » annonce-t-elle. Di Rupo en a aussi, mais les siennes sont plutôt douloureuses, avec toutes les casseroles des indépendants dépendants qu’il trimballe !

olivier.jpg

Quant à celles de Javaux, elles sont vertes comme Isabelle Durant. C’est un parti encore assez frais, les militants exigent la transparence. C’est du propre. Heureusement que c’est à huis clos.
La phase suivante de l’opération jardinage, les négociateurs ont abordé les trajectoires de l’olivier. Cela relève d’une balistique assez particulière. Les dossiers s’élèvent majestueusement jusqu’à toucher le plafond des bureaux des ministères. Puis, ils disparaissent. On pense placer des boîtes noires dans chaque dossier pour les retrouver en cas d’accident.
A Bruxelles, ça marche mieux que prévu. La réunion a commencé hier à 15 heures pour se terminer à 14 heures 45. il est vrai qu’on ne parlait que de sujets mineurs, l’économie, les relations entre ministres de sexes opposés, etc.
Du côté flamand, ça tourne rondement. Ils ont engagé plusieurs traducteurs pour des traductions simultanées, quand un député d’Anvers parle à un député de Hasselt, c’était nécessaire.
Chez eux, un texte global doit servir de base à un accord. Ils sont confiants sur le global et même peut-être sur l’accord, c’est sur le texte que ça coince. Personne n’est arrivé à traduire en flamand, le français dans lequel il était rédigé.
On espère franchir bientôt les derniers écueils.
Le gouvernement Peeters II peut être pour la fin de la semaine ?
De ce côté-ci du rideau de fer linguistique, on hésite entre Elio XV, Joëlle II ou Javaux Ier.
C’est que les nouvelles dotations ne seront plus qu’en faveur du roi et de son successeur. Dans le trio tête de gondole, il y en a un qui se fera baiser.
C’est un conflit d’intérêt. La Commission d’éthique n’est pas encore en place… Dilemme !...
Reste que les trois qui s’évertuent à planter l’olivier ont perdu de vue que la seule urgence est de refonder une nouvelle philosophie sociale.
La difficulté sera de le leur faire comprendre.

7 juillet 2009

Moonwalk serenade…

Il y a des people malchanceux. A-t-on idée de choisir le jour de la disparition de Michael Jackson pour décéder, alors qu’on a soi-même tenu la rampe de la gloire, au point qu’en 1976, Farah Fawcett vendait 12 millions de posters vêtue de son seul maillot de bain ?
Cette comédie de l’absence, que jouent les admirateurs, parviendra-t-elle à faire le lien avec le répertoire de l’époque suivante pleine d’incertitude ?
Est-ce voulu cette course à l’insignifiance ? Sommes-nous destinés à ne nous enthousiasmer que de non-événements ?
Notre siècle n’est comparable à aucune autre.
Nous sommes attirés par le trop-plein de certaines existences pour remplir le vide de la nôtre, jamais pourtant l’aspiration à vivre autre chose n’a été aussi puissante et générale.
Est-ce pour nous distraire du temps que nous consacrons à notre servage industriel que nous nous incarnons dans ces existences magnifiées par les médias, au point que des familles entières s’émotionnent et versent des larmes au décès d’un certain adulte qui se vivait enfant à près de cinquante ans, qui s’était construit blanc, alors qu’il était noir et dont les nombreuses prothèses sous prétexte d’esthétique, avaient fait de lui un objet de curiosité.
Nous nous désespérons de n’avoir pas de temps à nous, alors que nous galvaudons de précieux instants à nous ébaubir de pauvres diables qu’une habile publicité transforme en événement mondial !
L’urgence est au cœur de notre conditionnement. Nous sommes pressés. Sur la lancée d’un travail qui n’exige rien que de la rapidité dans la répétitivité du geste, croirait-on qu’au sortir des machines à produire, nous gardions l’habitude prise de courir encore et de ne nous arrêter jamais !
A gaspiller nos instants libres à des engouements puérils, nous sommes experts. Bambi en témoigne. Nous en aura-t-il soustrait du temps de notre jeunesse, alors que si l’on écarte de la vie le temps de l’apprentissage, puis de la sénilité, entre maladies, sommeil et souffrances diverses, il ne reste pas grand chose pour l’éveil de l’esprit… sauf celui au cours duquel nous avions à nous plaindre dans les rares instants où nous étions en bonne santé. Au sommet de l’intérêt, nous avions le moonwalk, ce back-slide inventé par d’autres et notamment le mime Marceau. Nous qui n’avions de notre vie vu un seul ballet classique, nous n’en revenions pas de l’art de marcher sans avancer !...
Rousseau parle d’espace mal rempli, à propos du temps que la nature nous dispense.
L’étrange est notre acquiescement à l’emballement social, aux exhortations de la FEB à nous voir plus assidus, plus empressés, plus adaptés à des courses de plus en plus longues, de moins en moins payantes.
Plus personne ne lit Sénèque et ne saurait méditer à « La brièveté de la vie ». Sait-on encore que Paul Lafargue écrivit un éloge à la paresse ?
Michaël Jackson, l’androïde, scella notre destin avec Thriller, son album aux 750 millions de copies vendues.

moonw3.jpg

Sommes-nous irrécupérables, la gorge se serre en voyant Madonna pleurer en direct depuis un studio de la BBC, Elisabeth Taylor rejoue sa scène d’une chatte sur le toit brûlant et Lisa Minelli, sur une chaîne française, peine à retenir ses fards qui se craquellent comme un sol victime de l’érosion.
Serait-ce que cette émotion bien orchestrée maintienne notre vie dans la norme bourgeoise qui a besoin que l’on ne pense pas en profondeur ?
Il y aurait donc quelque part dans les coulisses du pouvoir un donneur d’ordres secrets qui disposerait d’un calendrier des morts opportuns à exploiter, qu’une équipe se chargerait de faire disparaître régulièrement afin de maintenir notre attention d’un mois à l’autre ?
Et dès lors, la mort de Farah Fawcett à un mauvais moment serait due à une bavure de ses services ?

6 juillet 2009

Le français tel qu’on…

Les Francophones de Belgique ignorent l’importance de leur langue comme acteur principal dans le jeu politique qui les oppose à la Flandre.
Ce qui pose problème à la Flandre plus peuplée et plus riche, ce n’est pas l’établissement « d’étrangers » sur son territoire, mais que ceux-ci s’expriment majoritairement en français et éprouvent une visible répugnance à sortir d’une culture pour une autre qui n’est pas comparable.
Cette aspiration linguistique d’une langue est instinctive, par rapport à une autre regroupant laborieusement différents patois dans un idiome assez proche du néerlandais.
C’est comme la qualité d’un tissu, cela ne se discute pas.
Les politiciens ont beau faire, les parents soucieux de l’avenir du bilinguisme dans les professions choisies par leurs enfants pourront inscrire tous les étudiants du monde dans des écoles flamandes, le nationalisme exacerbé des flamingants virer au racisme et à l’exclusion, la langue française ne fera que progresser en Flandre.
L’hypocrisie est grande de nos mandataires politiques. Ils se rendent complices avec les adversaires de la francophonie de barrières linguistiques, approuvent tous les obstacles imaginés par les partis flamands les plus pointus à la défense de leur langue qu’ils assimilent aux droits du sol, relèvent à peine les mises en garde du Conseil de l’Europe contre les folies administratives et les discriminations d’un Parlement flamand, instigateur des coups fourrés des mandataires communaux de cette Communauté toujours au bord de la crise de nerf.

33118336.jpg

La littérature française est née à Strasbourg en hiver, le 14 février 842, très exactement.
Ce jour-là, deux rois proclamèrent en deux langues, l’une tudesque et l’autre romane, un Serment d’alliance.
Les commencements de la langue française s’inscrivent dans le droit fil de ses débuts littéraires.
Le français, notre français, ne provient pas d’un terroir, mais de la littérature.
Le père Bouhours, que La Fontaine considérait comme son maître, constate l’universalité de la langue française. La particularité du français est le juste milieu, entre la gravité orgueilleuse espagnole et la puérilité badine de l’italien.
Dans son discours sur l’universalité de la langue française, Rivarol pense que « le temps semble être venu de dire le monde français, comme autrefois le monde romain ».
Ce qui distingue notre langue des autres langues modernes, c’est l’ordre et la construction de la phrase. Cet ordre est direct et clair. Le Francophone note d’abord le sujet du discours, ensuite le verbe qui est l’action et enfin l’objet de cette action. C’est la logique naturelle à tous les hommes.
------
C’est dans la douleur que l’Olivier élabore le programme d’une nouvelle législature en Wallonie.
Il y a gros à parier qu’aucune stratégie de fermeté ne sera mise en place pour les prochains palabres autour de BHV.
Après avoir vu évoluer ces dernières années le trio de tête de cette xième mouture de programme, il ne faut pas attendre des merveilles de défense de la langue française partout où elle est implantée en Belgique.
Les Javaux, Milquet et Di Rupo tiennent bien trop au casting de 1830 pour risquer le moindre embarras autour de ce que nous sommes, de la manière dont nous nous exprimons et à laquelle tous les Belges parlant français sont attachés.
Le futur nous le dira. Malgré les pleutres, les lâches et les arrangeurs, la langue française serait bien capable de gagner la partie toute seule.
Plus que la culture, la langue nous l’entendons comme nous respirons.
Ces Messieurs de la défaite et de la résignation ne pourront rien faire contre leur opinion publique.
Qu’il s’agisse du libéralisme avarié, de la socialisation en panne ou de l’écologie de bout de chandelle, plus que l’anglais parlé si mal par Olivier Chastel, la langue parfaite des boutiquiers et du commerce, et le chinois, la langue des masses ignorantes de leurs droits, c’est quand même en français que se comprennent le mieux tous les traités du monde.

5 juillet 2009

C’est de la merde !

Jean-Pierre Coffe avait le pouvoir que Rabelais donne aux « motz de gueule ». On se disait, en l’écoutant « ce type a de la répartie », ce faisant, il prend notre défense : la mauvaise bouffe, c’est nous qui la bouffons. On ne savait pas que dans le verbe bouffer, il y a bouffon. Lui, c’est un bouffon didactique, une sorte d’imprécateur attentant à la personne royale : les entreprises de la bouffe en série, les maltôtiers de la vinasse, les empoisonneurs de la mise en boîte, les voltigeurs du frelaté et de l’anti-frais. Coffe pourfendeur et justicier incarnait à merveille le personnage. Ses images que nous renvoyait la télévision le montraient le panier de la ménagère au bras, discuter le prix de l’échalote aux maraîchers.
Son art de la table était de plein air. Son en-cas dans le pré se disputait aux insectes de saison. On le croyait élever des poules dans la basse-cour d’une ferme ancienne. Ne l’avait-on pas filmé en sabots sous des oliviers ? On ne voyait pas que ces sabots était du sur-mesure d’un chausseur parisien.
Avec Coffe « on frottait son lard ensemble » parce que le cochon était à l’étable et qu’il grognait la veille de son sacrifice dans la basse-cour.
On pensait que le chroniqueur avait fait son beurre de vache normande, comme par hasard et que ses débuts aux antipodes, chez Michou, ou dans les revues déshabillées pour touristes n’avaient rien à voir avec le don Quichotte du chapon qu’il était devenu.. On l’imaginait désintéressé, comme si cette expression aujourd’hui galvaudée pouvait avoir cours à la télé !
Quelques livres, des passages aux émissions de radio et de télé assuraient largement sa matérielle et, pour un homme magnifiant le repas à quelques euros, on ne doutait pas qu’il se désintéressât tout à fait de l’argent.
Ses plus beaux contrats étaient à base d’éthique entre le téléspectateur et lui. Ils ne lui rapportaient que de l’estime et un peu de la gloire d’être une star dans son domaine.
Les premiers doutes vinrent à son partenariat chez Drucker. Monsieur « formidable » montrerait-il une touche plus authentique avec lui à son public lambda ? Cependant, le maître fit bien voir que Coffe n’attaquerait plus désormais que ceux qui ne peuvent se défendre.
Quoique toujours vitupérant, il advint qu’on n’attribuât plus à ses gros mots que ce qu’ils recélaient de vulgaire. Les mois suivant, on se demanda ce qu’il fichait chez les stars aidant Drucker à étaler son petit matériel de cireur de pompes.
Le voile se déchira certains jours de mai, lorsqu’on entendit l’imprécateur sur Europe 1 vanter « le goût de vivre moins cher » chez Leader Price !

coffe_merde.jpg

Passer du côté des empoisonneurs après les avoir dénoncés, confine au cynisme le plus accompli.
On s’était trompé du tout au tout sur cet homme. Son but unique était de faire du fric. Il avait trouvé un filon exploitable, asséché, il s’était tourné vers un autre. Peu importe s’il est le contraire du précédent. Il lui resterait suffisamment d’inconditionnels lecteurs et auditeurs pour monnayer au maximum son ralliement à la cause adverse.
Cette fameuse phrase imputée à l’homme « c’est de la merde », il l’applique dorénavant aux détracteurs de chez Leader Price, celui-ci grand pourvoyeur justement de cette merdre tant décriée et aujourd’hui tant vantée.
Un journaliste de Marianne, sans doute réputé pour digérer du béton, a essayé d’avaler les produits que J.-P. Coffe, mandaté par Leader Price, envoie d’autorité dans l’assiette du pauvre monde.
Il recommande à ceux qui ne craignent pas l’ulcère à l’estomac, les filets de poulet rôti (qui laissent un goût désagréable), les saucisses fumées à l’acide ascorbique (laissant une odeur de viande rance), le blanc de dinde à l’odeur d’œuf moisi, le steak haché de saumon (immangeable), le pâte de foie (agent conservateur et colorants avec son odeur de pâtée pour chien), etc. etc…
J.-P. Coffe est devenu une sorte d’ennemi public, un danger de la table non encore maîtrisé qui aurait besoin de quelques intoxications alimentaires pour qu’on s’en méfie.
Franchement oui, Jean-Pierre Coffe, c’est de la merde, depuis qu’il est devenu le chantre de l’industrie agro-alimentaire et de son aval bancaire, la grande distribution.
Ces empoisonneurs publics ont copié la méthode Sarkozy. Pour détruire l’adversaire, il suffit d’en corrompre les plus fragiles comme le furent les Eric Besson et Bernard Kouchner.
Coffe n’a pas résisté au chèque avec quelques zéros.
Voilà une victime – consentante - de plus de la société de consommation, qui se sera fait connaître comme le roi de la mise en boîte. Il ne lui reste plus qu’à exploiter le créneau de l’assurance obsèques où il recommanderait à ceux qui ont écouté trop quotidiennement ses conseils, de prendre les ultimes précautions qui s’imposent après les digestions difficiles.

4 juillet 2009

Samedi 4 juillet…

Ne vit-on pas dans un monde étrange dont la réalité serait abstraite ?
C’est ce que pourraient se demander ceux qui plongés d’habitude dans les soucis du quotidien, intéressés par la situation difficile dans laquelle se débattent les hommes, guettent en vain une nouvelle captivante, pénétrante même sur le pourquoi des dérives actuelles toutes liées plus ou moins à l’économie mondiale, responsables à la fois du désespoir et de l’enthousiasme des hommes, comme aux prémices des futurs désastres écologiques, enfin bref, qui rencontreraient les soucis de légitimes réflexions .
Serait-ce qu’une série d’informations sur la situation réelle du monde ne serait pas la bienvenue dans la course immédiate au soleil des grandes vacances ? Plomberait-elle à ce point l’audience, jusqu’à compromettre la carrière du préposé aux étranges lucarnes ?
A moins… que la vérité des temps soit insoutenable à l’homme de la rue qui d’instinct donne seulement de l’importance à ce qui est léger et anodin ?
Souvent une réflexion profonde à laquelle les gens ne sauraient répondre sans dévoiler leur superficialité rencontre une totale inadéquation, une profonde incompréhension, voire le mépris de l’ignorance.
Celui qui en use s’exclut de la conversation de saison, comme s’il était incongru de sortir de la grande affaire du jour, ce tour de France avec Simpson et Boonen.
Au chevet du monde, à la levée du corps de la Belgique quasiment défunte, entourés des escrocs les plus hardis, entraînés vers des lendemains imprévus bien que prévisibles, sombrant dans le chaos d’une économie basée sur les recettes du gangstérisme, l’ambiance du funérarium pourrait être pire. Le carcinome est plus qu’indifférencié, il rend l’assistance indifférente. Le résidentiel de proximité est bon vivant. Il sert des mains. Faussement chaleureux, il se sent bien dans sa peau. Dehors le soleil brille encore. Dans un autre cercueil, celui-là sur le toit de sa voiture, il va serrer ses tenues sportives pour des marathons dans les thyms et les lavandes. Le veuf éploré – c’est d’habitude ainsi qu’on le dépeint – se perçoit comme le crissement des cigales. Tous les amants ont défilé devant la bière. C’est fini. Les souvenirs sont les indigestes moments dont il serait malséant d’en revoir les images.
La garce, elle a couché avec tout le monde et fauchée en plus, terrassée par la maladie, elle gît aux pieds des ministres intègres, comme on dit d’un individu retranché, qu’il est forcené.
Certains l’appellent par son nom, mais sans plus, dans une dernière prétention afin que l’on sache qu’ils étaient intimes, ou encore dans le doute qu’elle ne soit pas morte et que soudain ressuscitée entre le 15 et le 20 juillet, elle tende encore les bras vers eux afin de leur ménager d’autres petits rendez-vous gratinés, des petits coïts électoraux avec carte bleue et délires sexuels.
Ah ! oui, bon sang, le mari a été cocu, nous tous qui l’avons épousée en savons quelque chose.
Jadis gracieuse, elle est dans la boîte comme sa dernière apparition publique, méconnaissable, gonflée des prises de tout et des chimios et des faux espoirs.
- Jean-Baptiste ?
- Oui, Marie-Rose.(1)
- As-tu écouté la météo des plages ?
- Ça m’a échappé.
- Mais tu es… mais tu es… Comment doit-on s’habiller pour demain soir quand nous serons à Perpignan ? C’est de l’inconscience ! Où as-tu la tête ?

ljf6.JPG

-----
1. Qu'on ne se méprenne pas. On pourrait croire que dans ces chroniques la femme tienne presque toujours le méchant rôle, inconsciente ou tête de linotte. On pourrait aussi bien inverser les rôles. Je vais essayer de m'en souvenir. C'est, je l'avoue, un vieux réflexe de mâle d'être loin de la parité dans l'invention des personnages stéréotypés, entre l'odieux et la bêtise. A ma décharge, ce n'est pas moi qui ai décrété que Belgique était du genre féminin.

3 juillet 2009

Un pauvre, ça ne vaut rien.

Toujours à propos de la crise, c’est le grand guignol. Voilà à peine un mois que le FMI prédisait une croissance mondiale à la hausse, son patron Dominique Strauss-Kahn rectifie le tir. L’augure des augures déclare que le pire de la crise est encore à venir !
On n’en finit plus avec les comparaisons, la crise de 29, le marasme japonais des années 90. La crise actuelle, plutôt que la comparer aux anciennes déconvenues libérales, est-elle plus près de 29, de 37 ou de 1992, étant donné son caractère sans précédent, si on faisait l’inverse ? Si on comparaît les crisettes de 29 et etc. au maelstrom de 2008 à…. ?
Quant à emboîter le pas à Sarkozy, sinon à l’optimisme loufoque de Louis Michel, en idéalisant cette situation parce que le capitalisme financier aurait perdu la raison, mais que la « dure » loi du marché va bientôt remettre tout le monde au pas, si nous convenions une fois pour toutes que le capitalisme est sain d’esprit , que c’est dans sa nature de ne pas faire de sentiment et de prendre partout où c’est possible le maximum de profit, nous aurions fait une pas de géant dans la perception que nous en avons.
Je ne sais plus quel fantaisiste de la politique – c’est un membre du PS – qui a déclaré qu’il ne manquait au libéralisme économique qu’une éthique ! La finalité même du capitalisme – eût-il à ses trousses tous les curés de la social-démocratie – ne sera jamais que le profit, en tout lieu et toute saison et par tous les moyens. Comment imaginer une seconde de monter un système qui respecterait la justice sociale et l’équité, sans passer par une régulation démocratique actionnée par une fermeté politique, ce dont les libéraux et les socialistes de Di Rupo ne veulent à aucun prix.

vendr3.jpg

Evidemment avec le personnel politique qui est le nôtre, s’emplissant les poches sans cérémonie, usant des cartes bleues des circuits, des hôpitaux et des aéroports, c’est impossible.
Au niveau de l’Europe, l’ultra libéral Barroso ne dira pas autre chose, lui qui a besoin du rassemblement des droites pour rempiler.
On voit le contraire de ce qui serait bon pour les citoyens s’accomplir sous nos yeux. A tel point qu’au nom de la crise, on attire l’attention des gens sur le vieillissement des populations. Comment va-t-on payer les pensions gémissent nos libéraux, alors que sous la houlette de leur président, ils viennent de donner quasiment à fonds perdus des milliards aux banquiers, parfois même à ceux qui étaient parmi les plus criminels !
Et le gouffre de la sécu, le paiement des chômeurs, ruminent nos financiers et la FEB ? Vous ne vous rendez pas compte ? Tout ça pour réclamer que ceux qu’on flanque à la porte parce qu’ils sont trop vieux, travaillent jusqu’à 67 ans ! Si vous y comprenez quelque chose ?
Tout cela n’est évidemment pas sérieux On récupère l’état de choc provoqué par la crise pour s’en servir afin de rogner un peu plus sur les charges et les salaires. Le comble, c’est que ça prend ! Des directions avec un culot d’enfer demandent à leurs salariés la « permission » de réduire leur salaire, ou de travailler une heure ou deux par semaine pour rien ! Evidemment, le libre choix de dire oui ou non est tout à fait fictif. La liste des fortes têtes est dressée et est dans le tiroir du chef du personnel.
Une seule question s’impose : les progrès dans tous les domaines, les exploits techniques, les avions qui volent avec 500 passagers à bord, les découvertes en médecine, la science qui explore l’inconnu d’il y a à a peine vingt ans, n’ont-ils pas pour finalité de permettre aux hommes de vivre mieux, d’agrémenter leur vie par des heures de loisir, un confort nouveau et surtout d’élargir leurs temps libres au maximum ?
Si c’est pour d’autres objectifs que ceux-là, c’est que la justice, oui, la bête justice des cours, avec magistrats, avocats, procureurs n’a jamais fait son travail et surtout depuis la crise. C’est inutile d’aller chercher d’autres raisons. Les prisons devraient être pleines de banquiers, de traders habitués des corbeilles, de politiciens complices, eux-mêmes pris la main dans le sac. Je me fiche qu’un Madoff soit condamné à 160 années de prison. Il sert de paravent à la faune criminelle qui a vécu aussi bien que lui des vols et des escroqueries. Je préférerais cent fois que l’on distillât ces 160 années de peine entre 160 gredins de la finance qui tireraient un an de tôle avec confiscation du produit de leurs vols.
Madoff sert de petite poupée maléfique. Enfoncez-lui des aiguilles dans le cœur tant que vous voulez. Pendant ce temps, l’ombre s’étend sur tous les autres. Et puis Madoff, voulez-vous qu’on parie ? D’ici 5 ans, quand on aura oublié sa gigantesque escroquerie, passera par la porte de service du pénitencier, derrière laquelle ses proches et ses avocats l’attendront, pour finir ses jours à Malibu ou dans une île du Pacifique, tant on sait que le temps, la distance et le bleu des vagues, lavent tout.

2 juillet 2009

Singapour, 2 « classe affaire »


-Oui, Allô ! Oui, ma poupée, nous irons à Gstaad, ma belle, nous y séjournerons… Je sais un endroit au milieu de la vallée… Tu verras, l’altitude rougira tes pommettes. Dix jours, ça te dit… A cette saison les pistes sont encore ouvertes, neige artificielle... évidemment.
Allô, tu m’entends ? Oui, voilà, je t’entends aussi…
En attendant, ce n’est pas si mal, ici, en Andorre. Il faudra juste que je te laisse à l’hôtel, une heure ou deux, quand tu viendras, mercredi. J’ai une serviette, oui la noire, pour la Banco y Andorra. C’est calme. On y voit quelques Belges qui traînent dans le grand hall de marbre rose. Des gens très bien. Nos compatriotes à l’étranger se conduisent parfaitement. Mais, nous faisons semblant de ne pas nous connaître… discrétion oblige. Ce n’est pas comme à Benidorm. Tu me diras, nous n’allons jamais à Benidorm !
Ce qu’il y a dans la serviette ? Des papiers et encore des papiers. S’ils sont précieux ? Ceux-là le sont, comme tous les documents…
Au cas où je ne reviendrais pas, on ne sait jamais, tu sais comme nous vivons dangereusement depuis qu’on nous envie, je te laisse un numéro de téléphone. Tu sonnes, c’est à Bruxelles et tu demandes, le nom est sur le papier… Oui, c’est un ministre, ancien, mais il l’a été. S’il est Flamand ? Oui, je crois… mais très convenable. Tu lui diras seulement « Oscar a la mite bâchée ». C’est un Flamand bien élevé en français, il comprendra…
C’est une question de zéros, à partir de six, tout le monde comprend, tu saisis ? Non. Ça ne fait rien. Pourquoi j’ai pris le révolver ? Parce que je n’aimerais pas que tu te blesses. Allô !
Comment, je pars encore ! Mais, n’est-ce pas merveilleux, ce séjour, le luxe de cet hôtel. Cela mérite bien un petit effort… un rien de patience… N’oublie pas que je t’ai sauvée d’une situation bien pire, quand les grévistes envahissaient mon bureau. C’est petit de se sauver par la porte de derrière, surtout quand on est chez soi, que veux-tu, il y a des moments où personne n’a le choix.
Dorénavant nous allons voyager. Andorre ce n’est qu’un début. Oui, j’oubliais Hong-Kong, le mois dernier... certes, ce fut bref ; mais le Renaissance kowloon hotel est à Ocean Terminal…
Salisbury road, le centre commercial New World à deux pas de l'hôtel.… On a vu pire. Là, la serviette était brune. Tu te rappelles la couleur ! Tu es magnifique. C’était avant la grève et les casseurs… C’est quand même à Hong-Kong que tu as eu ton sac Hermès… oui, je sais, tu m’as acheté la Rolex, toujours à mon poignet.
Enfin, tout cela est déjà loin. Nous sommes à deux cents kilomètres de Toulouse, tu prends un avion taxi, non, tu préfères m’attendre ? C’est comme tu veux.

selling-a-house-01.jpg

Je te laisserai choisir pour la semaine prochaine entre Monaco et le Luxembourg. Oui, je plaisante, c’est à Monaco que tu aimerais que nous séjournions. Eh bien ! sauf imprévu nous irons dans la Principauté. Tu ne veux plus descendre au Métropole, cela te rappelle trop Bruxelles. Alors, ce sera l’hôtel de Paris. C’est confortable et puis nous y avons déjà séjourné, avec la valise noire, tu sais la spéciale, avec ses fermetures en plaqué or...
Allô, Je m’apprête à descendre. Tu n’aimes pas ce mot ? Moi, non plus. Je jette un œil à la fenêtre. Il y a un type sur le trottoir. Il ressemble à celui qui t’avait bousculée, sur le pont Adolphe à Luxembourg, il ya trois mois ? « N’y va pas ? » Pourquoi tu me dis ça ? Qu’est-ce qu’il fout à Andorre ? Si c’est un flic de Bruxelles, il faut qu’il ait un mandat négocié à l’International. Et si c’était le cas, tu penses, on me l‘aurait dit… J’ai encore reçu un mail de la Loge ce matin. Feu vert !... J’avais un pressentiment, figure-toi que j’ai failli aller au Liechtenstein. J’ai renoncé. Vaduz, en ce moment, c’est d’un mortel !...
Bon sang ! C’est quand même fort qu’on ne peut plus négocier quelque part sans se demander si le type qu’on croise sur le trottoir ne va pas vous descendre.
Si c’était à refaire ! Je serais sur une chaîne de montage à ne pas me faire de mouron. Oui, tu as raison, j’exagère. Ce serait insupportable. Je me demande comment ils font pour le supporter ? Ils ne sont pas sensibles comme nous… notre bon goût… la manière dont nous nous habillons, comme nous mangeons… Oui, oui, ce sont des rustres.
Tiens, le type est parti. Non, n’aie pas peur...
Alors, je sors. Je me risque. Ah ! je te jure, encore cinq voyages, puis basta !...
A mercredi … au tea-room. Je t’embrasse…

1 juillet 2009

La machine célibataire.

(Cet article est paru en février. Il se justifie de le republier en pleine crise économique qui se double en Belgique d'une crise de régime et aussi, faut-il le dire, à cause d'embarras techniques de transmission de textes qui dureront jusqu'à la fin de cette semains)

Le monde économique et le monde politique ressemblent dans la tourmente de cette crise à des machines célibataires.
Qu’appelle-t-on une machine célibataire ?
C’est un Système asocial séparé de la vie et qui marche tout seul, avec sa propre logique sans se soucier de la finalité générale. Exemple : la pensée organisée en chapelles, l'art, la mode, l'économie, les marques, les multinationales, la fonction publique, les boîtes de com', etc.
Prenons l’économie, érigée en système célibataire.
La logique voudrait que du plus stupide au plus brillant des économistes se posât la question de savoir ce que vaut le système économique actuel par rapport à la prospérité du plus grand nombre. Eh bien ! détrompez-vous, cela n’intéresse pas l’économie. Autrement, les statistiques parleraient un autre langage qu’elles ne le font, aligneraient des chiffres qui au moins jetteraient un trouble parmi les économistes.
Pourquoi, par exemple, ne fait-on pas la comparaison avec l’argent en circulation aujourd’hui et celui indispensable comme monnaie d’échange entre ceux qui produisent ? On verrait vite que la masse incroyable de capitaux sur le marché est incommensurablement supérieure à celle nécessaire. On ferait la preuve que d’une économie basée sur le travail, et dont chaque pièce de monnaie représentait un effort produit, donc une valeur, on est passé à des spéculations non plus sur le travail, mais sur le papier monnaie s’empilant par rames derrière depuis les machines à l’imprimerie, jusqu’aux banques centrales, puis particulières.
C’est pourtant bien de cette valeur fictive que l’on rémunère le travailleur en même temps que s’achètent et se vendent en Bourse d’autres valeurs fictives. En gros, cela signifie que le travailleur qui reçoit un euro pour son travail de ce papier monnaie-là est trompé, tandis que le spéculateur qui reçoit le même euro du même papier monnaie est avantagé.
Enfin, reste la finalité générale.
Comment ose-t-on nous garantir qu’il suffit que la croissance reparte pour que tout refonctionne comme avant, sans nous expliquer d’où viennent les matières premières de la relance, si elles sont éternelles ou sinon, sans être renouvelées, comment garantir une croissance infinie ?
Vu sous cette angle, pourtant facile à comprendre, on voit comme toute la machine économique est un système célibataire.
On sent bien que l’usure extérieure du monde ne le concerne pas, qu’il tournera jusqu’au dernier arbre, jusqu’à la dernière goutte d’huile minérale, jusqu’au dernier poisson et jusqu’à la dernière gorgée d’oxygène, tous « accessoires » consacrés à sa croissance indéfinie.
Oui, mais ce système-là qu’on nous apprend à l’école, que les Universités continuent à servir, que nos hommes politiques poursuivent comme s’ils y lisaient leur bible, qui en dit jamais la finalité destructrice dans nos écoles ?
C’est ainsi que nous savons que ces systèmes célibataires ne s’embarrassent pas des hommes, comme ils ne s’embarrassent pas d’autre logique que la leur. Cependant, ils sont si bien installés parmi d’autres systèmes célibataires, que, tout en ne s’occupant pas des autres, s’exerce à côté d’eux une formidable entraide de nécessité.

enjoy_capitalism.jpg

Il est impensable que le système célibataire politique puisse penser autrement qu’à travers les raisons du système célibataire économique. Ceux qui ne le font pas ont été écartés du pouvoir et risquent fort longtemps encore de ne pas y avoir accès.
C’est cette solidarité informelle dont il était question plus haut, qui joue encore.
Ces systèmes fonctionnent comme de belles machines qui n’ont qu’un seul programme et qu’on ne peut modifier.
Elles sont propres, débarrassées de toute imperfection et tournent sous un label hautement éprouvé, au point qu’on ne peut même plus parler de capitalisme ou d’art conventionnel ou de démocratie bidouillée sans soulever un souverain mépris des systèmes célibataires conçus pour en entendre d’autres, bien plus sévères encore, mais qu’aucun des rouages de cet outillage performant ne comprend. Ils sont tous étroitement dépendants dans leur organisation intrinsèquement libre, comme nos universitaires qui débattent des questions d’actualité, finalement d’accord sur tout et venus expressément nous faire savoir que nous aurions tort de penser autrement.
Les Machines Célibataires, définies par Deleuze et Guattari, exhibées sans retenue selon la version de Jarry dans le surmâle, font le spectacle à elles seules et nous font croire que c’est sous notre autorité démocratique qu’elles exécutent les ordres que nous ne leur donnons pas. Il faut les avoir « entretenues » pour avoir droit d’exister, comme le héros de Morel, Bioy-Casares, dans « L'invention ».
Ainsi, tout s’explique, comme le singe de Balzac, plus il monte au cocotier, plus il nous donne à voir ses parties honteuses. C’est ce que nous voyons en ce moment des systèmes célibataires. Nous nous doutions bien que ces belles machines avaient des muscles fessiers, des sphincters sanguinolents, des vulves et des phallus à l’état orgasmique, nous les voyions bien, mais l’éducation que nous avons reçue nous dispose à ne savoir que faire de cette vision, sinon, comme des objets neutres et sans signification.